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L’Univers est à Dieu. Il est une chose, un tout à partir duquel toutes les séparations sont identifiables. La vie transitoire, y compris cette vie consciente et raisonnante que nous qualifions d’intelligente, ne détient qu’un fragile mandat sur quelque partie que ce soit du tout.

Commentaires de la C.T.E.

(Commission des Traducteurs Œcuméniques).


Halleck, tout en s’exprimant à haute voix sur divers sujets, transmettait par signes le seul message important. Il détestait l’antichambre exiguë que les prêtres lui avaient attribuée et qui était certainement truffée d’appareils espions. Qu’ils essaient de décoder les signaux discrets de ses mains ! Sur ce plan, il ne craignait pas grand-chose : les Atréides avaient pratiqué ce mode de communication pendant des siècles, sans que personne le perce.

La nuit était venue. La salle ne comportait aucune ouverture. Des globes brilleurs avaient été placés dans les angles.

« La plupart de ceux que nous avons capturés étaient des gens d’Alia », transmit Halleck, et son regard ne quittait pas le visage de Jessica tandis qu’il l’informait que l’interrogatoire des prisonniers se poursuivait.

« C’est donc bien ce que vous aviez prévu », remarqua Jessica en quelques signes rapides. Puis, hochant la tête, elle déclara afin que chacun entendît : « Lorsque vous aurez obtenu satisfaction, Gurney, j’attends un rapport complet. »

« Certainement, Ma Dame. » Et les doigts agiles de Gurney poursuivirent : « Une dernière chose, assez troublante : sous l’influence de drogues majeures, certains prisonniers ont parlé de Jacurutu et ils sont morts dans la seconde-même où ils prononçaient ce nom. »

« Un cardio-fusible ? » demanda Jessica. A haute voix :

« Avez-vous relâché certains prisonniers ? »

« Quelques-uns, Ma Dame. Ceux qui ne présentaient aucun intérêt évident. » (« Nous soupçonnons un effet de contrainte cardiaque, oui, mais nous n’avons encore aucune preuve. Les autopsies sont en cours. Mais j’ai estimé qu’il fallait que je vous rapporte ce détail à propos de Jacurutu. »)

(« Tout comme mon Duc, j’ai toujours considéré Jacurutu comme une légende intéressante, partant sans doute d’un fait réel. ») Cette fois, les doigts de Jessica n’esquissèrent même pas ce signe de tristesse qui soulignait habituellement la moindre allusion à son amour défunt.

« Avez-vous d’autres instructions ? » demanda Halleck.

Jessica lui demanda de regagner le port et de ne se représenter qu’avec de nouvelles informations. Mais, dans le même instant, ses doigts ordonnaient :

« Renouez le contact avec vos amis parmi les contrebandiers. Si Jacurutu existe, ces gens vivent en vendant de l’épice. Et ce sont les contrebandiers qui constituent leur seul marché possible. »

Il inclina brièvement la tête.

(« Cette démarche est en cours, Ma Dame. ») Et, parce qu’il ne pouvait oublier toutes ces années de vigilance, il ajouta : « Soyez prudente, ici. Alia est votre ennemie et la plupart des prêtres lui sont acquis. »

(« Pas Javid. Il hait les Atréides. Je pense que seul un adepte est à même de s’en rendre compte, mais, pour ma part, j’en suis certaine. Il conspire et Alia l’ignore. »)

« Je vais assigner des hommes supplémentaires à votre garde personnelle », dit soudain Halleck, haut et clair, s’attirant un bref regard de reproche de Jessica. « Il y a du danger, j’en suis certain. Allez-vous passer la nuit ici ? »

« Plus tard, nous gagnerons le Sietch Tabr », déclara Jessica, puis elle hésita, sur le point de lui demander de ne pas lui envoyer de gardes supplémentaires. Mais elle se tut. Il fallait se fier à l’instinct de Gurney. Bien des Atréides avaient appris cela, pour leur bien ou à leurs dépens.

« Il me reste encore à rencontrer le Maître des Novices, ajouta-t-elle. Ensuite, c’est avec plaisir que je quitterai cet endroit. »

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