Philosopher, c’est l’art de parler pour ne rien dire en donnant l’impression qu’on est un véritable penseur.
On rencontre beaucoup de philosophes, principalement au bistrot et dans les repas mondains.
On peut philosopher n’importe ou, cependant les chiottes constituent l’endroit le plus propice au déclenchement de l’intelligence souveraine.
Conclusion: les grands esprits sont tous des constipes.
L’intelligence, c’est ce qui permet a un individu de communiquer avec les autres. Elle implique non seulement la compréhension, mais également la bonté. Partant de la j’affirme, je clame, qu’il n’existe pas de salaud intelligent.
L’intelligence, c’est la tolérance. Elle ne doit s’insurger que contre la connerie, lorsque la connerie atteint ses points de violence culminants, qu’elle devient tyrannique, répressive, contraignante.
L’intelligence, c’est la main tendue, le sourire tendu, le cœur tendu. L’intelligence, c’est la fantaisie. C’est le grain de folie qui ne doit jamais germer, mais qui pimente si bien la grisaille quotidienne.
L’intelligence, c’est la notion de fin dans l’esprit d’un homme.
L’intelligence, c’est la charité, c’est faire sienne la douleur des autres.
L’intelligence, c’est le respect de la paix sous toutes ses formes, c’est l’amour de ce qui est juste.
L’intelligence, c’est dominer ses bassesses pour rester disponible.
L’intelligence, c’est la mémoire d’un bonheur qu’on n’a jamais connu, et qui sert d’espoir.
S’il y a de l’honneur a savoir, il n’y a pas de déshonneur a ne pas savoir. L’ignorance est une page blanche sur laquelle il faut écrire la vérité.
La philosophie, ca n’est qu’un exercice qui te laisse sur place. Ce n’est valable qu’au plan de l’assouplissement des méninges.
Demander étant vain, je me suis mis a donner. Et depuis, tout baigne.
La morale, c’est de faire chier les autres le moins possible.
Faut pas essayer de penser plus haut que son cul, ca flanque le vertigo.
Il vaut mieux souffrir d’une absence que d’une présence.
Le silence est le meilleur mode d’expression.
L’idéal, vrai ou faux, ressenti ou feint, est un bon support pour justifier ses saloperies.
Il est plus facile de mourir que de vivre. Car on meurt pour soi alors qu’on vit pour les autres.
Je pense, donc je m’abstrais. Contrairement a la fameuse sentence «Je pense donc je suis». C’est celui qui ne pense pas qui est. Le non-pensant est la, entier, compact, étincelant de stupidité.
Créer le grade n’assure pas l’autorité des grades, mais l’humilité des non-grades!
La récompense implique l’injustice.
Quand je pense qu’une fois a l’horizontale, il faudra côtoyer les mêmes connards qu’au temps de la verticale, j’ai des picotis dans les aumônières.
L’émulation balise les chemins du renoncement.
La forme suprême de la liberté, c’est l’abolition de la liberté.
Je ne vais pas quitter ceux que j’aime, je vais me quitter d’eux.
Le bonheur n’étant que l’idée qu’on s’en fait, fais-toi toujours des idées heureuses.
L’incrédulité n’a jamais été une preuve d’intelligence.
Refuser le merveilleux, c’est se mettre à la merci du réel.
Les hommes sont capables de tout et, qui pis est, de n’importe quoi!
Ton destin, c’est toi; n’attends jamais que les autres s’en chargent.
Être riche, c’est posséder trop.
On doit choisir entre s’écouter parler et se faire entendre.
La vérité se trouve dans l’abstraction.
Je ne recule que pour prendre mon élan.
L’amour et le mépris sont les deux sentiments qui me permettent de supporter mes semblables.
Il est des moments où la joie est bien triste.
Il ne faut pas toucher aux idoles. Une fois descendues de leur piédestal, on s’aperçoit qu’elles ont également un trou au cul.
Je sens que je vais bientôt me désolidariser d’avec moi-même.
Tout individu qui rit est bon… durant le temps de son rire!
À force d’être déçu par les autres, je finirai par croire en moi.
Il faut toujours donner aux autres l’impression qu’ils vous sont indispensables, quitte à leur prouver, s’ils la ramènent, qu’ils vous sont en réalité superflus.
L’illusion est trompeuse mais la réalité l’est bien davantage.
Dès que tu ne t’occupes plus d’une chose ou d’un être, il périclite. Il n’y a que la nature qui s’épanouisse sitôt qu’on lui fout la paix. Elle nous guigne pour dissoudre nos cadavres et remplacer nos chefs-d’œuvre par les siens.
Il y a toujours pire que le pire.
On n’a rien à gagner à emmerder les gens qui n’ont rien à perdre.
Si vous n’attendez pas tout de la vie, vous n’aurez rien!
Autrefois c’était les conflits armés qui assuraient le croisement des races, désormais ce sont les transports. Les voyages ont tué la guerre.
Beaucoup de gens se dissimulent derrière leur regard au lieu d’en faire leur lumière extérieure.
Être est plus indispensable qu’avoir. Le rêve, c’est d’avoir de quoi être.
Il vaut mieux se tromper en allant de l’avant que d’avoir raison en reculant.
Le futur n’est autre que du présent qui se précipite à notre rencontre.
Vis ton présent et laisse ton passé pour l’avenir.
Le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants.
Les singes évolués que nous sommes redeviendront singes et cet aller-retour lui-même n’aura duré qu’un instant.
Regarde les étoiles; elles te diront que nous sommes une courte illusion.
Après des millénaires de cocufiage spirituel, l’homme arrachera le voile. Il obtiendra la vérité! Fatalement: PUISQU’ELLE EXISTE! Et ce nouveau démiurge de la connaissance nous adressera une grande pensée, à nous, les martyrs du doute, les œufs de l’opaque!
Par moments, je me dis que la seule arme pour lutter contre la misère humaine, c’est la patience, et le seul butin, en cas de victoire, la résignation.
— Qu’est-ce t’as, tonton?
— Pardon?
— On direrait qu’t’as enville d’chialer.
— T’es pas louf, p’tit mec; est-ce que ça pleure, un homme?
— Ça chie bien! objecte le jeune philosophe.
On devrait passer sa vie à dire adieu à ceux qu’on aime.
L’étonnant, c’est que pas une seconde n’a jamais resservi. Elles continueront de pleuvoir sur l’éternité et de se renouveler inexorablement.
L’homme n’est pas fait pour vivre très longtemps, car il ne parvient pas à s’éloigner de sa jeunesse. Son enfance est un piquet autour duquel il broute.
Puisque le pire est la conclusion de notre vie, nous ne pouvons qu’envisager le meilleur.
Le chiendent, quand on est un peu fou, c’est de ne pas l’être suffisamment.
Si l’Acropole était neuve, personne n’y ferait attention. Moi, je construis des ruines pour aller directement au devenir de la chose.
La solitude intérieure, c’est la condition même de l’homme.
Il y a dans notre putain d’existence une espèce d’harmonie qui fait que rien n’est inutile ou fortuit. Tout a une signification.
Les hommes donnent aux paysages qu’ils traversent la couleur de leurs pensées.
Il faut se cramponner au parapet de la raison lorsque souffle le vent de l’invraisemblance.
La résignation, c’est la force des humbles.
Lorsque je serai retiré sur mon rocher, j’écrirai un bouquin de philosophie tellement gros qu’on le mettra sous toutes les fesses des enfants apprenant le piano.
Le seul intérêt réel de l’existence réside dans ses bouleversements.
Un souvenir vous sert mieux qu’une présence.
Les hommes sont les mêmes partout. Les frontières ne figurent en réalité que dans nos âmes.
Le crime est la force des faibles. Ceux qui veulent se manifester sans en avoir l’énergie n’ont que la ressource de tomber, monter étant trop épuisant!
Nous sommes conçus pour nous faire payer aux uns et aux autres le mal que nous faisons.
Ne jamais penser à plus tard! Seul compte le présent qui est l’unique bien des vivants.
Le raisonnement est un escalier secret qui donne accès à des vérités apparemment inaccessibles.
Notre imagination est toujours moins romanesque que la vie.
Il faut prendre des chemins détournés, ce sont souvent des raccourcis.
Tout le monde est fait pour mener une autre existence.
Le bonheur en Technicolor, ça ne se fabrique qu’à Hollywood.
N’es-tu pas épouvanté à l’idée que chaque seconde s’engloutit avant même que tu en aies eu conscience?
À partir du moment où on vous coupe le cordon ombilical, c’est râpé. On est seulâtre pour l’éternité.
Nous sommes tous dans une salle d’attente.
Le temps d’un sourire, elle aura duré, votre petite trajectoire minable de brandon qui s’éteint à peine allumé. Et, si vous n’avez pas ri pendant cet éclair, vous mourrez cocus, les gars!
La dignité humaine ne fait pas bon ménage avec l’intérêt.
La nature n’est jamais aussi hostile que les hommes.
Nous jaillissons du limon, comme une grosse bulle. Nous nous gonflons à la surface et, parce que le soleil nous fait briller un instant, nous nous prenons pour quelque chose, et même parfois pour quelqu’un!
Sans un minimum d’égoïsme, la vie ne serait pas vivable.
Dans la monstrueuse indifférence de l’univers, la seule île, c’est l’amour maternel.
Nous vivons tous à califourchon sur une fusée interplanétaire en rouscaillant parce qu’elle ne va pas assez vite. Nous devrions davantage nous asseoir dans notre jardin et regarder les abeilles faire leur petit turbin.
Le seul intérêt réel de l’existence réside dans ses bouleversements.
Tout est possible en ce monde et il n’y a qu’une chose qui soit réellement invraisemblable: c’est l’invraisemblance.
L’homme aux idées hardies est taxé de fou par ceux dont le cerveau est flasque.
S’en sortir, pour quoi faire? Pour aller où? Pascal a aussi bien pourri que ceux qui ne l’ont jamais lu.
L’homme est précédé de sa pensée, mais la rejoint immanquablement.
Il n’y a pas de dedans, à part nos âmes. Et encore sont-elles, elles aussi, une tolérance du dehors.
La probité morale est une espèce d’œuvre d’art.
Vivre, c’est passer outre.
À partir de trois personnes, les hommes cessent de s’entendre. Et, bien souvent, à partir de deux…
Quand on attend pour attendre, on finit vite par se demander ce qu’on attend.
Elle donne tant et tant, la nature, qu’après tout, elle peut bien reprendre.
Le règne humain est une communion chimique en devenir. Laissez-vous mourir tranquillement, je devine que ça n’est pas inutile.
L’imagination, c’est la mémoire du possible.
La seule véritable découverte philosophique de l’homme est que tout se transforme.
Pourquoi attendre d’autrui des satisfactions cérébrales que l’on peut s’accorder tout seul.
La fosse septique prépare à la fosse commune.
Chaque génie à sa prostate.
Personne ne fuit; tout le monde piétine.
On s’aperçoit que l’existence est faite à quatre-vingts pour cent de déconnages inutiles.
Les hommes, sans cesse aux prises avec le présent, doivent également compter avec le passé.
«Tromper le temps». Tu la connais cette expression stupide? Impossible de le tromper, le temps, de l’éluder, de lui passer outre. Il est là, comme une échelle infinie que tu dois escalader.
L’excitation est belle lorsqu’elle est intense, mais navrante lorsqu’elle ne peut s’exprimer.
Tout ce que je sais, je l’ai appris tout seul en lisant des livres, en lisant la vie, en baisant, en aimant mon prochain comme moi-même pour l’amour de Dieu! Ils sentaient bien les profs, que j’en avais rien à cirer, que mon siège était fait et que ma vie s’organiserait autour de la vraie vie, sans les turpitudes du savoir sous cellophane. Diplômé des nuages, l’Antonio! Docteur es-tendresse. Licencié en coït! Le pied, le foot! Authentique grande école! Faculté de s’en foutre.
— Vous me haïssez?
— Non, la haine est au-dessus de mes moyens; je vous méprise seulement.
Chaque individu est le point de départ de l’univers.
Le monde, il faut l’inventer soi-même, sinon, il est partout pareil.
La France? Soixante millions de gus sur les côtelettes, ça forme une sacrée pyramide humaine. Sans compter qu’il y en a qui remuent, dans le tas!
Mes yeux aperçoivent des choses enfuies qui jamais plus ne reviendront.
Les lambeaux du passé flottent au vent de la mémoire comme une chemise fixée à une rame transformée en mât sert de pavillon à des naufragés (du moins sur les dessins humoristiques).
Tout individu est fier de bander dur. Il en tire gloire, alors que ça lui est naturel, accordé par nature comme à des millions d’autres.
Les gros repas engendrent des digestions laborieuses, sources de méditations.
Nous autres, qui ne sommes pas des philosophes, ce qui nous sauve, c’est notre bon sens.
Ça pisse pas haut, ça ne mène pas loin, mes rébellions de noces et banquets; seulement ça me soulage un peu.
Con ou génie, gros ou maigre, Pensées de Pascal ou Almanach Vermot, c’est tout pour le néant. Tu balaies jusqu’à la bouche d’ombre, tu balances tout dedans: les détritus, le balai et toi pour finir. Terminé! Au suivant!
Il vaut mieux être un grand chez soi qu’un petit chez les autres.
Toujours mettre à profit les circonstances. Une occasion négligée, c’est un morceau de ton destin qui s’effrite.
Faut pas avoir peur des mots, seulement des gens.
L’existence est une étoffe tissée de menus hasards, de rencontres fortuites, d’incidents à peine discernables qui s’emboîtent. Quand tu as étalé le tout, tu constates que ça forme un destin. Rien n’a été inutile. Tout avait sa place. Tout devait être conservé pour l’exécution du motif global.
Une civilisation s’éteint, d’autres se développent; ça ne changera jamais le volume du globe terrestre, ni sa vitesse de rotation.
Mes pairs et mère m’ont enseigné qu’une seule bonne raison est préférable à plusieurs cacateuses.
Les grands penseurs sont des gens repus, sinon ce ne sont que des agitateurs.
— Qu’est-ce qui ne va pas?
— La vie.
— Je connais: je l’ai eue.
L’existence est bourrée de chausse-trapes sournoises, quand tu ne te méfies pas.
On se met à devenir vieux sitôt qu’on cesse de grandir.
Quand on ne peut refaire le monde, on n’a que la ressource de prier et de baiser.
Parler est, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, une démarche inutile et donc une perte de temps.
L’existence, c’est pas un ensemble d’instants, mais juste un instant après l’autre. Et chaque instant anéantit celui qui l’a précédé.
Les gens, c’est déjà beau qu’ils t’écoutent; si en plus tu exigeais qu’ils te comprennent, la vie se mettrait à patiner.
Le mâle a besoin de ses prouesses passées pour accepter son déclin.
On a pas besoin de beaucoup de terrain pour exister, ni de beaucoup d’amis. J’ai calculé qu’avec six cents mètres carrés et trois ou quatre potes, t’envoyais la farce! (ou tu en voyais la farce).
Les doubles foyers, y a que chez Afflelou que ça fonctionne bien.
Il y a, dans la contrition, la soumission ardemment consentie, un somptueux aveu d’impuissance de la part de l’homme.
Selon mon estimation personnelle, le Très-Haut, n’est pas Très Haut mais Très Près.
La vie, c’est au présent, rien qu’au présent. Il ne faut pas être désespéré, et encore moins optimiste.
Dans l’existence, tu ne regrettes pas que tes mauvaises actions; il arrive aussi que tu regrettes les bonnes. Et alors là, c’est beaucoup plus grave.
Un pauvre, allergique au caviar, ou un baron de Rothschild, allergique au topinambour, peuvent s’en sortir. Mais imagine le contraire, tu mords d’ici les dégâts?
Ma grand-mère me disait que l’on n’était propriétaire que de sa soupe, et encore, une fois qu’on l’avait dans le ventre.
Si tu n’as plus rien à attendre de la vie: n’attends plus.
Y a des jours où il ne faut pas regarder par le conduit de la cheminée, sinon le Père Noël te dégringole sur la gueule!
C’est pas ailleurs qu’on fait fortune. Ailleurs on se fait seulement chier.
Nous sommes promis à l’éclopage par le temps. Ce salopard qui sournoisement transforme Tristan en notaire de sous-préfecture et Yseult en dame patronnesse.
Les hommes, ils grimpent sans se retourner. Arrivés au sommet, le vertige les fait tomber.
Un jour, il m’est arrivé quelque chose de tout à fait exceptionnel: moi.
Tu ne peux prêter le flanc à l’ironie de tes pairs si tu ignores les vilenies qu’ils ont lâchées contre toi.
Ces choses affreuses qu’un con, un jour, a appelées «nos semblables».
Moi, le fouet, je n’ai jamais été partant, ça fait mal quand on le reçoit et ça fatigue quand on le donne.
Un homme, quel qu’il soit, tu lui fais passer un rouleau compresseur sur le burlingue, il se transforme en flaque. Tu vas pas te laisser impressionner par une flaque en puissance, tout de même!
Les statues de sable? Faut les mouiller pour les modeler. Ensuite, elles sèchent et s’écroulent.
Regardez bien les hommes. Et maintenant, regardez-moi!
«Vous ne trouvez pas que je leur ressemble?»
Pleurer, c’est l’hygiène de l’œil. Le chagrin aboutit parfois chez le psychiatre, jamais chez l’ophtalmo.
Tant qu’on possède le présent, on peut espérer avoir un avenir.
Pour un émigrant qui devient Kennedy, t’as tout le reste qui devient clodo.
L’homme est un loup pour l’homme? Mes fesses! Les loups ne nous suppriment pas. L’homme est un homme pour le loup, voilà la vérité; et plus encore: un homme pour l’homme!
On apprend tout aux hommes lorsqu’ils sont jeunes, sauf qu’ils deviendront âgés et podagres. Cette éducation-là, il faut se l’inventer tout seul.
Société de consommation! Société de consumation, oui! Faut qu’on soit tous cons et fumiers pour être tombés si bas.
Les fruits, quand tu les cueilles encore verts, ils achèvent de mûrir loin de leur arbre; pas les idées!
Il n’existe pas de chercheurs, il n’y a que des «trouveurs».
Je préfère je suis à j’ai. Avoir, ça réconforte, tandis qu’être, ça perturbe. Le mec qui a beaucoup a moins besoin d’être. Il peut mieux s’économiser. Être est plus indispensable qu’avoir. Qu’importe ce que j’ai, si je ne suis pas! Avoir été, c’est mieux que d’être eu. Le rêve, c’est d’avoir de quoi être!
Il vaut mieux charrier des remords que des regrets.
Le julot qui te présente une patte-mouille pour te saluer et qui regarde le prunier d’en face en te parlant, tu peux en faire cadeau au syndicat des gélatineux.
Les crève-la-faim, c’est pas des dons qu’il leur faut, mais leur dû.
Il faut fixer sa pensée pour ne pas la laisser dériver dans l’océan du désespoir.
Le renoncement est un flirt avec la mort.
Y aura toujours les uns et les autres, les cons et les autres, moi et les autres.
Le chagrin est une ivresse qui incite aux niaiseries les plus lamentables.
Dans le fond, eunuque, c’est une position enviable. La paix du pantalon te rend totalement disponible.
L’être en quête de vérité est aussi mal dans sa peau que celui qui fait de la rétention d’urine ou qui souffre d’un calcul rénal.
La virilité maintient l’individu dans une estime de soi indispensable à l’harmonie de son existence.
Peut-être que le mal n’est pas un mal? Si nous étions parfaits, nous ne supporterions pas la précarité de notre condition.
Celui qui renonce à la baise abdique sa qualité d’homme.
Les seuls gus qui font de leur existence une œuvre, ce sont les clodos. Vivre de rien dans du rien.
L’homme n’a su créer qu’une chose qui soit éternelle: ses ordures.
Tout homme souhaite être le propriétaire exclusif de la femme qui le comble.
La pompe aux souvenirs n’est jamais grippée; il suffit d’un «t’en souviens-tu?» pour que tout l’écheveau se dévide.
Si tu t’obstines farouchement, tu obtiendras tout de la vie: les femmes, les situations et aussi les honneurs si, par malheur, ils te tentent.
La vengeance, on s’en fatigue vite. Elle se mange froide, et les bouffes froides te débectent rapidement.
Mes jours sont en danger depuis l’instant de ma naissance et nous sommes cinq ou six milliards de bipèdes dans ce cas.
Il n’est pas grave de ne pas comprendre les mystères de la vie. Ce qui est grave, c’est de les nier parce qu’on ne les comprend pas.
Les hommes, comme les loups, sont faits pour vivre en hordes. Celui qui s’en va, seul à travers la forêt, paie je ne sais quelle étrange dette.
Maintenant on lacère les manteaux de fourrure et les grosses cylindrées. Bientôt on tailladera le bide des obèses, pour leur apprendre à capitaliser les calories. Même une grosse bite, t’auras plus le droit de la déballer. Un zizi de plus de quinze centimètres hors tout sera interdit de fornication, pas complexer surtout les petits bitouneux lamentables.
C’est beau, la nature, et ça ne coûte pas cher.
La charité est un élan, une bandaison de l’âme.
Les hommes sont des mouches bleues qui se posent tantôt sur le miel, tantôt sur la merde.
Les portes se referment parce qu’elles sont faites pour ça. Il est con, Musset, qui prétend qu’elles doivent être «ouvertes ou fermées». Ouvertes, c’est fugitif, fermées, c’est leur finalité.
Il en va des qualités professionnelles comme de l’amour: tu t’y montres brillant ou nul.
Faire semblant est un début de réalité. Si tu fais de plus en plus semblant, t’arrives progressivement à être ce que tu souhaites paraître.
Le beau monde cultive les apparences et il a bien raison. Elles lui servent de vertu.
Le présent reste obscur; c’est un assemblage d’ignorances. On le croit définitif parce qu’il est. Et comme l’homme ne possédera jamais la faculté de dépasser ce qui est, il se fera toujours niquer. Il vivra éternellement l’instant. Mais l’instant, c’est de l’illusion matérialisée. Ça se déprogramme en étant.
Le vrai mutisme, ce sont des mots qui se taisent.
La lèche, c’est le lubrifiant des rapports humains. Notre société est régie par la pipe davantage que par les lois.
Le jour vient où tu n’as plus envie de rien, même pas d’exister.
T’as pas le temps d’être mort que déjà on t’a foutu un drap ou une bâche sur la gueule. Symbolique. Tu n’es plus? Alors ton image n’a plus le droit de cité.
Les pauvres se trouvent mieux dans leur peau que les nantis.
Il faut franchir la barbare frontière du paroxysme pour s’affranchir des misères humaines. L’intensité débouche sur le salut.
La désillusion est le chemin de l’existence.
Sans philosophie, on accepte mal ses propres crimes.
Il ne faut pas se laisser glisser dans les songeries merdancoliques.
Quand elle est trop poussée, l’admiration conduit à l’outrance.
Les hommes, fais-les plus grands qu’ils ne sont et ils le deviennent pour de bon!
Le coup de cœur, c’est fort, c’est bon, ça survolte, mais ça ne doit pas se prolonger.
Toujours essayer de voir les choses qui se cachent derrière les choses.
Notre vie est un choix perpétuel. Décider, toujours décider: par quel bout commencer, quelle fille on va baiser, pour quel con on va voter. Encore et toujours des choix! Qu’en fin de compte, ton libre arbitre te pompe l’air, t’empêche d’exister normalement! Tu restes trop disponible pour bien profiter de la vie.
Le faste ne te grandit jamais, au contraire, il t’accable.
Il y a des gens qui ont partout l’air d’être en exil, même au sein de leur foyer, et là encore davantage qu’ailleurs.
L’oubli est le principal atout des femmes.
Ce que j’ai eu d’important à dire dans la vie, je l’ai dit avec les yeux.
Les centenaires de Sicile sont des gens qui ne se sont jamais occupés de leur prochain.
Le droit chemin décrit des zigzags, parfois.
La mémoire ne doit servir qu’à évoquer le positif; si c’est le garde-manger des rancœurs, vive l’amnésie!
Ne donne pas trop de bonheur aux gens, ils t’en gardent toujours rancune.
Être ou ne pas être… Là n’est pas la question.
Ce qui peut arriver de mieux aux hommes, c’est d’agir sans réfléchir.
Les gonzesses, c’est comme les clébards, faudrait toujours les prendre jeunes.
La planète? En voilà une qui tournait rond jadis, avant que l’homo sapiens vienne lui proliférer dessus.
Celui qui bédole dans son froc a perdu d’avance; l’odeur de la merde excite l’adversaire.
L’homme s’attarde sur le passé, tandis que la femme se gave du présent.
Ceux qui ne savent pas écrire, tout comme ceux qui ne savent pas peindre, se réfugient dans l’abscons. Ça fait ricaner les cartésiens, mais ça les inquiète tout de même.
Je préfère une partie de baise dans une cabine téléphonique à une partie de chasse à courre en Indre-et-Loire.
C’est comme les arènes, la vie: t’as toujours les places à l’ombre et les places au soleil, mais dansl’existence, c’est les places au soleil qui coûtent le plus cher.
Rescapé, j’ai remarqué que c’est un sort enviable dans l’existence. On ne respecte pas les épargnants, mais on raffole des épargnés.
En ne prenant pas la vie des victimes, c’est comme si on la leur donnait!
Un type mort, on tire un trait dessus; un type vivant, on tire sur la fermeture Eclair de sa braguette.
Il faut garder la verticale, position dont nous ne profiterons jamais suffisamment, nous autres, les futurs horizontaux définitifs. Rester debout est un luxe.
Deux hommes intelligents, d’idées politiques opposées, trouvent beaucoup plus de choses à se dire que deux cons appartenant à un même parti.
Quand tu te fais du mouron, donne-le aux petits oiseaux.
L’actualité c’est tout de suite, le lendemain elle est défraîchie, au bout de huit jours elle est périmée, ensuite elle fait chier tout le monde.
Quel plus grand hommage rendre à son Créateur que de devenir le complément d’un autre être.
Souvent j’ai découvert des trésors au débotté de l’existence, alors que je n’espérais rien.
J’ai rien contre les officiers, rien pour, non plus. S’il y en avait pas on serait obligés de faire les guerres tout seuls, et on risquerait de les gagner!
L’existence, c’est comme ça: tu fais des gosses et tu attends qu’ils s’en aillent. Et quand ils sont partis, tu attends qu’ils reviennent.
Marquer son territoire, c’est ne pas avoir besoin d’être physiquement là pour être présent.
Quand on rencontre des gens, on ne sait jamais à l’avance desquels on va se souvenir plus tard. C’est pas une question «d’importance», mais de «sensations».
L’homme suroccupé néglige le cul.
Les honneurs engendrent l’impuissance.
Vie salope à laquelle il nous faut faire semblant de croire.
Nos rêves d’enfance ne peuvent se réaliser vraiment. Nos sales pattes de grandes personnes sont incapables de les manipuler sans les briser.
Quand j’étais mouflet, j’avais la notion du «toujours». Mais ça n’a pas duré longtemps.
Je suis de nulle part. Juste un enfant perdu que personne n’a trouvé. Mais qui baise!
Le coulage à pic, c’est la solution de ceux qui ne s’estiment pas à la hauteur des efforts qu’ils pourraient produire.
Ton salut t’appartient; n’en fais pas cadeau au néant, c’est trop con.
Les hommes sont empêtrés dans leurs fantasmes comme des spaghettis dans du parmesan fondu.
Notre drame, c’est que nous ne pouvons pas nous fuir.
La chose que l’homme connaît le plus mal, ce sont ses limites; il a toujours tendance à mettre un pied plus loin que permis.
Il vaut mieux ficeler sa philosophie avec une grosse corde qu’avec une toile d’araignée.
Une fois qu’il a les couilles à plat, l’homme peut devenir charitable, tendre la main à son prochain et servir la gloire de Dieu.
Quand t’es à bout, ouvre le gaz et mets à cuire des œufs sur le plat.
Il ne faut pas avoir beaucoup d’argent, mais il importe d’en avoir assez!
Quand le tricotin t’habite, ta bite a besoin de tricoter.
L’infidélité n’est qu’un exercice destiné à maintenir dans leur forme optimale les fonctions assurant la félicité physique d’un couple légitime. Mais va faire comprendre ça à ta bergère, toi!
À mes débuts, j’écrivais comme Montaigne et ça cassait les couilles à tout le monde, à commencer par moi; alors je me suis tourné vers Rabelais et ça s’est mis à fonctionner.
Les femmes disent toujours le contraire de ce que tu penses et pensent le contraire de ce que tu dis.
Quand «ça te démange, tu te grattes». La volupté provient de l’assouvissement.
Ce qui complique tout, c’est la promiscuité.
Les bonnes gens te conseillent toujours de «prendre sur toi»; ils ne te conseilleront jamais de «prendre sur eux».
Contre nature, ça signifie quoi? Tout ce qui s’accomplit dans nos existences humaines est naturel.
C’est toujours les couples unis qui fournissent les meilleurs veufs (ou veuves) et c’est souvent dans les unions d’apparences foireuses qu’on trouve les inconsolables.
Les pires événements se dissolvent gentiment dans l’oubli. D’autres les remplacent.
Lorsque tu te repais d’un paysage: Danube, Pyramides, Promenade des Rosbifs, Pont de Brooklyn, tu crois emmagasiner toutes ces images, ces sensations, toutes ces émotions, mais très vite il ne te reste plus dans le souvenir qu’une barbe à papa terne et silencieuse que tu as du mal à préserver et qui meurt de ton présent impitoyable.
L’humanité a de plus en plus la gueule qu’elle mérite.
Il n’y a pas d’âge pour vieillir, on vieillit en naissant.
La populace congratule toujours le vainqueur. Avec elle, un homme terrassé est un homme désaimé.
La vie ne se conserve pas. On doit la consommer au fur et à mesure.
Chaque fois qu’un homme en tue un autre, c’est lui qu’il met à mort.
Certes c’est chiant d’être vivant, mais comme il doit être démoralisant de ne pas exister.
Il n’y aurait pas de vie collective possible si les gens gardaient leur mémoire intacte. On ne croirait plus en rien ni en personne. On ne pourrait plus continuer d’espérer, d’aller de l’avant.
Tu vois des gens, en pleine forme, tu les salues joyeusement. Tu les revois plus tard: ils sont vieux. Tu ne les revois plus: ils sont morts!
Quand la liesse est prête, il faut la consommer, tout comme le vin tiré, elle ne se conserve pas.
Les souvenirs, c’est comme une boîte de biscuits moisis retrouvée dans un placard. Tu te crois obligé d’en grignoter un et de le trouver bon, mais en réalité il a un goût de rance.
Plus le temps passe, si tu as du pot, plus tu fais des croix sur le nom de tes relations dans ton carnet; si tu n’en as pas, c’est elles qui en font une sur le tien.
Un jour la porte se rabat dans ton dos, comme mue par un courant d’air, mais c’est toi qui l’as tirée. Toi tout seul, instinctivement.
Seuls les adeptes du yoga sont capables de péter plus haut que leur cul.
Le bon sens est un langage qu’on pige de moins en moins. Quelques-uns pensent «C’est pas bête, ce qu’il dit; mais c’est con». Et tu sais pourquoi c’est con? Parce que ça ne sert à rien. Aujourd’hui, il n’y a que ce qui sert vraiment à quelque chose qui est pris en considérance.
Quand tu as tout perdu, il te reste la vie.
Si on m’enlevait toutes les années au cours desquelles je me suis fait chier, j’aurais trente ans de moins.
Pourquoi ne pas relater ce qui est, du moment que cela est? Filtrer les faits et les dits, c’est les émasculer.
Tu n’aimes totalement que ceux que tu admires.
Aujourd’hui le foyer est devenu une source de discorde entre zappeurs.
Que tu fasses l’amour ou des mots croisés, la trotteuse qui enchaîne inexorablement les secondes ne flanche pas, ne ralentit pas et t’estoque pour te déguiser en mort, toi si peinard dans ton présent d’aujourd’hui.
Y a plus que le papier-cul qui se vende encore bien: tout le monde se fait tellement chier!
L’homme qui vient de se vider les couilles dans une gonzesse se prend facilement pour un démiurge.
Il y a des gens que j’embrasse pour ne plus les voir.
Qu’importe les objets qui nous survivent? Ils dérivent au fil du temps, comme des arbres arrachés par une crue dérivent dans le courant. Les choses matérielles ne constituent que des hochets dont elles possèdent la précarité.
Si j’étais riche, je ne ferais que ça.
Il ne subsiste de nos rencontres que d’obscures impressions que le temps rend improbable.
J’ai toujours été heureux par contumace.
Les gens que tu couches sur ton testament ne dorment que d’un œil.
Si tu laisses le temps au temps, il te baise.
La vie, c’est l’histoire d’une enfance qui flambe et tombe en cendres.
Je n’ai pas de prochain; mes moyens ne me le permettent pas.
Pour posséder une saine vision des choses, il convient d’avoir le ventre plein.
Les gens heureux n’ont pas d’histoire; c’est pourquoi ils en font à tout propos.
Il faudrait pouvoir mourir de temps en temps, histoire de se refaire une santé.
Si on n’avait pas son passé à se mettre sous la mémoire, le présent aurait une drôle de gueule.
Ma philosophie? Rien, avec Dieu autour.
Il y a des mecs qui me laisseront incommensurablement froid. La compassion, ça se mérite.
Tu remarqueras souvent chez les paumés cet acharnement à en rajouter, comme si ça ne se repérait pas au premier regard qu’ils sont minus.
Certains antagonismes capotent parce qu’ils ne trouvent pas assez de rancœur pour se nourrir.
Ce que tu penses pour toi, c’est autant de gagné pour les autres.
Si les pauvres hindous décalorifiés bouffaient leurs vaches sacrées, ils cesseraient de les adorer. Pour bien comprendre ce qu’est un bifteck, il faut commencer par le manger.
Gamberger ne fait chier personne et peaufine ton intimité avec toi-même.
Quand tu sais que le silure nous est antérieur, tu te mets pas à chicaner sur le côté clean de ton pedigree!
J’ai rien demandé, je partirai donc sans dire merci!
Rien n’est jamais gratuit. Hormis un malade mental, aucun homme n’agit sans raison.
Quand le jour ne se lève pas, c’est qu’il est trop fatigué.
Dans la vie, ce qui importe, ce ne sont pas les choses, mais l’idée qu’on s’en fait.
Les odeurs sont le mètre étalon de la modestie. L’homme qui pue ne peut nourrir le moindre orgueil.
Les gens se divisent en deux catégories: les ineptes et les inaptes.
Le plus difficile, c’est «de faire avec soi-même»; les autres, on s’en arrange toujours puisqu’on s’en cogne l’os à moelle.
La familiarité est un signe de mépris quand elle ne traduit pas un élan du cœur.
Souvent la vie semble déambuler d’un pas de sénateur obèse, et soudain, au moment ou tu t’y attends le moins, la voilà qui pique un sprint et tu dois déféquer des bulles carrées pour tenter de la rattraper.
Rien n’appartient à personne, sinon sa peau pour quelque temps, et encore n’est-elle qu’un travesti de location pour bal costumé.
Il y a les bonnes et les mauvaises rencontres. Les bonnes sont si rares que ça ne vaut pas la peine d’enparler; d’autant qu’elles finissent par devenir mauvaises. Les mauvaises, c’est le reste.
Nous appartenons à une civilisation tartufière qui distribue des satisfecit au grand jour et se masturbe dans les coins sombres.
Quand on est chef, vaut mieux se gourer en ayant l’air sûr de soi que de tergiverser avant d’agir correctement.
La vie, c’est comme les figues de Barbarie; ça vous laisse longtemps des piquants dans la viande.
La vie est une loterie. Au départ, tu reçois un numéro, il est bénéfique ou foireux, mais dans l’ensemble, tout le monde l’a dans le cul.
L’instinct est une façon de ne pas penser.
Y a des moments qui ressemblent à un marteau mal emmanché.
Le sommeil d’un vieillard, c’est sacré; ne jamais le déranger surtout; il répète!
Il y a des gars qui ont vu la baie de Naples et qui n’en sont pas revenus parce qu’ils s’y sont noyés.
Dans la vie on est toujours seul. L’important c’est de savoir avec qui!
Le vrai désespoir, c’est de pleurer au soleil.
Faut toujours préparer les mélancolies de demain.
Ça fait plaisir d’être connu et reconnu! Du reste, il n’y a que les gens connus qui sont reconnus; c’est connu.
Un jour tu repêches dans ta mémoire des bribes d’instants que t’avais à peine remarqués en les vivant; ils te deviennent alors confortables.
Une tête, même de con, va tellement bien à un homme!
Les vrais battants ne sont pas ceux qui savent triompher, mais ceux qui savent échouer.
Les hommes étant mortels à partir de leur naissance, n’ont en fait pas d’âge. En tout cas l’âge n’a aucune signification; c’est une illusion.
«Travaillez, prenez de la peine!»
Il est con, ce La Fontaine. J’ai tant de peine, que loin de la prendre, je voudrais la donner!
Chacun est responsable de ses actes; mais il n’en est responsable que vis-à-vis de lui-même.
L’insomnie est le meilleur engrais de l’imagination.
Le danger ne vient pas des autres hommes: il vient de moi. Les hommes ne peuvent prendre que ma vie. Moi je peux accepter la mort qu’ils me préparent. Si j’y parviens, je serai infiniment fort.
Le plus difficile n’est pas d’arriver, c’est de «se» continuer.
Le remords n’est qu’un épouvantail planté par la morale aux frontières du mal.
Les vivants se croient supérieurs aux morts, mais ils ne sont que les morts de demain…
À peine conçu, un être est un mort en puissance. On nous appelle des «êtres» alors que nous ne sommes rien! C’est la plus vaste vantardise que ces animaux à deux pattes ont trouvée!
Les hommes perdent leur vie à essayer de comprendre des choses qui ne comportent pas d’explications.
Un homme vieux de caractère ne s’en aperçoit pas; c’est le principal élément de sa maturité.
Les hommes juchés sur le piédestal de la gloire se croient des élus éternels mais au premier coup de vent, ils s’écroulent!
La vie, c’est un solo de saxophone, la nuit, dans les torpeurs enfumées d’une boîte de nègres.
L’agenouillement, c’est la culture physique du recueillement.
Dans les affrontements picaillons-vocation, c’est toujours les picaillons qui gagnent.
Le destin, c’est l’ironie de la vie.
La philosophie est l’art de se compliquer la vie en cherchant à se convaincre de sa simplicité.
Il n’y a que le bonheur qui unisse les gens. Le malheur, lui, les sépare. Et il ne sépare pas seulement les gens les uns des autres, mais également d’eux-mêmes.
L’indifférence est plus impitoyable que la haine.
On ne doit pas pleurer la mort d’un suicidé mais sa vie. Sa mort, il l’a voulue. Tandis que sa vie, il l’a refusée parce qu’elle était trop moche.
Les hommes n’ont aucun pouvoir sur les femmes indifférentes.
La vie: un truc de papier qui se déplie, fait un peu de vent et se replie.
Elle avait souffert durant toute son existence je ne sais pas de quoi, peut être de la vie, simplement?
Le temps de presser un bouton peut être aussi long que celui nécessité par la construction d’une cathédrale lorsqu’il est pensé à l’infini.
J’adore ce qui est apparemment définitif, c’est ce qui me donne le mieux l’impression que j’existe.
Rien de plus appauvrissant qu’une conscience nettoyée. Livrer ses secrets, c’est s’appauvrir en se soulageant.
Le silence des individus est leur véritable éloquence.
On se poursuit vaille que vaille. De temps à autre on se permet une gambade dans le champ du voisin, mais nous restons les vassaux de notre passé.
Quand on rejoint une femme, en principe c’est pour toujours; mais le «toujours» des hommes a ses limites.
On finit toujours par fermer les yeux.
Pourquoi les hommes s’ingénient-ils à embellir leur vie puisqu’ils vivent? N’est ce pas suffisant?
Les souvenirs, c’est ce qui reste quand l’oubli vous a guéri d’un malheur.
Les vraies détresses n’ont pas le courage de s’exprimer. Se confier dénote encore des ressources d’énergie.
Pour bien vivre, il ne faut pas se rendre compte qu’on vit. C’est tellement vrai qu’on a inventé des distractions pour les oisifs.
Si la plupart des hommes chantent en se rasant, ils ne se rendent pas compte qu’en même temps ils rasent les autres en chantant.
On ne refait pas sa vie. On ne peut que la poursuivre en essayant de la corriger comme on corrige sa vue défaillante au moyen de verres.
La méchanceté n’est tolérable que lorsqu’on est en état de crise.
À partir de la quarantaine, les petits souvenirs commencent à lever le doigt pour vous demander la permission de sortir.
Le temps joue avec nous; il faut bien que nous jouions avec lui.
Les vrais adieux sont solitaires. On ne quitte vraiment un être aimé que lorsqu’il n’est plus là.
On ne peut jamais se résoudre à être absent des autres.
Le cynisme, c’est la santé de l’intelligence.
Il faut tout apprendre sur cette planète: à mourir, à être cocu.
Les regrets sont faits pour ceux qui échouent, pas pour ceux qui réussissent.
L’expression est une trahison latente; elle contourne la pensée sans jamais la traduire parfaitement.
L’on ne tue vraiment que soi-même; tuer les autres constitue une répétition générale.
Le silence, on n’a rien trouvé de plus éloquent dans les cas graves.
Le merveilleux est un mastic qui nous sert à boucher les petites fissures de l’existence.
Pour s’engager dans l’ascétisme, il faut subir les langueurs de la pré-cirrhose.
Quand la viande est rigolarde, la conscience ne se pose pas de problèmes.
Il convient de ne jamais craindre nos défauts. Ils sont la suprême récompense de nos qualités.
À vouloir connaître le pourquoi des choses, on en arrive à vouloir aussi savoir le comment et, dès lors, tout se complique.
Les chênes les plus costauds ne sont pas à l’abri de la foudre, car leur force provient de la terre alors que la foudre tombe du ciel.
Comme si l’on conquérait jamais quelqu’un ou quelque chose; les «quelqu’un» vous quittent et le jour vient où l’on quitte les «quelque chose».
Le présent nous appartient. Et peut-être l’avenir également si on y met du nôtre.
C’est en restant immobile et en réfléchissant qu’on va le plus loin.
Le futur, c’est du présent qui se précipite à ta rencontre.
Plus tard, ça n’existe pas. Quand nous réalisons nos «plus tard», ils ne sont plus que des aujourd’hui transformés.
Le noir s’écrit sur le blanc, et le blanc sur le noir.
Si on veut très fort les choses, les obtenir représente une victoire sur le destin.
L’éternité est dans le mouvement insensible des plantes et des insectes.
Il vaut mieux s’efforcer de penser que l’on est, que d’être parce que l’on pense.
Les cons ont une philosophie à longue portée, missile connerie-connerie! Moi c’est juste missile terre à terre.
On ne s’enferme pas dans une génération comme dans un blockhaus.
Entre un grand homme et un petit, il ne peut guère y avoir en fin de compte que vingt centimètres d’écart.
On fait pousser des fleurs et des tours Eiffel. On peint la Joconde. On chope le SIDA. On aime, on meurt, on rit, on boit du Château-Pétrus. On s’encule, on s’atomise, se décore. On devient Gaston Dunœud ou Victor Hugo. On va vérifier que la Lune est bien déserte. On croise en Dieu, on découvre l’Amérique, le four à micro-ondes, le couteau Opinel, le théorème de Pythagore, la pénicilline. On bâtit les Pyramides, le pont de Brooklyn, des châteaux en Espagne. On fait des guerres, et puis des guerres et encore des guerres, sans réfléchir qu’on est désespérément seuls. On oublie cet inconcevableenvironnement de cailloux au centre duquel nous dérivons, pauvres naufragés élus. Dérivons à corps complètement perdus.