Je me souviens d’un personnage d’Indian Killer, un roman de Sherman Alexie, auteur américain et authentique Indien Cœur d’Alène et Spokane, disant à son très inauthentique professeur blanc de littérature indienne à l’université de Seattle : « Comment Wilson pourrait-il montrer un aspect authentique et traditionnel du monde indien alors qu’il n’est lui-même ni authentique ni traditionnel ? Il y a ici de vrais Indiens qui écrivent de vrais livres indiens, Simon Ortiz, Roberta Whiteman, Luci Tapahonso entre autres. » Tout ça pour dire que ceci n’est pas un authentique roman américain : c’est un authentique hommage au roman américain (et aussi au cinéma américain) écrit par un auteur français. Et c’est surtout un roman sur l’adolescence et la peur de l’âge adulte — lesquelles ont quelques traits communs, où qu’elles se passent. En ce sens, il est authentique. En ce sens seulement — et ce malgré le soin apporté.
Pour créer mon île fictive, je me suis inspiré de quatre îles bien réelles : trois d’entre elles se trouvent dans l’État de Washington : Orcas Island, San Juan Island et Whidbey Island. La quatrième, à quelque quatre-vingts kilomètres au nord, est canadienne et se situe en Colombie-Britannique ; elle s’appelle Bowen Island. C’est celle dont le relief, avec ses deux petites montagnes, évoque le plus celui de Glass Island, bien qu’Orcas compte aussi une montagne, le mont Constitution, dans le Moran State Park.
Je dois ici remercier tous ceux qui, sur place — ainsi qu’à Seattle, à Bellevue, à Bellingham et à Vancouver —, m’ont aidé à comprendre un peu ces territoires, m’ont apporté leurs lumières et, en particulier, tous les membres des forces de l’ordre en activité ou à la retraite qui m’ont ouvert leurs portes et qui ont bien voulu partager leur expérience : ils ont tous des opinions et des points de vue différents sur leur pays, leur métier, le rôle et l’action de leur gouvernement, aussi ne sauraient-ils être tenus pour responsables des opinions et propos mis dans la bouche de mes personnages. En aucune façon. Merci donc à Marvin E. Skeen, chief criminal investigator à la tête de la HITS unit (Homicide Investigation Tracking System) auprès de l’attorney général de l’État de Washington, à Mike Cate, ex-enquêteur du Bellevue Police Department et président d’un chapitre des Blue Knights, à Verlin L. Judd, ex-membre du Seattle Police Department, et à son épouse Donna Lee ; merci à eux pour les balades dans et autour de la cité émeraude. Merci à Bernd Kuerschner, membre en activité du SPD pour ses nombreuses anecdotes, et à Jim Ritter pour m’avoir permis de monter dans sa voiture de patrouille. J’ai envers Allison Kahl, notre guide à Bellingham, une dette importante, car c’est elle qui m’a aidé à comprendre les adolescents et maintes autres choses essentielles pour l’écriture de ce livre. Et je dois remercier son compagnon, Constantine Papadakis, fixer bénévole auprès des forces de police du comté de Whatcom. Merci à tous les deux pour les soirées au Dirty Dan Harris et au Dos Padres : le flétan était délicieux et la tequila bienvenue. À Bellingham, je remercie également le shérif Jeff Parks et Spencer Kope, criminal analyst au Whatcom County Sheriff’s Office, pour ses explications détaillées sur les gangs. Ma reconnaissance va à Rob Nou, shérif du comté des îles San Juan, qui m’a fait visiter ses services. Si les bureaux du shérif de Glass Island ont une certaine parenté avec les siens, le personnage de Bernd Krueger ne lui ressemble guère. À Vancouver, je remercie Mike Servais, des services de protection de la Gendarmerie royale canadienne (je n’ai pas oublié l’histoire fabuleuse des courses de baignoires à moteur — malheureusement, elle n’avait pas sa place ici) et, last but not least, Karen Frost, ex-membre des Stups et de la brigade financière de la police de Vancouver, ex-agent en uniforme dans les réserves indiennes et dans les petites villes rurales de l’Alberta, sans qui rien n’eût été possible. « IPA », Karen ! Merci à Michael et à John pour nous avoir accueillis dans leur merveilleux Wildwood Manor sur les îles San Juan : le paradis des biches, des aigles chauves et des renards roux — qui a en partie inspiré la maison de Liv et de France. Je dois également remercier John Gallagher pour son livre Perfect Enemies, écrit en collaboration avec Chris Bull, à l’époque où il était le correspondant national de The Advocate et du magazine Time, ouvrage qui traite de la « guerre » que se livrent certains mouvements religieux et les mouvements gays aux États-Unis. Merci enfin à Dan, hôte attentionné du Lodge at the Old Dorm, sur Bowen Island — un autre lieu qui a nourri mon imagination au moment de bâtir la maison de Liv et de France.
Il y a aussi mes aides ici, en France et en Europe : Yves Le Hir, chef de la Division de police technique au SRPJ de Toulouse, et Claude Yvinec, du Laboratoire de police scientifique, pour les questions d’ADN. Merci à Dominique Ventura, qui a donné forme et consistance à mes maladroits croquis de l’île ; à Christophe Guillaumot, à la fois chauffeur, contact auprès de l’Association internationale de la police et ami ; et à Christelle, son épouse, pour les centaines de photographies de tout et de rien que je lui ai infligées sur place, mais aussi pour son œil toujours aussi perçant sur mes textes. Et puis, à la mienne, bien sûr, toujours, qui nous a accompagnés dans ce merveilleux voyage…
Merci enfin à mes éditeurs, Édith Leblond et Bernard Fixot, capables de parler de mes personnages comme s’ils existaient, et à tous les gens de chez XO et Pocket pour leur soutien indéfectible et leur enthousiasme fécond — et, en particulier, à Caroline Ripoll, qui a permis à ce navire d’éviter bien des écueils et l’a parfois sauvé du naufrage.
Toutes les erreurs et les défauts qui pourraient encore s’y trouver sont de mon fait.
Quant à l’un des sujets de ce livre — la fin de la vie privée, la menace que fait peser sur nos libertés politique et personnelle le développement tous azimuts d’Internet et la façon dont, d’un instrument d’émancipation planétaire, il est sur le point de devenir un instrument de contrôle et d’endoctrinement planétaire que se disputent gouvernements, fanatiques et simples citoyens —, il ne concerne pas seulement les personnages de ce livre : il nous concerne tous.