Jean-Jacques Rousseau
Les Rêveries Du Promeneur Solitaire

Préface

Rousseau rédige Les RÊVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE au cours de son dernier séjour parisien, entre l'automne 1776 et le mois d'avril 1778. Elles connaissent leur première édition en 1782.


Le statut de ce texte pose de réelles difficultés: en apparence, les Rêveries achèvent le cycle des récits autobiographiques; mais elles décrivent aussi l'abandon des ressources de ce genre. Quelle est en effet l'occasion des RÊVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE? «Mon imagination déjà moins vive ne s'enflamme plus comme autrefois à la contemplation de l'objet qui l'anime, je m'enivre moins du délire de la rêverie; il y a plus de réminiscence que de création dans ce qu'elle produit».


Or le rôle de la réminiscence n'est pas du tout de restituer dans leur vérité les épisodes d'un passé dont Rousseau semble désormais prendre congé. Elle doit bien plutôt autoriser une expansion qui prend l'allure d'une intensification existentielle strictement actuelle: «A l'attrait d'une rêverie abstraite et monotone je joins des images charmantes qui la vivifient. Leurs objets échappaient souvent à mes sens dans mes extases, et maintenant plus ma rêverie est profonde plus elle me les peint vivement. Je suis souvent plus au milieu d'eux que quand j'y étais réellement». La réminiscence qui nourrit les REVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE sert l'approfondissement du présent, et non l'exercice d'une conscience malheureuse épuisée par les remords, qui cherchait à se justifier dans les textes autobiographiques.


Par Claude Richardet

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