Félicie, je lui ai acheté un moulin électrique pour son anniversaire l’an dernier. Une belle machine blanche et grise, hérissée de boutons, avec un moteur silencieux comme çui d’une Rolls en faillite, un zinzin lumineux, des choses et des machins. Pourtant elle continue d’utiliser son vieux moulard à pogne. Celui dont le tiroir se barre si on le serre pas bien entre ses jambes et dont le rouage fait un boucan de machine à battre d’autrefois.
Elle mouline du caoua lorsque je m’annonce.
C’est au moment de pénétrer dans la cuistance que je réalise ! Le moulin à café qui me déclenche : aujourd’hui c’est l’anniversaire à M’man. Et dire que j’allais oublier !
Dans le fond c’est chouette que je passe la journée à tome, non ? Quand j’aurai récupéré, j’irai acheter des fleurs, et puis une bricole, j‘sais pas quoi…
— Mon Grand ! C’est toi !
Un grand coup de bonheur l’illumine. Elle pose son moulin, se dresse.
— Comme tu as l’air fatigué ! Mais… mais qu’est-ce que c’est que ce bébé ?
— Il s’appelle Antoine, dis-je en le lui collant dans les bras. Je te souhaite un bon anniversaire, M’man. Là-dessus, je monte me pieuter.