8 Miller

— L’agression contre la Ceinture est ce qui permet à la Terre et à Mars de survivre. Notre faiblesse est leur force, dit la femme masquée sur l’écran du terminal de Miller.

Le cercle coupé en deux de l’APE apparaissait derrière elle, comme s’il avait été peint sur un drap.

— N’ayez pas peur d’eux, ajouta-t-elle. Le seul pouvoir tient à votre peur.

— Ouais, ça et une centaine de vaisseaux de guerre, remarqua Havelock.

— De ce que j’ai entendu dire, si vous frappez dans vos mains et que vous affirmez y croire, ils ne peuvent pas vous tirer dessus.

— Faudra que j’essaie, un de ces quatre.

— Nous devons nous soulever ! dit la femme d’une voix qui grimpait dans les aigus. Nous devons prendre notre destinée en main avant qu’elle nous soit volée ! Souvenez-vous du Canterbury !

Miller éteignit l’écran et se renversa dans son siège. Le moment du changement d’équipes arrivait, et des voix s’apostrophaient dans le poste tandis que ceux en fin de service poussaient leurs remplaçants à se dépêcher. L’odeur du café frais se mêlait à la fumée de cigarette.

— Il y en a peut-être une dizaine comme elle, dit Havelock en désignant le terminal du menton. Mais elle, c’est ma préférée. Il y a des fois, je suis sûr qu’elle a réellement l’écume aux lèvres.

— Combien de dossiers en plus ? demanda Miller.

Son équipier haussa les épaules et tira sur sa cigarette. Il s’était remis à fumer.

— Deux, trois cents. Il en arrive plusieurs par jour. Ils ne viennent pas tous de la même source. Parfois ils sont diffusés à la radio. Et parfois ailleurs. Orlan est tombée sur des types dans un bar près du spatioport qui s’échangeaient ces enregistrements vidéo comme si c’étaient des pamphlets.

— Elle les a arrêtés ?

— Non, répondit Havelock, comme c’était sans grande importance.

Une semaine s’était écoulée depuis que James Holden, le martyr autoproclamé, avait fièrement annoncé que lui et son équipage comptaient aller parler à quelqu’un de la Flotte martienne au lieu de simplement se défausser de tout ce merdier. La séquence de la fin du Canterbury était visible partout, et les débats faisaient rage sur tous les supports. Les fichiers comptes-rendus qui montraient en détail l’incident étaient soit parfaitement valables, soit manifestement trafiqués. Les torpilles qui avaient anéanti le transport étaient présentées comme des missiles nucléaires ou du matériel pirate standard ayant touché le cargo par erreur. À moins qu’il s’agisse d’un faux bricolé avec de vieux enregistrements et destiné à dissimuler ce qui était réellement arrivé au Cant.

Les troubles avaient duré trois jours, de façon sporadique, comme un feu encore assez chaud pour renaître dès le premier souffle d’air. Les établissements administratifs avaient rouverts sous haute sécurité, mais ils avaient rouvert. Le retard pris par les activités portuaires se comblait peu à peu. Le salopard sans chemise sur qui Miller avait ordonné qu’on tire se trouvait à l’infirmerie d’Hélice-Étoile, sous bonne garde, où on lui posait de nouveaux genoux. Il remplissait les formulaires d’une plainte visant l’inspecteur et se préparait à son procès pour meurtre.

Six cents mètres cubes d’azote avaient disparu d’un entrepôt, dans le secteur 15. Une prostituée sans permis avait été rouée de coups et enfermée dans une unité de stockage. Dès qu’elle aurait donné des indices sur ses agresseurs, elle serait arrêtée. On avait retrouvé les gamins qui avaient brisé les caméras de surveillance au niveau 16. À la surface, c’était la routine.

À la surface seulement.

Quand Miller avait débuté à la Crim’, il avait été très frappé par le calme irréel dont faisaient preuve les familles des victimes. Des gens qui venaient de perdre leur femme, leur mari, un enfant, un être très cher. Des gens dont la vie venait d’être marquée au fer rouge par la violence. Le plus souvent, ils offraient poliment à boire et répondaient aux questions, de sorte que les inspecteurs se sentaient les bienvenus. Un civil découvrant la scène aurait pu s’y tromper. C’était seulement dans l’attention qu’ils portaient à leur manière de se tenir et à ce quart de seconde supplémentaire avant que leur regard se concentre sur lui que Miller décelait l’étendue des dégâts subis.

La station Cérès prenait garde à ses manières. Ses regards mettaient un quart de seconde de plus à se concentrer. Les gens de la classe moyenne – commerçants, employés de maintenance, informaticiens – l’évitaient dans le métro comme l’auraient fait de petits délinquants. Les conversations se tarissaient à son approche. Au poste, l’impression d’être en état de siège se faisait chaque jour plus prégnante. Un mois plus tôt, Miller et Havelock, Cobb et Richter étaient encore le bras armé de la loi qui assurait la sécurité de tous. À présent ils n’étaient plus que les employés d’une entreprise de sécurité basée sur Terre.

Pour subtile qu’elle soit, la différence n’en était pas moins profonde. Elle lui donnait envie de se dresser de toute sa taille, de montrer par son corps qu’il était un Ceinturien. Qu’il avait sa place ici. Cela lui donnait envie de reconquérir une opinion positive auprès des gens. Laisser passer une poignée de types qui diffusaient de la propagande en réalité virtuelle avec un simple avertissement, peut-être.

Ce n’était pas une réaction très sensée.

— Qu’est-ce que nous avons au menu ? demanda-t-il.

— Deux cambriolages qui semblent similaires, répondit Havelock. Le rapport à boucler sur cette querelle domestique de la semaine dernière. Une agression sérieuse au Nakanesh Import Consortium, mais j’ai vu Shaddid en parler à Dyson et Patel, donc ils s’en occupent sûrement déjà.

— Alors tu veux que…

Havelock leva les yeux et les braqua ailleurs pour masquer le fait qu’il détournait le regard. C’était quelque chose qu’il faisait de plus en plus souvent depuis que la situation s’était dégradée.

— Il faut vraiment que nous en finissions avec la paperasse, dit-il. Pas seulement celle qui concerne la querelle domestique. Il y a quatre ou cinq dossiers encore ouverts uniquement parce qu’ils doivent être relus et corrigés.

— Ouais, fit Miller.

Depuis les premiers troubles il avait vu tous les clients d’un bar être servis avant Havelock. Il avait remarqué comment ses collègues, et Shaddid la première, lui affirmaient que lui, Miller, faisait partie des bons, une excuse à peine déguisée pour son partenariat avec un Terrien. Et il avait noté qu’Havelock s’en était rendu compte, lui aussi.

Cela lui donnait des envies protectrices envers son équipier, l’envie qu’il passe ses journées dans la sécurité du travail de bureau, devant un café maison. Aider cet homme à prétendre qu’on ne le détestait pas parce qu’il avait grandi dans une gravité différente.

Ce n’était pas non plus une réaction très sensée.

— Et pour ton affaire perso ? demanda Havelock.

— Quoi ?

Le Terrien brandit un dossier. Celui de Julie Mao. L’histoire d’enlèvement. Le détail. Miller acquiesça et se frotta les yeux. Près de l’entrée du poste, on poussa une exclamation. Quelqu’un d’autre s’esclaffa.

— Ouais, non, je n’y ai pas encore touché, dit-il.

Avec un sourire, Havelock lui tendit la chemise. Il l’accepta et l’ouvrit. La fille de dix-huit ans lui sourit de toutes ses dents, qu’elle avait parfaites.

— Je ne voudrais pas te laisser toute la paperasserie, dit-il.

— Eh, ce n’est pas toi qui m’as tenu à l’écart de cette affaire ; c’est Shaddid. Et puis… ce n’est que de la paperasserie. Ça n’a jamais tué personne. Si tu te culpabilises, tu peux toujours m’offrir une bière après le boulot.

Miller tapota le mince dossier contre le coin de son bureau, pour aligner les documents à l’intérieur, contre la reliure.

— D’accord, dit-il. Je vais me pencher un peu sur cette histoire. Je serai de retour à l’heure du déjeuner, et j’écrirai quelques lignes pour faire plaisir à la patronne.

— Je serai là, répondit Havelock et, alors que son partenaire se levait : Eh, écoute, je ne voulais rien dire tant que je n’étais pas sûr, mais je ne veux pas non plus que tu l’apprennes ailleurs…

— Tu as fait une demande de mutation ?

— Oui. J’ai discuté avec quelques-uns de ces types de Protogène, quand ils sont passés. Ils disent que leur antenne sur Ganymède recherche un nouvel enquêteur en chef. Et j’ai pensé que…

Il haussa les épaules.

— C’est un bon changement de poste, dit Miller.

— Je veux simplement aller quelque part où on voit le ciel, même si c’est à travers un dôme, affirma le Terrien, et sa franchise un peu bourrue de policier ne put dissimuler la tristesse dans sa voix.

— C’est un bon changement de poste, répéta Miller.


* * *

L’appartement de Juliette Andromeda Mao était situé au neuvième niveau d’un tunnel qui en comptait quatorze disposés en gradins, près du spatioport. Le grand V qu’il formait était large de presque un kilomètre à son sommet, et pas plus large qu’un tunnel classique à sa base. Sa modernisation avait fait partie d’un programme touchant une douzaine de structures similaires remontant à des années avant que l’astéroïde se soit vu ajouter sa fausse pesanteur. À présent, des appartements bon marché et tout en longueur étaient creusés dans les murs, par centaines à chaque niveau. Des gamins jouaient sur les rues en terrasses, criant et riant sans raison. En bas, quelqu’un faisait évoluer un cerf-volant dans la brise légère qui soufflait en permanence, et le diamant brillant en mylar tournoyait et ruait dans les micro-turbulences. Miller compara les chiffres sur son terminal à ceux peints sur le mur. 5151-I. Le doux foyer d’une pauvre petite fille riche.

Il appliqua son neutraliseur sur la serrure, et la porte d’un vert sale se déverrouilla et le laissa entrer.

L’appartement s’enfonçait dans le corps de la station. Trois petites pièces en enfilade : d’abord ce qui tenait lieu de salon-salle-à-manger-cuisine, puis une chambre à peine plus large que la couche qu’elle contenait, et enfin une cabine encombrée par une douche, des toilettes et un demi-lavabo. La formule standard. Il l’avait déjà vue mille fois.

Miller resta immobile une minute, sans rien examiner en particulier, et écouta le sifflement rassurant de l’air recyclé dans les conduits. Il réservait son jugement en attendant de se faire une impression de l’endroit et, partant, de la fille qui y avait habité.

Spartiate n’était pas le mot qui convenait. L’appartement était simple, oui. Les éléments décoratifs se résumaient à une petite aquarelle encadrée représentant le visage d’une femme dans un style vaguement abstrait, au-dessus de la table dans la première pièce, et un groupe de plaques de la taille de cartes à jouer accrochées au-dessus du lit, dans la chambre. Il s’approcha pour lire les textes qu’elles portaient. Un diplôme décerné par le Centre de jiu-jitsu de Cérès reconnaissant à Julie Mao – et non Juliette – le grade de ceinture violette. Un autre la hissant à la ceinture marron. Les deux étaient distantes de deux ans. Une école sérieuse, donc. Des doigts, il effleura l’espace vide sur le mur, là où la plaque de la ceinture noire pourrait être placée. Aucune affectation visible – pas d’étoiles de lancer stylisées ou d’imitations d’épées. Juste la reconnaissance que Julie Mao avait fait ce qu’elle avait fait. Il lui accorda un bon point pour cela.

Les tiroirs contenaient deux tenues de rechange, une en toile épaisse et en jeans, l’autre en lin bleu, avec une écharpe en soie. Une pour le travail, l’autre pour la détente. C’était moins que ce que Miller possédait, et il n’avait pourtant pas une garde-robe volumineuse.

Avec les chaussettes et les sous-vêtements, il trouva un brassard marqué du cercle scindé de l’APE. Rien de surprenant pour une fille qui avait tourné le dos à l’aisance et aux privilèges pour venir vivre dans ce trou. Dans le réfrigérateur, deux boîtes de plats à emporter au contenu trop vieux et une bouteille de la bière locale.

Après une seconde d’hésitation, Miller prit la bière. Il s’assit à la table et sortit le terminal rétractable de son logement. Comme l’avait dit Shaddid, le mot de passe de l’inspecteur lui donna accès à la partition de Julie.

Le fond d’écran représentait une chaloupe de course. L’interface était arrangée en petites icônes lisibles. Communication, loisirs, travail, personnel. Élégant. C’était le mot qu’il cherchait. Pas spartiate, élégant.

Il passa rapidement en revue ses fichiers professionnels, pour se faire une impression d’ensemble, comme avec l’appartement. L’heure des recherches rigoureuses n’était pas encore venue, et une première impression était généralement plus utile qu’une encyclopédie. Elle avait des vidéos d’entraînement sur différents transports légers. Quelques archives concernant la politique, mais rien de militant. Un recueil de poésie écrit par un des premiers colons de la Ceinture.

Il passa à sa correspondance personnelle. Elle était classée avec autant de méthode que celle d’un Ceinturien. Tous les messages entrants étaient dirigés vers des sous-dossiers. TRAVAIL, PERSONNEL, INFORMATIONS, COURSES. Il ouvrit Informations. Deux ou trois cents brèves politiques, résumés d’un groupe de discussion, communiqués et annonces. Quelques-uns avaient été consultés, mais rien n’indiquait un intérêt assidu pour le sujet. Julie était le genre de femme prête à se sacrifier pour une cause, mais pas le genre à prendre plaisir en lisant la propagande. Miller referma le dossier.

COURSES était une longue suite de simples messages commerciaux. Quelques reçus, quelques annonces, des demandes de biens et de services. Une annulation pour un cercle de célibataires basé dans la Ceinture retint son attention. Il ouvrit la correspondance en rapport avec ce sujet. Julie s’était inscrite au service de rencontres catégorie “g basse, basse pression” en février de l’année précédente, et avait annulé en juin sans l’avoir utilisé.

Le dossier PERSONNEL était plus diversifié. Soixante ou soixante-dix sous-dossiers désignés par des noms. Certains étaient ceux de personnes – SASCHA LLOYD-NAVARRO, EHREN MICHAELS. D’autres des notations particulières – CERCLE D’ENTRAÎNEMENT, APE.

ERREMENTS/CULPABILITÉ MERDIQUE.

— Ah, voilà qui pourrait être intéressant, dit-il à l’appartement vide.

Cinquante messages remontant à cinq ans, tous expédiés par les stations des Entreprises Mao-Kwikowski dans la Ceinture et sur Luna. Contrairement aux tracts politiques, tous avaient été ouverts.

Miller but une gorgée de bière et examina les deux messages les plus récents. Le dernier, toujours non lu, venait de JPM. Jules-Pierre Mao, probablement. Celui le précédant montrait trois brouillons de réponse dont aucun n’avait été envoyé. Ils étaient destinés à Ariadne. La mère.

Il y avait toujours un petit côté voyeur à exercer le métier d’inspecteur. Il était dans son droit en venant ici et en fouillant dans la vie privée d’une femme qu’il n’avait jamais rencontrée. Cela faisait légitimement partie de son enquête d’apprendre qu’elle était seule, que les effets de toilette dans la salle de bains étaient uniquement les siens. Qu’elle avait une certaine fierté. Personne ne pourrait se plaindre, du moins pas d’une façon qui aurait des répercussions sur son emploi, s’il lisait tous les messages personnels de Julie. Du point de vue éthique, la dégustation de sa bière était l’acte le plus contestable qu’il ait commis depuis son entrée dans l’appartement.

Et pourtant il hésita encore quelques secondes avant d’ouvrir l’avant-dernier message.

L’image affichée changea. Sur du matériel de meilleure qualité, il aurait pu déceler sur le message affiché un original écrit à l’encre sur du papier, mais le système bon marché de Julie tremblotait et une lueur douce nimbait le côté gauche de l’écran. L’écriture était délicate et lisible, soit naturelle, soit tracée avec un programme de calligraphie assez perfectionné pour varier la forme des lettres et la longueur des lignes.

Ma chérie,

J’espère que tout va bien pour toi. J’aimerais que tu m’écrives de toi-même, de temps en temps. J’ai l’impression que je dois remplir une demande en trois exemplaires pour simplement savoir comment va ma propre fille. Je sais, cette aventure dans laquelle tu t’es lancée est fondée sur ton désir de liberté et d’indépendance, mais il y a certainement encore de la place pour un peu de prévenance.

Je voulais te contacter surtout parce que ton père est de nouveau entré dans une de ses phases de consolidation de nos biens, et nous envisageons de revendre le Razorback. Je sais que cette chaloupe a été importante pour toi, à une époque, mais j’imagine que nous avons tous abandonné l’idée que tu allais refaire des courses. Actuellement, il s’agit d’économiser sur les frais de stockage, et il n’y a aucune raison de se montrer sentimental.

C’était signé des initiales déliées AM.

Miller réfléchit à ce texte. Il aurait cru que les extorsions parentales chez les très riches seraient plus subtiles. Si tu ne fais pas comme on te dit, nous nous débarrasserons de tes jouets. Si tu n’écris pas. Si tu ne reviens pas à la maison. Si tu ne nous aimes pas.

Il ouvrit le premier brouillon de réponse, incomplet.

Mère, si c’est le nom que tu te donnes :

Merci beaucoup d’avoir salopé une fois de plus ma journée. Je n’arrive pas à croire que tu sois aussi égoïste, mesquine et grossière. Je n’arrive pas à croire que tu réussisses à dormir la nuit ou que tu aies seulement pensé que je pourrais…

Miller survola la suite. Le ton semblait ne pas faiblir. Le deuxième brouillon était daté de deux jours plus tard :

Maman,

Je suis désolée que nous nous soyons tellement éloignées ces dernières années. Je sais que ça a été dur pour toi et pour papa. J’espère que tu le comprendras, les décisions que j’ai prises n’ont jamais eu pour but de vous faire souffrir.

Pour ce qui est du Razorback, je souhaiterais que vous reconsidériez ce que vous envisagez de faire. C’est mon premier bateau, et je

Le message s’arrêtait là. Miller se laissa aller contre le dossier de la chaise.

— Du calme, petite, dit-il à la Julie imaginaire avant d’ouvrir le dernier brouillon.

Ariadne,

Faites ce que vous avez à faire.

Julie

Il éclata de rire et leva la bouteille pour porter un toast à l’écran. Ils avaient très bien su la frapper là où ça lui ferait mal, et Julie avait accusé le coup. S’il réussissait à la capturer et à la ramener, ce serait une mauvaise journée pour tous les deux. Pour tout le monde.

Il finit sa bière, mit la bouteille dans le vide-ordures recycleur et ouvrit le dernier message. Il craignait fort d’apprendre le sort final réservé au Razorback, mais c’était son boulot d’en savoir autant que possible.

Julie,

Il ne s’agit pas une plaisanterie. Ce n’est pas un des accès mélodramatiques de ta mère. D’après des renseignements fiables, la Ceinture est sur le point de devenir une zone très peu sûre. Quelles que soient les divergences entre nous, nous pourrons régler ce problème plus tard.

POUR TA PROPRE SÉCURITÉ, RENTRE À LA MAISON MAINTENANT.

Miller se rembrunit. Le recycleur d’air bourdonnait. Au-dehors, les gamins du coin poussaient des sifflets stridents. Il toucha l’écran et ferma le dernier message de ERREMENTS/ CULPABILITÉ MERDIQUE, puis le rouvrit.

Il avait été envoyé de Luna deux semaines avant que James Holden et le Canterbury créent le spectre d’une guerre entre Mars et la Ceinture.

Cette mission devenait intéressante.

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