Chapitre VIII

Le cœur battant, Malko guettait le véhicule arrêté. Un bruit de moteur dans son dos : une autre voiture arrivait en sens inverse. Elle fit demi-tour et se gara derrière lui. De nouveau, les phares s’éteignirent, mais personne ne sortit.

Un picotement de peur parcourut la colonne vertébrale de Malko. Il essuya contre son pantalon sa paume moite, puis, lentement, pointa le Colt 45 sur le véhicule le plus proche. Si c’était une embuscade, autant frapper le premier. Il se trouvait à un bon kilomètre de la civilisation et ne pouvait espérer d’aide de personne. Le bruit du ressac continuait, monotone et rassurant. Il essaya de distinguer une cible à travers le pare-brise de la voiture arrêtée en face de lui.

Impossible. Ses yeux étaient accoutumés à l’obscurité, et il était presque certain que la place du chauffeur était vide. Ce véhicule n’était quand même pas conduit par un fantôme !

Son arme toujours braquée sur le pare-brise de la mystérieuse voiture, il se retourna et éprouva un nouveau choc l’autre voiture semblait également vide ! Il n’avait pourtant entendu aucun bruit de portière et se serait aperçu d’une sortie quelconque. Il scruta la plage autour de lui sans rien apercevoir. Impossible de prolonger cette situation étrange. Il se redressa et glissa le long de la 505 jusqu’à la portière demeurée ouverte.

Aucune réaction.

D’un bond, il fut à l’intérieur et mit le contact. Courbé sur la banquette afin d’offrir une cible minima.

Il enclencha la première, assura le Colt dans sa main droite et mit plein phares au moment où il démarrait, le pouls en folie.

Le faisceau blanc balaya l’avant de l’autre voiture, l’éclairant comme en plein jour. Le bras tenant le Colt 45 retomba brusquement, et Malko explosa d’un fou rire nerveux. Béat, le conducteur était étalé sur son siège, la main appuyée sur une tête crépue qui montait et descendait entre ses jambes. Malko était encore secoué par son fou rire quand il se gara dans le parking du Mammy Yoko. Surprise : Jim Dexter l’attendait dans un des fauteuils du hall. Visiblement soucieux. L’Américain le prit par le bras.

— Allons au bar.

Malko lui fit le récit de sa fausse peur et de l’information communiquée par Connolly. L’Américain se détendit à peine.

— Lumley Beach, c’est la chambre d’amour des Libanais. Ça coûte moins cher que le Mammy Yoko et quelquefois, ils balancent la fille sur la plage et filent sans payer… Mais n’y allez pas trop. C’est plein de voyous, la nuit, qui détroussent les amoureux.

— Pourquoi êtes-vous là ?

— Sheka Songu est passé me voir. Il m’a raconté ce qui est arrivé. Vous l’avez échappé belle, et cela pose un problème. Personne ne peut rien contre Karim Labaki, à Freetown. Et ce type est un vrai tueur.

— Je m’en rends compte, fit remarquer Malko. D’abord Charlie, et maintenant cette malheureuse Seti. Nous avons levé un gros lièvre… Sinon, il ne prendrait pas le risque de s’attaquer à un Blanc.

— Vous avez sûrement raison, approuva le chef de station. Mais je me trouve devant un problème moral. Le « finding » du Président donne l’ordre de lancer une action préventive, mais j’ai l’impression que nous n’en avons pas les moyens. Je n’ai pas envie de vous enterrer en Sierra Leone.

— Un homme prévenu en vaut deux, dit Malko. Mon enquête avance. Eddie Connolly travaille sur ces deux terroristes chiites et j’espère obtenir d’autres informations.

Il devait également revoir Wael Afner, l’israélien, mais, cela, Jim Dexter n’avait pas à le savoir.

— Il faudrait connaître quelle est l’articulation exacte entre Forugi et Labaki, fit l’Américain. Pour ma part, je suis persuadé que c’est Forugi qui tire les ficelles. Pour le compte des Services Spéciaux de Téhéran. Seulement, à ce jour, je n’ai rien pu obtenir sur lui. On ne le voit pratiquement jamais, il n’a aucun contact avec personne… Même Songu n’a pas d’informations à son sujet. Son chauffeur est iranien et habite dans leur résidence de Hillcot Road.

— Il y a une petite chance avec l’histoire de la standardiste sierra-leonaise qui serait sa maîtresse, lui rappela Malko. Si ce n’est pas un simple racontar. Mais les Intégristes iraniens ne sont pas aussi ascètes qu’ils le prétendent. J’en sais quelque chose[28]. Je revois Rugi demain soir. Si elle me mène à la maîtresse d’Hussein Forugi, cela peut constituer un levier intéressant…

Jim Dexter semblait sceptique. Et inquiet.

— J’espère que Rugi la trouvera, fit-il. En attendant, faites bigrement attention. Freetown, c’est le Far West. Un type comme Labaki est plus puissant que la police.

Malko tapota sa sacoche, qui ne le quittait plus.

— Sans votre Colt, je serais déjà mort. J’ai un avantage sur Hussein Forugi : il ignore comment je vais essayer de l’attaquer. Maintenant, je vais prendre une douche et dormir.


* * *

Hussein Forugi contemplait d’un air morose la brume de chaleur qui flottait sur Freetown. Il allait encore faire une chaleur d’enfer, avec 100 % d’humidité. Il fallait vraiment vouloir servir la Révolution islamique pour venir s’enterrer dans ce coin pourri. Et encore, en haut de Hillcot Road, où il se trouvait la température était un peu plus clémente… La glace lui renvoya l’image de son visage blafard et mal rasé, de ses cheveux collés à son front par la transpiration. Ses petits yeux noirs enfoncés respiraient la méchanceté et la ruse… Ancien informateur de la Savak – la police politique du Shah – il avait dû se montrer particulièrement méritant dans l’ignominie, pour avoir le douteux honneur de se dépasser ensuite dans le même domaine au service des Ayatollahs. On l’avait quand même mis en pénitence dans cet endroit oublié d’Allah afin qu’il puisse s’y perfectionner dans la connaissance du Coran et monter une petite opération bien sanglante. S’il réussissait, il regagnerait Téhéran, promis à un avenir radieux…

Comme chaque matin, il prit la tondeuse munie d’un sabot qui lui permettait d’avoir toujours une barbe de trois jours, conforme à la volonté des Mollahs, puis égalisa soigneusement ses poils noirs. Il posa ensuite sa tondeuse et se débarrassa de son pyjama. Son corps, à la peau très blanche semée de touffes de poils noirs, était plein de bourrelets.

Il passa dans la salle de bains, ouvrit la douche et décrocha le téléphone mural.

Bambé Inja ?[29] demanda-t-il à son garde du corps.

Baleh, baleh.[30]

— Envoie-la-moi.

Bambé était la standardiste de la Résidence, une jeune Sierra Leonaise de dix-huit ans, au corps de rêve moulé dans des garas peints à la main, avec des seins pointus comme des obus et des fesses où on pouvait poser un cendrier. Sa grosse bouche de Peul[31] avait fait saliver Hussein Forugi dès son arrivée à la Résidence. Ce n’était pas vraiment le genre de Téhéran… On frappa deux coups à la porte.

— Entre.

La jeune Bambé se glissa dans la pièce, les yeux baissés, embarrassée, essayant de ne pas fixer le corps nu. Hussein Forugi respirait plus vite. Quel moment extraordinaire…

— Viens, fit-il, je dois aller à l’ambassade. Je ne veux pas être en retard.

À regret, elle défit son gara, découvrant les seins pointus, fermes comme du marbre, puis la courbe rebondie des reins avec les fesses peut-être un peu trop larges, mais merveilleusement rondes et cambrées, à peine protégées par un minuscule slip bleu.

Hussein Forugi avait enjambé la baignoire et attendait debout à l’intérieur. Bambé le rejoignit. Elle prit d’abord la pomme de douche et se en devoir de l’arroser sur tout le corps. L’iranien demeurait strictement immobile, les yeux fermés. À tâtons, il s’empara des seins de la jeune Noire et se mit à les malaxer… Le contact de la peau douce et ferme lui donna une érection immédiate.

Bambé avait commencé avec un gros savon à recouvrir son corps de mousse blanche. Ensuite, elle prit un gant éponge et, avec le même soin, se mit à frotter d’abord le torse et les épaules, puis les jambes, le dos, les fesses… Hussein Forugi respirait de plus en plus vite. Il avait lâché les seins de Bambé et attendait le dos au mur, fixant avec avidité le corps nu de la jeune Noire. Celle-ci nettoyait à présent avec une attention toute particulière le bas-ventre de l’Iranien.

Hussein Forugi poussa un bref gémissement d’extase et son sexe se dressa avec encore plus de vigueur.

Bambé continua à masser les testicules, le scrotum, l’entre-jambe, puis lentement le sexe jusqu’à ce que le gland vermillon émerge de la mousse blanche.

Son visage était absolument impassible. Celui d’Hussein Forugi habituellement blême s’était congestionné. La bouche ouverte, il haletait avec une respiration sifflante. Ses mains emprisonnèrent à nouveau les seins de la jeune Noire, les malaxant, les pinçant, comme un malade. Puis il descendit vers la croupe ferme, en épousant tout le contour. Bambé accéléra son massage. L’iranien poussa un vrai cri de désespoir.

— Non, attends ! Doucement.

Bambé n’obtempéra pas. Alors, brutalement, Hussein Forugi écarta les mains qui le manipulaient et saisit la nuque de Bambé. Elle essaya de se dégager.

— Non, Boss !

Les doigts de l’iranien ressemblaient à des crochets d’acier. Rien au monde ne l’aurait fait renoncer à son phantasme. Inexorablement, la tête s’abaissait et sa bouche pulpeuse finit par entrer en contact avec le sexe dressé de Forugi. Il en poussa un gémissement ravi.

— Laisse-moi, Boss, supplia Bambé.

— Fais-le ou tu perds ta place ! siffla Forugi.

Bambé entrouvrit ses lèvres épaisses. Huit mille leones, ce n’était pas terrible, mais cela valait mieux que rien dans un pays avec 40 % de chômage. Aussitôt, le sexe du Conseiller culturel s’engouffra dans sa bouche jusqu’à la glotte. Elle en eut un haut-le-cœur. Prudent, Hussein Forugi se retira un peu, puis commença à se servir de la bouche de la Noire comme d’un sexe, les doigts toujours crispés sur la nuque, savourant son plaisir. Surtout ne pas se presser… Il relâcha un peu sa pression et Bambé continua docilement sa fellation. Quand il était particulièrement content, Hussein Forugi allait jusqu’à lui donner mille leones[32]. De quoi se payer dix garas neufs.

Cela lui était égal de faire l’amour, mais elle détestait cette caresse, réservée aux putains…

Hussein Forugi n’en pouvait plus de plaisir. La douche continuait à couler, couvrant le bruit de ses gémissements. C’était un secret de polichinelle dans la Résidence que ses entrevues matinales avec la standardiste ne concernaient pas le travail. Les autres Noires travaillant à la Résidence se moquaient de la malheureuse Bambé, contrainte à des fantaisies qui n’entraient pas dans le rituel sexuel africain. Certes, les mœurs étaient plus que libres en Sierra Leone, mais, sauf dans les milieux très sophistiqués, on baisait tranquillement et vite, sans le moindre contraceptif. Le reste, c’était « manières à Blancs »…

Hussein Forugi se sentait au bord de l’explosion. Sournoisement, il raffermit sa prise sur la nuque de Bambé. Celle-ci, aux frémissements du sexe qu’elle enveloppait de sa grosse bouche, comprit aussi que sa corvée se terminait. Elle accéléra brutalement et, dès qu’elle sentit la sève jaillir, voulut relever la tête. Peine perdue, Forugi lui abaissa la nuque d’une main de fer, la força à avaler son sperme jusqu’à la dernière goutte, tandis qu’il grognait comme un verrat heureux. C’était un jour particulièrement faste. Bambé avait bien tenu dix minutes…

Le dernier spasme passé, il la lâcha. Aussitôt, Bambé se précipita vers le lavabo… L’Iranien se rinça d’un coup de douche, l’âme et le corps en paix, sortit de la baignoire, s’enroula dans une serviette et alla chercher une liasse de leones. Avec les billets de deux leones, cela faisait plus important. Bambé avait déjà remis son gara. Elle prit les billets sans un mot et gagna la porte.

Hussein Forugi la regarda partir, ravi. Après une séance comme ça, il pourrait s’en passer pendant deux ou trois jours… Cela avait commencé par hasard. Presque par un jeu. Bambé avait été engagée comme standardiste. Un jour où il se plaignait de douleurs, elle lui avait proposé un massage avec un onguent préparé par son oncle, un peu sorcier.

À la fin de la séance, Hussein Forugi avait toujours mal au dos mais bandait comme un fou. Peu à peu, le jeu s’était sophistiqué.

L’Iranien s’habilla rapidement. Il avait une réunion importante avec son ambassadeur concernant l’opération menée à partir de la Sierra Leone.

Il avait aussi rendez-vous au Centre culturel avec Karim Labaki qui devait lui annoncer une bonne nouvelle.


* * *

Malko consulta sa Seiko-quartz pour la vingtième fois. Pas de Rugi. Le restaurant Lagonda dominant la baie de Freetown était pratiquement vide. Décidément, elle avait le chic pour rater ses rendez-vous. En plus, Malko mourait de faim. Il avait rongé son frein toute la journée, tournant en rond entre la piscine du Mammy Yoko et sa chambre. Sans informations, il était condamné à l’inaction. Dépité, il sortait du casino Bitumani pour regagner son hôtel quand il aperçut Rugi jaillissant d’une Mercedes. Elle se jeta dans ses bras et l’embrassa.

— Ma voiture était en panne. J’ai dû prendre un poda-poda… Et ensuite celle d’un ami. Venez vite !

— Où ?

— J’ai retrouvé la fille que vous cherchiez. Par une société de femmes. Elle s’appelle Bambé Tobie. Je lui ai donné rendez-vous au restaurant de Kofi, vous savez, la maison rouge sur Pademba Road.

Dans la 505 de Malko, elle étira voluptueusement ses longues jambes. Cette fois, elle portait une mini hyper courte qui dévoilait ses longues cuisses mates. Les cheveux tirés en arrière accentuaient le charme de ses yeux en amande.

Ils traversèrent Freetown à tombeau ouvert, jusqu’au gros cotton-tree pour remonter Pademba Road.

C’était le restaurant où Malko était allé le soir de son arrivée. L’éclairage rouge était toujours aussi tamisé. Rugi le mena directement à une petite salle au fond où attendait une fille seule.

Malko fut frappé par le magnétisme sexuel qu’elle dégageait avec sa bouche trop grande plantée au milieu d’un visage de chat triangulaire aux yeux curieusement en amande, comme une orientale. Le gara multicolore moulait des seins dardés et gonflés.

— Voilà Bambé, annonça Rugi.

Elle échangea quelques mots en créole avec Bambé qui lui répondit d’une voix fluette.

— Il faut que personne ne sache qu’elle vous a vu, précisa Rugi.

— Promis, dit Malko. Elle se doute de ce qui m’intéresse ?

— Non. Mais elle est très fâchée contre Hussein Forugi, l’iranien. Il lui fait faire des choses qu’elle n’aime pas. Les Africaines sont très pudiques, vous savez…

Une serveuse apporta d’autorité des Star pour tout le monde. Malko, dans un premier temps, préférait laisser Rugi utiliser le créole avec Bambé, afin d’éviter les questions directes.

— Qu’est-ce qu’il lui a fait ? demanda-t-il.

— Il fait comme si je suis Madame Putain qui fait boutique son cul, fit Bambé d’un ton enfantin et indigné.

Elle raconta ses matinées de massage, terminant sur le dernier incident. Malko retenait un fou rire… Bambé baissa les yeux, après un regard pour Malko signifiant qu’elle n’avait pas la même répugnance pour des relations normales… Il tira une photo de sa poche et la posa sur la table.

— Est-ce qu’elle connaît cet homme ?

Bambé regarda attentivement la photo de Nabil Moussaoui découverte sur Charlie et secoua la tête, désorientée.

— Je ne sais pas, dit-elle. Les Blancs se ressemblent tous…

Encourageant. Malko insista.

— Je cherche deux hommes jeunes, des Libanais qui se seraient cachés à la Résidence iranienne.

Bambé se mit à jacasser en créole, aussitôt traduite par Rugi.

— Elle dit que deux hommes ont vécu quelques jours dans une section de la Résidence où elle n’avait pas le droit d’aller. Mais ils sont partis un matin dans la Mercedes de Hussein Forugi, elle ne sait pas où.

Ce qui recoupait l’information de Eddie Connolly. La serveuse apporta de la langouste coupée en morceaux, qui semblait avoir macéré un siècle dans le pilli-pilli. Entre deux rasades de Star pour éteindre le feu de sa gorge, Malko essaya en vain d’en savoir plus sur Hussein Forugi. Sauf l’observation de Bambé confirmant le passage probable des deux Chiites chez les Iraniens, il faisait chou blanc…

Rugi, qui avait englouti assez de piment pour concurrencer un avaleur de feu, jeta un coup d’œil nerveux à sa montre et lança :

— Je dois vous laisser. Vous pouvez raccompagner Bambé ? Elle habite Murray Town.

Elle était déjà debout, ne tenant pas en place. Elle embrassa Malko sur la joue et disparut. Les yeux baissés, Bambé cuvait son pilli-pilli et sa bière. Lorsqu’elle se leva pour partir, Malko put constater que sa chute de reins était absolument somptueuse, soulignée par la taille incroyablement mince.

— Il faudrait me tenir au courant de ce qui se passe à la Résidence des Iraniens, demanda Malko, en anglais, remontant Pademba Road.

— Je ne veux plus y retourner, annonça Bambé. Son anglais était un peu succinct, mais très compréhensible.

Ça, c’était le comble. À quoi bon l’avoir retrouvée ?

— Pourquoi ? demanda Malko.

— Je ne veux plus faire Madame Putain, fit-elle d’un ton définitif.

Il sentit qu’il n’y aurait pas moyen de la faire changer d’avis. La récolte de la soirée était mince.

— Qu’est-ce que vous allez faire ? demanda-t-il.

— Chercher du travail…

Dans un pays comme la Sierra Leone, autant jouer au loto. Mais comme beaucoup d’Africains, Bambé était fataliste.

De nuit, les rues de Murray Town, bordées de vieilles baraques créoles, sans éclairage, défoncées, étaient particulièrement sinistres, à part quelques lumignons de marchands en plein air. Bambé guida Malko jusqu’à un portail aux vantaux arrachés donnant sur un grand jardin en friche. Il s’arrêta devant une vaste maison plongée dans l’obscurité.

— C’est grand, remarqua Malko.

— Ce sont les bureaux de l’agence de voyage Kon-tiki, expliqua Bambé. Ils occupent tout. Moi, j’ai juste une chambre en bas. C’est pour éloigner les voleurs.

Elle ne sortait pas de la voiture, comme si elle attendait quelque chose. Malko tira une liasse de leones de sa sacoche, et la posa sur ses genoux.

— Si vous pouviez apprendre quelque chose sur ces deux hommes…

Bambé s’empara de l’argent, ravie.

— Maintenant que je ne travaille pas, j’ai beaucoup de temps. Si tu veux venir me voir…

Complètement apprivoisée… Plus besoin d’utiliser le créole.

Elle s’éloigna vers la maison dans la lueur des phares et Malko suivit le balancement voluptueux de ses hanches moulées par le gara, puis repartit. Déçu. Comment progresser maintenant ?

Il n’avait pas encore répondu à la question en arrivant au Mammy Yoko. Un mot de l’écriture hachée d’Eddie Connolly était glissé sous sa porte.

« Rendez-vous à Lumley Beach, ce soir à onze heures. »

Il était onze heures dix.

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