Assise au bord de l’aquadivan vert, Mélanie frissonnait devant les images qui passaient à l’écran. Benjamin se rapprocha d’elle, lui passa un bras autour de l’épaule et la serra doucement. La jeune fille frémit de plaisir à la chaleur de cette main sur son bras et elle se blottit contre l’homme.
— Tu as peur ? demanda-t-il.
— Pas vraiment. Mais ça me révulse de voir et revoir sans cesse cette scène. Jacobsen n’avait jamais fait de mal à personne. Et quand je pense que son meurtrier était ce serpent de Tamlin, j’en ai mal au ventre.
— Ce type devait être psychotique. Un fou qui détestait les mutants.
— La façon dont il a essayé de m’étrangler au club… J’en ai encore des cauchemars.
Benjamin tourna vers lui le visage de la jeune fille.
— Tu n’as plus à t’inquiéter à présent. Je suis là.
Mélanie sourit. Elle aimait ces yeux bruns et chaleureux, ces cheveux noirs. Si seulement il pouvait la serrer un peu plus fort…
Mais à son grand regret, l’étreinte ressemblait plutôt à celle d’un frère, et il se leva.
— Peut-être devrais-je prévenir la police, suggéra-t-elle.
— Et pour leur dire quoi ? répliqua-t-il d’un ton brusque. Que Tamlin t’a agressée ? Il est mort. Le mieux que tu aies à faire désormais, c’est de l’oublier. Sinon, tu vas t’attirer des ennuis et tu n’y tiens pas.
— Vous avez sans doute raison.
Mélanie se renversa contre les coussins ocre. Elle était fatiguée de regarder les images sans cesse répétées de la mort de Jacobsen. Jacobsen n’était plus. Mélanie voulait l’oublier. Elle et Tamlin.
Benjamin se mit à bâiller et consulta l’horloge.
— Je suis vanné, petite. Reste si tu veux. Moi, je vais me coucher.
Il esquissa un vague sourire et sortit du salon. Avec un soupir, Mélanie changea de chaîne pour tomber sur un vieux film des années 80, au beau milieu d’une scène d’amour. Elle la regarda non sans mélancolie.
J’ai envie que Ben me fasse ça, songea-t-elle. Avec sa bouche, partout. Sur l’écran, les amants se livraient avec talent et passion à l’acte d’amour, avec moult halètements et contorsions. La jeune mutante attrapa un joint dont elle mordit l’extrémité pour activer la montée de l’extase.
Peut-être qu’il n’aime pas les femmes, se dit-elle. Mais dans ce cas, que faisait-il au club ? Et pourquoi serais-je ici ? Pourquoi m’aurait-il secourue et trouvé cet emploi ? Et offert un toit ? Cela faisait presque un mois qu’elle était là. D’un regard ému, elle parcourut le somptueux salon, pour s’attarder sur les riches boiseries et le magnifique tapis navajo rouge.
Au bout d’une semaine, elle avait cessé de verrouiller sa chambre, curieuse de voir s’il s’en apercevrait. Il n’avait eu aucune réaction. Elle s’était mise à se promener dans la maison en chemisette chatoyante aux reflets d’opale, qui révélait de sa personne plus qu’elle ne cachait. Lui se comportait comme si elle était revêtue d’une armure en plastique. Ils vivaient ensemble comme frère et sœur. Mais elle avait déjà deux frères, merci bien.
Le joint la détendit et elle éprouva ce chatouillement familier, cette chaleur persistante entre ses cuisses. Bon Dieu, elle en avait assez de se masturber ! Eût-elle été télépathe, elle aurait envoyé quelques suggestions érotiques à Ben pendant son sommeil. Mais elle n’était pas télépathe. Il lui faudrait donc user de l’approche traditionnelle, conclut-elle avec un soupir.
Elle éteignit l’écran et se dirigea vers la chambre de Ben. Aucune lumière ne passait sous la porte. Très bien. Elle posa doucement sa main à plat et la porte glissa sans bruit. Dans la semi-obscurité, elle distinguait tout juste la forme étendue dans le lit. Respiration régulière. Il dormait.
Mélanie écarta drap et couverture. Il était nu. Comme ses yeux s’adaptaient à la pénombre, elle put admirer le corps bien bâti et musclé. Elle effleura son visage.
— Mel ?
Il se redressa en clignant des paupières.
Elle dégrafa sa tunique à l’épaule et la laissa tomber à ses pieds. Puis, elle l’enjamba, se pencha sur l’homme et dessina d’un doigt une ligne de sa poitrine à son aine. Sous la caresse, il eut un début d’érection.
Tendrement, elle l’embrassa. Il s’écarta, cherchant le drap.
— Il faut aller dormir.
— Je n’ai pas sommeil.
Elle lui prit la main et la maintint contre son sein.
— Mel, tu ne devrais pas faire ça, supplia-t-il.
Mais il n’enleva pas sa main.
Elle remua doucement, pour qu’il pût sentir le mamelon durcir sous sa paume. Lorsqu’elle lui lâcha la main, il la laissa en place, se rapprocha et, de sa main libre, recouvrit l’autre sein. Un soupir s’échappa des lèvres de Mélanie qui ferma les yeux. Aussitôt une langue chaude la parcourut, une bouche passa d’un sein à l’autre et les suça avec avidité.
Alors, elle se glissa dans le lit, contre ce corps musclé, éprouvant un frisson étrange et délicieux au contact des poils sur son torse et de ses bras. Elle brûlait de caresser et d’explorer toutes les parties de ce corps d’homme. D’être elle-même caressée et explorée.
Il l’étreignit plus fort, lui embrassa les seins, le cou, les lèvres. Elle répondit à son désir en se frottant contre lui, haletante, suivant un rythme inconnu que lui dictait son instinct. Les mains de Ben s’insinuèrent entre ses cuisses, d’abord délicatement, avant de s’enhardir et de se faire plus insistantes. Une voix poussa un cri, une voix qu’elle reconnut vaguement comme étant la sienne, mais cela n’avait plus d’importance. Il était en elle et elle explosait, ondulant sous les vagues d’un plaisir intense. Il lui appartenait pour toujours. Pour toujours.
Chez Halden, les aînés du clan, rassemblés autour de la table en teck du sous-sol, étaient prostrés dans un silence lugubre. Michael n’avait jamais vu, dans une réunion du Conseil des Mutants, des visages aussi amorphes, aussi déprimés. Les badges de l’unité sur la plupart des poitrines paraissaient eux aussi avoir perdu de leur éclat. Son père participait à la morosité ambiante, assis là, les manches de sa chemise bleue roulées n’importe comment, en train de tripoter sa tasse de thé.
— Nous devons désigner quelqu’un pour remplir les fonctions de Jacobsen, déclara Halden. Je dois rencontrer lundi le gouverneur Akins, aussi il faut nous mettre d’accord sur la succession du sénateur. Plus vite nous agirons, plus il y aura de chances que le gouverneur ratifie notre choix.
— Pourquoi se casser la tête ? intervint Zenora. Nous ne ferons rien d’autre que de fournir une nouvelle cible aux armes des normaux.
— Si nous nous en tenons à cette attitude, alors nous sommes perdus, répliqua Halden d’un ton sévère.
— Comme tu le dis, mon oncle, fit une voix familière.
Comme un seul homme, toutes les personnes rassemblées se retournèrent. Cinquante paires d’yeux dorés aperçurent une colonne de flammes orange tournoyant lentement près du canapé flottant gris argent. Progressivement, elle se solidifia en une forme humaine ; un homme de haute taille, un mutant vêtu de bottes noires, jean, T-shirt violet et parka de l’armée, le sourire encadré par une barbe aux boucles brunes. Skerry. Une femme rousse en tailleur gris se tenait à ses côtés, l’air peu rassuré. Michael reconnut l’assistante d’Eleanor Jacobsen, Andréa Greenberg. Que faisait-elle ici, avec Skerry ?
— Salut la compagnie, lança ce dernier d’un ton enjoué. Veuillez excuser mon entrée, mais vous le savez, j’aime bien faire mon petit effet. Et je voudrais vous présenter une amie à moi. Dites bonjour aux gentils mutants, Andie.
La jeune femme esquissa un signe de tête.
— Bonjour.
— Skerry, que signifie ceci ? demanda Zenora. Introduire un non-mutant dans notre réunion privée, surtout en ce moment ? Tu as perdu l’esprit ?
— Pas encore, tantine. Je n’ai que trente ans, rappelle-toi. Et ce n’est pas n’importe lequel de ces bons vieux normaux. Andie Greenberg était l’assistante d’Eleanor Jacobsen.
— Calme-toi, Zenora, dit James Ryton. Je réponds d’elle.
— Je ne vois toujours pas pourquoi elle assisterait à la réunion.
— Tu vas voir, reprit Skerry.
De l’autre côté de la table, Michael fit léviter une chaise pliante en bois blanc en direction d’Andie. Tandis qu’elle s’y asseyait, il lui adressa un clin d’œil qui se voulait rassurant.
— Tu te faisais plutôt rare ces derniers temps, Skerry. Qu’as-tu en tête ? s’enquit Halden.
— Jetez un regard là-dessus.
Skerry lança une disquette sur la table.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Halden en fronçant les sourcils.
— Tu veux réveiller nos troupes ? Qu’elles cherchent un remplaçant à Jacobsen ? Ceci devrait stimuler vos âmes de mutants, les amis. Je vous apporte une raison de souhaiter avoir dès que possible quelqu’un à nous au Congrès. Ceci est la preuve que des recherches sur les mutagènes sont en cours au Brésil.
— Au Brésil ? Ces rumeurs sont donc vraies ?
Skerry acquiesça.
— Ils sont en train d’étudier les cellules germinales. Ils font des tests sur les locus des chromosomes de ce qui semblerait être des sujets humains.
— Tu prétends, dit Halden qui avait pâli, qu’ils essaieraient de détecter des mutations et d’en isoler les gènes qu’on pourrait reproduire en éprouvette… ? Voilà qui est bien plus grave que nous n’avions imaginé.
Il tendit la disquette à Zenora qui l’inséra dans le lecteur.
On baissa les lumières et le contenu de la disquette défila sur l’écran auréolé d’un halo bleu scintillant. Pour Michael, les dessins évoquaient des diagrammes classiques d’expériences génétiques. Mais son père, qui s’était dressé de son siège, fixait l’écran, tout comme Halden, avec une angoisse évidente.
— Doubles allèles ? Zygotes séparés ? Ce sont des embryons humains ? demanda Ryton.
— Il semblerait.
— Incroyable. Une précision que nous sommes incapables ne serait-ce que d’approcher, commenta Halden d’une voix lourde d’émotion. Même avec la psychokinésie.
— Et ils ont réussi à implanter l’un de ces embryons, ou à l’amener à maturité ? poursuivit James Ryton.
— Ça, je l’ignore, répondit Skerry. On ne sait pas trop à quel stade ils en sont. Ni qui finance ces expériences.
Cet enregistrement date d’environ deux ans, et il n’est pas complet.
— Où l’as-tu déniché ?
Skerry haussa les épaules.
— Disons qu’un heureux hasard m’a permis de le localiser.
Halden soupira.
— Autrement dit, tu l’as volé.
Michael sourit en lui-même. Félicitations, Skerry.
— Mon oncle, épargne-moi le couplet moralisateur, rétorqua Skerry d’un ton cassant. Tu sais fichtrement bien que nous avons toujours usé de tous les moyens dont nous pouvions disposer. Je me souviens d’une époque où nous restions autour de la table après le rassemblement annuel pour discuter des techniques de vol et autres filouteries, et personne n’avait l’air horrifié. C’était le boulot.
— Il a raison, confirma Michael. Et puis, maintenant que nous avons ces renseignements, on se fiche de savoir comment on les a obtenus.
Halden leur concéda ce point.
— Quoi qu’il en soit, dit-il, tu nous as rendu un service inestimable. Dorénavant, nous devons prendre ces rumeurs très au sérieux.
— Et si c’était bidon ? objecta Zenora. Skerry a pu truquer cet enregistrement. De tous les membres du clan, ce n’est pas exactement celui à qui je ferais le plus confiance.
Elle ponctua ses paroles d’un regard rageur à l’adresse de Skerry, qui le lui retourna aussitôt.
— Pourquoi me serais-je donné ce mal, Zenora ? Je reconnais que ça vaut à peine le coup de prendre des risques et de me casser la tête à vouloir sauver la vôtre. Mais puisque je l’ai fait, le moins que vous puissiez faire de votre côté, c’est de croire ce que je vous montre.
— Si seulement Jacobsen était encore en vie, dit Ryton. Je serais plus à mon aise pour défendre une intervention dans cette affaire si nous avions son aval.
Alors Skerry se pencha, les mains posées à plat sur la table.
— James, je vous ai apporté un deuxième cadeau, tout aussi précieux. Andie était au Brésil avec Jacobsen. C’est la raison de sa présence ici.
Halden se tourna vers la jeune femme.
— Pouvez-vous nous dire ce que vous avez appris au cours de votre enquête ?
— Eh bien, oui, commença Andie qui, aux yeux de Michael, semblait éprouver une certaine gêne. Oui et non. Vous venez de voir à l’instant la seule preuve irréfutable que nous ayons de l’existence de ces expériences génétiques. Cependant, je suis convaincue qu’il s’en pratique en Amérique du Sud bien plus que nous ne saurions en découvrir. Et je pense que le sénateur Jacobsen ne l’ignorait pas.
— Cette remarque est absurde et complètement subjective, lança Zenora.
— Peut-être, rétorqua Andie. Mais où se sont-ils procuré ces agents mutagènes ? Comment expliquer que toute la ville paraissait en proie à une suggestion mentale ?
— Une suggestion mentale ? répéta Halden avant de se tourner vers Skerry. Que lui as-tu révélé sur nous ?
— Des tas de choses. Arrête de jouer les offensés, Halden. Elle peut nous aider. Et nous avons besoin de l’aide des non-mutants.
— Pourquoi la croirions-nous ? fit Zenora. Peut-être s’est-elle simplement mise d’accord avec toi pour perturber la réunion.
— Pourquoi ferait-elle ça ? réagit Michael, furieux.
Décidément, sa tante devenait parano.
— Je suis venue pour vous aider du mieux que je peux, dit Andie d’une voix douce. La mort du sénateur Jacobsen a été une terrible tragédie pour les non-mutants autant que pour les mutants. Et un coup terrible en ce qui me concerne. Je l’admirais énormément. Je croyais sans réserve aux buts qu’elle poursuivait, la coopération et l’intégration entre mutants et non-mutants. J’y crois encore. Pas vous ?
Il y eut un silence. Pourtant, Michael s’en rendait compte, cette déclaration avait porté, et sur l’assistance au complet. Il commençait à se sentir plus optimiste.
— Si vous voulez d’autres preuves qu’il se passe des choses effroyables au Brésil, reprit la jeune femme, vous n’avez qu’à me sonder sur les expériences que j’ai vécues à Rio. Skerry m’a expliqué comment ça fonctionne, et je suis d’accord pour me soumettre au processus, si cela doit aider à poursuivre l’œuvre de Jacobsen.
— Est-ce que vous êtes consciente de l’offre que vous nous faites ? demanda Halden.
— Oui.
Tout d’abord, personne ne dit mot. Puis, comme décidé par un consensus tacite, un étrange bourdonnement emplit la pièce. Michael se pencha et serra la main d’Andie. Il espérait qu’elle savait ce qu’elle faisait.
Andie se mordit la lèvre. Elle était venue à cette réunion secrète prête à affronter la colère et l’hostilité de ses membres. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était d’inviter un groupe de mutants qu’elle ne connaissait pas à fouiller dans sa mémoire.
Certes, elle s’était attendue à rencontrer de la méfiance, mais si elle ne parvenait pas à les convaincre de croire aux informations que leur avait apportées Skerry, il lui semblait que tout le voyage au Brésil perdait sa signification. La seule façon de les convaincre était donc de se prêter à une expérience qui n’était pas sans l’effrayer. Skerry lui adressa un regard plein de sympathie et il lui prit la main. Elle respira profondément et ferma les yeux.
Elle eut tout d’abord la sensation de flotter dans une mare de lumière chaude et dorée, de glisser le long d’une onde mentale aux accords vibrants. Allons, pas de quoi avoir peur. Les voix muettes étaient ses amies et la soutenaient de leur bienveillante sollicitude. La blessure encore à vif qu’avait imprimé dans sa mémoire l’assassinat d’Eleanor Jacobsen cessa de la lanciner, et la douleur décrut jusqu’à n’être plus qu’une légère migraine. Et doucement, ô combien doucement, le bourdonnement s’effaça, l’onde s’apaisa, et Andie se retrouva assise sur sa chaise, clignant des paupières, sa main dans celle de Skerry.
— C’étaient des vacances à Teresôpolis, dit-il en grimaçant un sourire.
Andie rougit et retira sa main.
— Est-ce qu’ils ont vu ça ?
— Non. Je vous ai isolée. D’ailleurs, l’esprit collectif a ses limites. Il ne voit que là où on le dirige. Ou là où on l’invite à aller. Je n’ai pas pu résister à l’envie de faire une petite promenade.
Andie lui lança un regard furibond. Elle aurait dû se douter qu’il ne fallait pas lui faire entièrement confiance. Ce numéro d’apparition ridicule ! Skerry était un être imprévisible. Elle s’efforça d’ignorer cette partie du personnage qui s’était permis d’explorer ses souvenirs les plus intimes, pour se concentrer sur les réactions du groupe qui faisait cercle autour d’elle.
L’homme imposant à la chemise rouge foncé, le leader du groupe, celui qui se nommait Halden, la gratifia d’un sourire.
— Merci, madame Greenberg, dit-il. Très convaincant, en effet. (Et après un regard sur les visages autour de la table :) Y a-t-il encore des sceptiques parmi nous ?
Cinquante têtes firent signe que non.
— Nous sommes donc tous d’accord, poursuivit-il, pour dire que des expériences inhabituelles et alarmantes ont lieu au Brésil. Je propose que nous formions notre propre commission d’enquête. Si nous attendons que le gouvernement constitue un nouveau comité, il sera peut-être trop tard.
— Qu’y a-t-il à craindre de si terrible de la part de supermutants ? demanda Andie.
— Rien, répondit Halden, tant qu’ils ne sont pas contrôlés par des éléments indésirables.
— Par exemple ?
L’homme haussa les épaules.
— Je pourrais vous citer une douzaine de groupes aux intérêts particuliers, et vous aussi, madame Greenberg. À commencer par les terroristes, fascistes, et autres néo-nazis.
— Et vous croyez qu’un de ces groupes nuisibles est derrière les expériences sur les supermutants ?
— Un groupe nuisible, oui. Quelle autre raison y aurait-il de garder la chose secrète ? Et pourquoi n’ont-ils pas réclamé notre concours ? Les généticiens mutants sont connus pour leurs dons.
— Cela dit sans t’offenser, mon oncle, intervint Skerry, ceux-là ne semblent pas avoir besoin de nos dons en matière de génétique.
— Vous est-il déjà arrivé d’engendrer naturellement un supermutant ? s’informa Andie.
Halden secoua la tête.
— Jusqu’ici, la forme la plus évoluée que nous ayons atteinte, c’est le mutant à double pouvoir, comme le jeune Ryton ici présent. Mais s’il existait des mutants dotés de pouvoirs supérieurs, nés d’expériences génétiques pratiquées, sans doute de façon grossière, dans la clandestinité, des mutants destinés à être manipulés par Dieu sait quelle organisation à des fins dont nous ne soupçonnons pas la vilenie, alors cela pourrait avoir des conséquences dramatiques.
— Madame Greenberg, ajouta James Ryton, les forces armées de la planète n’ont eu de cesse, depuis que nous avons révélé au grand jour notre existence, d’essayer de séduire les mutants pour les attirer dans leurs rangs. Combien de services d’espionnage aimeraient bénéficier des talents de nos meilleurs précognitifs ! Combien de guérillas verraient leurs résultats affectés par des intervenants doués de pouvoirs télékinésiques ! Pour l’heure, nos dons ne sont pas assez fiables pour intéresser les militaires. Mais un mutant doté de pouvoirs développés, voilà qui devrait intéresser le gouvernement – vous pouvez en être sûre. Un tel être pourrait se révéler une chance merveilleuse pour l’humanité, ou une menace considérable. Et vous avez eu la démonstration, aux premières loges, de ce que peut être la violence avec laquelle certains normaux s’opposent aux mutants ordinaires. Imaginez le tollé général devant des mutants aux pouvoirs supérieurs.
— Dans ce cas, pourquoi ne pas vous adresser au gouvernement fédéral pour lui faire part de votre inquiétude ?
— Nous avions espéré que l’enquête menée au Brésil déboucherait sur des résultats officiels dont nous aurions pu nous servir pour créer une ouverture. Mais la mort de Jacobsen a fait dévier nos préoccupations vers d’autres sujets. Nos préoccupations et celles du gouvernement.
Andie hocha la tête.
— C’est vrai. Il va s’écouler des années avant qu’ils n’envisagent une autre enquête. Pour le Congrès, cette affaire est enterrée.
— Alors qu’elle a été peut-être un élément déterminant dans l’assassinat, dit Skerry. Ce qui signifie que nous ne pouvons nous permettre d’attirer davantage l’attention là-dessus.
Il prit la traditionnelle tasse bleue qui se trouvait devant lui et avala une gorgée de thé.
— Il a raison, confirma Halden. Nous devons commencer par mener notre propre enquête. Il y en a assurément plusieurs parmi nous qui ont les compétences requises. Le Dr Lagnin est en congé sabbatique de Stanford. Et Christopher Ruschas a son propre laboratoire de génétique à Berkeley. Et quelques autres. Avec votre concours, madame Greenberg, nous suivrons la piste amorcée par le groupe d’enquête du Congrès.
— Il vous est acquis, dit Andie en souriant.
— Skerry, il se peut que nous ayons besoin de toi en cette affaire.
— Je ne sais pas, Halden. Je préfère agir isolément.
Andie l’aurait giflé. N’était-ce pas lui qui les avait entraînés dans cette affaire ? Et voilà qu’à présent il voulait se retirer !
— Bon, essayons, pour le bien de tous, de passer outre notre aversion naturelle, proposa Halden d’un ton sarcastique. Si tu ne te sens pas concerné, que fais-tu ici ?
Skerry haussa les épaules.
— Je viens faire une petite visite à mon paternel à l’asile des mutants.
Halden serra les lèvres.
— Il serait temps que tu viennes voir ton père.
— Pour ce que ça lui fait… Ils lui ont filé tellement de drogues qu’il ne se reconnaît pas lui-même.
— En attendant qu’on ait trouvé un moyen de traiter les crises mentales, lorsque le stade terminal est atteint, nous n’avons que les sédatifs pour lutter contre la douleur.
— Et l’euthanasie ?
Halden croisa les bras.
— Là, on sort vraiment du sujet. Skerry, nous aimerions que tu fasses partie de l’équipe. S’il te faut du temps avant de prendre une décision, fais-le-moi savoir. Mais avec ou sans toi, nous allons nous atteler à la tâche.
Andie observait la scène avec fascination. Des crises mentales ? De quoi s’agissait-il ? Il faudrait qu’elle interroge Skerry.
— Notre première démarche sera, naturellement, l’enquête sur l’assassinat, déclara Halden. Nous ne savons toujours pas pour qui travaillait le meurtrier, ni comment il a été tué. Il s’est écoulé plus d’une semaine depuis le meurtre de Jacobsen.
— Halden, intervint Michael Ryton, la filière officielle pour obtenir cette information ne nous a menés nulle part. Peut-être serait-il temps d’utiliser des moyens non officiels.
— Que suggères-tu ? Qu’on s’amène en force pour exiger une enquête ?
— Pourquoi pas ? Est-ce que c’est mieux de rester sans agir et de laisser nos leaders se faire tuer ?
Plusieurs membres du clan approuvèrent de la tête. Certains le firent même d’une voix forte.
Andie jeta un regard inquiet sur l’assemblée. Était-on en train de lui adresser des reproches ? L’ambiance tournait à l’aigre.
— Michael, dit Halden, c’est la colère qui te pousse à parler ainsi. Je comprends ce que tu éprouves. Mais nous devons opérer avec prudence. Évidemment, nous mènerons notre propre enquête sur la mort de Jacobsen. Mais je propose que nous discutions de celui ou celle que nous allons soutenir comme son successeur, et cela, avant mon entretien avec le gouverneur Akins de l’Oregon.
— Et moi, je propose que Mme Greenberg nous attende en haut, intervint Zenora. Ce qu’elle avait à nous communiquer était intéressant, mais je ne vois pas en quoi le reste de la réunion la concerne.
Andie ressentait dans sa chair l’hostilité de la mutante, qui émettait des ondes de colère.
— Je ne veux pas m’imposer, dit Andie. Excusez-moi.
Elle grimpa l’escalier et referma la porte derrière elle.
— Zenora, quand apprendras-tu à maîtriser tes humeurs ? fit Halden d’une voix dure.
Zenora jeta un regard furieux à son mari.
— Je ne vois aucun intérêt à laisser les petites amies de Skerry, des normales qui plus est, s’immiscer dans nos affaires.
Michael en était gêné pour elle. Jamais auparavant il n’avait vu Zenora dans un tel état de rage. Commençait-elle à son tour à connaître des crises mentales ?
— Essayons d’avancer sur le problème de la succession de Jacobsen, suggéra James Ryton.
Dans le cerveau de Michael, se forma l’image d’un homme en costume de couleur ocre, avec une tignasse châtaine et un fort menton carré. Il lui trouvait un air connu.
— Voici Stephen Jeffers, dit Halden. Comme vous le savez peut-être, il s’est présenté contre Jacobsen aux primaires sénatoriales. Ayant perdu, il est devenu un solide supporter dans la campagne qu’elle a menée. Il est avocat à Washington depuis dix ans, mais conserve une résidence dans l’Oregon. Il a travaillé avec Jacobsen sur plusieurs questions. Il est sérieux et digne de confiance. Même les normaux l’apprécient.
L’image s’effaça. Michael se souvint que lui et son père avaient vu Jeffers dans le bureau de Jacobsen au printemps. Cela paraissait un bon choix.
— Nous l’avons déjà rencontré, dit James Ryton. Quelle est son approche politique ?
— Plutôt agressive. Il veut abroger le Principe d’Équité. Naturellement, il poursuivrait certains des projets de conciliation dont Jacobsen avait épousé la cause.
— Il serait temps, fit remarquer Ren Miller. Franchement, j’en ai assez de patauger dans le provisoire. Je pense que nous devrions exiger une représentation plus large. Une voix plus puissante. À quoi sert l’Union des Mutants si nous ne l’utilisons pas ?
— Et selon toi, que dirait cette voix ?
Ryton s’était levé, fusillant Miller du regard. Le jeune homme lui retourna son regard, soulevant sa forte carrure pour prendre appui sur ses robustes avant-bras.
— J’en ai marre de courber l’échine devant ces normaux ! Ces inférieurs ! s’exclama Miller d’un ton qui secoua l’assistance.
— Tu veux mettre tout le clan en péril ? Tu es devenu fou ?
Ryton hurlait lui aussi, à présent.
— Nous n’avons pas le choix, rétorqua Miller. Ou alors, nous les laissons nous éliminer en toute impunité. Puis nous rampons à leurs pieds en les suppliant : « Oh, s’il vous plaît, s’il vous plaît, juste un petit renseignement ! »
Michael bondit, prêt à venir au secours de son père si Miller l’agressait. Des cris de colère s’élevèrent, tandis que Halden hurlait encore plus fort.
— James ! Ren ! Ça suffit !
Le Gardien du Livre se leva en renversant son siège. Halden était l’un de leurs plus puissants télépathes, et il le prouva une fois de plus en projetant des ondes mentales dont les échos vibrèrent à travers l’esprit de toutes les personnes présentes, tant et si bien que tous les yeux dorés, sans exception, se fixèrent sur lui.
— Nous avons déjà discuté de cela, dit-il d’un ton plus mesuré. Nous ne sommes pas assez forts pour exiger quoi que ce soit. Cela ne nous rapporterait qu’une seule chose : nous aliéner l’opinion sans aucune contrepartie. Nous avons fait quelques progrès, certes, mais il est impératif que nous avancions prudemment.
Michael se rassit. Pour lui, Halden avait raison.
— Si nous n’arrivons pas à discuter calmement entre nous, reprit Halden en parcourant du regard son auditoire, nous n’avons aucune raison d’espérer que des étrangers acceptent de négocier avec nous. L’arrogance croissante envers les normaux que je détecte chez certains d’entre nous me met terriblement mal à l’aise. Je vous rappelle que nous sommes tous des êtres humains, qui avons reçu de la nature des dons différents. Je ne soulignerai jamais assez les dangers d’un excès de confiance de notre part.
— Alors, dans ce cas, ne choisissez pas Jeffers, intervint Skerry. C’est chercher les ennuis.
Halden redressa son siège et se rassit.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— Il est plus conservateur que vous ne le pensez. Plus, et moins aussi.
— Arrête de parler par énigmes, dit James Ryton en s’essuyant le front.
Skerry reposa sa tasse.
— Vous n’avez pas d’autres candidats ? Toi, Halden, par exemple ?
L’homme secoua la tête.
— Je ne tiens pas à occuper ce poste. Et qui plus est, je ne suis pas qualifié pour cela.
— Et que savez-vous exactement de Stephen Jeffers ? demanda Skerry.
— On en dit beaucoup de bien. Même s’il n’a pas assisté récemment aux réunions du clan, il a la réputation d’être prudent, modéré et responsable.
— Je crois que vous devriez choisir quelqu’un de plus connu, de plus sûr. Je n’ai pas confiance en lui.
Ryton repoussa sa chaise.
— Venant de toi, je dirais que c’est un bel éloge.
Skerry préféra ignorer la remarque.
— Croyez-moi sur parole, d’accord ?
— Tu sais que nous pourrions te forcer à te soumettre à la communion d’esprits, lança Zenora d’un ton acerbe.
— Un viol psychique ? Toi et cette armée de mutants ? (La voix de Skerry criait son mépris.) Vous savez que je suis l’un des plus forts dans cette assemblée. Vous tenez vraiment à essayer ?
Il avait l’air prêt à la lutte. Michael frissonna. Skerry serait un adversaire redoutable.
— Évidemment non. Mais tu ne nous donnes pas beaucoup de renseignements utiles, dit Halden en adressant un regard sévère à sa femme.
Skerry se tourna vers lui.
— Je suis venu pour vous éclairer sur ce qui se trame au Brésil et pour voter contre Jeffers. Je n’ai aucune information précise à son sujet, mais je pense que vous vous trompez sur son compte.
— Si tu fréquentais un peu plus les réunions du clan, reprit Zenora, peut-être accorderions-nous davantage de crédit à tes intuitions.
— Arrête ton refrain, répliqua-t-il sèchement. Vous savez très bien que je m’intègre mal au clan. Si vous pouviez seulement vous rendre compte que je vous suis plus utile en restant en dehors qu’en ralliant votre petit cercle de claustrophiles, vous comprendriez que j’ai raison à propos de Jeffers.
— Skerry, tu ne peux pas nous donner une preuve de ce que tu avances ? demanda Michael.
— Rien qui puisse vous convaincre.
— En ce cas, nous ne pouvons pas simplement nous fier à ta parole, déclara Halden. Sois raisonnable. Tu t’excites un peu trop. Jeffers est un bon candidat.
— Ce sera notre enterrement, rétorqua Skerry en croisant les bras.
Au-dessus de la table, apparut une vision, un badge géant, symbole de l’unité des mutants. Et soudain, tous les bras qui entouraient l’œil doré gravé sur le badge se levèrent, poing fermé, en signe de révolte. Les bras se tendirent, s’allongèrent en direction des membres du clan assemblés, avant de se tordre selon des angles bizarres. La distance entre coudes et poignets s’accrut. Les poings disparurent. Étirés jusqu’à l’infini, les bras se dressèrent et soulevèrent dans les airs le disque central. C’était un corps à présent, non plus un œil. Le corps d’une araignée dorée géante qui déguerpit, cliquetant des mandibules en quête d’une proie. Skerry eut un sourire. L’image s’estompa.
Durant un moment, personne ne dit mot. Puis James Ryton abattit sa tasse sur la table.
— Assez avec ces stupides jeux de salon, dit-il. Je ne tiendrai pas compte de l’opinion de Skerry. Je propose que nous nommions Stephen Jeffers et que nous soutenions sa candidature.
— Je suis pour, dit Sue Li.
Halden appela à un vote qui fut quasiment unanime. Seul Skerry s’abstint.
— La motion est adoptée, déclara Halden. L’Union des Mutants du Centre-Est appuie par la présente la candidature de Stephen Jeffers.
À ses côtés, Zenora nota la délibération sur un écran portable relié au réseau C.S.T.
— Halden, l’assemblée de San Bernardino et le groupe de Berkeley ont également choisi Jeffers. Ainsi que ceux de l’Alaska, de Hawaii et du Midwest.
— Bien, commenta Halden. Je transmettrai la recommandation au gouverneur Akins dès lundi.
Skerry se leva.
— Eh bien, en tout cas, l’intention est louable.
Il grimpa l’escalier et disparut. Michael jeta un regard sur les visages qui faisaient cercle autour de la table. La réunion semblait toucher à sa fin. Il décida d’aller retrouver Andréa Greenberg.
— Cette communion télépathique ne ressemblait en rien à ce que j’imaginais, remarqua Andie.
Elle avait une tasse jaune à la main et sirotait un café dont elle semblait apprécier la chaleur bienfaisante.
— Vous vous imaginiez quoi ? demanda Michael en souriant. Qu’on allait vous attacher sur une table et vous envoyer une décharge électrique dans le corps ? Ou vous transformer en une espèce de zombie ?
— Pas exactement. Mais je ne pensais pas que ce serait comme ça, disons, agréable. Je vous envie presque de pouvoir vous unir et communiquer de cette façon.
— C’est un des plus grands avantages dont bénéficient les mutants.
— Alors que les crises mentales sont un des pires inconvénients ? Parlez-moi de ces crises.
— Elles semblent se produire pour la plupart chez les mutants mâles les plus âgés. Mon père commence tout juste à en avoir.
— Elles sont mortelles ?
— Pas en elles-mêmes, non. Mais parfois, le suicide paraît une solution préférable au vacarme et à la souffrance qu’elles entraînent.
— Ça a l’air terrible, murmura Andie avec une grimace.
— Je préfère ne pas trop y penser.
— Ça se soigne ?
Michael haussa les épaules.
— Nos guérisseurs arrivent à les contrôler plus ou moins. Après, on se rabat sur les drogues.
— Qu’avez-vous pensé de notre entrée ?
— Du Skerry tout craché. Il faut toujours qu’il se singularise. J’aime ça. Et lui aussi, je l’aime bien.
— Les aînés de votre clan ne semblent pas partager cette opinion.
— Disons qu’ils sont assez conservateurs. Traditionnels. Trop traditionnels, insista-t-il en se renfrognant.
— Que voulez-vous dire ? demanda Andie qui sentait son irritation.
— Eh bien, dans les relations, par exemple. Je fréquente une fille, et comme eux n’approuvent pas, il faut que je fasse attention à ne pas risquer le blâme.
— C’est une mutante ?
— Non.
— Que pourraient-ils vous faire ?
— Exiger que je cesse de la voir, ou alors je serais banni. Ils veulent que j’épouse quelqu’un du clan.
Andie le regarda, ébahie.
— Un mariage arrangé ? Je croyais que ça n’existait plus depuis l’invention du boulier.
— Pas si c’est la saison des mutants.
— Pardon ?
— Désolé. C’est une plaisanterie. Vous voyez, peu importe ce qui se passe en dehors du clan. Ici, c’est toujours la saison des mutants. Ce qui signifie que ce qui compte, c’est la tradition.
— Et bien sûr, ce n’est jamais la saison des amours illicites, dit Andie en lui tapotant amicalement l’épaule. Ne vous laissez pas décourager, Michael.
— Ça ne risque pas, dit-il avec un sourire. Pour changer de sujet, que pensez-vous de Stephen Jeffers ? C’est lui que nous avons décidé de recommander pour remplacer Jacobsen.
— Cela me paraît un excellent choix. Assurément, Jacobsen l’appréciait. Je me rappelle, il était toujours après elle à faire le forcing en faveur d’une législation pro-mutants. Mais vous allez pouvoir convaincre le gouverneur Akins de le nommer à ce poste ?
Michael s’appuya au comptoir de la cuisine et hocha la tête.
— Bien sûr. Halden peut se montrer très persuasif quand il le faut. Et Akins sait qu’il doit apaiser la population mutante si on ne veut pas connaître un retour de la violence des années 95, à l’époque où l’Union des Mutants a été constituée.
— Mon Dieu, j’espère que non !
— S’il y a quelqu’un qui peut l’éviter, c’est Jeffers. Est-ce que vous travaillerez pour lui ?
— J’en doute. Il voudra probablement réunir toute une nouvelle équipe. J’en profiterai pour prendre des vacances. Je rêve encore à cet assassinat. Des cauchemars. J’envisage un implant hypnotique pour m’en protéger.
— S’ils persistent, vous pourriez demander l’assistance de nos guérisseurs.
Andie sourit.
— Eh bien, si le traitement ressemble à cette espèce de thérapie de groupe dont je viens de faire l’expérience, je pourrais bien faire appel à vous. (Elle consulta sa montre.) Grands dieux, il est tard ! Je ferais mieux de me dépêcher si je veux attraper la navette de Washington. Bonne chance, Michael. On reste en contact.