Notes

[*]

C’est une épigramme de Palladas (Anth. XI, 381), dont Mérimée lui-même a donné une traduction:

Toute femme est comme le fiel; mais elle a deux bonnes heures,

une au lit, l’autre à sa mort.

(Le texte ne dit pas que la femme «est comme le fiel» mais qu’elle «est du fiel».)

[1]

Les Andalous aspirent l’s, et la confondent dans la prononciation avec le c doux et le z, que les Espagnols prononcent comme le th anglais. Sur le seul mot Señor on peut reconnaitre un Andalous.

[2]

Les provinces privilégiées, jouissant de fueros particuliers c'est-à-dire l'Alava, la Biscaïe, la Guipuzcoa, et une partie de la Navarre. Le basque est la langue du pays.

[3]

Café pourvu d’une glacière, ou plutôt d’un dépôt de neige. En Espagne, il n’y a guère de village qui n’ait sa neveria.

[4]

En Espagne, tout voyageur qui ne porte pas avec lui des échantillons de calicot ou de soieries passe pour un Anglais, Inglesito. Il en est de même en Orient. À Chalcis, j’ai eu l’honneur d’être annoncé comme un Μιλόρδος Φραντζέσος.

[5]

La bonne aventure.

[6]

En 1830, la noblesse jouissait encore de ce privilège. Aujourd'hui, sous le régime constitutionnel, les vilains ont conquis le droit au garrote.

[7]

Bâtons ferrés des Basques.

[8]

Magistrat chargé de la police et de l'administration municipale.

[9]

Costume ordinaire des paysannes de la Navarre et des provinces basques.

[10]

Pintar un jabeque, peindre un chebec. Les chebecs espagnols ont, pour la plupart, leur bande peinte à carreaux rouges et blancs.

[11]

Oui, monsieur.

[12]

Enclos, jardin.

[13]

Braves, fanfarons.

[14]

Toute la cavalerie espagnole est armée de lances.

[15]

Alcalà de los Panaderos, bourg à deux lieues de Séville, où l’on fait des petits pains délicieux. On prétend que c’est à l’eau d’Alcalà qu’ils doivent leur qualité et l’on en apporte tous les jours une grande quantité à Séville.

[16]

Bonjour, camarade.

[17]

La plupart des maisons de Séville ont une cour intérieure entourée de portiques. On s’y tient en été. Cette cour est couverte d’une toile qu’on arrose pendant le jour et qu’on retire le soir. La porte de la rue est presque toujours ouverte, et le passage qui conduit à la cour, zaguán, est fermé par une grille en fer très élégamment ouvragée.

[18]

Mañana serà otro dia. — Proverbe espagnol.

[19]

Chuquel sos pirela,

Cocal terela.

Chien qui marche, os trouve. — Proverbe bohémien.

[20]

Jaunes d’œuf sucrés.

[21]

Espèce de nougat.

[22]

Le roi don Pèdre, que nous nommons le Cruel, et que la reine Isabelle la Catholique n’appelait jamais que le Justicier, aimait à se promener le soir dans les rues de Séville, cherchant les aventures comme le calife Haroun-al-Raschid. Certaine nuit, il se prit de querelle, dans un rue écartée, avec un homme qui donnait une sérénade. On se battit, et le roi tua le cavalier amoureux. Au bruit des épées, une vieille femme mit la tête à la fenêtre, et éclaira la scène avec la petite lampe, candilejo, qu’elle tenait à la main. Il faut savoir que le roi don Pèdre, d’ailleur leste et vigoureux, avait un défaut de conformation singulier. Quand il marchait, ses rotules craquaient fortement. La vieille, à ce craquement, n’eut pas de peine à le reconnaître. Le lendemain, le Vingt-quatre en charge vint faire son rapport au roi. «Sire, on s’est battu en duel, cette nuit, dans telle rue. Un des combattants est mort. — Avez-vous découvert le meurtrier? — Oui, sire. — Pourquoi n’est-il pas déjà puni? — Sire, j’attends vos ordres. — Exécutez la loi.» Or le roi venait de publier un décret portant que tout duelliste serait décapité, et que sa tête demeurerait exposée sur le lieu du combat. Le Vingt-quatre se tira d’affaire en homme d’esprit. Il fit scier la tête d’une statue du roi et l’exposa dans une niche au milieu de la rue, théâtre du meurtre. Le roi et tous les Sévillans le trouvèrent fort bon. La rue prit son nom de la lampe de la vieille, seul témoin de l’aventure. — Voilà la tradition populaire. Zuñiga raconte l’histoire un peu différemment. (Voir Anales de Sevilla, t. II, p. 136). Quoi qu’il en soit, il existe encore à Séville une rue du Candelijo, et dans cette rue un buste de pierre qu’on dit être le portrait de don Pèdre. Malheureusement, ce buste est moderne. L’ancien était fort usé au XVIIe siècle, et la municipalité d’alors le fit remplacer par celui qu’on voit aujourd’hui.

[23]

Rom, mari; romi, femme.

[24]

Calo; féminin, calli; pluriel, cales. Mot à mot: noir, — nom que les bohémiens se donnent dans leur langue.

[25]

Les dragons espagnols sont habillés de jaune.

[26]

Me dicas vriarda de jorpoy, bus ne sino braco. — Proverbe bohémien.

[27]

La sainte. — La sainte Vierge.

[28]

La potence, qui est veuve du dernier pendu.

[29]

La (terre) rouge

[30]

Flamenca de Roma. Terme d’argot qui désigne les bohémiennes. Roma ne veut pas dire ici la ville éternelle, mais la nation des Romi ou des gens mariés, nom que se donnent les bohémiens. Les premiers qu’on vit en Espagne venaient probablement des Pays-Bas, d’où est venu leur nom de Flamands.

[31]

Racine bulbeuse dont on fait une boisson assez agréable.

[32]

Nourriture ordinaire du soldat espagnol.

[33]

Ustilar à pastesas, voler avec adresse, dérober sans violence.

[34]

Espèce de corps franc.

[35]

Sarapia sat pesquital ne punzava

[36]

Les imbéciles qui me prennent pour une femme comme il faut.

[37]

Nom que le peuple en Espagne donne aux Anglais à cause de la couleur de leur uniforme.

[38]

Aux galères, ou bien à tous les diables.

[39]

Mon amant, ou plutôt mon caprice.

[40]

Navarro fino.

[41]

Or esorjié de or narsichislé, sin chismar lachinguel — proverbe bohémien. La promesse d’un nain, c’est de cracher loin.

[42]

Len sos sonsi abela

Pani o reblendani terela.

(Proverbe bohémien)

[43]

La divisa, nœud de rubans dont la couleur indique les pâturages d’où viennent les taureaux. Ce nœud est fixé dans la peau du taureau au moyen d’un crochet, et c’est le comble de la galanterie que de l’arracher à l’animal vivant, pour l’offrir à une femme.

[44]

On a accusé Marie Padilla d’avoir ensorcelé le roi don Pèdre. Une tradition populaire rapporte qu’elle avait fait présent à la reine Blanche de Bourbon d’une ceinture d’or, qui parut aux yeux fascinés du roi comme un serpent vivant. De là la répugnance qu’il montra toujours pour la malheureuse princesse.

[45]

Il m’a semblé que les Bohémiens allemands, bien qu’ils comprennent parfaitement le mot Calé, n’aimaient point à être appelés de la sorte. Ils s’appellent entre eux Romané tchavé.

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