XXXIV

Zerk et Mo étaient sortis par la porte de secours donnant sur l’escalier de l’hôtel, et gagnèrent la rue sans rencontrer quiconque.

— On va où ? demanda Mo en montant dans la voiture.

— On va chercher un petit village au sud, à deux pas de l’Afrique. Des tas de bateaux et plein de mariniers prêts à un bon petit arrangement pour nous emmener de l’autre côté.

— Tu comptes traverser ?

— On avisera.

— Merde, Zerk, j’ai vu ce que t’as fourré dans ton sac.

— Le flingue ?

— Oui, dit Mo d’un ton mécontent.

— À notre halte dans les Pyrénées, quand je t’ai laissé dormir, j’étais à un kilomètre de mon village. Ça ne m’a pas pris plus de vingt minutes pour aller chercher l’arme du grand-père.

— T’es cinglé, qu’est-ce que tu veux foutre d’un revolver ?

— D’un pistolet, Mo. Un automatique 1935A, calibre 7,5 mm. Il date de 1940 mais, crois-moi, ça fonctionne.

— Et des munitions, t’as des munitions ?

— Une pleine boîte.

— Mais pour quoi faire, bon sang ?

— Parce que je sais tirer.

— Mais merde, t’as pas l’intention de tirer sur un flic ?

— Non, Mo. Mais faudra bien qu’on passe, non ?

— Je croyais que t’étais un type tranquille. Pas cinglé.

— Je suis un type tranquille. Mon père t’a sorti de la nasse, à nous de nous démerder pour ne pas y retourner.

— On passe tout de suite en Afrique ?

— On commence à démarcher auprès des bateaux. Si t’es pris, Mo, mon père y passe. J’ai beau ne pas le connaître, ce n’est pas une idée qui me plaît.

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