« Ainsi, » dit l’étranger à Jerry, « tu veux dire que toutes les expériences que tu vis en Contact restent dans ton esprit, sous la surface, attendant de ressurgir ? »
— « C’est cela, » dit Jerry, pitoyable. « Lors de certains Contacts, j’ai vécu des moments plutôt douloureux. J’ai eu un œil arraché, un bras dévoré et digéré, j’ai été empoisonné, près d’être étranglé et presque mort. J’ai connu tout cela. »
— « Et ta réaction ? » demanda l’esprit.
— « Nulle, » dit amèrement Jerry. « Lorsque je m’éveillais d’un Contact, mes souvenirs demeuraient au stade mental. Tout comme si je venais de lire un livre. Je n’éprouvais aucune réaction émotionnelle quelle qu’elle fût. Mon cœur battait à son rythme normal, mes glandes sécrétaient suffisamment de sueur et mes muscles étaient détendus. Je ne portais aucune trace de choc ou autre. »
— « Et plus tard ? » demanda doucement l’esprit.
— « Une fois sur Terre, » dit Jerry, « les Zoologistes se rendent dans ce que nous appelons une Chambre de Connaissance. C’est une pièce meublée de couchettes avec des casques où nous pouvons apprendre, grâce à des enregistrements sur microbandes, tous les Contacts effectués par nos confrères. Peut-être apprendre est-il un mot bien faible. En fait, nous sommes en Contact tant que la microbande défile. Je pensais que cette pièce était un merveilleux complément à notre éducation, rien de plus. Au début, j’y allais souvent. C’était encore plus agréable que le Contact réel, car il n’y avait aucun danger de périr. Les enregistrements des Zoologistes morts en Contact ne figurent jamais dans la Chambre. »
L’esprit de l’étranger attendait, attentif et patient.
« Et, une certaine semaine…» L’esprit de Jerry eut l’équivalent d’un frisson physique. «…Une certaine semaine, j’en eus assez. Je décidai de ne pas me rendre à la Chambre de Connaissance. Je sortis. Le tennis, le cinéma, tout ça… Le troisième jour, en m’éveillant, il me sembla que mon cœur allait me défoncer les côtes. Mes draps étaient humides de transpiration. Les yeux me faisaient mal, j’avais une main paralysée par la douleur et mes poumons étaient brûlants…»
— « Réaction retardée, » dit l’esprit.
— « Oui. C’était cela. Je reconnaissais exactement les douleurs que j’avais éprouvées en Contact à peine un mois auparavant. Je devinai l’horrible vérité. J’appelai les docteurs du Quartier Général Spatial avant de m’évanouir. Ils vinrent, m’injectèrent de la morphine et me placèrent pendant vingt-quatre heures sous un casque, afin d’ensevelir la réaction de souffrance sous un afflux de Contacts enregistrés. Cela réussit parfaitement. Lorsque je m’éveillai, la souffrance avait disparu. Mais mes nerfs, ensuite, ne furent plus les mêmes. J’avais pris l’habitude d’attendre les Contacts parce qu’ils m’étaient agréables. À présent, je les attendais avec impatience, parce que j’avais peur de ce qui pouvait arriver si je n’en avais pas d’autre à temps. »
— « À temps ? »
— « J’ai découvert que je dois effectuer un Contact – réel ou enregistré – au moins une fois toutes les quarante-huit heures. Je suis pris au piège de mon travail. Condamné à le faire sous peine d’une mort horrible. Certains Zoologistes ont quitté le Corps pour tenter de briser ce cercle. Ils ont essayé de lutter contre cet effet retardé. Aucun n’a réussi. Ils ont tous été retrouvés, morts de façons différentes. Écrasés, brûlés, déchirés…»
— « Pressions psychosomatiques ? » demanda l’étranger.
— « Oui. Leur esprit, dominé par leurs émotions, les forçait à revivre leurs expériences. Et leur corps, trompé par l’esprit, réagissait. Chez un homme normal, une brûlure suggérée par hypnose peut provoquer l’apparition de cloques. Chez un homme dont l’esprit s’est ouvert au Contact… le corps peut se briser, brûler, se dissoudre et même s’évaporer. »
— « Pauvre Jerry, » dit l’esprit étranger, tendrement. Une sensation de douceur apparut doucement dans l’esprit de Jerry. Une tiédeur, la caresse d’une totale affection. L’étranger le consolait, lui offrait son amour. Il comprenait ses peines et le fardeau de sa vie. Tout ce qu’il désirait, c’était le garder auprès de lui pour lui répéter de ne plus avoir peur, pour le rendre heureux, ici, dans la sécurité et le confort… À l’abri, loin du danger, et…
Le silencieux éclat de lumière traversa l’esprit de Jerry, le tirant de la torpeur qui avait envahi ses pensées. Quelque chose de dur le frappa au front. Il réalisa qu’il venait de se redresser sur la couchette et que le casque était tombé au moment où il avait rompu le Contact.
— « Lieutenant ! » s’exclama le technicien. Il débrancha la machine du circuit avant de se laisser tomber à côté de lui. « Qu’a-t-il pu arriver ? Je ne vous ai jamais vu rompre le Contact de cette façon ! Avez-vous vu l’étranger ? Peut-on le détruire ? »
Jerry eut un grognement, essaya de parler puis retomba sur le matelas, inconscient.
— « Que se passe-t-il ? » demanda Jana, percevant la frayeur du technicien.
— « Je l’ignore, » murmura-t-il. « Jamais je ne l’ai vu ainsi, auparavant. Quelle que soit la chose à laquelle nous avons affaire, nous n’avons jamais rien rencontré de semblable. Appelez vos docteurs pour qu’ils l’examinent. Je vais m’occuper de cette bande ! »
Jana s’élança, le visage blême. Le technicien se remit à la machine pour opérer la traduction de la microbande.
Jerry Norcriss demeurait étendu sur la couchette, gémissant et grognant comme un homme sous la torture, bien que son esprit fût plongé dans une inconscience bienfaisante.
— « Un bébé ? » s’exclama le technicien. « Cette chose est un bébé ? »
— « La bande a-t-elle jamais menti ? » soupira Jerry. Il se relaxait, appuyé contre l’oreiller blanc que Jana avait disposé derrière ses épaules.
— « Ma foi, non, » dut admettre le technicien. « Mais un bébé ! Un bébé haut de cent cinquante mètres… et invisible… et capable de mener une conversation intelligente ! »
— « À ce propos, » dit Jerry gravement, « je vous demanderai de garder secret cet enregistrement ainsi que la conversation qu’il comporte. Il vaut mieux que les gens ne connaissent pas la vérité sur mon travail et ses effets. Quant à vous… Ma foi, je ne peux vous ordonner d’oublier ce que vous venez de lire. »
— « Je n’en dirai rien, lieutenant, si c’est ce que vous désirez, » dit le technicien. « Ce n’est pas un secret si lourd à garder. Tous les hommes de l’équipage savent que votre travail cache quelque chose de terrible. La seule réaction que j’obtiendrais en révélant ce que je sais serait à peu près : « Oh ! c’est donc ça ! » Ce qui n’en vaut pas la peine. »
— « Ce n’est pas une raison très noble pour garder un secret, » murmura Jerry en fixant le technicien.
L’autre sourit, puis haussa les épaules. « Mais cela rend la vie plus facile, quand même. Lorsque vous serez en colère, maintenant, je saurai pourquoi et n’y prêterai pas attention. »
— « Merci mille fois, » dit Jerry.
Le technicien se mit à rire.
« Mais, » ajouta tristement le Zoologiste, « nous avons appris une leçon surprenante, aujourd’hui. Les quarante minutes du Contact peuvent être interrompues sous certaines pressions. »
Le sourire quitta le visage du technicien et il parut profondément troublé. « Je ne vous comprends pas très bien, lieutenant. Il n’y avait rien sur l’enregistrement au sujet de…»
— « L’enregistrement ? Mais vous avez vu vous-même comme je suis revenu rapidement, non ? Cela n’a rien à voir avec l’enregistrement. »
— « Lieutenant, » dit le technicien en hésitant, « vous êtes resté sous le casque pendant la totalité des quarante minutes. »
Jerry se laissa aller contre l’oreiller et le regarda comme s’il était soudain devenu fou. « C’est impossible, » dit-il lentement. « Je me trouvais dans un hôte à vie ralentie. Les nuages ne bougeaient même pas. Ce bébé vivait plusieurs journées subjectives en quarante minutes. »
— « Excusez-moi, lieutenant, » dit le technicien, « mais vous devez faire erreur. Vous êtes parti pendant quarante minutes. »
— « Impossible, » dit Jerry.
Jana, qui se tenait derrière les deux hommes, s’avança prudemment, hésitant à se mêler de ce qui ne la regardait pas.
— « Je vous demande pardon, lieutenant Norcriss, » dit-elle doucement, « mais Bob a raison. Vous êtes parti aussi longtemps qu’il le dit. »
— « Mais vous ne comprenez donc pas, tous les deux ! » cria Jerry. « Ma notion du temps lorsque je suis en Contact est soumise à celle de mon hôte. Pour lui, un jour peut être une période extraordinairement longue. Mais je pouvais me rendre compte du temps qui passait en observant les nuages et le soleil. Ils n’ont pas bougé de façon visible…»
— « Comment cela, lieutenant ? » demanda le technicien. « Combien de temps s’est écoulé, selon vous ? »
— « Peut-être une heure. »
— « Eh bien, alors…» dit le technicien avec un haussement d’épaules.
— « Mais cela n’a rien à voir avec la perception subjective du temps. Il s’agit de ma propre perception objective basée sur l’observation du soleil, des arbres, des nuages. Rien n’a bougé durant cette heure subjective de mon hôte. Ainsi, quelques minutes peut-être ont seulement pu s’écouler durant le Contact, vous comprenez ? »
— « Lieutenant Norcriss, » dit Jana brusquement, « je suis désolée de vous interrompre, mais vous avez bien dit : des nuages ? »
— « Oui, » fit Jerry, surpris par le ton de sa voix. « Pourquoi ? »
— « Il n’y a pas eu un seul nuage dans le ciel, aujourd’hui, » dit-elle en hésitant. « Regardez vous-même. »
Jerry leva les yeux vers le plafond de quartz. Le ciel était d’un bleu turquoise magnifique, immense et pur, dominé par l’éclat doré du soleil, Sirius. Jerry s’assit sans quitter du regard les parois transparentes. Aussi loin qu’il pouvait voir, au-delà des immeubles et des toits des villas, jusqu’au bout des lointaines prairies vertes, le ciel était du même bleu uni.
— « Mais c’est démentiel ! » dit-il en se laissant retomber en arrière. « Cela n’a pu être ainsi pendant tout le Contact, non ? »
Jana et Bob échangèrent un regard gêné.
— « Ma foi, lieutenant, nous ne regardions pas vraiment le ciel, vous comprenez ? Mais, en tout cas, il était sans nuage au moment où vous êtes sorti de Contact. Et il l’est encore maintenant. »
La voix du technicien traînait, hésitante, mais Jerry hocha la tête. « Vous avez raison. Il est sans nuage et il l’était avant. L’hypothèse de nuages apparaissant pendant quarante minutes pour redisparaître ensuite est si ridicule que je ne peux l’envisager… Et pourtant, j’ai vu !…»
Il s’interrompit et secoua la tête. Puis il tendit la main vers le technicien, l’air absent. « Amenez-moi du café. Il faut vraiment que je réfléchisse. »
La nuit plongea la planète dans ses voiles violets et Jerry continua de regarder dans le vide, cherchant une réponse au fond de son cerveau. Bob, pendant ce temps, avait vérifié les archives du vaisseau concernant les menaces étrangères. Il avait découvert – ainsi que lui et Jerry l’avaient prévu – qu’il n’existait aucun renseignement utilisable. La menace était nouvelle. Elle devait être abordée strictement selon l’inspiration du moment. La méthode utilisée pour débarrasser la planète de cette menace serait alors incorporée à la mémoire électronique du cerveau de l’astronef, pour le cas où d’autres colonies rencontreraient le même ennemi.
— « Vous avez une idée, lieutenant ? » demanda le technicien devant le silence prolongé de son supérieur.
— « Aucune, » dut admettre Jerry sans tourner la tête. « Il est assez difficile de trouver une solution à un problème tant que vous n’êtes pas certain de la nature du problème lui-même. »
— « En tout cas, » dit le technicien, « nous avons sondé au radar toute la zone où, selon l’enregistrement, la chose était localisée. Nous n’avons rien décelé. Peut-être la mère du bébé est-elle revenue ? »
— « Un instant, » dit Jerry. « Pourriez-vous modifier la machine afin qu’elle nous donne, non pas une transcription graphique de l’étranger, mais un dessin ? »
— « Grand Dieu, lieutenant ! » s’exclama le technicien, stupéfait. « Je l’ignore. Il va falloir que je demande aux ingénieurs. »
— « Cela doit être possible. Pendant que j’étais en Contact, mon esprit retransmettait la moindre information sur le corps de l’être. Un homme connaissant seulement le dessin industriel pourrait esquisser cette forme en suivant simplement les dimensions enregistrées par mon esprit. Allez-y, occupez-vous de ça. D’une façon ou d’une autre, je veux voir ce que nous affrontons. »
Il était près de minuit lorsque Bob secoua doucement Jerry. Il lui tendit un rectangle de papier lisse. Jerry cligna des yeux quand le technicien appuya sur l’interrupteur, déclenchant un flot soudain de lumière. Pendant un instant, il regarda le papier en écarquillant les paupières, ébloui et désorienté.
— « C’est le dessin, lieutenant, » dit Bob. « J’ai eu finalement la brillante idée de passer le problème au cerveau électronique du vaisseau. Il a suivi les informations de l’enregistrement en recomposant le dessin par périodes. »
— « Quelles périodes ? » grommela Jerry qui luttait toujours contre le sommeil.
— « Il ne s’agit pas de périodes de temps, lieutenant. Mais de points. Lorsque le dessin a été achevé sur le ruban du cerveau, sur une surface de vingt centimètres sur trente, le photographe du vaisseau a pris un cliché pour réduire les dimensions, et cela semble presque aussi bon qu’une photo de journal. »
Jerry assimilait l’information, tout en examinant l’image qu’il tenait. « Cela semble étrangement familier, » dit-il en l’observant d’un peu plus près.
— « Si vous excusez ce qui pourrait être une plaisanterie, lieutenant, » dit le technicien, « je pense que ce dessin… en fait, tout le monde pense que…»
— « Oui ? » dit Jerry en le regardant.
— « Eh bien, l’idée généralement admise à bord, c’est que ce bébé, là-dessus, ressemble terriblement à vous, lieutenant. »
Pendant un long moment, Jerry demeura immobile. Ses yeux ne quittaient pas le visage de Bob. Des doigts de glace étreignaient sa moelle épinière. Puis, avec une appréhension étrange, il fixa de nouveau l’image presque photographique qu’il tenait. « Vous avez raison, » dit-il après une minute. « Ceci est bien une photo de moi. »
— « Mais, lieutenant, c’est impossible ! »
— « Si ! » dit Jerry en laissant retomber le papier jusqu’au sol. « C’est possible, puisque cela existe. Et, tout à coup, je sais pourquoi. »
Sans transition, il sauta de sa couchette et se leva.
« Écoutez, » dit-il d’un ton pressant. « Il n’y a pas un instant à perdre. Rassemblez le personnel de l’hôpital, vite. Et allez me chercher le meilleur psychiatre. Il me faut un hypnotiseur. »
— « Un… un hyp… ? » bredouilla le technicien, stupéfait. Puis il acquiesça et s’éloigna en hâte tout en continuant d’agiter la tête.
— « Ne vous préoccupez pas de savoir pourquoi, docteur. Pouvez-vous le faire ? C’est tout ce que je veux savoir. » La voix de Jerry était sèche et ses yeux avaient un éclat autoritaire.
— « Oui… oui, je le pense, » bredouilla le docteur. « Si vous pouvez être hypnotisé, bien sûr. »
— « Tous les Zoologistes Spatiaux possèdent la puissance psychique nécessaire pour faire de parfaits sujets, » lança Jerry. « Vite, docteur. J’ai déjà gâché un Contact. »
— « Très bien, lieutenant, » dit le docteur. « Étendez-vous et faites le vide en votre esprit…»
— « Je sais, je sais ! Allez-y, voulez-vous ? »
Bob et Jana se tenaient à l’écart dans l’ombre du tableau de contrôle. Ils écoutèrent en silence le docteur plonger Jerry dans une hypnose de plus en plus profonde, jusqu’à ce que son esprit devienne aisément suggestionnable. Il fit alors ce que Jerry lui avait ordonné et, d’un claquement de doigts, réveilla le Zoologiste.
— « Vous avez entendu ? » demanda Jerry au technicien. « A-t-il fait exactement ce que je lui avais dit ? »
— « Lieutenant… » protesta le docteur.
— « Je ne voulais pas vous vexer, » dit Jerry, « mais si les paroles que vous avez prononcées laissent mon esprit trop libre, trop humain, l’étranger le décèlera. Et une ruse comme celle-ci ne peut être tentée une seconde fois si l’étranger devine nos intentions. »
— « Il a fait ce qu’il fallait, lieutenant, » dit Bob. « Mot pour mot, comme vous le lui aviez ordonné. »
— « Parfait, » dit Jerry. « Merci, docteur, et bonne nuit. »
— « Euh… oui, » dit l’autre, se voyant péremptoirement congédié après avoir fait tout ce chemin depuis son lit douillet dans le petit matin. « Bonne nuit, lieutenant. »
Il quitta la pièce et Jana, après un coup d’œil à Bob, ferma la porte derrière lui. Bob demeura près du tableau de contrôle, attendant que Jerry eût ajusté le casque sur sa tête et se fût étendu à nouveau.
— « Ça va ? » demanda-t-il au technicien, tandis que Jana traversait la pièce pour venir prendre le bras de celui-ci. Elle marchait sur la pointe des pieds, bien que personne ne l’eût invitée au silence.
— « Prêt, lieutenant, » dit le technicien en s’efforçant au calme.
— « Vous avez réglé le rupteur ? » demanda Jerry.
— « J’appuierai sur le contact au moment même où je mettrai la machine en marche, » dit Bob.
— « Tout va bien, en ce cas, » dit Jerry.
La main droite de Bob tourna un contact. En même temps, son pouce gauche pressait le bouton de déclenchement du rupteur automatique. Lentement, la grande aiguille rouge commença à se déplacer sur le cadran. Sur la couchette, Jerry se raidit, puis se détendit.
— « Vous feriez bien de rester auprès de lui, » dit Bob à Jana. « La machine est réglée sur l’automatique. Si je ne suis pas revenu à temps, elle fonctionnera toute seule. »
— « À temps ? » demanda-t-elle. « Mais c’est impossible, Bob. Si ce qu’il a dit à propos du temps est…»
Le technicien ferma les yeux et se prit le front entre le pouce et l’index. « Mais oui, bien sûr. Je deviens stupide. Cette manœuvre est tellement inhabituelle…» Il sourit. « Restez quand même avec lui. Je me sentirai plus tranquille, si vous n’êtes pas avec nous. »
— « Bien, Bob, » dit-elle en un murmure. « Soyez prudent. »
Il lui sourit avec plus de confiance qu’il n’en ressentait vraiment et quitta la pièce. Lentement, Jana retourna près de la couchette où Jerry était plongé dans un sommeil anormal. Elle fixa son visage étrange, à la fois jeune et ancien, avec des yeux brillants d’inquiétude.