XXII
Onéguine compte encore les heures ; il ne peut encore attendre la fin de la journée. Mais dix heures sonnent. Il s’élance, il part ; le voilà devant le perron. Il entre en frissonnant chez la princesse, et, pendant quelques instants, ils se trouvent seuls assis face à face. Les paroles ne peuvent sortir des lèvres d’Onéguine. Farouche, maladroit, à peine lui répond-il. Sa tête est remplie d’une pensée obstinée, et il regarde obstinément. Quant à elle, elle reste assise, tranquille et libre.
XXIII
Le mari vient ; il interrompt ce pénible tête-à-tête. Il rappelle à Onéguine les amusements et les traits de jeunesse des années passées. Ils rient tous deux. Les visites arrivent. Voici que la conversation commence à s’épicer du sel mordant de la malignité mondaine. Un léger babil s’établit autour de la dame du logis ; dépourvu de sottes minauderies, il était maintes fois interrompu par une discussion sensée où l’on ne trouvait ni thèmes rebattus, ni prétendues vérités éternelles, ni pédantisme, où rien n’effrayait nulle oreille par une trop libre allure.
XXIV
Il y avait là pourtant la fine fleur de la capitale, et les grands seigneurs, et les modèles de la mode, et ces figures qu’on rencontre partout, ces sots inévitables. Il y avait là des dames avancées en âge, avec une physionomie méchante sous des bonnets de roses. Il y avait aussi quelques jeunes filles, visages qui ne sourient jamais. Il y avait aussi un ambassadeur parlant avec aplomb des affaires d’État, et un vieillard, aux cheveux blancs et parfumés, lequel plaisantait à la vieille mode avec une délicatesse excessive qui paraîtrait aujourd’hui ridicule.
XXV
Il y avait encore un monsieur, tout farci d’épigrammes et mécontent de tout : du thé que l’on offrait et qui était trop sucré, de la nullité des dames, des manières des hommes, du bruit que faisait un roman ténébreux, du chiffre[82] que l’on venait de donner à deux sœurs, des mensonges des journaux, de la guerre, de la neige et de sa femme.
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XXVI
Il y avait de plus ***, qui s’était fait une célébrité par la bassesse de son âme, et qui avait émoussé tes crayons dans tous les albums, ô Saint-Priest ! Un dictateur de bal se tenait appuyé contre la porte en figurine de mode, rouge comme un chérubin dans les palmes du dimanche des Rameaux, tiré à quatre épingles, immobile et muet ; tandis qu’un voyageur venu de loin, insolent, roide, empesé, excitait le sourire des invités par son maintien plein de suffisance, et un regard échangé en silence portait sur lui un jugement général.
XXVII
Mais Onéguine, pendant toute la soirée, ne fut occupé que de la seule Tatiana ; non pas de cette petite fille timide, simple, amoureuse ; mais de la hautaine princesse, de l’inabordable divinité des rives de la Neva. Ô hommes ! vous êtes tous semblables à notre grand’mère Ève : Ce qui vous est donné ne vous attire pas. Un serpent vous appelle à lui sans relâche à l’arbre mystérieux ; il faut qu’on vous donne le fruit défendu ; sinon, le paradis n’est plus le paradis.
XXVIII
Oh ! que Tatiana est changée ! comme elle est fermement entrée dans son rôle ! Comme elle a rapidement pris les allures du rang dominateur ! Quoi ! c’est de cette indifférente et fière reine des salons qu’il a fait battre le cœur ! C’est à lui que, dans le silence de la nuit, avant l’heure du sommeil, elle adressait ses pensées virginales ; c’est avec lui que, soulevant vers la lune ses regards émus, elle rêvait d’achever un jour le modeste chemin de sa vie !
XXIX
Tous les âges sont soumis à l’amour ; mais aux cœurs jeunes et purs ses agitations sont bienfaisantes comme aux champs les orages printaniers. Sous la pluie des passions, ils se rafraîchissent, se renouvellent, mûrissent, et la vie, ainsi fortifiée, donne une floraison splendide et des fruits exquis. Mais, dans l’âge tardif et qui ne peut plus germer, au déclin de nos années, tristes et mortes sont les traces de la passion. Ainsi les tempêtes du froid automne changent les prairies en marais et achèvent de dépouiller les bois.
XXX
Plus de doute, hélas ! Onéguine s’est épris de Tatiana comme un enfant. Il passe les nuits et les jours dans les perplexités d’une méditation amoureuse. Sans écouter les sévères remontrances de sa raison, il se fait conduire chaque jour au vestibule vitré de l’hôtel qu’elle habite ; il la poursuit comme son ombre ; il se tient pour heureux s’il peut lui jeter sur les épaules le duvet d’un boa, s’il effleure sa main, s’il relève son mouchoir, s’il écarte devant elle la foule bigarrée des laquais.
XXXI
Quoi qu’il fasse, mourût-il, elle ne le remarque point. Elle le reçoit librement à la maison, et si elle le rencontre dans le monde, elle lui adresse deux ou trois paroles ; quelquefois un simple salut ; quelquefois elle ne l’aperçoit pas même. Il n’y a pas en elle une goutte de coquetterie ; le très-grand monde n’en saurait admettre. Onéguine commence à pâlir. « Ou elle ne me voit pas, dit-il, ou elle n’a nulle pitié. » Onéguine maigrit ; il menace de devenir phthisique. Tous ses amis en chœur l’envoient aux médecins, et tous les médecins en chœur l’envoient prendre les eaux.
XXXII
Mais il ne part pas. Il aimerait mieux écrire à ses ancêtres de l’attendre là-haut. Cela ne touche point Tatiana ; le sexe est ainsi fait. Lui s’obstine, ne veut point quitter la partie ; il espère, il s’agite. Enfin, tout malade qu’il est, et plus hardi qu’un homme bien portant, il écrit d’un main faible à la princesse une lettre passionnée. Bien qu’il attribuât, et avec raison, peu d’influence aux lettres, cependant il paraît que la souffrance était devenue plus forte que lui. Voici sa lettre mot à mot :
« Je prévois tout : dévoiler ce triste secret sera vous offenser. Quel amer mépris exprimera votre fier regard ! Qu’est-ce que je veux ? Dans quelle intention vais-je vous ouvrir mon âme ? À quelle cruelle gaieté vais-je peut-être donner cours ?
« Quand je vous ai rencontrée par hasard, je ne sais où ; quand je crus remarquer en vous une étincelle de tendresse, je n’osai pas y croire. Je ne donnai point carrière à la douce habitude qui allait s’établir ; je ne voulus point perdre une liberté qui me pesait pourtant. Autre chose encore nous sépara : Lenski tomba, victime infortunée. Alors j’arrachai mon cœur à tout ce qui lui était cher. Étranger à tous, dégagé de tout lien, je crus que la liberté et le repos remplaceraient le bonheur. Grand Dieu ! combien je me suis trompé ! combien je suis puni !
« Non ; vous voir à chaque instant, vous suivre partout, saisir avec des regards amoureux le sourire de vos lèvres et chaque mouvement de vos yeux, vous écouter longtemps, pénétrer son âme de vos perfections, pâlir, s’éteindre, se mourir devant vous, voilà le bonheur.
« Et j’en suis privé ! je me traîne partout au hasard pour vous rencontrer ; chaque jour, chaque heure, m’est un précieux reste de vie, et je dissipe dans un ennui dévorant mes jours déjà comptés. Je le répète : ma vie est déjà mesurée ; mais, pour qu’elle se prolonge, je dois être assuré, chaque matin, que je vous verrai dans le cours de la journée.
« Je crains : dans mon humble supplication votre regard sévère pourrait découvrir les artifices d’une ruse misérable, et j’entends déjà votre reproche indigné. Si vous saviez combien il est affreux de brûler, d’être dévoré par la soif d’amour, et de dompter incessamment par la raison l’effervescence du sang ! de vouloir embrasser vos genoux, et répandre à vos pieds, en sanglotant, des aveux, des reproches, des prières, tout ce qui remplit l’âme ; et, au lieu de cela, d’armer sa parole et son regard d’une feinte froideur, de suivre un entretien tranquille, de vous regarder d’un œil réjoui !
« Mais c’en est fait ; je ne suis plus de force à lutter contre moi-même. Je me livre à vous, et je m’abandonne à ma destinée. »
XXXIII
Point de réponse. De lui, autre missive. À sa seconde, à sa troisième lettre, point de réponse. Il va à un bal. À peine est-il entré qu’elle se trouve à sa rencontre. Quelle mine sévère ! On ne le voit pas ; on ne lui adresse point la parole. Ouf ! comme la voilà maintenant tout enveloppée d’une glace de janvier ! Comme ses lèvres retiennent obstinément l’explosion de la colère ! En vain Onéguine dirige sur elle un regard pénétrant. Où est le trouble, la pitié ? où sont les marques des larmes ? Rien, rien. Sur ce visage, il n’y a que les traces de l’indignation.
XXXIV
Et peut-être aussi d’une peur secrète que le mari ou le monde n’ait deviné une faiblesse passée et passagère ; tout ce qu’Onéguine seul pouvait savoir…. Plus d’espérance. Il part, et, tout en maudissant sa folie, il s’y replonge, et de nouveau renonce au monde. Là, dans son cabinet silencieux, il dut se rappeler le temps où la cruelle Khandrâ l’avait poursuivi à travers le bruit de la vie, l’avait atteint, pris au collet et enfermé dans un réduit obscur.
XXXV
De nouveau il se mit à lire sans choix. Il lut Gibbon, Rousseau, Manzoni, Herder, Champfort, madame de Staël, Bichat, Tissot ; il lut le sceptique Bayle, il lut même les œuvres de Fontenelle, et aussi quelques-uns des nôtres, sans rien rejeter, ni almanachs, ni revues, ni journaux où l’on nous fait la leçon, où maintenant l’on me dit tant d’injures, où jadis je rencontrais tant de madrigaux : e sempre bene, messieurs.
XXXVI
Mais quoi ! ses yeux lisaient et ses pensées étaient loin. Des rêves, des désirs, des tristesses, se pressaient sourdement au fond de son âme. Entre les lignes imprimées, les yeux de son esprit lisaient d’autres lignes qui l’absorbaient tout entier. Ce que c’était, on le dirait difficilement. C’était, ou de mystérieuses traditions d’une obscure antiquité, des rêves incohérents, des menaces, des prédictions, des bruits vagues ; ou bien les vives et folles inventions d’un conte d’enfant, ou bien des lettres de jeune fille.
XXXVII
Et peu à peu il tombe dans une somnolence de sentiments et de pensées, tandis que l’imagination jette devant lui les cartes bigarrées de son pharaon. Tantôt il voit sur la neige fondante un adolescent étendu immobile comme un voyageur endormi, et il entend les mots : « Eh bien, quoi ! il est tué. » Tantôt il voit des ennemis oubliés, des calomniateurs, des poltrons méchants, et l’essaim des jeunes traîtresses, et le cercle des camarades indignes. Tantôt c’est une maison de village, et à la fenêtre est assise elle, toujours elle.
XXXVIII
Il s’habitua si bien à se perdre dans ces rêveries qu’il en devint presque fou, ou poëte, ce qui eût été bien drôle à voir. En effet, par je ne sais quelle force magnétique, mon élève à tête dure fut sur le point de saisir le mécanisme de la versification russe. Il ressemblait vraiment à un poëte, lorsque, assis seul au coin de la cheminée, il chantonnait benedetta ou idol mio, et laissait tomber au feu sa pantoufle ou son journal.
XXXIX
Les jours s’écoulaient rapidement. Dans l’air réchauffé, déjà l’hiver se dissolvait. Et il ne se fit pas poëte, ne mourut pas, ne devint pas fou. Le printemps le ranime ; il quitte pour la première fois, par une tiède matinée, son appartement clos où il avait hiverné comme une marmotte, ses doubles croisées, sa cheminée et ses chenets. Il vole en traîneau le long de la Néva. Le soleil se joue sur les blocs bleuâtres de la glace qu’on en a tirée. Dans les rues, la neige, battue et rebattue, se fond en boueuses flaques d’eau. Où, à travers cette neige, se dirige Onéguine ?
XL
Vous l’avez deviné. En effet, cet original incorrigible est arrivé chez elle, chez Tatiana. Il s’avance, semblable à un mort. Pas âme qui vive dans l’antichambre. Il entre dans le salon, plus loin… personne. Il ouvre encore une porte. Que voit-il ? Quelle vision le frappe si violemment ? La princesse est devant lui, seule, pâle, assise, vêtue négligemment, lisant une lettre, et versant des larmes silencieuses, la joue appuyée sur sa main.
XLI
Oh ! qui n’aurait pas lu, dans ces rapides instants, ses souffrances muettes ? Qui n’aurait reconnu dans la princesse la Tania, la pauvre Tania d’autrefois ? Dans l’angoisse d’un regret insensé, Onéguine tombe à ses pieds. Elle frissonne et se tait. Elle le regarde sans surprise, sans colère. L’œil éteint d’Onéguine, son air suppliant, son reproche muet, elle a tout compris. La simple jeune fille, avec le cœur et les rêves d’autrefois, revit en elle.
XLII
Elle ne le relève pas, et, sans le quitter des yeux, elle ne retire pas sa main inanimée aux lèvres avides qui la pressent. À quoi rêve-t-elle ? Un long silence se passe ; puis elle lui dit doucement : « C’est assez, levez-vous. Je dois m’expliquer avec vous franchement. Onéguine, vous rappelez-vous l’heure où le destin nous a mis face à face dans l’allée de notre jardin ? Vous rappelez-vous avec quelle humilité j’écoutai votre leçon ? C’est à présent mon tour.
XLIII
« Onéguine, j’étais plus jeune alors, plus jolie peut-être, et je vous aimais. Cependant, qu’ai-je trouvé dans votre cœur ? Quel retour ? Le dédain seul. L’amour d’une simple petite fille, n’est-ce pas, n’était pas nouveau pour vous ? Maintenant encore, grand Dieu ! tout mon sang se fige au souvenir de ce froid regard, de ce sermon. Mais je ne vous accuse pas ; vous avez agi généreusement à cette heure terrible ; vous aviez toute raison, et je vous suis reconnaissante au fond de mon âme.
XLIV
« Alors, n’est-ce pas, dans ce désert, loin de tout éclat, je ne vous plaisais point ? Pourquoi donc me persécutez-vous aujourd’hui ? Pourquoi cette poursuite incessante ? Est-ce parce que je dois paraître dans le grand monde ? parce que je suis riche et titrée ? parce que mon mari a été blessé dans des batailles, et que la cour nous caresse pour ses services ? Ou bien est-ce parce que ma honte serait à présent connue de tous, et qu’elle vous donnerait dans la société un honneur infini ?
XLV
« Je pleure. Si vous n’avez pas oublié votre Tania d’autrefois, vous devriez savoir que, si j’en avais le choix, je préférerais vos mordantes épigrammes, vos paroles froides et sévères, à cette passion qui m’offense, à ces lettres et à ces larmes. Autrefois, vous aviez au moins de la pitié pour mes rêves enfantins, du respect pour mon âge ; et maintenant, qui vous amène à mes pieds ? Quelle petitesse ! Comment, avec votre cœur et votre esprit, êtes-vous devenu l’esclave d’un sentiment misérable ?
XLVI
« Quant à moi, Onéguine, toute cette splendeur, ce clinquant d’une triste vie, mes succès dans le tourbillon du monde, ma maison à la mode, mes soirées recherchées, qu’est-ce que tout cela ? Je serais heureuse de donner à l’instant tous ces oripeaux, toute cette mascarade, cet éclat, ce bruit, cette fumée, pour un rayon de livres, pour un jardin sauvage, pour notre pauvre habitation, pour ces lieux où je vous ai vu la première fois, pour l’humble cimetière où maintenant une croix et l’ombre des branches couvrent ma pauvre nourrice.
XLVII
« Et le bonheur était si possible, si proche !… Mais mon sort est fixé. J’ai peut-être agi sans prudence… Ma mère me suppliait en pleurant… toutes les destinées m’étaient égales… je me mariai. Vous devez me laisser ; je vous en prie. Je sais que votre cœur abrite la fierté, la droiture, l’honneur. Je vous aime… à quoi bon dissimuler ? Mais je me suis donnée à un autre, je lui serai éternellement fidèle. »
XLVIII
Elle sort à ces mots. Onéguine est resté immobile, comme frappé de la foudre. Par quel tourbillon d’émotion son cœur est agité ! Mais un bruit inattendu d’éperons retentit, et le mari de Tatiana paraît. Lecteur, en cet instant cruel pour notre héros, nous allons l’abandonner pour longtemps… pour toujours. Nous avons assez erré avec lui par les mêmes chemins. Félicitons-nous d’être au rivage. Hurrah ! il y a longtemps que nous aurions dû faire ainsi, n’est-ce pas ?
XLIX
Qui que tu sois, ô mon lecteur, ami ou ennemi, je veux me séparer de toi cordialement. Adieu. Quoi que tu aies cherché dans ces strophes insouciantes… ou des souvenirs ravivés, ou du repos après tes fatigues, ou des tableaux animés, ou des mots piquants, ou tout bonnement des fautes de grammaire, Dieu veuille que tu trouves dans ce livre, ne fût-ce qu’un grain de mil, pour ton divertissement, pour ton cœur, ou pour des querelles de journaux. Sur ce, séparons-nous, et adieu.
L
Adieu, toi aussi, mon bizarre camarade ; et toi, mon idéal constant ; et toi aussi, ma tâche, non grande, certes, mais qui m’était chère. J’ai connu avec vous tout ce qui est enviable dans le sort d’un poëte : l’oubli de la vie au milieu de ses tempêtes, et la douce intimité des amis. Bien des jours se sont écoulés depuis que la jeune Tatiana, et Onéguine avec elle, me sont apparus pour la première fois comme dans un songe confus, alors qu’à travers un cristal magique, je ne distinguais pas encore avec clarté le lointain horizon du libre roman.
LI
Mais de ceux à qui, dans d’amicales réunions, j’ai lu les premières strophes, les uns ne sont plus et les autres sont loin, comme l’a dit jadis le poëte Saadi. Onéguine s’est achevé sans eux, et celle qui m’a inspiré l’image chérie de Tatiana…. Oh ! le sort m’a beaucoup ôté ! Heureux celui qui a pu quitter de bonne heure le festin de la vie, sans boire jusqu’à la lie la coupe pleine de vin ! celui qui n’a pas achevé son roman, et qui a su s’en séparer brusquement, comme moi de mon Onéguine.
FIN
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Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur le site de la Bibliothèque le 12 juillet 2011.
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Les textes ont été relus et corrigés avec la plus grande attention, en tenant compte de l’orthographe de l’époque. Il est toutefois possible que des erreurs ou coquilles nous aient échappé. N’hésitez pas à nous les signaler.
[1] Cette épigraphe est en français dans l’original.
[2] Premier poème de Pouchkine, écrit à l’âge de vingt ans.
[3] Iévguéni Onéguine fut commencé en Bessarabie, où Pouchkine était exilé.
[4] Strophe supprimée par la censure.
[5] Strophes supprimées par la censure.
[6] Le premier chapitre du poëme de Pouchkine fut écrit en 1823.
[7] L’un restaurateur, l’autre gastronome du temps.
[8] Écrivain du temps de Catherine II. Il est auteur de deux comédies, le Brigadier et le Jeune Gentillâtre, où il persiflait l’ignorance et les préjugés de son époque.
[9] Écrivain de second ordre, qui composa dans sa vieillesse une tragédie nommée Vadim. Comme cette pièce contenait quelques allusions contre la puissance absolue, l’auteur fut appelé à la police et fouetté de verges. Il en mourut.
[10] Poëte tragique que l’on comparait à Racine. Il est auteur d’un Dmitri-Donskoï, représenté après Friedland, où, sous les traits du khan de Tartarie et de son ambassadeur, on reconnaissait aisément Napoléon et Caulaincourt.
[11] Excellente actrice tragique, qui a épousé un prince Gagarine.
[12] Ami de Pouchkine et traducteur de Corneille.
[13] Auteur fécond d’une foule de comédies bourgeoises.
[14] Danseur français, maître de ballets.
[15] Célèbre danseuse du temps.
[16] On reprochait précisément, et avec raison, à ce dictionnaire, de ne pas conserver assez pur l’idiome national.
[17] Cocher de traîneau.
[18] On sait qu’à Saint-Pétersbourg les journées du milieu de l’été n’ont pas de nuit, mais seulement un crépuscule presque aussi clair que le jour, entre le coucher et le lever du soleil.
[19] Allusion à une célèbre élégie du poète Gnéditch, les Pêcheurs de la Néva, dont l’auteur s’est surtout fait connaître par une excellente traduction en vers de l’Iliade.
[20] Rue parallèle à la Néva.
[21] Lord Byron.
[22] On sait que, par sa mère, Pouchkine était arrière-petit-fils du nègre Annibal, ce serviteur favori de Pierre le Grand.
[23] Dans son second poëme, le Prisonnier du Caucase.
[24] Dans son troisième poëme, la Fontaine de Batchi-Sarai.
[25] Diminutif d’Eudoxie.
[26] Prise à un opéra féerique intitulé l’Ondine du Danube, et resté très-populaire.
[27] Espèce de barres.
[28] Comme il n’y avait alors qu’un seul colonel dans la garde, qui était l’empereur, et que les simples soldats étaient gentilshommes, le grade de sergent équivalait à celui de colonel.
[29] C’est-à-dire désignait les paysans qui devenaient soldats, et qu’on marquait en leur rasant le front.
[30] Comme on dirait en France : elle nommait Jeanne Jenny.
[31] Sorte de crêpes épaisses au beurre fondu.
[32] Espèce de bière.
[33] On couronne les époux au mariage.
[34] Gentilhomme propriétaire.
[35] Ville de Moldavie, à l’embouchure du Dniéper, prise par Souvorof sur les Turcs, en 1788.
[36] Héroïne d’une ballade de Joukovski.
[37] Diminutif d’Ivan.
[38] Vieille femme, entremetteuse des mariages.
[39] La tresse de cheveux que portent les jeunes filles est cachée au mariage et ne se montre plus désormais.
[40] Lasciate ogni speranza voi ch’ entrate. La modestie de l’auteur ne lui a naturellement permis de traduire que la première partie du vers célèbre. (Note de Pouchkine.)
[41] Revue publiée par un certain Ismaïloff. On peut juger de la valeur de ce recueil par l’excuse que donnait son rédacteur pour expliquer le retard d’une livraison : il avait, imprimait-il, trop bu pendant les fêtes.
[42] Auteur d’un poëme de Psyché, publié sous le règne de Catherine II, et qu’on lisait encore au temps de la jeunesse de Pouchkine.
[43] Baratinski, poëte élégiaque, d’abord connu pour un poème des Festins, bientôt exilé en Finlande.
[44] On croit qu’en effet Pouchkine avait reçu cette lettre dans une circonstance analogue.
[45] Cette chanson est écrite dans un rhythme populaire, très-différent de celui des strophes.
[46] En écrivant cette strophe, Pouchkine semblait prédire les causes de sa mort.
[47] En Russie comme en Allemagne, le jour de Noël est celui des visites annuelles et des cadeaux que nous faisons au jour de l’an.
[48] Peintre amateur.
[49] Voir note 43.
[50] Pouchkine avait en vue un critique nommé Nadejdine, qui, sous le règne de l’empereur Nicolas, commettait l’anachronisme de conseiller à la poésie russe d’être nationale.
[51] Cela signifie l’époque de Catherine II.
[52] Un certain Dmitrief, qui tranchait du Boileau, et qui, pendant un temps, a tenu dans la poésie russe la place de l’historien Karamsine dans la prose.
[53] Par exemple, grâce à la censure, le numéro de juillet du Télégraphe, la seule revue du temps, paraissait au mois de février de l’année suivante.
[54] Manchette de sapin qui sert de chandelle.
[55] Allusion à une pièce de vers du prince Viazemski, intitulée La première neige.
[56] Poëme de Baratinski, où se trouve une assez célèbre description de l’hiver.
[57] Fête du 6 janvier.
[58] « Le petit chat invite sa chatte à dormir sur son petit poêle. » Cette chanson annonce un mariage ; l’autre annonce une mort.
[59] Dans la mythologie slave. Ce nom, et celui de Lada, la Vénus slave, s’est conservé dans les refrains des chansons villageoises.
[60] Détestable imitation de la Henriade, par un certain Khéraskof, également auteur d’une Rossiade.
[61] Imitation burlesque de quatre vers du vieux poëte Lomonosof, le Malherbe russe.
[62] Bouyanof est le héros d’un conte grivois, écrit en vers par un oncle de Pouchkine, portant le même nom.
[63] Surnom d’Eupraxie Wulf, voisine de Pouchkine. (Note BRS)
[64] Poëte ami de Pouchkine, mort jeune.
[65] C’est le reproche qu’un critique avait fait à Pouchkine.
[66] Chaussure en écorce de tilleul.
[67] Les mots russes mladost et sladast sont presque identiques.
[68] Auteur de plusieurs ouvrages sur l’agronomie.
[69] Serfs attachés au service de la maison du maître.
[70] Seigneur de terres et d’âmes.
[71] Équipage de suite.
[72] Attelage de trois chevaux de front.
[73] Profondes ornières que le traînage creuse dans la neige en travers des routes.
[74] Rue à l’entrée de Moscou, du côté de Saint-Pétersbourg.
[75] Traduction française du mot Pacha, diminutif de Prascovia.
[76] À l’époque de Pouchkine, c’était l’unique carrière que Pétersbourg eût laissée à Moscou pour les fils de famille.
[77] On croit que cette strophe était adressée par Pouchkine à celle qui devint sa femme.
[78] Derjavine avait été le poëte célèbre du règne de Catherine II. Il assistait, dans son extrême vieillesse, aux examens du lycée de Tsarkoé-Célo, où Pouchkine, à quinze ans, lut des vers de sa composition. Dans son enthousiasme et son attendrissement, Derjavine déclara « que Pouchkine était son héritier. »
[79] On a vu dans cette strophe une réponse personnelle de Pouchkine à ses détracteurs.
[80] Personnage d’une comédie de Griboïédof.
[81] Ami de Pouchkine, auquel est dédié le roman d’Onéguine, et qui, dans sa chaire de littérature russe, se montrait puriste intraitable.
[82] Décoration des demoiselles d’honneur au palais impérial.