Pour Gill
Cet ouvrage se propose d’utiliser les techniques du roman pour relater une fois de plus l’histoire véridique de l’affaire Dreyfus, sans doute le plus grand scandale politique et la plus incroyable erreur judiciaire de ces derniers siècles, qui a fini par obséder la France et, finalement, le monde entier dans les années 1890. L’affaire intervient vingt-cinq ans seulement après la victoire des Prussiens sur les Français dans la guerre de 1870, et leur annexion de l’Alsace et de la Lorraine — véritable choc sismique qui ébranle l’équilibre des forces européennes et annonce les Première et Seconde Guerres mondiales.
Aucun des personnages qui apparaissent dans les pages qui suivent, même les plus insignifiants, n’est entièrement le fruit de mon imagination et, d’une façon ou d’une autre, la quasi-totalité de ce qui est relaté s’est produit dans la réalité.
Naturellement, il est bien évident que, pour faire de l’histoire un roman, j’ai été contraint de simplifier, de supprimer purement et simplement certains intervenants, d’adapter les faits et d’inventer nombre de détails personnels. En particulier, George Picquart n’a jamais écrit de compte rendu secret de l’affaire Dreyfus ; il n’a donc pas pu le déposer dans la salle des coffres d’une banque de Genève avec instruction de le garder sous scellés pendant un siècle après sa mort.
Mais un romancier peut imaginer les choses autrement.