Ils sont tombés

Paroles: Charles Aznavour. Musique: Georges Garvarentz 1976

Ils sont tombés sans trop savoir pourquoi

Hommes, femmes et enfants qui ne voulaient que vivre

Avec des gestes lourds comme des hommes ivres

Mutilés, massacrés les yeux ouverts d'effroi

Ils sont tombés en invoquant leur Dieu

Au seuil de leur église ou le pas de leur porte

En troupeaux de désert titubant en cohorte

Terrassés par la soif, la faim, le fer, le feu

Nul n'éleva la voix dans un monde euphorique

Tandis que croupissait un peuple dans son sang

L' Europe découvrait le jazz et sa musique

Les plaintes de trompettes couvraient les cris d'enfants

Ils sont tombés pudiquement sans bruit

Par milliers, par millions, sans que le monde bouge

Devenant un instant minuscules fleurs rouges

Recouverts par un vent de sable et puis d'oubli

Ils sont tombés les yeux pleins de soleil

Comme un oiseau qu'en vol une balle fracasse

Pour mourir n'importe où et sans laisser de traces

Ignorés, oubliés dans leur dernier sommeil

Ils sont tombés en croyant ingénus

Que leurs enfants pourraient continuer leur enfance

Qu'un jour ils fouleraient des terres d'espérance

Dans des pays ouverts d'hommes aux mains tendues

Moi je suis de ce peuple qui dort sans sépulture

Qu'a choisi de mourir sans abdiquer sa foi

Qui n'a jamais baissé la tête sous l'injure

Qui survit malgré tout et qui ne se plaint pas

Ils sont tombés pour entrer dans la nuit

Éternelle des temps au bout de leur courage

La mort les a frappés sans demander leur âge

Puisqu'ils étaient fautifs d'être enfants d'Arménie

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