Épilogue

Lundi 11 avril

Ascension droite : 19 27 43,9

Déclinaison : – 35 32 16

Élongation : 92,4

Delta : 2,705 ua


Juché sur un dix-vitesses, je pédale sur les trottoirs ensoleillés de New Castle en cherchant Salamander Lane. Là-haut, le soleil joue à cache-cache avec des nuages épars, la brise est tiède, douce et saline, je me dis allez quoi, et je prends à droite dans une rue qui va vers la mer.

New Castle est une petite station balnéaire charmante hors saison, avec ses boutiques de souvenirs fermées, son marchand de glaces, son bureau de poste, sa société historique. Il y a même une promenade en planches, qui longe la plage sur environ quatre cents mètres, et une poignée de joyeux baigneurs dans les dunes. Un vieux couple main dans la main, une maman qui joue au ballon avec son fils, un jeune garçon qui court à fond de train pour tenter de faire décoller un grand cerf-volant.

Au bout de la plage, un chemin de terre retourne vers la place, où une pelouse verte entoure un joli kiosque en bois sombre, festonné de banderoles et de drapeaux américains. On dirait qu’il y a eu un bal populaire hier soir, et qu’il y en aura un autre ce soir. À cette heure-ci, deux gars du coin déballent des instruments en cuivre, bavardent, se serrent la main. J’attache mon vélo à côté d’une benne à ordures débordante d’assiettes en papier et de restes de beignets qui font la joie des fourmis.

À Concord aussi, il y a eu un défilé hier soir, et même un feu d’artifice tiré depuis une barge sur la Merrimack, dont les grandes fleurs majestueuses sont retombées en scintillant sur le dôme doré de l’hôtel de ville. On le sait maintenant : Maïa tombera en Indonésie. Les autorités ne peuvent ou ne veulent pas annoncer un point d’impact précis à cent pour cent, mais ce sera dans les environs de l’archipel indonésien, à l’est du golfe de Boni. Le Pakistan, dont la frontière occidentale est seulement à quatre mille kilomètres de la zone, a renouvelé sa promesse de faire exploser le caillou en plein vol, et les États-Unis ont réaffirmé leurs objections.

Pendant ce temps-là, en Amérique, dans tout le pays, il y a des parades, des feux d’artifice, des célébrations. Devant un centre commercial de la banlieue de Dallas, des pillages, suivis de coups de feu, se sont terminés en émeute : six morts. Un incident du même genre s’est produit à Jacksonville, en Floride, et un autre à Richmond, dans l’Indiana. Dix-neuf morts dans un Home Depot de Green Bay, Wisconsin.

* * *

Le 4, Salamander Lane ne ressemble pas au siège d’une institution quelle qu’elle soit. C’est une petite résidence familiale de style Cape Cod, en vieux bois peint en bleu pastel, assez proche de la mer pour que j’en perçoive l’odeur salée depuis les marches du perron.

– Bonjour madame, dis-je à la femme d’âge canonique qui vient m’ouvrir. Je suis l’inspecteur Henry Palace.

Mais ce n’est plus la vérité.

– Pardon, je m’appelle Henry Palace. Je suis bien à l’institut Open Vista ?

La vieille dame fait demi-tour en silence, rentre dans la maison ; je la suis à l’intérieur, lui explique ce que je veux, et enfin elle prend la parole.

– C’était un drôle de numéro, celui-là, n’est-ce pas ? me dit-elle de Peter Zell.

Sa voix est forte et claire, à un point étonnant.

– Je ne l’ai pas connu, à vrai dire.

– Eh bien je vous le dis.

– D’accord.

J’ai pensé que cela ne ferait pas de mal d’en savoir un peu plus sur ce dossier, ce dernier sinistre sur lequel enquêtait mon assureur avant d’être tué. Comme j’ai dû rendre mon Impala de fonction, j’ai ressorti le vieux Schwinn de ma mère et je suis venu à vélo. J’ai mis un peu plus de cinq heures, en comptant un arrêt déjeuner dans un Dunkin’ Donuts abandonné sur une aire d’autoroute.

– Un drôle de numéro. Il n’avait pas besoin de venir jusqu’ici.

– Ah bon, pourquoi ?

– Parce que.

Elle indique du geste le dossier que j’ai apporté, lequel repose sur une table basse entre elle et moi. Trois feuilles de papier dans une chemise en carton : une demande d’indemnisation, un contrat, une liste de justificatifs.

– Toutes ses questions, il aurait pu me les poser par téléphone.

Elle s’appelle Veronica Talley, c’est sa signature qui figure dans le dossier, la sienne et celle de son mari, Bernard, aujourd’hui décédé. Les yeux de Mme Talley sont petits, noirs et ronds, comme des yeux de poupée. Le salon est exigu et propre, les murs décorés de coquillages et d’algues délicates séchées sous verre. Je ne vois toujours aucun élément indiquant que je me trouve dans les locaux d’une institution.

– Madame, je crois comprendre que votre époux a mis fin à ses jours.

– Oui. Il s’est pendu. Dans la salle de bains. Au machin… (Elle semble exaspérée.) Le machin, vous savez ? D’où l’eau coule ?

– La pomme de douche, madame ?

– C’est ça. Excusez-moi. Je ne suis plus toute jeune.

– Je suis navré.

– Vous avez tort. Il m’avait prévenue qu’il allait le faire. Il m’a dit d’aller marcher le long de la mer, parler aux bernard-l’hermite, et qu’à mon retour il serait mort dans la salle de bains. Et c’est ce qui s’est passé.

Elle renifle, me jauge de ses petits yeux durs. La mort de Bernard Talley, je le sais parce que j’ai lu les papiers posés sur la table entre nous, devait lui rapporter un million de dollars, à titre personnel, plus trois autres pour l’institut Open Vista, à supposer qu’il existât. Zell a autorisé le paiement, débloqué les fonds, après cette visite ici il y a trois semaines – mais il a laissé le dossier ouvert, comme s’il avait l’intention d’y revenir, de se tenir au courant.

– Vous êtes un peu comme lui, non ?

– Pardon, madame ?

– Vous êtes comme votre ami, celui qui est venu. Il était assis là où vous êtes en ce moment.

– Comme je vous l’ai dit, madame, je ne l’ai pas connu.

– N’empêche que vous lui ressemblez.

Des carillons à vent sont suspendus à la fenêtre du fond, derrière la cuisine, et je reste une seconde immobile à écouter leurs notes cristallines.

– Madame ? Voulez-vous me parler de l’institut ? J’aimerais savoir où ira tout cet argent.

– C’est aussi ce que votre ami voulait savoir.

– Ah.

– Cela n’a rien d’illégal. Nous sommes dûment enregistrés comme organisation à but non lucratif. 501(c)3, quoi que cela veuille dire.

– Je n’en doute pas.

Elle n’ajoute rien. Les carillons tintinnabulent, puis le vent nous apporte des échos de fanfare, les tubas et les trompettes du kiosque qui répètent.

– Madame Talley, je peux le découvrir autrement s’il le faut, mais ce serait plus simple si vous me disiez tout.

Elle soupire, se lève et sort de la pièce en traînant les pieds, et je la suis, en espérant que nous allons quelque part pour qu’elle puisse me montrer, parce que c’était purement du bluff : je n’ai aucun moyen de savoir autrement. Plus maintenant.

* * *

Il s’avère qu’une grande partie de l’argent a servi à acheter du titane.

– Ce n’est pas moi l’ingénieur, me dit Mme Talley. C’était Bernard. C’est lui qui a conçu l’engin. Mais son contenu, nous l’avons choisi ensemble, et nous avons réuni les éléments tous les deux. Nous avons commencé en mai, dès qu’il est a été clair qu’on pouvait réellement envisager le pire.

Sur un établi, dans le garage, est posée une sphère métallique sans fioritures, large de quelques pieds. Mme Talley m’explique que la couche extérieure est en titane, mais que ce n’est que l’extérieur : en dessous, il y a plusieurs épaisseurs d’aluminium, puis un isolant thermique inventé par M. Talley. Il a été ingénieur dans l’aérospatiale pendant des années, et il était convaincu que la sphère résisterait aux radiations cosmiques et aux collisions avec des déchets spatiaux, et perdurerait en orbite autour de la Terre.

– Pendant combien de temps ?

La vieille dame sourit, pour la première fois depuis que je suis là.

– Jusqu’à ce que l’humanité ait recouvré les ressources nécessaires pour la récupérer.

À l’intérieur de la sphère, soigneusement emballés, il y a une brique de DVD, des dessins, des journaux roulés sous emballage transparent, et des échantillons de matériaux divers.

– De l’eau de mer, une poignée d’argile, du sang humain, me dit Mme Talley. Il était futé, mon mari. Très futé.

Je détaille l’inventaire du petit satellite pendant quelques minutes, retournant cet assemblage hétéroclite, prenant chaque objet dans ma main, hochant la tête avec approbation. L’espèce humaine, l’histoire humaine, en résumé, dans une coquille de noix. Tout en réunissant leur collection, ils ont passé contrat avec une petite compagnie privée d’aérospatiale qui devait assurer le lancement, prévu pour le mois de juin, mais ils ont fini par épuiser leurs économies. C’était là qu’intervenait la prime d’assurance ; c’était pour ça, le suicide. Maintenant, le lancement est de nouveau au programme, m’apprend Mme Talley.

– Alors ? Que désirez-vous mettre dans la capsule ? me demande-t-elle ensuite.

– Rien. Pourquoi cette question ?

– C’est ce que voulait l’autre monsieur.

– M. Zell ? Il voulait mettre quelque chose là-dedans ?

– Il a mis quelque chose là-dedans.

Elle plonge la main dans le tas de matériaux, farfouille, et en sort une enveloppe en kraft anodine, mince, de petit format, pliée en deux. Je ne l’avais même pas remarquée.

– À vrai dire, je pense que c’est pour ça qu’il est venu ici. Il a prétendu avoir besoin d’enquêter en personne sur notre demande, mais je lui avais déjà tout dit et il a quand même sonné à ma porte un beau jour. Il est venu avec cette petite cassette, et puis il m’a demandé, en avalant un peu ses mots, s’il pouvait l’ajouter.

– Vous permettez ?

– C’était votre ami, me dit-elle avec un haussement d’épaules.

Je prends la petite enveloppe et la secoue pour découvrir ce qu’il y a dedans : une microcassette, comme celles qu’on mettait jadis dans les répondeurs, celles sur lesquelles les cadres supérieurs dictaient leur courrier.

– Vous savez ce qu’il y a dessus ?

– Pas du tout.

Je contemple la cassette. Ce sera peut-être un peu de travail de trouver un appareil pour la passer, mais j’y arriverai certainement. Au commissariat, dans une des réserves, il y avait quelques répondeurs. Ils y sont peut-être encore, et si oui, l’agent McConnell pourra en exhumer un pour moi. Ou alors j’en dégoterai bien un chez un prêteur sur gages, ou peut-être sur un de ces marchés en plein air qui ont lieu maintenant à Manchester, toutes les semaines, de gros marchés aux puces… Je pourrai en trouver un, passer la cassette. Ce sera intéressant, ne serait-ce que pour connaître le son de sa voix… intéressant…

Mme Talley attend, la tête inclinée sur le côté, comme un oiseau. La petite cassette repose dans ma paume comme si ma main était celle d’un géant.

– Très bien, madame, dis-je en remettant l’objet dans l’enveloppe que je replace dans la capsule. Merci, et pardon pour le dérangement.

– Pas de quoi.

Elle me raccompagne à la porte et me fait au revoir de la main.

– Faites attention en descendant les marches. Votre ami est tombé en sortant, il s’est bien amoché la figure.

* * *

Je récupère mon vélo sur la place herbue de New Castle, maintenant envahie par les joyeux fêtards, et je repars vers chez moi. Les clameurs de la parade diminuent dans mon dos jusqu’à évoquer une boîte à musique, puis se taisent.

Je longe la route 90, contre le vent qui s’engouffre dans mes jambes de pantalon et dans les manches de mon manteau, secoué lorsqu’un camion de livraison ou une voiture de police me double de temps en temps. La livraison du courrier a été suspendue vendredi dernier, ce qui a donné lieu à une cérémonie en grande pompe à la Maison-Blanche, mais des compagnies privées livrent encore les colis ; les chauffeurs FedEx sont accompagnés de gorilles armés sur le siège passager. J’ai accepté une retraite anticipée de la police de Concord, avec une pension égale à quatre-vingt-cinq pour cent de mon salaire au moment de mon départ. Au total, j’aurai été agent de patrouille pendant un an, trois mois et dix jours, et inspecteur à la section criminelle pendant trois mois et vingt jours.

Je prends mes aises et roule en plein milieu de la route 90, le long de la double ligne jaune.

On ne peut vraiment pas trop penser à la suite, vraiment pas.

* * *

J’arrive chez moi au milieu de la nuit et elle est là à m’attendre, assise sur un des cageots que je garde sous le porche en guise de chaises : ma petite sœur, en jupe longue et veste en jean légère, dans la forte odeur âcre de ses American Spirit. Houdini la lorgne avec hargne derrière le côté du cageot, montrant les dents, tremblant, se croyant apparemment invisible.

– Oh mon Dieu, c’est pas vrai ! dis-je.

Je me précipite vers elle, abandonnant le vélo par terre en bas des marches, et nous voilà dans les bras l’un de l’autre, riant aux larmes, j’appuie sa tête contre mon torse.

– Espèce d’abrutie ! dis-je en m’écartant d’elle.

– Pardon, Hen, je suis vraiment désolée.

Elle n’a pas besoin d’en dire plus, c’est tout ce que j’avais besoin d’entendre, comme confession. Elle savait donc ce qu’elle faisait depuis le début, depuis qu’elle m’a supplié, en larmes, de l’aider à faire sortir son mari !

– C’est pas grave. Pour être honnête, je dois avouer qu’avec le recul, je n’en reviens pas que tu aies été aussi maligne. Tu m’as joué comme… comment disait papa, déjà ? Comme un hautbois ? C’est ça ?

– Je n’en sais rien.

– Mais si. Une histoire de hautbois à pois dans les bois…

– J’avais six ans, Henry. Je ne connais pas ses expressions.

Elle jette son mégot au pied du porche et sort une nouvelle cigarette. Par réflexe, je lui fais les gros yeux, et par réflexe elle soupire de mon paternalisme… les vieilles habitudes. Houdini lance un petit jappement timide et pointe la truffe sous le cageot. L’agent McConnell m’a appris que ce chien était un bichon frisé, mais je préfère continuer à me dire que c’est un caniche.

– Bon d’accord, mais maintenant il faut que tu me dises. Qu’est-ce que tu avais besoin de savoir ? Quelle information t’ai-je fournie sans le savoir en m’introduisant dans les locaux de la Garde nationale du New Hampshire ?

– Quelque part dans ce pays, un projet secret est en cours d’élaboration, commence Nico, lentement, le visage détourné de moi. Et cela dans un endroit discret. Nous avons réduit le champ des possibilités, et maintenant notre objectif est de trouver l’installation apparemment anodine où ce projet se développe.

– Qui ça, « nous » ?

– Je ne peux pas te le dire. Mais nous avons des informations…

– Trouvées où ?

– Peux pas te le dire.

– Allez, Nico.

J’ai l’impression d’être dans Twilight Zone. Je suis en train de me disputer avec ma petite sœur, comme nous le faisions pour le dernier esquimau, ou parce qu’elle piquait la voiture de notre grand-père, sauf que cette fois nous nous disputons à cause de je ne sais quelle grotesque conspiration géopolitique.

– Un certain niveau de sécurité est en place pour protéger ce projet.

– Et donc, que je comprenne bien : tu ne crois pas réellement que c’est une navette pour la Lune.

Elle tire sur sa cigarette.

– Eh bien… eh bien. Certains d’entre nous y croient.

J’en reste comme deux ronds de flan. Toutes les ramifications de cette histoire – ce qu’elle a fait, ce qu’elle fait ici, pourquoi elle s’excuse –, je ne commence que maintenant à en prendre la mesure. Je la regarde mieux, ma sœurette, et elle me paraît même changée. Elle ressemble beaucoup moins à notre mère qu’avant. Elle a minci, ses yeux sont enfoncés et sérieux, elle n’a plus une once de gras pour adoucir ses traits durs.

Nico, Peter, Naomi, Erik… tout le monde cachant des secrets, changeant. Maïa, à 45 millions de kilomètres de distance, fait ce qu’elle veut de nous tous.

– Derek était un des naïfs, non ? Toi tu avais compris, mais ton mari croyait vraiment qu’on allait s’enfuir sur la Lune.

– Il le fallait. Il fallait qu’il y croie pour qu’il aille faire du 4 × 4 sur la base, mais il ne fallait pas qu’il se doute du véritable objectif. Il n’était pas assez fiable. Trop… tu sais.

– Trop crétin.

Elle ne répond pas. Ses traits sont sérieux, et maintenant quelque chose que j’ai déjà vu luit dans ses yeux, quelque chose de glaçant, un peu comme chez les fous de dieu agressifs de la place devant le commissariat, comme chez les pires des Coupes-en-Brosse qui rudoient les ivrognes rien que pour le frisson. Tous les vrais-croyants qui cognent pour oublier la réalité dans laquelle nous sommes plongés.

– Donc, le degré de sécurité dont tu parlais. Si ça avait été le bon endroit, celui que vous cherchez, j’aurais trouvé Derek, quoi… aux fers ?

– Non. Tu l’aurais retrouvé mort.

Sa voix est froide, brutale. J’ai l’impression de me trouver face à une inconnue.

– Et tu savais qu’il courait ce risque quand tu l’y as envoyé. Il ne savait pas, mais toi si.

– Henry, je savais déjà quand je l’ai épousé.

Nico regarde dans le lointain, fume sa cigarette, et moi je reste planté là à frissonner, pas même à cause du sort de Derek, pas à cause de cette folie de science-fiction dans laquelle ma sœur s’est engagée, pas même parce que j’y ai été entraîné, moi aussi, sans le savoir. Je frissonne parce que ça y est : quand Nico s’en ira, ce soir, ce sera fini. Je ne la reverrai plus jamais. Ce qui me laissera seul avec le chien, lui et moi, à attendre.

– Tout ce que je peux te dire, c’est que ça valait le coup.

– Comment peux-tu dire ça ?

Je me rappelle aussi la fin de l’histoire, l’évasion ratée, Derek abandonné, laissé pour mort. Jetable. Un sacrifice. Je ramasse mon vélo, le hisse sur mon épaule, et passe devant elle pour rentrer chez moi.

– Bon enfin… attends… tu veux savoir ce que c’est, ce qu’on cherche ?

– Non merci.

– Parce que ça vaut le coup, tu sais.

J’en ai fini. Je ne suis même pas en colère, plutôt épuisé. J’ai roulé à vélo toute la journée. J’ai les jambes en compote. Je ne sais pas trop ce que je ferai demain, mais il est tard. La Terre continue de tourner.

Je suis sur le seuil à présent, la porte est ouverte, Houdini est à mes pieds.

– Il faut que tu me fasses confiance, insiste Nico dans mon dos. Ça en vaut vraiment la peine.

Je m’arrête, pivote et la regarde.

– C’est de l’espoir, dit-elle.

– Oh, de l’espoir. D’accord.

Et je referme la porte.

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