CATAMARAN

Le catamaran s'appelle le Cocofesse, du nom d'une noix de coco dont les formes rappellent celles de fesses humaines. C'est un 15 mètres confortable capable de filer sous le vent. Zéphyrin se met au poste de pilotage et rive son regard sur l'horizon.


La sega, musique locale, retentit dans les haut parleurs du catamaran. Alors que le soleil monte, Zéphyrin propose à Lucrèce de le remplacer.


– Je ne l'ai jamais fait, reconnaît-elle. Cela consiste à quoi?


Il lui désigne le gouvernail gainé de cuir blanc, et la boussole.


Vous gardez juste le cap, là, vers l'est, ou plus simplement vers cette île au loin en face. Lucrèce se place au poste du skipper et prend son rôle au sérieux. Depuis sa place elle voit Zéphirin qui s'active à préparer un gros poisson rouge dans la cambuse. Il utilise toute sortes de condiments, fruits et légumes très parfumés qu'il mélange en chantonnant.


Alors que le catamaran file, Zéphirin vint lui servir un verre de jus de papaye et d'alcool de coco.


– Eh bien vous vous débrouiller pas mal pour une novice. Là ce sont les îles grandes soeurs, et petites soeurs, dit Zéphirin en désignant deux îles. Les oiseaux et les tortues de mer viennent y frayer durant les périodes d'amour.


Il y a beaucoup d'animaux sauvages?


Bien sur. C'est notre grande fierté à nous, Seychellois. Le gouvernement a interdit le tourisme de masse. Maximum 150.000 touristes par an. Pas un de plus. Et puis vous voyez la cote n'est pas bétonnée.


Il ajoute souriant:

– Les touristes on a rien contre. Mais même là, on préfère la qualité à la quantité. Alors on les fait payer. Tout est cher ici.


Le Seychellois fait une manoeuvre puis ancre le Cocofesse dans une crique de l'île nommée Curieuse.


Il explique à Lucrèce que cette île était jadis une sorte de dépotoir ou l'on mettait les lépreux. Selon lui c'est la clé. Qu'y a t il de mieux pour défendre un trésor que la peur d'une maladie mortelle. Selon son interprétation du parchemin de La Buse, l'emplacement du trésor pourrait être dans une caverne sous-marine de Curieuse.


Zéphyrin tend une tenue de plongée à Lucrèce. Il l'aide à enfiler l'attirail. Ils plongent.


Par signes, Zéphyrin indique à Lucrèce qu'il faut s'enfoncer dans un tunnel rocheux. Ils avancent et ils débouchent sur une caverne avec de l'air.


Zéphyrin enlève son masque.


– Vous ne pensez quand même pas que le trésor aurait pu être ici.


– A l'époque ils savaient faire des apnées importante, dit il en cherchant des inscriptions sur la paroi.


– Ce que je ne comprends pas dit elle, c'est cette manie d'enterrer ou de cacher les trésors, pourquoi n'en ont-ils pas profité de leur vivant? Moi à leur place je l'aurai dépensé.


– Ils étaient paranoïaques, dit Zéphyrin. Mais de fait très peu en ont profité. Ils cachaient ça, puis continuaient à écumer les mers. Leur plaisir était dans l'abordage, non dans la jouissance de son fruit.

Ils visitent encore plusieurs cavernes sous-marines et ne trouvent rien. Vers 18 heures, ils dînent sur le Cocofesse tout en poursuivant leur route en direction de l'île de la Digue. Eclairée par un début de coucher de soleil, Lucrèce fixe Zéphyrin.


– Pourquoi vous passionnez-vous à ce point pour ce trésor, Zéphyrin?


– Vous voulez vraiment savoir? Eh bien… Je suis le descendant direct d'Olivier Le Vasseur.

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