[1] Remarque: ce fragment se serait ajouté directement au chapitre VII du roman. Son début a été écrit sur la page qui contient aussi une copie des dernières phrases du chapitre.

[2] Ce fragment aurait fait partie du chapitre VI dans l’une des versions envisagées par Kafka.

[1] Passage supprimé par l’auteur – «L’interrogatoire, pensa K., semble se limiter à des regards. Il faut le laisser faire un moment. Si seulement je savais quelle est l’autorité qui peut remuer tant de monde pour moi, c’est-à-dire pour une affaire dont rien ne peut sortir pour les autorités. Car c’est déjà remuer du monde que d’organiser ce qui se passe ici! Trois personnes mobilisées pour moi, deux chambres de particuliers mises sens dessus dessous, et, dans le coin, encore, trois jeunes gens qui regardent les photos de Mlle Bürstner!»

[2] Passage supprimé par l’auteur - Quelqu’un m’a dit – je ne sais plus qui c’était – qu’il est tout de même étrange qu’en se réveillant le matin on retrouve tout, du moins en général, exactement à la même place que la veille. On a été pourtant, dans le sommeil et dans le rêve, dans un état tout différent de celui de l’homme éveillé, et il faut, comme cet homme le disait justement, une présence d’esprit infinie, un sens étonnant de la riposte, pour situer tout ce qui est là, dès qu’on ouvre les yeux, à la même place que la veille. Aussi expliquait-il que le moment du réveil est le plus risqué de la journée et qu’une fois ce moment surmonté sans qu’on ait été changé de place, on n’avait plus à s’inquiéter le reste du jour.

[3] Passage supprimé par l’auteur - Vous savez bien que les subordonnés en savent toujours plus long que le chef.

[4] Passage supprimé par l’auteur - L’idée qu’il risquait de cette façon de leur faciliter sur lui-même une besogne d’observation dont ils pouvaient être chargés, lui semblait tellement ridicule, tellement chimérique, qu’il mit le front dans ses mains et demeura ainsi pendant quelques minutes avant de revenir à lui. «Encore quelques idées de ce genre, se dit-il, et tu fais un fou achevé.» Mais après cela il n’en éleva que plus fort sa voix qui était un peu stridente.

[5] Passage supprimé par l’auteur - Devant la maison un militaire allait et venait du pas bruyant et régulier des sentinelles. Il y avait donc aussi, maintenant, un homme de garde devant l’immeuble. K. dut se pencher fortement pour le voir, car le soldat se tenait près du mur. «Hep là-bas!» cria-t-il, mais non pas assez fort pour que le soldat pût l’entendre. Il apparut d’ailleurs bientôt que le soldat n’attendait qu’une bonne qui était allée en face lui chercher de la bière: la silhouette de cette femme se découpa sur le pas de la porte dans un rectangle lumineux. K. se demanda si l’idée que le factionnaire fût là pour lui ne lui avait qu’effleuré l’esprit; il ne sut qu’en penser.

[6] Passage supprimé par l’auteur - «Vous êtes un homme insupportable, on ne sait pas si vous plaisantez ou si vous parlez sérieusement.» «Ce n’est pas tout à fait inexact», dit K. tout au plaisir de bavarder avec une jolie fille, «ce n’est pas tout à fait inexact; je manque de sérieux, aussi suis-je obligé de chercher à me débrouiller avec la plaisanterie, et pour le plaisant et pour le sérieux. Mais, arrêté, je l’ai été sérieusement.»

[7] Au lieu de «réunion politique» il y avait eu d’abord «réunion socialiste».

[8] Passage supprimé par l’auteur - K. vit seulement que sa blouse déboutonnée pendait tout autour d’elle à partir de la ceinture, qu’un homme l’avait entraînée dans un coin, près de la porte, et pressait contre sa poitrine celle de la femme qui n’avait plus que sa chemise sur le haut du corps.

[9] Passage supprimé par l’auteur - K. avait déjà essayé de saisir la main que la femme cherchait visiblement, bien que craintivement, à lui tendre, quand les discours de l’étudiant le rendirent soudain attentif. Cet étudiant était un bavard et un fanfaron; peut-être pourrait-on tirer de lui des détails sur l’accusation qui avait été portée contre K. et une fois ces détails connus, K. n’aurait plus qu’une chiquenaude à donner pour mettre fin, à la stupeur de tous, à cette aventure judiciaire.

[10] Passage supprimé par l’auteur - Il était même certain qu’il eût spontanément repoussé cette proposition si elle avait été accompagnée d’une offre d’argent qui aurait doublement blessé le bourreau, car la personne de K. devait être sacrée pour les employés de la justice pendant toute la durée du procès.

[11] Passage supprimé par l’auteur - Cet éloge laissa la jeune fille insensible; elle parut le rester encore lorsque l’oncle dit:

«Il se peut. Mais je t’adresserai quand même une infirmière dès aujourd’hui s’il y a moyen. Si elle ne fait pas l’affaire, rien ne t’empêchera de la congédier, mais fais-moi le plaisir de l’essayer. Dans l’atmosphère et le silence où tu vis, on se sent mourir.

– Ce n’est pas toujours aussi calme, dit l’avocat. Je n’accepterai ton infirmière que si c’est nécessaire.

– C’est nécessaire», dit l’oncle.

[12] Passage supprimé par l’auteur - Le bureau, qui occupait presque toute la longueur de la pièce, était placé près des fenêtres et disposé de telle sorte que l’avocat tournait le dos à la porte et que le visiteur, devenant un intrus, devait explorer toute la chambre avant d’apercevoir le visage du maître, à moins que celui-ci n’eût l’amabilité de se tourner vers le nouveau venu.

[13] Passage supprimé par l’auteur - Non, K. ne pouvait rien espérer pour lui-même d’une publicité du procès. Ceux qui ne s’élèveraient pas en juges pour le condamner aveuglément d’avance, chercheraient du moins à l’humilier maintenant que c’était si facile.

[14] Passage supprimé par l’auteur - Dans la pièce il faisait très noir; les fenêtres devaient être armées d’épais rideaux qui ne laissaient filtrer aucune lumière. K. restait encore agité de sa course; il fit machinalement quelques longues enjambées. Ce ne fut qu’alors qu’il s’arrêta et s’aperçut qu’il ne savait plus à quel endroit de la chambre il pouvait se trouver. En tout cas l’avocat dormait encore; on ne l’entendait pas respirer, car il avait l’habitude de se recroqueviller tout entier dans le lit de plumes.

[15] Passage supprimé par l’auteur -…, comme s’il attendait un signe de vie de l’accusé…

[16] Passage supprimé par l’auteur - Vous ne me parlez pas franchement et vous ne l’avez jamais fait. Vous n’avez donc pas à vous plaindre si, comme vous le dites du moins vous êtes méconnu. Moi, qui suis franc, je n’ai pas peur qu’on me méconnaisse. Vous vous êtes saisi de mon procès comme si j’étais entièrement libre, mais maintenant j’éprouve presque l’impression que non seulement vous l’avez mal conduit, mais que vous avez essayé de me le cacher sans jamais rien tenter de sérieux, pour que je ne puisse pas m’en mêler et qu’un beau jour, je ne sais où, le jugement soit prononcé en mon absence. Je ne dis pas que vous avez voulu tout cela…

[17] Passage supprimé par l’auteur - Il eût été extrêmement tentant de se moquer de Block. Leni profita de la distraction de K., et, comme il lui tenait les mains, elle appuya les coudes sur le dossier de sa chaise et se mit à le bercer comme dans un rocking-chair; K. n’y prêta pas attention; il regardait Block qui soulevait précautionneusement le bord du lit de plumes, pour trouver de toute évidence les mains de l’avocat et pour les embrasser.

[18] Passage supprimé par l’auteur -… et qui devait être, à première vue, si on ne savait de quoi il était question, la façon dont retombe un jet d’eau.

[19] Passage supprimé par l’auteur - Là-dessus, il resta court. Il lui venait à l’esprit qu’il venait de parler et de juger d’une légende, et qu’il ignorait le texte d’où cette légende était tirée, et ne savait pas davantage quelles étaient les explications. Il avait été entraîné dans une suite d’idées complètement inconnue. Cet abbé était-il quand même comme ses semblables? Voulait-il ne parler de l’affaire K. que par un système d’allusions, le séduire par là, puis se taire? Perdu dans ses pensées K. oubliait la lampe; elle commençait à fumer; il ne s’en aperçut qu’au moment où la suie commença à lui chatouiller le menton. Il essaya de baisser la mèche, mais alors la lampe s’éteignit. Il resta là, il faisait complètement noir, il ne savait pas en quel point de l’église il se trouvait. Comme il n’entendait rien, il demanda:

«Où es-tu?

– Ici, répondit l’abbé en le prenant par la main. Pourquoi as-tu laissé éteindre la lampe? Viens, je te mènerai à la sacristie, nous y trouverons de la lumière.»

K. fut heureux de pouvoir quitter la cathédrale proprement dite; cet espace démesuré dont l’œil n’embrassait qu’un petit cercle, l’oppressait; il avait à plusieurs reprises, sachant la vanité de son effort, essayé de regarder les voûtes, il n’avait vu que du noir accourir de partout. La main tenue, il se hâtait derrière l’abbé.

À la sacristie brûlait une lampe, encore plus petite que celle de K. Elle pendait si bas, en outre, qu’elle n’éclairait à peu près que le sol de cet endroit qui était étroit, mais probablement aussi haut que la cathédrale elle-même. «Comme il fait noir partout!» dit K. en se mettant la main sur les yeux, comme s’ils lui avaient fait mal à force de chercher à se retrouver dans l’ombre.

[20] Passage supprimé par l’auteur - Leurs sourcils avaient l’air postiches et ne cessaient de tressauter indépendamment de la cadence du pas.

[21] Passage supprimé par l’auteur - Ils arrivèrent à des rues qui montaient et où l’on découvrait, tantôt près, tantôt loin, des sergents de ville arrêtés ou en train de faire les cent pas. L’un d’entre eux, qui portait une moustache bouffante et qui tenait la main sur la garde du sabre à lui confié par l’État, s’approcha comme exprès de ce groupe qui n’était pas sans éveiller la suspicion. «L’État m’offre son aide», dit K. à voix très basse, à l’oreille d’un des messieurs. «Si je transportais le procès sur le plan des lois organiques? Qu’en diriez-vous? Il pourrait peut-être se faire alors que ce fût moi qui eusse à défendre ces messieurs contre l’État.»

[22] Texte primitif des dernières phrases du paragraphe qui précède l’avant-dernier: Existait-il des objections qu’on n’avait pas encore soulevées? Certainement. La logique a beau être inébranlable, elle ne résiste pas à un homme qui veut vivre. Où était le juge? Où était la Haute-Cour? J’ai à parler. Je lève les mains.

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