Numéro 200. PRIX EXCEPTIONNEL DE CS NUMÉRO AVEC SUPPLÉMENT . 75 CENTIMES. 27 Octobre 1883,

A. ROBIDA

KiuACTEL'K KN CHIF

JOURNAL HEbUOMAliAIRl

La Caricature

Abonnements d'un an, Paria et départements : 20 francs. — Union postale : 24 francs. — Trois mois : 7 francs. — Bureaux ; 7, rue du Croissant.

LA GUERRE AU VINGTIÈME SIÈCLE

LA GLEUHI-: DE UAII.WAV Puise d'unk bifurcation impoutante par les troupes de railway d'avant-garde Les locDinoUves-forteresses blindées des Australiens, lancées avec toute la vitesse que les capitaines-ingénieurs ont pu obtenir de leur propulseurs électriques, ont surpris et bousculé les premiers blockhaus roulant.s rencontrés après lu frontière, et, soutenues par une division aérienne, se sont emparées des lignes, malgré les elTorls désespérés d'une division de railway mozambiquoise et de quelques ballonnets blindés.

il y a trente-trois ans

Illustré de 42 compositions, dont 7 hors texte

DORBON-AINÈ 19, Boulevard Haussmann — Paris, IX'

a été tiré de cet ouvrage lo exemplaires sur papier impérial du Japon, numérotés et signés par l'artiste.

DK es NUMERO AVEC SUPPLÉMENT 75 CENTIMES. S7 Octobre IMS.

A. ROBXSA

KtpACttVm tN CHtI

La Caricature

AbonncmenU dut» an, Parii et dêpartemenU : iÛ franc».— Lnion postale : 2i tranca.— Trois moi» : 7 Trancg. — Bureaux : 7, rue du CroJstant.

LA GUERRE AU VINGTIÈME SIÉGLE

Pour expliquer la réimpression de cet Opuscule

Un jour de 1916, quelques bibliophiles, tous ayant dépassé l'âge de la mobilisation, étaient réunis chez moi; naturellement ils parlaient guerre, et aussi avant-guerre, préparation à la guerre, prévisions sur la guerre, etc. On dévia sur les prophéties, l'érudition reprit ses droits, et ce fut une revue générale,de Cagliostro,qui n'a pas prédit la Révolution, à Victor Hugo, qui a prédit les Etats-Unis d'Europe, des ballons-diligences annoncés par les contemporains des Montgoiner(1783)au bateau-poisson du Monde tel qu'il sera (1846), du sous-marin de Jules Verne à l'aéronef de Robida...

— Robida! — dirent plusieurs assistants — ah, certes, c'est un livre de prophète que son XX' Siècle publié il y a quelque quarante an». Mais quelle lacune, la guerre!

— Pardon! si Robida n'a point prédit la guerre dans son livre, il l'a prédite au même moment ailleurs, — et de façon extraordinaire.

— Où donc?

— Aucun de vous ne sait-ik plus que Robida a eu un journal à lui, La Caricature? Aucun de vous ne se souvient donc de cet extraordinaire numéro paru il y a trente et quelques années, dans lequel, en une série de dessins et en un texte qui semblèrent alors abracadabrants et qui n'étaient que logiques, il décrivait la guerre future? Il y avait là, déjà, des sous-marins, des aéroplanes de tous systèmes, d'extraordinaires « zeppelins » (quel dommage que Robida n'ait pas été directeur de notre grand Etat-major!) Et tenez...

(Ici, ouvrant une bibliothèque documentaire, je mis la main sur la fameuse Caricature et sur l'inoubliable numéro du 27 octobre 1883).

Kt en elTet, il y a toute la guerre moderne dans ces quelques colonnes : ce sont les automobiles blindées, les obus colossaux, les torpilles, les sous-marins, les mines flottantes, les gaz asphyxiants, les pompes lançant des liquides enflammés, les masques contre les gaz, les mitrailleuses, les postes-vigies contre les bombardements aériens, les canons contre aéroplanes. Tout y est. Jusqu'aux «Neutres», qui, tranquillement installés à leurs balcons, assistent aux combats aériens que se livrent les belligérants.

Stupéfaits, tous pensèrent alors qu'il fallait révéler cette curiosité. J'obtins de Robida, auquel me lie une amitié de vingt-cinq ans, l'autorisation de réimprimer son opuscule. Et le voici, dans un format qui permet de l'ajouter au A'A'" Siècle qu'il. complète.

L'éditeur a cru qu'il serait intéressant de donner en même temps un chapitre de La Vie électrique, où il est traité des grandes manœuvres. Le lecteur aura ainsi en une seule brochure La Guerre actuelle telle qu'elle a été prévue par Robida trente-trois ans d'avance.

H. Beraldi.

La Civilisation répandant ses liieiifaits sur les peuples.

Le Conflit Australo-Mozambiquois

FAITS DE GUERRE ET OPÉRATIONS CHIMIQUES

Les temps nouveaux sont veaus, l'ancien ordre de choses établi par la vieille Europe s'est écroulé en même temps que l'antique dominatrice du monde. L'Europe, ravagée par la monomanie guerrière de ses peuplades, a laissé échapper de ses mains séniles le sceptre du monde, que les peuples vigoureux et sains des jeunes continents se préparent à ramasser.

La lutte aujourd'hui est entre l'Afrique nouvelle débordante de sève, exubérante de jeunesse, et l'Australie adolescente.

L'Amérique, Tille de l'Europe, comme celle-ci l'était de la grande aïeule l'Asie, l'Amérique vieillie, est dès à présent rejetée hors de la lice; l'avenir est aux nations constituées dans les vastes territoires de l'Australie ou sur les terres presque vierges de la grande Afrique, par le mélange de cent races diverses, fondues pour ainsi dire à nouveau dans le creuset de la nature.

L'Afrique et l'Australie viennent de se disputer les armes à la main le sceptre du monde, dans un premier choc qui a remué le continent africain du Cap de Bonne-Espérance aux lacs Nyandza et Tanganyika, ensanglanté les rivages du Mozambique, les vagues de la mer des Indes et les nuées courant au-dessus des plaines mozambiquoises ou australiennes.

C'est un résumé (idèle des terribles événements de la grande guerre australo-mozambiquoise que nous allons condenser en quelques pages, en accompagnant notre

récit d'un certain nombre de croquis recueillis sur les champs de bataille terriens, aériens ou sous-marins, tant par des témoins oculaires dignes de foi que par nous-même, qui avons eu l'honneur de faire toute la campagne en qualité d'aide-de-camp volontaire du colonel-général des Torpilleurs du Mozambique et qui, pour notre belle conduite, avons été, six foi» en trois semaines, porté à l'ordre du jour.

Mobilisation des troupes de railway.

CAUSES DE LA GUERRE

Tout a changé depuis que le siècle dernier a clos l'ère de l'ignorance et de la barbarie. Autrefois, chez les anciens peuples du petit coin de terre encore appelé Europe sur les cartes, on ne guerroyait guère qu'entre voisins limitrophes ou peu éloignés. Pas de points de contact, pas de motifs de guerre et surtout aucun moj'en pour la faire quand bien même on eût voulu.

La Science rapprochant les distances, écartant les obstacles, coupant les isthmes et perforant les montagnes, a créé des points de contact entre les peuples les plus éloignés et permis toutes communications amicales ou autres. Immense progrès!

Plus de barrières! Plus de séparations! Mais, des relations commerciales ou financières des peuples entre eux, naquirent des motii's de guerre tout à fait nouveaux. Les peuples ne luttent plus maintenant pour des motifs frivoles et quelquefois chevaleresques, comme la protection de quelque faible ami ou la défense de principes de liberté, mais bien pour des raisons sérieuses, solides, le plus souvent sonnantes, telles que traités de commerce avantageux, ouvertures de marchés, faveurs douanières, spéculations de Bourse et règlement de comptes financiers.

La guerre australo-mozambiquoise n'a pas d'autre origine qu'un immense coup de Bourse. Profitant des embarras momentanés de la grande nation africaine qui venait de compléter à grands frais son réseau de chemins de fer et de livrer à la circulation 800.000 kilomètres nouveaux, sans parler de l'énorme essor donné aux autres travaux publics, un groupe de banquiers australiens a, par d'habiles manœuvres, causé une panique à la Bourse de Mozambico-Ville et acheté une colossale quantité de rentes 2 1/2 pour 100 à 35.75. L'opération faite, le gou-vernementaustralien, intéressé dans la combinaison et agissant au nom du syndicat, demanda, par la voie diplomatique, le remboursement de ces rentes au pair, ce qui devait produire pour lui un bénéfice de 18 milliards et demi.

La réclamation australienne suscita dans toute l'Afrique un légitime mouvement d'indignation. Le 15 avril 1975, le président de la république répondit par un refus formel et convoqua immédiatement les Chambres à Livingstonia, la capitale politique de la grande république

La Hotte sous-marine fjardaiit les eûtes


sud-africaine, assise dans une forte position, à la pointe extrême du lac Tanganj'ika.

17 auril 1975. —A partir de ce jour les événements vont marcher vite. Deuxième note australienne.

L'Australie reprend sa réclamation des 18 milliards et soulève une autre question. Le Parlement mozambiquois ayant, quelques années auparavant, élevé des droits sur les marchandises importées d'Australie, en vue d'empêcher l'écrasement des marchés africains, est sommé d'avoir à supprimer complètement ces droits.

L'Australie donne trois jours au Mozambique pour répondre et prévient qu'un refus sera considéré comme un casas helli.

Le grand ingénieur Maréchal I$lick


18 avril. — Appel sous les drapeaux de tous les hommes en état de porter les armes. Les contribuables mozambiquois sont invités à pajer trois années d'impôts d'avance.

— Qu'est-ce que la Patrie ? — C'est l'endroit où l'on paie ses contributions. La meilleure patrie doit être celle où l'on paie le moins en argent ou en service militaire. Malheureusement plus on va, plus on paie des deux façons. Nous craignons fort que l'homme du xxi' siècle ne soittourmenté par les collecteurs ou par les recruteurs de la patrie depuis le sevrage jusqu'à 70 ans sonnés, âge auquel on le mettra dans la réserve.

Ce sont là de légers inconvénients de la civilisation . Dans les siècles barbares, au temps des armées de 20.000 hommes, on était quitte à meilleur marché. Tout augmente, la consommation dechair humaine comme les autres contributions.

Les Mozambiquois ne murmurèrent pas.Six mois auparavant, pour réclamer une toute petite liberté gênée par un ministre, ils avaient fait une révolution. Cette fois, au premier appel, ils se rendirent comme un seul homme dans les bureaux des contributions et de l'impôt en nalure ou recrutement.

19 avril. — Revue, à Livingstonia, des troupes de l'armée active. Appel et mobilisation de tous les chimistes du territoire.

Revue, à Mozambico-Ville, des quatre divisions de torpilleurs.

L'Epidémie de Colonisation C'est une épidéinie. Les Européens des diverses tribus, pris de la maladie colonitatrice, se disputent l'honneur de faire goûter aux nations non cultivées les douceurs de notre culture. On demande des continents, des archipels nouveaux et au besoin de simples îlots. Les découvreurs de chaque nation sont en route et promènent à travers les Océans les échantillons de l'industrie européenne les plus propres à séduire les bons sauvages. Par malheur la concurrence vient de passer et d'approvisionner les clients en canons, mitrailleuses et autres produits.

(/.a Caricature, N» 305, 31 Octobre 1885)

Wavril. ^ Réponse de la république sud-africaine à la république australienne. Les réclamations australiennes sont nettement repoussées et la revision des tarifs douaniers refusée.

L'ambassadeur australien se retire sur un ballon de guerre de l'escadre australietine. C'est la guerre, on n'attend plus que la déclaration officielle.

L'Elhope d'acjoubu'hui.— Il y a des piègest Chacun cherche à causer le plus de désagréments possible à ses voisins. Mon Dieu, si on pouvait massacrer mon voisin d'à côté I .Mon Dieu, suscitez entre mes deux voisins une bonne petite querelle et faites qu'ils se tuent chacun 500.000 hommes.

ALMANCK : Prononcez Ligue pour l'encouragement de la vivisectioD humaine.

Le Mozambique se prépare, avec énergie, à soutenir la lutte. Il a pleine conflance dans ses forces. Un système de torpilles bien combiné défend ses côtes et le Zambèze, son grand fleuve, contre l'attaque des forces navales sous-marines de l'Australie. Impossibilité absolue, pour les navires ennemis, de franchir les passes pour opérer un débarquement, sans se heurter à trois lignes de torpilles très peu espacées.

Tout est préparé pour repousser une attaque sous-marine et submerger les assaillants.Une attaque aérienne aurait malheureusement plus de chances; tous les militaires savent à quel degré l'imprévu entre dans les combinaisons de la guerre aérienne. Comment prévoir à l'avance l'endroit précis d'une descente et comment, ce point même deviné, y porter suffisamment de forces pour s'opposer avec efficacité à la descente, sans dégarnir un autre point sur lequel l'adversaire pourra précipiter son escadre volante?

Et justement, les flottes aériennes de l'Australie ont été, dans ces derniers temps, portées à un haut degré de puissance, et elles sont commandées par des ingénieurs du plus grand mérite.

Travaux des Chimistes de l'État-Major

Ces savants olïiciers sont constamment occupés à ces grandes et belles reclierches qui font la gloire d'un pays.


Les obus à miasmes, les boîtes à gaz foudroyants concentrés, les torpilles et les fusées à brouillards asphyxiants, ces sublimes inventions sont sorties des laboratoires du grand Etat-major.

GRAND CONSEIL DE GUERRE

L'ingénieur maréchal Blick, commandant en chef les forces mozam-biquoises, ce vieux guerrier courbé par soixante-cinq années d'études, a réuni dans son laboratoire, à bord du ballon amiral le Ravageur, tous les chefs de l'armée : l'ingénieur général des railways militaires, l'énergique Ballisler, le docteur Clakson, commandant en chef des escadres aériennes, le général Turpin, commandant en chef l'armée de terre, vieille moustache blanchie dans cent combats, le colonel ingénieur Barbarigo, commandant les perforateurs, le général ingénieur Colo-quintos, commandant en chef les torpilleurs de ligne, volants, souterrains et sous-marins, enfin l'ingénieur Eugène, commandant les chimistes mobilisés.

Après trois heures de discussion secrète, le plan de défense, dès longtemps préparé par le grand ingénieur maréchal Blick, a été adopté, sauf légères modificalions de détail, et les ingénieurs sont partis à toute vitesse pour prendre leur postes à la tête des troupes.

Autrefois Escarmouche i la hallebarde. Rien que pour le plaisir on se serait enrôlé !


21 avril. — L'escadre légère aérienne, renforcée par tous les avisos et coureurs aériens disponibles, est partie pour une croisière d'observation. Au large, une escadrille, composée des ballons coureurs les plus légers, a dû gagner les côtes d'Australie pour suivre les préparatifs de l'ennemi.

La plus grande activité règne dans les arsenaux. La mobilisation des troupes de railway s'est opérée avec une précision extraordinaire; «n 13 heures 45 minutes, tous les contingents étaient arrivés à leurs postes avec les offioiers, ingénieurs et électriciens de la réserve au grand complet. Les locomotives de guerre reçoivent leurs garnisons et chargent leurs accumulateurs électriques. Les locomotives de l'armée active sillonnentles voies ferrées et les routes le long de la côte, les grosses locomotives-blockhaus et forteresses ont gagné les points stratégiques importants.

22 avril. - L'armée sous-marine reste en rade de Mozambique sur les frégates sous-marines à fleur d'eau; elle a porté ses avant-postes à six lieues au large. Sur le premier renflement des côtes, par douze mètres de profondeur, de fortes patrouilles éclairent les passes et des avisos sous-marins poussent des reconnaissances au loin; au premier signal les forces sous-marines pourront se porter sur le point menacé.

Aujourd'hl'i. — Tout le monde sous les armes, à la prussieune ! mode charmante, délicieuse, admiral>le, le comble du Progrès, le couronnement de la Civilisation. Les grands hommes politiques à la mode du jour rêvent la mobilisation des papas, des myopes, des malades, des séminaristes et des bataillons scolaires.

23 avril, 7 heures du matin. — Un télégramme apporte la déclaration de guerre de l'Australie.

7 h. 50. — Une série de détonations épouvantables éclate au large de la rade de Mozam-BicoViLLE; des gerbes d'eau s'élancent à des hauteurs inouïes et dessinent nettement trois lignes de conflagration. Ce sont les torpilles qui sautent. L'ingénieur maréchal Blick, au retour d'une reconnaissance nocturne dans son ballon amiral, a failli être atteint, à 300 mètres d'altitude, par une colonne d'eau et des débris de roches.

L'attaque des Australiens a suivi de bien près la déclaration de guerre. Les ingénieurs mozambiquois étaient tranquilles, les dépêches de la flotte aérienne d'observation sur les côtes australiennes annonçaient simplement une concentration de troupes à Melbourne et dans quelques ports.

Le gouvernement australien, décidé à la guerre, avait très secrètement fait partir une forte division sous-marine,avant même l'envoi

AuTHKKois. — Modèle d'allocution militaire : Un colonel de mousquetaire à ses hommes:


« Messieurs, l'affaire sera rude, tant mieux, nous n'en aurons que plus de plaisir à le raconter à nos maîtresses I » de sa première note. A l'heure même où la déclaration de guerre parvenait à Mozambico-Ville, le commandant du corps sous-marin australien recevait ses instructions par un fil spécial rattaché au premier îlot télégraphique international du canal de Mozambique. Six volontaires, commandés par l'ingénieur électricien Pipermann, se glissaient dans la chaloupe torpilleuse l'Eloiipille à travers les postes ennemis, renversant par une décharge électrique, une patrouille mozambiquoise, et venaient attacher une communication électrique au fil reliant les trois systèmes de torpilles à la côte.

Prévenu aussitôt, l'amiral australien, sacrifiant, pour ne pas risquer de perdre son heureuse chance, les braves de l'El ou pille, fi^ jouer

La Guerre d'autrefois: Un siège.— Certahienient. ce n'c'tait pas un jeu, les boulets élaient en vrai, mais ça ne manquait pas de pittoresque. Ouverture de la tranchée à grand spectacle, intermèdes variés et apothéose finale à l'assaut.


sa batterie électrique. Toutes les torpilles disséminées sur vingt lieues de longueur, sautèrent d'un seul coup. Deux frégates et huit avisos sous-marins, surpris par l'immense conflagration, périrent, ainsi que quarante ou cinquante navires de commerce appartenant pour la plupart aux nations neutres.

23 auril. — Complications dans le sud. L'escadre australienne de l'Atlantique que l'on croyait en Amérique vient, au mépris du droit des gens et des traités, de jeter un corps de troupes sur le territoire neutre de la Cafrerie.

Porl-Nalal a été enlevé par une surprise nocturne. Les troupes cafres n'ont opposé qu'une faible résistance, et le roi Nélusko III s'est contenté de protester par iine note adressée au corps diplomatique. Les Australiens,

AtJouKO'Hti. — l'iir le lliuic )(auclie, en avant, marche!


arguant de liens d'origine entre les fondateurs de l'ancienne colonie anglaise Port-Natal et l'Australie, ont proclamé l'annexion de la Cafrerie à l'Australie, tout en annonçant l'intention de respecter les droits deNélusko III s'il se résigne franchement à reconnaître la suzeraineté de la puissante Australie.

Cette conquête soudaine de la Cafrerie donne aux Australiens une excellente base d'opérations et leur livre la clef des voies ferrées du Sud-Oriental africain, du Tombouctou-Congo-Cap et de tout le réseau mozambiquois.

Les hommes d'Etat du Mozambique voient maintenant le danger que présentent pour leurs voisins les petits pays neutres, trop faibles pour faire au besoin respecter leur neutralité par les nations trop puissantes et surtout trop peu scrupuleuses.

Locomotives blindées, de route ou de raiiway, enveloppées par l'ennemi, se'formant sous le feu en forteresse régulière.


2i aoril. — Les Australiens ont déjà reçu des renforts à Port-Natal par voie sous-marine. Les looomotives de guerre des Cafres, garnies de troupes australiennes, ont franchi la frontière mozambiquoise et se sont emparées des passes des montagnes après un vif combat.

Six cent mille Australiens ont quitté Melbourne la nuit dernière par voie maritime, sous-marine et aérienne. L'ingénieur maréchal Blick a rallié tous ses corps d'armée pour faire face à l'ennemi. Les premiers revers, loin d'abattre !e courage des Mozambiquois, surexcitent au contraire l'ardeur guerrière des ingénieurs et des soldats.

25 avril. — Mauvaises nouvelles du Sud. Les locomotives australiennes poursuivent leurs avantages; écrasant sous leur nombre les

Opérations sous-mabinis


Les nottes sous-marines australiennes et mozanibiquoises s'abordent à 50 mètres de profondeur.

Les éperons des cuirassés australiens Ianc4:sà toute vitesse parles propulseurs électriques pénètrent i travers les plaques de blindage et coulent 12 navires ; mais les braves torpilleurs sous-marins du Mozambique réussissent, par d'habiles manœuvres, à faire sauter une partie de la flotte ennemie.

quelques forteresses roulantes espacées sur la frontière dégarnie, elles ont gagné les grandes plaines et précipité leur marche sur les routes et les voies ferrées, vers les passes du Monomotapa. Leur objectif est Zumbo sur le Zambèze, point de jonction du Tomboucloii-Congo-Cap avec les grandes lignes inozambiquoises des lacs.

L'ingénieur maréchal Blick est parti à leur rencontre avec 800 blockhaus roulants, 150.000 hommes d'infanterie de railvvay et une forte division aérienne.

De son côté, l'ingénieur-général Coloquintos avec un superbe corps sous-marin remonte le Zambèze sur une flottille sous-marine, pour concourir à la défense des lignes du Zambèze.

Inuémrl'rCapitaink de ballon a-son poste de combat. L'Ingénieur, coifTé du casque ù lorgnette, dirige de sa dunette blindée tous les mouvements de son aérostat, commande électriquement le feu et la manœuvre, et fait jouer s'il y a lieu les grappins à torpilles.

BATAILLE DE ZUMBO

2i ai;r/7. — Les Australiens, arrêtés pendant la nuit par les fusées-torpilles de l'escadre aérienne, ont pris vers quatre heures du matin l'offensive avec vigueur. La grande masse des blockhaus roulants s'est lancée sur les forteresses roulantes des Mozambiquois, malgré le feu épouvantable vomi par les six cents pièces de l'artillerie de railway et les deux ou trois cents pompes à mitraille de l'escadre aérienne.

L'aile droite des Australiens fut en moins de vingt minutes culbutée et presque pulvérisée; mais une division de blockhaus de réserve, conduite par l'adjudant ingénieur Flashurst. le savant professeur de l'Université militaire de Melbourne, remplaça les locomotives détruites et aborda vigoureusement les Mozambiquois haletants sous le feu et très avariés

Les Mozambiquois qui se croyaient déjà victorieux durent reculer. A cinq heures, au moment où le grand ingénieur maréchal

Blick s'avançait dans son ballon amiral, Colonel - Ingénieur de pour dégager les forteresses roulantes railway menant ses locomotives - blocKliaiis au démontées et faire avancer au milieu de combat.

mille débris les blockhaus et lès fourgons cuirassés intacts, l'artillerie de railway australienne, reconnaissant le pavillon de l'ingénieur maréchal dans la fumée, dirigea tous ses coups sur le ballon.

L'ingénieur maréchal, méprisant trop le danger, se pencha un peu hors de sa dunette blindée et reçut en plein corps un de ces obus à la

superdynamite que les canons nouveaux des Australiens envoient avec une simple gar-gousse de 2 grammes. L'illustre ingénieur maréchal mourut sur le coup, on ne retrouva de tout son corps que de simples boutons d'uniforme.

Le désordre se mit dans les lignes mozam-biquoises. Coup sur coup, quatorze ingénieurs généraux furent tués. L'escadre aérienne se dévoua et engagea résolument la lutte pour laisser à l'artillerie de railway le temps de se remettre. Les forteresses reculaient pendant ce temps.et se reformaient en avant des grands tunnels de Zumbo Deux compagnies de perforateurs mozambiquois, arrivés le matin même, pénétrèrent dans l'immense remblai de Zumbo, avec douze tarières électriques marchant à la vitesse de deux kilomètres à l'heure.

Les perforateurs mozambiquois atteignirent bien vite les Australiens et firent sauter quelques blockhaus, mais ils furent bientôt éventés et anéantis par des torpilles-sondes. A ce moment, comme les Australiens accentuaient leur mouvement, une colonne de leurs blockhaus routiers, parvenue, par des chemins réputés impraticables et non gardés, au sommet des collines dominant les tunnels ainsi que le cours du Zambèze, couvrit les lianes des Mozambiquois d'un ouragan de fer.

Mort héroïque du grand ingénieur mnréclinl Blicli à la déroute de Moyabamba.


L'ingénieur mozambiquois, craignant d'être coupé, battit précipitamment en retraite sans pouvoir faire jouer les torpilles placées en avant du tunnel. 45.000 morts et 490 forteresses roulantes détruites ou prises, tel est le bilan de cette première affaire.

Midi. — Les passes du Monomotapa et la ville de Zumbo sont au pouvoir de l'ennemi. La division sous-marine du Zambèze a aussi subi un échec. Un corps australien, ayant remonté le fleuve à toute vitesse dans 35 bateaux-étuis sous-marins à fortes machines électriques, a surpris les sous-marins mozambiquois au moment où ils faisaient de l'air. On ignore le chiffre des pertes. Le corps australien, renforcé de 20 bateaux-étuis amenés par aérostats, est parti par le grand canal du Loanga pour rejoindre le Zambèze supérieur et gagner les lacs.

27 aoril. — La seconde armée australienne est débarquée. Le grand port de Mozambico-Ville est entièrement bloqué par

terre et par mer. Les Australiens veulent s'en emparer et l'occuper fortement avant de marcher sur l'intérieur.

L'armée mozambiquoise, ayant perdu la ligne du Zambèze, se concentre à Mazayamba pour couvrir le lac Nyandza contre la première armée australienne. Un deuxième corps est en formation à Lucenda, à la pointe sud du lac Tanganyika.

I.cs sous-marins austrulieiis font sauter les torpilles mozauibiquoises.

30 avril. — Le siège de Mozambico-Ville est poussé avec vigueur. Deux faubourgs ont été détruits par les torpilles de l'ennemi, mais nos fusées-torpilles ont fait sauter une position de l'aile droite des assiégeants avec une batterie blindée. Les perforateurs de l'ennemi, amorcés à

12 kilomètres des murs, ont déjà gagné nos remparts. La garnison du fort du Sud, surprise cette nuit, a péri toute entière. Honneur à ces braves écrasés sous leurs casemates!

Les autres forts bâtis sur le roc n'ont rien à craindre des perforateurs, mais ils souffrent beaucoup des obus asphyxiants de l'ennemi.

31 avril. — Les perforateurs ont réussi à tourner un massif rocheux et à pénétrer, à travers une faible couche de terrain friable, dans le faubourg élégant de Mozambico. Le faubourg brûle sur eux, mais le gros des forces ennemies se prépare à l'assaut.

Le chimiste Eugène, gouverneur de Mozambico, invite les habitants à s'enfermer cette nuit dans leurs demeures et à en bien calfeutrer toutes les ouvertures. On s'attend à du nouveau.

Oil

Les Perforateurs. —Tarières mues par rélectricité, avec chambre blindée pour 15 hommes, perforant les terres avec une rapidité de 2 Uilomètres à l'heure. Ingénieuse invention permettant de tourner les positions de l'ennemi ou de I.'aborder par en-dessous. Très emploj'és dans la guerre de siège ou en rase campagne, les perforateurs sont difficiles à éventer, même parles sandes-torpilles.

Un fort courant magnétique dirigé sur le front sud de la place ayant totalement paralysé les défenseurs des forts et des bastions, les Australiens se sont emparés sans coup férir, à dix heures du soir, de cette portion de l'enceinte en ramassant 18.000 prisonniers; ils allaient s'élancer dans la ville, lorsque le gouverneur trouva le moyen de faire sauter leur réservoir d'électricité. Nos troupes, s'élançant aussitôt vers la colline du réservoir, trouvèrent toute la division qui l'occupait en proie à la plus violente attaque d'épilepsie.

45 forteresses roulantes tombèrent en notre pouvoir; les canons furent tournés sur l'ennemi, mais les obus asphyxiants convergeant sur les troupes de la sortie comme sur les Australiens épileptiques, nous

Ol'ÉHATIONS CHIMIQUES AU SIÈGE DE MoZAMBICO-ViLLE


A la faveur de la nuit, quatre batteries de chimistes sortant de la ville, et parvenues à bonne portée des lignes ennemies; accablent les Australiens de fusées chimiques produisant instantanément un brouillard asphyxiant. Les artilleurs australiens meurent sur leurs pièces, un corps d'armée tout entier est anéanti.

Les chimistes sont pourvus du casque à tampon trempé dans une solution, appliqué sur la bouche et les narines ; grâce à cette précaution, il peuvent impunément respirer le terrible brouillard et s'avancer dans les retranchements australiens où 50.000 soldats gisent asphyxiés sur le sol.

dûmes battre en retraite en ramenant nos prises et en réoccupant nos bastions du sud.

mai. — Toute l'armée a dû coiffer le casque à mentonnière avec tampon trempé dans une solution chimique sur la bouche, pour ne pas souffrir des émanations délétères d'un brouillard asphyxiant que le gouverneur et son état-major dé chimistes ont réussi à produire. La canonnade australienne est devenue très faible, nos fusées à brouillard accablent les positions de l'ennemi.

2 mai. — 35.000 habitants n'ayant pas obéi aux prescriptions du gouverneur, relativement au calfeutrage absolu des maisons, sont malades et à peu près perdus. Les Australiens sont très éprouvés; on évalue leurs pertes par le brouillard à 40.000 hommes. Malheureusement de nouveaux renforts ont débarqué et le général qui les commande a donné à toutes ses troupes le tampon chimique préservateur.

4 mai. — Grande bataille aérienne et sous-marine au sud du lac Nyandza.

L'escadre aérienne des Mozambiquois a pris l'offensive. Brûlant de venger les revers de la patrie, elle s'est ruée sur l'armée australienne en train de lever des contributions de guerre dans les riches cités du Nyandza.

La flotte aérienne des Australiens, couvrant les forteresses et l'infanterie de railway, a engagé résolument le duel. Les Australiens avaient pour eux le nombre, mais les blindages en gutta-percha des ballons mozambiquois offraient beaucoup de résistance aux obus. La victoire est restée indécise; après trois heures de canonnades épouvantables et d'abordages, les deux flottes à bout de munitions se sont retirées.

Pendant le combat, à quatre cents mètres au-dessous des ballons, les flottes sous-marines s'abordaient entre deux eaux. Le Requin et la

l'etite escarmouche d'avaiit-gardc dans un tunnel.

Casqi'e mozambiquois Modèle 1975


Silure, monitors sous-marins mozambiquois, enfoncèrent successivement douze navires ennemis; par malheur, la Silure ayant eu sou propulseur électrique brisé par une torpille, fut entourée par quatre

monitors ennemis. Les sous-marins refusant de se rendre, les Australiens sabordèrent la Silure et noyèrent rhéroïq*ie équipage.

5 mai. — Destruction par les Australiens de toutes les usines des grands districts manufacturiers du Nyandza. Leurs grandes cités manufacturières sont ravies ; elles avaient réclamé ces destructions pour supprimer une concurrence dangereuse.

6 mai. — Dans la guerre moderne, les neutres ont parfois la chance d'assister, au moment où ils s'y attendent le moins, à de

superbes combats aériens. C'est ainsi que six ballons mozambiquois, donnant la chasse à des aérostats-corsaires d'Australie, les ont rattrapés pendant la nuit au-dessus de Séville (Espagne).

L'aflaire a été dure. Enfin, grâce aux terribles fusées-torpilles des Mozambiquois, les ballons-corsaires ont péri corps et biens. Deux églises, vingt-cinq maisons et environ trois cents habitants de Séville ont été grièvement endommagés dans la lutte; on paiera naturellement le dommage à la fin de la guerre.

7 mai. — Prise de Mozambique par les Australiens. L'état-major mozambiquois a sauté avec une partie des fortifications, deux cents bloclihaus roulants et trente mille hommes de troupes, par la maladresse d'un officier chimiste, en pleine opération chimique, au moment de l'emmagasinement dans des cylindres d'un gaz foudroyant sur lequel le gouverneur comptait beaucoup. Les Australiens ont pris possession des ruines.

Casque mozambiquois Casque en cuir-liège à couvre-nuque bouclé et mentonnière; visière vitrée avec prise d'air pour le service sous-marln, pouvant se relever pour le service à terre.

8 mai. — Attaque du camp retranché de Mazayamba.

La navigation aérienne a bouleversé les cuuditious de la guerre, eu ouvrant aux belligérants des champs de bataille illimités.

Un corps d'armée à terre est obligé maintenant de se garder de tous les cAtés, en arrière, en avant, sur les flancs, en dessous contre les perforateurs, et au-dessus contre les ilottes aériennes. Les villes les mieux fermées sont exposées comme les villes ouvertes aux bombardements venant du ciel.

Les neutres ont quelquefois la chance d'assister, au moment où ils s'y attendent le moins, à de superbes combats aériens; on est à mille lieues des belligérants, on pense à toute autre chose ou l'on dort et tout à coup une canonnade venant des nuages, des paquets de mitraille ou des éclats d'obus vous réveillent en sursaut. Ce sont des flottes aériennes qui se rejoignent, des ballons cuirassés qui s'attaquent, des torpilles qui éclatent, des aérostats qui sautent! Spectacle magnifique mais dangereux t

Explosion du réservoir d'électricité des Australiens et attaque d'épilepsie.


liens, balayés par cette mitraille, tombaient par milliers. Leurs masses, par malheur, semblaient plus inépuisables que les fusils à réservoir des soldats de la vaillante Afrique. Les ingénieurs australiens firent des prodiges. Ils réussirent à amener à travers la mitraille et par-dessus mille obstacles, leurs locomotives routières et leurs blockhaus roulants armés des énormes canons chargés à la superdynamite. Derrière les blockhaus roulants l'infanterie se fraya passage jusqu'aux lignes mozambiquoisfs.

BATAILLE DE MAZAYAMBA

La plus grande bataille de la guerre : 800.000 Australiens contre 625.000 Mozambiquois; l'infanterie terrienne et de rail way a manœuvré en masses profondes et excessivement mobiles contre les troupes mozambi-quoises appuyées à de solides retranchements ouverts de distance en distance pour livrer passage aux forteresses de rail-way. Les fusils à réservoir de l'infanterie mozambiquoise couvraient le terrain d'une trombe de fer et de plomb; les Austra-

I..es perrorateurs australiens pénètrent dans le faubourg élégant de Mozambico-Ville.

Les fusils-pompes à baUes et à mitraille de l'infanterie de railway australienne montrèrent alors leur supériorité, à courte portée, sur n'importe quels engins.

TonPILLEin VOLANT. — Monté sur hélicoptère électrique, profitant de l'obscurité pour essayer d'atteindre les aérostats ennemis en se glissant derrière les couches de nuages. Si les vigies ennemies ne font pas bonne garde, un simple choc de la torpille suffira pour pulvériser le plus gros ballon cuirassé.

A deux heures de l'après-midi, l'armée mozambiquoise, réduite à 180.000 hommes, battait en retraite sur les places fortes du lac du Tan-

Abmement des MozAMBiQUOis. — Kusil électrique à réservoir, tir illimité ; un tube en gutta-perclia relie la chambre du fusil au réservoir à cartouches placé soit à la ceinture, soit dans le sac du soldat.

ganyika ; l'escadre aérienne et les forteresses roulantes reculant à petits pas couvraient glorieusement la retraite.

La l'OMI'E A Ml-TIUILLE DES AuSTHA-


LiENs.— I.etubed'ap-pel du fusil pompe s'applique à un réservoir portatif pouvant contenir quinze cents cartouches. Arme magnifique qui ifiermet de déchaîner sur un champ de bataille de véritables trombes de mitrailles.

Médaille d'honneur à toutes les expositions.

LE CONFLIT AUSTUALO-MOZAMBIQUOIS - 1


Batailub i):î Mvzvyvmbv. — I^a plus grande bataille livrée sur le sol africain depuis que les nations mélangée

Les envahisseurs australiens, au nombre de 800.000 hommes, avec 650 ballons cuirassés eu gutta-percha, 12.00(

biquoises et les gros blockaus roulants sont pulvérisés ; leurs derniers défenseurs, luttant sur leurs débris avec

DE GUERRE ET OPÉRATIONS CHIMIQUES


la jeune Afrique ont été initiées aux suprêmes beautés du Progri-s et de la Civilisation, imotivet blindées, enfoncent les lignes raozambiquoises. En deux heures, les forteresses de railway mozam-

rgie do désespoir, sont balayés par les pompes à mitraille australiennes.

En garuk contbk i.ex HAt.LONS. — Sur tous le» clochers et sur les points élevés des villes, des postes-vigies sont établis avec l'appareil i fusées-torpilles, nuit et jour braqué sur le ciel.

Dès qu'un bombardeur-aérien ou un aérostat suspect est aperçu, les fusées-torpilles sifflent et vont bouleverser les nuages pour essayer de l'anéantir.

8 mai. — f^es puissances étrangères ont offert leur médiation. L'ambassadeur du Congo, M. le duc de Brazza, a rapporté à Livingstonia la réponse des Australiens. L'Australie élève des prétentions exorbitantes: 25 milliards d'indemnité, plus l'obligation, pour la nation mozambi-quoise, de se fournir exclusivement en Australie des matières premières, objets fabriqués ou objets de consommation qu'elle ne peut produire elle-même. Suppression de tous droits sur les marchandises mozambiquoises exportées pour l'Australie, etc...

Torpilleur d'infanterie, lançant sa torpille au moyen de l'appareil à télescope portant à vingt-cinq kilomètres. Arme excellente pour les surprises à longue portée.

9 mai. — L'Assemblée nationale mozambiquoise a repoussé les prétentions de l'ennemi.

10 mai. —Retour offensif des Mozambiquois. Les Australiens, confiants dans leur victoire, n'ayant pas gardé le contact de l'ennemi, ont été surpris au milieu d'un brouillard asphyxiant et bousculés sur les positions prises par eux l'avant-veille. La victoire est essentiellement changeante. Les ex-vainqueurs ont perdu 900 forteresses roulantes et 290.000 hommes en quatre heures. Les Blackrifles, régiments nègres du

O /Bimjrr^ Mozambique, ont lutté d'héroïsme

avec les régiments blancs et mulâtres.

11 mai.— Les Autraliens battent en retraite. Le corps sous-marin qui avait remonté le Zambèze, cerné dans un des réservoirs du fleuve mis à sec par la levée des écluses, a été obligé de se rendre après un vif combat.

12 mai. — Les torpilleurs mozambiquois emmenés par l'escadre

Aujourd'hui. — L'ennemi à trois lieues, on ne voit rien, pas le moindre agrément, rien qu'une pluie d'obus de tous les calibres contre lesquels il n'est pas de parapluie.

aérienne ont réussira devancer les colonnes ennemies dans leur retraite. Les torpilles volantes et les fusées électriques détruisent à Topambas plus de trois cents locomotives de guerre avec leurs équipages.

Aujourd'hui. — Avec les instruments de précision à très longue portée, plus le moindre attrait à ce genre de divertissement. Kien que l'anxiété nerveuse des bombardements.


19 mai. — Les Australiens comptent se retrancher à Mozambico-Ville et tenir en attendant la paix ou des renforts. Un corps de deux cent mille Mozambiquois s'est embarqué sur les gros transports de ia flotte sous-marine et sur les aéronefs de charge pour l'Australie.

30 mai. — Bombardement etasphjrxie de Melbourne. Les Australiens demandent à traiter. Signature d'un armistice.

2juin. — Un congrès va se réunir pour traiter les conditions de paix.

Bombardement et asphyxie de Melbourne

Quelques Croquis de Guerre

JADIS ET AUJOURD'HUI

AUJOUItD HIII

l.E VRAI NÈGRE c'est l'Européen! Qu'on le passe au cirage !


T3'rannisé delà naissance au sevrage par sa nourrice, du sevrage à 20 ans par le bataillon scolaire, de '20 à 35 par son caporal, ensuite par sa femme, son député, sa belle-mère et son gouver-pement, il n'a de tranquillité véritable que lorsqu'il est tombé en enfance.

Demain. Famille d'Européens allant dîner en ville en 1915. C'est tout à fait l'Age d'or qui commence; non content de se vitrioler, de se révolveriseravec entrain dans la vie privée,l'Européen, de plus en plus doux et civilisé, éprouve de temps en temps le besoin de se fusiller, canonner et obuser. Demain sans doute on se scalpera. Les maisons seront blindées et fortifiées, le sentier de la guerre restera toujours ouvert, les distractions seront nombreuses et variées: embuscades, expéditions, sacs, bombardements, explosions et autres petites surprises.

(La Caricature, 8 Décembre 1883).

QUELQUES CROQUIS DE GUERRE

Extraits de LA VIE ÉLECTRIQUE (1890). suite du XX' SIÈCLE (1883)

Ehins la Vie Electrique il ne s'agit que de grandes manœuvres. Le héros du roman, Georges Lorris, lieutenant dans l'artillerie chimique, en voyage de flançailles, en Bretagne, reçoit tout à coup un pbonogramme d'appel pour manœuvres non prévues.

MtNISTÈRE DE LA GUERRE

XII* Corps d'Armée — Réserve

Essai de mobilisation et manœuvres extraordinaires

Artillerie Chimique et corps médical offensif, torpilleurs à vapeurs délétères, pompistes et torpédistes aériens sont convoqués du 12 au 19 août.

ORDRE D'APPEL

Le capitaine Georges Lorris, de la 17* batterie du 8* régiment d'artilleri chimique, se rendra le 12 août, à 5 heures du matin, à Chateaulin, au Dépôt chimique militaire, pour prendre le commandement de sa batterie.

Et Georges Lorris doit rejoindre son corps, abandonnant sa fiancée, qui toutefois a la douce satisfaction de le deviner, sous le casque à tampon relié à un réservoir d'oxygène, défilant à la tète de sa batterie du 8' chimistes.

Beaux soldats, uniformes élégants, mais pas de sabres. On ne se sert plus guère sur les champs de bataille de ces instruments encombrants, de si peu d'eflet. Par Bellone, nous avons beaucoup mieux que ces glaives, bons tout au plus à découp<;r les gigots en garnison.

Nous avons beaucoup mieux, certes, avec notre joli catalogued'explo-sifs variés, qui commencent, il est vrai, à se démoder un peu. Ne possédons-nous pas la série des gaz asphyxiants ou paralysants, commode à envoyer par tubes à petites distances ou par obus légers, simples bonbonnes facilement dirigées à 30 ou 40 kilomètres de nos canons électriques 1 Et VArtillerie miasmatique du corps médical offensif ! Elle est en train de s'organiser, mais ses redoutables boîtes à miasmes et ses obus à microbes variés commencent à être appréciés.

Ah oui ! nous avons mieux que l'antique coupe-choux, mieux que tous les instruments perforants et contondants qui, pendant tant de siècles, furent les principaux outils des batailles ! Quelques espiits chagrins, contempteurs du progrès, osent les regretter et prétendent que ces merveilles de la Science appliquées à la guerre, ont tué la Vaillance et supprimé cette belle poussée du cœur qui jetait les hommes en avant

Les Bombardes roulantes.


sur l'ennemi, dans la lutte ardente et loyale. D'après eux, feu LE COURAGE MILITAIRE, inutile et impuissant désormais, se trouve remplacé par une résignation fataliste, par la passivité des cibles..

Les armées d'aujourd'hui sont des organismes extraordinairement compliqués, dont tous les rouages et ressorts doivent marcher avec une sûreté et une précision absolues. Pour que la machine fonctionne convenablement il faut que tous les éléments qui la constituent, tous les accessoires divers s'emboîtent avec la plus grande régularité, sans à-coup ni frottement.

Il le faut bien, hélas 1 et maintenant plus que jamais 1 Le Progrès qui, d'après les suppositions de nos bons rêveurs des siècles passés, devait, dans sa marche triomphale à travers les civilisations, tout améliorer.

hommes et institutions, et Faire à jamais régner la Paix universelle, le Progrèsayant multiplié les contacts entre les nations ainsi que les conflits d'intérêts, a multiplie tle même les causes et les occasions de guerre.

Les mœurs, les habitudes, les idées d'aujourd'hui, enfin, diffèrent des idées d'autrefois autant que le monde politique, en sa constitution actuelle, diffère du monde politique de jadis. Qu'était ce que la petite Europe du xix' siècle, régentant les continents de par la puissance que

K Gl KRHB MlASMATlQIE

Organisation du Corps médical ofTensir.— Concentration des miasmes et leur emploi généralisé dans les opérations militaires.


lui fournissaient ses Sciences — à l'état embryonnaire pourtant, mais dont elle seule monopolisait la possession? L'Europe seule comptait. Maintenant, la Science s'étant, comme un flot d'inondation, répandue également sur toute la surface du (îlobe, a mis tous les peuples au même niveau, ou à peu près, aussi bien les vieilles nations méprisées de l'Asie que le» peuples tout jeunes (nés de quelques douzaines d'émigrants ou d'un noyau de convicts et d'outlàws) dans les solitudes lointaines des Océans. Maintenant loutl'Univers compte, car il possède les mêmes explosifs, les mêmes engins perfectionnés, les mêmes moyens pour' l'attaque et la défense.

Les idées n'ont pas moins changé, ô rêveurs de l'Universel Embrasse-inent entre les peuples, doux utopistes, innocents et naïfs historiens qui flétrissiez les violences d'autrefois, aussi bien les guerres de conquêtes entreprises par quelque prince ambitieux en vue d'arrondir ses Etats avec quelques méchantes bribes de provinces, que les guerres allumées par la Vanité des Nations, sans motifs intéressés, uniquement pour établir la suprématie d'une race sur une autre.

O doux rêveurs! ô poètes I II s'agit bien de ces vétilles, querelles de princes ou querelles de peuples, petites guerres de monarques se disputant, dans le tohu-bohu du Moyen-Age, la possession de quelque maigre duché, troubles intérieurs de nationalités en train de se constituer ou même grandes guerres entreprises pour l'établissement ou la conservation d'un certain équilibre entre les nations 1

Fadaises que tout cela ! Ces luttes, ces querelles sanglantes que vous flétrissiez si vigoureusement, c'était tout de même la manifestation d'un confus idéalisme régnant sur les cerveaux ; les plus enragés guerroyeurs ne parlant que de droit, toujours on croyait ou l'on prétendait combattre pour le droit, ou la liberté ou même la fraternité des peuples en ce temps-là.

Aujourd'hui, c'est le règne du réalisme dominateur I Nous faisons la guerre autant et même plus qu'autrefois, non point pour des idées creuses ou des rêveries, mais au contraire, en vue de quelque avantage sérieux et palpable, de quelque profit important.

L'industrie d'une nation périclite-t-elle parce qu'une autre nation, voisine ou éloignée, possède les moyens fournis par la nature ou l'industrie de produire à meilleur compte? Une guerre va décidera qui doit rester le marché, par la destruction des centres industriels du vaincu, ou par quelque bon traité imposé à coups de torpilles.

Notre commerce a-t il besoin de débouchés pour le trop-plein de ses produits? Bellone, avec ses puissants engins, se chargera d'en ouvrir. Les traités de commerce ainsi imposés ne durent pas longtemps, soit; mais en attendant, ils font la richesse d'une génération, et quand ceux-ci seront déchirés, nous trouverons bien d'autres occasions 1 »

Suivant le thème des manœuvres, l'ennemi représenté par un autre corps (l'armée, était supposé avoir pris Brest, en glissant dans le port une nuée de sous-marins. Il marchait sur Rennes et cherchait à le déborder par son escadre aérienne.

Le 8'chimistes, rassemblé en deux heures, s'aligne avec ses vingt batteries étincelantes, ses hommes équipés pourvus de sept jours de boulettes de viande concentrée.

Le corps médical offensif arrive en quatre sections avec son parc à microbes, en même temps que paraissaient dans le ciel les torpédistes aériens sortant de leur dépôt. Les gros aéronefs, précédés d'une nuée d'éclaireurs torpédistes, s'avancent sur une seule et immense ligne dont les intervalles s'élargissent de plus en plus, de façon à embrasser le plus possible d'horizon.

Les éclaireurs à tiélicoptères renseignent les batteries par téléphone.

Les forces terriennes se déploient aussi : les bombardes roulantes arrivent par les routes, avec les sections de mitrailleurs et les torpédistes.

* *

Dans l'album Im Guerre au XX' Siècle (1887), il ne s'agit pas de manœuvres. Fabius Molinas.de Toulouse, du 18* Aérostiersde la Territoriale, vole à la frontière menacée, comme canonnier de 2' classe, sur l'aéronef YEpervier.

Au jour levant une odeur nauséabonde réveille Molinas dans son hamac ; il monte sur le pont de YEpervier qui file à travers un brouillard épais. L'escadre croisait une division de brouillardiers volants en train de couvrir la frontière d'un nuage opaque destiné à dissimuler les opérations.

Premiers coups de canon: l'escadre.attaquait un corps de blockhaus roulants ennemis arrêtés dans leur marche par le brouillard.

Fabius Molinas, au cours des événements, change plusieurs fois d'affectation. Promu sous-ingénieur commandant un blockhaus roulant d'avant garde, il a participé à l'enlèvement d'une place forte.

Mais les chimistes ennemis, s'étant glissés la nuit dans un faubourg, mettent en batterie leurs redoutables engins. Avec une demi-douzaine d'obus à gaz, tout est asphyxié dans la ville, les habitants et les troupes d'occupation. Tout a péri, sauf Fabius Molinas qui, par un hasard providentiel, venait justement de descendre dans les caves pour une réquisition, et pénétrait au moment de l'explosion dans un caveau sans communication avec l'air extérieur.

Revenu à lui après trente-six heures d'évanouissement, Molinas a l'heureuse chance de faire sauter le réservoir à miasmes de l'ennemi, ce qui déchaîne subitement sur cet ennemi d'effroyables épidémies, auxquelles l'armée française n'échappe qu'au moyen d'un brouillard isolateur qui lui permet d'abandonner sans pertes la région contaminée.

Fabius Molinas, lieutenant de mitrailleurs, prend part à bien des combats avec ses pompes à mitraille. Après un passage comme ingénieur torpédiste sur un torpilleur sous-marin, il retourne à l'aviation, et sur le Voltigeur aérien 39, poursuit de longues croisières au-dessus de divers continents. Dans une dernière bataille entre les flottes aériennes, le Voltigeur 39, victorieux d'un aéronef ennemi, tombe avec de glorieuses avaries sur une riche,villa de Mexico.

Et soigné par la demoiselle de la maison, dans le cœur de laquelle il est entré par effraction, Fabius Molinas, aussitôt rétabli, va devenir l'heureux époux de la charmante senorita, et la ramènera en France sur son Voltigeur 39, dont les glorieuses blessures sont aussi cicalrisées.

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