Revue de Paris, t. III, mars 1834.
L’analyse de M. Nisard sert de préface au volume intitulé: Lectures des Mémoires de M. de Chateaubriand (juillet 1834). – Les articles d’Alfred Nettement parurent dans l’Écho de la jeune France, numéros de mai et juin 1834.
Un volume in-8. à Paris, chez Lefèvre, libraire, rue de l’Éperon, № 6, 1834.
Mémoires d’Outre-tombe, t. X. p. 418.
Mémoires, t. III, p. 159.
Cité par Alfred Nettement, La Mode, 5 décembre 1844.
La Mode, t. IV, p. 408.
Souvenirs et Correspondance tirés des papiers de Mme Récamier, par Mme Charles Lenormant. t. II. p. 489 et suiv.
Mme de Chateaubriand était morte le 9 février 1848. Mme Récamier mourut le 11 mai 1849.
Le samedi 23 septembre.
La Presse, on l’a vu plus haut, avait versé, en 1841, une somme de 80,000 francs qui, avec les intérêts, représentait, en effet, en 1848, 96,000 francs.
Les onze premiers volumes renferment le texte des Mémoires; le douzième volume était formé d’appendices. Les douze volumes parurent de 1848 à 1850.
Tome XI, p. 358.
Tome XI, p. 360.
Causeries du Lundi, tome I, p. 406 et tome II. p. 138 et 565.
Le Correspondant, livraisons des 25 octobre et 10 novembre 1850.
L’Opinion publique, des 7 mai 1850, 16 et 22 février, 2, 9 et 16 mars 1851.
Mémoires, tome VI. p. 411.
Portraits contemporains, tome I, p. 17.
A. Vinet, tome I, p. 352.
Dans la Revue des Deux-Mondes, du 15 mars 1834. – Cette préface, très belle, très élégante, ne figure dans aucune des éditions des Mémoires; on la trouvera dans l’édition actuelle.
Tome X, p. I.
Le manuscrit de 1826 a été publié, en 1874, par Mme Charles Lenormant, sous ce titre: Souvenirs d’enfance et de jeunesse de Chateaubriand. – 1 vol. in-16, Michel Lévy frères, éditeurs.
Lectures des Mémoires de M. de Chateaubriand, p. 269.
La brochure De Buonaparte et des Bourbons. Elle parut, non le 30 mars 1814, comme le dit M. de Lescure, p. 93, ni le 3 avril, comme le dit M. Henry Houssaye, à la page 570 de son remarquable ouvrage sur 1814, mais le mardi 5 avril. (Voyez le Journal des Débats des 4 et 5 avril 1814.)
Beaucoup d’autres passages des Mémoires ne sont pas moins formels. Voyez notamment tome I, p. 182 et 347; tome II, p. 131; tome III p. 147, 246 et 350; tome VII, p. 328.
Je dois la connaissance de cette lettre à une obligeante communication de M. Charles de Lacombe.
Chateaubriand et son temps, par le comte de Marcellus, ancien ministre plénipotentiaire. 1 vol. in-8º, 1859. – Préface, page 19.
Revue de Paris, tome IV, avril 1834.
Jules Janin, loc. cit. – Revue de Paris, mars 1834.
Mémoires d’Outre-tombe, tome IV. page 70.
Tome IV, page 71.
Esprit des lois, liv. X, chap. XIII.
Malherbe. liv. 1. ode IX.
Deux vol. in-8º. 1838.
A. Vinet. Études sur la littérature française au dix-neuvième siècle, tome I, page 432.
Le Correspondant, livraison du 25 janvier 1857. Article sur la nouvelle édition de Saint-Simon. Réimprimé dans les Œuvres de Montalembert, tome VI, p. 405 et 507.
Causeries du Lundi, tome I, p. 408, 424.
Tomes V et VI des Mémoires; édition de 1849.
Tome VIII, p. 203.
Causeries du lundi, tome I, p. 420.
Lettre de George Sand, citée par Sainte-Beuve, Causeries du lundi, tome I, p. 421. – Si sévère qu’elle se montre ici pour Chateaubriand et ses Mémoires, George Sand ne peut s’empêcher de terminer sa lettre par ces lignes: «Et pourtant, malgré tout ce qui me déplaît dans cette œuvre, je retrouve à chaque instant des beautés de forme grandes, simples, fraîches, de certaines pages qui sont du plus grand maître de ce siècle, et qu’aucun de nous, freluquets formés à son école, ne pourrions jamais écrire en faisant de notre mieux.»
Mme Swetchine, sa vie et ses œuvres, par le comte de Falioux, tome I, p. 339. – Extrait d’une note de Mme Swetchine sur les Mémoires d’Outre-tombe.
Lettre du 7 octobre 1880.
Cette Préface manque dans toutes les éditions précédentes.
Comme un nuage …, à la manière des navires …, telle une ombre… [Job XXX:15 – Job IX:26 – Job XIV:2].
Îlot situé dans la rade de Saint-Malo. Ch.
Voir à l’Appendice le № 1: La Tombe du Grand-Bé.
Chateaubriand, Discours de réception à l’Académie française, écrit au mois d’avril 1811. Napoléon ne permit pas qu’il fût prononcé.
il parle encore, quoique mort (Héb. 11:4)
18 avril 1802.
La première édition, qui comprenait les deux épisodes d’Atala et de René, formait cinq volumes in-8°. Le cinquième se composait uniquement des Notes et éclaircissements.
Portraits littéraires, par Léon Gautier, p. 14. – 1868.
Revue des Deux-Mondes du 1er juillet 1862.
Lettres sur Ducis, par Campenon, de l’Académie française.
D. Nisard, t. IV, p. 500.
Livraison de mars 1804.
Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, t. I, p. 396.
Préface des Récits mérovingiens, 1840.
Le Roman historique à l’époque romantique, par Louis Maigron.
Voyage en Orient.
Villemain, M. de Chateaubriand, sa vie, ses écrits, son influence littéraire et politique sur son temps, page 200. – 1858.
Il avait publié, en l’an IX, des Observations critiques sur le roman intitulé: Atala.
Voici le passage auquel Napoléon fait allusion, et qui se trouve, non dans un discours à la Chambres des pairs, mais dans un article du Conservateur, celui du 17 novembre 1818:
«Jeté au milieu des mers où Camoëns plaça le génie des tempêtes, Buonaparte ne peut se remuer sur son rocher sans que nous ne soyons avertis de son mouvement par une secousse. Un pas de cet homme à l’autre pôle se ferait sentir à celui-ci. Si la Providence déchaînait encore son fléau; si Buonaparte était libre aux États-Unis, ses regards attachés sur l’océan suffiraient pour troubler les peuples de l’ancien monde: sa seule présence sur le rivage américain de l’Atlantique forcerait l’Europe à camper sur le rivage opposé.
Mémoires pour servir à l’Histoire de France sous Napoléon, par M. de Montholon, t. IV, p. 248.
Le 17 août 1815.
M. Villemain, la Tribune moderne, p. 324.
Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, t. I, p. 126.
Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, t. II, p. 2.
Études littéraires sur le XIXe siècle par Émile Faguet, de l’Académie française. – «Les premiers livres des Natchez, dit M. Faguet, sont écrits dans la manière d’une épopée en prose, ton que l’auteur ne possédait pas encore. Mais ensuite c’est le livre le plus naturel et le plus varié qu’ait écrit Chateaubriand. Sa verve s’y abandonne en inventions charmantes, en rêveries merveilleuses, en tableaux d’une grandeur achevée. C’est, avec René, le vrai livre de Chateaubriand jeune, sans système, sans thèse, sans attitude, sans prétention, enivré de liberté, de solitude, d’ironie sincère, de naïve et magnifique désespérance. Il ne faut pas oublier que des pages sublimes du Génie (la forêt d’Amérique sous la lune, par exemple), sont tout simplement empruntées aux Natchez, et que René et Atala en étaient, en leur forme primitive, des fragments. C’est là qu’est la source vive, fraîche, délicieusement jaillissante et libre, déjà épurée, non encore entourée de constructions un peu artificielles, d’où devait naître ce fleuve si abondamment et magnifiquement épanché pendant quarante ans.»
Mélanges de philosophie, d’histoire et de littérature, par Ch.-M. de Féletz, de l’Académie française, t. III, p. 304.
Article Sur le «Voyage pittoresque et artistique de l’Espagne», par M. Alexandre de Laborde. – Cet article fit supprimer le Mercure.
Études sur la littérature française au XIXe siècle, par A. Vinet, t. I, p. 321.
Portraits littéraires, par Léon Gautier, p. 13.
Causeries et méditations, par Charles Magnin, t. I, p. 447.
Phèdre, acte II, scène V.
Études sur la littérature française au XIXe siècle, par Alexandre Vinet, t. I, p. 433.
Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, t. II, p. 435.
Édition de 1898–1900. Librairie de MM. Garnier frères.
Portraits littéraires, p. 6.
Histoire de la littérature française, t. IV, p. 503.
Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, t. II, p. 424.
Ce livre a été écrit, à la Vallée-aux-Loups, près d’Aulnay, d’octobre 1811 à juin 1812.
Horace, Odes, liv. Ier, XI.
Voltaire n’est pas né le 20 février 1694, et il n’est pas né à Châtenay. Il y a là une double erreur, qui était du reste acceptée par tout le monde à la date où écrivait Chateaubriand. Chacun tenait alors pour exact le dire de Condorcet, dans sa Vie de Voltaire: «François-Marie Arouet, qui a rendu le nom de Voltaire si célèbre, naquit à Châtenay le 20 de février 1694. M. A. Jal, en 1864 (Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, page 1283 et suivantes), a établi d’une façon certaine, à l’aide des registres de la paroisse de Saint-André-des-Arts, que Voltaire était né à Paris le dimanche 21 novembre 1694. Voltaire, du reste, avait dit lui-même, dans sa lettre du 17 juin 1760 à M. de Parcieux: «Que puis-je faire, sinon plaindre la ville où je suis né?… Je vous remercie en qualité de Parisien, et quand mes compatriotes cesseront d’être Welches, je les louerai tant que je pourrai.» L’année suivante, dans son Épître à Boileau, il disait à l’auteur des Satires:
Dans la cour du Palais je naquis ton voisin.
Le 4 octobre, l’Église célèbre la fête de saint François d’Assises. Chateaubriand avait reçu au baptême les prénoms de François-René. – Il était entré à Jérusalem le 4 octobre 1806. (Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome I, p. 286.)
Voir, à l’Appendice, le Nº II: Le Manuscrit de 1826.
Ce paragraphe que nous empruntons au Manuscrit de 1826, nous a paru devoir être préféré à celui qui se trouve dans toutes les éditions des Mémoires et dont voici le texte: «De la naissance de mon père et des épreuves de sa première position, se forma en lui un des caractères les plus sombres qui aient été. Or, ce caractère a influé sur mes idées en effrayant mon enfance, contristant ma jeunesse et décidant du genre de mon éducation.» Selon la très juste remarque du comte de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 6), ces lignes interrompent plus qu’elles n’aident le récit. «C’était sans doute, ajoute M. de Marcellus, un de ces feuillets supplémentaires dont l’auteur, aux derniers moments de sa vie, renversait continuellement l’ordre, de telle façon qu’il ne s’y reconnaissait plus lui-même, comme il le disait à son dernier secrétaire, M. Daniélo.» (Voir, Tome XII de la première édition des Mémoires d’outre-tombe, les pages auxquelles M. J. Daniélo a donné pour titre: M. et Mme de Chateaubriand; quelques détails sur leurs habitudes, leurs conversations.)
Cette généalogie est résumée dans l’Histoire généalogique et héraldique des Pairs de France, etc., par M. le chevalier de Courcelles, Ch.
Bernard Chérin (1718–1785), généalogiste et historiographe des Ordres de Saint-Lazare, de Saint-Michel et du Saint Esprit.
La terre de la Guerrande était située, non dans le Morbihan, mais dans la paroisse de Hénan-Bihen, aujourd’hui l’une des communes du canton de Matignon, arrondissement de Dinan (Côtes-du-Nord).
Sur le comte Louis de Chateaubriand et sur son frère Christian, voir l’Appendice, Nº III.
Jean de Tinténiac, le héros du combat des Trente, était fils d’Olivier, IIIe du nom, seigneur de Tinténiac, et d’Eustaice de Chasteaubrient, seconde fille de Geoffroy, VIe du nom, baron de Chasteau-brient, et d’Isabeau de Machecoul. (Le P. Aug. Du Paz, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres, de Bretagne.)
Voyez cette note à la fin de ces Mémoires. Ch.
Les éditions précédentes portent, toutes, «comme un grand terrier du moyen-âge». Chateaubriand avait dû certainement écrire terrien. Le Dictionnaire de Furetière (1690) porte: «Terrien. – Qui possède grande étendue de terre. – Le roy d’Espagne est le plus grand terrien du monde depuis la découverte des Indes occidentales. – Cette duchesse est grande terrienne en Bretagne, elle y possède beaucoup de terres.» – Littré dit aussi: «Grand terrien, seigneur qui possède beaucoup de terres.»
Grand’mère paternelle de Chateaubriand. Les actes de l’état civil où elle figure lui donnent tous pour premier prénom, au lieu de Pétronille, celui de Perronnelle. Ce dernier nom était très fréquent en Bretagne: on le traduisait en latin par Petronilla, d’où il arrivait que, dans les familles, on écrivait indifféremment Pétronille ou Perronnelle, sans y attacher d’importance.
Avant d’être recteur de Saint-Launeuc et de Merdrignac, il avait été prieur de Bécherel (en 1747).
Le Manuscrit de 1826 entrait ici, sur François-Henri de Chateaubriand, seigneur de la Villeneuve, dans les détails qui suivent: «Ce singulier curé fut adoré par ses paroissiens. Son nom, illustre en Bretagne, excitait d’abord l’étonnement; ensuite son caractère joyeux, le culte que cette autre espèce de Rabelais avait voué aux Muses dans un presbytère attirait à lui, on venait le voir de toutes parts; il donnait tout ce qu’il avait, et n’était, à la lettre, pas maître chez lui; il mourut insolvable, et ma grand’mère n’osa prendre sa chétive succession que sous bénéfice d’inventaire. Les paysans s’assemblèrent, déclarèrent qu’on faisait injure à la mémoire de leur curé, et se chargèrent d’acquitter ses dettes; en conséquences, ils l’enterrèrent à leurs frais, liquidèrent sa succession et envoyèrent à sa famille le peu qu’il avait laissé.»
Chateaubriand a francisé ici un vers de Shakespeare, qui a dit dans un de ses sonnets:
When you entombed, in men’ eyes, shall lie
Your monument shall be my gentle verse.
Louis-Robert-Hippolyte de Bréhan, comte de Plélo, né à Rennes le 28 mars 1699, était le petit-neveu de Mme de Sévigné. Sa vie a été écrite par M. Edmond Rathery, sous ce titre: Le comte de Plélo, un volume in-8°, 1876.
Voir, à l’Appendice, le Nº IV: le comte René de Chateaubriand armateur.
Pierre-Marie-Anne de Chateaubriand, seigneur du Plessis et du Val-Guildo, né en 1727. Il commanda plusieurs des navires de son frère. (Voir à l’Appendice le Nº IV.) Le 12 février 1760, il épousa Marie-Jeanne-Thérèse Brignon fille de Nicolas-Jean Brignon, seigneur de Laher, négociant, et de Marie-Anne Le Tondu. Incarcéré pendant la Terreur, il mourut dans la prison de Saint-Malo, le 3 fructidor an II (20 août 1794).
Les éditions précédentes portent toutes: 1810. C’est une erreur. Armand de Chateaubriand fut fusillé le vendredi saint (31 mars) de l’année 1809. Lorsque Chateaubriand reviendra plus tard avec détails sur ce douloureux épisode, il aura bien soin de lui donner sa vraie date.
Ceci était écrit en 1811 (note de 1831, Genève). Ch.
Le mariage des parents de Chateaubriand fut célébré à Bourseul. Bourseul est aujourd’hui l’une des communes du canton de Plancoët, arrondissement de Dinan (Côtes-du-Nord). – Voici l’extrait de l’acte de mariage, relevé sur les registres paroissiaux de Bourseul: – «Du troisième de juillet 1753, j’ay administré la bénédiction nuptiale à haut et puissant René-Auguste de Chateaubriand, chevalier seigneur du Plessis, fils majeur de haut et puissant François de Chateaubriand, chevalier seigneur de Villeneuve, et de dame Perronnelle-Claude Lamour de Lanjegu, dame de Chateaubriand, son épouse, domiciliée de la paroisse de Guitté en ce diocèse, d’une part; et à très noble demoiselle Apolline-Jeanne-Suzanne de Bedée, dame de la Villemain, fille de haut et puissant seigneur Ange-Annibal de Bedée, chevalier seigneur de la Bouëtardays et autres lieux, et de dame Bénigne-Jeanne-Marie de Ravenel du Boistilleul, son épouse, d’autre part… Ont été présents à la cérémonie: messire Ange-Annibal de Bedée et dame Bénigne-Jeanne-Marie de Ravenel, père et mère de l’épouse; demoiselle Anne de Bedée et demoiselle Suzanne-Apolline de Ravenel, tantes de l’épouse; messire Théodore-Jean-Baptiste de Ravenel de Boistilleul, cousin germain de l’épouse, conseiller au Parlement de Bretagne, et autres soussignants. – Suivent les signatures: Apoline de Bedée de Vilmain, B. de Chateaubriand, Bénigne J.-M. de Ravenel de la Bouëtardaye, de Bedée de la Bouëtardaye, Suzanne de Ravenel, Anne de Bedée, Angélique Bedée du Boisrioux, Jeanne Le Mintier du Boistilleul, Marie-Antoine de Bedée, Théodore J.-B. de Ravenel du Boistilleul, du Breil pontbriand, F. de Chateaubriand, frère de l’époux, et Guillemot, curé de Bourseul.
Ange-Annibal de Bedée, seigneur de la Bouëtardais de la Mettrie et de Boisriou, né à la Bouëtardais, en Bourseul, le 11 septembre 1696, était fils de Jean-Marc de Bedée de la Bouëtardais, seigneur des mêmes lieux, et de Jeanne de Bégaignon. Il mourut le 14 janvier 1761 et fut inhumé dans l’église de Bourseul. La famille de Bedée, qui a compté des branches nombreuses, tire son nom d’une paroisse aujourd’hui commune du canton et de l’arrondissement de Montfort (Ille-et-Vilaine). La seigneurie de Bedée a cessé depuis longtemps d’appartenir à la famille de ce nom: au siècle dernier, elle était aux mains des Visdelou, qui se qualifiaient de marquis de Bedée.
Bénigne-Jeanne-Marie (et non Marie-Anne) de Ravenel du Boisteilleul, née à Rennes, en la paroisse Saint-Jean, le 15 octobre 1698 (et non le 16 octobre), était fille de écuyer Benjamin de Ravenel, seigneur de Boisteilleul, et de Catherine-Françoise de Farcy. Elle avait épousé, le 24 février 1720, en l’église de Toussaint, à Rennes, Ange-Annibal de Bedée. – Je dois ces indications, ainsi que la plupart de celles qui vont suivre et qui ont trait aux parents de Chateaubriand, à M. Frédéric Saulnier, conseiller à la Cour d’appel de Rennes. Sans son utile et si dévoué concours, je n’aurais pu mener à bonne fin cette partie de mon travail.
Chateaubriand fixe à dix le nombre des enfants issus du mariage de ses père et mère. Les registres de la ville de Saint-Malo n’en accusent que neuf:
1º Geoffroy-René-Marie, né le 4 mai 1758 (mort au berceau).
2º Jean-Baptiste-Auguste, né le 23 juin 1759 (celui qui sera le petit-gendre de Malesherbes).
3º Marie-Anne-Françoise, née le 4 juillet 1760 (plus tard Mme de Marigny).
4º Bénigne-Jeanne, née le 31 août 1761 (qui épousera plus tard M. de Québriac, puis M. de Châteaubourg).
5º Julie-Marie-Agathe, née le 2 septembre 1763 (plus tard Mme de Farcy).
6º Lucile-Angélique, née le 7 août 1764 (plus tard Mme de Caud).
7º Auguste, né le 28 mai 1766 (mort au bout de quelques mois).
8º Calixte-Anne-Marie, née le 3 juin 1767 (morte en bas âge).
9º François-René, né le 4 septembre 1768 (l’auteur du Génie du christianisme).
Le chiffre de dix enfants, donné par Chateaubriand, n’en est pas moins exact. Un dixième enfant – qui fut en réalité le premier – était né à Plancoët, où M. et Mme de Chateaubriand habitèrent pendant quelque temps à la suite de leur mariage. Ce premier enfant, né et mort à Plancoët, n’a pu figurer sur les registres de Saint-Malo. (Recherches sur plusieurs des circonstances relatives aux origines, à la naissance et à l’enfance de M. de Chateaubriand, par M. Ch. Cunat, 1850.)
Le texte complet de l’acte de baptême de Chateaubriand est ainsi conçu:
«François-René de Chateaubriand, fils de haut et puissant René de Chateaubriand, chevalier, comte de Combourg, et de haute et puissante dame, Apolline-Jeanne-Suzanne de Bedée, dame de Chateaubriand, son épouse, né le 4 septembre 1768, baptisé le jour suivant par nous, Messire Pierre-Henry Nouail, grand chantre et chanoine de l’Église cathédrale, official et grand vicaire de Monseigneur l’évêque de Saint-Malo. A été parrain haut et puissant Jean-Baptiste de Chateaubriand, son frère, et marraine haute et puissante dame Françoise-Marie-Gertrude de Contade, dame et comtesse de Plouër, qui signent et le Père. Ont signé: Jean-Baptiste de Chateaubriand, Brignon de Chateaubriand, Contades de Plouër, de Chateaubriand, Nouail, vicaire général.
Vingt jours avant moi, le 15 août 1768, naissait dans une autre île, à l’autre extrémité de la France, l’homme qui a mis fin à l’ancienne société, Bonaparte. Ch.
On lit, dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome I, p. 295: «Tandis que j’attendais l’instant du départ, les religieux se mirent à chanter dans l’église du monastère. Je demandai la cause de ses chants et j’appris que l’on célébrait la fête du patron de l’ordre. Je me souvins alors que nous étions au 4 octobre, jour de la Saint-François, jour de ma naissance et de ma fête. Je courus au chœur et j’offris des vœux pour le repos de celle qui m’avait autrefois donné la vie à pareil jour.»
«Je fus nommé François du jour où j’étais né, et René à cause de mon père.» Manuscrit de 1826. – Atala, le Génie du christianisme, les Martyrs et l’Itinéraire sont signés: François-Auguste de Chateaubriand. En supprimant ainsi, en tête de ses premiers ouvrages, l’appellation de René, Chateaubriand voulait éviter les fausses interprétations de ceux qui auraient été tentés de le reconnaître dans l’immortel épisode de ses œuvres qui ne porte d’autre titre que ce nom.
En 1768, les parents de Chateaubriand habitaient rue des Juifs (aujourd’hui rue de Chateaubriand) une maison appartenant à M. Magon de Boisgarein. On la distinguait alors sous le nom d’Hôtel de la Gicquelais, nom du père de M. Magon.
En 1780, M. Magon de Boisgarein vendit cette maison à M. Dupuy-Fromy, et peu de temps après elle fut occupée par M. Chenu, qui en fit une auberge. Sa destination, depuis plus d’un siècle, n’a pas changé. L’un des trois corps de logis dont est actuellement composé l’Hôtel de France et de Chateaubriand, celui qui est le plus avancé dans la rue, est la maison natale du grand écrivain.
Françoise-Gertrude de Contades, fille de Louis-Georges-Erasme de Contades, maréchal de France, et de Nicole Magon de la Lande. Elle avait épousé en 1747 Jean-Pierre de la Haye, comte de Plouër, colonel de dragons.
Chateaubriand n’a point imaginé cette tempête romantique, qui éclate pourtant si à propos à l’heure même de sa naissance. M. Charles Cunat, le savant et consciencieux archiviste de Saint-Malo, confirme de la façon la plus précise, dans son écrit de 1850, l’exactitude de tous les détails donnés par le grand poète: «En effet, dit-il, une pluie opiniâtre durait depuis près de deux mois; plusieurs coups de vent qu’on avait éprouvés n’avaient pas changé l’état de l’atmosphère; ce temps pluvieux jetait l’alarme dans le pays; ce fut dans la nuit de samedi à dimanche, à l’approche du dernier quartier de la lune, qu’eut lieu la tempête horrible qui accompagna la naissance de Chateaubriand et dont les terribles effets se firent sentir dans le pays, et notamment à la chaussée du Sillon.» Cette nuit du samedi au dimanche, où la tempête fut particulièrement horrible, était précisément celle du 3 au 4 septembre, et c’est le 4 septembre que naquit Chateaubriand. – La continuité et la violence des tempêtes, en ces premiers jours de septembre 1768, furent telles que l’évêque et le chapitre firent exposer pendant neuf jours, comme aux époques des plus grandes calamités, les reliques de Saint Malo dans le chœur de la cathédrale; les voûtes de l’antique basilique ne cessèrent de retentir des chants de la pénitence et des appels à la miséricorde divine. Enfin, l’orage s’apaisa, le ciel reprit sa sérénité, et, le dimanche 18 septembre, on porta processionnellement les restes du saint à travers les rues de la ville et autour des remparts, au milieu d’un concours immense de la population. Les reliques, précédées du clergé, étaient portées par des chanoines et suivies par Mgr. Jean-Joseph Fogasse de la Bastie, évêque du diocèse. (Ch. Cunat, op. cit.)
Il n’y eut jamais à Plancoët d’abbaye de Bénédictins. Il existait seulement, au hameau de l’Abbaye, une maison de Dominicains, dont les bâtiments, aujourd’hui transformés en ferme, joignent la partie nord-est de la modeste chapelle où le futur pèlerin de Paris à Jérusalem fut relevé de son premier vœu.
Longtemps encore après Froissart, on a continué d’écrire Combour, ce qui était suivre l’ancienne forme du nom, Comburnium. C’est seulement de 1660 à 1680 que le g a été ajouté.
Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras (1715–1789), pair et maréchal de France, premier gentilhomme de la Chambre, membre de l’Académie française. Choisi par le roi pour aller commander en Bretagne au milieu des troubles qu’avait fait naître l’affaire de La Chalotais, il réussit à concilier les esprits et à rétablir la tranquillité.
Louise-Françoise-Maclovie-Céleste de Coëtquen, mariée en 1736 au duc de Duras, décédée le 17 nivôse an X (7 janvier 1802).
Hallay-Coëtquen (Jean-Georges-Charles-Frédéric-Emmanuel, marquis du), né le 5 octobre 1799, mort le 10 mars 1867. Il avait été, sous la Restauration, capitaine au 1er régiment de grenadiers à cheval de la garde royale et gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Le marquis du Hallay a eu une grande réputation comme juge du point d’honneur et arbitre en matière de duel. Il a publié des Nouvelles et Souvenirs, Paris, 1835 et 1836, 2 tomes en 1 vol. in-8°.
Le comte du Hallay-Coëtquen, frère cadet du précédent, a été page de Louis XVIII en 1814, puis garde du corps de Monsieur, et lieutenant au 4e régiment de chasseurs à cheval.
Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698–1759); membre de l’Académie des sciences et de l’Académie française; président perpétuel de l’Académie des sciences et belles-lettres de Berlin. Il était né à Saint-Malo.
Nicolas-Charles-Joseph Trublet (1697–1770); parent et ami de Maupertuis et, comme lui, né à Saint-Malo. Il avait été reçu membre de l’Académie française le 13 avril 1761.
C’est un souvenir du voyage de l’auteur en Palestine et de son séjour au couvent de Saint-Saba: «On montre aujourd’hui dans ce monastère trois ou quatre mille têtes de morts, qui sont celles des religieux massacrés par les infidèles. Les moines me laissèrent un quart d’heure tout seul avec ces reliques: ils semblaient avoir deviné que mon dessein était de peindre un jour la situation de l’âme des solitaires de la Thébaïde. Mais je ne me rappelle pas encore sans un sentiment pénible qu’un caloyer voulut me parler de politique et me raconter les secrets de la cour de Russie. «Hélas! mon père, lui dis-je, où chercherez-vous la paix, si vous ne la trouvez pas ici?» Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome I, p. 313.
Lucile avait, non pas deux ans, mais quatre ans de plus que son frère. Elle était née le 7 août 1764. – Voir son acte de naissance à la page 7 de la remarquable étude de M. Frédéric Saulnier sur Lucile de Chateaubriand et M. de Caud, d’après des documents inédits, 1885. M. Anatole France s’est donc trompé, lui aussi, lorsque, dans son petit volume, d’ailleurs si charmant, sur Lucile de Chateaubriand, sa vie et ses œuvres, il l’a fait naître «en l’an 1766».
[Grec: Ἀχὼρ], gourme. Ch.
«Dans les jardins en terrasse de cette maison, qui sert maintenant de presbytère à la paroisse de Nazareth, se voit encore la fontaine entourée de saules, où l’aïeule de Chateaubriand venait respirer le frais en tricotant au milieu de ses enfants et petits-enfants.» Du Breil de Marzan, Impressions bretonnes sur les funérailles de Chateaubriand et sur les Mémoires d’outre-tombe, 1850.
Suzanne-Émilie de Ravenel, demoiselle du Boisteilleul, sœur cadette de madame de Bedée de la Bouëtardais, née à Rennes le 12 mai 1700.
La véritable orthographe du nom des trois vieilles filles était: Loisel de la Villedeneu. (Du Breil de Marzan, op. cit.)
Marie-Antoine-Bénigne de Bedée, comte de la Bouëtardais, baron de Plancoët, fils de Ange-Annibal de Bedée et de Bénigne-Jeanne-Marie de Ravenel de Boisteilleul, frère de madame de Chateaubriand et d’un an plus jeune qu’elle; il était né dans la paroisse de Bourseul, le 5 avril 1727. Il mourut à Dinan, le 24 juillet 1807.
Le château de Monchoix, dans la paroisse de Pluduno, aujourd’hui l’une des communes du canton de Plancoët, arrondissement de Dinan, Monchoix est actuellement habité par M. du Boishamon, arrière-petit-fils du comte de Bedée.
Le comte de Bedée avait eu huit enfants, dont quatre morts en bas âge. Chateaubriand n’a donc connu que les quatre dont il parle: 1º Charlotte-Suzanne-Marie (celle qu’il appelle Caroline), née en la paroisse de Pluduno, le 24 avril 1762, décédée à Dinan, non mariée, le 28 avril 1849; – 2º Marie-Jeanne-Claude ou Claudine, née le 21 avril 1765, mariée en émigration à René-Hervé du Hecquet, seigneur de Rauville. Revenue en France, elle s’est fixée à Valognes et a dû y mourir. Ce sont ses héritiers qui ont hérité de la Bouëtardais. – 3º Flore-Anne, née le 5 octobre 1766, mariée au château de Monchoix, le 28 octobre 1788, à Charles-Augustin-Jean-Baptiste Locquet, chevalier de Château-d’Assy, d’une famille d’origine malouine; elle est décédée, veuve, à Dinan, le 7 janvier 1851. – 4º Marie-Joseph-Annibal de Bedée, comte de la Bouëtardais, conseiller au Parlement de Rennes. Il fut, à Londres, le compagnon d’émigration de Chateaubriand et nous renvoyons à ce moment les détails que nous aurons à fournir sur lui.
Marie-Angélique-Fortunée-Cécile Ginguené, fille de écuyer François Ginguené et de dame Thérèse-Françoise Jean. Elle était née à Rennes le 23 novembre 1729. Mariée, le 23 novembre 1756, à Marie-Antoine-Bénigne de Bedée. Décédée à Dinan, le 22 novembre 1823.
«C’était la première fois de ma vie que j’étais décemment habillé. Je devais tout devoir à la religion, même la propreté, que saint Augustin appelle une demi-vertu.» Manuscrit de 1826.
À propos de cette expression et de quelques autres (me jouer emmi les vagues qui se retiraient; – à l’orée d’une plaine; – des nuages qui projettent leur ombre fuitive, etc.), Sainte-Beuve écrivait, dans son article du 15 avril 1834, après les premières lectures des Mémoires: «L’effet est souvent heureux de ces mots gaulois rajeunis, mêlés à de fraîches importations latines. (Le vaste du ciel, les blandices des sens, etc.) et encadrés dans des lignes d’une pureté grecque, au tour grandiose, mais correct et défini. Le vocabulaire de M. de Chateaubriand dans ces Mémoires comprend toute la langue française imaginable et ne la dépasse guère que parfois en quelque demi-douzaine de petits mots que je voudrais retrancher. Cet art d’écrire qui ne dédaigne rien, avide de toute fleur et de toute couleur assortie, remonte jusqu’au sein de Ducange pour glaner un épi d’or oublié, ou ajouter un antique bleuet à la couronne.» Portraits contemporains, I, 30.
La chapelle de Notre-Dame de Nazareth n’était aucunement un édifice gothique. Elle datait du milieu du XVIIe siècle et avait été fondée par dame Catherine de Rosmadec, épouse de Guy de Rieux, comte de Châteauneuf, qui en fit don au couvent des religieux dominicains de Dinan. La première pierre fut posée, en présence de Ferdinand de Neufville, évêque de Saint-Malo, le 2 mai 1649, et, à cette date, on ne construisait plus, même en Bretagne, ni églises ni chapelles gothiques. (Voir Dictionnaire d’Ogée, article Corseul, et l’Histoire de la découverte de la Sainte image de Notre Dame de Nazareth, copiée sur l’ancien original du père Guillouzou, et publiée par M. L. Prud’homme, de Saint-Brieuc).
«La religion, qui ne connaît pas les rangs et qui donne toujours des leçons, ne voyait dans cette cérémonie que la pauvre femme qui m’avait sauvé de la mort, et l’enfant qui avait sucé le même lait que moi; la grande dame ma mère était à la porte, la paysanne dans le sanctuaire.» Manuscrit de 1826.
«Quand cela fut fait, on acheva de célébrer la messe; ma mère communia après le prêtre, et très certainement ses vœux cherchèrent à détourner sur moi les grâces que cette communion devait répandre sur elle. Combien il est essentiel de frapper l’imagination des enfants, par des actes de religion! Jamais dans le cours de ma vie je n’ai oublié le relèvement de mon vœu. Il s’est présenté à ma mémoire au milieu des plus grands égarements de ma jeunesse; je m’y sentais attaché comme à un point fixe autour duquel je tournais sans pouvoir me déprendre. Depuis l’exhortation du bénédictin, j’ai toujours rêvé le pèlerinage de Jérusalem et j’ai fini par l’accomplir. Il est certain que la plupart des actes religieux, nobles par eux-mêmes, laissent au fond du cœur de nobles souvenirs, nourrissent l’âme de sentiments élevés et disposent à aimer les choses belles et touchantes; que de droit la religion n’avait-elle donc pas sur moi! Ne devait-elle pas me dire: «Tu m’as été consacré dans ta jeunesse, je ne t’ai rendu à la vie que pour que tu devinsses mon défenseur. La dépouille de ton innocence, trempée des larmes de ta mère, repose encore sur mes autels; ce ne sont pas tes vêtements qu’il faut suspendre à mes temples, ce sont tes passions. Consacre-moi ton cœur et tes chagrins, je bénirai ta nouvelle offrande.» Sainte religion, voilà ton langage; toi seule pourrais remplir le vide que j’ai toujours senti en moi, et guérir cette tristesse qui me suit. Tout sujet m’y replonge ou m’y ramène; je n’écris pas un mot qu’elle ne soit prête à déborder comme un torrent: je ne suis occupé qu’à la renfermer, pour ne pas me rendre ridicule aux hommes. Mais dans cet écrit qui ne paraîtra qu’après moi, que j’ai entrepris pour me soulager, pour donner une issue aux sentiments qui m’étouffent, pourquoi me contraindrais-je? Rassasions-nous de nos peines secrètes, que mon âme malade et blessée puisse à son gré repasser ses chimères et se noyer dans ses souvenirs!» Manuscrit de 1826.
Dante, Le Paradis, Chant XVII.
«Au mois d’octobre de l’année 1775, nous retournâmes à Saint-Malo.» Manuscrit de 1826.
Saint Aaron vivait bien au VIe siècle, mais on ignore absolument la date à laquelle il s’établit sur le rocher qui porte aujourd’hui la ville de Saint-Malo. La date de 507, donnée ici par Chateaubriand, ne repose sur aucune autorité sérieuse. On ne la trouve même pas dans l’ouvrage, plus légendaire qu’historique, du P. Albert Le Grand, la vie, gestes, mort et miracles des saints de la Bretagne-Armorique.
Cette date de 541, que Chateaubriand a prise cette fois dans Albert Le Grand (édition de 1680, p. 583), n’est rien moins qu’exacte. Malo fut bien le premier titulaire de l’évêché d’Aleth, fondé par Judaël, roi de Domnonée, mais cette fondation eut lieu, non en 541, mais près d’un demi-siècle plus tard. Né vers 520 dans la Cambrie méridionale, Malo ne passa en Armorique que vers 550. Il aborda dans l’île de Césembre, avec une trentaine de disciples et se mit aussitôt à évangéliser les campagnes aléthiennes et curiosolites. Il comptait déjà dans la péninsule armoricaine, et spécialement dans le pays d’Aleth, quarante ans d’apostolat, lorsqu’il fut honoré de la dignité épiscopale, vers 585–590. Saint Malo mourut en Saintonge, le dimanche 16 décembre 621, âgé d’environ cent ans. (Voir l’Histoire de Bretagne, par Arthur de la Borderie, tome I, p. 421, 465, 475.)
Anson (Georges), amiral anglais, né en 1697, mort en 1762.
La Chalotais (Louis-René de Caradeuc de), procureur-général au Parlement de Bretagne, né à Rennes le 6 mars 1701, mort le 12 juillet 1785. – Le premier Mémoire, écrit sous le nom de M. de La Chalotais, et reconnu par lui comme son œuvre se terminait par ces lignes: «Fait au château de Saint-Malo, 15 janvier 1766, écrit avec une plume faite d’un cure-dent, et de l’encre faite avec de le suie de cheminée, du vinaigre et du sucre, sur des papiers d’enveloppe de sucre et de chocolat.» La vérité est que La Chalotais, dans sa prison, avait tout ce qu’il faut pour écrire et qu’il écrivait par toutes les postes à sa famille. Voir, dans l’ouvrage de M. Henri Carré, La Chalotais et le duc d’Aiguillon (1803), la correspondance du chevalier de Fontette, commandant du château de Saint-Malo, et en particulier la lettre du 28 avril 1766.
Jacques Cartier naquit à Saint-Malo le 31 décembre 1494, l’année même où Christophe Colomb découvrait la Jamaïque. On ne sait pas exactement la date de sa mort. Le savant annaliste de Saint-Malo, M. Ch. Cunat, croit pouvoir la fixer aux environs de 1554.
René Dugay-Trouin, né le 10 juin 1673; mort le 27 septembre 1736.
Robert Surcouf, le célèbre corsaire (1773–1827). M. Ch. Cunat a écrit son Histoire.
Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais (1699–1753).
Julien Offraye de La Mettrie, né à Saint-Malo le 19 décembre 1709, mort le 11 novembre 1751 à Berlin, où ses ouvrages ouvertement matérialistes lui avaient valu d’être nommé lecteur du roi. Frédéric II a composé son Éloge.
Hugues-Félicité Robert de La Mennais, né le 19 juin 1782, mort le 27 février 1854. Presque tous ses biographes le font naître dans la même rue que Chateaubriand. C’est une erreur. L’hôtel de la Mennais, où naquit l’auteur de l’Essai sur l’Indifférence, était situé, non rue des Juifs, mais rue Saint-Vincent.
François-Joseph-Victor Broussais (1772–1832). Comme son compatriote La Mettrie, mais avec plus d’éclat et de talent, il se montra dans tous ses ouvrages, un ardent adversaire des doctrines psychologiques et spiritualistes.
Pierre-Louis-Auguste Ferron, comte de La Ferronnays, né le 17 décembre 1772. Il émigra avec son père, lieutenant général des armées du roi, servit sous le prince de Condé et devint aide de camp du duc de Berry. Maréchal de camp (4 juin 1814); pair de France (17 août 1815), ministre à Copenhague en 1817; ambassadeur à Saint-Pétersbourg en 1819; ministre des Affaires étrangères du 4 janvier 1828 au 14 mai 1829; ambassadeur à Rome du mois de février au mois d’août 1830. Il mourut en cette ville le 17 janvier 1842, laissant une mémoire honorée de tous les partis.
Peu d’années après la naissance de Chateaubriand, sa famille avait quitté l’hôtel de la Gicquelais et était venue habiter le premier étage de la belle maison de M. White de Boisglé, maire de Saint-Malo, maison située sur la rue et la place Saint-Vincent, presque en face de la porte Saint-Vincent. (Ch. Cunat, op. cit.)
De ces six enfants, cinq figurent sur les registres de naissance de Saint-Malo: Adélaïde, née en 1762; Émilie-Thérèse-Rosalie, née le 12 septembre 1763; Pierre, né en 1767; Armand-Louis-Marie, né le 16 mars 1768; Modeste, née en 1772.
Ici encore, dans toutes les éditions, on a imprimé à tort: 1810.
Il a laissé un fils, Frédéric, que je plaçai d’abord dans les gardes de Monsieur, et qui entra depuis dans un régiment de cuirassiers. Il a épousé, à Nancy, mademoiselle de Gastaldi, dont il a eu deux fils, et s’est retiré du service. La sœur aînée d’Armand, ma cousine, est, depuis de longues années, supérieure des religieuses Trappistes. (Note de 1831, Genève.) Ch. – Frédéric de Chateaubriand, dont il est parlé dans cette note, était né à Jersey le 11 novembre 1798. Il est mort le 8 juin 1849, au château de la Ballue, près Saint-Servan, laissant un fils, Henri-Frédéric-Marie-Geoffroy de Chateaubriand, né à la Ballue le 11 mai 1835 et marié en 1869 à Françoise-Madeleine-Anne Regnault de Parcieu.
Gesril du Papeu (Joseph-François-Anne) avait un an de moins que son ami Chateaubriand; il était né à Saint-Malo le 23 février 1767. Entré dans la marine, comme garde, à quatorze ans, il prit part à la guerre de l’Indépendance américaine et fit ensuite une campagne de trois ans dans les mers de l’Inde et de la Chine. Lieutenant de vaisseau, le 9 octobre 1789, il ne tarda pas à émigrer, fit la campagne des Princes en 1792, comme simple soldat, et se rendit ensuite à Jersey. Le 21 juillet 1795, il était à Quiberon, cette fois comme lieutenant de la compagnie noble des élèves de la marine, dans le régiment du comte d’Hector. L’épisode dont il fut le héros dans cette tragique journée suffirait seul à prouver que Sombreuil et ses soldats n’ont mis bas les armes qu’à la suite d’une capitulation. Ceux qui nient l’existence de cette capitulation l’ont bien compris: ils ont essayé de contester l’acte même de Gesril et son généreux sacrifice. Mais ce sacrifice et les circonstances qui l’accompagnèrent sont attestés par trop de témoins pour qu’on puisse les mettre en doute. Ces témoins sont de ceux dont la parole ne se peut récuser: En voici la liste: 1º Chaumereix; 2º Berthier de Grandry; 3º La Bothelière, capitaine d’artillerie; 4º Cornulier-Lucinière; 5º La Tullaye; 6º Du Fort; 7º le contre-amiral Vossey; 8º le baron de Gourdeau; 9º le capitaine républicain Rottier, de la légion nantaise. Le fait, d’ailleurs, est consigné dans une lettre écrite des prisons de Vannes par Gesril du Papeu à son père. Le jeune héros fut fusillé à Vannes, le 10 fructidor (27 août 1796).
«Je pense avec orgueil que cet homme a été mon premier ami, et que tous les deux, mal jugés dans notre enfance, nous nous liâmes par l’instinct de ce que nous pouvions valoir un jour, et que c’est dans le coin le plus obscur de la monarchie, sur un misérable rocher, que sont nés ensemble et presque sous le même toit deux hommes dont les noms ne seront peut-être pas tout à fait inconnus dans les annales de l’honneur et de la fidélité.» Manuscrit de 1826.
J’avais déjà parlé de Gesril dans mes ouvrages. Une de ses sœurs, Angélique Gesril de La Trochardais, m’écrivit en 1818 pour me prier d’obtenir que le nom de Gesril fut joint à ceux de son mari et du mari de sa sœur: j’échouai dans ma négociation. (Note de 1831, Genève.) Ch.
Gesril avait trois sœurs; Mmes Colas de la Baronnais, Le Roy de la Trochardais et Le Metaër de la Ravillais. Les deux dernières seules ont laissé des enfants; la famille Gesril se trouve éteinte et fondue dans le Metaër et, par Le Roy, dans Boisguéhéneuc et du Raquet.
Le comte d’Artois vint, en effet, à Saint-Malo le 11 mai 1777 et y séjourna trois jours. De grandes fêtes eurent lieu en son honneur. (Ch. Cunat, op. cit.)
Ce livre a été écrit à Dieppe (septembre et octobre 1812), et à la Vallée-aux-Loups, (décembre 1813 et janvier 1814). Il a été revu en juin 1846.
C’était précisément le jour anniversaire de la naissance de Chateaubriand.
Étienne-Denis Pasquier (1767–1842). Il était préfet de police depuis le 14 octobre 1810. Chateaubriand et M. Pasquier devaient se retrouver à la Chambre des pairs et à l’Académie française.
Cet incendie eut lieu dans la nuit du 16 au 17 février 1776. Le feu prit dans les magasins qui occupaient le rez-de-chaussée de la maison de M. White, dont le premier étage, ainsi que nous l’avons dit, était habité par la famille Chateaubriand. Ces magasins servaient d’entrepôt à un marchand épicier et renfermaient beaucoup de matières combustibles. Les progrès du feu furent rapides, et la maison toute entière serait sans doute devenue la proie des flammes, si le cocher du Carrosse public, qui partait cette nuit-là pour Rennes, n’avait heureusement donné l’alarme. (Ch. Cunat, op. cit.)
Le roman de Rou (Rollon, duc de Normandie), fut composé au XIIe siècle par le trouvère normand Robert Wace. L’immense forêt qui couvrait la partie centrale de la péninsule armoricaine y est, en effet, appelée la forêt de Brecheliant. Chez d’autres poètes du moyen-âge, ce nom devient Brécilien ou Brecelien, Breseliand, Bersillant, ou plus généralement Broceliande. L’un d’eux en donne cette explication:
E ce fut en Broceliande,
Une broce (une forêt) en une lande.
(Voir Brocéliande et ses chevaliers, par M. Baron du Taya, p. 6, et Histoire de Bretagne, par Arthur de la Borderie, tome I, p. 44, 45.)
À la suite de la lecture d’une partie de ses Mémoires, faite en 1834 chez Mme Récamier, Chateaubriand communiqua aux journaux divers fragments de son ouvrage. Les pages sur le Printemps en Bretagne furent publiées dans le Panorama littéraire de l’Europe (tome II, IVe livraison; avril 1834). Les deux paragraphes qu’on a lus plus haut n’en formaient alors qu’un seul, dont le texte, assez différent du texte actuel, mérite d’être conservé. Voici cette première version:
«L’aspect du pays, entrecoupé de fossés boisés, est celui d’une continuelle forêt, et rappelle l’Angleterre. Des vallons étroits et profonds où coulent, parmi des saulaies et des chenevières, de petites rivières non navigables, présentent des perspectives riantes et solitaires. Les futaies à fond de bruyères et à cépées de houx, habitées par des sabotiers, des charbonniers et des verriers tenant du gentilhomme, du commerçant et du sauvage; les landes nues, les plateaux pelés, les champs rougeâtres de sarrasin qui séparent ces vallons entre eux, en font mieux sentir la fraîcheur et l’agrément. Sur les côtes se succèdent des tours à fanaux, des clochers de la renaissance, des vigies, des ouvrages romains, des monuments druidiques, des ruines de châteaux: la mer borde le tout.»
«J’ai vu dans l’île de Céos un bas-relief antique qui représentait les Néréides attachant des festons au bas de la robe de Cérès.» Manuscrit de 1834.
«Quelques fenêtres grillées, d’un goût mauresque…» Manuscrit de 1826 et Manuscrit de 1834.
«L’arrivée de sa famille dans un lieu où il vivait selon ses goûts…» Manuscrit de 1826. – «La réunion de la famille dans le lieu de son choix…» Manuscrit de 1834.
«Cette cour était formée par le corps de logis d’entrée, par un autre corps de logis parallèle, qui réunissait également deux tours plus petites que les premières, et par deux autres courtines qui rattachaient la grande et la grosse tour aux deux petites tours. Le château entier avait la figure d’un char à quatre roues.» Manuscrits de 1826 et de 1834.
diazome — Dans les théâtres grecs, passages concentriques ménagés de distance en distance entres les gradins, et permettant la circulation. Du grec ancien διάζωμα, diazôma («ceinture»).
«Mme de Sévigné vantait en 1669 ces vieux ombrages.» – Manuscrit de 1826.
«On apercevait le haut clocher de la paroisse et les maisons confuses de Combourg…» Manuscrit de 1826.
Le château qui fut comme la seconde patrie de Chateaubriand appartient toujours à sa famille. Mme la comtesse de Chateaubriand, née Bernon de Rochetaillée, veuve du comte Geoffroy de Chateaubriand, petit-neveu de l’auteur du Génie du Christianisme, habite Combourg la plus grande partie de l’année et y conserve avec un soin pieux tout ce qui rappelle la mémoire du grand écrivain.
Urbain-René De Hercé, né à Mayenne le 6 février 1726, sacré évêque de Dol le 5 juillet 1757. Il fut fusillé, le 28 juillet 1795, non à Quiberon, dans le Champ du martyre, mais à Vannes, sur la promenade de la Garenne, en même temps que Sombreuil et quatorze autres victimes, parmi lesquelles était son frère, François de Hercé, grand-vicaire de Dol, né à Mayenne, le 8 mai 1733. (Voir les Débris de Quiberon, par Eugène de la Gournerie, p. 13. – Consulter aussi, dans l’Histoire de la persécution révolutionnaire en Bretagne, par l’abbé Tresvaux, la notice sur Mgr. de Hercé. Il était le cinquième des dix-neuf enfants vivants de Jean-Baptiste de Hercé et de Françoise Tanquerel.)
Après avoir cité ce passage, M. de Marcellus ajoute: «J’ai eu bien des fois l’occasion de constater l’exactitude de ces traits si habilement tirés du caractère de M. de Chateaubriand, si justes et si vrais sous sa main, qu’on croirait impossible de les dessiner soi-même.» (Chateaubriand et son temps, p. 15.)
«Depuis que j’ai acquis une malheureuse célébrité, il m’est arrivé de passer des jours, des mois entiers avec des personnes qui ne se souvenaient plus que j’avais fait des livres; moi-même je l’oubliais, si bien que cela nous paraissait à tous une chose de l’autre monde. Écrire aujourd’hui m’est odieux, non que j’affecte un sot dédain pour les lettres, mais c’est que je doute plus que jamais de mon talent, et que les lettres ont si cruellement troublé ma vie que j’ai pris mes ouvrages en aversion.» Manuscrit de 1826.
Le Manuscrit de 1826 renferme ici une courte description du jeu de la quintaine. «Tous les nouveaux mariés de l’année dans la mouvance de Combourg étaient obligés, au mois de mai, de venir rompre une lance de bois contre un poteau placé dans un chemin creux qui passait au haut du grand mail; les jouteurs étaient à cheval; le baillif, juge du camp, examinait la lance, déclarait qu’il n’y avait ni fraude ni dol dans les armes; on pouvait courir trois fois contre le poteau, mais au troisième tour, si la lance n’était pas rompue, les gabeurs du tournoi champêtre accablaient de plaisanteries le joutier maladroit, qui payait un petit écu au seigneur.»
Dans cette peinture de la petite société de Combourg, Chateaubriand a été scrupuleusement exact, comme il le sera du reste en toute circonstance, ainsi qu’on le verra de plus en plus en avançant dans la lecture des Mémoires. – Noble Me François-Jean-Baptiste Potelet, seigneur de Saint-Mahé et de la Durantais, après avoir servi dans la marine de la compagnie des Indes, épousa, le 6 octobre 1767, à Combourg, Marie-Marguerite de Lormel. Sa fille aînée, Marie-Marguerite, née en 1768, la même année que Chateaubriand, se maria en 1789 à Pierre-Emmanuel-Vincent-Marie de Freslon de Saint-Aubin, président des requêtes au Parlement de Bretagne.
Gilles-Marie de Launay, sieur de la Biliardière, d’abord procureur fiscal de Bécherel, puis sénéchal des juridictions du Vauruffier, de la vicomté de Besso et du marquisat de Caradenc, était devenu plus tard entreposeur des fermes du roi à Combourg. Né à Bécherel, il avait épousé à Bain, le 17 juillet 1750, Marie-Anne Nogues, dont étaient nés, de 1752 à 1769, treize enfants (et non douze), cinq garçons et huit filles. David, le compagnon de jeux de Chateaubriand, était bien, comme il le dit, le plus jeune des fils.
J’ai retrouvé mon ami David: je dirai quand et comment. (Note de Genève, 1832.) Ch.
Jean-Baptiste Gesbert, Sr de la Noé-Sécho, sénéchal de la juridiction seigneuriale de Combourg, originaire de Rostrenen, marié à Bécherel, le 22 octobre 1782, à Marie-Jeanne Faisant de la Gantraye.
Me René Petit, né à la Guerche, procureur fiscal du comté de Combourg. Il devint en 1791 juge au district de Dinan. Son fils René-Marie Lucil, né le 29 mars 1783, a été tenu sur les fonts baptismaux par Lucile de Chateaubriand.
Me Julien Corvaisier ou le Corvaisier, notaire et procureur de la juridiction.
L’abbé Chalmel (Jean-François), chapelain du château de Combourg, était petit-fils de Me Noël Chalmel, notaire à Rennes.
Jean Anne Pinot du Petitbois, né à Rennes le 10 janvier 1737, était le fils aîné de Maurille-Anne Pinot, écuyer, seigneur du Petitbois, et de Jeanne-Perrine Guybert. D’abord sous-aide major au régiment de la Reine, puis capitaine de dragons au régiment de Belzunce, il habitait le château du Grandval en Combourg et y mourut, le 10 octobre 1789, en grande odeur de piété (acte d’inhumation). Il avait épousé en Saint-Aubin de Rennes, le 7 mars 1769, Anne-Marc de la Chénardais, décédée à Rennes le 26 vendémiaire an III (17 octobre 1794). – Le château du Grandval est encore habité aujourd’hui par la famille du Petitbois.
Michel-Charles Locquet, comte de Château-d’Assis, né à Saint-Malo le 14 janvier 1748. Il appartenait à une famille très honorée dans le pays malouin: sa mère était une Trublet. Marié en 1774 à Jeanne-Anne Joséphine de Boisbaudry, il demeurait au château de Triaudin, en Combourg, qui est aujourd’hui habité par le vicomte Roger du Petitbois.
Des Tinténiac, en résidence momentanée chez des amis habitant le pays, auront sans doute fait au château de Combourg des visites dont Chateaubriand avait gardé le souvenir; mais il n’y avait pas de Tinténiac établis à Combourg ou dans les paroisses environnantes.
Nicolas-Pierre Philippes, seigneur de Trémaudan, ancien officier de dragons au régiment de la Ferronnais, était né à Pontorson le 19 septembre 1749, fils d’écuyer Pierre Philippes, seigneur de Villeneuve Torrens, et d’Augustine de Lantivy. Il avait épousé, à Saint-Malo, le 24 janvier 1769, Marie-Louise Mazin, dont il eut plusieurs enfants nés à Combourg de 1770 à 1786.
René-Malo Sévin fut nommé recteur de la paroisse de Combourg en 1776. Il refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé, et passa à Jersey en 1792. Rentré en 1797, il fut réinstallé en 1803 à la cure de Combourg et y mourut en 1817.
Claude-Anne, vicomte, puis marquis, puis duc de Saint-Simon, de la branche de Montbléru, fils de Louis-Gabriel, marquis de Saint-Simon, et de Catherine-Marguerite-Jaquette Pineau de Viennay, naquit au château de la Faye (Charente). Entré très jeune au service militaire, il fut nommé, le 3 janvier 1770, brigadier, puis, le 29 juin 1775, colonel du régiment de Touraine. Il prit part à la guerre d’Amérique, fut élu, en 1789, par le bailliage d’Angoulême, député de la noblesse aux États-Généraux, émigra en Espagne, y prit du service et devint capitaine-général de la Vieille-Castille. Le roi Charles IV le nomma grand d’Espagne en 1803. En 1808, lors de la prise de Madrid par les Français, il fut blessé et fait prisonnier; condamné à mort par un conseil de guerre, il obtint une commutation de peine et fut enfermé dans la citadelle de Besançon, où il resta jusqu’à la chute de l’Empire. Il retourna alors en Espagne et fut créé duc par Ferdinand VII. Il mourut à Madrid le 3 janvier 1819.
J’ai éprouvé un sensible plaisir en retrouvant, depuis la Restauration, ce galant homme, distingué par sa fidélité et ses vertus chrétiennes. (Note de Genève, 1831.) Ch.
Cette note de 1831, relative au marquis de Causans, remplace les lignes suivantes du Manuscrit de 1826, écrites au lendemain de l’ordonnance du 5 septembre 1816, qui prononçait la dissolution de la Chambre introuvable: «J’ai éprouvé un sensible plaisir en retrouvant ce dernier, distingué par ses vertus chrétiennes, dans cette chambre des députés qui fera à jamais l’honneur et les regrets de la France, quand le temps des factions sera passé et celui de la justice venu; dans cette Chambre que la Providence avait envoyée pour sauver la France et l’Europe, qui n’a pu être cassée que par un véritable crime politique, et dont la gloire survivra à la renommée des misérables ministres qui s’en firent les persécuteurs.» – Causans de Mauléon (Jacques-Vincent, marquis de), né le 31 juillet 1751, était colonel du régiment de Conti, lorsqu’il fut élu député de la noblesse aux États-Généraux pour la principauté d’Orange. Le 17 avril 1790, il fut promu maréchal de camp. La Restauration le nomma lieutenant-général le 23 août 1814. Élu député de Vaucluse à la Chambre introuvable, le 24 août 1815; réélu le 4 octobre 1816; éliminé au renouvellement par cinquième de 1819, renvoyé à la Chambre des députés le 24 avril 1820, il y siégea jusqu’à sa mort, arrivée le 24 avril 1824.
Wignacourt (Antoine-Louis, marquis de), fils de Louis-Daniel, marquis de Wignacourt, et de Marie-Julie de Maizières, né le 22 janvier 1753. Il est porté sur l’État militaire de la France pour 1784 comme mestre de camp lieutenant-colonel en second du régiment de Conti, chevalier de Saint-Louis.
François-Placide Maillard, seigneur de la Morandais, marié en 1757 à Gillette Dastin et père de quinze enfants, dont le dernier, né à Combourg en 1777, eut pour parrain M. de Chateaubriand, père du grand écrivain. Les Maillard de la Morandais étaient d’ancienne noblesse, et de la même famille que les Maillard de Belestre et des Portes, de l’évêché de Nantes, qui ont été maintenus en 1670, après avoir fait preuve de huit générations nobles. Seulement, ceux qui s’étaient établis à Combourg avaient singulièrement dérogé, à raison de leur pauvreté. Les actes paroissiaux qui les concernent ne leur donnent que des qualifications bourgeoises. François-Placide de la Morandais est décédé à Combourg le 30 août 1779.
Le prince Eugène de Savoie-Carignan, né le 22 septembre 1753, était le fils cadet du prince Louis-Victor de Savoie Carignan et de la princesse Christine-Henriette de Hesse-Rheinfelds-Rothembourg. Frère de la princesse de Lamballe, il entra au service de France sous le nom de comte de Villefranche (Villafranca) et fut placé à la tête du régiment de son nom. Le 22 septembre 1781, il épousa, dans la chapelle du château du Parc, en la paroisse de Saint-Méloir-des-Ondes, à quelques lieues de Saint-Malo, Élisabeth-Anne Magon de Boisgarein, fille de Jean-François-Nicolas Maçon, seigneur de Boisgarein et de Louise de Karuel. Ce mariage fut annulé par le Parlement, à la requête des parents du prince. Celui-ci lutta désespérément pour faire reviser cet arrêt. Les tristesses de cette lutte abrégèrent sans doute ses jours, car une mort prématurée l’enleva, le 30 juin 1785. – Un fils était né de cette union, le 30 septembre 1783: il se fit soldat sous Napoléon et fut nommé, pendant la campagne de Russie, colonel d’un régiment de hussards. Des lettres-patentes de 1810 lui conférèrent le titre de baron. Louis XVIII, en 1814, lui rendit son ancien titre de comte de Villefranche. Il devint officier-général et mourut le 15 octobre 1825. – Il avait épousé, le 9 octobre 1810, Pauline-Antoinette Bénédictine-Marie de Quélen d’Estuer de Caussade, fille du duc de la Vauguyon; le fils issu de ce mariage, Eugène-Emmanuel-Joseph-Marie-Paul-François, reprit le rang de ses ancêtres, lorsque la branche de Carignan monta sur le trône de Sardaigne avec le roi Charles-Albert, petit-neveu du mari de Mlle de Boisgarein. Le petit-fils de cette dernière, par décret royal du 18 avril 1834, fut reconnu héritier présomptif de la couronne, en cas d’extinction de la branche régnante. À plusieurs reprises, pendant que le roi était à la tête de son armée, lors des guerres de l’indépendance italienne, le prince Eugène de Savoie-Carignan remplit les fonctions de lieutenant-général du royaume. Il est mort le 15 décembre 1886, laissant de son mariage morganatique avec Dlle Félicité Crosic, contracté le 25 novembre 1863, six enfants, dont trois fils, qui sont aujourd’hui les derniers descendants par les mâles du mariage romanesque célébré, le 22 septembre 1781, dans la chapelle du château du Parc. Le roi d’Italie leur a accordé, en 1888, le nom de Villafranca-Soissons, avec le titre de comte.
Lacretelle (Pierre-Louis) dit l’Aîné (1751–1824), membre de l’Académie française. Avocat à Metz, puis à Paris, il plaida peu, mais ses mémoires judiciaires lui valurent une assez grande célébrité.
Le Père de famille, de Diderot, imprimé dès 1758, ne fut représenté à la Comédie Française que le 18 février 1768. Le succès du reste fut médiocre. La pièce n’eut que sept représentations.
Le double mariage des deux sœurs aînées de Chateaubriand eut lieu le 11 janvier 1780. Marie-Anne-Françoise épousait Jean-Joseph Geffelot, comte de Marigny. Bénigne-Jeanne épousait Jean-François-Xavier, comte de Québriac, seigneur de Patrion.
cheval de voltige.
Maître Noël Le Lavandier, apothicaire, marié à Dingé, près de Combourg, le 7 juillet 1751, était originaire de la paroisse de Vieuvel, où sa famille, venue de Normandie, s’était établie au XVIIe siècle.
De Buonaparte et des Bourbons. (Note de Genève, 1831.) Ch.
Charles-Hilaire de Chateaubriand, né en 1708, successivement recteur de Saint-Germain-de-la-mer au diocèse de Saint-Brieuc, de Saint-Étienne de Rennes en 1748, de Bazouge-du-Désert en 1767, et de Toussaint de Rennes en 1770. Il résigna en 1776 et mourut au Val des Bretons en Pleine-Fougères, le 12 août 1782. (Pouillé de Rennes, IV, 120; V, 557, 655, 658; Paris-Jallobert, Bazouge, p. 27, Pleine-Fougères, p. 15 et 55.)
Génie du christianisme, première partie, livre I, chapitre VII: De la Communion.
«De tout ce que j’ai planté à Combourg, une croix seule est restée debout, comme si je ne pouvais rien créer de durable que pour la douleur, ni marquer mon passage sur la terre autrement que par des monuments de tristesse.» Manuscrit de 1826.
Geoffroy (Julien-Louis), né à Rennes le 17 août 1743, mort à Paris le 24 février 1814. Créateur du feuilleton littéraire, il fut de 1808 à 1814, le prince des critiques. Ses articles ont été réunis en six volumes, sous le titre de Cours de littérature dramatique. Il avait été élève du collège de Rennes, de 1750 à 1758. – Geoffroy et la critique dramatique sous le Consulat et l’Empire, par Charles-Marc Des Granges, un vol. in-8° 1897.
Ginguené (Pierre-Louis), né à Rennes le 25 avril 1748, mort à Paris le 16 novembre 1816. Placé au collège de Rennes, il y commença ses études sous les jésuites et les termina, après leur expulsion (en 1762), sous les prêtres séculiers qui leur succédèrent. Son ouvrage le plus important est l’Histoire littéraire d’Italie (Paris, 1811–1824, 9 vol. in-8°).
Parny (Evariste-Désiré De Forges de), né à l’île Bourbon le 6 février 1753, mort à Paris le 5 décembre 1814. À l’âge de 9 ans, il fut envoyé en France et mis au collège de Rennes; il y fit ses études avec Ginguené, lequel plus tard a publiquement payé sa dette à ses souvenirs par une agréable épître de 1790, et par son zèle à défendre la Guerre des Dieux dans la Décade. (Sainte-Beuve, Portraits contemporains et divers, tome III, p. 124.)
Le Collège de Rennes était un des plus importants de France. Il avait été fondé par les Jésuites en 1607. Lorsqu’ils le quittèrent, en 1762, un collège communal, aussitôt organisé, fut installé dans les bâtiments qu’ils venaient de quitter. C’est encore dans le même local qui se trouve aujourd’hui le lycée de Rennes, mais l’étendue en a été fort réduite. Il faut, pour avoir une idée de ce qu’était, au XVIIIe siècle, ce collège qui semblait «un monde» à Chateaubriand, consulter les plans que l’autorité royale fit dresser pendant sa procédure contre les Jésuites, plans qui furent envoyés à la cour de Rome et dont le Cabinet des Estampes possède un double, en 5 vol. in-f°. En 1761, le collège de Rennes comptait 4,000 élèves. Histoire de Rennes, par Ducrest et Maillet, p. 229. – Rennes ancien et moderne, par Ogée et Marteville, tome I, p. 204, 235, 237. – Geoffroy, par Charles-Marc Des Granges, p. 3 et suivantes.
«… Saint-Riveul, jeune gentilhomme qui eut l’honneur d’être la première victime de la Révolution. Il fut tué dans les rues de Rennes en se rendant avec son père à la Chambre de la noblesse.» Manuscrit de 1826. – André-François-Jean du Rocher de Saint-Riveul, née à Plénée, fils de Henri du Rocher, comte de Saint-Riveul, et de Anne-Bernardine Roger. Il n’était âgé que de 17 ans, lorsqu’il fut tué, le 27 janvier 1789.
Jean Desmarest, avocat général au Parlement de Paris, décapité en 1383. On l’accusait d’avoir encouragé par sa faiblesse, l’année précédente, la révolte et les excès des Maillotins.
Moreau Jean-Victor, né à Morlaix le 11 août 1763, mort à Lauen le 2 septembre 1813.
Joseph-Pierre Picot de Limoëlan de Clorivière était exactement du même âge que Chateaubriand. Il était né à Broons le 4 novembre 1768. Après avoir été camarades de collège à Rennes, ils se retrouvèrent à l’école ecclésiastique de la Victoire à Dinan. Entré dans l’armée à l’âge de quinze ans, Limoëlan était officier du roi Louis XVI lorsqu’éclata la Révolution. Il émigra, puis rentra bientôt en Bretagne, chouanna dans les environs de Saint-Méen et de Gaël et devint adjudant-général de Georges Cadoudal. En 1798, il remplaça temporairement Aimé du Boisguy dans le commandement de la division de Fougères. À la fin de 1799, alors que la plupart des autres chefs royalistes se voyaient contraints de déposer les armes, il refusa d’adhérer à la pacification et vint à Paris. Il était à la veille d’épouser une charmante jeune fille de Versailles, Mlle Julie d’Albert, à laquelle il était fiancé depuis plusieurs années, lorsqu’eut lieu, rue Saint-Nicaise, l’explosion de la machine infernale (3 nivôse an VIII – 24 décembre 1799). Limoëlan avait été l’un des principaux agents du complot. Grâce au dévouement de sa fiancée, il put échapper aux recherches de la police, gagner la Bretagne et s’embarquer pour l’Amérique. Son premier soin, en arrivant à New-York, fut d’écrire à la famille de Mlle d’Albert, lui demandant de venir le rejoindre aux États-Unis, où le mariage serait célébré. La réponse fut terrible pour Limoëlan. Mlle d’Albert, au moment où il courait les plus grands dangers, avait fait vœu de se consacrer à Dieu, si son fiancé parvenait à s’échapper. Fidèle à sa promesse, elle le suppliait d’oublier le passé pour ne songer qu’à l’avenir éternel. Le jeune officier entra en 1808 au séminaire de Baltimore. Commençant une vie nouvelle, il abandonna le nom de Limoëlan pour prendre celui de Clorivière, sous lequel il est uniquement connu aux États-Unis. Il fut ordonné prêtre au mois d’août 1812 et devint curé de Charleston. Lorsque, deux ans plus tard, l’abbé de Clorivière apprit la restauration des Bourbons, le chef royaliste se retrouva sous le prêtre, et il entonna avec enthousiasme dans son église un Te Deum d’actions de grâces. En 1815, il se rendit en France, mais dans l’unique but de liquider ce qui lui restait de sa fortune, afin d’en rapporter le produit en Amérique et de l’employer tout entier à l’avantage de la religion. En 1820, il fut nommé directeur du couvent de la Visitation de Georgetown. Ce couvent avait été fondé, en 1805, par une pieuse dame irlandaise, miss Alice Lalor, et un assez grand nombre de saintes filles y avaient pris le voile à son exemple. Mais, en 1820, l’établissement, privé de toutes ressources financières, végétait péniblement, et les bonnes sœurs se voyaient menacées chaque année d’être dispersées. L’abbé de Clorivière se chargea d’assurer l’avenir de cette utile fondation. Il construisit à ses frais un pensionnat pour l’éducation des jeunes personnes, et une élégante chapelle, dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Il contribua aussi par de larges donations à l’établissement d’un externat gratuit pour les enfants pauvres. C’est dans le monastère même dont il est le second fondateur que l’abbé de Clorivière mourut, le 20 septembre 1826, laissant une mémoire qui est encore en vénération aux États-Unis. – Mlle Julie d’Albert lui survécut longtemps. Elle resta fidèle à son vœu de célibat et refusa les nombreux partis qui se présentèrent à elle dans sa jeunesse. Mais elle ne se sentit pas la vocation d’entrer au couvent, et après plusieurs tentatives, qui montrèrent que la vie religieuse ne lui convenait pas, elle obtint, à l’âge de cinquante ans, du pape Grégoire XVI, d’être relevée du vœu imprudent qu’elle avait formé. Elle est morte à Versailles, dans un âge avancé, après une vie consacrée tout entière à l’exercice de la piété et de la charité. – L’abbé de Clorivière avait écrit, sur les événements auxquels il avait pris part en France, de volumineux mémoires. Arrivé à la fin de la relation de chaque année, il cachetait le cahier et ne l’ouvrait plus. «Ces cahiers, dit-il plus d’une fois aux bonnes sœurs de Georgetown, contiennent beaucoup de faits intéressants et importants pour l’histoire et la religion.» Par son testament, il ordonna de brûler ses cahiers. Cette clause a été fidèlement observée à sa mort, et on doit le regretter vivement pour l’histoire. Au moment de mourir, l’abbé de Clorivière ne voulait pas qu’il restât rien de ce qui avait été Limoëlan. Limoëlan pourtant vivra. Dans le temps même où il donnait l’ordre de détruire ses Mémoires. Chateaubriand écrivait les siens et assurait ainsi l’immortalité à son camarade de collège. Voir dans la Revue de Bretagne et de Vendée, tome VIII, p. 343, la notice sur l’Abbé de Clorivière, par C. de Laroche-Héron (Henry de Courcy.)
Chateaubriand glisse ici sur cette petite aventure de collège; dans le Manuscrit de 1826, il avait un peu plus appuyé, n’omettant aucun détail. Voici cette première version: «Un quart d’heure après, voici venir le préfet sur la pointe du pied. Comme avec raison nous lui étions fort suspects, il s’arrête à notre porte, écoute, regarde, n’aperçoit point de lumière, croit le trou bouché, y enfonce imprudemment le doigt… Qu’on juge de sa colère? «Qui a fait cela?» s’écrie-t-il en se précipitant dans la chambre. Limoëlan d’éclater de rire et Gesril de dire en nasillant avec un air moitié niais, moitié goguenard: «Qu’est-ce donc, monsieur le préfet?» Quand nous sûmes ce que c’était, nous voilà, Saint-Riveul et moi, à nous pâmer de rire comme Limoëlan, à nous boucher le nez et à nous coucher sous nos couvertures, tandis que Gesril, se levant en chemise, offrit gravement au préfet sa cuvette et son pot à l’eau.»
Le mariage de la troisième sœur de Chateaubriand avec Annibal Pierre-François de Farcy de Montavalon eut lieu en 1782. Le comte de Farcy était capitaine au régiment de Condé, infanterie.
Il s’agit ici de Thérèse-Josèphe de Moëlien, fille de Sébastien-Marie-Hyacinthe de Moëlien, chevalier seigneur de Trojolif (et non Tronjoli), Kermoisan, Kerguelenet et autres lieux, conseiller au Parlement de Bretagne, et de Périnne-Josèphe de la Belinaye. Elle était née à Rennes le 14 juillet 1759. Elle avait donc vingt-trois ans, lorsque Chateaubriand la vit à Combourg. Quand il écrivit ses Mémoires, il la revoyait encore avec ses yeux de collégien; mais les témoignages contemporains s’accordent à dire qu’elle n’était ni belle ni jolie. Les mots du texte: et intime amie du marquis de la Rouërie, ne se trouvent pas dans le Manuscrit de 1826. Chateaubriand ici a trop facilement accepté un bruit sans fondement. Thérèse de Moëlien aimait – non la Rouërie – mais le major américain Chafner, qu’elle devait épouser, si elle survivait à la conspiration, où tous deux jouaient un rôle si actif. Le courageux Chafner, en apprenant les dangers dont le trône de Louis XVI était entouré, était accouru d’Amérique pour mettre son dévouement au service du roi qui avait assuré l’indépendance de sa patrie. Thérèse de Moëlien, traduite devant le tribunal révolutionnaire de Paris, avec vingt-six autres accusés, impliqués, comme elle, dans ce qu’on appela la Conjuration de Bretagne, fut guillotinée, le 18 juin 1793. Le major Chafner, qui n’avait pu être arrêté, se trouvant à Londres au moment où la conspiration fut découverte, revint en Bretagne et périt à Nantes, sous le proconsulat de Carrier, après avoir, au milieu des Vendéens, bravement vengé la mort de Mlle de Moëlien. (Biographie bretonne, tome II, article La Rouërie; – Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, tome III, chapitre II; – Théodore Muret, Histoire des guerres de l’Ouest, tome III; – Frédéric de Pioger, la Conspiration de La Rouërie: – G. Lenotre.)
Allusion au titre des hymnes mystiques d’Orphée qui s’appelaient parfums (Thymiamata). (Comte de Marcellus, Chateaubriand et son temps, p. 17.)
Ravenel du Boisteilleul (Jean-Baptiste-Joseph-Eugène de), fils de messire Théodore-François de Ravenel, seigneur du Boisteilleul, du Boisfaroye, etc., et de dame Angélique-Julie de Broise, né à Amanlis (diocèse de Rennes) le 13 septembre 1738, décédé à Rennes le 20 juin 1815. Il fut promu capitaine de vaisseau le 13 mars 1779. L’année suivante, dans un combat près le Cap Français (capitale de l’île Saint-Domingue) contre la frégate anglaise l’Unicorn, il réussit à s’emparer de ce bâtiment. Il se retira du service, pour cause de santé, non avec le grade de chef d’escadre, mais avec celui de capitaine de vaisseau, brigadier des armées navales. (Archives du Ministère de la Marine.) Cousin-germain de la mère de Chateaubriand, le comte de Ravenel du Boisteilleul était par conséquent l’oncle à la mode de Bretagne du grand écrivain. Il avait épousé à Saint-Germain de Rennes, le 11 avril 1780, Demoiselle Marie-Thérèse Mahé de Kerouan, fille d’un ancien capitaine au régiment de Piémont, qui lui survécut de longues années et mourut à Rennes le 25 avril 1837.
Hyacinthe-Eugène-Pierre de Ravenel du Boisteilleul, né le 17 mars 1784, capitaine d’artillerie, décoré sur le champ de bataille de Smolensk, décédé à la Tricaudais en Guichen le 13 juin 1868.
Pauline-Zoé-Marie de Farcy de Montavallon, née à Fougères le 15 juin 1784, mariée le 16 novembre 1814 à Hyacinthe de Ravenel du Boisteilleul, décédée à Rennes le 24 décembre 1850.
Charles-Jean, comte d’Hector, né à Fontenay-le-Comte, en Poitou, le 22 juillet 1722. Chef d’escadre le 4 mai 1779, après les plus glorieux services de mer, il fut nommé, l’année suivante, commandant du port de Brest et remplit ces hautes fonctions jusqu’au mois de février 1791. Obéissant à la voix des princes qui l’appelaient à Coblentz, il se rendit près d’eux et reçut le commandement du Corps de la marine royale, exclusivement composé d’officiers de marine. À la fin de la campagne, ce corps fut licencié; mais il fut réorganisé deux ans plus tard, en Angleterre, et le comte d’Hector en fut de nouveau nommé colonel, ce qui fit donner à ce régiment, formé tout entier d’officiers de marine, comme en 1792, le nom de régiment d’Hector. Nous avions vu, dans la note sur Gesril, que ce dernier en faisait partie. Lorsque ce régiment fut appelé à faire partie de l’expédition de Quiberon, il se trouva que les intrigues de Puysaie avaient fait écarter le comte d’Hector. Ses instances furent telles qu’à la fin il lui fut accordé d’aller rejoindre son poste de combat. Mais comme il faisait route pour la Bretagne, il apprit le désastre de l’expédition (21 juillet 1795). D’Hector avait alors 73 ans, et il lui fallait renoncer à l’espoir qu’il avait eu de mourir sur le champ de bataille; il se renferma dans la retraite, près de la ville de Reading, à treize lieues de Londres, et c’est là qu’il mourut, le 18 août 1808, à l’âge de 86 ans. – Le comte d’Hector a laissé des Mémoires, encore inédits, mais qui, nous l’espérons, verront bientôt le jour.
La Pérouse (Jean-François de Galaup, comte de), né au Gua, près d’Albi, en 1741, mort près de l’île Vanikoro à une époque incertaine, mais vraisemblablement dans le courant de l’année 1788. C’est à Brest qu’il prit la mer, le 1er août 1785, avec les frégates la Boussole et l’Astrolabe, emportant les instructions que Louis XVI, d’une main savante, avaient rédigées pour lui. Tous deux, hélas! allaient périr et disparaître presque à la même heure: le marin au sein de la nuit et des tempêtes de l’Océan, le roi au milieu des orages plus terribles encore de la Révolution.
Ce livre a été composé au château de Montboissier (juillet-août 1817) et à la Vallée-aux-Loups (novembre 1817). – Il a été revu en décembre 1846.
Le château de Montboissier est situé dans la commune de Montboissier, canton de Bonneval, arrondissement de Châteaudun (Eure-et-Loir).
La comtesse de Colbert-Montboissier était la petite-fille de Malesherbes. Fille du marquis de Montboissier, l’un des gendres du défenseur de Louis XVI, elle avait épousé, en 1803, le comte de Colbert de Maulevrier (Édouard-Charles-Victornien), descendant du comte de Maulevrier, lieutenant-général des armées du roi, l’un des frères du grand Colbert. Capitaine de vaisseau en 1791, le comte de Colbert avait émigré l’année suivante et avait pris part à l’expédition de Quiberon. La Restauration le fit capitaine des gardes du pavillon amiral (1814). Retiré avec le grade de contre-amiral à Montboissier, il fut élu député d’Eure-et-Loir, le 22 août 1815, et fit partie de la majorité de la Chambre introuvable. Il mourut à Paris le 2 février 1820.
«Il acheta bientôt une charge de maître des requêtes, que M. de Malesherbes le força de vendre pour entrer au service, comme la véritable carrière d’un homme de son nom, lorsqu’il épousa mademoiselle de Rosambo.» Manuscrit de 1826. – Le mariage du frère de Chateaubriand avec Aline-Thérèse Le Peletier de Rosambo eut lieu en novembre 1787.
M. de La Luzerne, qui prit possession de l’ambassade de Londres au mois de janvier 1788, comptait, en effet, parmi les secrétaires attachés à son ambassade, André de Chénier, alors âgé de vingt-cinq ans seulement. Le poète, qui prenait d’ailleurs de fréquents congés, revint définitivement à Paris au mois de juin 1791. (Notice sur André de Chénier, par M. Gabriel de Chénier, p. 11. – André Chénier, sa vie et ses écrits politiques, par L. Becq de Fouquières, p. 12.)
Mirabeau écrivait à son ami Mauvillon, le 3 décembre 1789: «Ce qu’on vous avait dit relativement au Bosphore (c’est-à-dire à l’ambassade de Constantinople) a été vrai, et beaucoup d’autres choses plus belles encore; mais tout cela n’était qu’un honorable exil, et c’est ici que je suis nécessaire, si je suis nécessaire à quelque chose.» – Voir les Mirabeau, par Louis de Loménie, tome V, page 31.
Sur l’abbé Duhamel et le séjour de Chateaubriand à Dinan, voir à l’Appendice, le № V: Chateaubriand et le collège de Dinan.
Duclos (Charles Pinot, sieur), historiographe de France et secrétaire perpétuel de l’Académie française, né à Dinan le 12 février 1704, mort le 26 mars 1772. Maire de sa ville natale, de 1741 à 1750, il s’occupa avec sollicitude de ses intérêts et de son embellissement, encore bien qu’il résidât habituellement à Paris. C’est à lui qu’on doit les deux promenades des Grands et des Petits-Fossés, qui longent les anciennes fortifications de Dinan.
«Broussais fut envoyé au collège de Dinan, où il fit un séjour de huit années.» Notice sur Broussais, par le Dr de Kergaradec, membre de l’Académie de Médecine.
«On sait l’effroyable abus que Broussais et son école ont fait de la diète et des sangsues.» Dr de Kergaradec, op. cit.
François-Jean Raphaël de Brunes, comte (et non marquis) de Montlouet, commissaire des États de Bretagne, né à Pleine-Fougères le 13 août 1728, mort à Bains-les-Bains en Lorraine le 2 août 1787.
Luc-Jean, comte de Gouyon-Beaufort (et non Goyon), chevalier de Saint-Louis, né le 15 février 1725. Il fut guillotiné à Paris le 2 messidor an II (20 juin 1794). Sur les listes de MM. Campardon et Wallon, dans leurs Histoires du Tribunal révolutionnaire, il figure sous le nom de Guyon de Beaufort.
«Les cavaliers turcs, dit l’abbé de Marolles, battus par l’armée chrestienne, près de Komorre, laissèrent neuf cornettes en la puissance des victorieux avec un bon nombre de chevaux, entre lesquels se trouvèrent quatre belles cavales d’une blancheur de poil extraordinaire, qui furent envoyées à ma mère avec un petit carrosse à la mode de ce pays-là, dont elle se servit assez longtemps pour aller à l’église de la paroisse qui estait à une petite lieue de notre maison, ou faire quelques visites dans le voisinage, et quand elle nous menait avec elle, ce nous estait une joye nompareille, parce qu’avec ce qu’elle nous estait la meilleure du monde, et que nous estions ravis de la voir, ce nous estait une réjouyssance nompareille de sortir et de nous aller promener.» Les Mémoires de Michel de Marolles, abbé de Villeloin, tome 1, p. 7. – 1656.
«Un seul incident variait ces soirées qui figureraient dans un roman du XIe siècle: Il arrivait que mon père, interrompant sa promenade, venait quelquefois s’asseoir au foyer pour nous faire l’histoire de la détresse de son enfance et des traverses de sa vie. Il racontait des tempêtes et des périls, un voyage en Italie, un naufrage sur la côte d’Espagne.
«Il avait vu Paris; il en parlait comme d’un lieu d’abomination et comme d’un pays étranger. Les Bretons trouvaient que la Chine était dans leur voisinage, mais Paris leur paraissait au bout du monde. J’écoutais avidement mon père. Lorsque j’entendais cet homme si dur à lui-même regretter de n’avoir pas fait assez pour sa famille, se plaindre en paroles courtes mais amères de sa destinée, lorsque je le voyais à la fin de son récit se lever brusquement, s’envelopper dans son manteau, recommencer sa promenade, presser d’abord ses pas, puis les ralentir en les réglant sur les mouvements de son cœur, l’amour filial remplissait mes yeux de larmes; je repassais dans mon esprit les chagrins de mon père, et il me semblait que les souffrances endurées par l’auteur de mes jours n’auraient dû tomber que sur moi.» Manuscrit de 1826.
Voir, à l’Appendice, le № VI: Histoires de voleurs et de revenants.
«Je composai alors la petite pièce sur la forêt: Forêt silencieuse, que l’on trouve dans mes ouvrages» Manuscrit de 1826. À son retour de l’émigration, en 1800, Chateaubriand fit insérer ces vers dans le Mercure de France, que dirigeait son ami Fontanes. Ils reparurent, en 1828, au tome XXII des Œuvres complètes.
Voyez mes Œuvres complètes. (Paris, note de 1837.) Ch.
Grec: Οναρ ἡμερόφαντον ἀλαίνει. Ch.
Sous ce titre: Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres, précédés d’une Étude sur sa vie, M. Anatole France a publié, en 1879, un exquis petit volume. On y trouve, à la suite des trois petits poèmes insérés ici dans les Mémoires, – L’Aurore, À la lune, l’Innocence, – deux contes publiés dans le Mercure, du vivant de Lucile, mais contre son gré: L’Arbre sensible, conte oriental, et l’Origine de la Rose, conte grec. Viennent ensuite trois lettres à M. de Chênedollé, deux lettres à madame de Beaumont, onze lettres ou fragments de lettres à son frère. C’est peu de chose sans doute, assez pourtant pour que le nom de Lucile de Chateaubriand soit immortel.
Malfilâtre (Alexandre-Henri de), né le 19 février 1757. Pourvu d’un office de conseiller non originaire au Parlement de Bretagne, par lettres du 3 mars 1785, il fut reçu le 3 mai suivant. Pendant l’émigration, il entra dans les ordres et mourut à Somers-town, près Londres, le 18 mars 1803. (Lucile de Chateaubriand et M. de Caud, par Frédéric Saulnier, p.7.) M. Saulnier ajoute: «Il était, croyons-nous, d’origine normande, et peut-être parent du poète du même nom. Au XVIIIe siècle, il y avait des Malfilâtre aux environs de Falaise.»
Vers la fin de 1793, Lucile fut arrêtée et enfermée à Rennes, au couvent du Bon-Pasteur, devenu la prison de la Motte, où se trouvaient déjà sa sœur, madame de Farcy, et sa belle-sœur, madame de Chateaubriand. Un document émané du Comité de surveillance de la commune de Rennes relate ainsi les causes de leur incarcération:
Séance du 8 pluviôse an II (27 janvier 1794) de la République une et indivisible.
Le Comité de surveillance et révolutionnaire de la commune de Rennes a arrêté d’envoyer au district les motifs qui ont déterminé les incarcérations et arrestations des personnes suivantes:
1º Julie Chateaubriand, femme Farcy, ex-noble, âgée de 27 ans, envoyée à la maison de réclusion de Rennes, le 21 octobre 1793 (vieux stile), par le Comité de surveillance de Fougères, sans autres motifs;
2º Lucille Chateaubriand, ex-noble, âgée de 25 ans, regardée comme suspecte aux termes de la loi du 17 septembre (vieux stile);
3º Céleste Buisson, femme Chateaubriand, ex-noble, âgée de 18 ans, envoyée de Fougères le 21 octobre 1793, même motif.
Il ressort de cette pièce que Lucile n’a pas été envoyée de Fougères à Rennes, le 21 octobre 1793, bien qu’à cette époque elle vécût, dans la première de ces deux villes, avec sa sœur et sa belle-sœur. Il est probable qu’elle fut, à ce moment, laissée en liberté, et qu’elle provoqua elle-même son incarcération, pour ne pas quitter la jeune femme, son amie, dont elle avait promis de ne pas se séparer. On lit, en effet, dans une lettre de Lucile, la dernière qu’elle ait écrite à son frère: «Lorsque tu partis pour la seconde fois de France, tu remis ta femme entre mes mains, tu me fis promettre de ne m’en point séparer. Fidèle à ce cher engagement, j’ai tendu volontairement mes mains aux fers, et je suis entrée dans ces lieux destinés aux seules victimes vouées à la mort.»
Lucile, madame de Farcy et leur jeune belle-sœur recouvrèrent la liberté après le 9 thermidor. Elles sortirent de la prison de la Motte le 15 brumaire an III (5 novembre 1794).
Le mariage de Lucile et de M. de Caud eut lieu à Rennes le 15 thermidor an IV (2 août 1796). Le chevalier de Caud (Jacques-Louis-René), fils de Pierre-Julien Caud, sieur du Basbourg, avocat au Parlement, et de dame Jeanne-Rose Baconnière, était né à Rennes le 19 juin 1727. Sur l’État militaire de France pour l’année 1787, il figure avec les qualifications suivantes: «M. le chevalier de Caud, lieutenant-colonel, chevalier de Saint-Louis, commandant le bataillon de garnison du régiment de Monsieur (Troupes provinciales)». Il était, à la même date, commandant pour S. M. des ville et château de Fougères. En 1796, il n’est plus, sur son acte de mariage, que «Jacques-Louis-René Decaud, vivant de son bien». Le jour des épousailles, Lucile avait 31 ans; M. de Caud était presque septuagénaire: il avait 69 ans passés. «Il laissa sa femme, dit Chateaubriand, veuve au bout d’un an.» Il fit même mieux: il la laissa veuve au bout de sept mois et demi. Le 26 ventôse an V (16 mars 1797), l’officier public de Rennes enregistrait le décès de «Jacques-Louis-René Decaud, vivant de son bien, âgé de soixante-dix ans, décédé en sa demeure, rue de Paris, ce matin, environ six heures.» Voir l’étude si intéressante et si complète de M. Frédéric Saulnier sur Lucile de Chateaubriand et M. de Caud. – M. Anatole France a commis une double erreur, dans sa Notice sur Lucile, page 35, en donnant pour date à son mariage «cette terrible année 1793», et en disant qu’elle épousa «le comte de Caud».
Tavernier (Jean-Baptiste), né en 1605 à Paris, mort en 1686 à Moscou. Après avoir parcouru la plus grande partie de l’Europe, il fit six voyages dans les Indes. Les Voyages de Tavernier en Turquie, en Perse et aux Indes (Paris, 1679) ont été souvent réimprimés.
Chactas fait la même question au P. Aubry – : «Homme-prêtre, qu’es-tu venu faire dans ces forêts? – Te sauver, dit le vieillard d’une voix terrible, dompter tes passions, et t’empêcher, blasphémateur, d’attirer sur toi la colère céleste!» (Atala.)
À mesure que j’avance dans la vie, je retrouve des personnages de mes Mémoires: la veuve du fils du médecin Cheftel vient d’être reçue à l’infirmerie de Marie-Thérèse; c’est un témoin de plus de ma véracité (Note de Paris, 1834). Ch.
Par pitié sans doute et par reconnaissance pour le médecin qui l’avait si bien soigné, Chateaubriand n’a pas cru devoir dire ce que fut le rôle de Cheftel fils. Il ne se contenta pas de vendre les secrets du marquis de La Rouërie, il trahit jusqu’au cadavre de celui qui avait été son ami. Ses perfides manœuvres conduisirent au tribunal révolutionnaire ceux dont il avait paru servir les desseins; il fit monter sur l’échafaud ces trois femmes héroïques, Thérèse de Moëlien, Mme de la Motte de la Guyomarais et Mme de La Fonchais, la sœur d’André Desilles.
les champs où fut Troie (Virgile)
Pierre Abailard (1079–1142) est né au Pallet, petit bourg à quatre lieues de Nantes.
Ce sont les derniers vers du Paradis perdu, chant XIIe:
The world was all before them, where to choose
Their place of rest, and Providence their guide!
Dans René, Chateaubriand a immortalisé le souvenir de cette dernière visite à Combourg: «J’arrivai au château par la longue avenue de sapins; je traversai à pied les cours désertes; je m’arrêtai à regarder les fenêtres fermées ou demi-brisées, le chardon qui croissait au pied des murs, les feuilles qui jonchaient le seuil des portes, et ce perron solitaire où j’avais vu si souvent mon père et ses fidèles serviteurs. Les marches étaient déjà couvertes de mousse; le violier jaune croissait entre leurs pierres déjointes et tremblantes. Un gardien inconnu m’ouvrit brusquement les portes….. J’entrai sous le toit de mes ancêtres. Je parcourus les appartements sonores où l’on n’entendait que le bruit de mes pas. Les chambres étaient à peine éclairées par la faible lumière qui pénétrait entre les volets fermés: je visitai celle où ma mère avait perdu la vie en me mettant au monde, celle où se retirait mon père, celle où j’avais dormi dans mon berceau, celle enfin où l’amitié avait reçu mes premiers vœux dans le sein d’une sœur. Partout les salles étaient détendues, et l’araignée filait sa toile dans les couches abandonnées. Je sortis précipitamment de ces lieux, je m’en éloignai à grands pas sans oser tourner la tête. Qu’ils sont doux, mais qu’ils sont rapides, les moments que les frères et les sœurs passent dans leurs jeunes années, réunis sous l’aile de leurs vieux parents! La famille de l’homme n’est que d’un jour; le souffle de Dieu la disperse comme une fumée. À peine le fils connaît-il le père, le père le fils, le frère la sœur, la sœur le frère! Le chêne voit germer ses glands autour de lui; il n’en est pas ainsi des enfants des hommes!»
Ce livre a été écrit à Berlin (mars et avril 1821). Il a été revu en juillet 1846.
Le Conservateur avait été fondé par Chateaubriand au mois d’octobre 1818. Il avait pour devise: Le Roi, la Charte et les Honnêtes Gens. Ses principaux rédacteurs étaient, avec Chateaubriand, qui n’a peut-être rien écrit de plus parfait que certains articles de ce recueil, l’abbé de La Mennais, le vicomte de Bonald, Fiévée, Berryer fils, Eugène Genoude, le vicomte de Castelbajac, le marquis d’Herbouville, M. Agier, le cardinal de La Luzerne, le duc de Fitz-James, etc. Le Conservateur cessa de paraître le 29 mars 1820, à la suite du rétablissement de la censure.
Les Mémoires sur la vie et la mort de Mgr le duc de Berry avaient paru dès le mois d’avril 1820.
Chateaubriand fut nommé, par Ordonnance du 28 novembre 1820, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près la cour de Prusse.
Frédéric-Guillaume II (1744–1797), neveu et successeur du grand Frédéric.
Dorothée, princesse de Courlande, née le 21 août 1795, de Pierre, dernier duc de Courlande, et de Dorothée, comtesse de Miden. Elle épousa, le 22 avril 1810, le comte Edmond de Périgord, neveu du prince de Talleyrand. Ce dernier, à l’époque du Congrès de Vienne, dut renoncer à la principauté de Bénévent et reçut en échange le duché de Dino en Calabre: il en abandonna le titre à son neveu, et sa nièce s’appela dès lors duchesse de Dino. Ce fut à elle qu’il confia le soin de faire les honneurs de son salon. Femme éminente, d’un esprit sérieux, cultivé et indépendant, elle déploya dans cette tâche tant de charme et de tact que l’on accourait à l’hôtel de la rue Saint-Florentin pour elle peut-être plus encore que pour le maître de la maison. Elle ne quitta plus le prince et entoura de soins les années de sa vieillesse. Ce fut elle qui lui parla d’une réconciliation avec l’Église; ce fut sur ses instances qu’il signa, le 17 mai 1838, sa rétractation et sa lettre au Saint-Père. Le 3 mai, précédant de quelques jours dans la tombe son frère le prince de Talleyrand, le duc de Talleyrand-Périgord était mort à l’âge de soixante-dix-huit ans, et ce titre était passé à son fils Edmond de Talleyrand-Périgord. Madame de Dino, devenue duchesse de Talleyrand, mourut à son tour le 19 septembre 1862. (Voir, à l’Appendice du tome III des Souvenirs du baron de Barante, la Notice sur la duchesse de Dino.)
Le comte Roger de Caux, premier secrétaire; le chevalier de Cussy, deuxième secrétaire. – Le comte Roger de Caux, après avoir été secrétaire à Madrid (1814) et à la Haye (1816), était depuis 1820 secrétaire à Berlin. Lors de la guerre d’Espagne, il fut attaché à l’expédition du duc d’Angoulême avec le titre de chargé d’affaires à Madrid. Il a rempli le fonctions de ministre de France à Hanovre du 1er juin 1823 au 15 mai 1831. – Le chevalier de Cussy, né à Saint-Étienne-de-Montluc (Loire-Inférieure) le 1er décembre 1795, était deuxième secrétaire à Berlin depuis le 1er février 1820. Il devint en 1823 secrétaire à Dresde. De 1827 à 1845, il fut successivement consul à Fernambouc, à Corfou, à Rotterdam, à Dublin et à Dantzick. Consul général à Palerme (12 mars 1845), puis à Livourne (novembre 1847), il fut mis à la retraite le 13 avril 1848. Il avait épousé en 1828 Mlle Amélie Dubourg de Rosnay, fille du général de ce nom.
Aujourd’hui l’empereur et l’impératrice de Russie. (Paris, note 1832.) Ch. – Nicolas Ier (1796–1855). Troisième fils de Paul Ier, il monta sur le trône en 1825, à la mort d’Alexandre Ier, son frère aîné, par l’effet de la renonciation de son autre frère, l’archiduc Constantin. Il avait épousé la princesse Charlotte de Prusse, fille du roi Frédéric-Guillaume III.
Sur le cousin Moreau et sur sa mère Julie-Angélique-Hyacinthe de Bedée, sœur de madame de Chateaubriand, voir, à l’Appendice, le № VII: Le cousin Moreau.
Avec une figure que l’on trouvait charmante, une imagination pleine de fraîcheur et de grâce, avec beaucoup d’esprit naturel, se développèrent en elle ces talents brillants auxquels les amis de la terre et de ses vaines jouissances attachent un si puissant intérêt. Mademoiselle de Chateaubriand faisait agréablement et facilement les vers; sa mémoire se montrait fort étendue, sa lecture prodigieuse; c’était en elle une véritable passion. On a connu d’elle une traduction en vers du septième chant de la Jérusalem délivrée, quelques épîtres et deux actes d’une comédie où les mœurs de ce siècle étaient peintes avec autant de finesse que de goût.» (L’abbé Carron, Vie de Julie de Chateaubriand, comtesse de Farcy.)
J’ai placé la vie de ma sœur Julie au supplément de ces Mémoires. (Note B.) – Ch.
L’abbé Carron (Guy-Toussaint-Joseph), né à Rennes le 25 février 1760. Réfugié en Angleterre après le 10 Août, il fonda à Somers-Town, près Londres, plusieurs établissements charitables, et notamment deux maisons d’éducation destinées à recevoir les enfants des émigrés pauvres. À la première Restauration il fut invité par Louis XVIII à revenir à Paris, amenant avec lui ses élèves et les dames qui s’étaient consacrées, sous sa direction, à cette œuvre de dévouement. L’Institut des nobles orphelines – tel fut alors le titre que prit l’établissement de l’abbé Carron – fut installé rue du faubourg Saint-Jacques, au nº 12 de l’impasse des Feuillantines. Le retour de l’île d’Elbe obligea le saint prêtre à reprendre le chemin de l’exil; il se trouvait, en effet, compris dans l’un des nombreux décrets de proscription que Napoléon avait lancés de Lyon. Il ne revint en France que le 8 novembre 1815. En 1816, la duchesse d’Angoulême consentit à ce que son établissement prit le nom d’Institut royal de Marie-Thérèse. C’est dans cette maison qu’il mourut le 15 mars 1821. Il avait écrit un nombre considérable d’ouvrages, dont les principaux sont: les Confesseurs de la foi dans l’Église gallicane à la fin du XVIIIe siècle, et les Vies des Justes dans les différentes conditions de la vie. Ce dernier recueil, qui ne forme pas moins de huit volumes, se divise en plusieurs séries: Vies des Justes dans l’état du mariage; – dans l’étude des lois ou dans la Magistrature; – dans la profession des armes; – dans l’épiscopat et le sacerdoce; – parmi les filles chrétiennes; – dans les conditions ordinaires de la société; – dans les plus humbles conditions de la société; – dans les plus hauts rangs de la société. C’est dans cette dernière série que se trouve la vie de Mme de Farcy. – Voir la Vie de l’abbé Carron, par un Bénédictin de la congrégation de France, un volume in-8, 1866.
La Vie de Julie de Chateaubriand se termine en effet par ces lignes: «Mlle de Chateaubriand n’était pas fille unique: hélas! la postérité, en s’attachant à ce nom célèbre, dira les victimes qu’il rappelle, victimes d’un dévouement sans bornes à l’autel et au trône. Un de ses frères, avec tant d’autres braves, avait quitté le sol de la patrie quand sa sœur y périt; elle avait vu la tombe s’ouvrir devant elle, et ce fut de ses bords qu’elle fit tenir, à ce frère si chéri et si digne de l’être, le dernier gage de sa tendresse. Écoutons-le nous raconter l’effet que cet envoi touchant fit sur son cœur.» (Suivait un extrait de la Préface de la première édition du Génie du christianisme.)
Julien-Hyacinthe de Marnière, chevalier de Guer, fils cadet de Joseph-Julien de Marnière, marquis de Guer, et d’Angélique-Olive de Chappedelaine, né à Rennes le 25 mars 1748. Il émigra en 1791, fit une campagne à l’armée des princes et passa ensuite en Angleterre. En 1795, il rentra en France, et on le retrouve alors à Lyon, où il est un des agents les plus actifs du parti royaliste. Obligé de repasser en Angleterre, il ne revint que sous le Consulat et publia, de 1801 à 1815, plusieurs écrits sur des matières financières, économiques et politiques. Préfet du Lot-et-Garonne sous la Restauration, il venait d’être appelé à la préfecture du Morbihan, lorsqu’il mourut à Paris, le 26 juin 1816.
Pommereul (François-René-Jean, baron de), né à Fougères le 12 décembre 1745. Général de division (1796); préfet d’Indre-et-Loire (1800–1805); préfet du Nord (1805–1810); directeur-général de l’imprimerie et de la librairie (1811–1814); commissaire extraordinaire, durant les Cent-Jours, dans la 5e division militaire (Haut et Bas-Rhin). Il fut proscrit par l’ordonnance du 24 juillet 1815, mais, dès 1819, il obtint de rentrer en France. Il mourut à Paris le 5 janvier 1823. On lui doit un grand nombre d’ouvrages et, en particulier, celui auquel fait allusion Chateaubriand: Campagnes du général Bonaparte en Italie pendant les années IV et V de la République française, in-8°, avec cartes; Paris, l’an VI (1797). Le baron de Pommereul était un homme de rare mérite. Un contemporain, dont les jugements ne pèchent pas d’habitude par excès d’indulgence, le général Thiébault, parle de lui en ces termes: «Quant au général Pommereul, ce que j’avais appris de ses travaux scientifiques et littéraires, des missions qu’il avait remplies, de sa capacité enfin, était fort au-dessous de ce que je trouvai en lui. Peu d’hommes réunissaient à une instruction aussi variée et aussi complète une élocution plus nerveuse. Sa répartie était toujours vive, juste et ferme, et, lorsqu’il entreprenait une discussion, il la soutenait avec une haute supériorité, de même que, lorsqu’il s’emparait d’un sujet, il le développait avec autant d’ordre et de profondeur que de clarté; et tous ces avantages, il les complétait par une noble prestance et une figure qui ne révélait pas moins son caractère que sa sagacité. C’est un des hommes les plus remarquables que j’aie connus.» Mémoires du général baron Thiébault, T. III, p. 280.
Lettres de Mme de Sévigné, des 4, 11 et 18 décembre 1675.
Ce n’était pas la comtesse Victorine de Chastenay, l’auteur des très spirituels Mémoires publiés en 1896 par M. Alphonse Roserot. Mme Victorine de Chastenay n’avait que quinze ans en 1786. Elle a raconté elle-même comment elle vit Chateaubriand, pour la première fois, non chez elle en 1786, mais beaucoup plus tard, sous le Consulat, à un dîner chez Mme de Coislin, auquel assistait: «l’auteur du Génie du christianisme», alors dans tout l’éclat de sa jeune gloire. Mémoires de Mme de Chastenay, T. II, p. 76.
La comtesse de Québriac, Bénigne-Jeanne de Chateaubriand, avait épousé en secondes noces, à Saint-Léonard de Fougères, le 24 avril 1786, Paul-François de la Celle, vicomte de Chateaubourg, capitaine au régiment de Condé, chevalier de Saint-Louis, né à Rennes le 29 février 1752. – De ce dernier mariage sont nés plusieurs enfants, et notamment un fils, Paul-Marie-Charles, devenu chef de nom et armes, né en 1789, décédé en 1859, laissant plusieurs fils qui ont continué la postérité.
L’État militaire de la France pour 1787, à l’article Régiment de Navarre, donne sur ces officiers les indications suivantes: M. de Guénan, lieutenant en premier; M. Berbis des Maillis (et non des Mahis), lieutenant en second; La Martinière, lieutenant en second; Achard, sous-lieutenant.
Victurnien-Bonaventure-Victor de Rochechouart, marquis de Mortemart (1753–1823), entra en 1768 à l’École d’artillerie de Strasbourg, devint ensuite capitaine, puis lieutenant-colonel au régiment de Navarre, fut, en 1778, colonel en second du régiment de Brie, et, en 1784, colonel-commandant du régiment de Navarre. Député aux États-Généraux de 1789 par la noblesse du bailliage de Rouen, il fut promu maréchal de camp le 1er mars 1791, émigra en 1792 et servit à l’armée des princes, où Chateaubriand le retrouva. À la première Restauration, il fut fait lieutenant général le 3 mars 1815, et, après les Cent-Jours, il fit partie, ainsi que son ancien sous-lieutenant au régiment de Navarre, de la promotion de Pairs du 17 août 1815.
Christophe-François-Thérèse Picon, comte d’Andrezel, né à Paris en 1746, était le petit-fils de Jean-Baptiste-Louis Picon, marquis d’Andrezel, ambassadeur de France à Constantinople, et de Françoise-Thérèse de Bassompierre. D’abord page, il entra dans l’armée et fut promu, en 1784, major au régiment de Navarre. Il émigra et fit la campagne des princes. Au retour des Bourbons, il fut nommé maréchal de camp et admis à la retraite. Il entra alors, quoique âgé de 69 ans, dans la carrière administrative et remplit, de 1815 à 1821, les fonctions de sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Dié (Vosges).
Frédéric II mourut le 17 août 1786.
Le 12 prairial an VI correspondait au 31 mai 1798.
23 avril 1798.
Mon neveu à la mode de Bretagne, Frédéric de Chateaubriand, fils de mon cousin Armand, a acheté La Ballue, où mourut ma mère. Ch.
Le château de Marigny est situé dans la commune de Saint-Germain-en-Coglès, canton de Saint-Brice-en-Coglès, arrondissement de Fougères (Ille-et-Vilaine). C’est, on le sait, dans les environs de Fougères que Balzac a placé le théâtre de son roman des Chouans, ou la Bretagne en 1799, et il l’écrivit précisément au château de Marigny, où il était l’hôte du général baron de Pommereul. Il aurait pu y faire un rôle à la sœur de Chateaubriand, car la comtesse de Marigny, royaliste ardente, ne laissa pas de prendre à la chouannerie une part assez active; son château servait aux chefs de lieu de rendez-vous. On la trouve de même mêlée à la pacification de 1800. (Le Maz, Un district breton, p. 338.) La comtesse de Marigny est morte à Dinan le 18 juillet 1860, dans sa cent et unième année.
Saint-Huberti (Marie-Antoinette Clavel, dite), première chanteuse de l’Opéra, née à Strasbourg vers 1756. Point belle, mais d’une physionomie fort expressive, elle était sans rivale dans les opéras de Gluck, et particulièrement dans le rôle d’Armide, pour l’expression de son chant, la largeur de son jeu et la noblesse de ses attitudes. Mariée d’abord à un aventurier nommé Saint-Huberti, elle épousa, le 29 décembre 1790, le comte d’Antraigues, député aux États-Généraux. Ils périrent tous deux tragiquement, le 22 juillet 1812, en leur cottage de Barnes Terrace, près Londres, assassinés par un domestique italien nommé Lorenzo, congédié de la veille. – Voir le volume de M. Léonce Pingaud: Un agent secret sous la Révolution et l’Empire. Le comte d’Antraigues, 1893.
Mémoires du maréchal de Bassompierre, contenant l’histoire de sa vie et ce qui s’est fait de plus remarquable à la cour de France jusqu’en 1640, tome I, p. 305.
Nom d’une salle d’attente dans le château de Versailles, lorsque la Cour s’y trouvait; elle était éclairée par un œil-de-bœuf.
Coigny (Marie-Henry-François Franquetot, duc de), né à Paris le 28 mars 1737. Il était, depuis 1774, premier écuyer du roi. En 1789, il fut élu député de la noblesse aux États-Généraux par le baillage de Caen et siégea au côté droit. Sous la Restauration, il fut nommé successivement pair de France (4 juin 1814), gouverneur du château de Fontainebleau, premier écuyer du roi, gouverneur de Cambrai, gouverneur des Invalides (10 janvier 1816) et maréchal de France (3 juillet suivant). Il est mort à Paris le 19 mai 1821.
J’ai retrouvé M. le comte d’Hautefeuille; il s’occupe de la traduction de morceaux choisis de Byron; madame la comtesse d’Hautefeuille est l’auteur, plein de talent, de l’Âme exilée, etc., etc. Ch.
Hautefeuille (Charles-Louis-Félicité-Texier, comte d’), né à Caen le 7 janvier 1770. Capitaine de cavalerie en 1789, il fut des premiers à émigrer (1791), et, après avoir fait à l’armée des princes la campagne de 1792, il prit du service en Suède, dans la garde royale, et ne rentra en France qu’en 1811. Le département du Calvados l’envoya en 1815 à la Chambre des députés, où il siégea jusqu’en 1824. Nommé gentilhomme de la chambre du roi, il assista, en cette qualité, au sacre de Charles X. Il est mort à Versailles le 21 septembre 1865. Il avait épousé, en 1823, Mlle de Beaurepaire, fille de l’un des plus vaillants officiers de l’armée vendéenne. La comtesse d’Hautefeuille a publié, sous le pseudonyme d’Anna-Marie, plusieurs ouvrages remarquables, dont les principaux sont l’Âme exilée, la Famille Gazotte et les Cathelineau.
Beauvau (Charles-Juste, duc de), né à Lunéville le 10 septembre 1720. Membre de l’Académie française en 1771, maréchal de France en 1783, ministre de Louis XVI en 1789. Il mourut, le 19 mai 1793, au Val, près de Saint-Germain.
Dans la Gazette de France, du mardi 27 février 1787, on lit ce qui suit: «Le comte Charles d’Hautefeuille, le baron de Saint-Marsault, le baron de Saint-Marsault Chatelaillon et le chevalier de Chateaubriand, qui précédemment avaient eu l’honneur d’être présentés au roi, ont eu, le 19, celui de monter dans les voitures de Sa Majesté, et de la suivre à la chasse.» Ch.
Le Mémorial historique de la Noblesse a publié un document inédit annoté de la main du roi, tiré des Archives du royaume, section historique, registre M. 813 et carton M. 814; il contient les Entrées. On y voit mon nom et celui de mon frère: il prouve que ma mémoire m’avait bien servi pour les dates. (Notes de Paris, 1840.) Ch.
Cette idylle figure, dans l’Almanach des Muses de 1790, à la page 205, sous ce titre: L’Amour de la campagne, et avec cette signature: par le chevalier de C***. Chateaubriand lui a donné place dans ses Œuvres complètes, tome XXI, p. 321.
Ce livre a été écrit à Paris de juin à décembre 1821. – Il a été revu en décembre 1846.
On lit dans le Moniteur du dimanche 29 avril 1821, sous la rubrique: Paris, 28 avril: «M. le vicomte de Chateaubriand, ministre plénipotentiaire de France à Berlin, est arrivé avant-hier à Paris.» Le baptême du duc de Bordeaux eut lieu à Notre-Dame le 1er mai 1821.
M. de Villèle sortit du ministère le 27 juillet 1821; Chateaubriand donna sa démission d’ambassadeur le 31 juillet.
Marigny a beaucoup changé depuis l’époque où ma sœur l’habitait. Il a été vendu et appartient aujourd’hui à MM. de Pommereul, qui l’ont fait rebâtir et l’ont fort embelli. Ch.
C’est la nièce de Chateaubriand, Mme Élisabeth-Cécile Geffelot de Marigny, mariée à Joseph-Louis-Mathurin Gouyquet de Bienassis, qui vendit le château de Marigny au baron de Pommereul, par contrat du 30 juin 1810. Le propriétaire actuel est M. Henri-Charles-Jean, baron de Pommereul, petit-fils de l’acquéreur de 1810, marié le 9 juillet 1849 à Mlle Marie-Thérèse Macdonald de Tarente, petite-fille du maréchal duc de Tarente.
La Martinière (Antoine-Augustin Bruzen de), né à Dieppe en 1673, mort à La Haye le 19 juin 1749. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages, dont le principal: Grand Dictionnaire géographique et critique (La Haye, 1726–1730) ne forme pas moins de 10 vol. in-fol. Il était neveu du P. Simon, dont la notice suit.
Simon (Richard), introducteur du rationalisme dans l’exégèse; né le 13 mai 1638 à Dieppe, où il est mort le 11 avril 1712. Il était membre de l’Oratoire. Après avoir enseigné la philosophie à Juilly et à Paris, il fut exclu de son ordre pour avoir soutenu, dans son Histoire critique du Vieux Testament (1678), des opinions qui suscitèrent les critiques de Bossuet et des solitaires de Port-Royal et le firent condamner par le Saint-Siège. Voir Port-Royal, par Sainte-Beuve, tome IV, p. 380, 509.
Jean Pecquet (1622–1674), né à Dieppe comme les deux précédents. On lui doit plusieurs découvertes importantes, entre autres celle du réservoir du chyle, dit Réservoir de Pecquet. Il était membre de l’Académie des sciences. Médecin et ami de Fouquet, il était aussi l’ami de Mme de Sévigné, qui l’appela pour donner ses soins à Mme de Grignan. Voir les Lettres de Mme de Sévigné des 22 décembre 1664, de janvier 1665, du 19 novembre 1670 et du 11 juillet 1672.
Renée-Élisabeth de la Belinaye, fille aînée d’Armand Magdelon, comte de la Belinaye, et de Marie-Thérèse Frain de la Villegontier, née à Fougères le 28 janvier 1728, morte en la même ville le 19 juin 1816. – Sa sœur, Thérèse de la Belinaye, mariée à Anne-Joseph-Jacques Tuffin de la Rouërie, a été la mère du marquis Armand, le célèbre conspirateur.
Je relève sur l’Almanach royal de 1789, p. 294, la mention suivante: «Cour de Parlement. Grand’Chambre. Président… Messire Louis Le Peletier de Rosambo, rue de Bondy.»
Delisle de Sales (Jean-Baptiste Isoard, dit), né en 1743 à Lyon, mort le 22 septembre 1816. Quelques-unes de ses compilations ne laissèrent pas d’avoir un assez grand succès. Sa Philosophie de la nature, ou Traité de morale pour l’espèce humaine (1769) a obtenu sept éditions. La dernière, publiée en 1804, forme 10 vol. in-8°.
Flins des Oliviers (Claude-Marie-Louis-Emmanuel Carbon de), né en 1757 à Reims, mort en 1806. La multiplicité de ses noms lui attira cette épigramme de Lebrun:
Carbon de Flins des Oliviers
A plus de noms que de lauriers.
Ami de Fontanes, il rédigea avec lui, en 1789, le Journal de la Ville et des Provinces, ou le Modérateur. Il a fait jouer, non sans succès, plusieurs comédies en vers. L’une d’elles, le Réveil d’Épiménide à Paris ou les Étrennes de la liberté, représentée sur le Théâtre-Français, le 1er janvier 1790, obtint une vogue considérable, justifiée d’ailleurs par le mérite de la pièce et par son excellent esprit.
Le Théâtre-Français occupait, depuis 1782, la salle construite par ordre de Louis XVI, d’après les plans des architectes Peyre et de Wailly, près le Luxembourg, à l’extrémité du terrain qu’occupait le jardin de l’hôtel Condé. En 1798, ce théâtre reçut le nom d’Odéon, parce que des opéras devaient former le fond de son répertoire. C’était un souvenir classique du théâtre couvert de ce nom [Grec: ᾨδεῖον] bâti à Athènes par Périclès pour les concours de musique. La salle de 1782 fut incendiée dans la nuit du 18 au 19 mars 1799. Reconstruit sur ses anciennes fondations par décision du premier Consul, ce théâtre fut détruit une seconde fois par le feu le 20 avril 1818. Louis XVIII le fit rebâtir. C’est l’Odéon actuel.
Brizard (Jean-Baptiste Britard, dit), né en 1721 à Orléans, mort le 30 janvier 1791. Après avoir remporté, comme tragédien, de très grands succès dans les pères nobles et les rois, il s’était retiré, le 1er avril 1786, le même soir que le couple Préville et Mlle Fanier. Tous parurent dans la Partie de chasse de Henri IV, au milieu des bravos et de l’émotion générale. (G. Monval et P. Porel, l’Odéon, tome I, p. 249.)
Talma avait débuté, le 21 novembre 1787, en jouant le rôle de Séide, dans le Mahomet, de Voltaire. (G. Monval et P. Porel, op. cit., tome I, page 57.)
Mlle Saint-Val cadette. Son aînée avait quitté la Comédie-Française en 1779.
Mlle Olivier (Jeanne-Adélaïde-Gérardine), née à Londres en 1765. Toute jeune encore, charmante avec sa chevelure blonde et ses yeux noirs, elle avait créé, le 27 avril 1784, le rôle de Chérubin dans le Mariage de Figaro, et son succès avait presque égalé celui de Mlle Contat, qui jouait Suzanne.
Mars (Anne-Françoise-Hyppolyte Boutet, dite Mlle), née à Paris le 9 février 1779, morte le 20 mars 1847. Elle était fille de l’acteur Boutet dit Monvel et d’une actrice de province, Marguerite Salvetat. Ne pouvant prendre, au théâtre, le nom de Monvel, elle prit celui de sa mère, qui se faisait appeler Madame Mars. Dès l’âge de treize ans, en 1792, elle débuta dans des rôles d’enfants au Théâtre de mademoiselle Montansier, auquel était attaché son père. – La salle de Mlle Montansier est actuellement le Théâtre du Palais-Royal.
«Le chevalier de Parny est grand, mince, le teint brun, les yeux noirs enfoncés et fort vifs. Nous étions liés. Il n’a pas de douceur dans la conversation… Il m’a dit que les sites décrits par Saint-Pierre dans Paul et Virginie étaient faux: mais Parny enviait Bernardin.» (Note manuscrite de Chateaubriand, écrite en 1798 sur un exemplaire de l’Essai.) Ce curieux exemplaire, donné un jour par Chateaubriand à J.-B. Soulié, rédacteur de la Quotidienne, après avoir passé dans la bibliothèque de M. Aimé-Martin, dans celle de M. Tripier et enfin dans celle de Sainte-Beuve, est possédé aujourd’hui par Mme la comtesse de Chateaubriand.
Guinguené. – Voir sur lui la note [207].
Guinguené fut nommé, au commencement de 1798, ambassadeur de la République française à Turin. «C’était, dit M. Ludovic Sciout (le Directoire, tome III, p. 532), c’était un vrai Trissotin, un révolutionnaire aussi sot qu’insolent.» Par affectation de simplicité, et sans doute aussi par économie, car il tenait beaucoup à l’argent, il fit dispenser sa femme de paraître en habit de cour aux audiences. Sans perdre une heure, il dépêcha au ministre des relations extérieures un courrier extraordinaire, porteur de la grande nouvelle: la citoyenne ambassadrice est allée à la cour en pet-en-l’air! Ce pauvre Guinguené avait compté sans son hôte: le ministre (c’était Talleyrand) glissa aussitôt dans le Moniteur la note suivante: «Un ambassadeur de la République a écrit, dit-on, au ministre des relations extérieures qu’il venait de remporter une victoire signalée sur l’étiquette d’une vieille monarchie, en y faisant recevoir l’ambassadrice en habits bourgeois. Le ministre lui a répondu que la République n’envoyait que des ambassadeurs, parce qu’il n’y avait chez elle que des directeurs et qu’on n’y connaissait de directrices que celles qui se trouvaient à la tête de quelques spectacles.» (Moniteur du 26 juin 1798.) – À quelques jours de là, Guinguené était rappelé.
La Décade philosophique, fondée le 10 floréal an II (29 avril 1794). Guinguené en fut le principal rédacteur. Il était secondé par une «société de républicains» devenue en l’an V «une société de gens de lettres». On remarquait, dans le nombre, J.-B. Say, Amaury Duval, Lebreton, Andrieux, etc. Peu après l’établissement de l’empire, le 10 vendémiaire an XIII (2 octobre 1804), la Décade changea son titre en celui de Revue philosophique, littéraire et politique. Elle cessa de paraître en 1807. Lors de la publication du Génie du christianisme, la Décade n’avait pas manqué de l’attaquer très vivement dans trois articles dus à la plume de Guinguené et réunis aussitôt en brochure sous ce titre: Coup d’œil rapide sur le Génie du christianisme, ou quelques pages sur les cinq volumes in-8° publiées sous ce titre par François-Auguste Chateaubriand. – Paris, de l’imprimerie de la Décade, etc., an X (1802), in-8° de 92 pages.
Le Brun (Ponce-Denis Escouchard) dit Lebrun-Pindare; né le 11 août 1729 à Paris, où il est mort le 2 septembre 1807.
Déjà, en 1798, dans une note manuscrite de son exemplaire de l’Essai, Chateaubriand avait tracé de Le Brun ce joli croquis: «Le Brun a toutes les qualités du lyrique. Ses yeux sont âpres, ses tempes chauves, sa taille élevée. Il est maigre, pâle, et quand il récite son Exegi monumentum, on croirait entendre Pindare aux Jeux olympiques. Le Brun ne s’endort jamais qu’il n’ait composé quelques vers, et c’est toujours dans son lit, entre trois et quatre heures du matin, que l’esprit divin le visite. Quand j’allais le voir le matin, je le trouvais entre trois ou quatre pots sales avec une vieille servante qui faisait son ménage: «Mon ami, me disait-il, ah! j’ai fait cette nuit quelque chose! oh! si vous l’entendiez!» Et il se mettait à tonner sa strophe, tandis que son perruquier, qui enrageait, lui disait: «Monsieur, tournez donc la tête!» et avec ses deux mains il inclinait la tête de Le Brun, qui oubliait bientôt le perruquier et recommençait à gesticuler et déclamer.»
Sur le souper antique de M. de Vaudreuil, voyez les Souvenirs de Mme Lebrun-Vigée. Le Brun, coiffé du laurier de Pindare, y récita des imitations d’Anacréon.
Il est bien vrai que Le Brun a écrit des vers sanglants contre Bonaparte; mais ces vers, il les a tenus secrets, tandis qu’il avait bien soin de publier ceux où il célébrait ce même Bonaparte. «Il s’était tout à fait, et dès le premier jour, dit Sainte-Beuve, rallié à Bonaparte, qui lui avait accordé une grosse pension 6,000 francs. Il a loué le héros, comme il avait déjà loué indifféremment Louis XVI, Calonne, Vergennes, Robespierre, sans préjudice des petites épigrammes qu’il se passait dans l’intervalle et qui ne comptaient pas.» Causeries du lundi, V. 134.
Chamfort (Sébastien-Roch Nicolas, dit), né près de Clermont en Auvergne en 1741, mort à Paris, sous la Terreur, victime de cette révolution dont il avait été l’un des adeptes les plus fanatiques.
Arrêté une première fois et enfermé aux Madelonnettes, ramené bientôt dans son appartement de la Bibliothèque nationale, mais placé sous la surveillance d’un gendarme, le jour où on avait voulu le conduire en prison, pour la seconde fois, Chamfort avait voulu se tuer. Il s’était tiré un coup de pistolet, qui lui avait seulement fracassé le bout du nez et crevé un œil. Il avait pris alors un rasoir, essayant de se couper la gorge, y revenant à plusieurs reprises et se mettant en lambeaux toutes les chairs; enfin cette seconde tentative ayant manqué comme la première, il s’était porté plusieurs coups vers le cœur; puis par un dernier effort, il avait tâché de se couper les deux jarrets et de s’ouvrir toutes les veines. La mort s’était ri de lui, selon le mot de Chateaubriand, et elle le vint prendre seulement quelques semaines plus tard, le 13 avril 1794. – En 1797, dans son Essai sur les Révolutions, Chateaubriand avait tracé de Chamfort un portrait qui doit être rapproché de celui des Mémoires. «Chamfort, écrivait-il, était d’une taille au-dessus de la médiocre, un peu courbé, d’une figure pâle, d’un teint maladif. Son œil bleu, souvent froid et couvert dans le repos, lançait l’éclair quand il venait à s’animer. Des narines un peu ouvertes donnaient à sa physionomie l’expression de la sensibilité et de l’énergie. Sa voix était flexible, ses modulations suivaient les mouvements de son âme, mais dans les derniers temps de mon séjour à Paris, elle avait pris de l’aspérité, et on y démêlait l’accent agité et impérieux des factions… Ceux qui ont approché M. Chamfort savent qu’il avait dans la conversation tout le mérite qu’on retrouve dans ses écrits. Je l’ai souvent vu chez M. Guinguené, et plus d’une fois il m’a fait passer d’heureux moments, lorsqu’il consentait, avec une petite société choisie, à accepter un souper dans ma famille.» Essai, livre I, première partie, chapitre XXIV.
Delille (Jacques), né le 22 juin 1738 à Aigueperse (Auvergne), mort le 1er mai 1813.
Rulhière (Claude-Carloman de), né en 1735 à Bondy, près Paris, mort le 30 janvier 1791. Mme d’Egmont était la fille du maréchal de Richelieu. Ce fut elle, en effet, qui mit à Rulhière la plume à la main. En 1760, il avait suivi, en qualité de secrétaire, le baron de Breteuil, qui venait d’être nommé ministre plénipotentiaire en Russie. «Il assista de près, dit Sainte-Beuve, à la révolution qui, en 1762, précipita Pierre III et mit Catherine II sur le trône. Il s’appliqua, suivant la nature de son esprit observateur, à tout deviner, à tout démêler dans cet événement extraordinaire, et il en fit, à son retour à Paris, des récits qui charmèrent la société. La comtesse d’Egmont, qui était la divinité de Rulhière, lui demanda d’écrire ce qu’il contait si bien: il lui obéit, et, une fois la relation écrite, l’amour-propre d’auteur l’emportant sur la prudence du diplomate, les lectures se multiplièrent. Elles firent événement.» Causeries du lundi, tome IV, p. 436.
Palissot de Montenoy (Charles), né le 3 janvier 1730 à Nancy, mort le 15 juin 1814; auteur de la comédie des Philosophes (1760) et du poème de la Dunciade ou la guerre des sots (1764).
Beaumarchais (Pierre-Augustin Caron de), né le 24 janvier 1732, mort le 19 mai 1799.
Marmontel (Jean-François), né le 11 juillet 1723 à Bort (Limousin), mort le 31 décembre 1799.
Chénier (Marie-Joseph de), né le 28 août 1764 à Constantinople, mort le 10 janvier 1811. Chateaubriand fut appelé à le remplacer comme membre de la seconde classe de l’Institut; l’Académie française n’avait pas encore recouvré son titre, que la Restauration allait bientôt lui rendre (Ordonnance royale du 21 mars 1816).
Rabelais, livre II, chapitre VI: Comment Pantagruel rencontra un Limousin qui contrefaisait le langaige françois.
Chateaubriand écrivait cette page au mois de juin 1821: Fontanes était mort le 17 mars précèdent.
Il fut guillotiné le 1er floréal an II (20 avril 1794).
Il doit y avoir là une erreur de plume. Malesherbes n’a eu que deux filles: Marie-Thérèse, née le 6 février 1756, mariée le 30 mai 1769 à Louis Le Peletier, seigneur de Rosambo; – Françoise-Pauline, née le 15 juillet 1758, mariée le 22 janvier 1775 à Charles-Philippe-Simon de Montboissier-Beaufort-Canillac, mestre de camp du régiment d’Orléans dragons.
Les trois filles du président de Rosambo épousèrent le frère de Chateaubriand, le comte Lepelletier d’Aunay et le comte de Tocqueville. Né le 3 août 1772, d’abord sous-lieutenant au régiment de Vexin, puis soldat dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, M. de Tocqueville quitta la France pendant la période révolutionnaire. Sous la Restauration, il administra successivement, comme préfet, les départements de Maine-et-Loire, de l’Oise, de la Côte-d’Or, de la Moselle, de la Somme et de Seine-et-Oise. Charles X le nomma gentilhomme de la Chambre et pair de France (5 septembre 1827). Il fut exclu de la Chambre haute en 1830, en vertu de l’article 68 de la nouvelle charte. Il a publié divers ouvrages: Histoire philosophique du règne de Louis XV; Coup d’œil sur le règne de Louis XVI, etc. Il est mort à Clairoix (Oise) le 9 juin 1856. De son mariage avec Mlle de Rosambo naquit, le 29 juillet 1805, à Verneuil (Seine-et-Oise), le futur auteur de la Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville. – Le comte de Tocqueville et sa femme avaient été emprisonnés en même temps que Malesherbes. On lit à ce sujet dans un article de Chateaubriand (le Conservateur, mars 1819): «M. de Tocqueville, qui a épousé une autre petite-fille de M. de Malesherbes, m’a raconté que cet homme admirable, la veille de sa mort, lui dit: «Mon ami, si vous avez des enfants, élevez-les pour en faire des chrétiens; il n’y a que cela de bon.»
Louis Le Peletier, vicomte de Rosambo, né à Paris le 23 juin 1777. Nommé pair de France le 17 août 1815, le même jour que Chateaubriand, il se retira comme lui de la Chambre haute, au mois d’août 1830, ne voulant pas prêter serment de fidélité au nouveau roi. D’une piété très vive, il était entré dans la Congrégation en 1814. Il est mort au château de Saint-Marcel (Ardèche), le 30 septembre 1858.
À propos de ces paroles, Sainte-Beuve a dit, dans son article sur Condorcet: «Dans sa colère d’honnête homme, Malesherbes a proféré sur Condorcet des paroles d’exécration qu’on a retenues. Noble vieillard, ces paroles n’étaient pas dignes d’une bouche telle que la vôtre; mais le vrai coupable est celui qui a pu vous les arracher!» Causeries du lundi, tome III, p. 274.
Dans ces dernières années, naviguée par le capitaine Franklin et le capitaine Parry. (Note de Genève, 1831.) Ch.
Dans l’Essai sur les Révolutions, sous l’impression encore récente du supplice de Malesherbes et de presque tous les siens, Chateaubriand avait tracé du défenseur de Louis XVI un éloquent et admirable portrait, que ne fait point pâlir celui des Mémoires. On trouvera ce premier portrait de Malesherbes à l’Appendice, Nº VIII: M. de Malesherbes.
Charles-Alexandre de Calonne; (1734–1802), contrôleur général des finances de 1783 à 1785. Il avait été en 1766 procureur général de la commission instituée pour examiner la conduite de La Chalotais.
Montmorin-Saint-Hérem (Armand-Marc, comte de), né le 13 octobre 1746. Menin du Dauphin, depuis Louis XVI, il avait débuté dans la carrière politique comme diplomate et avait rempli auprès du roi d’Espagne le poste d’ambassadeur. De retour en France, il fut nommé commandant pour le roi en Bretagne (4 avril 1784). Il conserva ces fonctions jusqu’au commencement de 1787. Ministre des affaires étrangères, du 18 février 1787 au 11 juillet 1789, et du 17 juillet 1789 au 20 novembre 1791, dénoncé par les journalistes du parti de la Gironde comme l’un des membres du prétendu comité autrichien, emprisonné à l’Abbaye après le 10 août, il fut égorgé le 2 septembre 1792. Le comte de Montmorin était le père de Mme de Beaumont, qui a tenu une si grande place dans la vie de Chateaubriand.
Necker (Jacques), contrôleur général des finances, (né à Genève le 30 septembre 1732, mort à Coppet le 9 avril 1814).
Étienne-Charles de Loménie de Brienne, archevêque de Sens (1727–1794): il était premier ministre lors de la Convocation des États-Généraux, mais fut forcé de donner sa démission, le 25 août 1789. Arrêté à Sens le 9 novembre 1793 et jeté en prison, il fut, au mois de février 1794, remis chez lui avec des gardes qui ne le perdaient pas de vue. Son frère, le comte de Brienne, ancien ministre de la guerre, l’étant venu voir, on arrêta le ci-devant comte, et, du même coup, l’archevêque, les trois Loménie ses neveux, dont l’un son coadjuteur, et Mme de Canisy, sa nièce. Ils devaient tous, en vertu d’un ordre du Comité de sûreté générale, être conduits le lendemain à Paris. Le lendemain au matin, quand on entra dans la chambre de l’archevêque, on le trouva mort. (Voir les Mémoires de Morellet, tome II, p. 15.) – Le comte de Loménie de Brienne; ses trois neveux, l’abbé Martial de Loménie, François de Loménie, capitaine de chasseurs, Charles de Loménie, chevalier de Saint-Louis et de Cincinnatus; sa nièce, Mme de Canisy, furent guillotinés tous les cinq, le 21 floréal an II, 10 mai 1794.
Rostrenen Grégoire de, capucin et prédicateur. Le savant éditeur de la Biographie bretonne, M. Paul Levot, n’a pu découvrir ni la date et le lieu de sa naissance, ni la date et le lieu de sa mort. Il est l’auteur du dictionnaire paru en 1732 à Rennes, chez l’imprimeur Julien Vatar, sous ce titre: Dictionnaire françois-celtique ou françois-breton, nécessaire à tous ceux qui veulent traduire le françois en celtique ou en langage breton, pour prêcher, catéchiser et confesser, selon les différents dialectes de chaque diocèse; utile et curieux pour s’instruire à fond de la langue bretonne, et pour trouver l’étymologie de plusieurs mots françois et bretons, de noms propres de villes et de maisons.
Lettre du 5 août 1671.
La date de ce duel, resté légendaire en Bretagne, se place aux environs de 1735. Celui qui en fut le héros n’était pas «un petit chasse-lièvre du Morbihan», mais un cadet de Cornouaille, Jean-François de Kératry, qui fut plus tard, après le décès de son aîné, chef de nom et armes, présida en 1776 l’ordre de la noblesse aux États de la province, et mourut à Quimper le 7 février 1779. L’un de ses fils, le plus jeune, Auguste-Hilarion, comte de Kératry, après avoir été plusieurs fois député, fut élevé à la pairie en 1837 et laissa deux fils, dont l’un, le comte Émile de Kératry, a été le premier préfet de police de la troisième République. – Sur le duel lui-même, voici les détails que je trouve dans une curieuse et rarissime brochure, publiée en 1788 à Rennes, à l’occasion des troubles de Bretagne, et intitulée: Lettre de Mme la comtesse de Kératry au maréchal de Stainville: «Tout le monde en Bretagne, sait l’affaire du comte de Kératry avec le marquis de Sabran. Ce dernier, qui avait accompagné la maréchale d’Estrées aux États, se permit quelques propos indiscrets contre les Bretons, en présence du comte de Kératry. Le marquis de Sabran était brave et n’avait point de dignité qui le dispensât de rendre raison à un gentilhomme d’une insulte faite à tous les habitants d’une province. Tous les deux se rencontrent et mettent l’épée à la main. M. de Kératry est le premier atteint. «Vous êtes blessé», lui crie M. de Sabran. – «Un Breton blessé tue son adversaire», répond le comte de Kératry. Le combat recommence avec plus de fureur, le marquis de Sabran est percé et meurt.»
Saint Corentin fut le premier titulaire de l’évêché de Cornouaille (ou de Quimper), créé par le fondateur même du comté ou royaume de Cornouaille, le roi Grallon, qui a reçu de la postérité le nom de Mur ou Grand, et auquel de son vivant ses peuples décernèrent, à cause de son exacte justice, celui de Iaun, c’est-à-dire la Loi, le Droit ou la Règle. L’érection de l’évêché de Quimper se place, non trois cents ans avant Jésus-Christ, mais vers la fin du Ve siècle après Jésus-Christ, de 495 à 500. (Annuaire historique et archéologique de Bretagne), par Arthur de la Borderie, (tome II, p. 12 et 134.)
Louis-Anne-Pierre Geslin, comte (et non marquis) de Trémargat, né à Bain-de-Bretagne le 24 décembre 1749. Fils d’un président au Parlement de Bretagne, il avait servi dans la marine et était devenu lieutenant de vaisseau et chevalier de Saint-Louis. En 1776, il avait épousé Anne-Françoise de Caradenc de Launay, parente du célèbre procureur général et veuve de M. de Quénétain. Un fils lui naquit à Rennes, le 18 janvier 1785, pendant la tenue des États. On lit, à cette occasion, dans la Gazette de France du 4 février 1785: «On mande de Rennes que la comtesse de Trémargat, épouse du comte de Trémargat, Jambe-de-bois, président de l’ordre de la noblesse, étant accouchée d’un fils, les États ont arrêté de donner à cet enfant le nom de Bretagne et d’envoyer à la comtesse de Montmorin (femme du Commandant de la province) une députation pour la prier de le présenter au baptême.» – Le comte de Trémargat émigra à Jersey, où il perdit sa femme le 25 novembre 1790. Nous ignorons le lieu et la date de sa mort.
Thiard-Bissy (Henri-Charles, comte de), né en 1726. Lieutenant-général et premier écuyer du duc d’Orléans, il avait succédé à M. de Montmorin, au mois de février 1787, en qualité de commandant pour le roi en Bretagne. Chateaubriand le juge peut-être ici avec trop de sévérité. S’il fut «homme de cour», il sut aussi, à l’heure du péril, noblement défendre le roi. Il fut blessé dans la journée du 10 août: le 26 juillet 1794, il porta sa tête sur l’échafaud. – Maton de la Varenne a publié en l’an VII (1799) les Œuvres posthumes du comte de Thiard, 2 vol. in-12.
Les douze gentilhommes mis à la Bastille, le 15 juillet 1788, pour l’affaire de Bretagne, étaient: le marquis de la Rouërie, le comte de La Fruglaye, le marquis de La Bourdonnaye de Montluc, le comte de Trémargat, le marquis de Corné, le comte Godet de Châtillon, le vicomte de Champion de Cicé, le marquis Alexis de Bedée, le chevalier de Guer, le marquis du Bois de la Feronnière, le comte Hay des Nétumières et le comte de Bec-delièvre-Penhouët. – Sur leur captivité, qui fut d’ailleurs la plus douce du monde et qui ne dura que deux mois, du 15 juillet au 12 septembre 1788, voir la Bastille sous Louis XVI, dans les Légendes révolutionnaires, par Edmond Biré.
Cortois de Pressigny (Gabriel, comte), né à Dijon le 11 décembre 1745. Il avait été sacré évêque de Saint-Malo le 15 janvier 1786. Forcé d’émigrer en 1791, il se retira en Suisse, rentra à Paris en l’an VIII, remit sa démission entre les mains de Pie VII, à l’occasion du Concordat, mais refusa toutes fonctions sous le Consulat et l’Empire. La première Restauration l’envoya comme ambassadeur à Rome, afin d’obtenir du Pape des modifications au Concordat de 1801. Nommé pair de France en 1816 et archevêque de Besançon en 1818, il mourut à Paris le 2 mai 1823.
Cette date, comme toutes celles que donne Chateaubriand dans ses Mémoires, est exacte. Ceci se passait le 16 décembre 1788. Voir à l’Appendice Nº IX (la Cléricature de Chateaubriand).
Le château de Bonnaban, alors en la paroisse du même nom, aujourd’hui en La Gouesnière, acheté en 1754, au prix de 195 000 livres, et reconstruit avec luxe pendant les années suivantes, est encore aujourd’hui une des belles propriétés des environs de Saint-Malo. MM. de la Saudre étaient deux frères, d’origine malouine, qui s’étaient établis à Cadix et y avaient fait une immense fortune. À leur retour en France, Pierre, l’aîné, acheta Bonnaban et en commença la reconstruction, qui fut terminée seulement en 1777 par son frère, François-Guillaume, devenu son héritier en 1763. Le comte de Kergariou en est aujourd’hui propriétaire.
La Briantais, situé en Saint-Servan, sur les bords de la Rance, appartenait alors aux Picot de Prémesnil et appartient actuellement à M. Lachambre, ancien député.
Ces deux châteaux, situés l’un vis-à-vis de l’autre, sur les bords de la Rance – la Bosq en Saint-Servan, le Montmarin en Pleurtuit – étaient la propriété de l’opulente famille des Magon.
La Balue, en Saint-Servan, appartenait également aux Magon. – M. Magon de la Balue a été guillotiné le 9 juillet 1794, avec son frère Luc Magon de la Blinaye, et son cousin Erasme-Charles-Auguste Magon de la Lande; avec la marquise de Saint-Pern, sa fille, Jean-Baptiste-Marie-Bertrand de Saint-Pern, son petit-fils, et François-Joseph de Cornulier, son petit-gendre. Quelques jours auparavant, le 20 juin 1794, deux autres membres de la famille Magon, Nicolas-François Magon de la Villehuchet et son fils, Jean-Baptiste Magon de Coëtizac, étaient également montés sur l’échafaud.
Le château de Colombier, en Paramé, appartenait en 1788 aux Eon de Carissan.
Le château de Lascardais était la principale résidence de M. et Mme de Chateaubourg; il est situé dans la commune de Mézières, canton de Saint-Aubin-du-Cormier, arrondissement de Fougères (Ille-et-Vilaine), et est habité aujourd’hui par Mme la vicomtesse du Breil de Pontbriand, petite-fille de la comtesse de Chateaubourg.
Le Plessis-Pillet est situé dans la commune de Dourdain, canton de Liffré, arrondissement de Fougères.
Rob. Lamb. Livorel (et non Livoret), né le 17 septembre 1735, était entré dans la Compagnie de Jésus le 27 octobre 1753. Au moment de la suppression de la Compagnie (1762), il était au collège de Rennes, en qualité de frère coadjuteur, et chargé, à ce titre, de s’occuper de la maison de campagne du collège.
Boisgelin (Louis-Bruno, comte de) était né à Rennes le 17 novembre 1734. Maréchal de camp, chevalier de Saint-Louis et du Saint-Esprit, maître de la garde-robe du roi et baron des États de Bretagne, il présida plusieurs fois aux États l’ordre de la noblesse, notamment dans l’orageuse session de 1788–1789. L’ordre de la noblesse et la fraction de l’ordre du clergé qui avait entrée aux États de Bretagne refusèrent de députer pour cette province aux États-Généraux de 1789. Le comte de Boisgelin ne siégea donc pas à l’Assemblée constituante, où son frère Boisgelin de Cucé, archevêque d’Aix et député du clergé de la sénéchaussée de cette ville, a tenu au contraire une place si considérable. Il fut guillotiné le 19 messidor an II (7 juillet 1794). Sa femme, Marie-Catherine-Stanislas de Boufflers, sœur du chevalier de Bouffiers, qui unissait à l’esprit le plus brillant le plus noble courage, monta sur l’échafaud le même jour.
François Bareau de Girac. – Le jugement que porte sur lui Chateaubriand est peut-être trop sévère. «Sur le siège de Rennes, dit l’auteur des Évêques avant la Révolution, M. l’abbé Sicard, M. de Girac faisait apprécier avec les talents d’un administrateur souple, conciliant et habile, sa charité, son zèle, sa sollicitude pour toutes les branches de l’instruction publique.» Bonaparte voulut le nommer à un évêché; il refusa et n’accepta qu’un canonicat à Saint-Denis. Il mourut en 1820, âgé de quatre-vingt-huit ans. – Cardinal de La Pare, Notice sur M. François Bareau de Girac, évêque de Rennes, 1821.
La Sentinelle du peuple, aux gens de toutes professions, sciences, arts, commerce et métiers, composant le Tiers-État de la province de Bretagne. Ce journal, dont le premier numéro parut le 10 novembre 1788, était publié par MM. Monodive et Volney. Le Volney de la Sentinelle est bien le Volney du Voyage en Égypte et en Syrie (1787) et des Ruines (1791), celui qui sera plus tard membre de la Constituante et sénateur, pair de France et académicien. Et c’est bien lui, j’imagine, et non le pauvre et obscur Monodive, que vise Chateaubriand, quand il parle de «l’écrivailleur arrivé de Paris».
En 1785, le comte de Montmorin, commandant pour le roi en Bretagne, fit créer et planter sur une butte au sud-est de la ville une promenade qui fut appelée le Champ-Montmorin. C’est aujourd’hui le Champ de Mars, dont l’aspect et les abords ont été du reste complètement modifiés depuis l’établissement de la gare du chemin de fer, qui est voisine.
Aucun Keralieu ne figure sur la liste des États de 1788–1789, et on ne le trouve pas dans les nobiliaires bretons. Au lieu de Keralieu, il faut lire sans doute Kersalaün. Un duel eut lieu, en effet, sur la place Royale, entre M. de Kersalaün, qui faisait partie des États et qui a signé la protestation de la Noblesse, et un jeune Rennais, Joseph-Marie-Jacques Blin, qui, après avoir fait la campagne d’Amérique, était alors employé dans les fermes de Bretagne. Le courage des deux adversaires excita l’admiration des assistants. Jean-Joseph, comte de Kersalaün, était l’aîné des fils du marquis de Kersalaün, le doyen du Parlement. Âgé de 45 ans, il était beaucoup plus vieux que son adversaire, lequel n’avait que vingt-quatre ans.
René-François-Joseph de Montbourcher (dont le nom se prononçait alors Montboucher, comme l’écrit Chateaubriand). Né à Rennes le 21 novembre 1759, fils de Guy-Joseph-Amador, comte de Montbourcher, lieutenant-colonel au régiment de Marbeuf, et de Jeanne-Céleste de Saint-Gilles, il était capitaine au régiment général Dragons. Il est mort à Rennes le 13 mai 1835.
Louis-Pierre de Guehenneue de Boishue, fils aîné de Jean-Baptiste-René de Guehenneue, comte de Boishue, était né à Lanhélen (évêché de Dol), le 31 octobre 1767. Il n’avait donc que 21 ans lorsqu’il fut tué dans les rues de Rennes, le 27 janvier 1789, en même temps que le jeune Saint-Riveul. (Voyez sur ce dernier la note [210].) – Ces deux jeunes gens avaient signé, quelques jours auparavant la protestation de la noblesse contre les Arrêtés du Conseil relatifs à la convocation des États-Généraux. Un certain nombre d’autres gentilshommes, âgés de moins de 25 ans, avaient été autorisés comme eux à apposer leur signature sur ce document, à la suite des membres des États. L’original de cette pièce est aux Archives d’Ille-et-Vilaine. – Pour les détails de la mort des jeunes Boishue et Saint-Riveul, consulter l’ouvrage de M. Barthélémy Pocquet, les Origines de la Révolution en Bretagne, tome II, p. 255.
Le pillage de la maison de Reveillon, fabricant de papiers peints de la rue Saint-Antoine, avait eu lieu le 28 avril 1789.
L’insurrection pour délivrer les gardes-françaises emprisonnés à l’Abbaye éclata le 30 juin 1789.
Sanson (Charles-Henri), né en 1739, il fut nommé exécuteur des hautes-œuvres le 1er février 1778. Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, qui lui accordait, ce jour-là, ses lettres de provision, devait, quinze ans plus tard, mourir de sa main. – Charles-Henri Sanson, que la plupart des biographes font à tort mourir en 1793, quelques mois après l’exécution de Louis XVI, n’a cesse d’exercer ses fonctions de bourreau que le 13 fructidor an III (30 août 1795), époque à laquelle il sollicita sa mise à la retraite. Le 4 pluviôse an X (24 janvier 1802), il réclamait une pension pour ses services. On ignore la date de sa mort. (G. Lenotre, la Guillotine pendant la Révolution.)
Simon (Antoine), savetier et membre de la Commune de Paris; nommé instituteur du fils de Louis XVI le 1er juillet 1793; – guillotiné le 10 thermidor an II (28 juillet 1794).
Les 18 et 19 janvier 1815, en exécution des ordres du roi Louis XVIII, il fut procédé dans le cimetière de la Madeleine, à la recherche des restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Chateaubriand était présent. Le 9 janvier 1816, à la Chambre des pairs, dans son discours sur la résolution de la Chambre des députés, relative au deuil général du 21 janvier, il prononça les paroles suivantes: «J’ai vu, Messieurs, les ossements de Louis XVI mêlés dans la fosse ouverte avec la chaux vive qui avait consumé les chairs, mais qui n’a pu faire disparaître le crime! J’ai vu le squelette de Marie-Antoinette, intact à l’abri d’une espèce de voûte qui s’était formée au-dessus d’elle, comme par miracle! La tête seule était déplacée! et dans la forme de cette tête on pouvait encore reconnaître (ô Providence!) les traits où respirait avec la grâce d’une femme toute la majesté d’une Reine! Voilà ce que j’ai vu, Messieurs! voilà les souvenirs pour lesquels nous n’aurons jamais assez de larmes…» Œuvres complètes, tome XXIII: Opinions et Discours, p. 78.
Le nom de Louis XVII avait en effet été oublié. Chateaubriand, dans son discours du 9 janvier, releva en ces termes cette omission: «Au milieu de tant d’objets de tristesse, on n’a pas assez également départi le tribut de nos larmes. À peine dans les projets divers a-t-on nommé ce Roi-Enfant, ce jeune martyr qui a chanté les louanges de Dieu dans la fournaise ardente. Est-ce parce qu’il a tenu si peu de place dans la vie et dans notre histoire, que nous l’oublions? Mais que ces souffrances ont dû rendre ses jours lents à couler, et que son règne a été long par la douleur! Jamais vieux roi, courbé sous les ennuis du trône, a-t-il porté un sceptre aussi lourd? Jamais la couronne a-t-elle pesé sur la tête de Louis XIV descendant dans la tombe, autant que le bandeau de l’innocence sur le front de Louis XVII sortant du berceau? Qu’est-il devenu, ce pupille royal laissé sous la tutelle du bourreau, cet orphelin qui pouvait dire, comme l’héritier de David: «Mon père et ma mère m’ont abandonné»? Où est-il, le compagnon des adversités, le frère de l’Orpheline du Temple? Où pourrais-je lui adresser cette interrogation terrible et trop connue: Capet, dors-tu? Lève-toi! – Il se lève, Messieurs, dans toute sa gloire céleste, et il vous demande un tombeau… Je propose d’ajouter à la résolution de la Chambre des députés un amendement qui complétera les résolutions du 21 janvier: «le Roi sera humblement supplié d’ordonner qu’un monument soit élevé à la mémoire de Louis XVII, au nom et aux frais de la nation.» Opinions et Discours, p. 79.
Bernard-René Jourdan, marquis de Launey (1740–1789), capitaine-gouverneur de la Bastille.
Jacques de Flesselles (1721–1789), ancien intendant de Bretagne et de Lyon.
Après cinquante-deux ans, on élève quinze bastilles pour supprimer cette liberté au nom de laquelle on a rasé la première Bastille. (Paris, note de 1841.) Ch.
Jean-Sylvain Bailly (1736–1793). Garde des Tableaux du Roi, membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences et de celle des inscriptions et belles-lettres, premier président de l’Assemblée nationale et premier maire de Paris.
Marie-Paul-Joseph-Gilbert de Motier, marquis de La Fayette.
Yolande-Martine-Gabrielle de Polastron, femme du comte, puis duc de Polignac, gouvernante des Enfants de France. Elle mourut à Vienne (Autriche) le 5 décembre 1793.
Le comte d’Artois, depuis Charles X (1757–1836).
Le duc d’Angoulême (1775–1844), et le duc de Berry (1778–1820).
Le prince de Condé (1736–1818); – son fils, le duc de Bourbon (1756–1830) et son petit-fils le duc d’Enghien (1772–1804).
Mme Adélaïde, fille aînée de Louis XV, née en 1732, et sa sœur, Mme Victoire, née en 1733. Elles émigrèrent en 1791 et moururent à Trieste, la première en 1800 et la seconde en 1799.
Mme Élisabeth de France, sœur de Louis XVI, née à Versailles le 3 mai 1764, guillotinée le 10 mai 1794.
Le comte de Provence, depuis Louis XVIII (1755–1824).
Moreau de Saint-Méry (Médéric-Louis-Élie), né à Port-Royal (Martinique) le 13 janvier 1750. Président des électeurs de Paris, il harangua deux fois Louis XVI en cette qualité. Il fut élu, à la fin de 1789, député de la Martinique à l’Assemblée nationale. Arrêté après le 10 août, il ne dut son salut qu’au dévouement d’un de ses gardiens. Il réussit à gagner les États-Unis et ne revint en France qu’à la veille du Consulat. Il mourut à Paris le 28 janvier 1819.
Lally-Tolendal (Trophime-Gérard, marquis de) né le 5 mars 1751. Député de la noblesse de Paris aux États-Généraux, il s’éloigna après les journées d’octobre, reparut en 1792, faillit périr dans les massacres de septembre, émigra une seconde fois et ne revint qu’en 1800. Il se tint à l’écart sous le Consulat et l’Empire. Pendant les Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand et fit partie de son conseil privé. Le 19 août 1815, le roi l’éleva à la pairie. Membre de l’Académie française en vertu de l’ordonnance royale du 24 mars 1816, il reçut, le 31 août 1817, le titre de marquis. Il est mort à Paris le 11 mars 1830.
François-Joseph Foullon (1715–1789). Il était intendant des finances depuis 1771, lorsqu’il fut nommé contrôleur général le 12 juillet 1789, après la retraite de Necker. Le 22 juillet, il fut arrêté à la campagne par des bandits, conduit à Paris et accroché à la lanterne. Sa tête fut portée en triomphe au bout d’une pique.
Louis-Bénigne François Bertier de Sauvigny (1742–1789), intendant de Paris. Il était le gendre de Foullon et périt le même jour que lui, massacré par la populace. Un dragon lui arracha le cœur et alla déposer ce débris sanglant sur la table du comité des électeurs. Sa tête fut promenée dans les rues.
Taboureau des Réaux, intendant de Valenciennes. Il fut contrôleur général des finances, du 22 octobre 1776 au 29 juin 1777.
Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay (1741–1777), traducteur de Catulle et de Tibulle, auteur de Zélis au bain, de la Lettre d’Alcibiade à Glycère, etc. Très avant dans la faveur du premier ministre, le comte de Maurepas, il eut une très grande part à l’entrée de Necker aux affaires, en 1776 (J. Droz, Histoire du règne de Louis XVI, tome I, p. 219).
Sous ce titre: Compte rendu au Roi, le ministre Necker avait publié, en 1780, un exposé ou plutôt un aperçu, non du budget réel, mais d’un budget-type, se soldant, comme de raison, par un fort excédent. Pour la première fois, l’opinion publique était ainsi appelée à connaître, par conséquent à juger l’administration des finances. La sensation produite par le Compte rendu fut prodigieuse.
Antoine-Léonard Thomas (1732–1785), membre de l’Académie française, qui lui avait décerné une fois le prix de poésie et cinq fois le prix d’éloquence. «Il a de la force, dit La Harpe, mais elle est emphatique.»
Noailles (Louis-Marie, vicomte de), né à Paris le 17 avril 1756, mort à la Havane (Cuba) le 9 janvier 1804. Député de la noblesse du bailliage de Nemours aux États-Généraux, il demanda, dans la nuit du 4 août, que l’impôt fut payé par tous dans la proportion du revenu de chacun, que tous les droits féodaux fussent remboursés, que les rentes seigneuriales fussent remboursables, que les corvées, main-mortes et autres servitudes personnelles fussent détruites sans rachat. Il était fils du maréchal de Mouchy et beau-frère de La Fayette.
Aiguillon (Armand-Désiré Vignerot-Duplessis-Richelieu, duc d’), né à Paris le 31 octobre 1731. Élu aux États-Généraux par la noblesse de la sénéchaussée d’Agen, il siégea parmi les membres les plus avancés de l’Assemblée. Il n’en fut pas moins, après le 10 août, décrété d’accusation et obligé de quitter la France. Il est mort à Hambourg le 3 mai 1800.
Montmorency-Laval (Mathieu-Jean-Félicité, vicomte, puis duc de). Né le 10 juillet 1767, il n’avait que 21 ans, lorsqu’il fut envoyé aux États-Généraux par la noblesse du bailliage de Monfort-l’Amaury. Il fut l’un des premiers à se réunir aux Communes, et il se montra aussi empressé que MM. d’Aiguillon et de Noailles à réclamer l’abolition des droits féodaux. Le 19 juin 1790, il appuya le décret qui supprimait la noblesse, et demanda l’anéantissement «de ces distinctions anti-sociales, afin de voir effacer du Code constitutionnel toute institution de noblesse et la vaine ostentation des livrées» Pair de France (17 août 1815), ministre des Affaires étrangères (21 décembre 1821 – 22 décembre 1822), créé duc par Louis XVIII le 30 novembre 1822, élu membre de l’Académie française le 3 novembre 1825, nommé gouverneur du duc de Bordeaux le 11 janvier 1826, il mourut le 24 mars 1826, le jour du Vendredi-Saint, dans l’église Saint-Thomas d’Aquin, au moment où il venait de s’agenouiller devant le tombeau dressé dans l’église.
Le banquet donné par les gardes du corps au château de Versailles, dans la salle de l’Opéra, eut lieu le 1er octobre 1789.
Lorsque Louis XVI entra dans la salle, M. de Canecaude, garde de la manche du roi, chevalier de Saint-Louis, qui faisait les honneurs du banquet en qualité de commissaire de la Maison militaire de Sa Majesté, donna l’ordre au chef de musique d’exécuter l’air de Grétry: Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille! Le chef répondit qu’il ne l’avait pas et fit jouer: Ô Richard, ô mon roi! qui était aussi de Grétry. Ce pauvre chef de musique ne prévoyait pas en choisissant cet air, qu’il préparait à Fouquier-Tinville un des articles de son acte d’accusation contre la reine de France (Moniteur du 16 octobre 1793). – La pièce de Richard Cœur-de-Lion, où se trouve l’air: Ô Richard, ô mon roi! avait été représentée pour la première fois le 21 octobre 1784. Les paroles sont de Sedaine.
Le vice-amiral Charles-Henri d’Estaing, lors des journées d’octobre, était commandant de la garde nationale de Versailles. Il s’était couvert de gloire pendant la guerre d’Amérique. Nommé amiral de France au mois de mars 1792, il fut autorisé à en remplir les fonctions sans perdre le droit d’avancer, à son tour, dans l’armée de terre, à laquelle il appartenait également. L’année suivante, il était arrêté comme suspect, et, le 28 avril 1794, il mourait sur l’échafaud.
Le journal de Marat commença de paraître le 12 septembre 1789, avec ce titre: Le Publiciste Parisien, journal politique, libre et impartial, par une Société de patriotes, et rédigé par M. Marat, auteur de l’Ofrande à la Patrie, du Moniteur et du Plan de Constitution, etc. À partir du numéro 6, c’est-à-dire le 17 septembre 1789, le journal prit le titre de l’Ami du Peuple ou le Publiciste parisien.
Favras (Thomas Mahy, marquis de), né à Blois en 1744. Lieutenant des Suisses de la garde de Monsieur, il fut dénoncé par le comité des recherches et traduit devant les juges du Châtelet comme auteur d’un complot ayant pour objet d’égorger La Fayette, Necker et Bailly, et d’enlever Louis XVI pour le mettre à la tête d’une armée contre-révolutionnaire. Condamné à être pendu, il fut exécuté le 19 février 1790, sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, né le 5 octobre 1715 à Pertuis (Provence). Il prenait le titre de l’Ami des hommes, du titre de son principal ouvrage, paru en 1756. Il mourut la veille même de la prise de la Bastille, le 13 juillet 1789.
Jean-Antoine-Joseph-Charles-Elzéar de Riqueti, né à Pertuis, comme son frère, le 8 octobre 1717. Il prit le titre de bailli en 1763, en devenant grand-croix de l’ordre de Malte. À partir de ce moment, il n’est plus appelé que le bailli de Mirabeau. Il mourut à Malte en 1794. Ainsi que l’Ami des hommes, le bailli était, lui aussi, une façon de Saint-Simon. Chateaubriand n’a rien exagéré, quand il a dit des deux frères: «qu’ils écrivaient à la diable des pages immortelles». (Voir les belles études sur les Mirabeau, par Louis de Loménie, tomes I et II.)
Reine-Philiberte Rouph de Varicourt, que Voltaire avait surnommée Belle et Bonne. Elle avait épousé à Ferney, le 12 novembre 1777, le marquis de Villette. Elle est morte à Paris en 1822, dans son hôtel de la rue de Beaune, où Voltaire lui-même était mort. C’est dans cet hôtel que Chateaubriand rencontra Mirabeau.
Le Chapelier (Isaac-René-Guy), né à Rennes, le 12 juin 1754. Député du tiers-état et de la sénéchaussée de Rennes, il prit une part des plus actives aux travaux de la Constituante. L’un des principaux orateurs du côté gauche, l’un des fondateurs du Club breton, devenu bientôt le club des Jacobins, il n’en fut pas moins condamné par le tribunal révolutionnaire «pour avoir conspiré depuis 1789 en faveur de la royauté». Il périt le même jour que le frère et la belle-sœur de Chateaubriand, le 3 floréal an II (22 avril 1794). – Sa veuve, Marie-Esther de la Marre, se remaria le 10 nivôse an VIII (31 décembre 1799) avec M. Corbière, le futur ministre de la Restauration.
Non pas Riquet, – ce qui était le nom patronymique des Caraman, descendant de Pierre-Paul Riquet, le créateur du canal du Languedoc, – mais Riqueti, nom patronymique des Mirabeau. «On connaît, écrit M. de Loménie, le mot adressé, dit-on, par Mirabeau au rédacteur du Moniteur qui, au lendemain du décret d’abolition des titres et distinctions nobiliaires, et en conformité à ce décret, lui avait, dans le compte rendu de l’Assemblée, ôté le nom du fief sous lequel il était si populaire, et l’avait désigné par son nom patronymique de Riqueti, ou, comme lui-même l’écrivait, Riquetti: «Avec votre Riquetti, vous avez désorienté toute l’Europe.» Dans sa lettre du 20 juin 1790 pour la Cour, Mirabeau parle de ce décret comme d’une démence dont La Fayette a été ou bêtement, ou perfidement complice». Les Mirabeau, tome V, p. 325.
Mirabeau (André-Boniface-Louis Riqueti, vicomte de), dit Mirabeau-Tonneau, né à Paris le 30 novembre 1754. Élu député de la noblesse par la sénéchaussée de Limoges, il ne cessa de harceler les orateurs du côté gauche, hachant leurs discours d’interruptions sans nombre, toujours spirituelles et souvent grossières. Son frère lui-même n’était pas épargné. Émigré au delà du Rhin, il continua ses escarmouches contre les Révolutionnaires à la tête de cette légion de Mirabeau, qu’il avait créée et qui devint bientôt célèbre sous le nom de hussards de la mort. Il mourut à Fribourg-en-Brisgau le 15 septembre 1792.
Aucun député du nom de Lautrec ne figure sur la liste des membres de la Constituante. Chateaubriand ne s’est pourtant pas trompé en plaçant ici le nom de Lautrec à côté de celui du vicomte de Mirabeau. J’en trouve la preuve dans le billet d’enterrement suivant qui circula dans Paris, le 24 décembre 1789. À la suite d’une double provocation adressée au marquis de la Tour-Maubourg et au duc de Liancourt, Mirabeau-Tonneau avait été blessé dans une première rencontre, et le bruit de sa mort s’était répandu. De là le billet d’enterrement, dont voici un extrait: «Vous êtes prié d’assister aux convoi, service et enterrement de très haut et très puissant aristocrate, André-Boniface-Louis de Riquetti, vicomte de Mirabeau, député de la noblesse du Haut-Limousin, etc., etc., qui, commencé par M. le marquis de la Tour-Maubourg, son collègue, a été achevé par très haut, très puissant et très illustrissime démagogue, François-Alexandre-Frédéric de Liancourt, duc héréditaire, etc., etc., qui a débarrassé la Nation de ce pesant ennemi, au milieu du Champ-de-Mars, le 22 décembre 1789, en présence de MM. de Lautrec de Saint-Simon, de Causans et de La Châtre, et est décédé en son hôtel, rue de Seine, faubourg Saint-Germain, le 23, à 11 heures du matin. L’enterrement se fera en l’église Saint-Sulpice sa paroisse, le 25, à cinq heures du soir… Le Parlement de Rennes y assistera par députation… Le Clergé est invité, et l’on a droit de s’attendre à l’y rencontrer, le défunt a pris trop vivement son parti pour n’avoir pas mérité ce tribut de reconnaissance. La noblesse suivra le deuil sans manteau, mais en pleureuse…»
Ce théâtre, situé rue Culture-Sainte-Catherine, quartier Saint-Antoine, fut ouvert le 31 août 1791. Beaumarchais en était le principal commanditaire, il y fit jouer, le 6 juin 1792, sa dernière pièce, l’Autre Tartufe ou la mère coupable, drame en cinq actes et en prose.
Gouvion-Saint-Cyr (Laurent, marquis), maréchal de France, né à Toul le 13 avril 1764, mort à Hyères le 17 mars 1830. – Il se consacra d’abord aux beaux-arts et alla pendant deux ans étudier la peinture à Rome. Il parcourut ensuite l’Italie, revint à Paris en 1784, et fréquenta l’atelier du peintre Brenet. «Cherchant, dit la Biographie universelle, à se procurer par d’autres moyens les ressources que son art ne pouvait lui offrir, il se lia avec des comédiens, et se croyant quelque vocation pour le théâtre, il commença à jouer dans les sociétés d’amateurs, puis dans la salle Beaumarchais, au Marais, où il fut le confident de Baptiste, lorsque cet artiste y attira la foule par le rôle de Robert, chef de brigands. Mais, bien que doué d’un organe sonore et d’une belle stature, ne pouvant surmonter sa timidité en présence du public, et parlant quelquefois avec tant de difficulté qu’il semblait être bègue, Gouvion n’eut aucun succès dans cette carrière; et on l’a entendu plus tard, lorsqu’il fut général, s’applaudir des sifflets qui l’avaient forcé d’y renoncer.»
Le comte de Provence avait accordé son patronage à une société qui se proposait de naturaliser en France la musique des Opera-buffa d’Italie. En attendant la construction d’une salle nouvelle, la compagnie italienne s’établit aux Tuileries, dans la salle des Machines, où elle donna sa première représentation, le 26 janvier 1789. On y remarquait Raffanelli, Rovedino, Mandini, Viganoni; Mmes Baletti, Mandini et Morichelli. Jamais chanteurs plus accomplis ne s’étaient fait entendre à Paris. – Obligés de quitter les Tuileries, par suite de l’installation de la famille royale à Paris, au lendemain des journées d’octobre, les chanteurs italiens donnèrent leur dernière représentation à la salle des Machines le 23 décembre 1789. Du 10 janvier 1790 au 1er janvier 1791, ils jouèrent dans une méchante petite salle, nommée Théâtre des Variétés, sise à la foire Saint-Germain. Le 6 janvier 1791, ils prirent possession de la salle construite pour eux rue Feydeau et qui reçut le nom de Théâtre de Monsieur, titre bientôt remplacé, le 4 juillet 1791, par celui de Théâtre de la rue Feydeau.
Mme Dugazon, Mme Saint-Aubin et Carline étaient les trois meilleures actrices du Théâtre-Italien, rue Favart, qui allait bientôt s’appeler l’Opéra-Comique National. – Louise-Rosalie Lefèvre, femme de l’acteur Dugazon, de la Comédie-Française, était née à Berlin en 1755; elle mourut à Paris en 1821. Deux emplois ont gardé son nom au théâtre: les jeunes Dugazon et les mères Dugazon. – Saint-Aubin (Jeanne-Charlotte Schrœder, dame d’Herbey, dite Mme), née en 1764, morte en 1850. Depuis ses débuts (29 juin 1786) jusqu’en 1808, époque à laquelle elle prit sa retraite, elle tint le premier rang parmi le personnel féminin de la salle Favart. Elle a laissé son nom à l’emploi des ingénues de l’Opéra-Comique, que l’on appelle encore aujourd’hui l’emploi des Saint-Aubin. – Carline, la charmante soubrette du Théâtre-Italien, s’appelait de son vrai nom Marie-Gabrielle Malagrida. Elle avait débuté en 1780 et réussissait mieux dans la comédie que dans l’opéra-comique, ayant peu de voix. Femme du danseur Nivelon, de l’Opéra, elle se retira du théâtre en 1801 et mourut en 1818, à 55 ans.
Chateaubriand commet à son sujet une petite erreur. Il parle ici des théâtres en 1789 et 1790: Mlle Olivier était morte le 21 septembre 1787, à 23 ans.
Buffon (Marguerite-Françoise de Bouvier de Cépoy, comtesse de), née en 1767, morte en 1808. Femme de Georges-Louis-Marie Leclerc, comte de Buffon, fils du grand écrivain, elle fut la maîtresse affichée du duc d’Orléans (Philippe-Égalité), dont elle eut un fils, tué sous l’Empire en Espagne, où il servait comme officier supérieur dans l’armée anglaise. Son mari, le comte de Buffon, fut guillotiné le 10 juillet 1794. Elle se remaria à Rome, en 1798, avec un banquier strasbourgeois, M. Renouard de Bussières. Sur Mme de Buffon et son rôle pendant la Révolution, les Mémoires du conventionnel Choudieu renferment (p. 475) les détails suivants: «Elle était la maîtresse de Philippe-Égalité; elle demeurait chez le marquis de Sillery, mari de Mme de Genlis; il y avait table ouverte dans cette maison pour tous les députés. Cette dame était jeune, aimable et jolie; et malgré tous ces avantages, quoique secondée par l’ex-constituant Voidel, homme très adroit, elle n’a pas fait beaucoup de prosélytes au parti d’Orléans, mais elle a essayé d’en faire.»
Staël-Holstein (Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de), née à Paris le 22 avril 1766, morte dans cette ville le 14 juillet 1817.
Beaumont (Pauline-Marie-Michelle-Frédérique-Ulrique de Montmorin-Saint-Hérem, comtesse de), née à Meussy-l’Évêque en Champagne, le 15 août 1768. Elle avait épousé, le 25 septembre 1786, en Saint-Sulpice de Paris, Christophe-François de Beaumont, fils du marquis Jacques de Beaumont et de Claire-Marguerite Riché de Beaupré, – et non, comme le dit à tort M. Bardoux (la comtesse Pauline de Beaumont, p. 27), Christophe-Armand-Paul-Alexandre de Beaumont, marquis d’Auty, fils du marquis Christophe de Beaumont et de Marie-Claude de Baynac. Mme de Beaumont mourut à Rome en 1803, comme on le verra dans la suite des Mémoires.
Sérilly (Anne-Louise Thomas, dame de), cousine de Mme de Beaumont. Elle avait épousé Antoine-Jean-François de Megret de Sérilly, trésorier de l’extraordinaire des guerres. Le 21 floréal an II (10 mai 1794), le jour même où Mme Élisabeth porta sa tête sur l’échafaud, elle fut condamnée à mort, ainsi que son mari et M. Megret d’Etigny, son beau-frère. Le Moniteur du 23 floréal (12 mai) l’indique comme ayant été guillotinée. Elle échappa cependant. Comme elle était enceinte, il fut sursis à son exécution. Son extrait mortuaire n’en fut pas moins dressé, et ce fut, cet extrait mortuaire à la main, qu’elle comparut, le 29 germinal an III (18 avril 1795), dans le procès de Fouquier-Tinville: «J’ai vu là mon mari, dit-elle; j’y vois aujourd’hui ses assassins et ses bourreaux. Voici mon extrait mortuaire, il est du 21 floréal, jour de notre jugement à mort; il m’a été délivré par la police municipale de Paris.» Dans le courant de l’année 1795, elle épousa, en secondes noces, François de Pange, l’ami d’André Chénier, qui la laissa veuve, pour la seconde fois, dans les premiers jours de septembre 1796. (Voir, en tête des Œuvres de François de Pange, la notice de M. L. Becq de Fouquières.)
Ce pamphlet périodique, qui renfermait en effet des satires, des poèmes et des chansons, a paru de novembre 1789 à octobre 1791. Ses principaux rédacteurs étaient Peltier, Rivarol, Champcenetz, Mirabeau le jeune, le marquis de Bonnay, François Suleau, Montlosier, Bergasse, etc. La collection des Actes des Apôtres comprend 311 numéros, réunis en onze volumes in-8°, dont chacun est appelé version et contient 30 numéros, une introduction et une planche gravée. Il en existe une édition contrefaite en vingt volumes in-12.
Le Journal de la Ville et des Provinces ou le MODÉRATEUR, par M. de Fontanes, avait commencé de paraître le 1er octobre 1789.
Jacques Mallet du Pan (1749–1800), rédacteur politique du Mercure de France. Sainte-Beuve a dit de lui: «Comme journaliste et comme publiciste, dans cette rude fonction de saisir, d’embrasser au passage des événements orageux et compliqués qui se déroulent et se précipitent, nul n’a eu plus souvent raison, plume en main, que lui.» (Causeries du lundi, tome IV, p. 361–394).
Le vrai titre de ce spirituel pamphlet, paru en 1791, est celui-ci: Petit dictionnaire des grands hommes et des grandes choses qui ont rapport à la Révolution, composé par une société d’aristocrates.
Femme du libraire Le Jay, l’éditeur de Mirabeau. Sur les relations du grand orateur avec Mme Le Jay, voir les tomes III et IV des Mirabeau par Louis de Loménie.
Laclos Pierre-Ambroise-François Choderlos de, l’auteur des Liaisons dangereuses, né en 1741 à Amiens. Rédacteur du Journal des Amis de la Constitution (du 1er novembre 1790 au 20 septembre 1791), maréchal de camp en 1792, il servait à l’armée de Naples comme inspecteur général d’artillerie, lorsqu’il mourut à Tarente le 5 novembre 1803.
Le duc de Lauzun (Armand-Louis de Gontaut-Biron) devint duc de Biron en 1788. Élu député de la noblesse aux États-Généraux par la sénéchaussée du Quercy, il embrassa avec ardeur les idées nouvelles et fut successivement promu maréchal de camp (13 janvier 1792), général en chef de l’armée du Rhin (9 juillet 1792), commandant de l’armée des Côtes de la Rochelle (15 mai 1793). – Guillotiné le 31 décembre 1793.
Pierre-Victor, baron de Besenval, né en 1722 à Soleure, mort le 2 juin 1791. Ses Mémoires, publiés par le vicomte de Ségur (1805–1807), 4 vol. in-8°, ont été désavoués par la famille.
Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, par Mme de Staël, seconde partie, chapitre XVI: De la Fédération du 14 juillet 1790.
Louis Joseph-Dominique, baron, né à Toul le 13 novembre 1755, mort à Bry-sur-Marne le 26 août 1837. Après avoir reçu les ordres mineurs, il acheta en 1779 une charge de conseiller-clerc au Parlement de Paris, où l’on remarqua bientôt ses aptitudes en matière financière. Lorsque l’évêque d’Autun, le 14 juillet 1790, célébra solennellement la messe au Champ de Mars sur l’autel de la Patrie, il avait l’abbé Louis pour diacre. Ministre des finances, du 1er avril 1814 au 20 mars 1815, le baron Louis reprit plus tard ce portefeuille à cinq reprises différentes, sous Louis XVIII et sous Louis-Philippe.
Necker se retira le 4 septembre 1790.
Le 20 février 1791 Moniteur du 22 février.
Charles-Michel, marquis de Villette, né le 4 décembre 1736, député de l’Oise à la Convention, il vota, dans le procès de Louis XVI, pour la réclusion et le bannissement à l’époque de la paix. Il mourut, le 9 juillet 1793, dans son hôtel de la rue de Beaune.
Le comédien Bordier, célèbre à Paris dans le rôle d’Arlequin, était en représentation à Rouen, lorsque, dans la nuit du 3 au 4 août 1789, assisté d’un avocat de Lisieux, nommé Jourdain, il se mit à la tête d’une émeute. L’hôtel de l’intendant, M. de Maussion, fut pillé, les bureaux-recettes, les barrières de la ville, le bureau des aides, tous les bâtiments où l’on percevait les droits du roi furent pillés. «De grands feux s’allument, dit M. Taine, dans les rues et sur la place du Vieux-Marché; on y jette pêle-mêle des meubles, des habits, des papiers et des batteries de cuisine; des voitures sont traînées et précipitées dans la Seine. C’est seulement lorsque l’hôtel de ville est envahi que la garde nationale, prenant peur, se décida à saisir Bordier et quelques autres. Mais le lendemain, au cri de Carabo, et sous la conduite de Jourdain, la Conciergerie est forcée, Bordier est délivré, et l’Intendance avec les bureaux est saccagée une seconde fois. Lorsqu’enfin les deux coquins sont pris et menés à la potence, la populace est si bien pour eux qu’on est forcé, pour la maintenir, de braquer contre elle des canons chargés.» (La Révolution, tome I, page 84.) – Le 28 brumaire an II (18 novembre 1793), sur la motion du conventionnel Dubois-Crancé, la Société des Jacobins arrêta qu’il serait demandé à la Convention d’accorder une pension au fils de Bordier. Le Moniteur du 11 frimaire suivant (1er décembre) constate «qu’une fête vient d’être célébrée à Rouen, en l’honneur de Jourdain et Bordier, victimes de l’aristocratie, dont la mémoire est réhabilitée.»
Le Théâtre-Italien était situé entre les rues Favart et Marivaux. On y jouait des comédies et des opéras-comiques. Malgré le nom de ce théâtre, les pièces et les acteurs étaient français. En 1792, il prit le nom d’Opéra-Comique National; il a été brûlé le 25 mai 1887.
Raoul Barbe-Bleue, comédie en trois actes, mêlée d’ariettes, paroles de Sedaine, représentée pour la première fois, sur le Théâtre-Italien, au commencement de 1789. – Le Sabot perdu, opéra-comique en un acte, mêlé d’ariettes, était de date plus ancienne. Bien qu’il eût paru sous les noms de Duni et de Sedaine, il était en réalité de Cazotte, non seulement pour les paroles, mais encore pour la plus grande partie de la musique. Voir les Œuvres de Cazotte, tome III.
De ces études botaniques qui avaient préparé son voyage au nouveau monde, il était resté à Chateaubriand une connaissance assez étendue des plantes; et ses contemplations de la nature, comme ses promenades solitaires, avaient accru sa science: «Quand nous errions, dit M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 44) dans les grands espaces presque déserts, autour de Londres, il s’amusait à me montrer dans les prairies de Regent’s-Park, ou sous les bois de Kensington, quelques-unes des fleurs, ses anciennes amies de Combourg, retrouvées dans les forêts de l’Amérique, mais il citait moins Linné que Virgile, car il savait les Géorgiques par cœur. « – Voici,» me dit-il un jour, «l’avoine stérile, steriles dominantur avenæ. Mais Virgile veut parler ici de l’avoine folle et sauvage, et elle n’est pas stérile; car les Indiens la récoltent en Amérique; j’en ai vu des moissons naturelles aussi hautes et épaisses que nos champs de blé. Là, au lieu de la main des hommes, c’est la Providence qui la sème. Regardez ce chardon épineux, segnisque horreret in arvis carduus, et il n’est pas segnis, parce qu’il serait lent et paresseux à croître; mais bien au contraire parce qu’il rapporte aussi peu que les terres où il s’élève: neu segnes faceant terræ, a dit aussi Virgile, ici la grande centaurée, graveolentia centaurea, que j’ai cueillie sur les raines de Lacédémone; plus loin le cerinthæ ignobile gramen, périphrase pour laquelle j’aurais à gronder un peu le poète latin, car je veux y retrouver notre gentille pâquerette, qui certes n’a rien d’ignoble.»
Angélique-Françoise Desilles, dame de La Fonchais, sœur d’André Desilles, le héros de Nancy, née à Saint-Malo le 16 mai 1769. Elle fut guillotinée, le 13 juin 1793, en même temps que son beau-frère Michel-Julien Picot de Limoëlan. La sœur d’André Desilles mourut avec un admirable courage.
Le major américain Chafner. Voyez sur lui la note [216].
Les recherches faites par M. Ch. Cunat aux Archives de la Marine, ont constaté l’exactitude de tous les détails donnés ici par Chateaubriand. Il s’embarqua à bord du brick le Saint-Pierre de 160 tonneaux, capitaine Dujardin Pinte-de-Vin, allant aux îles Saint-Pierre et Miquelon, d’où il devait relever pour Baltimore (Ch. Cunat, op. cit.).
François-Charles Nagot, (et non Nagault, comme l’a écrit Chateaubriand) n’était pas supérieur du séminaire de St-Sulpice; il était supérieur à Paris de la communauté des Robertins, une des annexes du séminaire de Saint-Sulpice. Désigné par M. Emery pour être supérieur du séminaire que les Sulpiciens projetaient d’établir à Baltimore, il s’embarqua à Saint-Malo sur le Saint-Pierre, emmenant avec lui trois jeunes prêtres de la Compagnie de Saint-Sulpice, MM. Tessier, Antoine Garnier et Levadoux. Arrivés à Baltimore le 10 juillet 1791, l’abbé Nagot y installa, dès le mois de septembre suivant, le séminaire de Sainte-Marie, le premier et le plus renommé séminaire des États-Unis. En 1822, le pape Pie VII érigea le collège de Sainte-Marie en Université catholique, avec pouvoir de conférer des grades ayant la même valeur que ceux qui se donnent à Rome et dans les autres universités du monde chrétien. M. Nagot mourut en 1816 dans cette maison qu’il avait fondée et qu’il laissait prospère, après l’avoir conduite à travers les difficultés inséparables de tout commencement. (Voir Élisabeth Seton et les commencements de l’Église catholique aux États-Unis, par Mme de Barberey, 4me édition, tome II, p. 482.)
Ici encore se vérifie la minutieuse exactitude à laquelle Chateaubriand s’est astreint dans la rédaction de ses Mémoires. Mirabeau est mort le 2 avril 1791. Les lettres mettant alors environ trois jours pour aller de Paris à Saint-Malo, madame de Chateaubriand a donc dû recevoir la lettre de son fils aîné le 5 avril. Trois jours après, c’était le 8 avril… C’est justement le 8 avril que l’abbé Nagot – et Chateaubriand avec lui – s’embarquèrent sur le Saint-Pierre. (Voir Élisabeth Seton, tome II, p. 483.)
Ce livre a été écrit à Londres, d’avril à septembre 1822. – Il a été revu en décembre 1846.
Le 5 avril 1822 est le jour de son arrivée à Londres. Il débarqua à Douvres dans la soirée du 4 avril. On lit dans le Moniteur du jeudi 11 avril: «D’après les dernières nouvelles d’Angleterre, le paquebot français L’Antigone est entré le 4 avril au soir dans le port de Douvres, ayant à bord M. le vicomte de Chateaubriand, ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne. Il est descendu à l’hôtel Wright, où il a passé la nuit. Le lendemain, au point du jour, il a été salué par les batteries du château et une seconde salve a annoncé le moment de son départ pour Londres. Son excellence est arrivée dans la capitale le 5 dans l’après-midi, avec une suite composée de cinq voitures. Sa demeure est l’hôtel habité précédemment par M. le duc Decazes, dans Portland-Place.»
L’auberge de Douvres, où descendit Chateaubriand, ne s’appelait pas Shipwrigt-Inn, ce qui signifierait hôtel du constructeur de vaisseau; mais bien Ship-Inn, hôtel du vaisseau. Il est vrai que le propriétaire de l’hôtel s’appelait Wright, et qu’il a été ainsi cause de la méprise. (Chateaubriand et son temps, par M. de Marcellus, p. 46.)
Voir l’Appendice № X: Le Baron Billing et l’ambassade de Londres.
Le comte Georges de Caraman, devenu plus tard ministre plénipotentiaire, était le fils du duc de Caraman, alors ambassadeur à Vienne, et qui allait bientôt, avec le vicomte Mathieu de Montmorency, ministre des Affaires étrangères, avec Chateaubriand, ambassadeur à Londres, et M. de la Ferronnays, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, représenter la France au congrès de Vérone.
Marie-Louis-Jean-André-Charles Demartin du Tyrac, comte de Marcellus (1795–1865). Secrétaire d’ambassade à Constantinople en 1820, il découvrit à Milo et envoya en France la Vénus victorieuse, dite Vénus de Milo. Après avoir été premier secrétaire à Londres et chargé d’affaires, après le départ de Chateaubriand pour le congrès de Vérone, il fut envoyé en mission à Madrid et à Lucques. Nommé, sous le ministère Polignac, sous-secrétaire d’État des Affaires étrangères, il déclina ses fonctions et rentra dans la vie privée. Il a publié, de 1839 à 1861, les ouvrages suivants: Souvenirs de l’Orient, – Vingt jours en Sicile, – Épisodes littéraires en Orient, – Chants du peuple en Grèce, – Politique de la Restauration, – Chateaubriand et son temps, – Les Grecs anciens et modernes.
François-Adolphe, comte de Bourqueney (1799–1869). Il avait débuté dans la carrière diplomatique à 17 ans comme attaché d’ambassade aux États-Unis. En 1824, secrétaire de légation à Berne, il donna sa démission pour suivre dans sa chute M. de Chateaubriand, qui venait d’être renvoyé du ministère, et, comme le grand écrivain, il collabora au Journal des Débats. Comme lui encore, il accepta sous le ministère Martignac, un poste dont il se démit à l’avènement du ministère Polignac. Après la Révolution de 1830, il rentra dans la diplomatie, et nous le retrouvons secrétaire d’ambassade à Londres, en 1840, sous M. Guizot; il signa, en qualité de chargé d’affaires, la convention des détroits (1841), qui faisait rentrer la France dans le concert européen. Nommé ambassadeur à Constantinople en 1844, il se retira à la suite de la Révolution de 1848. Sous le second Empire, ambassadeur à Vienne, il prit une part importante aux négociations qui terminèrent la guerre d’Orient et à celles qui terminèrent la guerre d’Italie. Il fut ainsi l’un des signataires du traité de Paris (1856) et du traité de Zurich (1859). Louis-Philippe l’avait fait baron en 1842; en 1859, Napoléon III le fit comte. Le 31 mars 1856, il avait été appelé au Sénat impérial.
M. Decazes, le 17 février 1820, avait quitté le ministère pour l’ambassade de Londres (avec le titre de duc), et il avait conservé cette ambassade jusqu’au 9 février 1822.
Georges IV, né en 1762, mort en 1830. Appelé à la régence en 1811, lorsque son père fut tombé en démence, il ne prit le titre de roi qu’en 1820.
Robert Banks Jenkinson, 2me comte Liverpool, d’abord lord Hawesbury, né en 1770, était entré jeune dans la vie publique sous le patronage de son père, collègue de Pitt, et occupait depuis 1812 le poste de premier ministre. Il mourut en 1827.
Castlereagh (Robert Stewart, marquis de Londonderry, vicomte), né en Irlande en 1769. Secrétaire d’État pour les Affaires étrangères, lorsque Chateaubriand arriva à Londres, il devait bientôt périr d’une fin tragique. Atteint d’un affaiblissement cérébral attribué au chagrin que lui causait le désordre de ses affaires, il se coupa la gorge le 13 août 1822.
Le duc de Wellington ne faisait pas partie, en 1822, du cabinet Liverpool. Ce fut seulement au mois de janvier 1828 qu’il devint premier ministre et premier lord de la trésorerie.
George Canning (1770–1827). Il venait d’être nommé gouverneur général des Indes, lorsque Castlereagh se tua. Il le remplaça au foreign-office et devint le chef du cabinet à la fin d’avril 1827, quand lord Liverpool fut frappé d’apoplexie. Canning mourut moins de quatre mois après, le 8 août 1827.
Sarah, fille aînée du 10e comte de Westmoreland et héritière de son grand-père maternel, le très riche banquier Robert Child, était en 1822 une des reines du monde élégant de Londres. Son mari, lord Jersey, un type accompli de grand seigneur, a rempli à plusieurs reprises des charges de cour. Lady Jersey est morte en 1867, à l’âge de quatre-vingts ans, ayant survécu à son mari et à tous ses enfants. Une de ses filles, lady Clementina, morte sans être mariée, avait inspiré une vive passion au prince Louis-Napoléon, qui n’avait été détourné de demander sa main que par l’aversion que lui témoignait lady Jersey.
Henry, 1er baron Brougham et de Vaux, né à Edimbourg en 1778, mort le 9 mai 1868 à Cannes, où il avait fini par fixer sa résidence. L’extraordinaire talent qu’il avait déployé dans le procès de la reine Caroline, comme avocat de la princesse, avait fait de lui un des personnages les plus célèbres de l’Angleterre.
Lady Mansfield, une des rares dames anglaises qui aient hérité directement de la pairie. Les lettres patentes qui avaient créé son oncle William Murray, Grand-Juge d’Angleterre, comte de Mansfield, stipulaient que le titre serait réversible sur la tête de sa nièce Louise. Elle en hérita, en effet, en 1793. La comtesse de Mansfield avait épousé en 1776 son cousin, le 7e vicomte Stormont, de qui elle eut plusieurs enfants, entr’autres un fils qui lui succéda comme 3e comte Mansfield. Devenue veuve, elle se remaria en 1797 avec l’honorable Robert Fulke Greville. Son titre étant supérieur à celui de l’un ou de l’autre de ses maris, suivant la coutume anglaise elle ne prit pas leur nom, mais était toujours appelée la comtesse de Mansfield. Elle mourut en 1843, après avoir occupé une place brillante dans la société de Londres.
On appelait ainsi une suite de salons servant à des concerts, à des bals et autres réunions de ce genre. Ils tiraient leur nom d’un certain Almack, ancien cabaretier, qui les fit construire, en 1765, dans King street, Saint-James. Plus tard ces salons furent connus sous la désignation de Willis Rooms. Le nom d’Almack’s est surtout associé au souvenir des bals élégants qui s’y donnèrent depuis 1765 jusqu’en 1810. Ces fêtes étaient organisées par un comité de dames appartenant à la plus haute aristocratie et qui se montraient extrêmement difficiles sur le choix des invités. Être reçu aux bals d’Almack était considéré par les gens du monde fashionable comme la plus rare des distinctions, et la plus enviable.
«L’ambassadeur, dit ici M. de Marcellus, n’a jamais eu de serviteur appelé Lewis, ni de house-maid nommée Peggy. On peut m’en croire sur tous ces détails de son ménage, moi qui le tenais. Le reste est exact.» Chateaubriand et son temps, p. 48.
Voir, à l’Appendice, le № XI: Francis Tulloch.
C’est l’hémistiche de Virgile renversé. Virgile a dit: Æquora tuta silent. (Énéid. I. v. 164.)
Giustiniani (1470–153l), hébraïsant, né à Gênes. Il fut évêque de Nebbio (Corse), et publia, en 1516, un psautier sous ce titre: Psalterium hebraicum, græcum, arabicum, chaldaicum.
Psaume XVIII, v. 5–6.
Locution nouvelle empruntée à l’adjectif latin cæruleus, azuré.
Portulan, livre qui contient la description de chaque port de mer, du fond qui s’y trouve, de ses marées, de la manière d’y entrer et d’en sortir, de ses inconvénients et de ses avantages. Dictionnaire de Littré.
Voir les Natchez, livre VII.
Dans son Essai sur les Révolutions, pages 635 et suivantes, Chateaubriand avait raconté avec beaucoup de détails son voyage aux Açores. Le récit des Mémoires est de tous points conforme à celui de l’Essai.
C’est un des 9000 vers de la Chronique dans laquelle Guillaume-le-Breton a retracé la vie de Philippe-Auguste depuis son couronnement jusqu’à sa mort: Philippidos libri duodecine, sive Gesta Philippi Augusti, versibus heroïcis descripta.
Jérusalem délivrée, chant XV, stance 27.
Génie du christianisme, première partie, livre V, chapitre XII: Deux perspectives de la Nature.
Washington avait été nommé, en 1789, président de la République pour quatre ans. Réélu en 1793, il résigna le pouvoir en 1797.
Washington est mort le 9 décembre 1799.
Ercilla Y Zuniga (Don Alonso de), célèbre poète espagnol (1533–1595). À vingt ans, il fit partie sur sa demande, de l’expédition envoyée pour étouffer la révolte des Araucans dans le Chili. Il y trouva le sujet de son poème: l’Araucanie (la Araucana), qu’il dédia à Philippe II et qui parut en trois parties (1569–1578–1589).
Michel de Castelnau (1520–1572) a été cinq fois ambassadeur en Angleterre, sous les règnes de Charles IX et de Henri III. Ses Mémoires vont de 1559 à 1570.
C’est le second vers de l’Attila de Corneille (Acte I, scène I):
Ils ne sont pas venus, nos deux rois; qu’on leur die
Qu’ils se font trop attendre, et qu’Attila s’ennuie.
Latitude et longitude reconnues aujourd’hui trop fortes de 4 degrés ¼. (Note de Genève, 1832.) Ch.
«L’Essai historique sur les Révolutions fut imprimé à Londres en 1796, par Baylis, et vendu chez de Boffe en 1797.» Avertissement de l’auteur pour l’édition de 1826. Œuvres complètes de Chateaubriand, tome premier.
Trompé par sa mémoire, Chateaubriand, lors de son voyage en Grèce, avait, en effet, cherché à Sparte le tombeau de Léonidas et de ses compagnons. «J’interrogeai vainement les moindres pierres, dit-il dans l’Itinéraire, pour leur demander les cendres de Léonidas. J’eus pourtant un mouvement d’espoir près de cette espèce de tour que j’ai indiquée à l’ouest de la citadelle, je vis des débris de sculptures, qui me semblèrent être ceux d’un lion. Nous savons par Hérodote qu’il y avait un Lion de pierre sur le tombeau de Léonidas; circonstance qui n’est pas rapportée par Pausanias. Je redoublai d’ardeur, tous mes soins furent inutiles.» Et ici, en note, Chateaubriand ajoute: «Ma mémoire me trompait ici: le lion dont parle Hérodote était aux Thermopyles. Cet historien ne dit pas même que les os de Léonidas furent transportés dans sa patrie. Il prétend, au contraire, que Xercès fit mettre en croix le corps de ce prince. Ainsi, les débris du lion que j’ai vus à Sparte ne peuvent point indiquer la tombe de Léonidas. On croit bien que je n’avais pas un Horace à la main sur les ruines de Lacédémone; je n’avais porté dans mes voyages que Racine, Le Tasse, Virgile et Homère, celui-ci avec des feuillets blancs pour écrire des notes. Il n’est donc pas bien étonnant qu’obligé de tirer mes ressources de ma mémoire, j’aie pu me méprendre sur un lieu, sans néanmoins me tromper sur un fait. On peut voir deux jolies épigrammes de l’Anthologie sur ce lion de pierre des Thermopyles.» Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome I, p. 83.
Asgill (sir Charles), général anglais. Envoyé en Amérique en 1781 pour servir sous les ordres de Cornwallis, il fut fait prisonniers par les Insurgents et désigné par le sort pour être mis à mort par représailles. L’intervention du gouvernement français le sauva. Un acte du congrès américain révoqua son arrêt de mort. Asgill accourut aussitôt à Versailles pour remercier Louis XVI et Marie-Antoinette, qui avaient vivement intercédé pour lui. Cet épisode a fourni le sujet de plusieurs pièces de théâtre et de plusieurs romans qui obtinrent une grande vogue.
Fontanes fut chargé par le premier consul de prononcer aux Invalides, le 20 pluviôse an VIII (9 février 1800), l’éloge funèbre de Washington. Dans cet éloquent et noble discours, l’orateur, devant tous ses témoins, dont quelques-uns avaient applaudi au crime du 16 octobre 1793, ne craignit pas de faire à la reine Marie-Antoinette une allusion délicate autant que courageuse: «C’est toi que j’en atteste, disait-il, ô jeune Asgill, toi dont le malheur sut intéresser l’Angleterre, la France et l’Amérique. Avec quels soins compatissants Washington ne retarda-t-il pas un jugement que le droit de la guerre permettait de précipiter! Il attendit qu’une voix alors toute puissante franchit l’étendue des mers, et demandât une grâce qu’il ne pouvait lui refuser. Il se laissa toucher sans peine par cette voix conforme aux inspirations de son cœur, et le jour qui sauva une victime innocente doit être inscrit parmi les plus beaux de l’Amérique indépendante et victorieuse». Éloge funèbre de Washington, prononcé dans le Temple de Mars, par Louis Fontanes, le 20 pluviôse, an VIII.
J.-B. Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, né le 1er juillet 1725. En 1780, il fut envoyé en Amérique, avec 6,000 hommes, au secours des Insurgents, et contribua puissamment à leurs succès. Nommé maréchal de France en 1791, puis investi, la même année, du commandement de l’armée du Nord, il tenta vainement d’y rétablir la discipline et donna sa démission au mois de mai 1792. Il mourut le 10 mai 1807.
Cette jolie page sur M. Violet, maître de danse chez les Iroquois, avait déjà paru dans l’Itinéraire, tome II, p 201. En arrivant à Tunis, le 18 janvier 1807, Chateaubriand tomba au milieu d’un bal donné par le consul de France, M. Devoise. «Le caractère national, dit-il, ne peut s’effacer. Nos marins disent que, dans les colonies nouvelles, les Espagnols commencent par bâtir une église, les Anglais une taverne, et les Français un fort; et j’ajoute une salle de bal. Je me trouvais en Amérique, sur la frontière du pays des sauvages: j’appris qu’à la première journée je rencontrerais parmi les Indiens un de mes compatriotes. Arrivé chez les Cayougas, tribu qui faisait partie de la nation des Iroquois, mon guide me conduisit dans une forêt. Au milieu de cette forêt on voyait une espèce de grange; je trouvai dans cette grange une vingtaine de sauvages, hommes et femmes…» Vient alors le récit du bal, avec la peinture de M. Violet, en veste de droguet et en habit vert-pomme. Chateaubriand avait écrit là une page de ses Mémoires; force lui était bien de la reprendre pour la remettre ici à sa vraie place.
Il y a encore là un souvenir de l’Itinéraire, souvenir qui se rapporte à la page suivante: «Tout ce qu’on dit de la passion des Arabes pour les contes est vrai, et j’en vais citer un exemple: pendant la nuit que nous venions de passer sur la grève de la mer Morte, nos Bethléémites étaient assis autour de leur bûcher, leurs fusils couchés à terre à leurs côtés, les chevaux attachés à des piquets, formant un second cercle en dehors. Après avoir bu le café et parlé beaucoup ensemble, ces Arabes tombèrent dans le silence, à l’exception du scheick. Je voyais à la lueur du feu ses gestes expressifs, sa barbe noire, ses dents blanches, les diverses formes qu’il donnait à son vêtement en continuant son récit. Ses compagnons l’écoutaient dans une attention profonde, tous penchés en avant, le visage sur la flamme, tantôt poussant un cri d’admiration, tantôt répétant avec emphase les gestes du conteur; quelques têtes de chevaux qui s’avançaient au dessus de la troupe, et qui se dessinaient dans l’ombre, achevaient de donner à ce tableau le caractère le plus pittoresque, surtout lorsqu’on y joignait un coin du paysage de la mer Morte et des montagnes de Judée.» Itinéraire, Tome I, p. 336.
Vie de Phocion, par Plutarque.
L’Odyssée, chant VII. – Arété était la femme d’Alcinoüs.]
Giovanni Paisiello (1741–1816). De ses compositions dramatiques qui sont au nombre de quatre-vingt-quatorze, plusieurs ont survécu. Les plus célèbres sont la Serva padrona, Nina o la pazza d’amore, la Molinara et Il re Teodoro.
«Le duo de Pandolfette, dit M. de Marcellus, était le morceau que M. de Chateaubriand demandait le plus souvent à mon piano; et, quand je le lui rappelais par quelques notes, il chantait lui-même volontiers Il tuo viso m’innamora.» Chateaubriand et son temps, p. 59.
Domenico Cimarosa (1754–1801). Il a composé plus de 120 opéras. Il excellait surtout dans le genre bouffon. Son chef-d’œuvre, dans ce dernier genre est Il matrimonio segreto, représenté pour la première fois à Vienne en 1792.
Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome II, p. 102.
Essai sur les révolutions, livre Ier, seconde partie, chapitre XXIII. – Atala, dans l’Épilogue.
Horace. Odes, livre I, ode VII, A. L. Munaccius Plancus.
Jésuites français, missionnaires au Canada; le premier fut massacré, en haine de la foi, après d’horribles tortures; le second évangélisa les Sauvages pendant près de quarante ans. Isaac Jogues, né à Orléans le 10 janvier 1607, admis au noviciat de Rouen le 24 octobre 1624, professa les humanités dans le collège de cette ville. Il obtint les missions du Canada en 1636, et fut martyrisé par les Agniers ou Mohawks, le 18 octobre 1646. – Jérôme Lallemant, né à Paris le 26 avril 1593, entra au noviciat le 2 octobre 1610. Il enseigna les belles lettres et la philosophie à Paris, et fut recteur de Blois et de La Flèche. Il partit ensuite pour le Canada, fut supérieur général de la mission et mourut à Québec le 26 janvier 1673. Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouvelle édition (1693), par le P. C. Sommervogel, Tome IV, p. 808 et 1400.
Chateaubriand n’a point romancé ses souvenirs. Le récit des dangers qu’il a courus à Niagara est ici de tous points conforme à celui qu’il en avait donné dès 1797 dans une note de l’Essai, pages 527–530.
De Saint-Clément d’Alexandrie, un des pères de l’Église grecque, il nous reste entre autres ouvrages [Grec: Στρωματεῖς] les Stromates (tapisseries), recueil en huit livres de pensées chrétiennes et de maximes philosophiques, placées sans ordre et sans liaison, de même que dans une prairie, selon l’expression de l’auteur, les fleurs se mêlent et se confondent.
Ceci était écrit en 1822, et les Natchez n’avaient pas encore paru. L’auteur ne devait les publier qu’en 1826. Mila, l’une des héroïnes du poème, est peut-être la plus charmante création de Chateaubriand.
«Tout ce qui précède, depuis: l’immobilité politique est impossible, avait été, dit M. de Marcellus, écrit dans une dépêche officielle, transcrite de ma main, et en fut retranché presque aussitôt pour passer dans les Mémoires; comme si c’était dicté par une verve trop élevée pour aller se perdre et s’enfouir dans une correspondance éphémère.» Chateaubriand et son temps, p. 62.
Lord Francis Conyngham, frère du premier marquis de ce nom, était chambellan (groom of the bed-chamber) du roi Georges IV.
Lady Conyngham, dont Chateaubriand parle ici, non peut-être sans une certaine malice rétrospective, n’était pas la femme de lord Francis Conyngham, mais sa belle-sœur, la femme du marquis, elle était la maîtresse de George IV. – Dans le Journal de Charles G.-F. Greville, secrétaire du conseil privé, il est souvent parlé de Lady Conyngham. Greville, écrit, à la date du 2 mai 1821: «Lady Conyngham habite une maison de Marlborough-Row, entourée de toute sa famille, qui est, comme elle-même, pourvue de chevaux, de voitures et de gens par les écuries royales et elle se promène à cheval avec sa fille Élisabeth, mais jamais avec le roi, qui va de son côté en compagnie d’un de ses gentilshommes. Au surplus, ils ne se montrent jamais ensemble en public. Elle dîne tous les jours avec le roi, ainsi que sa fille qui ne la quitte guère, et elle agit en maîtresse de maison. Elles ont toutes deux reçu de lui de magnifiques présents, notamment des perles du plus grand prix, que Mme de Liéven dit supérieures à celles des grandes-duchesses elles-mêmes.»
Les ruines de Mitla et de Palenque au Mexique prouvent aujourd’hui que le Nouveau-Monde dispute d’antiquité avec l’Ancien. (Paris, note de 1834.) Ch.
Je l’ai donnée dans mes Voyages. (Note de Genève, 1832.) Ch. – Cette histoire de Tabamica se trouve à la page 248 du Voyage en Amérique, où elle porte ce titre: Chanson de la Chair blanche.
L’arrestation du roi à Varennes eut lieu le 22 juin 1791.
Énéide, livre III, v. 302–303.
Les prévisions de Chateaubriand se sont vérifiées ici avec une étonnante justesse. Il écrivait en 1822: «En 1880, la population des États-Unis dépassera cinquante millions.» Or, d’après le recensement officiel du 1er juin 1880, le chiffre de la population, à cette date, était de cinquante millions quatre cent quarante-cinq mille, trois cent trente-six habitants.
Thomas Jefferson (1743–1826) fut le troisième président des États-Unis (les deux premiers avaient été Washington et John Adams). Élu en 1801 et réélu en 1805, il resta huit ans à la tête de l’administration. C’est lui qui réunit la Louisiane aux États-Unis.
Brackenridge (Henri), né à Pittsburg en 1786. Outre deux études sur Jefferson et Adams et une Histoire populaire de la guerre de 1814 avec l’Angleterre, il a publié un Voyage dans l’Amérique du Sud (1810), – La Louisiane (1812), – et les Souvenirs de l’Ouest (1834).
Thomas Say, né à Philadelphie en 1787, mort à New-Harmony en 1834. On lui doit une Entomologie américaine (1824) et une Conchyliologie américaine (1830).
Alexandre Wilson (1766–1813) était né à Paisley, en Écosse, mais il passa de bonne heure en Amérique. Tour à tour tisserand, maître d’école, colporteur, il s’attacha à l’étude et à la description des oiseaux. Son Ornithologie (American Ornithology), parue de 1808 à 1813, et formant sept volumes, est à la fois un monument scientifique et, par la variété et la finesse des peintures, une œuvre littéraire d’une réelle valeur.
Charles Brockden Brown, né à Philadelphie le 17 janvier 1771, mort le 22 février 1810. Il est l’auteur de plusieurs romans, dont le meilleur est celui que cite Chateaubriand, Wieland ou la Transformation.
Caleb Williams, œuvre dramatique et puissante du romancier anglais William Godwin, avait paru en 1794, un an avant le roman de Brown, et son succès avait été aussi considérable en Amérique qu’en Angleterre.
Fenimore Cooper (1780–1851), le plus célèbre des romanciers américains.
Washington Irving (1783–1859). De nombreux voyages en Europe et surtout de longs séjours en Espagne, où il revint enfin, comme ministre de son pays, en 1842, lui ont fourni les éléments de ses principaux ouvrages. Les plus célèbres sont les Contes d’un voyageur (1824), l’Histoire de la vie et des voyages de Christophe Colomb (1828–1830), la Chronique de la conquête de Grenade (1829).
Halleck (Fitz-Greene), poète américain, né à Guilfort (Connecticut) en 1795, mort en 1867. Ses Œuvres complètes, parues à New-York en 1852, ont eu de nombreuses rééditions. Marco Botzaris, épisode de la révolution grecque, est son œuvre la plus remarquable.
L’adjectif attrempé est un terme de fauconnerie pour désigner un oiseau qui n’est ni gras, ni maigre. Chateaubriand l’emploie ici dans le sens de mitigé. C’est un emprunt qu’il fait à la langue italienne, attemperato, comme il a déjà fait de nombreux emprunts à la langue latine, fragrance, effluences, cérulés, diluviés, vastitude, blandices, rivulaires, obiter.
Chrysogène, née de l’or. Terme nouveau inventé par l’auteur et qui mérite de faire fortune.
Chateaubriand avait beaucoup lu Hérodote, qui ne quittait pas sa table, à l’époque où il écrivait son Essai sur les Révolutions. Dans une conversation avec M. de Marcellus, en 1822, il jugeait ainsi le vieil historien: «Hérodote est, avec Homère, le seul auteur grec que je puisse lire encore. Il n’y a pas, quoiqu’en dise Plutarque, une ombre de malice dans ses récits. Il est véridique et très circonspect quand il touche aux antiques légendes. Enfin, il est aisé, abondant, et surtout clair et simple, premières vertus du style de l’histoire.» Chateaubriand et son temps, p. 75.
Traduction du mons aquæ, dans la tempête de Virgile:
… Cumulo præruptus aquæ mons.
Diluviés pour ruisselants, expression latine de Lucrèce:
Omnia diluviare ex alto gurgite ponti.
C’est d’après cette tempête, où il avait failli périr, que Chateaubriand peindra plus tard, au XIXe livre des Martyrs, le naufrage de Cymodocée. On lit dans les notes qui accompagnent ce livre: «Je ne peins dans ce naufrage que ma propre aventure. En revenant de l’Amérique, je fus accueilli d’une tempête de l’Ouest qui me conduisit, en vingt et un jours, de l’embouchure de la Delaware à l’île d’Aurigny, dans la Manche, et fit toucher le vaisseau sur un banc de sable… Je regrette de n’avoir point la lettre que j’écrivis à M. de Chateaubriand, mon frère, qui a péri avec son aïeul M. de Malesherbes. Je lui rendais compte de mon naufrage. J’aurais retrouvé dans cette lettre des circonstances qui ont sans doute échappé à ma mémoire, quoique ma mémoire m’ait bien rarement trompé.» – Ne convient-il pas de voir dans ce regret une nouvelle preuve de ce constant souci d’exactitude qui ne quitta jamais Chateaubriand, même lorsqu’il écrivait ses poèmes, à plus forte raison lorsqu’il écrivit ses Mémoires?
Chateaubriand s’était alors fixé à Genève.
Chateaubriand venait de faire un voyage dans le Midi de la France.
Épigraphe de la Thébaïde des Grèves.
Vers du même recueil, extrait de la pièce intitulée: une Soirée de Février.
Lettres inédites d’Alfred de Vigny, dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier 1897.
Son neveu, le comte Louis de Chateaubriand.
Caroline de Bedée, cousine-germaine de Chateaubriand.
Un volume in-18. Michel Lévy frères, éditeurs.
C’était le titre que Chateaubriand avait d’abord projeté de donner à ses récits. On lit à la première page du Manuscrit de 1826: Mémoires de ma vie, commencés en 1809.
Charles Cunat. Recherches sur plusieurs des circonstances relatives aux origines, à la naissance et à l’enfance de M. de Chateaubriand.
Revue des Deux-Mondes, du 15 avril 1831. – Portraits contemporains, par C.A. Sainte Beuve, t. I, p. 37.
Revue de Paris, mars 1834.
Le comte de Saint-Florentin (1705–1777) était fils de L. Philippeaux, marquis de La Vrillière, ministre de la maison de Louis XV. Il occupa lui-même, pendant cinquante-deux ans, différents ministères, notamment celui de la maison du roi et celui de l’intérieur. Louis XV le créa duc en 1770.
Le Tableau des Assemblées secrètes et fréquentes des Jésuites et leurs affiliés à Rennes, était un libelle anonyme répandu par les partisans de La Chalotais. On y dévoilait les horribles détails de la grande conspiration «Jésuitique», tramée contre de «vertueux magistrats». On y montrait les Jésuites préparant tout dans leurs assemblées clandestines, rédigeant les chefs d’accusation, sollicitant les témoins, dénonçant les parents, les amis, les conseils des accusés, choisissant les espions qu’ils voulaient distribuer dans toute la province. Une information fut ordonnée contre les auteurs, complices et distributeurs de l’écrit anonyme, aussi bien que contre ceux qui avaient pu former quelque part des assemblées illicites. Plus de cent témoins furent entendus. Pas un fait ne fut articulé qui pût donner créance aux affirmations de la brochure, et un arrêt ordonna que le Tableau des Assemblées fût «lacéré et brûlé». – Voy. La Chalotais et le duc d’Aiguillon, par Henri Carré, professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Poitiers. 1893.
Henri Carré, La Chalotais et le duc d’Aiguillon.
Au mois de février 1793, Joseph de Maistre, envoyant à Mallet du Pan le manuscrit de son Adresse à la Convention nationale, lui écrivait: «Combien il m’en a coûté d’adresser la parole à cette Convention française! À chaque instant, je croyais me souiller en lui parlant et je l’ai perdue de vue autant qu’il m’a été possible, vous l’apercevrez en me lisant. Depuis le grand crime, toute ma philosophie m’abandonne.» – Lettre inédite, publiée par M. François Descostes, dans son ouvrage sur Joseph de Maistre pendant la Révolution.
Dans la préface de l’édition de 1823.
Sur la côte de Terre-Neuve. Ch.
Il était tiré de mes Tableaux de la Nature, que quelques gens de lettres connus et qui ont péri comme je le rapporte ci-après. Ch.