20

Le vent de décembre soufflant par rafales saupoudrait de neige la cabane bleue en front de mer et faisait trembler les fenêtres. À l’intérieur, les convecteurs rougeoyaient et les cristaux de conduction éclairaient la salle aux couleurs de l’été.

Le psaume de la communion mentale montait des enceintes murales. Les douces sonorités de basse se répercutaient à travers la pièce. Michael s’adossa à son siège devant la grande table, goûtant l’agréable sensation de paix qu’instillait en lui l’union des esprits. Il s’aperçut que Jena, à l’autre bout de la salle, le regardait, le visage sombre. Elle-même ne parviendrait pas à ébranler sa sérénité. Il lui sourit, puis détourna les yeux.

Halden, réélu sans difficulté, avait repris le siège d’honneur en tant que Gardien du Livre. De sa voix grave et forte, il réclama l’attention de l’assistance :

— Pour récapituler, vous savez tous quelle perte cruelle nous avons subie cette année. Une catastrophe.

Nous ne pourrons jamais remplacer notre sœur bien-aimée, Eleanor. Mais grâce à Jeffers, l’espoir demeure en nos cœurs.

Les têtes autour de la table approuvèrent à l’unisson.

— L’abrogation du Principe d’Équité, poursuivit Halden, est un pas capital vers l’égalité. Le sénateur Jeffers y travaille sans relâche.

— Quand je vous disais qu’il était le meilleur candidat ! s’exclama Ren Miller, la mine réjouie.

— Voilà pour les bonnes nouvelles, reprit Halden. Mais il y en a aussi de mauvaises. L’enquête du F.B.I. sur le meurtre de Jacobsen n’a rien donné. L’affaire a été officiellement classée le premier décembre. Ils pensent que Tamlin a opéré seul. Cependant, tout ce que nous avons pu découvrir au cours de nos recherches nous amène à penser qu’il avait des complices.

— Qu’il a opéré seul ? C’est une plaisanterie, dit Zenora d’un ton revêche.

— Et notre enquête à nous, qu’est-ce qu’elle a donné ? demanda James Ryton. On a trouvé quelque chose ?

Halden hocha la tête.

— Il ne fait pas de doute que Tamlin était mentalement dérangé ; en particulier, il éprouvait une haine pathologique à l’égard des mutants. Mais en aucun cas il n’a pu falsifier cette carte de presse. Quelqu’un lui a facilité l’accès à Jacobsen.

— Qu’est-ce qui t’autorise à dire ça ?

— Nous avons nous-mêmes essayé de reproduire son badge d’identification. Échec complet, et ce, malgré les efforts de nos meilleurs artistes holo. Il n’existe qu’une seule boutique d’hologrammes dans tout Washington, qui fabrique des coupe-file de journalistes, et elle est sous contrat exclusif avec le gouvernement. La carte de presse de Tamlin a été faite dans cette boutique.

— Et le F.B.I. n’est pas capable de résoudre cela ? intervint Ren Miller.

— Peut-être qu’il n’y tient pas, répondit Halden.

— Es-tu en train de prétendre qu’il y a une conspiration pour étouffer cette affaire ?

— C’est de l’ordre du possible.

— Moi, je dis que c’est Horner le coupable, déclara Tela d’une voix aigre.

— Ridicule, riposta Ryton. Nous n’en avons aucune preuve.

— Ah bon, tu ne trouves pas qu’il fait un suspect vraisemblable, avec tout son bla-bla sur l’Église ressuscitée ? s’emporta Tela. Et ses tentatives mesquines pour recruter certains d’entre nous ? C’est quand même lui qui a rendu publique la rumeur sur le supermutant. Peut-être qu’il est de mèche avec un groupe d’autres sénateurs qui craignaient Jacobsen et avaient décidé de la faire tomber.

Complètement parano, songea Michael.

— Nous avons déjà enquêté du côté de Horner, dit Halden d’un ton las. Il ne trempe pas dans cette affaire. Naturellement, nous poursuivrons nos investigations.

— Et notre enquête au sujet du supermutant ? demanda Michael.

— Le Dr Ribeiros a disparu, en même temps que les dossiers de la clinique. (Le Gardien du Livre marqua un temps.) Aucune trace de lui au Brésil. Nous avons alerté d’autres camarades, spécialement en Asie du Sud-est. On pense qu’il va finir par refaire surface à un moment ou à un autre. Nous restons vigilants.

Une agitation fébrile se manifesta dans tous les rangs. Halden leva les mains pour obtenir le silence.

— S’il n’y a pas d’autre question…

— Oncle Halden, lança Jena d’une voix rauque, je réclame la parole.

Michael lui jeta un coup d’œil, se demandant ce qu’elle avait en tête.

— Accordée, dit Halden au bout d’un instant.

Jena se leva. Elle portait une combinaison moulante en velours synthétique vert. Son visage était figé dans une expression étrangement sévère. À présent, toutes les têtes étaient tournées vers elle.

— Je voudrais faire valoir mon droit aux fiançailles, déclara-t-elle d’une voix résolue.

— Tes fiançailles ? Avec qui ? fit Halden, étonné.

— Avec Michael Ryton, répondit Jena en pointant un doigt en direction du jeune homme.

Un souffle de stupéfaction, à la fois audible et mental, passa dans l’assistance. Le cœur de Michael s’emballa. Bon sang, qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Il se tourna vers ses parents, qui le regardaient, médusés. Michael repoussa sa chaise et se leva.

— Je refuse, dit-il d’une voix rageuse qu’il reconnut à peine comme la sienne.

Jena le dévisagea. Dans ses yeux, brillait une lueur féroce.

— Je fais néanmoins valoir mon droit.

— La requête est délicate dès lors que la personne concernée n’est pas d’accord, fit remarquer Halden.

— Pas d’accord ? s’écria Jena en rejetant les épaules en arrière, mains sur les hanches. Il était plutôt d’accord quand il est venu dans mon lit ! Quand il a déposé en moi sa semence ! Sa semence par laquelle j’ai conçu son enfant.

Les mots atteignirent Michael comme autant de gifles. Jena enceinte de lui ? Impossible ! Non ! Non ! Non !

— Prouve-le, lança Sue Li d’une voix écorchée, presque brisée.

— Je vous invite, toi ou qui tu choisiras, à communier avec moi, répliqua Jena. Vous verrez que je dis la vérité.

— La vérité, c’est cela ! s’écria Sue Li.

Elle se leva aussitôt et se dirigea vers Jena. Michael crut un instant que sa mère allait frapper la jeune fille, mais Zenora l’arrêta au passage.

— Pas toi, Sue Li, dit-elle d’un ton posé. Laisse-moi communier avec elle. Tu es trop en colère.

D’une main ferme, elle repoussa Sue Li vers son siège. Michael agrippa la table. C’était un mauvais rêve. Forcément.

Zenora prit les mains de Jena. Michael comprit que son esprit venait d’emprunter les sentiers qui suivaient les conduits nerveux dans le corps de l’autre. Allait-elle sentir palpiter une vie au centre de cet organisme ? Une vie nouvelle en train d’éclore dans le nid utérin ?

Zenora laissa retomber ses mains et, s’écartant de la jeune fille, se massa le front.

— C’est exact. Une vie bat dans ce corps. Mais cette vie appartient-elle pour moitié à Michael ? Cela reste encore à prouver.

Le garçon s’effondra sur sa chaise.

— J’en ai la preuve, rétorqua Jena en tendant la main vers l’écran placé près d’elle et en brandissant une disquette verte. Voici les résultats des tests sanguin et chromosomique que j’ai fait faire il y a une semaine. Ils révèlent qui est le père, sans aucune contestation possible.

— Laisse-moi voir, dit James Ryton.

Il prit la disquette et l’inséra dans le lecteur de Zenora. Halden vint le rejoindre et observa attentivement l’écran qui diffusait une lumière bleutée tandis que défilaient les informations.

— Hum. Le fœtus est de sexe féminin, annonça Halden. Et le chromosome d’anormalité est bien là. (Il pianota sur la console.) Le centromère est en position acrocentrique. Pincé, cela ne fait pas de doute.

— Ça ne prouve qu’une chose, à savoir que le père est un mutant, riposta James Ryton d’un ton agressif.

— Ça prouve davantage, James. Tu sais que la localisation du centromère indique la paternité aussi clairement qu’un test sanguin. (Halden se tourna vers Zenora.) Pouvons-nous accéder aux données chromosomiques de Michael par le Réseau ?

— Oui.

— Prends l’écran de la salle qui est disponible.

Michael restait pétrifié sur sa chaise, tel un prisonnier condamné, les yeux rivés sur les images qui construisaient l’échafaud où il allait être pendu.

Le temps s’égrenait à l’infini. Enfin, Zenora hocha la tête d’un air sinistre et leva les yeux de l’écran.

— Ça concorde, Halden. On a une parité dans les allées dominants, dans la localisation et la configuration des centromères, ainsi que dans le type sanguin. (Elle se tourna vers Michael et sur son visage aux contours généreux s’ébaucha un sourire triste.) Je suis désolée.

Tout bruit avait cessé dans la salle où le clan attendait que Halden prononce la sentence. Le Gardien du Livre regarda Michael d’une étrange façon. Comme s’il le voyait pour la première fois. À côté de lui, James Ryton, les yeux perdus dans le vide, n’exprimait aucune émotion. Un muscle tressautait sur la joue de Sue Li. Le silence enveloppait la pièce. Pour finir, Halden se leva.

— Les fiançailles sont accordées, déclara-t-il, tandis que sa bouche prenait un pli bizarre comme si les mots avaient une saveur d’amertume. La nouvelle vie doit être protégée par le clan.

Michael se leva d’un bond.

Épouser Jena ? Pas question. Cela ne faisait pas du tout partie de ses projets. Il avait toute son existence qui l’attendait lorsqu’il retournerait chez lui. Une existence avec Kelly. Il ne pouvait pas épouser Jena. Mais défier le clan signifiait l’expulsion. La honte pour ses parents. Que deviendraient-ils ? Et lui, quel sort l’attendait ?

Dans l’autre cas, s’il renonçait à défier le clan, qu’adviendrait-il de Kelly et de lui ?

— Je ne veux pas l’épouser ! hurla Michael, étonné lui-même de s’entendre dire cela.

Dans sa rage, il balança un coup de pied dans sa chaise et se précipita au-dehors dans la neige, repoussant de son esprit les récriminations mentales que lui adressaient les membres du clan.

Il allait partir pour le Canada. Retrouver Skerry. Ils ne le rattraperaient jamais. Jamais. Il se lança dans une course éperdue, loin du clan, et s’enfonça dans les ténèbres qui se refermèrent sur lui.


Anéantie, Sue Li avait regardé disparaître son fils. Elle n’arrivait plus à renouer les fils de sa pensée. À analyser ses sensations. Son regard se dirigea de l’autre côté de la table, vers Jena. La jeune fille regardait elle aussi vers la porte, comme si elle attendait que Michael réapparaisse d’un moment à l’autre. Puis, tristement, elle baissa les yeux et fixa le sol.

— Bon, je pense que tout est pour le mieux, déclara Zenora.

— Pour le mieux ? rétorqua sèchement Sue Li. Comment sais-tu ce qui est pour le mieux ? Moi, je peux te dire que je n’en sais rien.

— Il va revenir. Ne t’inquiète pas, dit Tela.

— Peut-être vaut-il mieux pour lui qu’il ne revienne pas, explosa Sue Li d’une voix de plus en plus forte.

Le visage blême, Jena la regarda.

Alors Sue Li déversa sa colère sur elle.

— Tu as trompé mon fils, dit-elle. Tu as gagné le droit aux fiançailles et tu pourras peut-être l’y obliger si jamais il revient. Mais je n’oublierai jamais ce que tu as fait, et jamais je ne te pardonnerai.

Des larmes emplirent les yeux de Jena.

Folle de rage, Sue Li chercha son mari du regard.

James Ryton était absorbé devant l’écran, compulsant à nouveau le contenu de la disquette. Sue Li lui trouvait une mine plutôt réjouie. N’était-il pas inquiet pour Michael ?

— Je déclare la question ajournée tant que nous ne connaîtrons pas les véritables intentions de Michael, annonça Halden.

— Mais ça peut prendre des jours, fit remarquer Tela. Et nous devons rentrer chez nous. Reprendre le travail.

Halden s’essuya le front.

— Laissons à Michael le temps de s’habituer. Je lui donne trois jours pour prendre sa décision. Après ce délai, s’il n’est pas revenu, nous le déclarerons hors-la-loi et reprendrons les travaux du conseil.

La plupart des membres du clan, libérés des contraintes de la réunion, s’attardèrent dans la salle principale.

— Sue Li, ne t’en fais pas, il reviendra, dit Tela. Viens chez moi, nous chanterons ensemble.

— Plus tard, peut-être, Tela.

Plusieurs femmes s’étaient rassemblées autour de Jena.

— C’est formidable, dit une cousine.

— C’est pour quand ? demanda une autre.

Lorsqu’elles s’aperçurent que Sue Li les observait, le petit groupe se dirigea vers elle.

— Félicitations, Sue Li, dit la cousine Perel.

— Épargne-moi tes compliments, répliqua Sue Li sans aménité.

Elle jeta un regard autour de la salle. Ren Miller n’était pas loin.

— Ren, tu veux bien aller chercher Michael ? le pria-t-elle.

Le jeune homme aux cheveux roux faillit s’étouffer sur son rouleau au soja.

— Euh, Sue Li, je ne voudrais pas te faire de peine, mais je ne tiens pas à être impliqué dans des histoires de famille.

Et il lui tourna le dos. Frustrée, Sue Li s’approcha de Halden qui était assis, les yeux fermés, dans un fauteuil à eau bleu délavé.

— Halden ?

L’homme ouvrit brusquement les yeux.

— Comment peux-tu rester assis là ? Tu ne vas pas essayer de retrouver Michael ?

Halden leva les mains en signe d’impuissance.

— Et qu’est-ce qu’on y gagnerait ? Tu voudrais que je te le ramène troussé comme un poulet ? Non, Sue Li. Ce que tu me demandes est parfaitement déplacé. En tant que Gardien du Livre, je me dois de rester neutre. Il faut que Michael revienne parce qu’il l’aura voulu. Je regrette.

Et il retourna à sa méditation.

Sue Li fit le tour de la salle d’un regard auquel personne ne voulut répondre.

— Fort bien, déclara-t-elle. Puisque personne ne veut s’en occuper, c’est moi qui vais y aller.

Saisissant au passage une cape thermique accrochée au portemanteau près de la porte, elle sortit précipitamment dans la neige.


Deux semaines s’étaient écoulées depuis que l’on avait repêché le corps de Jacqui Renstrow dans le Potomac. La polémique autour du Principe d’Équité échauffait les esprits. Bill Edwards, Katharine Crewall et tous les autres grands journalistes de la télévision en étaient presque à camper devant le bureau de Jeffers. Andie comptait les jours qui la séparaient des vacances, impatiente de fuir la sonnerie ininterrompue du téléphone et les mêmes questions mille fois répétées. Cinq jours en Grèce, seule avec Jeffers ; elle ne se tenait plus de joie.

Un glisseur gris à la carrosserie aérodynamique se rangea le long du trottoir ; Ben Canay était au volant.

— Taxi, miss ?

Andie monta et referma soigneusement la portière.

— C’est vraiment gentil à vous, Ben, de m’accompagner à la station de la navette.

Il la gratifia d’un bref sourire tandis que le glisseur s’engageait sur la voie rapide.

— Tout le plaisir est pour moi, Andie. Vous n’allez pas traîner vos bagages dans le métro, et puisque Stephen doit vous retrouver à Santorin pour votre congé de Noël, j’ai pensé que le moins que je puisse faire était de vous offrir mes services comme chauffeur.

Canay faisait de tels efforts pour s’attirer ses bonnes grâces qu’Andie essaya de se montrer aimable.

— Belle voiture.

— Merci. Je viens de faire refaire l’intérieur.

— Tout en cuir ? Mon Dieu, c’est du luxe !

Canay se fendit d’un sourire.

— Disons plutôt que c’est une nécessité. Voyez-vous, ma petite amie l’a complètement bousillé.

— Ce glisseur ? Est-ce qu’elle fait ça souvent ?

— Ç’a été son cadeau de rupture. Après qu’elle me l’a volé. Heureusement que je suis assuré, dit Canay avec un gros rire.

Andie fronça les sourcils. La vie privée de Canay avait l’air plutôt compliquée.

Au feu proche de la station, une mutante aux formes épanouies et aux longs cheveux blonds traversa devant eux. Canay la suivit des yeux.

— Superbe ! s’écria-t-il avec un soupir.

— Vous avez un faible pour les mutantes ? demanda Andie. C’est assez rare chez les hommes non mutants.

— Je sais. Quoique, entre vous et moi, je soupçonne la majorité des hommes normaux de se demander ce que valent les mutantes au lit.

Il se tourna vers Andie et lui décocha un clin d’œil. Elle détourna la tête.

— Sans doute, se contenta-t-elle de dire.

— Quant à moi, je me considère comme un connaisseur, poursuivit Canay malgré l’attitude glaciale de sa passagère. Ma petite amie était mutante.

— Vraiment ? (Du coup Andie se tourna vers Canay pour l’observer.) Je ne pensais pas que les mutants se comportaient de façon aussi hystérique.

Canay haussa les épaules.

— Elle était contrariée. On s’était disputés.

La fille devait être piquée, songea Andie. Puis, à voix haute :

— Les couples mixtes, ça n’est pas si fréquent.

— Si l’on exclut les deux personnes ici présentes. Bon, disons que j’ai eu de la chance.

— On dirait qu’elle vous manque.

Il sourit.

— Oui. Ça n’est pas faux.

Au grand soulagement d’Andie, la station de la navette fut bientôt en vue, avec ses terminaux orange piquetés de lumières clignotantes. Canay gara le glisseur devant l’entrée des Olympic Airways, à proximité d’un roboporteur.

— Vous avez besoin d’un coup de main pour vos bagages ? demanda-t-il.

— Non merci, répondit Andie avant de sauter du véhicule.

— Amusez-vous bien avec le grand chef, dit Canay. Nous nous occuperons de tout jusqu’à votre retour.

Il agita la main et repartit.

Le roboporteur prit les bagages, valida le billet et informa Andie que l’embarquement avait commencé. Elle fila vers la porte, pensant déjà aux quelques jours qu’elle allait vivre au soleil. Bizarrement, les propos qu’avait tenus Canay hantaient son esprit. Les mutantes lui plaisaient ? Et alors ? S’il était assez fou pour fréquenter des gens qui lui dérobaient ses affaires et les saccageaient, c’était son problème. Pourquoi s’en ferait-elle pour la voiture de Canay et la petite idiote qui vivait avec lui ? Chassant ces pensées troublantes, Andie se mit à courir vers la navette.

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