EPILOGUE

Les quatre moteurs de l’avion tournent rond. Au-dessus de nous, l’océan miroite à l’infini.

Comme de bien entendu, Pinaud dort sur son fauteuil. Il s’est dopé à l’aspirine et au vin blanc de Californie pour faire le voyage. Mon ami Béru fourrage dans ces fosses nasales d’un air préoccupé et consomme distraitement le produit de ses fouines.

L’hôtesse de l’air annonce :

— Nous allons survoler dans quelques instants le paquebot Liberté qui cingle vers la France !

Les passagers se détranchent pour apercevoir le barlu. Moi je ne bronche pas. Je le connais, le Liberté.

Le Gros abandonne ses explorations pifales pour me dire :

— L’avion, ça va tout de même plus vite que le bateau.

Ayant exposé ce point de vue pertinent, le voilà qui se récure les manettes avec une allumette de la Régie française des tabacs.

L’hôtesse de l’air s’approche de moi.

— Monsieur le commissaire, voici un câble pour vous. Il vient de New York.

Je prends connaissance du message. Il est signé Andy et il dit textuellement ceci :

« Venons découvrir, chambre hôtel Times Square, un certain Harry Johnson, lieutenant de Xidos. L’homme déguisé pasteur était ligoté. Etes-vous courant ? Bon voyage. Amitiés. »

— Qu’est-ce que ç’ouest ? grommelle Bérurier.

Pensif, je lui tends le message.

— Si je n’avais pas neutralisé ce révérend, lui dis-je, tu serais mort et Pinaud aussi. C’est parce que Xidos pensait que nous l’avions à notre disposition qu’il vous a gardés comme otages ! Et dire que je croyais m’être trompé au sujet du pasteur !

J’éclate de rire.

— La vie est marrante.

— Il y a une réponse à transmettre ? demande l’hôtesse.

Je la regarde. Elle est pas mal du tout, cette mignonne. Elle est brune, carrossée par Chapron, et elle sent Paris.

— Oui, fais-je. Il y en a une.

Elle me tend un bloc et un crayon. J’écris tout en lui surveillant l’avant-scène :

« A Chef Inspecteur Andy F.B.I. New York. Avais moi-même donné bénédiction au pasteur. Excellent voyage. Hôtesse de l’air exactement mon genre. Amitiés. San-Antonio. »

La môme, qui lit par-dessus mon épaule, rougit de confusion.

Ça n’est pas pour me déplaire. Car si j’aime parfois les morues, je préfère toujours les langoustes !

FIN
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