CHAPITRE XI

Harold Chestnut pénétra dans la galerie du rez-de-chaussée du Century Plaza, dans Marna Ngina road qui abritait le « Dahab Sheel » du colonel Mukaka. Une galerie marchande animée d’où partait un grand escalier menant au premier étage. Le bureau de change, sur la droite, se signalait par une longue façade de verre dépoli, couverte de slogans proposant des transferts partout dans le monde au meilleur prix.

Lorsqu’il entra, il y avait la queue à tous les guichets et des clients attendaient sur un banc. « Wild Harry » gagna la cage vitrée du caissier et annonça :

— Je viens voir le colonel John Makuka.

— Il vous attend ? Je ne sais pas s’il est là, fit la caissière, nettement réservée.

« Wild Harry » prit une carte de l’ambassade américaine et la lui tendit.

— Donnez-lui ça et dites-lui que c’est urgent...

Il alla s’asseoir sur un banc et déplia « The Standard ». Trois minutes plus tard, la fille vint le chercher. Ils suivirent un couloir contournant tous les comptoirs jusqu’à un petit bureau au fond, à la porte vitrée portant l’inscription « Manager ».

Un Africain de haute taille l’attendait debout, jouant avec sa carte de visite. Noir comme de l’anthracite, un peu boudiné dans une chemise rose qui détaillait son embonpoint, le front dégarni, les cheveux très courts et des yeux de saurien en amande, presque inexpressifs sous les lourdes paupières. Il adressa un sourire à « Wild Harry ».

— Je croyais que vous étiez à la retraite.

L’Américain s’assit et lui rendit son sourire.

— J’étais. Puis on m’a rappelé, à cause de ce qui se passe au nord.

— Je vois. Vous avez de l’argent à transférer ? Je vous ferai un prix intéressant.

« Wild Harry » alla droit au but.

Nope. J’ai besoin d’une information. Que vous pouvez sûrement me donner.

L’ex-colonel Makuka secoua son poignet où scintillait un énorme chronographe Breitling en or plus que massif.

— Oh, j’ai décroché ! affirma-t-il. Maintenant, je ne pense qu’au business.

« Wild Harry » ne se laissa pas intimider.

— Un de nos agents a été kidnappé hier soir, commença-t-il et je suis chargé de le retrouver ; vous pouvez m’aider...

Il lui raconta ce qui s’était passé au Safari Park, concluant :

— Je dois savoir qui loue ce bungalow. Très vite.

Officiellement, on y arrivera, mais cela prendra du temps. Trop de temps. Alors, j’ai pensé à vous.

John Makuka ferma presque les yeux.

— Les gens vous oublient vite, fit-il. Je vais essayer de me renseigner mais je ne vous garantis rien.

Il se retourna, prit une carte sur son bureau et la tendit à « Wild Harry ».

— Rappelez-moi dans deux ou trois jours.

L’Américain regarda la carte, la mit dans sa poche, fixa les yeux de saurien et dit d’une voix égale.

— Ce n’est pas avec vos économies que vous avez monté cette affaire.

John Makuka fronça les sourcils.

— Que voulez-vous dire ?

— Il y a quelques années, vous avez aidé l’Agence à s’emparer d’Abdullah Ocalan, le leader indépendantiste kurde, répondit « Wild Harry ». Moyennant cinq millions de dollars en billets qui avaient été dérobés aux amis d’Ocalan. Je pense que cela vous a beaucoup aidé à vous mettre à votre compte. Évidemment, peu de gens sont au courant, y compris dans votre ancienne maison. Et surtout, les Kurdes ne sont pas au courant. Or, les Kurdes sont des gens vindicatifs... Imaginez qu’ils découvrent votre rôle dans cette affaire... Un jour, un « client » entrera dans ce bureau de change, viendra jusqu’à ce bureau et vous rafalera.

Il fit une courte pause et continua.

— J’ai besoin du nom de cette personne aujourd’hui. Je serai là à cinq heures.

Il se leva et sortit du bureau sans même serrer la main de John Makuka et gagna la sortie. Plutôt optimiste. L’ex-colonel du NSI savait jauger les gens : il avait bien vu que « Wild Harry » ne plaisantait pas.

Ce dernier claudiqua jusqu’au Hilton le long duquel il avait garé son vieux 4x4. Essayant de ne pas penser au temps qui s’écoulait.


* * *

Malko ne put s’empêcher de sursauter en entendant la porte du local où il était détenu s’ouvrir pour la seconde fois. À vue de nez, deux heures s’étaient écoulées depuis l’annonce de son transfert en Somalie. Cette fois, on ne lui ôta pas sa cagoule. Quelqu’un le prit sous les aisselles pour le mettre debout, puis d’autres mains lui saisirent les chevilles, le faisant décoller du sol. En sentant un tissu glisser le long de ses jambes, il comprit ce qui se passait : on le mettait dans un sac !

Il en eut la confirmation lorsqu’on lui arracha sa cagoule. Il eut le temps de voir un sac de jute remonté à hauteur de sa poitrine.

Trois hommes s’affairaient autour de lui. L’un d’eux lui appliqua une large bande de scotch marron sur la bouche afin de l’empêcher de parler ou de crier. Et ensuite, on lui remit sa cagoule. Il sentit qu’on remontait le sac jusqu’au-dessus de sa tête.

Ensuite, quelqu’un le chargea sur son épaule. En franchissant la porte, sa tête cogna violemment contre le montant et il eut un éblouissement.

En haut de l’escalier, il sentit de l’air tiède, puis on le bascula sur le plancher métallique d’un véhicule.

Il était en route pour la Somalie.


* * *

Hadj Aidid Ziwani était en train de profiter de la prestation d’une des jeunes putes attachées au Panari, lorsqu’un de ses portables sonna. Celui qui lui servait à communiquer avec ses amis somaliens. Depuis le matin, il priait pour qu’ils aient changé d’avis et il s’était offert cette petite distraction pour se changer les idées.

Sans interrompre la fille, il répondit.

La voix froide d’Hassan Timir lui envoya de la glace dans les veines.

— Je suis en bas, annonça le Somalien. Je peux monter ?

— Dans cinq minutes.

Hadj Aidid Ziwani dut se concentrer pour que la jeune prostituée arrive à ses fins. À peine se fut-il répandu dans sa bouche, qu’il courut prendre une douche tandis que son secrétaire donnait 200 shillings à sa fellatrice. Au onzième étage, les tarifs étaient plus élevés. Il était parfaitement convenable, en djellaba blanche, lorsque Hassan Timir s’inclina devant lui.

— Tout est prêt, Bwana, annonça-t-il.

— Quoi ?

— L’otage se trouve dans un fourgon garé dans le parking de l’hôtel. Dès que vous partirez, on vous suivra et on le chargera avec vos bagages sur votre hélicoptère.

Hadj Aidid Zawani demeura silencieux, cherchant une échappatoire... Hélas, il n’y en avait pas.

— Je dois demander un créneau de décollage, précisa-t-il. Je ne sais pas quand je vais l’avoir.

Hakuna matata, nous ne sommes pas pressés.

— Et après ?

— Quand vous serez chez vous, à Nyali, on viendra le chercher pour l’emmener directement sur le « dhow » qui partira pour Mogadiscio. Dans le vieux port, il n’y a aucun contrôle.

— Bien, se résigna le milliardaire. J’appelle la tour de contrôle.

Il appela son pilote et lui expliqua qu’il devait repartir d’urgence à Mombasa. Dix minutes plus tard, le pilote le rappelait.

— Nous avons un créneau de décollage dans une heure, Bwana. Il faut partir tout de suite. Après, cela nous ramène à demain matin, à cause de la nuit... Hadj Aidid répercuta la nouvelle à Hassan Timir.

Le Somalien approuva de la tête. C’était le timing idéal. Ils arriveraient juste avant la nuit dans la propriété du milliardaire. L’otage pourrait être embarqué le soir même sur le « dhow » qui appareillerait aussitôt pour la Somalie.


* * *

— C’est bizarre que ces enfoirés n’aient pas donné signe de vie, remarqua « Wild Harry ».

— Ils doivent être en train de le transporter dans un endroit sûr, répondit Mark Roll. Ensuite, ils vont se manifester.

Les deux hommes faisaient le point dans le bureau du chef de station de la CIA. De plus en plus inquiets. Le silence des ravisseurs pouvait signifier que Malko avait été exécuté ou tué accidentellement.

— Je n’aime pas cela, dit sombrement « Wild Harry ». O.K., je vais voir John Makuka.


* * *

Cette fois, la caissière, dès qu’elle vit « Wild Harry » pénétrer dans le bureau de change, disparut dans le couloir pour réapparaître quelques instants plus tard, tout sourires, et faire signe à « Wild Harry » de la suivre.

L’ex-colonel Makuka était à son bureau, toujours avec son air de vieux crocodile. « Wild Harry » s’assit en face de lui et demanda.

— Vous avez l’information ?

Le Kenyan leva sur lui un regard torve.

— Personne ne doit jamais savoir que je vous ai aidé.

— Personne ne le saura, confirma l’Américain.

— Le bungalow N° 29 est loué à l’année par un des hommes les plus riches du Kenya. L’honorable Hadj Aidid Ziwani.

— Pourquoi « honorable » ?

— Parce qu’il a été longtemps membre du Parlement. C’était un ami du Président Arap Moi.

Un des plus grands prédateurs d’Afrique...

— Comment il a gagné son argent ?

Kito Kidogo fit avec un sourire en coin l’ex-colonel du NSI. Ensuite, il a acheté des plantations de maraa sur les pentes du mont Kenya. Il en expédie tous les jours en Somalie. Il a aussi une affaire à Mombasa qui lui sert à faire entrer au Kenya des tas de marchandises en provenance de Somalie.

— Où habite-t-il ?

— À Nyali, le quartier élégant de Mombasa. Une résidence magnifique, avec même une hélipad.

— Il est lié aux Somaliens ?

Oui, bien sûr, par le business. Il s’est d’ailleurs converti à l’Islam.

— Et aux pirates ?

— Je ne sais pas, fit prudemment John Makuka.

— Son adresse à Nyali.

— Tout le monde la connaît. C’est à côté du golf.

— Et à Nairobi ?

— Il n’a pas de maison. C’est pour cela qu’il a ce bungalow au Safari Park.

— C’est tout ?

John Makuka ajouta, après une brève hésitation :

— Quand il ne reste pas longtemps, il descend au Panari sur Mombasa road.

— Vous savez où il est en ce moment ?

— Non. Et ne me reparlez jamais de lui, compléta-t-il d’un ton menaçant. Vous pouvez me remercier. Personne n’aurait pu vous renseigner aussi vite, à Nairobi.

« Wild Harry » se leva et pointa son index vers l’ex-colonel du NSI avec un sourire.

— C’est vrai ! Mais personne n’aurait pu vous donner cinq millions de dollars pour monter un business, non plus... Remember.

Il était déjà hors du bureau. Paul, son fidèle chauffeur, l’attendait au volant du 4x4.

— On va à l’hôtel Panari sur Mombasa Road, annonça « Wild Harry ». Vous connaissez ?

— Oui. Beaucoup de Somaliens y descendent. À son dernier séjour, le Président Youssouf y a séjourné.

Tandis qu’ils roulaient vers Mombasa Road, ralentis par un embouteillage monstrueux, « Wild Harry » appela Mark Roll et le mit au courant de sa découverte.

— C’est la seule piste, conclut-il. Peut-être qu’elle est mauvaise, mais ce Hadj Aidid Ziwani a un lien direct avec ceux qui ont kidnappé Malko.

— Les Kenyans ne vont pas nous aider, soupira l’Américain. Un type comme ça doit acheter tout le monde.

— Je n’ai besoin de personne, assura « Wild Harry ». Restez au bureau. Je vous rappelle du Panari. De votre côté, voyez ce que vous pouvez apprendre sur ce Hadj Aidid Ziwani.


* * *

Avec une sorte de grille jaune en travers de sa façade, le Panari ressemblait à une Buick des années cinquante. Planté au milieu des concessionnaires autos, le long de l’interminable Mombasa Road à la chaussée défoncée.

Laissant Paul dans le 4 x 4, « Wild Harry » gagna la réception. Comme toujours en Afrique, les fauteuils du hall étaient occupés par des hommes à l’allure inquiétante : flics, trafiquants ou gardes du corps. Ils suivirent « Wild Harry » d’un regard intrigué. Au Panari, on ne voyait pas beaucoup de muzungus.

Un grand noir à la denture éblouissante l’accueillit à la réception.

— Yes, Sir ?

— On m’a dit que Mister Hadj Aidid Ziwani était en ville, attaqua à tout hasard « Wild Harry ».

Le réceptionniste arbora aussitôt une mimique désolée.

— Sir, vous n’avez pas de chance : il était là depuis hier, mais il vient juste de partir !

« Wild Harry » sentit son pouls grimper en flèche. Avec la présence à Nairobi du milliardaire kenyan, son hypothèse se renforçait.

— Il est en ville ? insista-t-il.

— Non, il vient de repartir pour Mombasa. Vous l’avez raté de vingt minutes. On vient juste de terminer le chargement de ses bagages.

— Il repart par Wilson ou Jomo Kenyatta ?

— Oh, il met toujours son hélicoptère à Wilson, Sir, c’est plus pratique. Autre chose ?

— Vous avez son portable ?

— Non, hélas !

« Wild Harry » ressortit du Panari, le cerveau en ébullition. Les pensées s’entrechoquaient sous son crâne. Les ravisseurs de Malko ne réclamaient plus de rançon. Ce Hadj Aidid Ziwani était venu pour vingt-quatre heures à Nairobi et repartait sur Mombasa. Or, si les ravisseurs de Malko voulaient l’exfiltrer vers la Somalie, ils devaient passer par Mombasa... Dans un hélicoptère privé, on pouvait parfaitement transporter un homme kidnappé. Il sauta à la voltige dans le 4 x 4 et lança à Paul :

— On va à Wilson Airport, vite.

Tandis qu’ils remontaient Mombasa Road, il appela Mark Roll et lui fit part de ses soupçons.

— Je me demande si ce type n’est pas venu chercher Malko...

— Je me suis renseigné, fit aussitôt le chef de station de la CIA. On ne peut pas compter sur les Kenyans. Hadj Aidid Ziwani jouit de la protection du nouveau président. Que voulez-vous faire ?

— Je ne sais pas encore, avoua « Wild Harry ». Je vais à Wilson Airport. J’aimerais bien vérifier le chargement de son hélicoptère.

— Soyez prudent. C’est un VIP.

— C’est peut-être, aussi, un kidnappeur, grommela « Wild Harry ».


* * *

Adj Aidid Ziwani sentit sa poitrine se dilater de soulagement lorsque le Bell, après un point fixe qui lui avait semblé interminable, s’arracha enfin du sol. Il passa au dessus des hangars de Wilson Airport et prit la direction du sud. Jusqu’à la dernière seconde, Hadj Aidid Ziwani avait tremblé, s’attendant à voir surgir les Américains.

Pourtant, le chargement de l’hélico s’était passé sans problème. Le fourgon de ses « amis » avait apporté, alors que le rotor tournait déjà, le grand sac qu’on avait jeté dans la cabine, à côté de ses bagages.

Il était trop connu pour que le moindre policier s’intéresse à ce qu’il emportait. Son seul contact était avec la tour de contrôle, pour les formalités de décollage.

Assis à côté du pilote, il se détendit enfin. Dans quelques heures, tout serait réglé.


* * *

Installé à l’avant du 4x4 garé en face du bâtiment des départs de Wilson Airport, « Wild Harry » attendait le retour de Paul qu’il avait envoyé dans l’aéroport s’enquérir de Hadj Aidid Ziwani.

Trépignant intérieurement.

Paul surgit en courant de l’aérogare et remonta au volant.

— Il a décollé il y a dix minutes pour Mombasa ! annonça-t-il.

L’Américain n’hésita pas.

— Retournez fouiner. Essayez de savoir ce qu’il avait comme bagages, où il va se poser, combien de temps il prend pour le trajet.

Tandis que Paul s’engouffrait de nouveau dans le terminal, il appela Mark Roll.

— On l’a raté ! annonça-t-il, à dix minutes près.

— C’est bête.

— Écoutez, fit « Wild Harry », j’ai une sale intuition. Je veux absolument arriver à Mombasa avant lui.

— Mais c’est impossible ! protesta le chef de station de la CIA. Et puis, vous n’avez aucun élément qui...

— C’est vrai, reconnut « Wild Harry », mais j’ai mal dans ma jambe et ça ne trompe pas. Démerdez-vous, trouvez-moi un jet privé qui puisse décoller maintenant.

Il coupa, pour ne pas laisser Mark Roll tergiverser, et dut attendre vingt bonnes minutes avant de voir réapparaître Paul, très excité.

— Je crois que j’ai quelque chose, bwana, annonça-t-il. J’ai été traîner sur la piste et j’ai pu parler aux bagagistes qui ont chargé l’hélico. Ce sont toujours les mêmes qui s’en occupent. Ils m’ont dit que, hier, Hadj Aidid Ziwani n’avait que deux valises. Or, quand il est reparti tout à l’heure, on a chargé un grand sac dans l’appareil. Ils ont pensé que c’était de la maraa.

« Wild Harry » bouillait littéralement.

— Combien de temps il met pour atteindre Mombasa ?

— Deux heures et demie environ, il va directement dans sa propriété.

— Super, Paul ! lança « Wild Harry », vous aurez droit à un énorme ice-cream.

Paul aurait vendu son âme pour un ice-cream... « Wild Harry » rappelait déjà Mark Roll.

— Je suis à peu près sûr que Malko est dans cet hélico, annonça-t-il.

Il expliqua au chef de station les raisons de sa conviction. Mark Roll ne discuta pas, cette fois.

— Je n’ai pas trouvé de jet, avoua-t-il. Juste un turbo-prop qui peut décoller dans une demi-heure. Vous n’êtes pas certain d’arriver avant l’hélico.

— Tant pis. On va faire avec.

— O.K. C’est la Blue Bird Aviation. Allez directement à leur bureau.

« Wild Harry » se tourna vers Paul.

— Appelez vos copains à Mombasa. Qu’ils mettent tout de suite une surveillance en place autour de la propriété de Hadj Aidid Ziwani et qu’ils viennent nous chercher à Mombasa Airport avec de la « quincaillerie ».

Ils partaient tout nus...

Hakuna matata, bwana, fit Paul avec son sourire de cannibale.

Il était déjà en train de sortir son portable. Le hangar de la Blue Bird Aviation était facile à repérer, peint d’un magnifique bleu cobalt. Tandis qu’il remplissait les papiers du charter, « Wild Harry » se demanda s’il allait arriver à temps pour récupérer Malko. La frontière franchie, c’était fini.

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