XXXVI

À seize heures quarante, Hélène Froissy achevait de régler dans la chambre d’Adamsberg le bon fonctionnement de la réception. Elle entendait bien la voix de Veyrenc, mais brouillée par celles de ses collègues alentour et par les raclements des pieds de chaises, les bruits de pas, le froissement du papier. La puissance du récepteur était trop élevée, il était inutile que le portable capte à plus de cinq mètres. C’était suffisant pour couvrir la surface du studio de Veyrenc et cela lui permettait d’éliminer une bonne partie des perturbations.

À présent, les paroles de Veyrenc lui arrivaient claires et nettes. Il discutait avec Retancourt et Justin. Froissy écouta quelques instants la voix légère et tamisée du lieutenant, tout en atténuant encore l’effet parasite des bruits de fond. Veyrenc s’asseyait à son bureau. Elle entendit le cliquetis des touches du clavier et puis des mots, dits pour lui seul. Je n’ai plus de caverne pour abriter ma peine. Froissy jeta un regard maussade à la table d’écoute, à ces engins du diable qui déversaient sans retenue les soucis de Veyrenc dans la chambre d’Adamsberg. Il y avait quelque chose de violent dans cet appareillage lancé aux trousses de Veyrenc. Elle hésitait à enclencher le dispositif, puis bascula un à un les interrupteurs. Une lutte de brutes, pensa-t-elle en refermant la porte, à laquelle elle venait de participer, pleinement responsable.

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