Après tant de mois à crever de faim, mon ami avait perdu le sens de la mesure, mais, grâce à son métabolisme d'ampoule électrique, il n'arrivait jamais à se défaire de son air affamé et de ses traits émaciés de victime de guerre. Je demeurai seul, suivant distraitement ce qui se passait sur l'écran. Je mentirais si je disais que je pensais à Clara. Je pensais seulement à son corps, frémissant sous les coups de boutoir du professeur de musique, luisant de sueur et de plaisir. Je quittai l'écran des yeux et avisai à cet instant le spectateur qui venait d'entrer. Je vis sa silhouette s'avancer jusqu'au milieu des fauteuils d'orchestre, six rangées Malheur & Compagnie
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devant moi, et prendre place. Les cinémas regorgent de gens seuls, pensai-je. Comme moi.
J'essayai de me concentrer en reprenant le fil de l'action. Le jeune premier, un détective cynique mais au cœur tendre, expliquait à un personnage secondaire que les femmes comme Veronica Lake étaient la perdition de tout homme digne de ce nom, et que, même en sachant cela, on ne pouvait que les aimer désespérément et mourir trahi par leur perfidie. Fermín Romero de Torres, devenu un critique averti, appelait ce genre d'histoires « le conte de la mante religieuse ». Selon lui, ce n'était là que fantasmes misogynes pour bureaucrates constipés et vieilles filles rêvant de se précipiter dans le vice afin de mener une vie de stupre et de luxure. Je souris en imaginant les commentaires de bas de page auxquels se serait livré mon ami s'il avait manqué son rendez-vous au stand des confiseries. Mon sourire se figea en moins d'une seconde.
Le spectateur assis six rangées devant moi s'était retourné et me regardait fixement. Le faisceau nébuleux du projecteur traversait les ténèbres de la salle, rai de lumière changeante qui dessinait des lignes et des taches de couleur indécises. Je reconnus immédiatement l'homme sans visage, Coubert. Son regard sans paupières brillait, acéré.
Son sourire sans lèvres se pourléchait dans l'obscurité. Je sentis des doigts froids serrer mon cœur comme des tenailles. Deux cents violons éclatèrent sur l'écran, il y eut des coups de feu, des cris, et la scène vira au noir. Un instant, le parterre fut plongé dans l'obscurité totale, et je pus entendre les battements qui martelaient mes tempes.
Lentement, une nouvelle scène vint éclairer la salle, répandant des halos de bleu et de pourpre. Je me retournai et pus voir une silhouette remonter l'allée centrale et croiser Fermín Romero de Torres revenant de son safari gastronomique. Il se faufila dans sa rangée pour reprendre 122
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sa place. Il me tendit un chocolat praliné et m'observa d'un air circonspect.
– Daniel, vous êtes blanc comme une cuisse de bonne sœur. Tout va bien ?
Un souffle invisible balayait les rangées de fauteuils.
– Drôle d'odeur, commenta Fermín Romero de Torres. Ça sent le pet rance, de notaire ou de procureur.
– Non, ça sent le papier brûlé.
– Allez, prenez un Sugus au citron, ça guérit tout.
– Je n'en ai pas envie.
– Alors gardez-le, on ne sait jamais, un Sugus est toujours bienvenu en cas de coup dur.
Je mis le bonbon dans la poche de ma veste et supportai la suite du film sans prêter attention ni à Veronica Lake ni aux victimes de ses fatals appas. Fermín Romero de Torres s'était laissé emporter par le spectacle et les chocolats. Quand, la séance terminée, la lumière se fit dans la salle, j'eus l'impression de m'éveiller d'un mauvais rêve et fus tenté de prendre la présence de cet individu aux fauteuils d'orchestre pour une illusion, un sale tour de ma mémoire, mais son bref regard dans l'obscurité avait suffi à me faire parvenir le message. Il ne m'avait pas oublié, pas plus que notre pacte.
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Les premiers effets de l'arrivée de Fermín se firent vite sentir : je découvris que j'avais beaucoup plus de temps libre. Quand Fermín n'était pas sur le sentier de la guerre pour capturer quelque volume exotique afin de Malheur & Compagnie
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satisfaire les commandes des clients, il rangeait les réserves de la librairie, concevait des stratagèmes de promotion commerciale dans le quartier, astiquait l'enseigne et les glaces de la vitrine ou lustrait les reliures avec un chiffon et de l'alcool. Profitant de cette situation, je décidai de consacrer mes loisirs à deux activités que j'avais précédemment négligées : continuer mes recherches sur l'énigme Carax et, surtout, essayer de passer plus de temps avec mon ami Tomás Aguilar qui me manquait.
Tomás était un garçon méditatif et réservé que les gens craignaient à cause de ses allures de dur, de son air sérieux et menaçant. Il était bâti en lutteur de foire, avec des épaules de gladiateur, un regard farouche et pénétrant.
Nous nous étions connus bien des années auparavant, à l'occasion d'une bagarre, pendant ma première semaine chez les jésuites de Caspe. Son père était venu le chercher à la sortie des cours, accompagné d'une enfant qui devait être sa fille et dont il se confirma qu'elle était effectivement la sœur de Tomás. Ayant eu l'idée malencontreuse de faire une plaisanterie stupide sur celle-ci, je n'avais pas eu le temps de cligner de l’œil que Tomás m'était déjà tombé dessus avec une dégelée de coups de poing qui m'avait laissé en compote pendant plusieurs semaines. Tomás était deux fois plus grand, plus fort et plus féroce que moi. Dans ce duel qui avait eu lieu dans la cour, au milieu d'un chœur de gamins assoiffés de combats sanguinaires, j'avais perdu une dent et gagné un sens nouveau des proportions. Je n'avais pas voulu dénoncer à mon père ni aux jésuites l'individu qui m'avait arrangé de la sorte, ni leur expliquer que son géniteur avait contemplé cette rossée avec un plaisir évident en mêlant ses vociférations à celles des collégiens.
– C'était ma faute, avais-je dit, désireux de tourner la page.
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Trois semaines plus tard, Tomás était venu me voir pendant la récréation. Mort de peur, j'étais resté paralysé et avais commencé à bafouiller, avant de comprendre qu'il voulait seulement s'excuser, parce qu'il savait que c'était un combat inégal et injuste.
– C'est moi qui dois te demander pardon d'avoir parlé comme ça de ta sœur, avais-je dit. Je l'aurais fait l'autre jour, mais tu m'as écrasé la bouche avant que j'aie pu dire un mot.
Honteux, Tomás regardait par terre. J'avais observé ce géant timide et silencieux qui errait dans les cours et les couloirs du collège comme une âme en peine. Tous les élèves – moi le premier – avaient peur de lui, et personne n'osait lui parler ni même le regarder. Yeux baissés et presque en tremblant, il m'avait demandé si je voulais bien être son ami. Je lui avais répondu que oui. Il m'avait tendu la main et je l'avais serrée. Sa poignée de main faisait mal, mais je l'avais supportée stoïquement. L'après-midi même, Tomás m'invitait à goûter chez lui et me montrait dans sa chambre la collection d’étranges engins qu'il fabriquait à partir de pièces de quincaillerie.
– C'est moi qui les ai faits, m'avait-il expliqué avec I fierté.
J'étais incapable de comprendre ce que c'était ou prétendait être, et j'avais manifesté mon admiration. Il me semblait que ce garçon solitaire et grandi trop vite s'était construit ses propres amis en fer-blanc, et que j'étais le premier à qui il les présentait. C'était son secret. Je lui avais parlé de ma mère et confié combien elle me manquait. Quand ma voix s'était étranglée, Tomás m'avait étreint en silence. Nous avions dix ans. Depuis ce jour, Tomás était devenu mon meilleur – et moi son unique –
ami.
Malgré ses airs belliqueux, Tomás était une âme pacifique et pleine de bonté à laquelle son aspect évitait Malheur & Compagnie
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toute confrontation. Il bégayait facilement, surtout quand il devait s'adresser à quelqu'un qui n'était ni sa mère, ni sa sœur, ni moi, ce qu'il ne faisait presque jamais. Les inventions extravagantes et les engins mécaniques le fascinaient, et j'avais vite découvert qu'il désossait toutes sortes d'ustensiles, des phonographes aux machines à calculer, afin d'en percer les secrets. Quand il ne jouait pas avec moi ou ne travaillait pas avec son père, Tomás passait la plus grande partie de son temps enfermé dans sa chambre, à construire des vistemboirs incompréhensibles.
Il débordait d'intelligence autant qu'il manquait de sens pratique. Son intérêt pour le monde réel se cristallisait sur la synchronie des feux de croisement de la Gran Vía, les mystères des fontaines lumineuses de Montjuïc ou les automates du parc d'attractions du Tibidabo.
Tomás travaillait tous les soirs dans le bureau paternel et, parfois, en sortant, il passait à la librairie. Mon père s'intéressait toujours à ses inventions et lui faisait cadeau de manuels de mécanique ou de biographies d'ingénieurs comme Eiffel et Edison, que Tomás idolâtrait.
Au fil des ans, Tomás s'était pris d'une grande affection pour lui, et cherchait à inventer un système d'archivage automatique des fiches bibliographiques à partir des pièces d'un vieux ventilateur. Il travaillait depuis quatre ans sur ce projet, et mon père continuait d'afficher son enthousiasme pour ses progrès, afin de ne pas le décourager. Au début, je m'étais inquiété de la réaction de Fermín face à mon ami.
– Vous devez être l'ami inventeur de Daniel. Je suis très honoré de faire votre connaissance. Fermín Romero de Torres, assistant bibliographique de la librairie Sempere, pour vous servir.
– Tomás Aguilar, balbutia mon ami en souriant et en serrant la main de Fermín.
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– Attention, ce n'est pas une main que vous avez là, c'est une presse hydraulique, et j'ai besoin de conserver des doigts de violoniste pour travailler dans cette maison.
Tomás lâcha prise en s'excusant.
– A propos, quelle est votre position vis-à-vis du théorème de Fermat ? s'enquit Fermín en se massant les doigts.
Là-dessus, ils se lancèrent dans une discussion incompréhensible sur les arcanes de la science mathématique qui, pour moi, était du chinois. Fermín le vouvoyait ou l'appelait professeur, et faisait semblant de ne pas remarquer son bégaiement. Tomás, pour répondre à la patience infinie dont Fermín faisait preuve à son égard, lui apportait des boîtes de chocolats suisses enveloppés dans des photos de lacs d'un bleu impossible, de vaches sur des pâturages vert Technicolor, et de pendules à coucou.
– Votre ami Tomás a du talent, mais il ne sait pas diriger sa vie, il manque un peu du culot indispensable pour faire carrière, jugeait Fermín Romero de Torres.
L'esprit scientifique en a besoin. Voyez Albert Einstein. Il a découvert un tas de choses prodigieuses et puis, la première à laquelle on trouve une application pratique, c'est la bombe atomique. En plus, avec son allure de boxeur, il aura beaucoup de difficultés dans les cercles académiques, parce que, sur cette terre, le préjugé domine tout.
Voulant sauver Tomás d'une vie de privations et d'incompréhension, Fermín avait décidé qu'il fallait absolument lui faire cultiver son élocution et sa sociabilité.
– L'homme, en bon simien, est un animal social, et ce qui prime en lui c'est le copinage, le népotisme, le piston et le
commérage
comme
mesure
intrinsèque
du
comportement éthique, argumentait-il. C'est purement biologique.
– C'est méprisable.
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– Quel plouc vous faites parfois, Daniel.
Tomás avait la tête dure comme son père, un prospère administrateur de biens qui avait installé ses bureaux dans la rue Pelayo, près des grands magasins El Siglo. M. Aguilar appartenait à cette race des esprits privilégiés qui ont toujours raison. Homme de convictions profondes, il affirmait, entre autres choses, que son fils était un être pusillanime et un débile mental. Pour compenser ces tares honteuses, il avait engagé toutes sortes de professeurs particuliers dans le but de faire de son rejeton une personne normale « Je veux que vous vous occupiez de mon fils .comme s'il était un imbécile, nous sommes bien d'accord ? » l'avais-je entendu dire en de nombreuses occasions. Les professeurs usaient de toutes les méthodes, y compris les supplications, mais Tomás avait l'habitude de ne s'adresser à eux qu'en latin, langue qu'il maîtrisait avec une fluidité papale et dans laquelle il ne bégayait pas. Tôt ou tard; les répétiteurs à domicile donnaient leur démission, Par découragement et par peur que leur pupille ne soit possédé et ne leur transmette des consignes démoniaques en araméen. L'unique espoir de M.
Aguilar était que le service militaire fasse de son fils un homme présentable.
Beatriz, la sœur de Tomás, avait un an de plus que nous. Nous lui devions notre amitié. Bea Aguilar était le portrait vivant de sa mère et le trésor chéri de son père.
Rousse et très pâle, elle exhibait toujours de luxueux vêtements de soie ou de laine. Dotée d'une taille de mannequin, elle marchait droite comme un piquet, imbue de sa personne et se croyant la princesse du conte qu'elle s'était elle-même forgé. Elle avait les yeux d'un bleu-vert qu'elle qualifiait d’« émeraude et saphir ». Malgré de longues années passées chez les bonnes sœurs, ou peut-être à cause de cela, Bea buvait de l'anis dans de grands verres en cachette de son père, mettait des bas de soie de la 128
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marque Perla Gris, et se maquillait comme les vampiresses cinématographiques qui troublaient le sommeil de mon ami Fermín. Je ne pouvais pas la voir en peinture, et elle répondait à ma franche hostilité par des regards languides de dédain ou d'indifférence. Bea avait un fiancé qui faisait son service militaire en Murcie en qualité d'aspirant, un Phalangiste gominé nommé Pablo Cascos Buendia, appartenant à une vieille famille propriétaire de nombreux chantiers navals dans les Rias. L'aspirant Cascos Buendia, qui passait la moitié de son temps en permission grâce à un oncle bien placé au Gouvernement Militaire, pérorait sans fin sur la supériorité génétique et spirituelle de la race espagnole et le déclin imminent de l'Empire bolchevique.
– Marx est mort, disait-il sur un ton solennel.
– En 1883, concrètement répondais-je.
– Toi, tu la fermes, pauvre type, sinon je te fous un pain qui t'expédiera jusqu'à la Rioja.
J'avais plus d'une fois surpris Bea souriant intérieurement aux âneries que débitait son fiancé l'aspirant. Alors, elle levait les yeux et m'observait, impénétrable. Je lui souriais, avec cette vague sympathie qui s'instaure entre des ennemis ayant conclu une trêve indéterminée, mais elle fuyait aussitôt mon regard. Je me serais fait tuer plutôt que de l'avouer : au fond, j'avais peur d'elle.
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Au début de cette année-là, Tomás et Fermín Romero de Torres décidèrent d'unir leurs génies respectifs pour un nouveau projet qui, selon eux, devait nous libérer du service militaire, mon ami et moi. Fermín, tout particulièrement, ne partageait pas l'enthousiasme de M.
Aguilar pour cette expérience virile.
– Le service militaire ne sert qu'à découvrir le pourcentage de lèche-bottes qui sévissent ici-bas, expliquait-il. Et cela ne demande pas plus de deux semaines, pas besoin de deux ans. Armée, Mariage, Église et Banque : les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Oui, oui, vous pouvez rire.
Les théories anarcho-libertaires de Fermín Romero de Torres devaient en prendre un coup certaine après-midi d'octobre où, par un de ces hasards que nous réserve le destin, nous reçûmes la visite d'une vieille mie. Mon père procédait à l'estimation d'une bibliothèque à Argentona et ne devait pas revenir avant le soir. Je m'occupais de la vitrine pendant que Fermín se livrait à ses habituelles manœuvres d'équilibriste en grimpant à l'échelle pour ranger le rayonnage supérieur, à quelques centimètres du plafond. Peu avant la fermeture, alors que déjà le soleil se couchait, la silhouette de Bernarda se découpa derrière la vitrine. Elle était vêtue de ses habits du jeudi, son jour 130
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libre, et me salua de la main. A sa seule vue, je me sentis le cœur en fête et lui fis signe d'entrer.
– Mon Dieu, comme vous avez grandi ! dit-elle en passant le seuil. J'ai failli ne pas vous reconnaître... vous voici un homme, maintenant !
Elle me serra dans ses bras en versant quelques larmes et en me tâtant le crâne, les épaules et la figure pour voir si je ne m'étais rien cassé pendant son absence.
– Vous manquez beaucoup à la maison, mon petit monsieur, dit-elle en baissant les yeux.
– C'est toi qui m'as manqué, Bernarda. Allons, embrasse-moi.
Elle me donna un baiser timide et je lui en plaquais deux, sonores, sur chaque joue. Elle rit. Je lus dans ses yeux qu'elle attendait que je lui pose des questions sur Clara, mais je n'en avais pas l'intention.
– Je te vois en pleine forme et très élégante. Qu'est-ce qui t'a décidée à nous rendre visite ?
– Eh bien, la vérité c'est que je voulais venir depuis longtemps, mais vous savez comment va la vie, je suis très occupée, parce que M. Barceló a beau être un grand savant, il est comme un enfant, et je suis bien forcée de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ce qui m'amène aujourd'hui,
voyez-vous,
c'est
qu'on
fête
demain
l'anniversaire de ma nièce, celle de San Adrián, et j'aimerais lui apporter un cadeau. J'ai pensé à un bon livre, avec plein de choses écrites et pas beaucoup d'images, mais comme je suis empotée et que je ne comprends pas...
Avant que j'aie pu répondre, la boutique fut ébranlée par un tintamarre balistique dû à la chute des œuvres complètes de Blasco Ibañez reliées plein cuir. Nous sursautâmes, Bernarda et moi, et levâmes les yeux. Fermín se laissa glisser le long de l'échelle comme un trapéziste, un sourire florentin aux lèvres, les yeux chargés de concupiscence et d'extase.
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– Bernarda, voici...
–
Fermín
Romero
de
Torres,
assistant
bibliographique de Sempere & fils, à vos pieds, madame, proclama Fermín en saisissant la main de Bernarda et en la baisant avec cérémonie.
En quelques secondes, Bernarda était devenue rouge comme un piment.
– Mon Dieu, vous faites erreur, je ne suis pas une dame...
– Vous êtes au moins une marquise, trancha Fermín.
On ne me trompe pas, moi qui fréquente le gratin de l'avenue Pearson. Accordez-moi l'honneur de vous conduire à notre section des classiques pour la jeunesse et l'enfance où je vois que nous avons, providentiellement, une compilation des meilleures histoires d'Emilio Salgari avec les aventures épiques de Sandokan.
– Mon Dieu, je ne sais pas, je me méfie des vies de saints, parce que, vous comprenez, le père de la petite fille est très CNT *.
– Soyez sans crainte, j'ai ici rien de moins que L'Ile mystérieuse de Jules Verne, récit d'aventures palpitantes au contenu hautement éducatif pour tout ce qui concerne les progrès de la technique...
– Si ça vous semble convenir...
Je les suivais en silence, observant Fermín qui n'épargnait pas sa salive et Bernarda ahurie par les prévenances de ce petit homme aux gestes de camelot et au discours de bonimenteur de foire, qui la couvait des yeux avec un enthousiasme réservé d'habitude aux chocolats Nestlé.
– Et vous, monsieur Daniel, qu'en pensez-vous ?