Prologue

Heounimeor Khardon, Coordinateur suprême de la Ligue des Terres humaines, avait achevé sa journée. Déjà ses collaborateursHommes, Sinzus, Hr’ben, Kaïens, Hiss surtoutavaient quitté le palais des Mondes, sur Réssan, la sixième planète d’Ialthar, dans le Premier Univers. Khardon considérait sans déplaisir un vol de deux heures jusqu’à la maison des Sages, où l’attendait son ami Sssefen, le physicien hiss, et la longue partie de Jeu des Étoiles qui suivrait. Tout avait été routine, ce jour-là, la fastidieuse routine d’une administration responsable de plus de cinquante mille planètes !

Avec un soupir d’aise, il jeta dans un tiroir quelques papiers, avança la main vers l’interrupteur qui allait couper, jusqu’au lendemain, toutes communications avec son bureau, les déviant vers ses seconds, Arekeion Aklin, le sinzu, ou Essenssinon, le hiss. Mais le destin avait décidé que, ce soir-là, Heounimeor Khardon ne jouerait pas au Jeu des Étoiles.

L’écran s’alluma, et la face verte de sa secrétaire hiss y parut.

« Coordinateur, le capitaine Haldok Kralan, du « Kelen », de retour d’exploration, demande une entrevue. »

Khardon réprima un geste d’ennui.

« Bon, envoyez-le immédiatement. »

Haldok était un vieux routier de l’espace, et ne dérangeait certainement pas le Coordinateur suprême pour des banalités, Quelques instants plus tard, il entra.

« Quoi de neuf, Haldok ?

Rien de bon, Heounimeor. Tu recevras mon rapport demain matin, mais, comme c’est un cas de grande urgence, j’ai cru bon de t’avertir ce soir même. Tu le sais, nous étions en mission d’exploration dans la plus grande des galaxies satellites du dix-huitième Univers, celui des Terriens. Nous avons eu un accident ; peu de chose en vérité, un simple dérèglement des hyperspaciotrons. Comme il est plus aisé, cependant, de faire la réparation au sol, nous avons atterri sur la planète la plus proche, un monde du type IA, ce qui convenait parfaitement à mon équipage, mélange de hiss, de sinzus et de Terriens. Nous touchâmes le sol dans une vallée agréable, sans avoir vu de haut aucune trace de civilisation. Mais le lendemain, comme nous nous apprêtions à repartir, un indigène a pris contact avec nous : humanoïde, classe I, type chlorohémoglobinien, groupe B7, c’est-à-dire très voisin des hiss, et donc naturellement télépathique. De fait, la seule différence notable avec les hiss est qu’ils appartiennent à un groupe symétrique, dextrogyre au lieu d’être lévogyre.

La découverte d’une nouvelle espèce humaine est chose assez banale, et je ne vois pas…

Ce qui est moins banal, c’est ce qu’il nous a raconté : il y a sur cette planète, en plus des indigènes, un groupe humain, probablement d’origine terrienne d’après ce que nous en a dit notre informateur, groupe établi là depuis plusieurs siècles locaux, et qui cherche à s’étendre par conquête ! »

Khardon sifflota entre ses dents.

« En effet, c’est grave. As-tu d’autres renseignements ?

Non. Mais, en revenant, j’ai touché Lambda, une colonie terrienne. Il serait possible que le groupe en question descende des équipages de ce que les Terriens appellent « les astronefs perdues », qui, il y a cinq cents ans terrestres, essayèrent pour la première fois un vol intergalactique vers le « Grand Nuage de Magellan ».

Tu as raison, il y a urgence. As-tu les coordonnées ?

Elles sont dans mon rapport, mais je les ai aussi apportées. Les voici.

Humains et indigènes voisins des hiss, dis-tu ? J’ai justement sous la main l’équipe qu’il faut, une des meilleures : Akki Kler et Hassil, un Novaterrien et un hiss. »

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