— Tu vas dans le monde ? s’étonne Sa majesté.
— Tu ne crois pas si bien dire, fais-je en nouant ma cravate de soie mauve à bords noirs sur ma limace amidonnée. Je vais dans le grand monde.
— Où ce que ? s’obstine Béru.
— Secret professionnel, Gros.
— Oh ! ça va, pigé : tu t’es levé une souris grand luxe ?
— Tu gèles. Mais je t’expliquerai cela plus tard.
Ayant dit, ou plutôt, n’ayant rien dit, je file en conseillant au Gros de faire un peu de footinge pour se détendre.
Je file à la sauvette, mais une voix gazouille mon nom et je me retourne pour sourire à miss Muguet. Ce matin, elle est drôlement bath, ma petite dompteuse d’ongulés du sous ordre des proboscidiens. Elle porte une jupe à carreaux et un polo noir à l’intérieur duquel sa poitrine se rebiffe vachement.
— Vous allez en ville, Tonio ?
— Yes, miss.
— Vous m’emmenez ?
Je retiens un froncement de sourcils qui aurait pu la choquer.
— Je voudrais bien, mon petit cœur, mais je vais voir une de mes tantes qui vit dans un couvent, alors vous comprenez…
— Méchant ! fait-elle.
J’ai très envie de lui demander si le bas de mon dos c’est de la volaille, mais je m’en empêche in extremis, car je suis toujours extrêmement poli avec les dames. Et pourtant je n’aime pas celles qui sont collantes. Celle-ci m’a l’air d’appartenir à cette dangereuse catégorie.
— Je vous emmènerai promener dans l’après-midi, promets-je.
Je m’apprête à foncer, mais une Fiat stoppe devant nous, bourrée de poulardins. Un type brun comme un pruneau, au regard de velours, me saute dessus.
— Où allez-vous ? me demande-t-il en italien.
— A la pêche ! lui réponds-je en français.
Il soulève son sourcil droit, ce qui lui arrondit l’œil.
— Ma qué zé vous connaisse ! s’écrie-t-il.
Je lui fais signe de la bouclate, perqué la miss Muguet est présente. L’arrivant, je le reconnais moi z’aussi. C’est le commissaire Fernaybranca. Il m’emmène à l’écart, qui est un endroit très confortable.
— San-Antonio ! s’écrie-t-il.
— Mon cher collègue, ici je ne suis qu’un employé, fais-je. Mais je vous croyais à Rome ?
— J’ai demandé mon changement, ma femme ne supportait pas la calor.
— Heureux de l’apprendre.
— Comment ça sé fait-il que vous ?…
— Services secrets, murmuré-je. Vous enquêtez à propos du meurtre de cette nuit ?
— Exactementé ! Est-il en relation avec vostre affaire ?
— Je n’en sais rien encore. Je vais renifler de mon côté.
Il agite son bel index sous mon beau nez.
— Vous esté ouna petit cachottière ! plaisante Fernaybranca.
— Allons donc ! Si je savais quelque chose, je vous le dirais. J’ignore même l’identité de la victime. Vous feriez bien d’éclairer ma lanterne.
— Vostra lanterna elle n’éclaire qué vous ! bougonne Fernaybranca. Ma jé sous fairplay. Lé morté, c’est ouna nommé Giuseppe Parrolini. Il travaillait comme chauffeur chez le signor Québellaburna, l’industriel répoutate, céloui qui fabrique les moulins à café électriqués.
— Gracias, commissaire. On se tient au courant de nos investigations. Voulez-vous que nous dînions ensemble ce soir ?
— Avec plaisir. Vous voulate mé tirer les asticots dou nez ?
Il rit de ses dents éclatantes.
— Rendez-vous à huit hore chez Casimodo, le ristorante dé la Via Rasurela.
Là-dessus je le quitte d’un pas dégagé. Je me rends à la stazionne de bus la plus proche. Moyennant quelques lires, on me véhicule jusqu’au centre de la cité.
Après avoir musardé une plombe, je finis par trouver ce que je cherche : un postichier. La boutique est cradingue, obscure, malodorante. Elle est gérée par un vieillard auquel il faut mettre des roulettes sous les pieds pour le faire avancer, tant il est gras et adipeux. Je lui bonnis que je vais me rendre à un dîner de têtes et je farfouille son estanco pour y pécher de quoi modifier mon agréable académie. De grosses lunettes d’écaille avec des verres bidons ; un collier de barbouze à la d’Annunzio ; des boulettes de caoutchouc pour se fourrer dans le naze. Me voilà entièrement méconnaissable. Arsène Lupin ferait pas mieux.
Je paie et je me tire nanti de ce déguisement. J’entre alors dans un bureau de poste et je feuillette l’annuaire des téléphones pour y chercher l’adresse du signor Québellaburna. Je la trouve d’autant plus facilement qu’elle est rédigée en caractères d’affiche.
L’industriel crèche dans le quartier du Rizzoto, le plus sélect de Turin. Un taxi m’y conduit à une vitesse supersonique. Belle écurie, mes fils !
La façade est en marbre de Carrare rosepraline, le perron est deux fois most imposant que celui de Fontainebleau et les fenêtres sont grandes comme les vitrines des Galeries Lafayette. Je m’annonce avec ma fausse barbe et mes fausses bésicles, pas fiérot du tout. Je me fais un peu l’effet du monsieur qui vient brader des coupe-tomates chez la marquise de Saint-Glinglin.
Un larbin en livrée vient délourder. Il est maigre, avec les tifs blancs et l’air compassé. On dirait qu’on l’a plongé dans de l’amidon. Il me demande of course ce que je désire. Je lui dis que je dois parler d’extrême urgence au signor Québellaburna. Il me répond que c’est difficile, because le signor est aux U.S.A. depuis dix jours et qu’il ne rentrera pas avant la fin du monte. Comme je suis quelque peu déconcerté, le larbin me demande si j’appartiens à la police. Rien de tel qu’un vieil esclave pour situer un mec socialement. Malgré mon accent français il m’a reniflé, le baladeur de plumeaux. Je prends mon air le plus surpris.
— De la police, madre de dio ! m’exclamé-je. Fatal, avec l’assassinat du chauffeur, la poule turinoise est venue draguer dans l’hôtel particulier.
— Mme Québellaburna est-elle ici ? j’insiste en virgulant à travers mes faux poils un sourire qui ferait fondre le mont Blanc.
Il hésite.
— La signora est encore dans sa chambre. C’est à quel sujet ?
San-Antonio, vous en avez tous entendu parler, non ? Vous savez par conséquent la place que tient son renifleur dans la vie moderne. D’aucuns auraient répondu évasivement. Moi, d’instinct, j’y vais d’une sérénade napolitaine de ma composition.
A Vienne Képura, comme on disait avant guerre. Si je fais fausse road, j’en serai quitte pour effacer les traces de semelle à l’arrière de mon futal.
— Dites à la signora que je viens de la part de son ami Donato, fais-je avec une rare autorité (tellement rare que le British Museum m’a proposé de l’acheter).
Il fronce les sourcils un peu plus, ce qui met au-dessus de son regard charbonneux une jolie ligne bleue des Vosges. Mais comme j’ai l’air d’en avoir deux, le larbin me désigne une banquette recouverte de peaux de panthères et s’éclipse.
Je me sens pâle des genoux, mes loutes. Vous vous imaginez, radinant dans un hôtel particulier pour vendre de la salade à l’une des dames les plus considérables du Piémont ?
Le temps qui s’écoule me paraît infini. Enfin, mon nettoyeur de carpette revient.
— Si vous voulez bien me suivre ! propose-t-il d’une voix radoucie.
J’en ai l’horloge qui se décroche avec ses pieds et son balancier. Vous mordez l’importance de la chose, mes chéries ? Du moment que la signora accepte de recevoir un illustre anonyme qui se présente de la part de Donato, c’est qu’elle connaît Donato. Intéressant, je vous dis. Je commençais à me rouiller en regardant bouffer le gros dans le feu des projecteurs.
Le valeton me drive vers un escalier de marbre blanc à côté duquel celui de l’Opéra a l’air d’un marchepied de tramway. Nous le gravissons et j’atterris dans un large couloir recouvert de tapis persans. Les murs sont tendus de Velours blanc rehaussé de fil d’or. Ce luxe ! Ce pognon répandu, mes amis !
Mon mentor me fait pénétrer dans un boudoir où l’on aimerait faire tout sauf bouder. Les murs sont tapissés de peau de Suède (la peau de Suède, en Italie, ça vaut chéro, car il faut payer le voyage !) Les meubles sont anglais style Regency. Je prends place dans un fauteuil et j’attends la suite des événements. Un parfum délicat flotte dans l’air à l’Aronde ! (comme on dit chez Simca). Une tiédeur berceuse m’enveloppe. Au mur il y a un Pieu oc, un Chagall et un Buitoni de l’époque rosi, c’est vous dire !
Une lourde capitonnée s’ouvre sans bruit et votre petit camarade San-A en prend plein ses tiroirs. Oh ! pardon, cette apparition ! Même au Châtelet on n’a jamais vu ça. Imaginez une personne d’une trente-cinquantaine d’années (mais qui ne les parait pas), carrossée comme Vénus au temps de sa jeunesse ; blonde, de ce blond fabuleux des Italiennes qui ne sont pas brunes ; avec de grands yeux noirs, de longs cils, un teint ocre, une bouche faite pour tutoyer et de longues jambes de vedette américaine.
Quelle vision extatique ! La dame porte un déshabillé de soie blanche, noué à la taille par une tresse dorée. Quand elle marche, les pans du déshabillé s’écartent légèrement, dévoilant un peu plus haut ses jambes phénoménales ! Mettez-m’en dix commak et emballez-les-moi, c’est pour offrir, les gars !
Elle a l’habitude de produire son petit effet, car elle m’accorde douze secondes trois dixièmes pour me remettre avant de me demander d’une voix qui me met les trompes d’Eustache en portefeuille.
— Qui êtes-vous ?
— Mon nom ne vous dirait rien, bredouille cette pauvre crêpe court-circuitée de San-Antonio.
— Ça n’est pas une raison pour me le taire, objecte la ravissante dadame.
Pour me le taire ! Pas d’erreur, I am dans la high society ! J’aurais dû passer des gants beurre frais et me pourvoir d’un chapeau claque.
— Mon nom est Bienvenu Celliny, fais-je.
— Et vous désirez ?
— Je viens de la part de Donato.
— Quel Donato ?
— Celui du cirque, dis-je à brûle-pourpoint.
Elle a un pli entre les deux yeux, soudain.
— Je ne comprends pas.
— Vous avez entendu parler du cirque Barnaby ? fais-je avec un sourire langoureux.
— J’ai de bonnes raisons pour cela, puisque mon pauvre chauffeur a été poignardé cette nuit près de ces saltimbanques !
J’avale le mot saltimbanque et j’enchaîne :
— Justement, c’est à cause de ce drame que je viens. Donato et son camarade sont très ennuyés. Ils ne peuvent vous contacter directement et m’ont chargé de vous demander de venir les voir ce soir, après la représentation, dans le terrain vague au bout de la place.
J’ai dû y aller un peu fort. La signora ouvre des bigarreaux gros comme des lanternes vénitiennes.
— Mais que me racontez-vous, monsieur ! s’exclame-t-elle avec une vivacité toute latine. Je ne comprends rien à ce que vous me dites ! Je trouve même votre visite très étrange.
Au lieu de protester, je m’approche de la lourde à pas feutrés et je l’ouvre brusquement. Le larbin qui se tenait accroupi contre le panneau, choit dans la pièce. Je ramasse son râtelier sur la carpette et le lui cloque dans la main.
— Tu vas choper une otite, mon pote, fais-je ; rien de plus traître que les trous de serrure. Lorsqu’on fait de l’espionnage en chambre il ne faut pas avoir d’asthme, on t’entend respirer depuis le Vatican.
Il se tire, tout contrit. La signora qui a assisté à la séance esquisse un petit sourire non dénué d’inquiétude.
— Et maintenant, fait-elle, si vous vous expliquiez ?
Je hausse les portemanteaux.
— Vous expliquer quoi, signora ? Je n’ai fait que vous répéter les paroles de mon ami Donato. C’est un homme discret, il ne m’a rien dit de plus.
Elle secoue sa belle chevelure d’or. Cette Ophélie, mes amis, plus je la regarde, plus je me dis que j’aimerais lui consacrer un weekend dans une discrète hostellerie normande. Elle a tout ce qu’il faut pour combattre la monotonie d’un dimanche.
— J’ai bien envie de prévenir la police, fait-elle en me défrimant droit dans les tocards.
— C’est à vous de voir, madame, dis-je sans broncher.
— C’est tout ce que vous avez à me dire ? demande-t-elle.
— De la part de Donato, oui. Mais de la mienne, je pourrais encore ajouter quelques mots si vous me le permettiez.
— Je vous écoute.
— Vous êtes la plus belle femme d’Italie, signora, ajouté-je en regrettant amèrement de m’être esquinté la frime avec cette fichue barbouze et ces lunettes à la noix.
Elle a un petit sursaut indigné. Je me casse en deux pour la courbette grand siècle et je prends la tangente. Le larbin qui fait le 22 au bout du couloir me refile un regard glacé et me raccompagne d’assez loin. Drôle de masure ! La démarche que je viens d’y prendre est parfaitement idiote. Rien ne prouve que Mme Québellaburna ait des accointances avec les Grado’s. C’est une simple vue de mon petit esprit surchauffé. Enfin, je me console en songeant que si elle vient au rendez-vous je pourrai toujours écraser le coup grâce à mon éminent collègue le commissaire Fernaybranca. Faut voir.
C’est ce que nous appelons, en langage judiciaire, une affaire à suivre.
A huit plombes tapantes je retrouve Fernaybranca au restaurant. Il est connu et les loufiats s’empressent :
— Alors, franc-tireur ! me lance-t-il avec cet accent inimitable que je renonce d’ailleurs à imiter.
— Alors, Big Chief ?
On se pinte deux Cinzano, facile. Puis il commande des spécialités délicates.
— Où en est votre enquête ? je demande.
— Et la vôtre ?
— La mienne, je vous la narrerai demain matin, car j’attends du nouveau incessamment.
— Selon vous, qui a tué le chauffeur ?
— Si vous voulez ma conviction intime, Antonio, c’est un des garçons d’écurie du cirque. Ce genre de personnel se recrute sans contrôle. Tous les évadés se font embaucher dans des cirques, ça leur permet de passer les frontières sans grand risque. Le chauffeur attendait une petite amie. Le voyant seul dans un coin d’ombre, un de ces voyous a voulu le détrousser et, pour mieux le faire tenir tranquille, il lui aura planté ce couteau dans le dos.
— La victime a été volée ?
— Non, c’est vrai. L’agresseur aura sans doute été dérangé.
M’est avis qu’on ne se casse pas la nénette chez les Transalpins (de gruau).
— Vous avez vérifié les alibis ? je demande, mine de rien.
— Oui. Mais ça n’est pas commode. La plupart des artistes étaient déjà couchés, du moins le prétendent-ils, et n’ont, de ce fait, rien entendu.
— Vous les avez tous contrôlés ?
— Oui, tous.
— Et tous occupaient leurs roulottes ?
— Pas tous : Nivunikônu, le mage, et son médium, sont allés dîner dans une boîte de nuit, j’ai vérifié, c’est exact.
— Et les Grado’s ?
— Ils donnaient une représentation privée dans une boite de tantes où ils sont très connus.
Je sursaute.
— Vous avez vérifié aussi ?
— Si, signor commissaire. Pendant le crime, ils refaisaient leur numéro.
Je ne m’attarde pas sur le sujet afin de ne pas mettre la puce à l’oreille de Fernaybranca, mais j’ai un coup de tristesse. Moi, avec ma petite tronche made in France, je me figurait que c’était Donato l’assassin. Et voici qu’il y a gourance. De plus en plus je regrette ma visite chez Québellaburna.
Nous devisons joyeusement de la police et du beau temps, mon confrère et moi. Puis je le largue afin d’aller présenter le fameux Gargantua français, celui qui digère tout, même, les affronts.
Je trouve Béru vautré sur son lit, amorphe ; Il change à vue d’œil, le Gravos. A ce régime, — et quel régime — il ne tiendra pas le coup longtemps.
— T’as l’air tout chose, Biquet ? je remarque.
— C’est à cause de demain…, fait-il.
— Quoi, demain ?
— C’est dimanche.
— Et alors ?
— Alors il y a deux matinées, à ce qu’a annoncé le patron.
— Je comprends tes affres, Gros, et j’y compatis : tu boufferas moins de charognerie à chaque séance pour étaler tes capacités, voilà tout.
— C’est pas ça, soupire-t-il, seulement je vais pas avoir le temps de dîner entre la deuxième matinée et la soirée !
Tandis qu’il passe son costume de scène, je vais draguer du côté de chez les Grado’s. Ce gentil ménage a fini son numéro. Donato se talque les triceps tandis que Paul se fait une réussite. Ont-ils découvert mon mot ? Sans doute. S’ils se cament, ils ont dû ouvrir leur tiroir secret. Je note que leurs gestes sont nerveux. Et puis ils ne parlent pas, ce qui est contraire à leurs habitudes.
— Petit espion ! fait une voix.
Je me retourne : c’est Muguet. Toujours sur mes talons, cette péteuse, depuis que je lui ai déballé ma botte (de foin) secrète.
— Vous m’aviez promis de me sortir cet après-midi ! proteste-t-elle.
— Excusez-moi, Doux Cœur, mais ma tatan m’a retenu.
— Pour vous faire pardonner, emmenez-moi souper après la représentation.
Cette requête ne fait pas mes oignons, comme dirait Charpini.
— Ce soir c’est pas possible, dis-je en prenant sans avoir trop à me forcer un air de profond ennui.
— Pourquoi, s’il vous plait ? fait la nana.
Les gerces, c’est toujours comme ça. A partir du moment où vous leur avez joué le grand numéro, elles ont tendance à vous considérer comme leur propriété.
— Je dois préparer mon partenaire pour la représentations de demain, plaidé-je.
— Comment cela, le préparer ?
— Vidange, graissage, lavage d’estomac, flancs blancs, pulvérisation, récité-je à toute vibure. Vous pensez bien qu’un type comme ça nécessite un entretien plus délicat qu’un Boeing ! Il a l’air de becqueter les montagnes, mais c’est grâce à une mise au point minutieuse. Je change son filtre à air toutes les quatre représentations, pour vous donner un exemple. De même je vérifie le gonflage et le parallélisme. Faut pas non plus qu’il y ait de jeu dans les articulations. Et puis il s’encrasse facilement. Si je ne lui ramonais pas chaque soir le tube digestif avec un rince-bouteilles, il ne tiendrait pas dix jours ! Par moments, tenez, j’aimerais mieux me charger de la mise à feu d’une fusée Atlas, ce serait plus simple. Le public est là, bêta, qui applaudit parce que Béru mange un matelas ou un moulin à poivre ; mais il ne se doute pas de la somme d’énergie et de soins que cela a nécessité.
Elle branle le chef, en attendant mieux.
— Je n’aurais pas cru, balbutie-telle. Bon, alors à quand ?
— J’irai vous rejoindre dans votre roulotte, douce enfant, ne fermez pas la grille du parc car j’entrerai sans sonner.
Là-dessus je lui verse en acompte un mini bobinage interne qui lui transforme les nerfs en vaseline et je cavale chercher Béru, ça va être à nous !