QUESTION DE LANGUE: La langue que nous utilisons influe sur notre manière de penser. Par exemple, le français, en multipliant les synonymes et les mots à double sens, autorise des nuances très utiles en matière de diplomatie. Le japonais, où l'intonation d'un mot en détermine le sens, exige une attention permanente quant aux émotions de ceux qui s'expriment. Qu'il y ait, de surcroît, dans la langue nippone plusieurs niveaux de politesse contraint les interlocuteurs à situer d'emblée leur place dans la hiérarchie sociale.
Une langue contient non seulement une forme d'éducation, de culture, mais aussi des éléments constitutifs d'une société: gestion des émotions, code de politesse. Dans une langue, la quantité de synonymes aux mots «aimer», «toi», «bonheur», «guerre», «ennemi», «devoir», «nature» est révélatrice des valeurs d'une nation.
Aussi faut-il savoir qu'on ne pourra pas faire de révolution sans commencer par changer la langue et le vocabulaire anciens. Car ce sont eux qui préparent ou ne préparent pas les esprits à un changement de mentalité.
Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, tome IV.