26 Derrière un cadenas

Pas très contente d’elle, Egwene retourna jusqu’aux portes qu’elle avait négligées un peu plus tôt.

Elle est bien allée quelque part !

Dans la première pièce, les rares meubles disparaissaient quasiment sous des montagnes de linge sale et l’air empestait le renfermé comme s’il n’avait pas été renouvelé depuis un bon moment. En frissonnant, Egwene constata qu’il y avait des déjections de souris sur le sol. Mais pas d’autres traces. Deux autres portes lui révélèrent un spectacle similaire. Ça n’avait rien d’étonnant, car dans les quartiers des Acceptées, il y avait davantage de chambres vides que d’occupées.

Alors que la jeune femme refermait la troisième porte, elle aperçut Elayne et Nynaeve, qui avançaient à sa rencontre sans hâte particulière.

— Elle s’est cachée ? demanda Nynaeve. Là-dedans ?

— Je l’ai perdue…, avoua Elayne en sondant de nouveau la galerie dans les deux sens.

Où est-elle passée ?

Cette question ne concernait pas Else…

— Si j’avais su qu’Else te sèmerait, plaisanta Elayne, je me serais chargée de la poursuivre. Elle semble un peu trop en chair pour me distancer, non ?

Malgré son sourire, la Fille-Héritière semblait plutôt inquiète.

— Nous la retrouverons plus tard, dit Nynaeve, et nous ferons en sorte qu’elle tienne sa langue. Pourquoi la Chaire d’Amyrlin a-t-elle choisi une fille pareille ?

— Je pensais l’avoir rattrapée, souffla Egwene, mais c’était quelqu’un d’autre. Nynaeve, j’ai tourné le dos quelques secondes, et elle s’est volatilisée ! Pas Else, elle, je ne l’ai jamais vue, mais la femme que j’ai prise pour elle. Elle a disparu, comme par miracle.

— Une Sans-Âme ? demanda Elayne.

Elle regarda alentour, mais la galerie était toujours déserte.

— Non, non… Elle…

Non, je ne leur dirai pas que j’ai eu l’impression d’être une fillette avec la robe déchirée, le visage sale et le nez qui coule.

— Elle n’a rien à voir avec les Hommes Gris. Elle est grande, brune et belle comme un arc-en-ciel. Le genre de femme qu’on repère au milieu de mille personnes. Je ne l’avais jamais rencontrée, mais il doit s’agir d’une Aes Sedai… Je ne vois pas d’autres possibilités.

Nynaeve attendit une suite qui ne vint jamais. Fidèle à sa légende, elle s’impatienta vite :

— Si tu la revois, montre-la-moi… Enfin, si tu penses qu’il y a une bonne raison pour ça… Nous perdons du temps, à bavarder comme des pies. Je veux explorer cette réserve avant qu’Else ait vendu la mèche à la mauvaise personne. Les sœurs noires ont peut-être oublié derrière elles des choses importantes. Ne leur laissons pas une chance de corriger leur erreur, si c’est bien le cas.

Alors qu’elle avançait flanquée de ses amis, Egwene s’avisa qu’elle serrait toujours dans son poing l’anneau de pierre. Le ter’angreal de Corianin Nedeal… Non sans réticence, elle le glissa dans sa bourse dont elle noua soigneusement les cordons.

Tant que je ne vais pas dormir avec ce maudit… Hélas, c’est ce que j’ai prévu de faire.

Mais c’était pour le soir, et il semblait inutile de s’en inquiéter maintenant. Alors qu’elle traversait la tour, Egwene continua à guetter la silhouette blanche à la ceinture d’argent. Pour une raison qui la dépassait, elle fut soulagée de ne pas la repérer.

Je suis une femme adulte et très compétente, merci beaucoup !

Peut-être, mais elle se sentait quand même rassurée de n’avoir croisé aucune femme qui ressemble de près ou de loin à son inconnue. Parce que quelque chose clochait à propos de cette personne – quoi, elle n’aurait su le dire, mais ça ne changeait rien au fond du problème.

Au nom de la Lumière ! je vois l’Ajah Noir partout, y compris sous mon lit. Mais qui sait ? il y est peut-être…

La bibliothèque se dressait très près du tronc massif de la Tour Blanche. En pierre claire striée de bleu, elle ressemblait à une vague géante pétrifiée en pleine course. À l’intérieur de cette déferlante qui brillait comme du cristal sous le soleil du matin, une infinité de salles – plus nombreuses, sans nul doute, que dans bien des palais – contenaient des rayonnages lestés de livres, d’incunables, de rouleaux de parchemin, de feuilles volantes, de cartes et de chartes célestes. Un matériau précieux rassemblé au fil de trois millénaires dans toutes les nations du monde. Même les bibliothèques de cités comme Tear ou Cairhien n’étaient pas si complètes…

Les bibliothécaires, exclusivement des sœurs marron, veillaient sur les rayonnages et gardaient jalousement toutes les portes afin que le plus petit fragment de parchemin ne puisse pas sortir de leur fief sans qu’elles sachent qui l’avait emprunté et pourquoi. Mais ce n’était pas vers une de ces entrées presque infranchissables que Nynaeve guidait ses deux amies.

Autour de la base massive de la bibliothèque, à l’ombre de grands pacaniers, des trappes de toutes les tailles donnaient accès aux entrailles du bâtiment. Des domestiques ou des ouvriers avaient parfois besoin d’aller dans les réserves, au sous-sol, et les bibliothécaires refusaient que des hommes en sueur se déplacent au milieu de leurs trésors.

Nynaeve ouvrit une de ces trappes, pas plus grande que la porte d’une ferme, et fit signe à ses compagnes de la précéder dans un escalier qui s’enfonçait au cœur d’un océan de ténèbres. De fait, lorsque l’ancienne Sage-Dame eut laissé retomber la trappe derrière elle, il n’y eut plus du tout de lumière dans le passage.

Egwene s’ouvrit au saidar – il vint à elle si naturellement qu’elle s’aperçut à peine de ce qu’elle faisait – et canalisa un filet de Pouvoir qui jaillit en elle comme une source vive. Un moment, la sensation extatique provoquée par ce flux domina toutes les autres. Puis un petit globe de lumière bleue apparut au-dessus de sa main, lévitant dans l’air.

Grisée, Egwene fit l’effort de se ressaisir (par exemple, en se rappelant pourquoi elle avait du mal à s’asseoir et marchait avec une raideur de vieille dame), rétablissant ainsi son lien avec la réalité prosaïque du monde. De nouveau, elle sentit contre sa peau le contact de son chemisier, de sa robe et de ses bas de laine. Non sans regret, elle chassa de son cœur l’envie de puiser davantage dans la Source Authentique et de s’immerger dans un océan de saidar.

Elayne aussi avait invoqué un globe lumineux. Ainsi, le trio bénéficierait d’une lumière largement plus vive que celle de deux lanternes classiques.

— C’est une expérience merveilleuse…, murmura la Fille-Héritière.

— Oui, mais sois prudente, lui conseilla Egwene.

— Je le suis… C’est seulement que… Oui, oui, je serai prudente.

— Par là, dit sèchement Nynaeve avant de se mettre en chemin.

Elle ne prit pas beaucoup d’avance, ce qui ne lui ressemblait guère. Étant très calme – ou pas plus énervée que d’habitude –, elle avait besoin de la lumière que ses deux amies lui fournissaient.

Le couloir latéral où avançaient les trois femmes, passant devant toute une série de portes en bois enchâssées dans des murs de pierre grise, se déroula sur une bonne centaine de pas avant de déboucher dans le corridor principal, bien plus large, qui traversait toute la bibliothèque. Sur le sol poussiéreux, les trois femmes virent des empreintes de bottes – des couches superposées, certaines très récentes et d’autres bien plus anciennes et déjà à demi effacées.

Ici, le plafond était beaucoup plus haut et certaines portes auraient pu donner accès à une grange, en d’autres lieux. Au bout du couloir, l’escalier principal, très large, permettait de descendre au deuxième sous-sol les objets encombrants. Nynaeve s’y engagea d’un pas décidé, guidant ses amies plus profondément dans les entrailles de la bibliothèque.

Egwene emboîta le pas à l’ancienne Sage-Dame. La lumière bleue inondait le beau visage d’Elayne, mais son amie continuait à la trouver un peu faiblarde, attendu la quantité de Pouvoir impliquée.

Ici, nous pourrions crier à nous en casser la voix, et personne n’entendrait ne serait-ce qu’un murmure…

Elle sentit un éclair prendre forme en elle – ou du moins, le potentiel d’énergie nécessaire pour qu’il jaillisse de ses mains – et faillit en trébucher de surprise. Jusque-là, elle n’avait jamais canalisé deux flux en même temps. À première vue, ça ne semblait pas très difficile.

Au deuxième sous-sol, le corridor principal ressemblait en tout point à celui du premier, n’était un plafond un peu moins haut. Nynaeve marcha jusqu’à la troisième porte sur la droite et s’immobilisa.

Le battant n’était pas bien large, mais il donnait l’impression d’être très épais, sans doute parce qu’il était en bois brut. Une épaisse chaîne fermée par un gros cadenas défendait l’accès de la réserve. Fixée à un anneau scellé dans le mur et à un autre intégré à la porte, la chaîne, comme le cadenas, semblait être un ajout récent. L’absence de poussière sur le métal encore brillant acheva de convaincre Egwene que c’était bien le cas.

— Un cadenas ! s’écria Nynaeve.

Elle tira sur la chaîne et n’obtint aucun résultat, car on n’avait pas prévu un dixième de pouce de jeu.

— Vous en avez vu un ailleurs ? (Nynaeve secoua le cadenas, puis le propulsa si fort contre la porte qu’il rebondit un peu en produisant un vacarme de fin du monde.) Moi, je n’ai pas vu une autre porte fermée ! (Elle flanqua un coup de poing sur le battant.) Pas une seule !

— Du calme, dit Elayne. Inutile de faire un esclandre. Si je parvenais à voir comment il fonctionne à l’intérieur, je pourrais ouvrir ce fichu cadenas. Sinon, nous en viendrons à bout d’une manière ou d’une autre.

— Je ne veux pas me calmer ! brailla Nynaeve. Au contraire, je veux exploser de rage. Et bouillir de…

Cessant d’écouter, Egwene posa une main sur la chaîne. Pendant son absence de Tar Valon, elle n’avait pas seulement appris à lancer des éclairs. Entre autres choses, elle s’était découvert une affinité avec les métaux. Ce don lui venait de la Terre, un des deux Pouvoirs, sur les cinq, que les femmes ne dominaient en général pas – l’autre étant le Feu – mais il y avait des exceptions. Ainsi, elle pouvait sentir la chaîne de l’intérieur, analysant très finement sa composition et la manière dont les plus infimes fragments de métal se combinaient. Et en elle, la Terre réagissait en rythme avec les harmoniques spécifiques de cet objet.

— Écarte-toi de là, Egwene !

La jeune femme se retourna et vit Nynaeve, auréolée de la lueur du saidar, approcher avec entre les mains un pied-de-biche d’un bleu-blanc si proche de celui de l’aura qu’elle en devenait presque invisible. L’ancienne Sage-Dame regarda la chaîne, le front plissé, et marmonna quelque chose au sujet de l’effet de levier. Aussitôt, la longueur de son pied-de-biche doubla.

— Egwene, écarte-toi !

La jeune femme obéit.

Passant le bout plié de son pied-de-biche sous un maillon de la chaîne, Nynaeve poussa un peu pour avoir assez d’emprise, puis elle fit levier vers le haut, donnant un coup sec de toutes ses forces. La chaîne se brisa comme un vulgaire morceau de fil. Poussant un petit cri, la cambrioleuse improvisée recula de plusieurs pas et lâcha son pied-de-biche, qui tomba sur le sol dans un vacarme assourdissant. Dès qu’elle eut repris son équilibre, Nynaeve, les yeux écarquillés de surprise, regarda la chaîne puis l’outil – qui se désintégra sous ses yeux.

— J’ai dû faire quelque chose à la chaîne, dit Egwene.

Et je donnerais cher pour savoir quoi !

— Tu aurais pu m’en informer, marmonna Nynaeve. (Elle retira la chaîne brisée des anneaux et ouvrit la porte.) Alors, vous allez rester plantées là toute la journée, les filles ?

La réserve, assez grande au demeurant, contenait uniquement une pile de sacs en tissu gris. Tous étaient bien remplis, étiquetés et scellés avec un cachet arborant la Flamme de Tar Valon. Sans avoir besoin de les compter, Egwene sut qu’il y avait là treize ballots.

Elle fit léviter son globe lumineux jusqu’au mur et l’y fixa. Elle n’aurait su dire comment elle s’y était prise, mais lorsqu’elle s’éloigna, le globe resta où il était.

Je continue à faire de nouvelles choses sans savoir comment, et ça n’est pas très rassurant…

Elayne regarda son amie, dubitative, puis elle entreprit de fixer elle aussi son globe. En la regardant faire, Egwene eut l’impression de comprendre comment elle avait elle-même procédé.

J’apprends des choses aux gens, et je saisis ce que j’ai fait lorsqu’ils m’imitent…

De quoi être quelque peu perturbée…

Nynaeve désempila les sacs et entreprit de lire les étiquettes.

— Rianna… Joiya Byir… C’est bien ce que nous cherchons.

Elle étudia le sceau d’un premier ballot, brisa la cire et dénoua la cordelette de fermeture.

— Au moins, nous sommes les premières…, murmura-t-elle.

Egwene choisit un sac et brisa le sceau sans regarder le nom qui figurait sur l’étiquette. Tant qu’à faire, elle préférait ignorer l’identité de la sœur dont elle violait l’intimité. Une fois qu’elle eut vidé le sac sur le sol, elle découvrit un mélange de vieux vêtements et de chaussures usées. Dans ce fatras, elle remarqua quelques fragments de parchemin froissé. Bref, le contenu typique de l’armoire d’une femme qui ne demandait pas souvent qu’on fasse le ménage dans sa chambre.

— Je ne vois rien d’intéressant… Une cape mitée même plus bonne à servir de serpillière… La moitié de la carte d’une cité. Tear, si je lis bien ce qui est écrit dans un coin. Trois bas qu’il aurait fallu repriser… (Egwene ramassa un escarpin solitaire et passa l’index dans un trou béant, à l’emplacement de l’orteil.) Cette sœur noire n’a laissé aucun indice derrière elle…

— Amico n’a rien abandonné non plus, annonça Elayne. Il pourrait tout aussi bien s’agir de vieux chiffons… Attendez ! Je vois un livre… La personne qui a rempli ce sac devait être bien pressée pour l’y jeter… Les Coutumes et les Cérémonies à la cour de Tear… La couverture est arrachée, mais les bibliothécaires voudront quand même récupérer l’ouvrage.

Une absolue certitude. En si mauvais état qu’il fût, on ne jetait jamais un livre !

— Tear…, répéta Nynaeve. Tear…

Agenouillée devant le contenu du sac qu’elle avait vidé, elle fouilla dans les vieux vêtements pour retrouver un fragment de parchemin qu’elle avait jugé sans importance.

— Une liste des navires de commerce qui circulent sur l’Erinin… Avec la date du départ de Tar Valon, et celle où ils sont censés atteindre le port de Tear…

— Peut-être une simple coïncidence…, dit Egwene.

— Possible, oui…, concéda Nynaeve.

Elle plia le fragment de parchemin et le glissa sous sa manche. Puis elle brisa le sceau d’un autre sac.

Quand elles eurent terminé, chaque sac fouillé deux fois, les vieilles chaussures et les haillons repoussés aux quatre coins de la pièce, Egwene s’assit sur un des sacs vides. Plongée dans ses pensées, elle releva les genoux et observa attentivement les objets que ses compagnes et elles avaient laissés au centre de la réserve.

— C’est trop gros…, dit Elayne. Trop évident…

— Oui, trop évident, répéta Nynaeve.

Les trois amies avaient trouvé un deuxième livre dont la moitié des pages étaient débrochées. Impressions après un séjour à Tear… Dans la doublure d’une cape déchirée appartenant à Chesmal Emry, où elle avait pu glisser la main à partir d’une des poches trouées, Egwene avait trouvé une autre liste de navires commerciaux. Celle-ci ne contenait que des noms, mais tous figuraient sur l’autre liste, et après recoupement, il s’agissait de bateaux qui avaient levé l’ancre le matin de la disparition de Liandrin et de ses complices.

La fouille avait également mis au jour le croquis d’un grand bâtiment, la seule salle nommément désignée étant le Cœur de la Pierre… Sur un autre morceau de parchemin, cinq raisons sociales d’auberge figuraient sous un titre à demi effacé mais encore lisible : « Cité de Tear »…

Et il y avait aussi…

— Chacune a laissé un indice, dit Egwene. Un élément qui milite en faveur d’un départ commun pour Tear… Si ces affaires ont été fouillées avant d’être entreposées ici, qui a pu laisser passer ça ? Personne, je suppose… Dans ce cas, pourquoi la Chaire d’Amyrlin ne nous a-t-elle rien dit ?

— Notre mère tisse sa toile à sa façon, lâcha Nynaeve, et que lui importe que nous nous y engluions ! (Elle prit une grande inspiration et toussa à cause de la poussière que ses compagnes et elle avaient remuée.) Ce qui me dérange, c’est d’être devant un appât.

— Un appât ? s’étonna Egwene.

Mais elle saisit avant même que l’ancienne Sage-Dame lui ait répondu.

— Un appât, oui… Comme un morceau de fromage dans un piège à souris. Ou une diversion… Mais qu’il s’agisse d’un traquenard ou d’un leurre, c’est trop gros pour fonctionner !

— Sauf si les sœurs noires se fichaient que leur ruse marche ou non…, avança Elayne. Ou plus pervers encore, si elles sont allées pour de bon à Tear, le « piège » visant à nous éloigner de la bonne piste.

Egwene aurait préféré croire que l’Ajah Noir n’était pas capable d’ourdir un plan si machiavélique, mais elle dut admettre que ça se tenait. Non sans surprise, elle s’aperçut qu’elle avait saisi sa bourse entre le pouce et l’index, suivant du bout de celui-ci les contours irréguliers de l’anneau de pierre.

— C’est peut-être une sorte de défi… Une façon de se moquer de la Tour Blanche… Comme si nous étions assez outragées et assez stupides pour foncer tête baissée dans le traquenard.

— Par le sang et les cendres ! s’écria Nynaeve.

Ses compagnes sursautèrent, car elle n’était pas coutumière de ce langage un peu leste.

Un long moment, les trois amies contemplèrent en silence leur pêche qui n’avait rien de miraculeux.

— Et maintenant, que faisons-nous ?

Egwene serra très fort l’anneau de pierre. Le don du Rêve était très proche de la voyance. Dans les songes d’une Rêveuse, on pouvait découvrir des événements à venir ou qui se déroulaient en d’autres lieux.

— Nous le saurons peut-être demain matin, souffla la jeune femme.

Nynaeve la dévisagea un moment, le visage de marbre. Puis elle s’empara d’une jupe noire moins trouée que les autres frusques et enveloppa dedans le butin de leurs recherches.

— Pour l’instant, nous cacherons tout ça dans ma chambre. Il faut partir, si nous ne voulons pas être en retard pour la corvée de plonge…

En retard…, pensa Egwene.

Plus elle serrait l’anneau de pierre, plus il lui semblait que le temps pressait.

Nous avons déjà une longueur de retard, mais avec un peu de chance, nous ne serons pas irrémédiablement distancées…

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