Quatre jours de coma franc pour Bérurier et Pinaud ! Le cinquième, ils sortent enfin des vapes. J’ai l’autorisation de leur rendre visite au sixième.
Lorsque je pénètre dans leur chambre commune, Pinuchet lit un magazine, tandis que le Mastar se raconte. Je les observe depuis l’entrée.
Béru dit :
— J’ai fait un cauchemar. J’ai rêvé que ma Berthe avait maigri jusqu’à d’venir l’ombre d’elle-même. E’n’pesait plus que quatre-vingts kilos et j’étais forcé d’la sauter malgré tout. C’tait franch’ment dégueulasse.
Pinaud ne répond pas, pris qu’il est par sa lecture.
— Tu m’écoutes pas, vieille saucisse ! proteste l’Enflure.
— J’lis, s’excuse Pinuche.
— Caisse tu lis ?
— Un merveilleux article sur Léonard de Vinci.
— L’coureur cyclisse ?
— Non, le peintre de la Renaissance.
— Il l’a peint d’quelle couleur, la Renaissance ? Baderne-Baderne ne souligne pas.
— C’était un génie ! affirme le Débris.
— Génie mon cul ! dédaigne le Gravos.
— Rends-toi compte qu’il a inventé l’hélicoptère avec plus de quatre cents ans d’avance ! Enfin le principe. Sur son plan, l’hélico n’a que ses pales du dessus, si bien qu’il aurait tourné sur lui-même, car c’est la petite hélice perpendiculaire qui le maintient en ligne.
Le Mammouth se grumelle la gargante.
— Il avait oublié la p’tite hélice et tu l’traites de génie, tézigue ! Tu chies pas la honte !
— Ben tout de même, Alexandre-Benoît ! Inventer l’hélicoptère avec quatre siècles d’avance, c’est fabuleux !
Mais le Gros demeure intraitable.
— Moi, assure-t-il, un mec qu’oublie la petite hélice de l’hélico, j’appelle ça un con !