XIII

Sur combien d’agendas ce numéro de téléphone, qui a été le mien, figure-t-il encore ? Était-ce simplement le numéro de téléphone d’un bureau où l’on ne pouvait me joindre qu’un après-midi ?

Je compose ANJou 15-28. Les sonneries se succèdent mais personne ne répond. Reste-t-il des traces de mon passage dans l’appartement désert, la chambre inhabitée depuis longtemps où ce soir le téléphone sonne pour rien ?

Je n’ai même pas besoin d’appeler les renseignements. Il suffit que je fasse, d’une tension du mollet, pivoter le fauteuil de cuir de Hutte. Devant moi, les rangées de Bottins et d’annuaires. L’un d’eux, plus petit que les autres, est relié d’une chèvre imprimée vert pâle. C’est celui-ci qu’il me faut. Tous les numéros de téléphone qui existent à Paris depuis trente ans y sont répertoriés avec les adresses correspondantes.

Je tourne les pages, le cœur battant. Et je lis :

ANJou 15-28 – 10 bis, rue Cambacérès. 8e arr.


Mais le Bottin par rues de l’année ne porte aucune mention de ce numéro de téléphone :

CAMBACÉRÈS (rue)

8e

10 bis AMICALE DES DIAMANTAIRES MIR 18-16

COUTURE-FASHION ANJ 32-49

PILGRAM (Hélène) ELY 05-31

REBBINDER (Établis.) MIR 12-08

REFUGE (de) ANJ 50-52

S.E.F.I.C. MIR 74-31 MIR 74-32 MIR 74-33

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