JAIME

Assis au haut bout de la table, les fesses calées sur une pile de coussins, le roi signait chacun des documents qu’on lui présentait tour à tour.

« Plus que quelques-uns. Majesté, lui assura ser Kevan Lannister. Voici le décret d’indignité qui dépossède lord Edmure Tully de Vivesaigues de tous ses domaines et revenus pour rébellion contre son souverain légitime. Et en voici un d’analogue pris à rencontre de son oncle, ser Brynden Tully, dit le Silure. » Après avoir soigneusement trempé sa plume, Tommen apposa d’une grosse écriture enfantine son nom au bas de l’un, puis de l’autre.

Du bas bout de la table, Jaime se contentait de regarder. Comment se pouvait-il que la plus haute aspiration de tant et tant de seigneurs fut d’occuper un siège au Conseil restreint ? Je leur laisserais volontiers le putain de mien. Si c’était cela, le pouvoir, quelle barbe, mais quelle barbe. Voir Tommen tremper à nouveau sa plume dans l’encrier ne lui donnait pas un sentiment spécialement vif de son importance personnelle. Il en avait pardessus la tête, voilà tout.

Et ce que j’ai mal… !Chacun de ses muscles le faisait souffrir, et il avait les reins et les épaules marbrés de toutes les volées qu’ils avaient reçues, loué soit ser Addam Marpheux. Rien qu’y penser le faisait grimacer. Pourvu qu’il sache au moins fermer sa gueule, espéra-t-il. Il le connaissait depuis la lointaine époque où, tout gamin, Marpheux servait comme page à Castral Roc, et il avait aussi confiance en lui qu’en n’importe qui d’autre. Suffisamment pour le prier de se remettre à l’exercice de l’épée de joute et du bouclier. Manière de se rendre compte s’il pouvait se battre de la main gauche.

Hé bien, c’est fait, je sais.La leçon morale était beaucoup plus pénible que la leçon physique infligée par ser Addam, et pourtant la leçon physique était si sévère qu’à peine avait-il pu s’habiller tout seul, ce matin. S’il s’était agi d’un combat réel, il y aurait trouvé dix ou douze morts. Ça semblait si simple, changer de main. Ça ne l’était pas. Tous vos instincts se retrouvaient faux. Il vous fallait penser les choses, alors qu’elles s’inscrivaient auparavant d’elles-mêmes dans vos mouvements. Et, pendant que vous pensiez, vous, l’autre vous matraquait. Sa main gauche ne semblait même pas capable de tenir correctement une épée. Trois fois, qu’il s’était vu désarmer par son adversaire, trois fois, qu’il avait essuyé l’humiliation de voir s’envoler son épée… !

« Celui-ci concède lesdits château, terres et revenus à ser Emmon Frey et à dame son épouse, lady Genna. » Ser Kevan présenta au roi une nouvelle liasse de parchemins. Tommen trempa, signa. « Celui-ci concerne la légitimation du fils naturel de lord Roose Bolton, de Fort-Terreur. Et celui-ci fait dudit lord Bolton votre gouverneur du Nord. » Tommen trempa, signa, trempa, signa. « Celui-ci confère à ser Rolph Lépicier le château de Castamere avec la noblesse y afférente et l’élève au rang de lord. » Tommen gribouilla son nom.

J’aurais plutôt dû m’adresser à ser Ilyn Payne, se dit Jaime à la réflexion. Contrairement à Marpheux, la Justice du Roi n’était pas un copain et l’aurait tout autant rossé, peut-être…, mais, faute de langue, il ne serait pas ensuite allé s’en vanter. Tandis que d’aventure il suffirait à ser Addam d’un coup dans le nez pour que l’univers entier sache en un rien de temps quelle décrépitude était désormais son lot. Lord Commandant de la Garde. Cruelle dérision que cela…, bien qu’en fait de cruauté rien ne pût surpasser le cadeau que Père venait de lui expédier.

« Celui-ci décerne à lord Gawen Ouestrelin, à dame son épouse et à leur fille Jeyne le pardon grâce auquel Votre Majesté les réintègre dans la paix du roi, poursuivait ser Kevan. Celui-ci pardonne à lord Jonos Bracken, de la Haye-Pierre. Celui-ci pardonne à lord Vance. Celui-ci à lord Bonru. Celui-ci à lord Mouton, de Viergétang. »

Jaime se leva. « Vous me faites l’effet d’un maître en toutes ces matières, Oncle. Je vous abandonne Sa Majesté.

— A ton aise. » Ser Kevan se leva aussi. « Jaime, tu devrais aller voir ton père. Votre rupture…

— … est son ouvrage. Et ce n’est pas en m’envoyant des présents narquois qu’il le réparera. Dites-le-lui, s’il vous est possible de le décoller trois secondes de ses Tyrell. »

Son oncle eut l’air chagriné. « C’était un cadeau qui partait du cœur. Nous avions pensé qu’il t’encouragerait à…

— … me faire repousser la main ? » Il se tourna vers Tommen. En dehors de ses boucles d’or et de ses yeux verts, le nouveau roi ne ressemblait guère à son défunt frère. Il tendait à être plutôt grassouillet, il avait un visage rose et poupin, il montrait du goût pour la lecture. Neuf ans, et sa timidité intacte, ce fils de ma chair. Le garçonnet ne prédit pas l’homme. Il devrait encore s’écouler sept ans avant que Tommen ne règne à sa guise. Jusque-là, le royaume demeurerait sous la férule implacable de son aïeul. « Sire, lui dit-il, me permettez-vous de prendre congé ?

— Si tel est votre souhait, ser Oncle. » Le regard de Tommen se reporta sur ser Kevan. « Puis-je les sceller tous, maintenant, Grand-Oncle ? » Presser son sceau royal dans la cire chaude était la partie du métier de roi qui, pour l’instant, l’enchantait le plus.

Jaime sortit à grandes enjambées de la salle du Conseil. A la porte montait la garde, roide comme un piquet, ser Meryn Trant, en armure d’écaille blanche et manteau neigeux. Si la rumeur de ma débilité parvenait jamais aux oreilles de celui-ci, à celles de Potaunoir ou de Blount… « Restez à votre poste jusqu’à ce que Sa Majesté en ait terminé, puis raccompagnez-La jusqu’à la citadelle de Maegor. »

Trant inclina la tête. « A vos ordres, messire. »

Le poste extérieur était plein de monde et de bruit, ce matin-là. Jaime se dirigea vers les écuries, où un assez fort parti s’affairait à seller ses chevaux. « Jarret-d’acier ! appela-t-il. Alors, ça y est, vous êtes sur le départ ?

— Dès que m’dame aura enfourché son cheval, répondit l’autre. M’sire Bolton attend après nous. Ah, la voilà. »

Sur le seuil des écuries venait de paraître une ravissante jument grise que tenait en bride un palefrenier. Elle avait pour cavalière une gamine maigrichonne à l’œil creux recroquevillée dans un lourd manteau. Gris était ce dernier, de même que la robe qui se devinait en dessous, et soutaché de satin blanc. La broche qui le lui agrafait sur la poitrine était à l’effigie d’une tête de loup à prunelles d’opale. La petite avait de longs cheveux bruns qu’ébouriffait le vent. Et un joli minois, trouva-t-il, mais un regard triste et las.

En le voyant, elle inclina la tête. « Ser Jaime, dit-elle d’une petite voix étranglée. C’est aimable à vous d’être venu me voir partir. »

Il la détailla plus attentivement. « Vous me connaissez donc ? »

Elle se mordit la lèvre. « Vous risquez de ne pas vous souvenir de moi, messire, j’étais plus petite, alors…, mais j’ai eu l’honneur de faire votre connaissance à Winterfell quand le roi Robert y est venu voir mon père, lord Eddard. » Elle abaissa ses grands yeux bruns pour marmonner : « Je suis Arya Stark. »

Arya Stark, Jaime ne lui avait jamais prêté la moindre attention, mais il eut néanmoins l’impression qu’il avait devant lui quelqu’un de plus âgé. « Je crois savoir que vous allez vous marier.

— Au fils de lord Bolton, en effet, Ramsay. Il n’était qu’un Snow, mais Sa Majesté l’a légitimé. On le dit très brave. Je suis si heureuse. »

D’où te vient alors ce ton terrifié ?« Je vous souhaite joie, madame. » Jaime se retourna vers Jarret-d’acier. « Vous avez touché la somme promise ?

— Ouais, et on se l’est partagée. Je vous fais mes remerciements. » Il se fendit d’un sourire jusqu’aux oreilles. « Un Lannister paie toujours ses dettes.

— Toujours », répliqua Jaime en jetant un dernier coup d’œil à la fillette. Y avait-il tant de ressemblance que ça ? se demanda-t-il. C’était bien égal, en fait. La véritable Arya Stark devait, selon toute probabilité, reposer dans quelque tombe anonyme de Culpucier. Et, vu la mort de ses frères, de ses père et mère, qui s’aviserait jamais de dénoncer comme imposteur son pseudo sosie ? « Bonne route », dit-il à Jarret-d’acier. Nage brandit la bannière de paix ; les Nordiens se formèrent en une colonne aussi dépenaillée que les pelures de leurs manteaux et, adoptant le petit trot, se mirent à franchir la porte du château. Au sein de leurs rangs, la frêle fillette, sur sa jument grise, semblait minuscule et l’image même du désespoir.

Quelques-uns des chevaux bronchèrent au moment de fouler la tache sombre qui marquait encore l’endroit où la terre battue s’était gorgée du sang du malencontreux garçon d’écurie massacré par Gregor Clegane. Sa vue réveilla la fureur de Jaime. En dépit de ses ordres formels à la Garde d’avoir à maintenir constamment la foule à distance respectueuse, il avait quand même fallu que cette andouille de ser Boros se laisse distraire par le duel. Par sa bêtise, la victime n’était certes pas exempte de torts non plus. Ni le prince Oberyn, d’ailleurs. Mais le comble, c’était Clegane. Le premier coup, bon, tant pis pour le bras, la faute était à la déveine, seulement le second…

Enfin…, il le paie, maintenant…Le Grand Mestre Pycelle avait eu beau recueillir chez lui le blessé pour mieux le soigner, les hurlements qui perçaient les murs n’auguraient pas précisément d’une heureuse convalescence. « Les chairs se gangrènent, et les plaies suppurent, avait dit le mestre au Conseil. La puanteur est telle que les asticots renâclent eux-mêmes. Et il a des convulsions si violentes que force m’a été de le bâillonner pour l’empêcher de se sectionner la langue. J’ai bien tranché le plus avant possible dans le vif et traité la corruption avec du vin bouillant et du pain moisi, mais peine perdue. Les veines de son bras sont en train de noircir. J’ai posé des sangsues, les sangsues sont mortes. Il me faut à tout prix savoir de quelle substance maligne le prince Oberyn avait enduit sa pique, messires. Plaçons en détention toute sa clique de Dorniens jusqu’à ce qu’ils se montrent plus coopérants. »

Il s’était heurté au refus catégorique de lord Tywin. « La mort du prince Oberyn va nous valoir bien assez d’ennuis avec Lancehélion. Je n’ai aucunement l’intention d’empirer les choses en retenant captifs ses compagnons.

— Dans ce cas, ser Gregor périra, je crains.

— Indubitablement. J’en ai du reste juré mes grands dieux dans la lettre que j’ai adressée au prince Doran en lui renvoyant le corps de son frère. Il faut toutefois s’assurer que sa mort, il la doive non pas à une pique empoisonnée mais à l’épée de la Justice du roi. Débrouillez-vous pour le guérir. »

Le désarroi fit papilloter le Grand Mestre. « Messire…

— Guérissez-le, répéta lord Tywin avec humeur. Vous n’êtes pas sans savoir que lord Varys a envoyé des pêcheurs rôder dans les parages de Peyredragon. D’après leur rapport, l’île n’est plus défendue que par une garnison symbolique. Les Lysiens ont quitté la baie, et avec eux la plupart des forces de lord Stannis.

— Hé bien, tant mieux, je dis, commenta Pycelle. Libre à Stannis, là, de pourrir à Lys. Bon débarras pour nous de sa personne et de ses ambitions.

— Etes-vous devenu complètement crétin le jour où Tyrion vous a rasé la barbe ? Il s’agit deStannis Baratheon. Celui-là se battra jusqu’au bout, quoi qu’il lui en coûte, et encore après. S’il est parti, c’est qu’il entend, un point c’est tout, reprendre les hostilités. Le plus probable est qu’il va débarquer à Accalmie pour tenter d’y soulever les seigneurs de l’Orage. S’il fait cela, il est fichu. Mais un pari plus hardi serait de jeter les dés en faveur de Dorne. Et qu’il gagne à sa cause Lancehélion, voici prolongée cette guerre pour des années. Aussi n’offenserons-nous plus les Martell en rien, sous aucun prétexte. Libre aux Dorniens de repartir, et vous, vous allez me guérir ser Gregor. »

Et, du coup, la Montagne gueulait nuit et jour. A croire que lord Tywin Lannister était homme à intimider jusqu’à l’Etranger lui-même…

Pendant qu’il escaladait le colimaçon de la tour de la Blanche Epée, Jaime entendit ser Boros ronfler dans sa chambrette. Close aussi, la porte de ser Balon qui, devant assurer la prochaine garde de nuit, roupillerait toute la journée. Ronflements de Blount à part, la tour n’était que silence. Une aubaine, tout compte fait. Il me faudrait moi-même me reposer. La nuit dernière, après la danse infligée par ser Addam, il s’était retrouvé trop moulu pour réussir à fermer l’œil.

Seulement, lorsqu’il pénétra dans sa chambre, il y était attendu par sa sœur.

Elle se tenait près de la fenêtre ouverte, à contempler la mer, là-bas, par-dessus l’enceinte extérieure. Le vent de la baie qui lui virevoltait autour plaquait sa robe contre ses formes d’une manière qui fit battre plus vite le cœur de Jaime. Elle était blanche, cette robe, blanche comme les tentures des murs et comme les courtines du lit. Blanche, avec des arabesques en émeraudes minuscules qui étincelaient au bas de ses vastes manches et s’entrelaçaient en spirale sur le corsage. Sertie d’émeraudes plus grosses, une résille d’or emprisonnait la chevelure d’or. Taillée bas, la robe découvrait les épaules et le haut des seins. Si belle, ma sœur… Il ne souhaitait rien si fort au monde que de la prendre dans ses bras.

« Cersei. » Il referma doucement la porte. « Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

— J’ai un autre endroit où aller ? » Des larmes brillaient dans ses yeux lorsqu’elle se retourna. « Père ne s’est pas gêné pour me dire que, désormais, j’étais indésirable au Conseil. Tu ne lui parleras pas, Jaime ? »

Il se défit de son manteau et le suspendit à une patère du mur. « Je parle à lord Tywin tous les jours.

— Tu es obligé d’être si buté ? Tout ce qu’il désire…

— … est de me forcer à quitter la Garde et de me réexpédier à Castral Roc.

— Ce n’est pas forcément si épouvantable. Il va me réexpédier moi-même à Castral Roc. Il veut m’éloigner pour avoir les mains libres avec Tommen. Tommen est mon fils, pas le sien !

— Tommen est le roi.

— Il est un bambin ! Un petit bambin terrifié qui a vu son frère assassiné durant ses noces. Et auquel voilà qu’on serine, maintenant, qu’il doit se marier. Avec une fille deux fois plus âgée que lui et deux fois veuve ! »

Jaime s’installa dans un fauteuil en s’efforçant d’ignorer les protestations de ses muscles recrus de bleus. « Les Tyrell y tiennent absolument. Je n’y vois pas de mal. Tommen a vécu bien seul depuis le départ de Myrcella pour Dorne. Il se plaît dans les jupes de Margaery et de ses dames. Va pour les marier.

— Il est ton fils…

— Il est ma graine. Il ne m’a jamais appelé “Père”. Pas plus que ne l’avait fait Joffrey. Tu m’as mille fois détourné de leur manifester le moindre intérêt qui passe les convenances.

— Pour les préserver ! Et te préserver, toi. Ça n’aurait peut-être pas eu l’air louche, hein, si mon propre frère avait joué au père avec les enfants du roi ? Même Robert aurait pu finir à la longue par nous soupçonner.

— Hé bien, ça ne risque plus de lui arriver. » La mort de Robert lui laissait comme un goût saumâtre dans la bouche. C’est moi qui aurais dû le tuer, pas elle. « J’aurais seulement voulu qu’il meure de mes propres mains. »Quand j’en avais encore deux. « Si je m’étais fait une manie du régicide, comme il se plaisait à m’en taquiner, j’aurais pu te prendre pour femme au vu et au su de l’univers entier. Je n’ai pas honte de t’aimer, je n’ai honte que de tout ce que j’ai fait pour le cacher. Ce mioche de Winterfell…

— Est-ce moi qui t’ai ordonné de le jeter par la fenêtre ? Si tu étais parti chasser comme je t’en avais prié, rien ne serait arrivé. Mais non, il fallait que tu m’aies, tu ne pouvais pas attendre jusqu’à notre retour à Port-Réal.

— J’avais bien assez attendu. Je détestais voir Robert gagner ta couche en titubant, chaque soir, et, chaque soir, me demander s’il n’allait pas décider, ce soir-là, de revendiquer ses droits de mari. » Il se souvint brusquement de quelque chose d’autre qui le tracassait, à propos de Winterfell. « A Vivesaigues, Catelyn Stark semblait convaincue que j’avais soudoyé je ne sais quel sbire pour trancher la gorge à son fils. Que je lui avais remis un poignard.

— Peuh, fit-elle avec un souverain mépris. Tyrion m’a déjà questionnée sur ces balivernes.

— Poignard il yeut. Ce n’étaient pas des balivernes que les cicatrices sur les mains de lady Catelyn, je les ai vues de mes propres yeux. C’est toi qui… ?

— Ne sois pas stupide. » Elle referma la fenêtre. « Oui, j’espérais que le gosse mourrait. Toi aussi. Jusqu’à Robert qui trouvait que ça vaudrait mieux. “Nous tuons nos chevaux quand ils se cassent une jambe, nous tuons nos chiens quand ils deviennent aveugles, mais nous sommes trop pusillanimes pour accorder la même grâce à des gosses estropiés”, m’a-t-il dit. Dans un moment, je te signale, où il était lui-même aveugle… d’avoir trop bu. »

Robert ? Jaime avait suffisamment monté sa garde auprès de lui pour savoir que Robert Baratheon vous balançait des trucs, quand il était saoul, qu’il aurait furieusement niés le lendemain. « Vous étiez seuls quand il a dit ça ?

— Tu ne te figures quand même pas qu’il l’a dit à Ned Stark, j’espère ? Bien sûr que nous étions seuls. Nous et les enfants. » Cersei retira sa résille, la déposa sur l’un des montants du lit puis secoua ses boucles d’or. « C’est peut-être bien Myrcella qui a dépêché ce sbire avec le poignard, tu ne penses pas ? »

Cela se voulait une raillerie, mais elle avait mis dans le mille, Jaime le vit instantanément. « Pas Myrcella. Joffrey. »

Cersei fronça les sourcils. « Joffrey n’aimait pas Robb Stark, mais le cadet ne lui était rien. Il n’était lui-même qu’un gosse.

— Un gosse affamé de se faire tapoter la tête par le poivrot que tu lui faisais passer pour son père. » Une idée lui traversa l’esprit, une idée pénible. « Tyrion a failli périr, à cause de ce maudit poignard. S’il savait que toute l’affaire était imputable à Joffrey, ça pourrait expliquer pourquoi…

— Le pourquoi m’est éperdument égal, coupa-t-elle. Ses motifs, il peut les emporter en enfer. Si tu avais vu de quelle manière est mort Joff…, il se battait, Jaime, il se battait pour chaque goutte d’air, mais tout se passait comme si quelque esprit malin lui étreignait la gorge à pleines mains. Et quelle terreur dans ses yeux… ! Quand il était petit, c’est vers moi qu’il accourait dès qu’il avait mal ou qu’il s’égratignait, et je le protégeais. Mais, ce soir-là, rien, je ne pouvais rien, absolument rien pour lui. Tyrion me l’a assassiné sous les yeux, et je ne pouvais rien faire pour le sauver. » Elle s’effondra à genoux devant Jaime, toujours dans son fauteuil, et lui prit sa main valide entre les siennes. « Joff est mort, et Myrcella se trouve à Dorne. Tommen est tout ce qui me reste. Tu ne dois pas laisser Père me le retirer, Jaime, je t’en prie.

— Lord Tywin n’a pas requis mon approbation. Je puis lui parler, mais il ne m’écoutera pas…

— Il le fera si tu acceptes de quitter la Garde.

— Je ne quitterai pas la Garde. »

Sa sœur refoula ses larmes. « Jaime, tu es mon parfait chevalier. Tu ne peux pas m’abandonner quand j’ai si fort besoin de toi… ! Il va me voler mon fils, il va me renvoyer et…, à moins que tu ne t’y opposes, il va de force me remarier ! »

Il n’aurait pas dû être étonné, mais il le fut. La nouvelle le prit en pleines tripes, avec plus de violence qu’aucun des coups administrés la veille par ser Addam. « Qui ?

— Qu’est-ce que ça fait ? Un lord ou un autre. Quelqu’un dont Père pense pouvoir tirer parti. Tu es le seul homme que j’aie envie d’avoir dans mon lit, comme toujours et à jamais.

— Alors, dis-luiça ! »

Elle retira ses mains. « Encore ces extravagances. Tu as envie que l’on nous sépare, comme l’avait fait Mère après avoir surpris nos jeux ? Tommen y perdrait son trône, Myrcella son mariage… Je veux être ta femme, nous nous appartenons l’un et l’autre, nous deux, mais c’est impossible, Jaime, absolument impossible. Nous sommes frère et sœur.

— Les Targaryens…

— Nous ne sommes pas des Targaryens !

— Tais-toi, riposta-t-il avec dédain. Si fort, tu vas réveiller mes frères jurés. Nous ne pouvons nous permettre cela, maintenant, si ? On pourrait savoir que tu es venue me rendre visite.

— Oh, Jaime… ! sanglota-t-elle, tu ne crois pas que je le veux autant que toi,moi ? Ça m’est égal, à qui on me marie, je te veux près de moi, je te veux dans mon lit, je te veux en moi. Rien n’est changé, entre nous. Tiens, laisse-moi te le prouver… » Elle lui releva sa tunique et se mit à tripatouiller les lacets de ses chausses.

Jaime se sentit réagir. « Non, dit-il, pas ici. » Ils ne l’avaient jamais fait dans la tour de la Blanche Epée, et d’autant moins dans les appartements du lord Commandant. « Ce n’est pas le lieu, Cersei.

— Tu m’as bien prise dans le septuaire. Du pareil au même. » Elle lui sortit la queue et baissa la tête.

Il la repoussa avec le moignon de sa main perdue. « Non. Pas ici, j’ai dit. » Il se contraignit à se mettre debout.

Pendant un moment, l’embarras se lut dans les magnifiques yeux verts de sa sœur, de l’angoisse aussi. Et puis la rage supplanta tout. Cersei rassembla ses jambes, se releva, rajusta ses jupes. « C’est quoi qu’ils t’ont coupé, à Harrenhal, ta patte ou ta virilité ? » Elle secoua la tête, et sa chevelure se déroula tout autour de ses blanches épaules. « Quelle idiote de venir, aussi. Alors que tu n’as même pas eu le courage de venger Joffrey, qu’est-ce qui m’a pris de me figurer que tu te risquerais à protéger Tommen ? Dis-moi voir, si le Lutin t’avait tué tes trois enfants, là, tous, ça t’aurait courroucé,ça ?

— Tyrion ne fera aucun mal à Tommen ou à Myrcella. Et je ne suis toujours pas certain qu’il ait tué Joffrey. »

La colère lui tordit la bouche. « Comment peux-tu dire une chose pareille ? Après toutes les menaces qu’il…

— Des menaces ne signifient rien. Il jure de son innocence.

— Oh…, iljure, c’est donc cela ? Et les nains ne mentent pas, c’est bien ce que tu penses ?

— Pas à moi. Pas plus que tu ne le ferais.

— Grand bêta doré ! Il t’a menti des milliers de fois, tout comme moi. » Elle releva ses cheveux, rafla la résille sur le montant du lit. « Crois ce que tu voudras. Le petit monstre est dans un cul-de-basse-fosse, et bientôt ser Ilyn s’offrira sa tête. Tu seras peut-être tenté de la garder en souvenir. » Elle jeta un coup d’œil vers les oreillers. « Il pourra te regarder dormir tout seul dans ce froid lit blanc. Jusqu’à ce que ses yeux soient pourris, j’entends.

— Tu ferais mieux de partir, Cersei. Tu finiras par me mettre en colère.

— Oh, un stropiat colère. D’un terrifiant… » Elle s’esclaffa. « Quel dommage que lord Tywin Lannister n’ait jamais eu de fils ! J’aurais bien pu être l’héritier de ses rêves, moi, mais je n’avais pas de quéquette. A propos, cher frère, autant vaudrait renfourner la tienne. Elle fait plutôt tristounette, comme ça, toute racornie sur tes hauts-de-chausses. »

Il attendit qu’elle fut partie pour s’exécuter, si malaisé que ce fut de se relacer d’une seule main. Ses doigts fantômes le lancinaient jusqu’aux moelles. J’ai déjà perdu une main, un père, un fils, une sœur et une amante, je vais très bientôt perdre un frère, en plus. Et l’on persiste néanmoins à m’affirmer que la maison Lannister a gagné la guerre.

Il remit son manteau pour descendre. En bas, dans la salle commune, ser Boros Blount s’envoyait une coupe de vin. « Quand vous aurez fini de boire, allez avertir ser Loras que je suis prêt à la recevoir. »

L’autre était trop lâche pour lui décocher mieux qu’un regard noir. « Prêt à recevoir qui ?

— Contentez-vous de transmettre à ser Loras.

— Mouais. » Blount vida sa coupe d’un trait. « Mouais, lord Commandant. »

Il n’en prit toutefois que plus allègrement son temps, à moins que le chevalier des Fleurs n’eût été introuvable, car il se passa plusieurs heures avant que ne se présente le beau jouvenceau, suivi de la grande bringue moche. Assis seul dans la rotonde blanche, Jaime feuilletait négligemment le Blanc Livre. « Messire Commandant, dit ser Loras, vous désiriez voir la damoiselle de Torth ?

— En effet. » De sa main gauche, il leur fit signe d’approcher. « Vous avez eu votre petit entretien, je présume ?

— Comme vous l’aviez ordonné, messire.

— Et ? »

Le chevalier se crispa. « Je… Il se peut que les choses se soient passées comme elle le prétend. Que ce fût Stannis. Je ne saurais me montrer plus affirmatif.

— Varys m’assure que le gouverneur d’Accalmie est également mort de manière mystérieuse, reprit Jaime.

— Ser Cortnay Penrose, s’attrista Brienne. Un homme de cœur.

— Une tête de bourrique. Qui ne s’est mis un jour carrément en travers du passage du roi de Peyredragon que pour se précipiter le lendemain du haut d’une tour. » Jaime se leva. « Nous reparlerons de cela plus tard, ser Loras. Vous pouvez disposer et me laisser avec Brienne. »

Décidément, se dit-il après le départ du jeune Tyrell, la fillette était aussi moche et pataude que jamais. On l’avait à nouveau déguisée en femme, mais la robe qu’elle trimballait lui allait tout de même beaucoup moins mal que les hideuses loques roses dont l’avait naguère affublée la chèvre. « Le bleu vous va bien, madame, observa-t-il. Il met en valeur vos yeux. » Elle a vraiment des yeux stupéfiants.

Brienne jeta un regard irrité sur sa défroque. « Septa Donyse a matelassé le corsage pour lui donner cet aspect. Elle a dit qu’elle venait de votre part. » Elle se dandinait dans les parages de la porte, on aurait dit prête à s’enfuir à tout moment. « Vous me paraissez…

— Différent ? » Il s’arracha un demi-sourire. « Un peu plus de viande sur les côtes et un peu moins de poux dans la tignasse, voilà tout. Le moignon demeuré tel quel. Fermez la porte, et venez ici. »

Elle obtempéra. « Le manteau blanc…

— … est tout neuf. Mais je ne doute pas l’avoir souillé sous peu.

— Ce n’était pas ce… J’allais dire qu’il vous seyait. »

Elle se rapprocha d’un air hésitant. « Jaime, vous pensiez vraiment ce que vous avez dit à ser Loras ? A propos de… du roi Renly, et à propos de l’ombre ? »

Il haussa les épaules. « Alors que j’aurais tué Renly de mes propres mains si je l’avais croisé sur un champ de bataille, que peut me faire l’identité de son meurtrier ?

— Vous avez parlé de mon sens de l’honneur…

— Je suis le foutu Régicide, vous vous souvenez ? Me porter garant de votre honneur valait autant que le témoignage d’une pute attestant votre virginité. » Il se rejeta contre le dossier de son fauteuil et leva les yeux vers elle. « Jarret-d’acier s’est mis en route pour le Nord. Il va y remettre Arya Stark à Roose Bolton.

— C’est à lui que vous l’avez donnée ? s’écria-t-elle, consternée. Vous aviez solennellement juré à lady Catelyn…

— Une épée piquée sur la gorge, mais peu importe. Lady Catelyn est morte. Il me serait impossible de lui restituer ses filles, quand bien même je les aurais. Et le cadeau que mon père a expédié sous la garde de Jarret-d’acier n’était pas Arya Stark.

— Pas Arya Stark ?

— Vous m’avez bien entendu. Messire mon père a déniché je ne sais quelle gringalette du Nord plus ou moins du même âge et plus ou moins dans les mêmes tonalités. Il l’a accoutrée de gris et de blanc, lui a fourgué un loup d’argent pour épingler son manteau, puis il l’a larguée pour qu’elle aille épouser le bâtard Bolton. » Il leva son moignon, le brandit vers elle. « Je tenais à vous en avertir avant que vous ne partiez au triple galop vous porter à sa rescousse et vous faire tuer pour des clopinettes. Vous n’êtes pas sans mérite à l’épée, mais le talent que vous pouvez avoir ne saurait suffire à lui seul contre deux cents hommes. »

Elle secoua la tête. « Lorsque lord Bolton apprendra que votre père l’a payé en monnaie de singe…

— Oh, mais il le sait. Les Lannister mentent, vous vous souvenez ? Peu lui chaut, puisque la fausse Arya sert aussi bien ses desseins que le ferait la vraie. Qui donc ira dire qu’elle n’est pas Arya Stark ? Tous les proches de cette dernière sont morts, excepté sa sœur, et sa sœur s’est évaporée.

— Pourquoi me confier tout cela, si c’est la vérité ? Vous êtes en train de trahir les secrets de votre père… »

Les secrets de la Main, songea-t-il. Je n’ai plus de père. « Je paie mes dettes, comme tout bon petit lion. J’avais promis ses filles à lady Stark…, et l’une d’elles est toujours en vie. Mon frère sait peut-être où elle se trouve, mais, s’il le sait, il n’en dit mot. Cersei est persuadée qu’il a eu Sansa pour complice dans l’assassinat de Joffrey. »

Le mufle de la fillette prit un pli buté. « Jamais je ne croirai que cette noble enfant soit une empoisonneuse. Lady Catelyn vantait constamment son cœur d’or. Le coupable, c’est votre frère. Il y a eu un procès, selon ser Loras.

— Deux procès, en fait. Qu’il a perdus, en paroles comme à l’épée. Une sanglante saloperie. Vous y avez assisté, de votre fenêtre ?

— Ma cellule a vue sur la mer. Mais j’ai entendu tous ces beuglements.

— Le prince Oberyn de Dorne est mort, ser Gregor Clegane est à l’agonie, et Tyrion fait figure de condamné au regard des dieux et des hommes. Il est au fond d’un cul-de-basse-fosse et y attend son exécution. »

Brienne le dévisagea. « Vous ne le croyez pas coupable. »

Il lui retourna un âpre sourire. « Voyez, fillette ? Nous nous connaissons trop bien, l’un et l’autre. Dès ses premiers pas, Tyrion n’a rien tant désiré qu’être moi, mais jamais jusqu’au régicide. C’est Sansa Stark qui a tué Joffrey. Mon frère ne s’obstine dans son silence qu’afin de la protéger. Il a de temps à autre de ces accès chevaleresques. Le dernier en date lui avait coûté le nez. Celui-ci va lui coûter la tête.

— Non, dit Brienne. La fille de ma dame n’y est pour rien. Il est impensable que ce soit elle.

— Et voilà bien la stupide fillette bornée de mes souvenirs. »

Elle rougit. « Je m’appelle…

— Brienne de Torth. » Il exhala un soupir. « J’ai un présent pour vous. » Il porta la main sous son fauteuil de lord Commandant et exhiba la chose, enveloppée de velours écarlate.

Brienne approcha comme si le paquet risquait de la mordre, avança une énorme patte tachetée de son, rabattit un pan du tissu. Des rubis flamboyèrent dans la lumière. Elle se saisit de cette merveille avec une infinie délicatesse, reploya ses doigts sur la poignée de cuir, et, lentement, tira la lame du fourreau. De rouge et de noir s’en irisèrent les plis et replis. Un doigt de jour sanglant courut le long du fil. « C’est de l’acier valyrien ? Jamais je n’ai vu de coloris semblables…

— Moi non plus. Il fut un temps où j’aurais volontiers donné ma main droite pour manier une pareille épée. Et maintenant que mon vœu se trouve pleinement réalisé, je n’en ferais que du gâchis. Prenez-la. » Et de poursuivre, avant qu’elle ne songe à refuser : « Une épée si belle doit avoir un nom. Vous me feriez plaisir de l’appeler Féale. Encore une chose. Il vous faut la payer son prix. »

Elle se rembrunit. « Je vous l’ai déjà dit, jamais je ne servirai…

— … des ordures de notre acabit. Oui, je me souviens. Ecoutez-moi jusqu’au bout, Brienne. Nous avons tous les deux juré notre foi concernant Sansa Stark. Cersei n’en démord pas, il faut qu’on la retrouve, en quelque endroit qu’elle se terre, et qu’on la tue… »

L’indignation défigura le museau de Brienne. « Si vous vous figuriez que je consentirais à toucher ne serait-ce qu’un cheveu de la fille de ma dame contre une épée, vous…

— Ecoutez-moi donc !jappa-t-il, ulcéré de sa supposition. J’exige d’abord que vous retrouviez Sansa Stark et que vous l’emmeniez en lieu sûr. Vous voyez une autre manière pour nous de tenir nos stupides serments vis-à-vis de votre précieuse feue lady Catelyn ? »

Elle cilla. « Je… j’avais cru…

— Je sais ce que vous aviez cru. » Il en eut tout à coup par-dessus la tête de la voir. Elle bêle comme une putain de brebis. « A la mort de Ned Stark, son épée fut offerte à la Justice du roi, précisa-t-il. Mais mon père eut le sentiment qu’une lame aussi somptueuse méritait infiniment mieux qu’un vulgaire bourreau. Il en offrit une nouvelle à ser Ilyn et fit fondre et reforger Glace. Celle-ci comportait assez de métal pour deux épées neuves. Vous en tenez une. Ainsi défendrez-vous la fille de Ned Stark avec l’acier personnel de Ned Stark, si cela fait la moindre différence, à vos yeux.

— Ser, je… Je vous dois des ex… »

Il la coupa. « Prenez-moi cette putain d’épée et filez vite, avant que je ne me ravise. Vous trouverez dans les écuries une jument baie, aussi avenante que vous mais moins mal dressée, dans un sens. Courez aux trousses de Jarret-d’acier, cherchez Sansa, retournez dare-dare à votre île aux saphirs, ça m’est parfaitement indifférent. Je ne veux plus poser les yeux sur vous.

— Jaime…

— Régicide, lui rappela-t-il. Feriez bien de vous servir de cette épée pour vous décrasser les oreilles, fillette. Fin de l’entretien. »

Elle persista, comme une mule qu’elle était. « Joffrey était votre…

— Mon roi. Tenez-vous-en là.

— Vous accusez Sansa de l’avoir tué. Pourquoi la protéger ? »

Parce que Joff n’était rien de plus pour moi qu’une giclée dans le con de Cersei. Et parce que sa mort, il ne l’avait pas volée. « J’ai fait des rois et j’en ai défait. Sansa Stark est mon ultime chance de me faire honneur. » Il sourit du bout des lèvres. « En outre, les régicides auraient tout intérêt à s’associer. Vous ne vous déciderez donc jamais à partir ? »

Son énorme patte se referma sur Féale. « Si. Et je retrouverai la petite pour la protéger. Eu égard à dame sa mère. Et eu égard à vous. » Elle s’inclina roidement, pivota et s’en fut.

Jaime se rassit à sa table et y demeura, solitaire, pendant que les ombres envahissaient peu à peu la pièce. Lorsque survint le crépuscule, il alluma une chandelle et ouvrit le Blanc Livre à la page qui le concernait. Un tiroir lui procura de l’encre et une plume. Sous la dernière ligne tracée par ser Barristan, il inscrivit d’une écriture tellement gauche qu’on l’eût sans peine attribuée à un marmot de six ans traçant ses premières lettres sous la férule d’un mestre :


Défait au Bois-aux-Murmures par le Jeune Loup, Robb Stark, durant la guerre des Cinq Rois. Retenu captif à Vivesaigues et rançonné contre une promesse non réalisée. Capturé de nouveau par les Braves Compaings et mutilé de sa main d’épée, sur ordre de Varshé Hèvre, leur capitaine, par Zollo le Gras. Ramené sain et sauf à Port-Réal par Brienne, Pucelle de Torth.


Cela fait, plus des trois quarts de la page demeuraient vierges, entre l’écu au lion d’or sur champ écarlate, en haut, et la blancheur immaculée du bouclier d’en bas. Ser Gerold Hightower avait entrepris la rédaction de son histoire, et ser Barristan Selmy l’avait poursuivie, mais la suite, c’était à lui-même, Jaime Lannister, qu’il incomberait de la rédiger. Libre à lui d’y faire, dorénavant, figurer ce qu’il déciderait de choisir.

Ce qu’il déciderait de choisir…

Загрузка...