Je suis blotti sous la margelle du puits quand, à tout hasard, un type y expédie une grenade. Je la rattrape habilement dans ma main droite et je l'examine. Modèle afghan G34, blindage carrelé. Je ne prends pas le temps de trembler, je la renvoie aussitôt. Le type a compris qu'il y a quelqu'un là-dedans et il s'empresse de l'y relancer. Je n'hésite pas et je remets la grenade en jeu.
Question de nerfs. Heureusement que le sergent m'a appris à jongler. Comme l'autre persiste, je regarde plus attentivement l'engin et constate que la goupille est obstruée. Mauvais matériel. Les Afghans ne sont pas des orfèvres en technologie de pointe. Cette grenade-là n'explosera jamais. Alors je saisis l'une des miennes, une bonne grenade russe, fabriquée par une bonne mère russe, et dont je connais par cœur le fonctionnement. J'attends pile les cinq secondes nécessaires, calcule bien ma trajectoire et l'envoie sur le bonhomme. Le type l'empoigne pour me la relancer mais, cette fois, elle lui pète dans la main.
La guerre, c'est pas pour les amateurs. C'est un métier où il faut savoir rester méthodique et garder le rythme. Je sais par exemple que je ne dois pas m'attar-der trop longtemps dans ce puits. Alors je bondis au-dehors, ramasse le fusil à lunette d'un copain mort et je cours me cacher dans une des maisons. J'y trouve des autochtones, mais je les tiens en respect avec mon arme et j'enferme toute la petite famille dans la cuisine. Puis je prends position près de la fenêtre et j'observe tranquillement les environs. Grâce à ma visée laser, je dispose d'un énorme avantage sur mes adversaires. Je replace le baladeur sur mes oreilles. La Nuit sur le mont Chauve résonne à nouveau dans mes tympans. Un soldat ennemi traverse mon champ de vision. Il a soudain une lumière rouge au-dessus du sourcil. J'appuie sur la détente. Et d'un.