12

Mes rêves, cette fois, furent plus agréables. Le seul souvenir déplaisant qui m’en soit resté n’était d’ailleurs pas vraiment insupportable. Je ne puis le comparer qu’à une interminable frustration. C’était un rêve glacé dans lequel j’errais, tout grelottant, à travers d’innombrables couloirs, en essayant toutes les portes, croyant chaque fois que la suivante serait celle donnant sur l’été, et que Ricky m’attendait derrière. Pete m’exaspérait. Ah ! Cette habitude qu’ont les chats (précède-moi en me suivant) de courir entre vos jambes avec la certitude qu’on ne leur marchera pas dessus et qu’ils n’encaisseront pas le moindre coup de pied !

A chaque nouvelle porte, Pete se précipitait, lançait un regard au-dehors et, constatant que l’hiver sévissait toujours, faisait demi-tour, au risque, à chaque fois, de me faire trébucher.

Pourtant, nul de nous n’abandonna sa conviction que la prochaine porte serait la bonne.

Mon réveil fut facile, cette fois. Je ne me sentais pas désorienté. Le docteur sembla même vexé que je ne voulusse ni petit déjeuner, ni journal, ni bavardage. Je ne me crus pas tenu d’expliquer que c’était mon deuxième réveil. Il n’en eût rien cru.

Un message, daté d’une semaine, m’attendait. C’était de John :


Cher Dan,

Bon, je donne ma langue au chat. Comment avez-vous bien pu vous y prendre ! Malgré Jenny, je me range à votre vœu de ne pas être accueilli. Elle vous envoie ses amitiés, et espère que vous ne serez pas trop long à nous rendre visite. J’ai tâché de lui expliquer que vous seriez occupé un certain temps. Nous allons bien tous les deux ; mais j’ai tendance à marcher là où je courais. Jenny est plus belle que jamais.

Hasta la vista, amigo.

John.

P.S. – Si le chèque ci-joint ne suffit pas, téléphonez, il y en a encore des tas. Nous nous sommes assez bien défendus, je crois.


Je songeai à téléphoner à John pour lui dire bonjour, et aussi pour lui faire part d’une nouvelle idée qui m’était venue pendant mon Sommeil ; un procédé qui ferait du bain habituel et sans imprévu un véritable plaisir de sybarite. Pourtant, je n’en fis rien, ayant d’autres préoccupations, et me contentai de prendre quelques notes pendant que l’idée était claire, pour me rendormir ensuite, la tête de Pete au creux de mon épaule. Je voudrais bien le guérir de cette habitude, flatteuse peut-être, mais gênante sûrement.

Le lundi 30 avril, je pris congé du sanctuaire et me dirigeai vers Riverside. A 10 heures, le lendemain matin, je me présentai à la direction du sanctuaire de Riverside.

— Mon nom est Daniel B. Davis, docteur Rumsey. Vous devez avoir une cliente en traitement du nom de Frederica Virginia Heinicke ?

— Je présume que vous pouvez justifier de votre identité ?

Je lui montrai un permis de conduire de 1970, émis à Denver, et mon certificat de sortie du sanctuaire de Lake Forest. Il les examina, puis, après m’avoir observé, me les rendit.

— Je crois qu’elle est censée sortir de cure aujourd’hui ? dis-je anxieux. N’y a-t-il pas des instructions pour que je puisse assister à son réveil ? C’est-à-dire, pas à tous les traitements qu’on lui fera subir, mais à la fin, au moment où elle reprendra conscience.

Il pinça la bouche et prit un air officiel.

— Les instructions concernant cette cliente ne disent pas qu’elle doit être réveillée aujourd’hui.

— Vraiment ?

J’étais à la fois déçu et peiné.

— Voici ce qui a été notifié : au lieu d’être obligatoirement réveillée aujourd’hui, elle désire ne l’être que lorsque vous serez là. (Il me regarda des pieds à la tête en souriant :) Vous devez avoir un cœur d’or. Je ne puis mettre un tel vœu sur le compte de vos avantages physiques.

Je poussai un soupir de soulagement.

— Merci, docteur.

— Vous pouvez attendre dans le hall ou revenir. Nous n’avons pas besoin de vous d’ici deux heures.

Je gagnai le hall. J’y avais laissé Pete, que je récupérai, et je sortis avec lui, après lui avoir fait réintégrer son nouveau sac de voyage. Il n’en témoignait aucun contentement, bien que je l’eusse choisi aussi ressemblant que possible à l’ancien, et que j’y eusse aménagé un orifice la nuit précédente. Sans doute l’objet n’avait-il pas encore l’odeur voulue.

À 11 h 30, j’étais de retour au sanctuaire. Enfin, on me permit de la voir.

Son corps était recouvert, son visage fut tout ce que je vis d’elle. Mais c’était bien ma Ricky, devenue femme et pareille à un ange ensommeillé.

— Elle est encore sous l’influence hypnotique, dit le Dr Faimsey. Si vous voulez bien rester là, je vais à présent l’éveiller. Hem ! je crois qu’il vaudrait mieux faire sortir ce chat…

— Non, docteur.

Il ouvrit la bouche pour protester, puis haussa les épaules et se tourna vers sa patiente.

— Réveillez-vous, Frederica. Réveillez-vous. Il faut que vous vous réveilliez tout de suite.

Ses paupières frémirent, elle ouvrit les yeux. Son regard erra un instant. Quand il se posa sur moi, elle eut un sourire endormi :

— Danny… et Pete…

Elle tendit les bras – j’aperçus ma chevalière à son pouce gauche.

Pete lâcha un miaulement vibrant et bondit sur le lit où il commença une série de plongeons roulés en signe de vibrantes retrouvailles.

Le Dr Rumsey tenait à ce que Ricky passât la nuit au sanctuaire, mais celle-ci ne voulut rien entendre. Je fis venir un taxi qui nous emmena à Brawley. Sa grand-mère était morte en 1980 et ses attaches sociales s’y réduisaient à rien, mais elle y avait entreposé des objets – pour la plupart des livres. Je les fis expédier à la firme Aladin, aux bons soins de John Sutton.

Ricky fut quelque peu stupéfaite des changements survenus à la ville : elle ne me lâchait pas le bras, mais ne se laissa pas aller à ces crises de mélancolie qui sont si souvent le résultat du Long Sommeil. Elle ne désirait qu’une chose : quitter Brawley au plus vite.

Je louai donc un autre taxi et nous filâmes à Yuma. C’est là, sur le livre de l’état civil, que je signai, d’une belle écriture ronde et claire, apposant mon nom entier « Daniel Boone Davis », de façon à ce qu’il ne puisse subsister le moindre doute sur le D.B. Davis qui avait apposé son nom sur ces feuilles. A quelques minutes de là, je me trouvai debout, sa petite main serrée dans la mienne, et bafouillant :

— Moi, Daniel, je te prends, Frederica… jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Pete fut mon garçon d’honneur. Quant à nos témoins, nous les recrutâmes dans les couloirs de la mairie.

Nous abandonnâmes immédiatement Yuma pour un ranch hospitalier, près de Tucson. Une cabine éloignée du bâtiment central nous y fut louée. Nous avions un robot pour nous servir à domicile, ce qui nous laissait libres de ne voir personne si tel était notre bon plaisir. Pete eut une bagarre gigantesque avec le matou qui avait toujours régné sur le ranch et, par la suite, nous dûmes le garder avec nous et le surveiller étroitement. Ce fut l’unique contrariété dont je me souvienne. Ricky fut une épouse telle qu’on eût cru qu’elle en avait inventé l’état. Quant à moi… eh bien, j’avais Ricky.


* * *

Il n’y a plus grand-chose à raconter.

Quant vint la réunion des actionnaires, suivie de vote, le lot d’actions de Ricky était de loin le plus important. Je fis déménager McBee qui se retrouva sur une voie de garage, comme « Ingénieur d’honneur aux recherches ». Chuck Freudenberg devint ingénieur en chef. John est directeur d’Aladin, et nous menace à tout instant de prendre sa retraite, menace d’ailleurs sans suite. Lui, Jenny et moi contrôlons à nous trois la compagnie, car il a pris soin de répartir les actions de manière à ne lâcher en aucune façon les rênes de l’entreprise. Quant à moi, eh bien, je suis simplementDavis Engineering Co. – une salle de dessin, un petit atelier et un vieux mécanicien qui me croit fou mais exécute à la lettre tous mes plans. Dès que nous terminons un objet, je le fais déposer en vue d’un brevet.

J’ai récupéré mes notes sur Twitchell ; ensuite je lui ai écrit afin de lui annoncer que j’avais gagné la partie, effectuant mon retour par voie hypothermique. Je lui présentai mes plus plates excuses pour avoir douté de lui, et lui demandai s’il aimerait lire mon manuscrit une fois celui-ci terminé… Comme il ne m’a jamais répondu, je présume qu’il doit encore m’en vouloir.

Je l’écris bel et bien, pourtant, ce manuscrit, et j’ai l’intention de faire parvenir le bouquin dans toutes les librairies importantes, dussé-je pour cela l’éditer à mon compte. Je dois bien ça à Twitchell ! Je lui dois même davantage. Je lui dois Ricky. Et Pete. J’intitulerai l’ouvrage : Le génie méconnu.

Jenny et John semblent bâtis pour l’éternité ! Grâce à la gériatrie, à la vie au grand air, au soleil, à des exercices choisis, à une existence sans vains soucis cérébraux, Jenny est plus jolie que jamais à… eh bien, 63 ans est le chiffre sur lequel je parierais.

En ce qui concerne toute notre aventure, John continue à croire que j’ai un simple don de double vue, et se refuse à reconnaître l’évidence. Enfin, comment cela est-il arrivé ? J’ai essayé un jour de l’expliquer à Ricky, mais elle s’est émue du fait qu’à l’époque de notre lune de miel j’étais en réalité – et sans blague ! – à Boulder, et qu’à l’époque où je lui rendais visite au camp de scouts, j’étais également couché endormi dans une maison de Sommeil hypothermique. Elle est devenue si pâle que j’ai ajouté :

— Disons que ce n’est qu’une hypothèse. Tout cela est logique quand on l’observe sous l’angle des mathématiques. Supposons que nous prenions un cochon d’Inde, à taches blanches et brunes. Nous le mettons sur la plate-forme de la machine de Twitchell, et l’expédions à la semaine dernière. Mais comme la semaine précédente nous l’avions déjà découvert à cet endroit et l’avions mis dans une niche avec lui-même, nous avons donc deux cochons d’Inde… bien qu’en réalité, il n’y en ait qu’un, l’autre étant le premier, mais avec huit jours de plus. Ce qui fait que lorsque nous en avons pris un pour l’expédier une semaine en arrière…

— Attends un peu ! Lequel ?

— Comment, lequel ? Mais il n’y en a jamais eu qu’un seul ! On a pris celui qui a une semaine de moins évidemment, car…

— Tu dis qu’il n’y en a qu’un. Puis tu dis qu’il y en avait deux. Ensuite, tu as dit que les deux ne faisaient qu’un, mais que tu allais n’en prendre qu’un des deux… alors qu’il n’y en avait qu’un ?

— J’essaie d’expliquer comment deux peuvent n’être qu’un. Si on prend le plus jeune…

— Comment peut-on reconnaître le plus jeune quand ils sont semblables ?

— Eh bien, on peut couper la queue de celui qu’on renvoie. Puis quand il revient, on pourrait…

— Oh ! Danny ! Comme c’est cruel ! D’ailleurs, les cochons d’Inde n’ont pas de queue !

Elle semblait croire que cela prouvait quelque chose. Je n’aurais jamais dû essayer d’expliquer.

Ricky n’est pas une femme à se lamenter sur des choses sans importance. Me voyant contrarié, elle dit doucement :

— Viens ici, mon chéri. (Elle joua avec ce qui me reste de cheveux, et m’embrassa :) Un exemplaire unique de D.B. Davis est tout ce que je désire, mon amour. Deux seraient peut-être trop. Dis-moi une seule chose : es-tu content d’avoir attendu que je grandisse ?

Tout ce qui était en mon pouvoir, je le fis pour la convaincre que je l’étais.

Pourtant, les explications que j’avais essayé de donner ne résolvaient pas tout. J’avais beau être resté d’un bout à l’autre dans le coup moi-même, et avoir en outre soigneusement noté les faits, un point m’avait échappé : comment se faisait-il que, lors de mon premier séjour en l’an 2000, je n’eusse pas vu l’annonce de ma seconde sortie de cure ? J’entends celle d’avril 2001. J’aurais dû, puisque j’étais là et que je suivais régulièrement cette rubrique. J’ai été réveillé pour la deuxième fois le vendredi 27 avril 2001. L’annonce devait donc paraître dans le Times du lendemain matin. Or, je n’avais rien vu de la sorte la première fois que je m’étais trouvé en 2001. Mais je suis allé vérifier, depuis lors, et j’ai bien lu : « D.B. Davis » dans le Times du 28 avril 2001.

Sur le plan philosophique, une seule ligne d’imprimé peut changer l’univers aussi radicalement que si l’Europe disparaissait de la face du globe. Cette ancienne notion des « univers multiples » est-elle exacte ? Est-il possible que j’aie sauté dans un univers différent, pour avoir un peu malmené les règles ? Même si j’y ai retrouvé Ricky et Pete ? Y a-t-il un autre univers (quelque part ou en quelque temps) dans lequel Pete hurla jusqu’au désespoir, puis, abandonné, s’éloigna pour se défendre seul contre tous ? Et dans lequel Ricky ne parvint pas à s’enfuir avec sa grand-mère, mais fut contrainte de subir les colères et les rancœurs de Belle ?

Une ligne d’imprimé ne suffit pas. Je m’étais probablement endormi ce soir-là, et j’avais manqué mon nom. Le lendemain matin, j’avais du fourrer le journal dans le vide-ordures croyant l’avoir lu. C’est un fait que je suis très distrait, surtout quand je suis préoccupé par une nouvelle invention.

Pourtant, si je l’avais vu, qu’aurais-je fait ? Serais-je allé me rencontrer pour devenir vraiment fou furieux ? Non. Si je l’avais lu, je n’aurais pas entrepris ce que j’avais entrepris par la suite, et qui m’a conduit jusque-là… Mais alors l’histoire n’aurait pu se passer de cette façon. En somme, l’existence même de cette ligne d’imprimé dépendait du fait que je ne la voie pas. La possibilité apparente que j’eusse pu l’apercevoir est un de ces « impossibles » exclus du plan initial.

Mais je ne suis pas seul à avoir fait un voyage dans le temps. Charles Fort a énuméré trop de cas inexplicables autrement et Ambrose Bierce de même. Sans parler de ces deux dames dans les jardins de Trianon. Quelque chose me dit que le Pr Twitchell tourna sa manette plus souvent qu’il ne l’avoua… Pour ne rien dire de tous ceux qui peuvent avoir appris à le faire dans le passé… ou dans l’avenir. Pourtant, je doute qu’il en résulte quelque chose de valable. Dans mon cas, il n’y a que trois personnes qui soient au courant. Et sur ces trois, deux n’y croient pas. Vous ne pouvez pas faire grand-chose, si vous voyagez dans le temps. Comme l’a dit Ford, on ne roule sur les rails que lorsque vient le temps des chemins de fer.

Néanmoins, je ne parviens pas à oublier le cas de Léonard Vincent. S’agissait-il de Léonard de Vinci ? A-t-il traversé le continent pour rejoindre Christophe Colomb et repartir avec lui ? Les encyclopédies disent que sa vie fut comme-ci et comme-ça – mais il a pu en réviser certaines parties. Je sais comme la chose se fait, ayant eu à en user pour mon propre compte. Dans l’Italie du XVe siècle, il n’y avait ni numéros de sécurité sociale, ni cartes d’identité, ni empreintes digitales. Léonard aurait pu s’en tirer.

Mais imaginez-le… Coupé de tout ce à quoi il était habitué, conscient de la possibilité pour l’homme de voler, des forces électriques et atomiques, de mille autres choses, essayant désespérément de les faire connaître afin qu’on pût les utiliser, et restant condamné à l’échec faute des siècles d’élaboration préliminaire qui ont permis seulement de réaliser ses projets à notre époque… Le supplice de Tantale fut moins terrible.

J’ai songé à ce que l’on pourrait faire, sur le plan commercial, du voyage transtemporel, en le mettant dans le domaine public, avec plongées dans le passé, construction de machines pour retourner dans le présent, transfert de découvertes d’une époque à l’autre. Mais un jour, on ferait un bond de trop, et toute possibilité de retour serait exclue, dans un temps qui ne serait pas celui du « chemin de fer ». Une chose aussi simple qu’un alliage spécial pourrait tout bouleverser. En outre subsiste cette indétermination tellement angoissante quant au sens de la marche. Imaginez un peu ce que donnerait une arrivée à la cour d’Henry VIII avec tout un chargement d’éléments électroniques destinés au XXVe siècle.

Non, il ne faut jamais mettre sur le marché des inventions dont on n’a pas contrôlé toutes les utilisations possibles.

Je ne me préoccupe pas plus de philosophie que Pete. Quelle que soit la vérité sur ce monde, je l’aime. J’ai trouvé ma « porte sur l’été » et je ne voyagerai plus dans le temps de peur de me tromper de station. Peut-être mon fils le fera-t-il ? Dans ce cas, je lui souhaiterais plutôt d’aller vers l’avenir que vers le passé. Retourner en arrière vaut pour les cas de force majeure, l’avenir est de loin préférable. Malgré les temporisateurs, les romantiques et autres anti-intellectuels de tout poil, le monde progresse continuellement parce que le cerveau humain, étudiant ses possibilités, le rend meilleur. Tant à l’aide des mains, des outils, que du bon sens et de la science.

La plupart de ces dénigreurs à longs cheveux sont incapables de planter un clou ou de se servir d’une règle à calcul. J’aimerais pouvoir les inviter sur la plate-forme du Pr Twitchell et les éjecter dans le XIIe siècle. Qu’ils s’y amusent !

Mais je n’en veux à personne, et aujourd’hui me plaît. Sauf que Pete vieillit, grossit, qu’il est moins porté à choisir de jeunes adversaires, et que très bientôt, il lui faudra se mettre à la cure de sommeil définitive. De tout cœur je souhaite que sa vaillante petite âme trouve sa porte donnant sur l’été, avec des champs entiers d’herbe à chat, des chattes complaisantes et des robots adversaires réglés pour des batailles féroces, qu’ils perdront chaque fois. Une porte ouvrant sur un pays où les gens auront des genoux amicaux et des jambes auxquelles on se frotte sans risque de coups de pied.

Ricky, elle aussi, grossit, mais c’est pour une raison moins définitive et plus heureuse. Cet embonpoint provisoire n’a fait que l’embellir. Pourtant, son état n’est pas des plus agréables pour elle. Je mets au point des petites inventions susceptibles de lui rendre le temps plus facile à passer. Il n’est vraiment pas pratique d’être femme : il y aurait lieu d’améliorer les choses et, dans ce sens, je suis convaincu que c’est possible. Il y a ce problème qui consiste à se pencher en avant, et les maux de reins – j’y songe, je lui ai construit un lit hydraulique, que j’ai l’intention de faire breveter. Il devrait aussi être plus facile d’entrer et de sortir d’une baignoire. Je n’ai pas encore de solution à ce sujet.

Pour le vieux Pete, j’ai construit un « cabinet pour chat » en prévision des jours de trop mauvais temps : dispositif automatique, se nettoyant mécaniquement, hygiénique et inodore. Néanmoins, comme Pete est le plus authentique des chats, il préfère sortir. Il n’a jamais abandonné la conviction que si l’on essaye toutes les portes, on doit, obligatoirement, trouver celle qui donne sur l’été.

Et je ne suis pas loin de croire, voyez-vous, qu’il a raison.


Fin
Загрузка...