DIFFÉRENCIATION RUE D'AVRON

Les débris de ta vie s'étalent sur la table:

Un paquet de mouchoirs à moitié entamé,

Un peu de désespoir et le double des clés;

Je me souviens que tu étais très désirable.

Le dimanche étendait son voile un peu gluant

Sur les boutiques à frites et les bistrots à nègres;

Pendant quelques minutes nous marchions, presque allègres,

Et puis nous rentrions pour ne plus voir les gens

Et pour nous regarder pendant des heures entières;

Tu dénudais ton corps devant le lavabo

Ton visage se ridait mais ton corps restait beau

Tu me disais: «Regarde-moi. Je suis entière,

Mes bras sont attachés à mon torse, et la mort

Ne prendra pas mes yeux comme ceux de mon frère,

Tu m'as fait découvrir le sens de la prière,

Regarde-moi, regarde. Mets tes yeux sur mon corps.»

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