Tout ceci était faux. La vérité, c’est que même les grosses collections de livres courants déforment l’espace, comme peut en attester tout amateur ayant déjà fouiné chez un très vieux bouquiniste à l’ancienne, à l’intérieur d’une de ces boutiques qu’on dirait conçues par monsieur Escher dans un de ses mauvais jours, avec plus d’escaliers que d’étages et des rayonnages qui aboutissent à de petites portes sûrement trop basses pour le passage d’un humain de taille normale. L’équation appropriée est la suivante : Savoir = pouvoir = énergie = matière = masse ; une bonne librairie n’est qu’un trou noir distingué qui sait lire.
Le figuin est défini dans le Dictionnaire des mots qui rincent l’œil comme « un petit pâté feuilleté garni de raisins secs ». Le dictionnaire aurait été d’un secours inestimable au Grand Maître Suprême lors de la rédaction des serments de la Société, puisqu’il explique aussi les mots « velchet » (« type de gilet que portent certains horlogers »), « trousse » (« oiseau craintif, gris-brun, de la famille des foulques ») et « moules » (« jeu d’adresse et de dextérité avec des tortues »).
Les nains utilisent le pronom masculin pour désigner les deux sexes. Tous les nains portent la barbe et jusqu’à douze couches de vêtements. Le genre est plus ou moins facultatif.
C’est-à-dire aux alentours de cinquante-cinq ans.
Littéralement : dezha-knik, « surveillant de mine ».
Entre autres innovations marquantes, le Patricien avait mis le vol sous la responsabilité de la Guilde des Voleurs, à grand renfort de budgets annuels, plannings à long terme et sévère protection de l’emploi. À la suite de quoi, en contrepartie d’un taux annuel moyen de délits préalablement convenu, les voleurs veillaient eux-mêmes à ce que le crime non autorisé subisse toute la rigueur de l’injustice, en général un bâton hérissé de pointes.
Littéralt : « Bonjour ! Bonjour ! Qu’est-ce qui se passe donc ici (en ce lieu) ? »
Ecoute, rayon de soleil [littéralt : « le regard fixe et brûlant du grand œil chaud dans le ciel qui pénètre par l’entrée de la caverne »], je ne tiens pas à donner de fessée, alors si tu veux jouer au b’tduz[22] avec moi, je jouerai moi aussi au b’tduz avec toi. Okay[23] ? »
Bonsoir, tout le monde. [Littéralt : « Félicitations à tous les présents à la clôture du jour. »]
Même chose qu’un videur, mais les trolls y mettent davantage de vigueur.
Sauf les mimes. Une étrange aversion, mais c’était comme ça. Tout artiste en pantalon bouffant et à la figure enfarinée qui se risquait à exercer ses talents dans les murs croulants d’Ankh se retrouvait très vite dans une fosse à scorpions dont une paroi donnait le conseil suivant en lettres peintes : Apprends ton texte.
Tout en reconnaissant pleinement l’utilité de la cruauté, bien sûr.
Uniquement jusqu’à leur troisième couvée, bien entendu. Après quoi elles deviennent des mères.
L’année précédente, le Patricien avait décrété illégale la Guilde des Combattants du Feu suite à de nombreuses plaintes. Au départ, le souscripteur d’un contrat auprès de la Guilde avait sa maison protégée contre le feu. Malheureusement, le génie populaire d’Ankh-Morpork s’était vite manifesté et les combattants du feu avaient pris l’habitude de passer en groupes chez les clients possibles et de lancer tout haut des commentaires du genre : « Ç’a l’air drôlement inflammable, ici », et « Suffirait d’une allumette qu’on laisserait tomber sans faire gaffe, et bonjour le feu d’artifice, vous voyez ce que j’veux dire ? »
Une variété de géranium.
Certains émeutiers peuvent avoir de l’instruction.
L’expression « À voleur, voleur et demi » en avait à l’époque supplanté une autre qui disait « Il faut un voleur pour attraper un voleur », laquelle avait elle-même (après des démarches véhémentes de la Guilde des Voleurs) remplacé un proverbe typiquement morporkien beaucoup plus ancien qui, lui, prétendait : « Il faut un grand trou aux parois truffées de ressorts, de fils de détente, de lames de couteaux tournoyantes mues par la force hydraulique, de verre pilé et de scorpions pour attraper un voleur. »
Tridelins : pratique religieuse quotidienne aussi brève qu’inutile chez les derviches équilibristes sacrés d’Otherz, selon le Dictionnaire des mots qui rincent l’œil.
Comme une purée de pois mais en beaucoup plus épais, à l’odeur plus louche de soupe de poisson et dont il vaut mieux ne rien savoir de certains ingrédients.
Les trois règles des bibliothécaires du Temps et de l’Espace sont : 1) le silence ; 2) les ouvrages ne doivent pas être rendus après la date prévue ; et 3) ne pas entraver le cheminement de la causalité.
Un certain nombre de religions, à Ankh-Morpork, s’adonnaient encore à l’exercice du sacrifice humain, même si elles n’avaient plus vraiment besoin d’exercices, ayant désormais acquis le coup de main. Un décret municipal leur imposait de n’exécuter que des criminels condamnés, mais ce n’était pas gênant car, dans la plupart des religions, refuser de se porter volontaire pour un sacrifice était un délit puni de mort.
Un jeu populaire chez les nains qui consiste à s’écarter de quelques pas pour se lancer de gros cailloux à la figure.
Littéralt : « Tout est bien étayé et calé ? »