XLIX

Veyrenc n’était pas venu à Paris pour s’intéresser aux démêlés de la Brigade. Mais à neuf heures et demie du soir, le dîner de l’hôpital depuis longtemps avalé, il n’arrivait pas à fixer son attention sur le film. Agacé, il attrapa la télécommande et ferma le poste. Soulevant sa jambe, il se redressa sur le bord du lit, saisit sa béquille et avança à pas mesurés jusqu’au téléphone fixé au mur du couloir.

— Commandant Danglard ? Veyrenc de Bilhc. Donnez-moi des nouvelles.

— On l’a retrouvée, à trente-huit kilomètres de Paris, en suivant le chat.

— Je ne comprends pas.

— Le chat qui voulait rejoindre Retancourt, bon sang.

— D’accord, dit Veyrenc, sentant le commandant à bout de nerfs.

— Elle est entre la vie et la mort, nous sommes sur la route de Dourdan. En léthargie paralétale.

— Essayez de m’expliquer un peu, commandant. Il faut que je sache.

Pourquoi ? se demanda Danglard.

Veyrenc écouta l’exposé du commandant, beaucoup moins organisé qu’à l’ordinaire, puis raccrocha. Il posa la main sur la blessure de sa cuisse, expérimentant la douleur du bout de ses doigts, imaginant Adamsberg penché au-dessus de Retancourt, cherchant désespérément le moyen de haler son résistant lieutenant vers la vie.

Celle qui vous arracha naguère à la souffrance,

Vous la voyez couchée aux bornes de l’absence.

Ne cédez pas, Seigneur, à la désespérance,

Les dieux cléments retiendront leur vengeance

Et leurs bras apaisés feront don d’indulgence

Pour celui qui saura l’enlever à l’errance.

— On n’est pas encore endormi ? On n’est pas raisonnable, dit l’infirmière en le prenant par le bras.

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