(…) Qu’un amas d’images brisées sur lesquelles frappe le soleil :

L’arbre mort n’offre aucun abri, la sauterelle aucun répit,

La roche sèche aucun bruit d’eau. Point d’ombre

Si ce n’est là, dessous ce rocher rouge

(Viens t’abriter à l’ombre de ce rocher rouge)

Et je te montrerai quelque chose qui n’est

Ni ton ombre au matin marchant derrière toi,

Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre ;

Je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussière.

T.S. ELIOT

« La Terre vaine » (trad. de Pierre Leyris, in Poésie, Ed. du Seuil)

Si un chardon dépenaillé montait plus haut

Que ses voisins, c’était sans tête — sinon l’herbe

L’envierait. Qui avait pu trouer, déchirer

La patience rude et sombre, assez meurtrie

Pour perdre tout espoir de verdir ? Seule une brute

Dut la broyer ainsi, avec un cœur de brute.

Robert BROWNING

« Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire » (trad. de Louis Cazamian, in Hommes et Femmes, Ed. Aubier Montaigne)

— Quelle rivière est-ce là ? s’enquit distraitement Millicent.

— Ce n’est qu’un ruisseau. Enfin, peut-être un peu plus qu’un ruisseau. On l’appelle le Perdu.

— Vraiment ?

— Oui, dit Winnifred.

Robert AICKMAN « Hand in Glove »

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