II
Cinq hommes déçus
Cela ressembla à une scène de mélodrame, jouée par de mauvais acteurs : l’infirmière, en se retirant, souriait, avec un dernier regard à Maigret.
Un regard qui voulait dire : je vous le laisse !
Et les cinq messieurs prenaient possession de la pièce avec des sourires divers, mais tous aussi menaçants ! À croire que ce n’était pas vrai, qu’ils le faisaient exprès, qu’ils voulaient jouer une bonne blague à Maigret !
— Passez, monsieur le procureur.
Un tout petit homme, avec des cheveux coupés en brosse, un regard terrible qu’il avait dû étudier pour l’harmoniser avec sa profession. Et une affectation de froideur, de méchanceté !
Il ne fit que passer devant le lit de Maigret en lançant à ce dernier un bref coup d’œil, puis, comme à une cérémonie, il alla se placer devant le mur, son chapeau à la main.
Et le juge d’instruction défilait de même, ricanait en regardant le blessé, se plantait à côté de son supérieur.
Puis le greffier… Ils étaient déjà trois le long du mur, pareils à trois conjurés !… Et voilà que le médecin allait les rejoindre !…
Il ne restait que le commissaire de police, un gros aux yeux saillants, qui allait jouer le rôle d’exécuteur des hautes œuvres.
Un coup d’œil aux autres. Ensuite, il laissa tomber lentement sa main sur l’épaule de Maigret.
— Pincé, hein !
À d’autres moments, cela aurait pu être extrêmement amusant. Maigret ne sourit même pas, fronça au contraire les sourcils avec inquiétude.
Inquiétude à son propre égard ! Il avait toujours l’impression que la ligne de démarcation entre la réalité et le rêve était imprécise, s’effaçait à chaque instant davantage.
Et voilà qu’on lui jouait cette véritable parodie d’enquête ! Le commissaire de police, grotesque, prenait des airs finauds.
— J’avoue que je ne suis pas fâché de voir enfin comment est faite ta bobine !
Et les quatre autres, contre le mur, qui regardaient sans broncher !
Maigret fut étonné de pousser un long soupir, de sortir sa main droite des draps.
— À qui en voulais-tu cette nuit ?… Encore une femme, ou une jeune fille ?…
Alors seulement, Maigret se rendit compte de toutes les paroles qu’il lui faudrait prononcer pour rétablir la situation et il en fut épouvanté. Il était harassé. Il avait sommeil. Tout son corps était endolori.
— Autant !… balbutia-t-il machinalement, avec un geste mou.
Les autres ne comprirent pas. Il répéta plus bas :
— Autant !… Demain…
Et il ferma les yeux, confondant bientôt le procureur, le juge, le médecin, le commissaire et le greffier dans un même personnage qui ressemblait au chirurgien, au paysan et à l’homme du train.
Le lendemain matin, il était assis sur son lit, ou plutôt il avait le torse légèrement soulevé par deux oreillers et il regardait l’infirmière qui allait et venait dans le soleil, mettant la chambre en ordre.
C’était une belle fille, grande, forte, d’un blond agressif, et à chaque instant elle avait une façon à la fois provocante et craintive de regarder le blessé.
— Dites donc… Il est bien venu cinq messieurs, hier ?…
Elle le prit de haut, ricana :
— Ça ne prend pas !
— Si vous voulez… Alors, dites-moi ce qu’ils venaient faire ici…
— Je n’ai pas le droit de vous adresser la parole et j’aime mieux vous déclarer que je répéterai tout ce que vous pourrez me dire !
Le plus curieux, c’est que Maigret puisait une sorte de jouissance dans cette situation, comme, au petit jour, quand on fait certains rêves que l’on s’entête à terminer avant le réveil complet.
Le soleil était aussi vibrant que dans les contes de fées illustrés. Quelque part, dehors, des soldats passaient à cheval et quand ils tournèrent l’angle d’une rue, la sonnerie des trompettes éclata triomphalement.
Au même moment, l’infirmière passait près du lit et Maigret, qui voulut attirer son attention pour la questionner à nouveau, saisit le bas de sa robe entre deux doigts.
Elle se retourna, poussa un cri terrible et s’enfuit.
Les choses ne s’arrangèrent qu’un peu avant midi. Le chirurgien était occupé à retirer le pansement de Maigret quand le commissaire de police arriva. Il portait un chapeau de paille tout neuf, une cravate bleu de roi.
— Vous n’avez même pas eu la curiosité d’ouvrir mon portefeuille ? lui dit Maigret gentiment.
— Vous savez très bien que vous n’avez pas de portefeuille !
— Bon. Tout s’explique. Téléphonez à la PJ. On vous dira que je suis le commissaire divisionnaire Maigret. Si vous voulez aller plus vite en besogne, avertissez mon collègue Leduc, qui a une campagne à Villefranche… Mais avant tout, veuillez me dire où je suis !…
L’autre résista encore. Il eut des sourires pleins de finesse. Il donna même de petits coups de coude au chirurgien.
Et jusqu’à l’arrivée de Leduc, qui s’amena dans une vieille Ford, les gens se tinrent sur la réserve.
Il fallut enfin convenir que Maigret était bien Maigret et non le fou de Bergerac !
Leduc avait le teint rose, fleuri, d’un bon petit rentier et depuis qu’il avait quitté la PJ affectait de ne fumer qu’une pipe en écume dont le tuyau de merisier dépassait de sa poche.
— Voici l’histoire en quelques phrases. Je ne suis pas de Bergerac, mais j’y viens chaque samedi pour le marché, avec ma voiture… J’en profite pour faire un bon dîner à l’Hôtel d’Angleterre… Eh bien ! il y a un mois à peu près, on a découvert sur la grand-route une femme morte… Étranglée plus exactement… Et pas seulement étranglée !… Une fois le corps inerte, l’assassin avait poussé le sadisme jusqu’à enfoncer une grande aiguille dans le cœur…
— Qui était cette femme ?
— Léontine Moreau, de la ferme du Moulin-Neuf. On ne lui a rien volé…
— Et pas de… ?
— Pas d’outrages, bien que ce soit une belle fille d’une trentaine d’années… Le crime a eu lieu à la tombée de la nuit, alors qu’elle revenait de chez sa belle-sœur… Et d’une !… L’autre…
— Il y en a deux ?
— Deux et demie… L’autre est une gamine de seize ans, la fille du chef de gare, qui était allée se promener à vélo… On l’a retrouvée dans le même état…
— Le soir ?
— Le lendemain matin. Mais le crime a été commis le soir… Enfin, la troisième est une servante de l’hôtel, qui avait été voir son frère, qui est cantonnier et qui travaille sur la route à cinq ou six kilomètres… Elle était à pied…
Quelqu’un, tout à coup, l’a saisie par-derrière et l’a renversée… Mais elle est vigoureuse… Elle est parvenue à mordre le poignet de l’homme… Il a poussé un juron et s’est enfui… Elle ne l’a vu que de dos, vaguement, courant dans le sous-bois…
— C’est tout ?
— C’est tout ! Les gens sont persuadés qu’il s’agit d’un fou réfugié dans les bois des environs. On ne peut à aucun prix admettre que c’est peut-être quelqu’un de la ville… Quand le fermier est venu annoncer qu’il t’avait trouvé sur la route, on a cru que c’était toi l’assassin et que, tentant un nouveau crime, tu avais été blessé.
Leduc était grave. Il ne paraissait pas apprécier le comique de cette méprise.
— D’ailleurs, ajouta-t-il, il y a des gens qui n’en démordront pas.
— Qui est-ce qui enquête sur ces crimes ?
— Le Parquet et la police locale.
— Laisse-moi dormir, veux-tu ?
C’était à cause de sa faiblesse, sans doute : Maigret avait sans cesse une envie irrésistible de sommeiller. Il n’était bien que dans une demi-veille, les yeux clos, de préférence tourné vers le soleil dont les rayons traversaient ses paupières.
Maintenant, il avait des personnages nouveaux à évoquer, à animer dans son esprit comme un enfant fait marcher les soldats multicolores de sa boîte.
La fermière de trente ans… La fille du chef de gare… La servante de l’hôtel…
Il se souvenait du bois, des grands arbres, de la route claire et il imaginait l’agression, la victime roulant dans la poussière, l’autre brandissant sa longue aiguille…
C’était fantastique ! Surtout évoqué dans cette chambre d’hôpital d’où l’on entendait les bruits paisibles de la rue. Quelqu’un resta au moins dix minutes avant de pouvoir mettre son auto en marche, sous la fenêtre même de Maigret. Le chirurgien arriva dans une voiture souple et rapide qu’il conduisait lui-même.
Il était huit heures du soir et les lampes étaient allumées quand il se pencha au chevet de Maigret.
— C’est grave ?
— Ce sera surtout long… Une quinzaine de jours d’immobilité…
— Je ne pourrais pas, par exemple, m’installer à l’hôtel ?
— Vous n’êtes pas bien ici ?… Évidemment, si vous avez quelqu’un pour vous soigner…
— Dites donc ! Entre nous, qu’est-ce que vous pensez, vous, du fou de Bergerac ?
Le médecin resta un bon moment sans répondre. Maigret fut plus précis.
— Vous croyez, comme les gens, que c’est une espèce de forcené qui vit dans les bois ?
— Non !
Parbleu ! Maigret avait eu le temps d’y penser, de se souvenir des quelques affaires analogues qu’il avait connues ou dont il avait entendu parler.
— Un homme qui, dans la vie courante, doit se comporter comme vous et moi, n’est-il pas vrai ?
— C’est probable !
— Autrement dit, il y a beaucoup de chances pour qu’il habite Bergerac et qu’il y exerce une profession quelconque…
Le chirurgien lui lança un drôle de regard, hésita, se troubla.
— Vous avez une idée ? poursuivit Maigret sans le quitter des yeux…
— J’en ai eu beaucoup, tour à tour… Je les prends… Je les rejette avec indignation… Je les reprends… Étudiés sous un certain angle, les gens deviennent tous suspects de dérangement cérébral.
Maigret rit.
— Et toute la ville y a passé ! Depuis le maire et même le procureur jusqu’au premier passant venu… Sans oublier vos collègues, le portier de l’hôpital…
Non ! le chirurgien ne riait pas !
— Un instant… Ne bougez plus… dit-il, comme il sondait la plaie à l’aide d’une fine lame… C’est plus terrible que vous ne croyez…
— Combien d’habitants, à Bergerac ?
— Dans les seize mille… Tout me porte à croire que le fou appartient à une classe sociale supérieure… Et même…
— L’aiguille, évidemment ! grommela Maigret en grimaçant parce que le chirurgien lui faisait mal.
— Que voulez-vous dire ?
— Que cette aiguille plantée exactement dans le cœur, sans coup férir, deux fois de suite, prouve déjà quelques connaissances anatomiques…
Ce fut le silence. Le chirurgien avait le front soucieux. Il rétablit le pansement autour de l’épaule et du torse de Maigret, se redressa en soupirant.
— Vous disiez que vous préférez être installé dans une chambre d’hôtel ?
— Oui… J’y ferai venir ma femme…
— Vous voulez vous occuper de cette affaire ?
— Et comment !
La pluie eût suffi à tout gâcher. Mais il n’y eut pas une goutte de pluie pendant quinze jours pour le moins.
Et Maigret fut installé dans la plus belle chambre de l’Hôtel d’Angleterre, au premier étage. Son lit fut tiré près des fenêtres, si bien qu’il jouissait du panorama de la grand-place, où il voyait l’ombre quitter un rang de maisons pour passer lentement au rang opposé.
Mme Maigret acceptait la situation comme elle acceptait tout, sans étonnement, sans fièvre. Elle était depuis une heure dans la chambre, que cette chambre devenait sa chambre, qu’elle y apportait ses petites commodités, sa note personnelle.
Deux jours avant, elle devait être la même au chevet de sa sœur qui accouchait, en Alsace.
— Une grosse fille ! Si tu la voyais ! Elle pèse près de cinq kilos…
Elle questionnait le chirurgien.
— Qu’est-ce qu’il peut manger, docteur ? Un bon bouillon de poule ? Il y a une chose que vous devez lui interdire : c’est sa pipe !… C’est comme la bière ! Dans une heure, il va m’en demander…
Il y avait au mur un papier peint merveilleux rouge et vert ! Un rouge sanglant ! Un vert criard ! De longues raies qui chantaient dans le soleil !
Et les méchants petits meubles d’hôtel, en pitchpin verni, mal d’aplomb sur des jambes trop grêles !
Une chambre immense, à deux lits. Et une cheminée vieille de deux siècles dans laquelle on avait installé un radiateur bon marché !
— Ce que je me demande, c’est pourquoi tu es descendu derrière cet homme… Suppose que tu sois tombé sur les rails… Une idée !… Je vais te préparer une crème au citron… J’espère qu’ils me laisseront disposer de la cuisine.
Les moments de rêve étaient plus rares, maintenant. Même quand il fermait les yeux dans un rayon de soleil, Maigret avait des idées à peu près nettes.
Mais il continuait à agiter des personnages créés ou reconstitués par son imagination.
— La première victime… La fermière… Mariée ?… Des enfants ?…
— Mariée avec le fils des fermiers… Mais elle ne s’entendait pas fort avec sa belle-mère qui l’accusait d’être trop coquette et de mettre des combinaisons en soie pour traire les vaches…
Alors, patiemment, avec amour, comme un peintre brosse une toile, Maigret échafaudait en esprit un portrait de la fermière, qu’il voyait appétissante bien en chair, bien lavée, apportant, dans la maison de ses beaux-parents, des idées modernes et consultant des catalogues de Paris.
Elle revenait de la ville… Et il voyait très bien la route… Elles devaient se ressembler toutes, à cause des grands arbres mettant de l’ombre des deux côtés… Et du sol crayeux, très blanc, vibrant au moindre rayon de soleil…
Puis la gamine sur son vélo.
— Est-ce qu’elle avait un amoureux ?
— On n’en parle pas ! Tous les ans, elle allait passer quinze jours de vacances à Paris chez une tante…
Le lit était moite. Le chirurgien venait deux fois par jour. Après le déjeuner, Leduc arrivait dans sa Ford, faisait des manœuvres maladroites sous les fenêtres avant de se mettre dans l’alignement.
Le troisième matin, il vint avec un chapeau de paille, lui aussi, comme le commissaire de police.
Le procureur fit une visite. Il prit Mme Maigret pour la servante et lui tendit sa canne et son chapeau melon.
— Bien entendu, vous excuserez la méprise… Mais le fait que vous n’aviez pas de papiers sur vous…
— Oui ! Mon portefeuille a disparu. Mais asseyez-vous donc, cher monsieur…
Il avait toujours un air agressif. Il n’y pouvait rien. Cela tenait à son petit nez en boule, aux poils trop raides de sa moustache.
— Cette affaire est lamentable et menace la tranquillité d’un si beau pays… Que cela arrive à Paris, où le vice règne à l’état endémique… Mais ici !…
Sacrebleu ! Lui aussi avait d’épais sourcils ! Comme le paysan ! Comme le docteur ! Des sourcils gris pareils à ceux que Maigret attribuait machinalement à l’homme du train !
Et une canne à pommeau d’ivoire sculpté.
— Enfin ! J’espère que vous vous rétablirez rapidement et que vous ne garderez pas un trop mauvais souvenir de notre région !…
Ce n’était qu’une visite de politesse. Il avait hâte de s’en aller.
— Vous avez un excellent médecin… Il est élève de Martel… Dommage que, pour le reste…
— Quel reste ?…
— Je m’entends… Ne vous tracassez pas… À bientôt… Je ferai prendre chaque jour de vos nouvelles.
Maigret mangea sa crème au citron, qui était un pur chef-d’œuvre. Mais il souffrait de sentir un fumet de truffes qui montait de la salle à manger.
— C’est inouï ! disait sa femme. Ici, ils servent les truffes comme ailleurs les pommes à l’huile ! À croire qu’elles ne coûtent que deux sous ! Même au menu à quinze francs…
Et c’était au tour de Leduc.
— Assieds-toi… Un peu de crème ?… Non ?… Qu’est-ce que tu sais de la vie intime de mon docteur, dont j’ignore même le nom…
— Le docteur Rivaud !… Je ne sais pas grand-chose… Des on-dit… Il vit avec sa femme et sa belle-sœur… Les gens du pays prétendent que la belle-sœur est autant sa femme que l’autre… Mais…
— Et le procureur ?
— M. Duhourceau ?… On t’a déjà dit ?…
— Va toujours !
— Sa sœur, qui est veuve d’un capitaine au long cours, est folle… D’autres affirment qu’il l’a fait interner à cause de sa fortune…
Maigret jubilait. Son ancien camarade le regardait avec ahurissement, assis sur son lit, faisait de petits yeux pour contempler la place.
— Et encore ?
— Rien ! Dans les petites villes…
— Seulement, vois-tu, mon vieux Leduc, ceci n’est pas une petite ville comme une autre ! C’est une petite ville où il y a un fou !
Le plus drôle, c’est que Leduc manifestait une réelle inquiétude.
— Un fou en liberté ! Un fou qui n’est fou que par intermittence et qui, le reste du temps, va et vient, parle comme toi et moi…
— Ta femme ne s’ennuie pas trop ici ?
— Elle bouleverse les cuisines. Elle donne des recettes au chef et recopie celles qu’il lui refile… Au fond, c’est peut-être le chef qui est fou…
Il y a une véritable griserie d’avoir échappé à la mort, d’être convalescent, d’être dorloté, surtout, dans une atmosphère irréelle.
Et de faire travailler son cerveau quand même, par dilettantisme…
D’étudier un pays, une ville, de son lit, de sa fenêtre…
— Est-ce qu’il existe une bibliothèque municipale ?
— Parbleu !
— Eh bien ! tu serais un amour d’aller m’y chercher tous les bouquins qui traitent des maladies mentales, des perversions, des manies… Et aussi de me monter l’annuaire des téléphones… Très instructif, l’annuaire des téléphones !… Demande donc en bas si leur appareil a un long fil et si on peut de temps en temps me l’apporter ici…
La somnolence arrivait. Maigret la sentait monter en lui comme une fièvre, l’envahir jusqu’en ses fibres les plus profondes.
— Au fait, demain, tu déjeunes ici… C’est samedi…
— Et je dois acheter une chèvre ! acheva Leduc en cherchant son chapeau de paille.
Quand il sortit, Maigret avait déjà les yeux clos et un souffle régulier s’exhalait de sa bouche entrouverte.
Le commissaire retraité rencontra le docteur Rivaud dans le corridor du rez-de-chaussée. Il le prit à part, hésita longtemps avant de murmurer :
— Vous êtes sûr que cette blessure ne peut pas avoir influé sur… sur l’intelligence de mon ami ?… Tout au moins sur… Je ne sais comment dire… Vous me comprenez ?… Le médecin esquissa un geste vague de la main.
— D’habitude, c’est un homme intelligent ?
— Très intelligent ! Il n’en a pas toujours l’air, mais…
— Ah !…
Et le chirurgien s’engagea dans l’escalier, le regard rêveur.