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Au moyen d’un holocube, Zorach montra à Everard ce qui se produirait dans un an.

Il avait capturé des images grâce à une sorte de micro-appareil photo, en fait un enregistreur moléculaire du XXIIe siècle qui avait l’aspect d’une pierre sur une bague. (Dans notre langue, on ne peut décrire ses allers-retours qu’en employant le passé. La grammaire et la conjugaison du temporel sont mieux adaptées à de telles circonstances.) Il n’avait rien d’un prêtre ni d’un acolyte, ce n’était qu’un laïc qui faisait à la déesse de généreuses donations afin qu’elle favorise ses entreprises, mais cela lui ouvrait certaines portes.

L’explosion avait eu (aurait) lieu dans cette même rue, dans le petit temple de Tanith. Comme elle se produirait la nuit, elle ne ferait aucune victime mais détruirait totalement le sanctuaire. En altérant l’angle de prise de vue, Everard examina les murs calcinés et fissurés, l’autel et l’idole fracassés, les trésors et reliques éparpillés, les bouts de métal tordus. Des hiérophantes terrorisés s’efforçaient d’apaiser la colère divine à coups de prières et d’offrandes, sur ce site et dans tous les lieux sacrés de la cité.

Le Patrouilleur sélectionna un volume d’espace et zooma. La bombe avait réduit en pièces le véhicule qui la transportait, mais ses débris permettaient de l’identifier. Un sauteur biplace modèle standard, semblable aux milliers qui sillonnaient les lignes temporelles, s’était matérialisé là pour se désintégrer aussitôt.

« J’ai collecté de la poussière et des débris quand tout le monde avait le dos tourné, et je les ai expédiés en aval à fin d’analyse, dit Zorach. Le labo a conclu à un explosif chimique – la fulgurite B, je crois bien. »

Everard opina. « Je connais. D’usage courant pendant une assez longue période, postérieure de quelque temps à notre époque d’origine. Il est facile de s’en procurer en grande quantité sans trop laisser de traces – bien plus que des isotopes nucléaires. Et il n’en faut pas beaucoup pour faire de tels dégâts... Je suppose que vous n’êtes pas parvenu à intercepter la machine ? »

Zorach secoua la tête. « Non. Les officiers de la Patrouille n’ont pas eu davantage de succès. Ils ont opéré un léger déplacement en amont, ils ont planqué sur les lieux tout un tas d’instruments, mais... tout se passe trop vite. »

Everard se frotta le menton. Sa moustache lui semblait presque soyeuse ; difficile de se raser de près avec un ustensile en bronze et sans l’aide d’un savon. Il songea qu’il aurait préféré la barbe râpeuse qui lui était coutumière, ou quoi que ce fût de familier.

Il n’était guère difficile de reconstituer les événements. Le véhicule avait surgi d’un point inconnu de l’espace-temps, réglé sur mode automatique. Le démarrage avait activé le détonateur, et la bombe explosait déjà à l’arrivée. Même si les agents de la Patrouille pouvaient déterminer l’instant crucial, ils étaient incapables de prévenir l’événement.

Une telle prouesse était-elle à la portée d’une technologie supérieure – d’une technologie danellienne ? Il imagina un générateur de champ de force placé avant l’arrivée de la bombe, qui en contiendrait la violence au moment de l’explosion. Eh bien, cela ne s’était pas produit, par conséquent c’était sans doute physiquement impossible. Ou alors, plus probablement, les Danelliens n’étaient pas intervenus parce que le mal était fait – les saboteurs risquaient de recommencer – et parce que ce genre de jeu du chat et de la souris risquait de gauchir irrémédiablement le continuum. Il frissonna et demanda un peu sèchement : « Comment les Tyriens expliquent-ils ce petit cataclysme ?

— Sans verser dans le dogmatisme, répondit Yael Zorach. Ils n’ont pas la même Weltanschaung que nous, ne l’oubliez pas. À leurs yeux, le monde n’est pas totalement gouverné par les lois de la nature ; il est capricieux, changeant, magique. »

Et ils n’ont pas fondamentalement tort, hein ? Everard sentit un nouveau frisson le parcourir.

« Comme il ne se produit plus rien de similaire, leur excitation finit par se tasser, reprit-elle. Les chroniques mentionnant cet incident seront perdues ; en outre, les Phéniciens n’ont guère tendance à rédiger des chroniques. Ils concluront que quelqu’un a commis un acte ayant déclenché la foudre divine. Et le coupable n’est pas nécessairement l’un des leurs ; peut-être y avait-il une querelle au sein des dieux. Par conséquent, on ne désignera pas de bouc émissaire. Une ou deux générations plus tard, l’épisode aura sombré dans l’oubli, à moins qu’il n’ait été intégré au folklore.

— Sauf si les maîtres chanteurs remettent ça, cracha Chaim Zorach.

— Oui, je voudrais voir leur demande de rançon, demanda Everard.

— Je n’ai qu’une copie. L’original a été transmis en aval pour examen.

— Oui, je sais. J’ai lu le rapport du labo. De l’encre sépia sur un rouleau de papyrus, aucun indice de ce côté-là. Vous l’avez trouvé sur votre pas de porte, probablement déposé là par un autre sauteur en mode automatique.

— Dites plutôt certainement, corrigea Zorach. Les agents qui sont venus ici ont placé des instruments durant cette nuit-là et ils ont détecté l’engin en question. Il n’est resté présent que pour une milliseconde. Sans doute auraient-ils pu tenter de s’en emparer, mais à quoi bon ? Ils n’y auraient sûrement trouvé aucun indice. Et ils auraient fait un tel barouf que tout le quartier serait descendu voir ce qui se passait devant chez moi. »

Il alla chercher le document en sa possession. Everard avait déjà lu une transcription dans le cadre de son briefing, mais il espérait que l’examen d’une copie plus fidèle lui suggérerait une idée quelconque.

Le scripteur avait utilisé un roseau contemporain, non sans habileté d’ailleurs. (Ce qui impliquait qu’il connaissait bien le lieu et l’époque, mais cela allait de soi.) Il avait tracé des lettres d’imprimerie plutôt que d’adopter une écriture cursive, ce qui n’empêchait pas quelques fioritures çà et là. Le texte était rédigé en temporel.

« A la Patrouille du temps, de la part du Comité d’accaparement, salut. » Au moins ne cherchaient-ils pas à se faire passer pour une armée populaire de libération nationale, comme il en sévissait tant à la fin du siècle natal d’Everard. Ces types étaient des truands et fiers de l’être. A moins qu’ils n’aient cherché par ce biais à brouiller un peu plus les pistes...

« À présent que vous avez constaté les conséquences de l’explosion d’une bombe à faible puissance dans un lieu choisi avec soin, nous vous invitons à envisager celles d’un barrage d’explosions sur l’ensemble de la cité. »

Everard hocha la tête avec lassitude. Il avait affaire à des adversaires rusés. S’ils avaient menacé de tuer ou d’enlever des individus – le roi Hiram, par exemple –, il aurait été facile de les contrer. La Patrouille aurait protégé les victimes potentielles. En cas d’échec, il suffisait de remonter en amont pour emmener la victime en un autre lieu au moment de l’attaque ; celle-ci ne serait « jamais » intervenue. Certes, une telle tactique entraînait une prise de risque à laquelle l’organisation répugnait en règle générale, et il fallait en outre s’assurer que l’avenir ne serait pas altéré par ces opérations de secours. Néanmoins, la Patrouille avait la volonté et la capacité d’agir.

Mais comment évacuer l’ensemble des bâtiments de l’île ? On pouvait certes déplacer sa population. Resterait la ville. Celle-ci n’était pas bien grande, en dépit de son importance historique – une cinquantaine d’hectares, abritant environ vingt-cinq mille personnes. Quelques tonnes d’explosifs, et il n’en resterait plus que des ruines. Et il n’était même pas besoin de l’oblitérer. Après une telle manifestation de furie surnaturelle, plus personne ne reviendrait ici. Tyr deviendrait une ville fantôme, et quant aux siècles, aux millénaires de civilisation, quant aux êtres humains et aux multiples vies que la cité avait contribué à faire venir au monde... ce ne seraient même pas des fantômes.

Everard frissonna une nouvelle fois. Qu’on ne vienne pas me dire que le mal absolu n’existe pas, se dit-il. Ces créatures... Il s’obligea à poursuivre sa lecture.

«... Le prix de notre retenue est tout à fait raisonnable et consiste en une information toute simple. Nous désirons obtenir les données nécessaires à la construction d’un transmuteur de matière Trazon...»

Lorsque ce système était en cours de développement, durant la Troisième Renaissance industrielle, la Patrouille avait contacté ses concepteurs en secret, bien que ces derniers aient vécu en amont de sa fondation. Par la suite, son usage – sans parler de son existence, ni de son procédé de fabrication – avait relevé du secret absolu ou presque. Bien entendu, la possibilité de transformer toute quantité de matière, ne serait-ce qu’un tas de terre, en une autre matière, un bijou, une machine, voire un organisme vivant, aurait pu assurer au genre humain une richesse illimitée. Le problème, c’est qu’on pouvait également produire par ce moyen une quantité illimitée d’armes, de poisons, d’atomes radioactifs...

«... Vous transmettrez ces données sous forme numérique depuis Palo Alto, Californie, États-Unis d’Amérique, durant les 24 heures de la journée du vendredi 13 juin 1980. La longueur d’onde à utiliser... le code numérique... En guise de reçu, vous aurez droit au prolongement de votre ligne temporelle...»

Ça aussi, c’était rusé. Le message ne risquait pas d’être capté accidentellement par un habitant de la Silicon Valley, mais l’activité électronique était si importante dans cette région qu’il serait impossible de localiser son récepteur.

«... Nous n’utiliserons pas cet appareil sur la planète Terre. Par conséquent, la Patrouille du temps ne doit pas craindre de violer sa Prime Directive en nous assistant de cette manière. Au contraire, c’est pour vous le seul moyen de préserver votre existence, n’est-ce pas ?

« Salutations, nous sommes dans l’attente. »

Pas de signature.

« Il n’y aura pas de transmission, n’est-ce pas ? » demanda Yael à voix basse. Ses yeux étaient énormes dans la pénombre de la pièce. Elle a des enfants en aval, se rappela Everard. Ils disparaîtraient en même temps que leur monde. « Non, répondit-il.

— Et notre réalité est toujours là ! s’écria Chaim. Vous êtes venu jusqu’ici, en partant de 1980. Donc, nous avons dû appréhender ces criminels. »

Le soupir que poussa Everard sembla lui glacer le torse. « Vous savez bien que ce n’est pas aussi simple, dit-il d’une voix atone. La nature quantique du continuum... Si Tyr est détruite, eh bien, nous serons toujours là, mais nos ancêtres, vos gosses, tout ce que nous connaissions aura disparu. L’Histoire du monde aura changé de façon radicale. Quant à savoir si les vestiges de la Patrouille pourront la restaurer – prévenir le désastre, en d’autres termes –, cela reste problématique. Je dirais même improbable.

— Mais en quoi cela profiterait-il à ces criminels ? » Cette question était quasiment un cri.

Everard haussa les épaules. « Sans doute en retireraient-ils une cruelle satisfaction. La tentation de jouer à Dieu visite parfois les meilleurs d’entre nous, n’est-ce pas ? Sans parler de celle de jouer à Satan. En outre, s’ils veillent à se poster en amont de la catastrophe, ils seront épargnés par celle-ci. Et ils auraient de grandes chances de régner sur un avenir où seuls de rares survivants de la Patrouille pourraient s’opposer à eux. Et, à tout le moins, ils se seraient bien amusés. »

Moi-même, il m’est arrivé de me rebeller face aux restrictions qu’on m’imposait. « Amour, si nous pouvions prendre au Destin / Le triste plan des choses de ce monde[3]...»

« En outre, ajouta-t-il, il est possible que les Danelliens annulent notre décision et nous ordonnent de leur livrer le secret. En regagnant mon époque, je constaterai que cette donnée de mon univers a été altérée. Une variation mineure pour ce qui est du XXe siècle, sans aucune conséquence notable.

— Mais les autres siècles ! hoqueta Yael.

— Ouais. Nous n’avons que la parole de ces truands pour nous garantir qu’ils séviront dans un avenir lointain et en dehors du système solaire. Une parole sans aucune valeur, je vous le parierais. Vu les capacités du transmuteur, pourquoi rester à l’écart de la Terre ? Celle-ci demeurera à jamais le domaine des humains, et je ne vois pas comment la Patrouille pourra s’opposer à leurs agissements.

— Mais qui sont-ils ? murmura Chaim. Avez-vous une idée sur la question ? »

Everard but une gorgée de whisky et inhala une bouffée de tabac, comme si la chaleur de l’un et de l’autre pouvait gagner son esprit. « Il est trop tôt pour se prononcer, que ce soit sur ma ligne temporelle... ou sur la vôtre, hein ? Selon toute évidence, ils viennent du futur, sans doute en amont de l’Ère de l’Un qui précède l’avènement des Danelliens. Au fil des millénaires, il était obligé que des fuites se produisent – suffisamment pour qu’une partie intéressée se fasse une idée de l’appareil et de ses possibilités. Nous avons très certainement affaire à des desperados sans foi ni loi, qui se fichent de savoir que leurs actes risquent d’entraîner la disparition de la société qui les a engendrés, et de tous leurs proches qui en font ou en ont fait partie. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse de Neldoriens[4] par exemple. Cette opération est trop sophistiquée. L’adversaire a consacré beaucoup de temps et d’effort à apprendre à connaître le milieu phénicien et à s’assurer de son caractère de nexus.

« Le cerveau de l’entreprise est sans doute un génie. Mais un génie du genre puéril – vous avez remarqué cette date du vendredi 13 ? Il y a aussi le fait que le sabotage a été perpétré tout près de chez vous. Ce modus operandi... plus le fait que l’on m’ait identifié comme un Patrouilleur... tout cela suggère fortement... Merau Varagan.

— Qui ça ? »

Everard ne répondit pas tout de suite. Il se mit à marmonner comme s’il parlait tout seul. « Oui, c’est possible. Quoique ça ne nous aide guère. La bande a fait son boulot en amont, pas de doute... oui, elle a besoin d’une base de données recouvrant plusieurs années. Et cette antenne est en sous-effectif. Comme l’ensemble de la Patrouille, bon sang ! » Même si les agents jouissent d’une longévité accrue. Tôt ou tard, nous y passerons tous, jusqu’au dernier. Et il nous est interdit de prévenir la mort d’un camarade à laquelle nous avons assisté, tout comme nous n’avons plus le droit de le revoir avant son décès, car cela déclencherait des remous dans le temps, des remous qui pourraient déboucher sur un maelström ; sans parler de notre propre souffrance. « Nous pouvons détecter l’arrivée ou le départ d’un véhicule temporel, à condition de savoir où pointer nos instruments. C’est peut-être ainsi que cette bande à localisé le QG de la Patrouille, à moins qu’elle n’ait interrogé des visiteurs naïfs. Mais peut-être nos adversaires sont-ils arrivés dans cette ère en un lieu éloigné, gagnant ensuite cette ville par des moyens de transport normaux afin de passer inaperçus, un peu comme j’ai tenté de le faire.

» Il nous est impossible de fouiller tous les points de l’espace-temps local. Nous n’avons pas les ressources humaines nécessaires, et, de plus, une telle activité entraînerait des anomalies temporelles que nous préférons éviter. Non, Chaim, Yael, nous devons trouver des indices, rétrécir le champ de nos investigations. Mais comment faire ? Par où commencer ? »

Comme sa couverture était flambée, Everard accepta la chambre d’amis que lui proposaient les Zorach. Il y serait plus à l’aise que dans une auberge et pourrait y installer l’équipement dont il avait besoin. Toutefois, il resterait à l’écart de la vie de la cité.

« Je vais vous arranger une entrevue avec le roi, promit son hôte. Ça ne posera aucun problème : c’est un homme brillant, qui ne peut manquer d’être intéressé par un visiteur aussi exotique. » Gloussement. « Il est tout naturel que Zakarbaal le Sidonien, qui a besoin de cultiver l’amitié des Tyriens, dise à Sa Majesté qu’il vient de faire votre connaissance.

— Parfait, répondit Everard, et une telle rencontre ne peut être que positive. Peut-être même que le roi nous sera utile. En attendant... euh... la journée est loin d’être finie. Je pense que je vais me balader en ville, m’en faire une meilleure idée, fouiner en peu en espérant renifler une piste. »

Rictus de Zorach. « C’est peut-être vous qu’on reniflera. Votre agresseur est encore dans les parages, j’en jurerais. »

Everard haussa les épaules. « C’est un risque à courir, et c’est peut-être lui qui le court. Prêtez-moi une arme, s’il vous plaît. Un sonique. »

Il régla l’engin en mode étourdisseur plutôt qu’en mode létal. Un prisonnier en vie aurait été pour lui le plus beau des cadeaux. Vu que l’ennemi le savait, il ne s’attendait pas à une nouvelle attaque – pas aujourd’hui, du moins.

« Prenez aussi un désintégrateur, suggéra Chaim. Ça leur ressemblerait bien de vous attaquer par les airs. Faire surgir un sauteur au bon moment, planer quelques secondes en antigrav et ouvrir le feu. Ils ne partagent pas notre souci de discrétion, après tout. »

Everard plaça cette seconde arme à sa ceinture. En les apercevant, un Phénicien penserait à de simples talismans et, en outre, il prendrait soin de les recouvrir de sa cape. « Je ne pense pas que ma personne vaille la peine de courir un tel risque, dit-il.

— Elle le valait bien tout à l’heure, non ? Au fait, comment ce type a-t-il deviné que vous étiez un agent ?

— Peut-être lui avait-on donné ma description. Merau Varagan est bien du genre à dresser la liste des agents non-attachés qualifiés pour cette mission. Ce qui me pousse à croire que c’est bien à lui que nous avons affaire. Auquel cas notre adversaire est aussi rusé que redoutable.

— Veillez à rester bien en vue, supplia Yael Zorach. Et rentrez avant la tombée de la nuit. La criminalité n’est guère répandue ici, mais il n’y a pas d’éclairage public et, la nuit, les rues sont quasiment désertes. Vous feriez une proie facile. »

Everard s’imagina chassant son chasseur en pleine nuit, mais il renonça à cette idée, la situation n’étant pas désespérée à ce point. « Entendu, je serai là pour dîner. J’aimerais savoir à quoi ressemble la cuisine tyrienne – en ville, je veux dire, je connais déjà l’ordinaire des marins. »

Son hôtesse se força à sourire. « Elle n’est pas terrible, j’en ai peur. Les indigènes ne sont pas des épicuriens. Toutefois, j’ai enseigné plusieurs recettes modernes à notre cuisinière. Que diriez-vous d’une carpe farcie en guise de hors-d’œuvre ? »

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