Chapitre 33

L'histoire de Spurina681

1. La philosophie estime qu'elle n'a pas mal utilisé ses pouvoirs quand elle est parvenue à rendre à la raison la maîtrise de notre âme et l'autorité nécessaire pour tenir en bride nos désirs. Et ceux qui pensent qu'il n'y en a pas de plus violents que ceux que l'amour engendre font valoir qu'ils concernent à la fois le corps et l'âme, et que c'est l'homme entier qui en est possédé. À tel point que la santé elle-même en dépend, et que la médecine est parfois contrainte de leur servir de maquerelle.

2. Mais on pourrait aussi bien dire, au contraire, que le fait que le corps y participe les atténue, les affaiblit : car de tels désirs sont sujets à satiété, et peuvent trouver des remèdes matériels. Nombreux sont ceux qui, cherchant à délivrer leur âme des soucis continuels dans lesquels les plongeaient ces appétits, ont choisi de couper et retrancher les parties concernées et affectées. D'autres en ont atténué la vigueur et l'ardeur par de fréquentes applications de choses froides, comme de la neige ou du vinaigre. C'est à cela qu'étaient destinées les « haires » de nos aïeux : un tissu fait de crin de cheval, dont certains se faisaient des chemises et d'autres des ceintures destinées à leur meurtrir les reins.

3. Un prince me disait, il n'y a pas longtemps, que pendant sa jeunesse, un jour de fête solennelle à la cour du roi François Ier, où tout le monde était en grand apparat, il lui prit l'envie de revêtir la haire de son père, qui est encore chez lui ; mais quelle que fût sa dévotion, il n'eut pas le courage d'attendre la nuit pour s'en dépouiller, et il en fut longtemps malade. Il ajouta qu'à son avis, il n'y a pas de chaleur de jeunesse telle que l'usage de ce remède ne puisse calmer. Mais peut-être n'a-t-il pas connu les excitations juvéniles les plus cuisantes, car l'expérience montre qu'elles se maintiennent bien souvent sous les habits les plus rudes et misérables, et que les haires ne rendent pas forcément pauvres hères ceux qui les portent682.

4. Xénocrate s'y prit de façon plus rigoureuse683. Comme ses disciples, pour tester sa continence, avaient mis dans son lit la belle et fameuse courtisane Laïs, toute nue, sans rien d'autre que les armes de sa beauté et de ses délicieux appâts, qui sont ses philtres, et qu'il sentait bien que son corps, qui demeurait réticent à ses raisonnements et règlements, commençait à se mutiner, il brûla les membres qui avaient prêté l'oreille à cette rébellion.

5. Les passions qui résident entièrement dans l'âme, comme l'ambition, l'avarice, et les autres du même genre, donnent bien plus de mal à la raison, parce qu'elle ne peut compter dans ce cas que sur elle-même, et que ces appétits-là ne connaissent pas la satiété : ils sont plutôt aiguisés et augmentés par leur propre satisfaction.

6. Le seul exemple de Jules César peut suffire à montrer la disparité de ces deux sortes de passions, car jamais homme ne fut plus adonné aux plaisirs amoureux. Le soin méticuleux qu'il apportait à sa personne nous en donne la preuve : il allait jusqu'à utiliser pour cela les moyens les plus lascifs qui fussent alors en usage, comme de se faire épiler tout le corps, et l'enduire des parfums les plus rares. Il était bien fait de sa personne, le teint clair, grand et alerte, le visage plein, les yeux bruns et vifs, — s'il faut en croire Suétone684. Car les statues que l'on peut voir de lui à Rome ne sont pas entièrement conformes à ce portrait685.

7. En plus de ses épouses, dont il changea quatre fois, et sans compter ses amours d'enfance avec le roi de Bithynie, Nicomède, il eut le pucelage de cette reine d'Égypte si célèbre, Cléopatre, ce dont témoigne le petit Césarion686, qui naquit de cette union. Il fit aussi l'amour à Eunoé, reine de Mauritanie, et à Rome, à Posthumia, femme de Servius Sulpitius ; à Lollia, femme de Gabinius ; à Tertulla, femme de Crassus, et à Mutia elle-même, femme du grand Pompée. Ce fut d'ailleurs pour cela, disent les historiens romains, que son mari la répudia, ce que Plutarque confesse avoir ignoré. Et les Curion687, père et fils, reprochèrent toujours à Pompée, quand il épousa la fille de César, d'être le gendre d'un homme qui l'avait fait cocu, et que lui-même avait coutume d'appeler Egisthe688. En plus de toutes ces femmes, César eut encore comme maîtresse Servilia, sœur de Caton et mère de Marcus Brutus. Tout le monde pense que c'est de là que vient sa grande affection envers Brutus, celui-ci étant né à une époque où il était très probable qu'il fût de lui. J'ai donc bien raison, me semble-t-il, de le considérer comme un homme extrêmement débauché, et de tempérament très amoureux. Mais son autre passion, celle de l'ambition, dont il était aussi très atteint, et venant s'opposer à la première, prit rapidement sa place.

8. Me revient en mémoire à ce propos Mahomet II, celui qui soumit Constantinople689, et fut la cause de la disparition définitive du nom de « Grec » ; je ne connais pas d'autre cas dans lequel ces deux passions se trouvent autant en balance : ruffian et soldat, aussi infatigables l'un que l'autre. Mais au cours de sa vie, quand ces deux passions se sont trouvées en concurrence, l'ardeur guerrière a toujours pris le pas sur l'ardeur amoureuse ; et celle-ci, bien que ce fût en dehors de sa saison normale, ne regagna vraiment l'autorité souveraine que quand il se trouva, du fait de son âge avancé, incapable de supporter le fardeau de la guerre.

9. Ce qu'on raconte, en guise d'exemple contraire, de Ladislas690 roi de Naples, est assurément remarquable. On dit que, bon capitaine, courageux et ambitieux, il se fixait comme but principal la satisfaction de sa volupté et la jouissance de quelque rare beauté. Et sa mort fut conforme à cette ambition. Ayant réduit la ville de Florence, par un siège bien mené, à telle extrémité que ses habitants cherchaient à négocier sa victoire, il leur promit d'en être quittes, pourvu qu'ils lui livrassent une fille de leur ville dont il avait entendu parler comme d'une rare beauté. Force fut de la lui accorder, et de se préserver de la ruine publique par un dommage privé. C'était la fille d'un médecin fameux de son temps qui, se voyant acculé à une si odieuse nécessité, résolut de tenter une grande action. Comme tout le monde préparait sa fille d'ornements et de bijoux qui puissent la rendre agréable à ce nouvel amant, il lui donna de son côté un mouchoir exquis, tant par son odeur que par sa broderie, dont elle aurait à se servir lors de leurs premières approches, accessoire que n'oublient guère, en la circonstance, les femmes de ces pays-là. Et ce mouchoir, habilement empoisonné par ses soins, venant frotter ces chairs en émoi et ces pores grands ouverts, instilla si promptement son venin que leurs sueurs chaudes changées soudain en froides, ils expirèrent dans les bras l'un de l'autre. Mais je reviens à César.

10. Il ne laissa jamais ses plaisirs lui voler une seule minute ni le détourner d'un pas des occasions favorables qui se présentaient pour sa carrière. Cette passion-là régenta chez lui si complètement toutes les autres, et s'empara de son âme avec une telle autorité, qu'elle l'emmena où elle voulut. Certes, cela me déçoit : quand je considère la grandeur de ce personnage et ses remarquables qualités, ses connaissances en toutes sortes de domaines au point qu'il n'y a presque pas de sujet sur lequel il n'ait écrit. C'était un tel orateur que nombreux sont ceux qui ont préféré son éloquence à celle de Cicéron, et lui-même, à mon avis, estimait ne pas lui être inférieur en ce domaine. On peut même dire que ses deux Anti-Caton691 furent essentiellement écrits pour contrer le beau langage que Cicéron avait employé dans son propre Caton.

11. Et de fait, y eut-il jamais esprit si vigilant, si actif, si endurant au labeur que le sien ? Il était encore embelli par de nombreuses et précieuses vertus encore en germe, vives et naturelles, et non apprêtées. Il était remarquablement sobre, et si peu exigeant quant à sa nourriture qu'Oppius(692 raconte qu'un jour, comme on lui avait servi à table, dans une sauce, de l'huile destinée aux médicaments au lieu d'huile ordinaire, il en avait consommé copieusement pour ne pas faire honte à son hôte. Une autre fois, il fit fouetter son boulanger pour lui avoir servi un autre pain que celui de tout le monde. Caton lui-même avait coutume de dire de César que c'était le premier homme sobre qui eût conduit son pays à la ruine. Et si ce même Caton l'appela un jour « ivrogne », voilà dans quelles circonstances : ils étaient tous les deux au Sénat, où l'on débattait de la conjuration de Catilina, dans laquelle César était soupçonné d'avoir été impliqué ; quelqu'un vint de l'extérieur lui apporter un pli, en cachette, et Caton, pensant que ce pouvait être une information provenant des conjurés, le somma de lui donner ce pli, ce que César fut contraint de faire, pour éviter de renforcer les soupçons à son encontre. Or il se trouva que c'était une lettre d'amour que Servilia, sœur de Caton, lui avait écrite. Caton, l'ayant lue, la lui jeta en lui disant « Tiens, ivrogne ! ». Je dis que c'était là plutôt une marque de dédain et de colère qu'un véritable reproche à propos de ce vice, comme souvent nous injurions ceux qui nous fâchent avec les premières injures qui nous viennent à la bouche, bien qu'elles ne s'appliquent pas du tout à ceux à qui nous les adressons. Ajoutons toutefois que ce vice que Caton lui reproche est fort proche de celui pour lequel il venait de prendre César en flagrant délit, car Vénus et Bacchus s'entendent à merveille, à ce que dit le proverbe. Mais chez moi, Vénus est bien plus vive quand je suis sobre...

12. Les exemples de la douceur et de la clémence de César envers ceux qui lui avaient causé du tort sont innombrables, même en dehors de ceux qu'il donna pendant la guerre civile, et dont il montre bien, dans ses écrits, qu'il s'en servait pour amadouer ses ennemis et leur faire moins redouter sa victoire et sa domination future. Il faut dire que ces exemples-là, s'ils ne suffisent pas à prouver qu'il était d'un naturel très doux, nous montrent au moins chez lui une remarquable confiance en soi et un courage exceptionnel. Il lui est souvent arrivé de renvoyer à son ennemi des armées entières après les avoir vaincues, sans même les contraindre par serment, sinon à favoriser ses entreprises, du moins à s'abstenir de lui faire la guerre. Il a fait prisonniers trois ou quatre fois des lieutenants de Pompée, et les a remis en liberté autant de fois. Pompée déclarait que tous ceux qui ne l'accompagnaient pas à la guerre étaient ses ennemis ; lui, au contraire, fit proclamer qu'il tenait pour amis tous ceux qui ne bougeaient pas et ne prenaient pas les armes contre lui. À ceux de ses lieutenants qui le quittaient pour passer dans un autre camp, il renvoyait même leurs armes, leurs chevaux et leurs équipements. Les villes qu'il avait prises de force, il les laissait libres de suivre tel ou tel parti, à leur guise, ne leur laissant pour garnison que le souvenir de sa douceur et de sa clémence. Le jour de la grande bataille de Pharsale, il défendit de mettre la main sur les citoyens romains, sauf à la dernière extrémité.

13. Voilà des actes bien risqués, à mon avis. Et ce n'est pas étonnant si, dans les guerres civiles que nous subissons, ceux qui combattent, comme lui, l'état ancien de leur pays, ne suivent pas son exemple : ce sont des méthodes exceptionnelles, et seules la destinée de César et son admirable prévoyance pouvaient les mener à bien. Quand je considère l'incomparable grandeur de cette âme, j'excuse la victoire de n'avoir pu l'abandonner, même lorsqu'il s'est agi d'une cause injuste et détestable en tous points693.

14. Pour en revenir à sa clémence, nous en avons plusieurs exemples authentiques, alors qu'il exerçait sa suprématie, ayant tous les pouvoirs dans les mains, et qu'il n'avait aucunement besoin de feindre quoi que ce soit. Caius Memmius694 avait écrit contre lui des discours très cinglants, auxquels il avait vivement répondu. Ce qui ne l'empêcha nullement sitôt après de soutenir sa candidature au consulat. Caius Calvus, qui avait écrit à son encontre plusieurs épigrammes injurieux, fit appel à certains de ses amis pour se réconcilier avec lui ; et César se proposa alors de lui écrire le premier. Et comme notre cher Catulle, qui l'avait malmené si durement sous le nom de Mamurra695, était venu lui présenter ses excuses, il le fit dîner à sa table le soir même696. Ayant été averti de ce que certains disaient du mal de lui, il ne fit rien de plus que de déclarer dans un discours public qu'il en avait été averti. Il craignait encore moins ses ennemis qu'il ne les haïssait. D'autres conjurations et réunions organisées dans le but d'attenter à sa vie lui ayant été révélées, il se contenta de publier un édit indiquant qu'il en avait connaissance, sans même en poursuivre les auteurs. Voici un exemple des égards dont il fait preuve envers ses amis : Caius Oppius, qui voyageait avec lui, se trouvant mal, il lui attribua le seul logis qu'il y eût, et passa toute la nuit à la dure et à découvert. En ce qui concerne sa justice, on peut dire ceci : il fit mourir un de ses serviteurs, qu'il aimait pourtant beaucoup, pour avoir couché avec la femme d'un chevalier romain, bien que personne ne se soit plaint de la chose. Et jamais homme n'apporta plus de modération dans ses victoires, ni de résolution face à l'adversité.

15. Mais toutes ces belles dispositions furent dévoyées et étouffées par la passion furieuse de l'ambition, dans laquelle il se laissa tellement engloutir, qu'on peut aisément soutenir que c'est elle qui tenait le timon et le gouvernail de toutes ses actions. D'un homme généreux elle fit un voleur public, pour qu'il pût alimenter la profusion de ses largesses, et lui fit dire ce vilain mot, très injuste, que si les hommes les plus mauvais et les plus dépravés lui avaient été fidèles dans son ascension politique, il les aurait chéris et promus grâce à son pouvoir, autant que les meilleurs des honnêtes gens. Cette ambition l'enivra aussi d'une telle vanité qu'il osait se vanter en présence de ses concitoyens d'avoir fait de la République Romaine un simple nom, sans forme ni substance, et dire que ses avis devaient désormais servir de lois. Il osait recevoir assis le corps sénatorial venu le trouver, il acceptait d'être adoré, et qu'on lui rendît en sa présence des honneurs divins. En somme, ce seul vice, à mon avis, gâcha en lui la plus belle et la plus riche nature qu'il y eût jamais, et rendit sa mémoire abominable à tous les gens de bien, pour avoir cherché la gloire au prix de la ruine de son pays et de la destruction du plus puissant et du plus florissant État que le monde verra jamais.

16. On pourrait fort bien, à l'inverse, trouver plusieurs exemples de grands personnages auxquels la volupté a fait oublier la conduite de leurs affaires : ainsi de Marc Antoine et de bien d'autres. Mais là où l'amour et l'ambition se trouvent à égalité dans la balance, et se heurtent avec des forces semblables, il ne fait aucun doute pour moi que celle-ci ne l'emporte.

17. Et pour en revenir à mon sujet, c'est déjà beaucoup de pouvoir brider nos appétits par le raisonnement, ou de contraindre nos membres, par la violence, à demeurer dans leur devoir. Mais quand il s'agit de nous fustiger nous-mêmes dans l'intérêt de nos voisins, de faire plus que de nous détourner de cette douce passion qui vient nous chatouiller et du plaisir que nous pouvons ressentir en étant agréable à autrui, aimé et recherché de tous, quand il s'agit de nous prendre nous-même en haine et à contre-cœur nos grâces qui en sont la cause, quand il s'agit de condamner notre beauté parce que quelqu'un en prend ombrage — de cela je ne connais guère d'exemple, si ce n'est celui-là : Spurina, jeune homme de Toscane,

Comme une gemme brille, enchassée dans l'or jaune,

Ornant un cou, ceignant un front,

Ou l'ivoire serti dans le buis, ou le térébinthe,

Et resplendit,

[Virgile Énéide X, vv. 134-137]

était doué d'une beauté singulière, et si extraordinaire que les yeux les plus chastes ne pouvaient en supporter l'éclat sans désirs. Ne pouvant se contenter de laisser inassouvies tant de fièvre et de flamme qu'il attisait partout où il allait, il entra dans une folle colère contre lui-même et contre ces riches présents que la nature lui avait faits — comme s'il fallait s'en prendre à eux de la faute des autres — et il entailla et modifia volontairement, par de multiples plaies et cicatrices, la parfaite proportion et le bel arrangement que la nature avait si soigneusement mis en œuvre dans son visage.

18. Si l'on veut mon avis, je regarde les actions de ce genre avec étonnement, plus que je ne les estime. Ces excès sont contraires à mes règles de conduite. Le but en était noble et scrupuleux ; mais à mon avis, manquait un peu de sagesse. Que dire en effet, si sa laideur servit ensuite à précipiter d'autres hommes dans le péché de mépris, de haine, ou d'envie pour un acte aussi exceptionnel — ou de calomnie, parce que l'on pouvait aussi interpréter cette attitude comme dictée par une ambition forcenée ? Y a-t-il quelque chose dont le vice ne parvienne à tirer parti de quelque façon, s'il le veut ? Il eût été plus juste, et aussi plus glorieux, de faire de ces dons de Dieu l'occasion d'une vertu exemplaire, et d'une conduite bien réglée.

19. Ceux qui se dérobent aux devoirs ordinaires, et à ce nombre infini de règles épineuses aux mille formes, qui font que l'on est un homme de parfaite honnêteté dans la vie en société, font à mon avis une drôle d'économie, quelles que soient par ailleurs les rigueurs qu'ils s'imposent : c'est en quelque sorte mourir pour s'éviter la peine de bien vivre. Ils peuvent bien remporter un autre prix, mais pas celui de la difficulté, à ce qu'il me semble ; et en fait de tracas, il n'est rien de pire que de se tenir droit au milieu du flot de la foule, répondant et satisfaisant loyalement à toutes les contraintes de sa charge. Peut-être est-il plus facile de se passer complètement de femme que de se comporter en tout comme on le doit avec sa femme. On peut couler des jours avec moins de soucis dans la pauvreté que dans une abondance mesurée. User des choses de façon raisonnable est plus difficile que de s'en abstenir. La modération est une vertu bien plus pénible que ne l'est la souffrance. Le « bien-vivre » de Scipion le Jeune a mille facettes ; celui de Diogène n'en a qu'une seule : sa façon de vivre surpasse autant en innocente simplicité les vies ordinaires, que les bien remplies et les réussies la surpassent elles-mêmes en utilité et en force697.


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