Quatre jours plus tard nous parvenons en vue des côtes américaines. Je suis dans une rogne extraordinaire. Je crois que jamais je n’ai autant souffert d’un échec, car c’en est un, et d’une qualité assez particulière !
Non, ne vous frisez pas les poils du bide, c’est un échec, j’emploie le mot qui convient à la situation. Car l’étrange Marlène est morte avec son secret[66]. J’ai eu beau recommencer la fouille de sa cabine, je n’ai rien trouvé… Rien ! Au début, j’ai suspecté la femme du diplomate à cause du voile noir[67], mais elle a pu se justifier. L’Indoue avait engagé Marlène par l’intermédiaire d’une agence de placement et j’ai eu, par câble, confirmation de ses dires. De plus, l’alibi de la dame concernant la nuit tragique a été épluché : il est sans bavure… Enfin, son pedigree plaiderait, s’il en était besoin, en sa faveur. Elle est, en effet, la fille du maharadjah Kelpèzekhila, grand ami de la France !
Pourtant, sacrebleu, ces plans, cette maquette, la même Marlène les embarquait bien, aux États ! Pourquoi sinon se serait-elle fait engager comme nurse ? Pourquoi aurait-elle empoisonné Bolémieux ?
J’ai épluché son passeport et j’ai vite pigé qu’il était bidon. Son signalement transmis par télé-radio donne à penser qu’il s’agissait d’une amie de Grunt, une Autrichienne nommée Marlène Stroumpf ! Seulement tout ça ne nous avance pas à grand-chose.
« Vous n’empêcherez pas les documents d’arriver ! », m’a crié cette garce avant de caner. Conclusion, double conclusion : ceux-ci sont à bord et quelqu’un les attend à New York.
Et tout est goupillé de manière à ce que le débarquement des plans et de la maquette s’effectue sans complication…
Nous sommes dans notre cabine, tous les trois, silencieux comme des escargots. En moi il y a un frémissement pareil à celui que vous provoque une trop forte absorption de caoua.
Le Gros, planqué derrière le hublot, nous minge la lumière, comme disent les Marseillais. Sa bouille de méduse doit méduser[68] les poissons volants.
Soudain, il se met à bramer.
— Ça y est ! je la vois…
— Quoi ? soupire Pinaud qui commence à se remettre de ses cinq jours de nausées.
— La Liberté ! Mordez, les mecs ! Elle est balaize avec son calumet !
Sollicité par cet élément touristique, et pour rendre un hommage posthume à Bartholdi, nous rejoignons le Gros derrière l’épaisse vitre circulaire.
Au loin, dans une légère brume teintée de mauve par le soleil levant, nous voyons se dresser, sur un îlot, le populaire monument.
— Cette Liberté-là est bien comme l’autre, soupiré-je… Elle est moisie…
— Ça fait tout de même quéque chose, larmoie Pinuche. Depuis le temps qu’on en parle ! En ce temps-là on voyait grand ! Regardez les bateaux, autour, comme ils sont petits en comparaison…
— C’est surtout qu’on avait le temps, souligne Béru. Tu vas pas me dire, mais c’est tout de même superflu !
— On devrait grimper sur le pont, suggère le vieux crabe… Sûrement qu’on y voit les gratte-ciel !
Je les retiens d’un geste…
— On aura le temps de les voir, le Liberté reste deux jours à quai avant de repartir…
Ils s’assoient, résignés…
Je fais claquer mes doigts.
— Pour tout vous dire, poursuis-je, je me fous des gratte-ciel. Je n’ai qu’un truc en tête : ces plans, cette bon dieu de maquette ! Penser qu’ils sont là, tout près, que dans quelques heures ils vont quitter le barlu, c’est-à-dire quitter la France… Et ne rien pouvoir faire… Je vous jure que c’est rageant !
— Que veux-tu, soupire le Bérurier, on a fait ce qu’on a pu…
C’est vrai. J’ai fouillé les bagages de cale de la femme du diplomate, avec l’aide du bagage-master ; j’ai passé au crible tout le courrier déposé par les passagers chez le bibliothécaire ; j’ai refouillé la cabine de la suicidée… En vain… Par mesure de précaution, j’ai fait apposer les scellés sur la lourde… Je tiens à ce que les autorités françaises conservent la possibilité de démanteler la cabine si elles le jugent utile…
— Tu m’enlèveras pas de l’idée, fait Béru, que la pétasse avait un ou plusieurs complices à bord…
Je hausse les épaules.
— Non, je ne crois pas. Telle que l’affaire apparaît, avec le recul, ce coup a été réalisé par un couple « Grunt et Marlène ». Si l’équipe avait été plus forte, ni l’un ni l’autre ne se seraient mouillés à buter eux-mêmes les complices occasionnels. Grunt était un gars fini, archibrûlé en Europe. Il a voulu réaliser à son compte un coup rentable et se retirer dans un coin tranquille du monde pour y finir sa vie de salaud ! Je vous fous mon bifton qu’il a agi uniquement avec sa poule…
— Alors, que veux-tu qu’elle ait maquillé du fourbi ! grogne le Gros.
Il est maussade, depuis deux jours. Sa ricaine lui a demandé de divorcer pour l’épouser. Comme il a dit non, elle l’a envoyé chez Plumeau, et maintenant il a le slip en berne, le Gros !
Pinaud, qui est vert comme un conifère, avec ses yeux en fiente de pigeon non constipé, soumet son idée personnelle.
— Elle gardait peut-être tout le matériel sur soi ?
Je hausse les épaules.
— Non. J’ai eu l’honneur et l’avantage de déloquer la dame. Je peux t’affirmer qu’elle ne cachait rien qui pût intéresser le patrimoine national… Admettons à la rigueur qu’elle ait pu planquer les plans dans ses doublures… mais la maquette, en tout cas, était incachable dans des dessous féminins !
— Je donne ma langue au chat, déclare Bérurier…
Je zyeute sa grosse menteuse blanche du dessus et épaisse comme une langue de veau.
— Les chats ont leur dignité, Gros, affirmé-je. Et ils ont aussi le cœur fragile. Moi, je serais greffier, j’aimerais mieux me taper un rat crevé que ta menteuse !
— Merci !
Je suis survolté. Ces six days sur le bateau m’ont empli à ras bord d’électricité. J’aimerais casser la figure de quelqu’un, trousser une fille, visionner une émission d’André Gillois, enfin faire quelque chose qui défoule !
Pinaud regarde sa montre.
— Huit heures moins dix, annonce-t-il. À quelle heure commence le débarquement ?
— Vers dix heures ! Paraît que ces gabelous, lorsqu’ils arrivent à bord, commencent par aller se cogner la cloche au restaurant[69]. Après le breakfast à la française, ils vont visionner les passeports… Puis ils remettent ça au buffet !
Le prestige de notre cuisine, mon vieux, compense le discrédit de nos gouvernants[70].
— Donc il nous reste deux heures devant nous…
Il médite. Son regard coagulé est immobile.
— On dirait que tu penses, ricané-je.
— Je pense, ratifie le Vioquart !
— À quoi ?…. demande Bérurier.
— Aux documents. La môme les avait planqués de façon supérieure, seulement s’ils débarquent, quelqu’un va les sortir de leur cachette, non ?
Je suis sensible à cette démonstration pertinente. Pinuche c’est ça : il est gâteux, ramolli du bulbe… Ses cellules grises manquent de phosphore, la prostate le guette ; son foie est bouffé aux mites, il a des charançons dans les précieuses, un commencement d’ulcère lui taraude l’estomac, une fin de bronchite lui comprime les soufflets, et pourtant, dans les cas graves il est là, toujours très digne, avec ses yeux chassieux, sa moustache râpée, ses fringues qui sentent le vieux tombeau pas entretenu… Oui, il est là, une parole sensée au coin de la bouche. Tranquille et pertinent ! Justifiant l’enveloppe que l’État français lui remet à la fin de chaque mois.
— Bravo ! Pinuche, m’exclamé-je… Oui, il faut réagir…
— Si on allait vérifier les scellés de la porte ? suggère encore cet aboutissement de la sénilité humaine.
— Allons-y !
Et nous voilà partis, à la queue leu leu vu l’exiguïté des couloirs. Il y a une forte effervescence à bord. L’arrivée colle de l’électrac aux gens. Ça jacte en toutes langues, ça rigole, nerveux… On s’est loqué… Des monceaux de valoches sont entreposées près des portes des cabines… Les stewards ont le sourire. Ils enfouillent les pourliches somptuaires que leur balancent les passagers.
Nous arrivons devant la ci-devant cabine de la môme Marlène. Nous voyons illico que rien n’a été touché à la porte…
Comme nous nous apprêtons à faire demi-tour, la dame indoue se radine, ficelée façon princesse des mille et une noyes.
Elle me connaît, because que je lui ai déjà fait subir molto interrogatoires.
— Messieur commissaire, gazouille la belle brune au regard d’anthracite de la Rhur, pourrais-je reprendre jouets des mon enfante ques estont dans cette cabine ?
Je la zyeute. Elle est grave, avec les sourcils froncés. Pinaud me file un coup de coude cagneux dans le placard.
— Mais certainement, fais-je.
Sans hésiter je fais sauter les scellés. J’ouvre la porte et je m’efface[71] pour laisser entrer la dame indoue !
Elle pénètre dans la cabine exiguë, suivie de nous trois.
Elle pique une valoche de porc dans la penderie.
— Celle valise est à moi !
J’opine, comme un bon cheval.
Alors elle se met à ramasser les jouets épars dans l’étroite pièce. Le bambino ne doit même plus s’en servir car y en a trop. Tous les petits Indous ne clabotent pas au bord du Gange en pensant au lait des vaches sacrées ! Il y a ceux qui ont un papa à la redresse… Ceux qui ont besoin de nurse, de jouets électroniques, de vaccins préventifs… Bon, je m’arrête, car le blabla ne sert pas à grand-chose.
On voit que la femme du diplomate n’a pas l’habitude de faire des valoches, car elle empile les jouets pêle-mêle… Y a des bateaux à moteur avec projecteur qui s’éclaire, y a des autos qui se pilotent à distance, des animaux qui poussent les cris inhérents à leur corporation : un bœuf qui fait meuh ! Un chat qui fait miaou…
— Vous permettez ? dit tout à coup Pinuchet…
Il se baisse et cueille dans la valise un avion peint de couleurs criardes… Les ailes sont rouges, le pucelage[72] est bleu ; la queue violette, etc.
L’Indoue ne prête même pas attention.
Pinaud, le gâteux… Pinaud le nauséeux, Pinaud le cradingue, le chassieux, le malodorant, le flanelleux, le goutteux, l’ulcéreux, l’aqueux, le vieux, le vieux… Pinaud examine l’avion de près…
— Je crois que voilà ce que tu cherches, San-A., murmure-t-il.
Je bondis…
— Montre…
— Tu peux regarder, avertit le digne homme, on a peint ça en vitesse et en amateur ! La peinture est à l’huile, on l’a passée n’importe comment… Elle déborde par endroits… Là il y a un manque… Et tu constateras qu’il n’y a pas de « Made in » comme il est de règle sur les jouets…
Je le serre sur mon cœur. Pas Pinaud, l’avion ! Je l’ai reconnu ! Bien que ne l’ayant jamais vu ! Il a une forme jamais vue auparavant. De plus, ayant gratté la peinture du bout de l’ongle, je constate qu’il est fait d’un métal léger, très curieux…
La dame indoue nous regarde. Elle est à peine surprise. Pas troublée le moins du monde.
— Vous connaissiez ce jouet ? je demande…
Elle hausse les épaules.
— Il en a tellement. Je n’en fais pas le recensement…
Plus j’examine cet avion miniature, plus je suis certain que Pinaud a mis dans le mille.
— Vous ne voyez pas d’inconvénient à ce que je le garde ?
— Du tout…
Bérurier est maussade. Il vient de se faire souffler la vedette par Pinaud et ça le met dans tous ses états[73].
— Si elle a planqué la maquette dans les jouets du chiare, elle a dû aussi y camoufler les plans, non ?
Du coup je congédie la dame en lui ordonnant de nous laisser carte blanche. Dès qu’elle est sortie, nous voilà à jouer les vandales. Chacun pique un jouet et le détériore pour voir ce qu’il y a dedans… Ça nous rappelle notre belle jeunesse enfuie.
Et je t’ouvre le bide de la poupée, les bosses de polichinelle ! Je te sors les tripes en crin du bourrin ; je te fouille les entrailles du bœuf… Un vrai carnage… Bientôt la cabine ressemble à un magasin de vaisselle où l’on aurait enfermé une famille de singes.
Une heure après nous nous redressons, épuisés, les doigts en sang, les ongles cassés, bredouilles !
— Elle a dû trouver une autre combine pour les plans, soupire le Gros…
— Sûrement…
— Enfin, déclare Pinuche qui n’est pas mécontent de lui, on a tout de même retrouvé la maquette, ça calmera toujours le Vieux… Pour tout dire, ça paie le voyage… J’aime pas dépenser de l’argent pour rien. Tenez, je vois ma femme. Elle souffre du duodénum, eh bien ! chaque fois que quelqu’un lui indique un nouveau remède, faut qu’elle l’achète…
On le vire de la cabine…
L’avion sous le bras, je gagne le pont avec mes deux acolytes. L’instant est émouvant. Nous venons de passer la pointe de Manhattan hérissée de gratte-ciel fantastiques dont les sommets se perdent dans un brouillard ténu. Le soleil sur tout ça sème sa poudre d’or[74]… L’air a comme une odeur nouvelle… Nous doublons une « foultitude » de petits bâtiments, de caboteurs, de cargos battant pavillons multiples.
Le Liberté manœuvre au ralenti. Il s’engage entre les quais de la French line. C’est plein de monde qui attend dans les docks immenses. On voit une armée de porteurs et de douaniers… Ces messieurs du service d’immigration qui ruminent leur gum des grands jours…
Le port immense fait un baroud terrible. Partout des sirènes mugissent, hululent ou glapissent[75]…
— L’Amérique, fait Pinaud, ses yeux baveux écarquillés.
— L’Amérique, répète le gros Bérurier, en extase… Si je croyais qu’un jour…
Moi aussi, je ne puis m’empêcher de soupirer… L’Amérique… Ça fait quelque chose. C’est un choc, quoi ! Un contact ! Une rencontre ! C’est l’Amérique… Tentaculaire, pharamineuse, incroyable !
Les gens se taisent, émus… Partout les appareils-photo entrent en action. On veut figer cet instant sur du papelard… Oui, plus tard il perdra de sa réalité, ça deviendra comme un rêve improbable plus léger que cette brume…
— Montons tout en haut, suggère Béru, on verra mieux…
Nous grimpons sur le dernier pont avant la passerelle.
En effet, on voit mieux… On a une vue plongeante sur les quais… On voit en enfilade la 48e Rue, avec des taxis jaunes et verts, jaunes et rouges, jaunes et violets… Des gens inconnus, des nègres, des quais jonchés de papiers gras, d’emballages, de gobelets de carton…
Derrière nous, il y a le chenil. Le boxer et le pékinois, affolés par le fracas de toutes ces sirènes, apportent leur contribution personnelle. Ils sentent confusément qu’il se passe quelque chose ; qu’il se passe « l’Amérique »…
— Y a des gailles à bord ? s’étonne Béru…
— Oui, deux, viens, on va les calmer…
Nous entrons dans le chenil. Notre présence en effet réduit les deux bêtes au silence. Moi, j’évoque l’apparition de Marlène le jour de notre embarquement. Ça me paraît très loin…
Et puis, sans que je le veuille, je me mets à gamberger… Je me pose des questions qui ne m’étaient pas encore venues au caberlot. Par exemple, comment se fait-il qu’une fille accomplissant une mission aussi délicate ait eu le courage de s’envoyer en l’air ?
À cette question j’oppose une réponse valable… :
« Parce qu’elle se méfiait de moi. »
O.K.[76] !
Pourquoi se méfiait-elle de moi ? Rien ne pouvait me désigner à l’attention des autres passagers…
Je caresse le brave boxer à travers ses barreaux… Si, je pige. Ce qui a éveillé ses soupçons c’est un fait anodin, accidentel… Un fait du hasard !
Elle a eu peur que je sois un flic en me voyant dans le chenil !
Le chenil ! N’était-ce pas comme une annexe de la cabine de Marlène ! Une annexe que je n’ai pas fouillée !
Je sors mon sésame de ma glaude.
— Qu’est-ce que tu maquilles ! s’inquiète Béru en me voyant délourder la niche du gros Médor.
— Une idée à moi. Tu tiendras le toutou pendant que j’explorerai sa cage…
— Molo, mec ! Et s’il me plante ses ratiches dans le valseur ?
— Tu iras à l’infirmerie, le rassuré-je…
J’ouvre. Je passe la main afin de cueillir le chien par le collier car l’animal, flairant la liberté, veut se précipiter out ! Béru le chope à son tour. Ça me donne à moi la liberté de mes mouvements.
— Regardez-moi ce gentil petit chien, flatte le Gros…
Il a les copeaux, Béru… Son dargeot n’est pas une pièce d’orfèvrerie, mais il y tient quand même.
— Oh ! oui, madame, gazouille-t-il… Ça n’était un toutou gentil, gentil… Un bon toutou à son pépère…
Bon zig, le boxer lui refile un coup de patte-mouille sur le museau.
Béru, mis en confiance, caresse le chien… Pendant ce temps j’explore la vaste niche. Outre l’auge pour la pâtée, l’abreuvoir de zinc et quelques surplus canins, je ne trouve rien…
— Que dalle ? demande Pinaud.
— Oui !
Je m’apprête à remettre le chien dans sa cage. Béru pousse une exclamation.
— Je m’ai piqué la main à cette saleté de collier à clous, rouscaille-t-il. On n’a pas idée de foutre ça à une bête… Il est pourtant pas méchant, ce roquet !
Saisi d’une nouvelle idée[77], j’ôte le collier du chien. Un clair sourire illumine ma face de jeune premier. Le cuir du collier est gonflé de façon anormale… Ça craque sous les doigts et je repère une couture curieuse sur la tranche du collier.
— Passe-moi ton Opinel, gros.
J’incise sur ce point[78].
Il y a des fafs à l’intérieur… Du papier pelure roulé menu et couvert de dessins cabalistiques : les plans !
Je montre ma découverte à mes associés.
— Regardez, mes enfants !
— Les documents ? demande Béru…
— Et aussi la preuve de mon génie !
Le Gros se marre.
— Tu devrais mettre des bandes molletières, dit-il, avec ces coups de latte que tu te balances dans les chevilles, ce serait plus prudent…
— Alors, murmure Pinaud, si je comprends bien, c’est le triomphe sur toute la ligne !
— En tout cas sur la French line, déclaré-je, doctement.
Le Gros ne rit pas. Il pense à sa ricaine qui va aller se faire « répouser » ailleurs. Peut-être aussi à Mme Bérurier, qui doit se faire épouser par intérim à domicile et à l’essai pendant son absence.
— Quelle heure est-il ? demande-t-il.
— Dix plombes.
— Ça fait combien à Paris ?
— Cinq heures, je crois…
Il réfléchit un instant, les yeux fixés sur le boxer.
— Ma femme doit dormir, fait-il brièvement en écrasant une larme, elle en écrase toujours après une nuit d’amour !