CHAPITRE XII

Hadj Aidid Ziwani, assourdi par le grondement du rotor, regardait les collines vertes défiler sous le Bell. Dans cette zone, le Kenya ressemblait à la Suisse. Étreint par un sale pressentiment. C’était la première fois depuis longtemps, qu’il se mêlait directement à une opération. Et quelle opération ! Le kidnapping d’un agent de la CIA. Il n’ignorait pas l’acharnement avec lequel les Américains traquaient ceux qui se conduisaient comme lui. Khamsi Youssouf, le Pakistanais qui avait tiré sur des agents de la CIA à l’entrée de Langley, avait été traqué pendant des années à travers le monde, jusqu’à ce qu’il soit « vendu » aux Américains par son meilleur ami à Islamabad, alors qu’il se croyait sorti d’affaire...

C’est le sort qui attendait Hadj Aidid Ziwani si les Américains apprenaient son implication. Le reste de sa vie en prison. Ou une bombe qui explose dans l’hélico. Il était sûr d’Hassan Timir, l’homme qui lui avait demandé ce service mais il craignait les bavardage plus tard : il était un homme en vue, avec des ennemis.

Il y eut quelques trous d’air et il resserra son harnais. Il jeta un coup d’œil sur sa Breitling : encore une heure avant de se poser dans sa propriété, à Nyali. Ensuite il allait compter les minutes pour être débarrassé de son encombrant colis... Plongé dans sa méditation morose, il sursauta quand le pilote, un Néerlandais, ôta ses écouteurs radio et se pencha vers lui.

— Sir, je viens de recevoir un message de Wilson Airport. Après notre départ, un type bizarre est venu poser des questions sur vous et sur ce que nous emportions à Mombasa. Ils se demandent si ce n’est pas un agent de la lutte antidrogue...

Le milliardaire kenyan sentit son cœur se rétrécir. Comment avaient-ils pu savoir ?

— C’était un muzungu!

— Non. Un Kenyan. Donc, c’était moins mauvais. Il se força à sourire.

— Merci. Il y a toujours des emmerdeurs.

Il se retourna, fixant le sac de jute, à l’intérieur duquel était enfermé le prisonnier. Refrénant une furieuse envie de le balancer par-dessus bord. Provisoirement, cela résoudrait son problème. Mais on découvrirait bien le corps, et alors... Sans parler de ses partenaires qui seraient furieux. Jeter par-dessus bord trois millions de dollars... Il refréna une envie pressante d’appeler ceux qui devaient venir prendre livraison de son encombrant passager à Mombasa. Il ne voulait pas laisser de trace...

Il ne restait plus qu’à prier Allah pour que le transfert à Mombasa se fasse rapidement. Une fois débarrassé de l’otage, on ne pourrait plus rien prouver contre lui...

Le Turbo-Prop filait à 240 nœuds à l’heure dans un ciel limpide. Déjà, on apercevait la ligne de la côte dans le lointain. « Wild Harry » trépignait intérieurement, consultant sa montre toutes les trois minutes. La Station de la CIA de Nairobi était sens dessus dessous. Tout tournait autour de la récupération de Malko. À côté de lui, Paul, la bouche ouverte, somnolait.

Normalement, on devait les attendre à l’aéroport de Mombasa, avec de la « quincaillerie » et un véhicule. Paul était bien organisé.

Enfin, l’aéroport apparut dans le lointain, situé à une vingtaine de kilomètres de Mombasa, à l’intérieur des terres. Aucun appareil ne se trouvait sur le tarmac. Il y avait très peu de vols, sauf en saison touristique.

Le Turbo-Pop commença sa descente et ils attachèrent leur ceinture. En sentant les roues toucher le sol, « Wild Harry » poussa un soupir de soulagement intérieur. Il restait à gagner sa course contre la montre.


* * *

Bashir Aden, assis sur ses talons, à l’extrémité du promontoire dominant le marché aux poissons du vieux port de Mombasa, regardait le petit « dhow » en train de remonter le bras de mer pour venir s’amarrer en face de la berge. Il venait de Merka et faisait escale régulièrement à Mombasa pour y vendre son poisson séché avant de repartir en Somalie avec des vivres et différentes marchandises. Le patron du « dhow » était le cousin d’un des chefs pirates d’Hobyo. Il avait été prévenu de la cargaison particulière qu’il allait ramener en Somalie. Bashir Aden qui travaillait en liaison étroite avec les pirates, avait tout organisé. Dès que le « dhow » serait prêt à repartir, il enverrait un fourgon chez Hadj Aidid Ziwani pour ramener le « colis » qui prendrait aussitôt la mer.

Le déchargement et la vente du poisson allaient prendre environ trois heures. Il ferait donc totalement nuit. Discrétion parfaite, et, dans ce quartier somalien, personne ne posait de question.


* * *

Le 4x4 Hyundai rebondissait de trou en trou, fonçant vers la route côtière, Mombasa-Kilifi. Celle de l’aéroport était entièrement bordée de bidonvilles qui s’étendaient sans arrêt. Une marée de tôle ondulée. « Wild Harry », assis à côté du conducteur, un ami de Paul, petit, moustachu et trapu, regardait le paysage, distrait, baissant sans arrêt les yeux sur son chronographe. Problème : ils n’avaient pu trouver personne pour aller planquer devant la résidence du milliardaire. Impossible donc de savoir si l’hélico s’était déjà posé. Et si on était déjà venu prendre livraison de Malko, si ce dernier se trouvait dans l’hélico.

Ils arrivèrent à la route côtière, la franchirent et s’enfoncèrent dans Nyali, laissant le Nyali Bridge à leur droite. L’environnement changea complètement.

Plus de bidonvilles mais des propriétés luxueuses, des hôtels modernes et une énorme balle de golf annonçant le Nyali Beach Golf. On se serait cru en Floride.

Plus ils s’approchaient de la mer, plus les villas étaient somptueuses.

Le chauffeur se perdit plusieurs fois : les rues ne portaient pas de noms. Enfin, à force de se renseigner, ils débouchèrent dans une allée au sol inégal, parallèle à la mer, bordée de propriétés entourées de hauts murs.

— This is Kangocho road ! annonça l’homme qui conduisait. The Honorable Hadj Aidid Ziwani leaves here.

Il désignait une énorme villa en pierres roses, isolée au milieu d’un parc plein de flamboyants et de bougainvilliers. Une merveille. Ils s’approchèrent et arrêtèrent le véhicule. Un vigile Noir en tenue bleu bâillait aux corneilles devant la grille et une plaque de cuivre annonçait que la propriété était protégée électroniquement par « Texas Security ».

« Wild Harry » s’approcha du vigile, qui salua automatiquement. Un homme simple qui avait encore le respect de l’homme blanc.

— Dis donc, elle est belle la maison ! lança l’Américain. J’en cherche une comme ça.

L’autre se rengorgea, fier comme Artaban.

— Oh, Bwana, des comme ça, il n’y en a pas ! L’Honorable a fait venir toutes les pierres de Syrie pour la construire. C’est la plus belle de Nyali.

— C’est qui ton patron ?

— Un homme très riche et très bon, récita le vigile, l’Honorable Hadj Aidid Ziwani. Il était au Parlement. Maintenant, il fait seulement le bien et il s’occupe de sa nouvelle femme.

« Wild Harry » sourit à ce portrait idyllique.

— Il est là, en ce moment ?

— Il vient juste d’arriver avec son hélicoptère de Nairobi. il y a un quart d’heure à peine.

— Personne ne l’attendait ?

Le vigile regarda son interlocuteur, surpris par la question.

— Sa dernière femme. C’est tout. Quand l’Honorable n’est pas là, il n’y a pas de visites, ce ne serait pas convenable...

« Wild Harry » sentit son cœur se dilater de bonheur. Si son hypothèse était bonne, tous les espoirs étaient permis. Il avait gagné la course contre la montre.

— Écoutes, dit-il, je voudrais rencontrer ton patron. Le vigile le fixa, soudain méfiant.

— Vous le connaissez ?

— Non, mais je suis sûr qu’il voudra me rencontrer. L’Ascari secoua la tête.

Bwana, je ne peux pas le déranger.

Sans se démonter, « Wild Harry » tira une carte de sa poche et y ajouta un billet de 100 shillings.

— Tu vas aller lui donner ceci.

Paniqué, l’ascari bredouilla.

— Moi, Bwana, je n’ai pas le droit de parler à l’Honorable.

— Alors, va porter cette carte à quelqu’un qui lui parle, insista « Wild Harry ».

Il souriait toujours. Le vigile empocha les 100 shillings, prit une énorme clef dans sa poche et ouvrit la serrure de la grille. Il était à peine à l’intérieur que Paul surgit derrière lui, passa son énorme bras autour de son cou et serra jusqu’à ce que le malheureux tombe, à moitié étranglé. Paul le posa délicatement sur le sol. Ce n’était pas de la méchanceté gratuite, mais le seul moyen pour que le propriétaire de la villa ne punisse pas le pauvre ascari.

Après avoir tiré le corps sous un flamboyant, les cinq hommes se dirigèrent vers le perron de marbre. Au fond de la pelouse, « Wild Harry » aperçut un hélicoptère garé sur son aire.

— Paul, va voir ! souffla-t-il.

La nuit était en train de tomber... Paul se précipita et revint, quelques instants plus tard.

— Il n’y a rien dans l’appareil.

— O.K. On y va.

Ils montèrent le perron. La lourde porte de fer forgé était fermée, mais il y avait une sonnette. « Wild Harry » appuya et laissa son doigt enfoncé.


* * *

Hadj Aidid Ziwani susauta en entendant la sonnette. Normalement, personne ne l’utilisait : lorsqu’un visiteur se présentait, le vigile prévenait par walkie-talkie un membre du personnel qui venait s’enquérir auprès de lui s’il était attendu.

— Il y a des gens qui viennent ? demanda Jamila, déçue.

Elle avait passé une partie de la journée à se maquiller et avait hâte de montrer à son époux à quel point il lui avait manqué. Drapée dans un long sari orange, elle se savait extrêmement désirable. D’habitude, à chacun de ses retours, Hadj Aidid Ziwani s’en servait, utilisant tous ses orifices, n’étant pas sectaire...

— Peut-être, répondit prudemment Hadj Aidid.

Pensant brusquement à ceux qui devaient venir chercher le « colis ». Normalement, ils auraient dû l’appeler avant, afin de s’assurer de son retour, mais ils avaient pu oublier. On était en Afrique...

— Envoie Said, suggéra Jamila.

— Non, j’y vais moi-même.

Il descendit l’escalier majestueux menant à l’immense hall d’entrée. Apercevant de l’autre côté de la porte plusieurs silhouettes. Ce qui le rassura.

Souriant, il avança, allumant le projecteur éclairant le perron.

Il eut l’impression que son cœur s’arrêtait. Il y avait cinq personnes dehors : quatre Africains et un Blanc. Costaud, des lunettes, les cheveux courts.

Ce n’étaient pas ceux qu’il attendait. Il faillit faire demi-tour, remonter et appeler la police. Les policiers de Nyali lui obéissaient au doigt et à l’œil. S’il appelait au secours, ils arriveraient immédiatement... Seulement, il y avait ce Blanc. Qui était-il ?

Tandis qu’il hésitait, celui-ci frappa le verre épais de la porte pour attirer son attention.

Le pouls d’Hadj Aidid Ziwani grimpa vertigineusement. L’homme avait frappé le verre avec la crosse d’un pistolet ! Ce n’étaient pas des amis. Il sentit ses jambes se dérober sous lui. Bien sûr, la porte était fermée à clef, le « colis » était dans le sous-sol et il pouvait appeler la police.

Mais après ?

D’un effort surhumain, il plaqua un sourire sur son visage, s’avança, ouvrit la lourde porte et demanda.

— Gentlemen, good evening ! Who are you ?

« Wild Harry » lui rendit son sourire. Il avait remis dans sa ceinture qui le boudinait un peu le Coït 45 fourni par les amis de Paul. Derrière lui, les quatre Kenyans, massifs et silencieux, n’étaient pas rassurants. « Wild Harry » lui tendit sa carte. Hadj Aidid Ziwani crut s’évanouir en lisant la mention « American Embassy. First Secretary ».

— Vous êtes diplomate, demanda-t-il. Pourquoi cette visite inopinée ?

« Wild Harry » continuait à sourire. Il entra, suivi de ses acolytes et reprit sa carte.

— Je ne suis pas diplomate, dit-il paisiblement. Je travaille pour le Service de Renseignements qui s’appelle la Central Intelligence Agency.

Hadj Aidid eut l’impression qu’il s’enfonçait dans le sol.

— Mais que...

— J’ai des raisons de penser, continua « Wild Harry » que vous détenez un de nos agents, un certain Malko Linge, qui a été kidnappé par des amis à vous, à Nairobi, dans le bungalow N° 20 du block Flamingo de l’hôtel Safari Park que vous louez à l’année. Il est possible que vous l’ayez amené ici, dans votre hélicoptère.

Hadj Aidid Ziwani avala trois fois sa salive avant de pouvoir protester.

— C’est complètement fou ! Je suis un citoyen respectable et respecté. J’ai été pendant quinze ans membre du Parlement. Je peux appeler la police et vous faire arrêter immédiatement. Vous vous êtes introduit illégalement dans ma propriété. Nous ne sommes plus au temps de la colonisation. Le Kenya est un pays souverain.

Il postillonnait tellement que « Wild Harry » recula un peu, mais enchaîna du même ton neutre.

— Je vais donc vous faire une proposition. Vous maintenez n’être pour rien dans cette affaire. O.K. Nous allons fouiller cette propriété. Si nous ne trouvons rien, je repartirai et vous recevrez une lettre d’excuses de son Excellence l’ambassadeur des États-Unis. Dans le cas contraire, si je retrouve ici la personne que je recherche, je vous tirerai une balle dans le ventre, de façon à ce que vous ayez le temps de réfléchir à ce que vous avez fait, avant de vous en mettre une dans la tête. Décidez-vous.


* * *

Hadj Aidid Ziwani n’arrivait pas à articuler un mot. Cet homme massif, courtois et, visiblement très dangereux, le terrifiait. Il sentait que ce n’était pas une menace en l’air.

Said, son maître d’hôtel, avait surgi et attendait ses ordres en silence, ne comprenant rien à la situation. On aurait dû l’appeler pour offrir des boissons aux visiteurs. Hadj Aidid Ziwani oscillait sur lui-même, en proie à un vertige. Les lèvres scellées. Quoi qu’il dise, il en résulterait des catastrophes. Finalement, sous le regard perçant du Blanc, il baissa la tête et se tourna vers le maître d’hôtel, lui lançant une longue phrase en somalien... L’autre disparut aussitôt.

— Je crois que vous avez pris la bonne décision, laissa tomber « Wild Harry ». Cela allonge votre espérance de vie. Avec tout ce que vous possédez, ce serait bête de mourir prématurément...


* * *

Malko était plongé dans une sorte de torpeur malsaine lorsqu’il se rit qu’on le remettait debout. Il avait réalisé avoir été transporté en hélicoptère, et s’attendait à un second transport, par mer cette fois.

Soudain, quelqu’un défit les liens fermant le sac qui retomba autour de lui. Il aperçut deux visages inconnus et terrifiés, la peau très sombre. Les deux hommes l’aidèrent à se dégager du sac, arrachèrent avec précaution son bâillon de scotch, tranchèrent les liens qui immobilisaient ses chevilles et ses poignets, puis lui firent signe de les suivre.

Ils montèrent un escalier de pierre en colimaçon, débouchant dans un hall éclairé, au plafond très haut. Un homme s’y tenait de dos, et face à lui, il aperçut la bonne bouille de « Wild Harry », accompagné de quatre Africains, dont Paul.

Il était sauvé.

« Wild Harry » lui adressa un signe joyeux et demanda.

— Vous êtes O.K. ?

— Ça va, fit Malko, j’ai soif.

— Donnez-lui un jus de mangue, lança « Wild Harry » au maître d’hôtel. C’est frais. Si on s’asseyait quelque part, je crois que nous avons des choses à nous dire...

Ils gagnèrent un salon meublé à l’arabe, avec des rideaux verts et des canapés assortis le long des murs, des tables basses et des tapis. « Wild Harry » désigna Hadj Aidid Ziwani à Malko.

— C’est ce gentleman qui vous a amené de Nairobi dans son hélicoptère. Et qui a eu l’obligeance de vous libérer à ma demande...

Hadj Aidid Ziwani baissa la tête. En dépit de ses milliards, il se sentait tout petit et tout faible. « Wild Harry » se tourna vers lui et demanda suavement.

— Dites-nous donc ce que vous aviez l’intention de faire de mon ami, Honorable. Vous ne vouliez pas l’enterrer dans votre parc...

Le Somalien sursauta.

— Je n’ai jamais eu l’intention de lui faire du mal...

— Mais encore ? Il baissa la tête.

— On devait venir le chercher.

— Pour en faire quoi ?

— L’emmener en Somalie. En bateau, je pense. Silence. « Wild Harry » laissa le Somalien cuire dans son jus un long moment avant de dire.

— Honorable Aidid Ziwani, je pense que vous êtes conscient d’avoir participé à un crime extrêmement grave. Le kidnapping d’un agent de la CIA et, qui plus est, en mission. Vous savez comment nous traitons ce genre d’affaire. Certes, au Kenya, vous ne risquez rien, grâce à vos protections. Mais nous ne laissons jamais ce genre de crime impuni. Il y a un « executive order » du Président des Etats-Unis qui nous permet de punir les coupables, même de façon illégale...

Vous pouvez, à votre tour, être kidnappé et envoyé en prison aux États-Unis pour le restant de vos jours. Ou subir un sort plus brutal.. Bref, vous êtes dans une situation délicate... Hadj Aidid Ziwani leva un regard misérable.

— Voulez-vous un don ? Un don important.

« Wild Harry » ne put s’empêcher de sourire.

— C’est un geste qui vous honore, Honorable, mais nous ne manquons pas d’argent. Bien, je pourrais repartir d’ici avec vous, mais j’ai peut-être une autre solution à vous proposer. Une question : si on vous avait prévenu que je vous attendais ici, qu’auriez-vous fait de votre « colis » ?

Hadj Aidid Ziwani baissa la tête.

— Je m’en serais débarrassé, avoua-t-il d’une voix imperceptible.

— Comment ?

— Pendant le vol, bredouilla-t-il.

— Autrement dit, continua impitoyablement « Wild Harry », vous l’auriez jeté par-dessus bord.

Le Somalien ne répondit pas, la tête sur sa poitrine.

— Eh bien, conclut « Wild Harry », voici ce que je vous propose : quand les gens chargés de « transférer » notre ami en Somalie vont se présenter pour prendre livraison de leur otage, expliquez leur que vous avez été obligé de vous en débarrasser en le jetant par-dessus bord. Parce qu’on vous avait dit que des policiers vous attendaient ici. Ils vont donc repartir sans lui. Nous serons déjà partis. Donc, personne ne pourra rien prouver.

Hadj Aidid Ziwani releva la tête.

— Pourquoi voulez-vous que je fasse cela ?

Le sourire de « Wild Harry » s’épanouit.

Parce que désormais, nous sommes alliés... Il se trouve que nous aurons peut-être besoin de vous...

— Pour quoi faire ?

— Je ne peux pas vous le dire encore. Mais si vous coopérez de façon satisfaisante, nous oublierons cet épisode désagréable et vos amis ne pourront pas vous reprocher un moment d’affolement... Qu’en dites-vous ?

Un long moment s’écoula avant qu’il entende les mots qu’il attendait.

— Je suis d’accord, bredouilla l’Honorable Hadj Aidid Ziwani.

— Parfait, conclut « Wild Harry » en tendant un bloc au Somalien. Inscrivez ici tous vos numéros de téléphone ; je vais vous laisser le mien. Il faudra toujours répondre.

Lorsque le Somalien eut terminé, il reprit son bloc, se leva et lui lança.

-It’s good to know that, now, we have a friend in Mombasa.

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