Примечания

1

La tour de Londres formait encore au XIVème siècle la limite orientale de la ville, et même était séparée de la Cité proprement dite par les jardins des monastères. Le Tower Bridge naturellement n’existait pas ; la Tamise n’était franchie que par le seul London Bridge, en amont de la Tour.

Si l’édifice central, la White Tower, entrepris vers 1078 sur l’ordre de Guillaume le Conquérant par son architecte le moine Gandulf, se présente à nous, au bout de neuf cents ans, sensiblement dans son apparence initiale – la restauration de Wren, malgré l’élargissement des fenêtres, l’a peu modifié – en revanche l’aspect général de l’ensemble fortifié était, à l’époque d’Édouard II, assez différent.

Les ouvrages de l’actuelle enceinte n’étaient pas encore construits, à l’exception de la St-Thomas Tower et de la Middle Tower, dues respectivement à Henri II et à Edouard Ier. Les murailles extérieures étaient celles qui forment aujourd’hui la seconde enceinte, ensemble pentagonal à douze tours bâti par Richard Cœur de Lion et constamment remanié par ses successeurs.

On peut constater l’étonnante évolution du style médiéval au cours d’un siècle en comparant la White Tower (fin du XIème) qui, malgré l’énormité de sa masse, garde dans sa forme et ses proportions le souvenir des anciennes villas gallo-romaines, et l’appareil fortifié de Richard Cœur de Lion (fin du XIIème) dont elle est entourée ; ce second ouvrage a déjà les caractéristiques du classique château fort, du type de Château-Gaillard en France, édifié d’ailleurs par le même Richard Ier, ou, ultérieurement, des constructions angevines de Naples.

White Tower est le seul monument pratiquement intact, parce que constamment utilisé au cours des siècles, qui témoigne du style de construction de l’an mille.

2

Le terme de constable, forme contractée de connétable, et qui désigne de nos jours un officier de police, était le titre officiel du commandant de la Tour. Le constable était assisté d’un lieutenant commandant en second. Ces deux fonctions d’ailleurs existent toujours, mais elles sont devenues purement honorifiques et sont remises à des militaires illustres en fin de carrière. Le commandement effectif de la Tour est de nos jours exercé par le major qui est lui-même officier général. Comme on le voit, ces dignités ont une hiérarchie inverse à celle des grades de l’armée.

Le major réside à la Tour, dans le Logis du Roi – ou de la Reine – construction de l’époque Tudor, accotée à la Bell Tower ; le premier Logis du Roi, qui datait du temps d’Henry Ier, a été démoli sous Cromwell. Également à l’époque de notre récit – 1323 – la chapelle Saint-Pierre n’était constituée que par la partie romane de l’édifice actuel.

3

Soyez prêt pour ce soir, Monseigneur.

4

Il partira avec nous.

5

L’évêque ?

6

Il vous attendra à l’extérieur, à la nuit tombée.

7

En 1054, contre le roi Henri Ier de France. Roger Ier Mortimer, petit-fils de Herfast de Danemark, était neveu de Richard Ier Sans Peur, troisième duc de Normandie, grand-père du Bâtard Conquérant.

8

Le shilling était à cette époque une unité de valeur, mais non une monnaie proprement dite. De même pour la livre ou le marc. Le penny était la plus haute pièce de monnaie en circulation. Il faut attendre le règne d’Edouard III pour voir apparaître des monnaies d’or, avec le florin et le noble. Le shilling d’argent ne commencera d’être frappé qu’au XVIème siècle.

9

Très vraisemblablement dans la tour de Beauchamp – mais qui ne portait pas encore ce nom. Elle ne fut appelée ainsi qu’à partir de 1397, à cause de Thomas de Beauchamp, comte de Warwick, qui y fut incarcéré et qui était, coïncidence curieuse, petit-fils de Roger Mortimer. Ce bâtiment était une construction d’Edouard II, donc toute récente à l’époque de Mortimer.

Les lucarnes des latrines étaient souvent le point faible des édifices fortifiés. C’est par une ouverture de cette sorte que les soldats de Philippe Auguste purent, après un siège qui menaçait de demeurer vain, s’introduire une nuit dans Château-Gaillard, la grande forteresse française de Richard Cœur de Lion.

10

Qui va là ?

11

En avant, rapidement.

12

Le terme de Parlement, qui signifie très exactement assemblée, s’est appliqué en France et en Angleterre à des institutions de commune origine, c’est-à-dire au départ une extension de la curia régis, mais qui prirent rapidement des formes et des attributions complètement différentes.

Le Parlement français, d’abord ambulant, puis fixé à Paris avant que des parlements secondaires ne fussent par la suite institués en province, était une assemblée judiciaire exerçant le pouvoir de justice sur l’ordre et au nom du souverain. Les membres en étaient d’abord désignés par le roi et pour la durée d’une session judiciaire ; à partir de la fin du XIIIème siècle et au début du XIVème, c’est-à-dire du règne de Philippe le Bel, les maîtres du Parlement furent désignés à vie.

Le Parlement français avait à connaître des grands conflits d’intérêts privés comme des procès opposant des particuliers à la couronne, des procès criminels important à la vie de l’État, des contestations s’élevant à propos de l’interprétation des coutumes et de tout ce qui touchait, en somme, à la législation générale du royaume, y compris même la loi de succession au trône, comme on le vit au début du règne de Philippe V. Mais encore une fois le rôle du Parlement et ses attributions étaient uniquement judiciaires ou juridiques.

La seule puissance politique du Parlement français venait de ce qu’aucun acte royal, ordonnance, édit, grâce, etc., n’était valable sans avoir été enregistré et entériné par ledit Parlement, mais il ne commença vraiment d’user de ce pouvoir de refus que vers la fin du XIVème et le début du XVème siècle, quand la monarchie se trouva affaiblie.

Le Parlement anglais, lui, était une assemblée à la fois judiciaire, puisque les grands procès d’État y étaient évoqués, en même temps que déjà une assemblée politique. Nul n’y siégeait de droit ; c’était toujours une sorte de Grand Conseil élargi où le souverain appelait qui il voulait, c’est-à-dire les membres de son Conseil étroit, les grands seigneurs du royaume, tant laïcs qu’ecclésiastiques, et les représentants des comtés et des villes choisis généralement par les shérifs.

Le rôle politique du Parlement anglais devait à l’origine se borner à une double mission d’information, le roi informant les représentants de son peuple, choisis par lui, des dispositions générales qu’il entendait prendre, et les représentants informant le souverain, par voie de pétition ou d’exposé oral, des desiderata des classes ou des régions administratives auxquelles ils appartenaient.

En théorie, le roi d’Angleterre était seul maître de son Parlement qui restait en somme comme un auditoire privilégié auquel il ne demandait rien d’autre qu’une sorte d’adhésion symbolique et passive aux actes de sa politique. Mais dès que les rois d’Angleterre se trouvèrent dans de graves difficultés, ou bien lorsqu’il leur arriva de se montrer faibles ou mauvais gouvernants, les Parlements qu’ils avaient désignés devinrent plus exigeants, adoptèrent des attitudes franchement délibératives et imposèrent leurs volontés au souverain ; du moins le souverain eût-il à compter avec les volontés exprimées.

Le précédent de la Grande Charte de 1215, imposée à Jean Sans Terre par ses barons, et qui portait en essence le règlement des libertés anglaises, demeura toujours présent à l’esprit des Parlements. Celui qui se tint en 1311 contraignit Édouard II à accepter une charte instituant autour du roi un conseil d’ordonnateurs composé de grands barons élus par le Parlement et qui exerçaient vraiment le pouvoir au nom du souverain.

Édouard II lutta toute sa vie contre ces dispositions, les ayant d’abord refusées puis s’y étant soumis après sa défaite de 1314 par les Écossais. Il ne s’en délivra vraiment, et pour son malheur, qu’en 1322 lorsque, les luttes d’influence ayant divisé les ordonnateurs, il put écraser aux batailles de Shrewsbury et de Boroughbridge le parti Lancastre-Mortimer qui avait pris les armes contre lui.

Rappelons enfin que le Parlement anglais n’avait pas de siège fixe, mais qu’un Parlement pouvait être convoqué par le souverain, ou réclamer d’être convoqué, en toute ville du royaume où le roi se trouvait.

13

En 1318, donc cinq ans plus tôt, Roger Mortimer de Wigmore, nommé Grand Juge et lieutenant du roi d’Angleterre en Irlande, avait battu, à la tête d’une armée de barons des Marches, Edouard Bruce, roi d’Irlande et frère du roi Robert Bruce d’Ecosse. La prise et l’exécution d’Edouard Bruce marquèrent la fin du royaume irlandais. Mais l’autorité anglaise y fut encore pour longtemps tenue en échec.

14

L’affaire du comté de Gloucester, fort sombre et embrouillée, naquit des fabuleuses prétentions émises sur ce comté par Hugh Le Despenser le Jeune, prétentions qu’il n’aurait eu aucune chance de voir triompher s’il n’avait été le favori du roi.

Hugh le Jeune, non content d’avoir reçu tout le Glamorgan en part d’héritage de sa femme, exigeait contre tous ses beaux-frères, et en particulier contre Maurice de Berkeley, l’intégralité des possessions du feu comte son beau-père. Toute la noblesse du sud et de l’ouest de l’Angleterre s’en était alarmée et Thomas de Lancastre avait pris la tête de l’opposition avec d’autant plus d’ardeur que dans le clan adverse se trouvait son pire ennemi, le comte de Warenne, lequel lui avait enlevé sa femme, la belle Alice.

Les Despensers, un moment exilés par un arrêt du Parlement rendu sous la pression des Lancastriens en armes, avaient été vite rappelés, Édouard ne supportant pas de vivre ni sans son amant, ni sous la tutelle de son cousin Thomas.

Le retour des Despensers au pouvoir avait été l’occasion d’une reprise de la rébellion, mais Thomas de Lancastre, aussi infortuné au combat qu’il l’avait été en ménage, avait fort mal dirigé la coalition. Ne se portant pas à temps au secours des barons des Marches galloises, il avait laissé ceux-ci se faire battre, en janvier 1322, dans l’ouest, à Shrewsbury, où les deux Mortimer avaient été faits prisonniers, tandis que lui-même, attendant vainement dans le Yorkshire des renforts écossais, avait été défait deux mois plus tard à Boroughbridge et condamné à mort immédiatement après.

15

La commission de l’évêque d’Exeter, d’après le Calendar of close rolls, est du 6 août 1323. D’autres ordres furent expédiés concernant l’affaire Mortimer, notamment le 10 août aux shérifs du comté de Kent, le 26 au comte de Kent lui-même. Il ne semble pas que le roi Édouard ait eu connaissance avant le 1er octobre de la destination du fugitif.

16

Marie de France, la plus ancienne des poétesses françaises, vécut dans la seconde moitié du XIIème siècle à la cour d’Henry II Plantagenet, où elle avait été amenée, ou appelée, par Aliénor d’Aquitaine, princesse infidèle, au moins à son premier époux le roi de France, mais certainement exquise, et qui avait créé autour d’elle, en Angleterre, un véritable centre d’art et de poésie. Aliénor était petite-fille du duc Guillaume IX, poète lui-même.

Les œuvres de Marie de France connurent une immense faveur, non seulement du vivant de leur auteur, mais encore pendant tout le XIIIème et le début du XIVème siècle.

17

La compagnie des Tolomei, l’une des plus importantes banques siennoises avec celle des Buonsignori, était fort puissante et célèbre depuis le début du XIIIème siècle. Elle avait la papauté comme principal client ; son fondateur, Tolomeo Tolomei, avait participé à une ambassade auprès du pape Alexandre III. Les Tolomei furent sous Alexandre IV banquiers exclusifs du Saint-Siège. Urbain IV les excepta nominalement de l’excommunication générale décrétée contre Sienne entre 1260 et 1273. Ce fut vers cette époque (fin du règne de Saint Louis, début du règne de Philippe III) que les Tolomei commencèrent d’apparaître aux grandes foires de Champagne et que Spinello fonda la branche française de la compagnie. Il existe encore à Sienne une place et un palais Tolomei.

18

L’ordonnance de Charles IV sur l’interdiction de sortie des monnaies françaises fut certainement l’occasion d’un trafic, puisqu’une autre ordonnance, publiée quatre mois plus tard, défendit d’acheter l’or et l’argent à plus haut cours que celui des monnaies du royaume. Une année après, le droit de bourgeoisie fut retiré aux marchands italiens, ce qui ne signifie pas qu’ils eurent à quitter la France, mais simplement à racheter, une fois de plus, l’autorisation d’y tenir commerce.

19

19 novembre 1323. Jean de Cherchemont, seigneur de Venours en Poitou, chanoine de Notre-Dame de Paris, trésorier de la cathédrale de Laon, avait été déjà chancelier à la fin du règne de Philippe V. Charles IV, à son avènement, l’avait remplacé par Pierre Rodier. Mais Charles de Valois, dont il avait su gagner les faveurs, le réimposa dans sa charge à cette date.

20

Le règlement proposé au pape, à la suite d’un Conseil royal tenu à Gisors en juillet 1323, prévoyait que le roi serait bénéficiaire de 300 000 livres sur les 400 000 de frais accessoires. Mais il était spécifié également – et Valois montrait là le bout de sa grande oreille – que si le roi de France, pour quelque raison que ce fût, ne prenait pas la tête de l’expédition, ce rôle reviendrait de droit à Charles de Valois qui bénéficierait alors à titre personnel des subsides fournis par le pape.

21

On oublie généralement qu’il y eut entre la France et l’Angleterre, deux guerres de cent ans.

La première, qui va de 1152 à 1259, fut considérée comme terminée par le traité de Paris, conclu entre Saint Louis et Henry III Plantagenet. En fait, entre 1259 et 1338, les deux pays entrèrent en conflit armé deux fois encore, toujours pour la question d’Aquitaine : en 1294 et, comme on le verra, en 1324. La seconde guerre de Cent Ans, qui s’ouvrit en 1328, n’aura plus véritablement pour objet le différend d’Aquitaine, mais la succession au trône de France.

22

Ceci donne un exemple de l’état d’imbroglio extrême auquel était parvenu le système féodal, système qu’on se représente ordinairement comme fort simple, et qui l’était, effectivement, mais qui finit par s’étouffer dans les complications nées de son usage.

Il faut bien se rendre compte que la question de Saint-Sardos, ou l’affaire d’Aquitaine en général, n’étaient pas des exceptions, et qu’il en allait de même pour l’Artois, pour la Flandre, pour les Marches galloises, pour les royaumes d’Espagne, pour celui de Sicile, pour les principautés allemandes, pour la Hongrie, pour l’Europe entière.

23

Ces chiffres ont été calculés par les historiens à partir des documents du XIVème siècle, en se basant sur le recensement du nombre des paroisses, et des feux par paroisse, à quatre habitants en moyenne par feu. Ils s’entendent pour la période environnant 1328.

Au cours de la seconde guerre de Cent Ans, les combats, les famines et les épidémies firent tomber le total de la population de plus d’un tiers ; il fallut attendre quatre siècles pour que la France retrouvât à la fois le niveau démographique et le niveau de richesse qui étaient les siens sous Philippe le Bel et ses fils. Au début du XIXème siècle encore, on pouvait considérer que dans cinq départements français, la densité moyenne de population n’avait pas réatteint ses chiffres de 1328. De nos jours même, certaines villes, prospères au Moyen Âge et ruinées par la guerre de Cent Ans, demeurent au-dessous de leur situation d’alors. On peut mesurer à cela ce qu’a coûté cette guerre à la nation.

24

Les busines (même origine que le buccin des Romains) étaient de longues trompes droites ou légèrement recourbées qui servaient à rallier les armées au combat. La trompette courte, qui commença d’être en usage au XIIIème siècle, ne supplanta la busine qu’au cours du XVème siècle.

25

Jeu de dés et de jetons qui paraît avoir été l’ancêtre du trictrac et du jacquet.

26

Nos lecteurs seront peut-être surpris par cet emploi de bouches à feu au siège de La Réole en 1324. En effet, on ne date traditionnellement l’apparition de l’artillerie à poudre que de la bataille de Crécy en 1346.

En vérité Crécy fut la première bataille où l’artillerie fut utilisée en rase campagne et en guerre de mouvement. Il ne s’agissait d’ailleurs que d’armes de relativement petits calibres et qui ne firent ni gros dégâts, ni grosse impression. Certains historiens français en ont exagéré l’effet pour expliquer une défaite due bien plus à la fougueuse sottise du roi Philippe VI et de ses barons qu’à cet emploi par l’adversaire d’armes nouvelles.

Mais les « traits à poudre » de Crécy étaient une application de la grosse artillerie à feu employée pour les sièges depuis une vingtaine d’années déjà, concurremment à l’artillerie classique – on peut presque dire l’artillerie antique, car elle avait peu varié depuis César et même Alexandre le Grand – et qui lançait sur les villes par systèmes de leviers, de balanciers, de contrepoids ou de ressorts, des boulets de pierre ou des matières ardentes. Les premières bombardes ne lançaient rien d’autre que ces boulets de pierre semblables à ceux des balistes, mangonneaux et autres catapultes. C’était le moyen de projection qui était nouveau. Il paraît bien que ce fut en Italie que l’artillerie à poudre prit naissance, car le métal dont étaient cerclées les bombardes était qualifié de « fer lombard ». Les Pisans usaient de ces engins dans les années qui nous intéressent.

Charles de Valois fut vraisemblablement le premier stratège, en France, à se servir de cette artillerie nouvelle. Il en avait passé commande dès le mois d’avril 1324 et s’était entendu avec le sénéchal de Languedoc pour qu’elle fût rassemblée à Castelsarrasin. Donc son fils Philippe VI ne dut pas être tellement surpris des petits boulets qu’on lui envoya à Crécy.

27

Le roi de France, rappelons-le, n’était pas à cette époque suzerain d’Avignon. Philippe le Bel, en effet, avait pris soin de céder au roi de Naples ses titres de coseigneur d’Avignon afin de ne point paraître, aux yeux du monde, tenir le pape en tutelle directe. Mais par la garnison installée à Villeneuve, et par la seule situation géographique de l’établissement papal, il tenait le Saint-Siège et l’Église tout entière sous forte surveillance.

28

C’est ce qui arriva effectivement sept ans plus tard, en 1330, quand les Romains élirent l’antipape Nicolas V.

29

Le Palais des Papes, tel que nous le connaissons, est très différent du château de Jean XXII dont il ne reste que quelques éléments dans la partie qu’on nomme « le palais vieux ». L’énorme édifice qui fait la célébrité d’Avignon est surtout l’ouvre des papes Benoît XII, Clément VI, Innocent VI et Urbain V. Les constructions de Jean XXII y furent complètement remaniées et absorbées au point de disparaître à peu près dans le nouvel ensemble. Il n’en demeure pas moins que Jean XXII fut le véritable fondateur du Palais des Papes.

30

Fils d’un boulanger de Foix en Ariège, Jacques Fournier, confident du pape Jean XXII, devait devenir pape lui-même, dix ans plus tard, sous le nom de Benoît XII.

31

Jean XXII qui aimait les animaux exotiques, avait également dans son palais une ménagerie qui contenait un lion, deux autruches et un chameau.

32

La question méritait en effet d’être posée, car les princes du Moyen Âge avaient fréquemment six et même huit parrains et marraines. Mais n’étaient réputés comme tels, en droit canon, que ceux qui avaient réellement tenu l’enfant sur les fonts. Le procès d’annulation du mariage de Charles IV et de Blanche de Bourgogne, conservé au département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, est l’un des documents les plus riches en renseignements sur les cérémonies religieuses dans les familles royales. L’assistance était nombreuse et très mélangée ; le menu peuple se pressait comme à un spectacle et les officiants étaient presque étouffés par la foule. L’affluence et la curiosité y étaient aussi grandes qu’aux actuels mariages des étoiles de cinéma, et le recueillement pareillement absent.

33

Les affrèrements par échange et mélange des sangs, pratiqués depuis la plus haute antiquité et les sociétés dites primitives, étaient encore en usage à la fin du Moyen Âge. Ils existaient en Islam ; ils étaient également d’usage dans la noblesse d’Aquitaine, peut-être par tradition héritée des Maures. On en retrouve les traces dans certaines dépositions au procès des Templiers. Il semble qu’ils se perpétuent, comme acte de contre-magie, chez certaines tribus de gitans. L’affrèrement pouvait sceller le pacte d’amitié, de compagnonnage, aussi bien que le pacte d’amour, spirituel ou non. Les plus célèbres affrèrements rapportés par la littérature médiévale chevaleresque sont ceux contractés par Girart de Roussillon et la fille de l’empereur de Byzance (et devant leurs époux respectifs), par le chevalier Gauvain, par la comtesse de Die, par le fameux Perceval.

34

Cette dispense lui avait été accordée par Clément V en 1313, Charles de Valois n’ayant alors que quarante-trois ans.

35

Très révérend et saint évêque d’Exeter ?… Moi, je suis chanoine et chancelier de la comtesse d’Artois.

36

Le baron Mortimer vit ici en concubinage ouvert avec la reine Isabelle.

37

De Charles, fils de roi de France, comte de Valois et d’Anjou.

38

Wautier (ou Wauter, ou Vautier, selon les rédactions différentes) pour Walter. Il s’agissait toujours du Lord Trésorier Stapledon, Walter de son prénom. L’original de cette lettre, ainsi que des suivantes, est en français.

39

Rappelons que l’année traditionnelle commençait au premier janvier alors que l’année administrative commençait à Pâques.

40

Cette manière de faire voyager un enfant n’est pas anormale, encore qu’elle ne soit guère confortable. En effet, les selles de voyage, à la fin du XIIIème siècle et au début du XIVème siècle, si elles possédaient un très haut troussequin, ou bâte arrière, en forme de dossier auquel s’appuyait le cavalier, étaient sans pommeau et se présentaient fort plates sur le garrot du cheval.

C’était la selle de combat qui possédait une bâte avant très relevée, afin que le chevalier, lourdement armé et ayant à subir des chocs violents, fût comme enchâssé entre le troussequin et le pommeau.

41

La transaction avait été faite, en août 1317, entre Philippe V et Clémence.

42

Louis XVI devait sortir, par cette même porte, de la tour du Temple, 467 ans plus tard, et pour aller à l’échafaud. On ne peut s’empêcher d’être frappé de cette coïncidence, et du lien fatidique entre le Temple et la dynastie capétienne.

43

Chaâlis, en forêt d’Ermenonville, est un des tout premiers monuments gothiques de l’Ile-de-France. Sur cet ancien prieuré dépendant des moines de Vézelay, le roi Louis le Gros fonda, un an avant sa mort, en 1136, un vaste monastère dont il ne reste, depuis les démolitions de la Révolution, que quelques ruines imposantes. Saint Louis y résidait fréquemment. Charles IV y fit deux brefs séjours en mai et en juin 1322, et celui dont il s’agit ici en juin 1326. Philippe VI y demeura au début mars 1329, et plus tard Charles V. À la Renaissance, quand Hippolyte d’Este, cardinal de Ferrare, en était abbé commendataire, le Tasse y passa deux mois.

Cette fréquence des séjours royaux dans les abbayes et monastères, en France comme en Angleterre, ne doit pas être tant imputée aux pieuses dispositions des souverains qu’au fait que les moines, au Moyen Âge, détenaient une sorte de monopole de l’industrie hôtelière. Il n’était pas de couvent un peu important qui n’eût son « hôtellerie », et plus confortable que la plupart des châteaux avoisinants. Les souverains en déplacement s’y installaient donc, avec leur cour ambulante, comme de nos jours ils se font réserver, pour eux et leur suite, un étage dans un palace de capitale, de ville d’eau ou de station balnéaire.

44

Par la lettre du 19 juin 1326 : « Et aussi, beau fils, vous chargeons que vous ne vous mariiez nulle part tant que vous ne serez revenu à nous, ni sans notre assentiment et commandement… Et ne croyez à nul conseil contraire à la volonté de votre père, selon ce que sage roi Salomon vous apprend… »

45

Harwich avait reçu son statut de bourg communal par une charte accordée en 1318 par Édouard II. Ce port devait rapidement devenir la tête du commerce avec la Hollande et le lieu des embarquements royaux pour le Continent pendant la guerre de Cent Ans. Édouard III, quatorze ans après y avoir abordé avec sa mère comme nous le racontons ici, devait en partir pour livrer la bataille de l’Écluse, première de la longue série de défaites infligées aux flottes françaises par l’Angleterre. Au XVIème siècle sir Francis Drake et l’explorateur sir Martin Frobisher s’y rencontrèrent après que le premier eut détruit l’Armada de Philippe V. Ce fut à Harwich également que s’embarquèrent pour l’Amérique les fameux passagers du Mayflower commandé par le capitaine Christopher Jones ; Nelson lui-même y séjourna.

46

Jean de Hainaut, en tant qu’étranger, n’assista pas à ce Conseil ; mais il est intéressant d’y noter la présence de Henry de Beaumont, petit-fils de Jean de Brienne – roi de Jérusalem et empereur de Constantinople – qui avait été exclu par Édouard II du Parlement anglais, sous le prétexte de ses origines étrangères, et s’était, de ce fait, rallié au parti de Mortimer.

47

Il ne faut pas confondre la fonction de maréchal d’Angleterre, qui était tenue par le comte de Norfolk, et celle de maréchal de l’ost.

Le maréchal d’Angleterre était l’équivalent du connétable en France (nous dirions aujourd’hui généralissime).

Les maréchaux de l’ost (l’armée française en comptait deux, l’Angleterre n’en avait qu’un seul) correspondaient à peu près à nos actuels chefs d’État-major.

48

La carte de Richard de Bello, conservée à la cathédrale de Hereford, est antérieure de quelques années à la nomination d’Adam Orleton à ce diocèse. Ce fut toutefois durant l’épiscopat d’Orleton que la carte se révéla objet miraculeux.

C’est un des plus curieux documents existants sur la conception médiévale de l’univers et une très curieuse synthèse graphique des connaissances de ce temps. La carte se présente sur un vélin d’assez grandes dimensions ; la terre y est inscrite dans un cercle dont Jérusalem forme le centre ; l’Asie est placée en haut ; l’Afrique en bas ; la place du Paradis terrestre y est marquée ainsi que celle du fleuve Gange. L’univers semble ordonné autour du bassin méditerranéen, avec toutes sortes de dessins et mentions sur la faune, l’ethnologie et l’Histoire, selon des déductions tirées de la Bible, du naturaliste Pline, des pères de l’Église, des philosophes païens, des bestiaires médiévaux et des romans de chevalerie.

La carte est entourée de cette inscription circulaire : « La terre ronde a commencé d’être mesurée par Jules César. »

La magie n’est pas absente de ce document, tout au moins d’une part de son inspiration.

La bibliothèque de la cathédrale de Hereford est la plus considérable, à notre connaissance, des librairies à chaînes encore existantes aujourd’hui puisqu’elle compte 1140 volumes.

Il est étrange et injuste que le nom d’Adam Orleton soit si peu mentionné dans les études sur Hereford, alors que ce prélat a fait construire le monument principal de la ville, c’est-à-dire la grande et belle tour de la cathédrale qui fut élevée sous son administration.

49

Ces châteaux normands bâtis depuis le début du XIème siècle et dont le type de construction dura jusqu’au début du XVIème, soit avec des keeps carrés dans les monuments de la première période, puis des keeps ronds, dits « en coquille », à partir du XIIème, résistèrent en fait à tout, au temps comme aux armées. Leur reddition vint plus souvent de circonstances politiques que de l’entreprise militaire, et ils seraient tous encore debout aujourd’hui, quasiment intacts, si Cromwell ne les avait pas, à l’exception de trois ou quatre, fait démanteler ou raser. Kenilworth se trouve à douze milles au nord de Stratford-on-Avon.

50

Les chroniqueurs, et beaucoup d’historiens après eux, qui ne voient dans les déplacements infligés à Édouard II vers la fin de sa vie que l’expression d’une cruauté gratuite, semblent ne pas avoir établi le rapprochement entre ces déplacements et la guerre d’Ecosse. C’est le jour même où parvient le défi de Robert Bruce que l’ordre est donné à Édouard II de quitter Kenilworth ; c’est au moment où la guerre s’achève qu’il est à nouveau changé de résidence.

51

Berkeley Castle, avec seulement trois autres forteresses normandes, devait être excepté du démantèlement général ordonné par lord Cromwell. Constamment habité, c’est sans doute aujourd’hui la plus vieille demeure d’Angleterre. Les propriétaires actuels sont toujours des Berkeley, descendants de Thomas de Berkeley et de Marguerite Mortimer.

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