CHAPITRE IV

Le lendemain matin, Roger Bond lui raconta le bal dans ses moindres détails.

— La soirée la plus rasoire, la plus cafardeuse que j’aie jamais vue, tu sais ! Et puis, toujours les mêmes gens, qui dansent toujours les mêmes vieux trucs assommants ! Ah ! Deux ou trois personnes m’ont demandé où tu étais, mais motus et bouche cousue.

— Parfait !

Ils flânaient, au hasard, au milieu du fatras de vieux immeubles hideux qui formaient l’Enclave.

— C’est exactement ce que je voulais : qu’ils pensent tous que j’étais malade, fit Alan. D’ailleurs, je l’étais bel et bien ! Malade d’ennui !

Tous deux s’assirent avec précaution au bord d’un banc de pierre à moitié effondré. Le silence s’était installé entre eux ; ils se contentaient de regarder ce qui les entourait. Au bout d’un moment, Alan prit la parole pour rompre le malaise :

— Sais-tu ce qu’est cet endroit, en réalité ? Un ghetto ! Un ghetto que nous nous sommes imposé tout seuls, à nous-mêmes. Les Spacios, en fait, sont ridiculement paralysés de trouille rien qu’à la pensée de sortir de là, pour pénétrer dans une cité terrienne : alors, ils préfèrent rester parqués dans ce genre d’endroit sordide et malsain !

— C’est plutôt vieux, tout ça !… Je me demande bien à quand peuvent remonter ces immeubles en ruine.

— Un millier d’années, au moins. Peut-être même plus. Personne ne se donne jamais le mal d’en construire des nouveaux. À quoi cela servirait-il ? Les Spacios se fichent pas mal de vivre dans les anciens.

— Je souhaiterais presque que les services médicaux n’aient pas levé notre quarantaine !

— Pourquoi donc ?

— Au moins, nous serions toujours bloqués là-haut. Nous n’aurions pas pu descendre ici pour voir réellement ce qu’est cet endroit.

— Ouais ! Rester cloîtré en quarantaine ou bien être libre de se balader dans ce lugubre trou à rats qu’on appelle l’Enclave, hein ? Je ne sais pas ce qui est le pire.

Alan se releva en s’étirant et prit une profonde inspiration.

— Hmmm… ! Respire-moi donc à pleins poumons cet air terrien, vivifiant et doux, si renommé pour sa pureté !… Beurk ! Tout mal recyclé qu’il est, je préfère mille fois l’air du vaisseau à cette brouillasse puante et visqueuse.

— Entièrement d’accord ! Hey ! Regarde… Quelqu’un qu’on ne connaît pas !

Alan fit volte-face et aperçut un jeune Spacio du même âge que lui environ, qui s’avançait dans leur direction. Son uniforme, au lieu d’être orange et bleu, comme celui du Valhalla, était rouge et passementé de gris.

— Salut, les nouveaux ! Fraîchement débarqués, hm ? Je parierais que vous êtes de cet astronef qui vient de se poser, le Valhalla, non ?

— C’est exact ! Je m’appelle Alan Donnell, et voici Roger Bond.

— Moi c’est Quantrell… Kevin Quantrell.

Il était courtaud et trapu ; sur son visage à la mâchoire carrée, au teint fortement basané, se lisait une confiance naturelle en lui-même.

— J’appartiens à l’équipage du Teafortwo. Nous rentrons juste du système d’Aldébaran. Voilà deux semaines que nous sommes dans l’Enclave… et pas près d’en repartir !…

Alan siffla, admiratif :

— Aldébaran ! Wouh ! Cela fait, attends voir… un aller et retour de cent neuf ans ! Tu dois être un sacré « vieillard », Quantrell !

— Je suis né en 3403, cela me fait 473 ans TT… En réalité, je n’ai que dix-sept ans et demi. Juste avant Aldébaran, nous avons fait un saut sur Capella : cela nous a bouffé quatre-vingt-cinq ans et on n’y a vu que du feu !

— Tu me bats de 170 ans, constata Alan. Mais, je n’ai moi-même que dix-sept ans.

Quantrell sourit fièrement.

— Il n’est pas idiot le type qui a conçu le système mémocal pour compter les jours que nous vivons réellement. Sans ça, nous serions tout le temps complètement paumés.

L’air maussade, il s’appuya au mur d’un immeuble délabré, qui, autrefois, avait dû fièrement arborer un orgueilleux revêtement d’acier chromé, si caractéristique de l’architecture du début du XXVIIe siècle. Ce n’était plus qu’une paroi brun sale, recouverte d’une croûte de rouille qui s’écaillait.

— Alors, votre opinion sur notre petit paradis ? interrogea Quantrell. Sûr que les cités terriennes se trouvent ridicules à côté, non ?

Il indiquait de sa main tendue les hauts immeubles étincelants de la ville proche qui flamboyaient sous le soleil matinal, de l’autre côté du fleuve.

— Es-tu déjà allé là-bas ? demanda Alan.

— Non, répondit Quantrell d’une voix étranglée. Mais si nous continuons à être retenus ici…

Il crispait et décrispait les poings nerveusement.

— Quel est votre problème ?

— C’est le vaisseau, le Teafortwo. Nous avons passé plus d’un siècle dans l’espace, tu comprends. Alors, au retour, les équipes d’inspection ont découvert tellement de trucs qui clochaient qu’il faut purement et simplement le transformer entièrement. Voilà deux semaines qu’ils bossent dessus, et vu la tournure que ça prend, il en faudra encore au moins autant avant qu’il puisse redécoller. Quant à moi, je ne sais pas pendant combien de temps je vais encore supporter d’être confiné dans cette Enclave.

— C’est exactement comme ça que ton frère…, commença Roger. (Il s’interrompit brusquement.) Je…

— Pas grave, ne t’inquiète pas, fit Alan.

Quantrell leur lança une œillade interrogative.

— Qu’y a-t-il ?

— Rien, c’est au sujet de mon frère… J’avais un jumeau, et puis un jour, il en a eu marre, s’est attrapé la bougeotte… Il a quitté l’astronef à la dernière escale sur Terre, et nous avons dû décoller sans lui.

Quantrell, compréhensif, hocha la tête.

— C’est dur. Mais je le comprends… et d’une certaine manière, je l’envie. Moi-même, je voudrais bien en avoir autant dans les tripes pour décider de tout lâcher, comme ça. À chaque nouveau soir qui tombe sur l’Enclave, je me dis « Demain, tu désertes ! ». Et puis, je suis toujours là le lendemain soir… je m’assois et j’attends… je ne sais même pas quoi…

Le regard d’Alan se porta vers le bas de la rue qui s’étirait tranquillement sous la chaleur du soleil. On voyait çà et là quelques Spacios d’âge canonique, assis par deux ou trois, qui se racontaient des histoires de leur jeunesse, une jeunesse remontant à des milliers d’années, au moins.

« L’Enclave, songea Alan, c’est un hospice pour vieillards. »

Ils marchèrent encore un moment, jusqu’à ce que les néons bourdonnant d’un théâtre de spectacle sensoriel attirent leur attention.

— J’y vais ! dit Roger. Cet endroit commence à me flanquer le cafard ! Vous venez ?

Alan jeta un coup d’œil à Quantrell qui faisait la grimace en refusant de la tête.

— Je crois que je vais m’en passer pour l’instant, fit-il.

— Même chose pour moi, dit Quantrell.

Roger, dépité, les regarda tour à tour d’un air renfrogné, puis haussa les épaules.

— Tant pis, j’y vais quand même. Un bon sensoriel, c’est exactement ce qu’il faut à mon humeur présente. À tout à l’heure, Alan.

Après que Roger les eut quittés, Alan et Quantrell poursuivirent leur promenade dans l’Enclave. Alan se demandait si, après tout, il n’aurait pas mieux fait d’aller au sensoriel avec Roger ; l’Enclave commençait à le déprimer lui aussi et ces spectacles en trois dimensions avaient le chic de vous changer les idées.

Mais il voulait en savoir plus sur Kevin Quantrell. Il n’avait pas tous les jours l’occasion de discuter avec un garçon de son âge et d’un autre vaisseau.

— Tu sais, dit-il, au fond, nous autres Spacios, menons une vie terriblement vide. Mais on ne s’en aperçoit que lorsqu’on vient à l’Enclave.

— Il y a un bout de temps que j’ai compris ça, répondit Quantrell.

— En somme, que faisons-nous ? demanda Alan en tendant les bras. Nous parcourons l’espace en tous sens, à toute vitesse, mais nous revenons toujours nous blottir frileusement dans une Enclave quelconque. En réalité, nous n’aimons ni l’un, ni l’autre, mais nous cherchons à tout prix à nous en persuader. Quand nous sommes dans l’espace, nous n’avons qu’une envie, revenir à l’Enclave. Mais dès que nous avons atterri, nous brûlons de retourner là-haut… Tu parles d’une vie !

— Et alors ? Tu as une solution ? Tu connais, toi, le moyen d’arranger les choses pour nous, sans bouleverser tout le commerce intergalactique ?

— Parfaitement ! fit Alan d’une voix sèche. Parfaitement, j’ai une solution ! L’hyperpropulsion.

Quantrell éclata d’un rire amer.

— De toutes les histoires à dormir debout que j’ai…

— Et allez donc ! le coupa Alan, en colère. Premier réflexe, rire bêtement. Pour vous tous, une propulsion qui utiliserait les distorsions de l’espace, ce n’est qu’un délire de cinglé ! Mais as-tu réfléchi au fait que les scientifiques terriens ne sont pas près de se creuser la cervelle pour découvrir une telle propulsion, si nous-mêmes ne poussons pas un peu à la roue ? Pour eux, les choses sont très bien comme ça ! La Contraction Fitzgerald ne leur pose aucun problème, à eux.

— Mais, on a bien effectué des recherches sur l’hyperpropulsion, non ? Même après Cavour, je veux dire.

— Oui, oh !… de temps à autre. Mais jamais ils ne se sont penchés vraiment sérieusement sur la question, alors, bien sûr, ils ne sont arrivés à rien ! S’ils avaient réellement collé quelques types sur le problème, ils auraient trouvé, et il n’y aurait plus ni Enclave, ni Contraction Fitgerald, et nous, les Spacios, pourrions mener une vie normale !

— Et ton frère… ne serait pas coupé des siens comme il l’est actuellement…

— Évidemment. Mais au lieu de réfléchir, on commence par rigoler.

Quantrell avait l’air désolé.

— Excuse-moi. J’ai bien l’impression que, cette fois, j’ai pas mis toute la gomme de mes turbines à comprenette ! Mais, dis-moi, ton hyperpropulsion, là, elle ferait table rase de tout ce système des Enclaves, non ?

— Mais bien sûr ! Quand nous rentrerions d’un voyage dans l’espace, nous pourrions parfaitement participer à la vie de tous les jours, au lieu de rester cloîtrés ici, comme dans des réserves.

Alan leva les yeux vers les tours de la cité terrienne ; elles avaient beau être juste sur l’autre rive, elles représentaient l’inaccessible. Là-bas, quelque part, se trouvait Steve. Et peut-être aussi quelqu’un à qui il pourrait parler de l’hyperpropulsion, quelqu’un d’influent qui saurait déclencher les recherches nécessaires.

Il avait l’impression que la cité l’appelait, d’une voix à laquelle il était difficile de résister. Il étouffa férocement en la repoussant au plus profond de lui-même la petite voix intérieure qui tentait d’élever des objections. Il fit volte-face, pour contempler les sinistres bâtiments délabrés de l’Enclave.

Enfin, il regarda Quantrell droit dans les yeux.

— Tu m’as bien dit que cela fait longtemps que tu désires plaquer tout ça, n’est-ce pas ? Tu désires réellement quitter l’Enclave, hein, Kevin ?

— Oui, répondit lentement Quantrell.

Alan sentait les premiers coups de boutoir de l’émotion lui labourer sauvagement le creux de l’estomac.

— Ça te dirait qu’on se tire là-bas ensemble, toi et moi ? Qu’on aille enfin la voir, cette ville de la Terre !

— Tu veux dire… abandonner nos vaisseaux ?

Les mots nus, alignés comme ça, dans toute leur brutalité, semblaient plus cuisants qu’une brûlure.

— Non ! répondit Alan revoyant le visage de son père se pétrifier à l’annonce de la désertion de Steve. Je parle juste d’aller y faire un tour pour un jour ou deux, une sorte de visite touristique pour changer d’air, quoi… Le décollage du Valhalla n’est prévu que dans cinq jours, et tu m’as dit que le Teafortwo est immobilisé à terre jusqu’à perpète… On pourrait y aller juste un jour ou deux, rien que pour voir à quoi ça ressemble…

Quantrell resta coi un long moment.

— Rien qu’un jour ou deux, hein ? finit-il par demander.

On aurait dit qu’il cherchait à se persuader lui-même.

— On sortirait juste pour faire un tour, pour voir à quoi ça ressemble, hein ?

Il retomba dans le silence. Alan remarqua un petit filet de sueur qui avait surgi sur sa joue. Lui-même se sentait étrangement calme, un peu à son propre étonnement.

Enfin Quantrell sourit, et son visage tanné retrouva son expression confiante.

— Ça me va ! On y va !

Mais lorsqu’Alan retourna à sa chambre pour y prendre Ratt’, celui-ci persifla :

— Tu n’es pas sérieux, Alan ! Tu ne vas pas aller réellement dans cette ville tout de même !

Alan hocha la tête affirmativement et fit signe au petit extraterrestre de regagner son perchoir habituel.

— Tu oses prendre mes paroles pour du vent, Ratt’ ? demanda-t-il, sur un ton de grandiloquence malicieuse. Quand je dis que je vais faire quelque chose, je le fais !

Il referma sa veste d’un geste vif et, d’une chiquenaude, actionna l’interrupteur qui commandait les archaïques panneaux fluorescents.

— Mais tu peux rester là si tu veux, tu sais !

— Oh ! non, non non ! J’arrive !

Il bondit sur l’épaule d’Alan où il se cramponna fermement.

Kevin Quantrell les attendait à la porte de l’immeuble. Comme Alan en sortait, Ratt’ l’interrogea :

— Juste une question, Alan.

— Vas-y.

— Bon, sérieusement, cette fois : tu comptes revenir ou bien… tu pars, comme Steve ?

— Je pensais que tu me connaissais mieux que ça ! J’ai de multiples raisons pour aller là-bas. Mais ce ne sont pas les mêmes que Steve.

— J’espère !

Quantrell marcha à leur rencontre et Alan crut déceler une nuance de craintive irrésolution dans son large sourire. Il semblait inquiet. Alan se demanda s’il avait la même allure.

— Prêts ? fit Quantrell.

— Plus que jamais. Allons-y !

Il balaya les alentours du regard pour voir si personne de sa connaissance ne les observait. Il n’y avait pas âme qui vive. Quantrell démarra et Alan lui emboîta le pas.

— J’espère que tu sais où tu vas, fit-il, parce que moi pas !

Du geste, Kevin désigna le bas de la rue.

— Il faut descendre jusqu’au bout de la rue, tourner à droite dans Carhill Boulevard et continuer tout droit dans l’avenue principale jusqu’au pont. La cité terrienne est juste de l’autre côté de la rivière.

— On n’a pas intérêt à se tromper.

C’est d’un pas vif et alerte qu’ils traversèrent l’Enclave endormie, parcourant rapidement les vieilles rues sales et poussiéreuses. Ils arrivèrent enfin au bout de l’artère et tournèrent le coin de Carhill Boulevard.

Ce qu’Alan aperçut en premier, fut la courbe majestueuse du pont qui semblait suspendue dans les airs. Puis, il vit la cité, fantastique empilement de métal et de maçonnerie qui semblait s’élancer jusqu’à toucher le ciel même et bouchait complètement la vue.

Alan pointa le doigt vers l’entrée du pont.

— C’est là que nous traversons, c’est ça ?

Mais Quantrell était resté en arrière. Figé sur place, bouche bée, il fixait la ville colossale devant eux.

— Nous y voilà, prononça-t-il doucement.

— Sûr ! Bon, allez ! Hein ?

Alan se sentait dévoré d’impatience et il commença à se diriger vers le pont.

Mais au bout de trois ou quatre pas, il réalisa que Quantrell ne le suivait pas. Il fit volte-face, pour constater que l’autre Spacio semblait enraciné, toujours au même endroit, les yeux écarquillés, perdus dans la vaste cité, comme sous l’effet d’un hypnogène.

— C’est grand, murmura Quantrell. Trop grand !

— Kevin ! Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Laisse-le donc, souffla Ratt’. J’ai comme dans l’idée qu’il ne viendra pas avec nous.

Alan, ébahi, observait Quantrell qui hésitait, faisait deux pas à reculons, hésitait encore, puis s’éloignait d’un troisième. Sur son visage, se dessinait une expression étrange, celle d’un homme pétrifié, foudroyé.

Puis il s’ébroua et secoua la tête.

— On… on ne traverse pas vraiment… hein, Donnell ? (Et il partit d’un petit rire nerveux, fragile.)

— Bien sûr que si, on traverse !

Alan regardait tout autour d’eux nerveusement, espérant que personne du Valhalla ne les avait remarqués pendant ce long intermède. Interloqué par la soudaine indécision de Quantrell après son air bravache de tout à l’heure, Alan fit lentement quelques pas incertains en direction du pont, les yeux braqués sur son copain.

— Je ne peux pas y aller avec toi…, parvint finalement à dire Kevin.

Son visage empourpré trahissait une grande tension intérieure. Son regard était levé vers les tours de la cité, si hautes qu’on aurait dit qu’elles n’avaient pas de sommet.

— C’est trop énorme pour moi. (Il ravala un demi-sanglot.) Le problème pour moi, c’est… le… problème… pour moi… c’est…

Quantrell baissa la tête et rencontra le regard d’Alan.

— J’ai peur, Donnell. Je crève de trouille ! Cette ville est trop gigantesque !

Le visage écarlate, il fit demi-tour et s’éloigna en direction de la rue.

Alan, sans un mot, le regarda partir.

— Tu te rends compte ? La trouille !

— C’est un endroit démesuré, Alan, l’avertit Ratt’. Ne ressens-tu pas un peu la même chose ? Rien qu’un peu ?

— Je me sens parfaitement calme, répondit Alan avec une absolue sincérité. Je sais très bien pourquoi je vais là-bas, et j’ai hâte de me mettre en route. Je ne m’enfuis pas, comme Steve. Je vais dans cette ville pour y trouver mon frère et la propulsion Cavour, et rapporter les deux.

— C’est un programme sacrément ambitieux, Alan !

— J’y arriverai.

En quelques enjambées rapides, Alan atteignit la rampe d’accès au pont ; là, il marqua un temps d’arrêt. Le grand soleil de midi faisait de la longue arche du pont un arc de feu doré dessiné sur le ciel. Un signal lumineux indiquait l’entrée du passage pour piétons. Et au-dessus, les voitures tourbillonnaient comme des larmes étincelantes, laissant derrière elles de légers panaches de gaz d’échappement. Alan suivit les flèches et se retrouva rapidement sur le pont, fonçant vers la cité.

Il jeta un dernier coup d’œil en arrière. Plus de trace de Kevin. L’Enclave Spacio était parfaitement tranquille, presque morte.

Il fit à nouveau volte-face et dès lors, garda le regard braqué droit devant lui.

La cité terrienne l’attendait.

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