13, rue du Horla

Troisième étage – Club philatéliste / Appartement de mademoiselle Rose


— Tiens ! Qu’est-ce que tu fais là, sorcière ? Tu ne devais plus mettre les pieds dans ta cuisine avant longtemps !

— Il faut croire que tu me manques, démon. Ou bien que la cafetière du bureau est brusquement tombée en panne. Je te laisse choisir.

— Pour mon ego, je vais faire semblant de croire que la cafetière du bureau est en parfait état. À voir les rides de contrariété qui barrent ton front, j’imagine que tout n’est pas… rose en bas !

— Ton calembour est encore plus nul que d’habitude. Mais tu as raison. Je suis entrée en contact avec le Bureau international, à Londres…

— Les instances dirigeantes de l’Association ?

— Oui. Ça me fait mal au cœur d’avoir dû en arriver là. Chaque délégation veille farouchement à son indépendance et Walter (je ne parle même pas du Sphinx !) m’étriperait s’il avait vent de mon initiative. Seulement, l’intérêt général doit passer avant les sentiments personnels.

— Noblement dit.

— Or, que réclame l’intérêt général ?

— Oui, sorcière, que réclame-t-il ?

— De l’aide ! Une aide urgente. Je suis seule pour coordonner les actions, diriger les Agents, calmer ce petit monde qui, dehors, s’agite, bref, pour gérer une situation de crise…

— Tu oublies Walter.

— Walter n’est plus capable de rien. Il faut savoir reconnaître ses limites…

— Et alors ? Tu as obtenu ce que tu voulais ?

— Je suis tombée sur une secrétaire inconnue de moi, si niaise que je me suis demandé, un court instant, qui avait le plus besoin d’aide ! Elle m’a répondu que personne ne pouvait prendre mon appel. Fulgence lui-même était injoignable. Ses propres Agents ne savaient pas où il se trouvait ! La MAD…

— Que Khalk’ru les foudroie !

— Ferme-la, démon. Tes malédictions me hérissent le poil.

— Qu’est-ce que la milice antidémons vient faire dans l’histoire ?

— La MAD sert aussi à assurer la protection du Big Chief. Bref, elle était sur les dents. C’est la confidence que m’a faite cette femme alors que je tentais de la rassurer…

— C’est la débâcle !

— Là, démon, tu y vas fort ! Mais tu n’as pas tort. Tout allait bien jusqu’à l’automne. Et puis il y a eu cette histoire de drogue, l’agitation des vampires, la révolte des gobelins, l’affaire de la Créature du lac…

— La fameuse théorie de convergence des catastrophes ?

— Ravale ton ironie ou je brise ce miroir !

— D’accord, sorcière, je ravale. Qu’est-ce que tu comptes faire – pas pour le miroir, pour l’Association ?

— Fermer les écoutilles. M’attaquer aux problèmes, un par un, et les régler du mieux possible. En attendant un sursaut de Walter, un retour du Sphinx ou une réapparition de Fulgence.

— Ou bien le déluge… Non ! Je ravale, sorcière, je ravale !

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