XXII

Ce soir-là, assis dans le bureau de l’Agence, je scrutais les photographies que m’avait données Mansoure.

Un gros homme, assis au milieu d’un canapé. Il porte une robe de chambre de soie brodée de fleurs. Entre le pouce et l’index de sa main droite, un fume-cigarette. De la main gauche, il retient les pages d’un livre, posé sur son genou. Il est chauve, il a le sourcil fourni et les paupières baissées. Il lit. Le nez court et épais, le pli amer de la bouche, le visage gras et oriental sont d’un bull-terrier. Au-dessus de lui, l’ange en bois sculpté que j’avais remarqué sur la couverture du magazine, derrière Denise Coudreuse.

La deuxième photo le présente debout, vêtu d’un complet blanc à veste croisée, d’une chemise à rayures et d’une cravate sombre. Il serre dans sa main gauche une canne à pommeau. Le bras droit replié et la main entrouverte lui donnent une allure précieuse. Il se tient très raide, presque sur la pointe de ses chaussures bicolores. Il se détache peu à peu de la photo, s’anime et je le vois marcher le long d’un boulevard, sous les arbres, d’un pas claudicant.

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