Chapitre 15
J’étais décidé à régler ces incidents de frontière par un moyen moins banal que des légions en marche. Une entrevue personnelle fut arrangée avec Osroès. Je ramenais avec moi en Orient la fille de l’empereur, faite prisonnière presque au berceau à l’époque où Trajan occupa Babylone, et gardée ensuite comme otage à Rome. C’était une fillette malingre aux grands yeux. Sa présence et celle de ses femmes m’encombra quelque peu au cours d’un voyage qu’il importait surtout d’effectuer sans retard. Ce groupe de créatures voilées fut ballotté à dos de dromadaires à travers le désert syrien, sous un tendelet aux rideaux sévèrement baissés. Le soir, aux étapes, j’envoyais demander si la princesse ne manquait de rien.
Je m’arrêtai une heure en Lycie pour décider le marchand Opramoas, qui avait déjà prouvé ses qualités de négociateur, à m’accompagner en territoire parthe. Le manque de temps l’empêcha de déployer son luxe habituel. Cet homme amolli par l’opulence n’en était pas moins un admirable compagnon de route, accoutumé à tous les hasards du désert.
Le lieu de la rencontre se trouvait sur la rive gauche de l’Euphrate, non loin de Doura. Nous traversâmes le fleuve sur un radeau. Les soldats de la garde impériale parthe, cuirassés d’or et montés sur des chevaux non moins éblouissants qu’eux-mêmes, formaient le long des berges une ligne aveuglante. L’inséparable Phlégon était fort pâle. Les officiers qui m’accompagnaient ressentaient eux-mêmes quelque crainte : cette rencontre pouvait être un piège. Opramoas, habitué à flairer l’air de l’Asie, était à l’aise, faisait confiance à ce mélange de silence et de tumulte, d’immobilité et de soudains galops, à ce luxe jeté sur le désert comme un tapis sur du sable. Quant à moi, j’étais merveilleusement dépourvu d’inquiétude : comme César à sa barque, je me fiais à ces planches qui portaient ma fortune. Je donnai une preuve de cette confiance en restituant d’emblée la princesse parthe à son père, au lieu de la faire garder dans nos lignes jusqu’à mon retour. Je promis aussi de rendre le trône d’or de la dynastie arsacide, enlevé autrefois par Trajan, dont nous n’avions que faire, et auquel la superstition orientale attachait un grand prix.
Le faste de ces entrevues avec Osroès ne fut qu’extérieur. Rien ne les différenciait de pourparlers entre deux voisins qui s’efforcent d’arranger à l’amiable une affaire de mur mitoyen. J’étais aux prises avec un barbare raffiné, parlant grec, point stupide, point nécessairement plus perfide que moi-même, assez vacillant toutefois pour sembler peu sûr. Mes curieuses disciplines mentales m’aidaient à capter cette pensée fuyante : assis en face de l’empereur parthe, j’apprenais à prévoir, et bientôt à orienter ses réponses ; j’entrais dans son jeu ; je m’imaginais devenu Osroès marchandant avec Hadrien. J’ai horreur de débats inutiles où chacun sait d’avance qu’il cédera, ou qu’il ne cédera pas : la vérité en affaires me plaît surtout comme un moyen de simplifier et d’aller vite. Les Parthes nous craignaient ; nous redoutions les Parthes ; la guerre allait sortir de cet accouplement de nos deux peurs. Les Satrapes poussaient à cette guerre par intérêt personnel : je m’aperçus vite qu’Osroès avait ses Quiétus, ses Palma. Pharasmanès, le plus remuant de ces princes semi-indépendants postés aux frontières, était plus dangereux encore pour l’empire parthe que pour nous. On m’a accusé d’avoir neutralisé par l’octroi de subsides cet entourage malfaisant et veule : c’était là de l’argent bien placé. J’étais trop sûr de la supériorité de nos forces pour m’encombrer d’un amour-propre imbécile : j’étais prêt à toutes les concessions creuses qui ne sont que de prestige, et à aucune autre. Le plus difficile fut de persuader Osroès que, si je faisais peu de promesses, c’est que j’entendais les tenir. Il me crut pourtant, ou fit comme s’il me croyait. L’accord conclu entre nous au cours de cette visite dure encore ; depuis quinze ans, de part et d’autre rien n’a troublé la paix aux frontières. Je compte sur toi pour que cet état de choses continue après ma mort.
Un soir, sous la tente impériale, durant une fête donnée en mon honneur par Osroès, j’aperçus au milieu des femmes et des pages aux longs cils un homme nu, décharné, complètement immobile, dont les yeux grands ouverts paraissaient ignorer cette confusion de plats chargés de viandes, d’acrobates et de danseuses. Je lui adressai la parole par l’intermédiaire de mon interprète : il ne daigna pas répondre. C’était un sage. Mais ses disciples étaient plus loquaces ; ces pieux vagabonds venaient de l’Inde, et leur maître appartenait à la puissante caste des Brahmanes. Je compris que ses méditations l’induisaient à croire que l’univers tout entier n’est qu’un tissu d’illusions et d’erreurs : l’austérité, le renoncement, la mort, étaient pour lui le seul moyen d’échapper à ce flot changeant des choses, par lequel au contraire notre Héraclite s’est laissé porter, de rejoindre par-delà le monde des sens cette sphère du divin pur, ce firmament fixe et vide dont a aussi rêvé Platon. À travers les maladresses de mes interprètes, je pressentais des idées qui ne furent donc pas complètement étrangères à certains de nos sages, mais que l’Indien exprimait de façon plus définitive et plus nue. Ce Brahmane était arrivé à l’état où rien, sauf son corps, ne le séparait plus du dieu intangible, sans substance et sans forme, auquel il voulait s’unir : il avait décidé de se brûler vif le lendemain. Osroès m’invita à cette solennité. Un bûcher de bois odoriférant fut dressé ; l’homme s’y jeta et disparut sans un cri. Ses disciples ne donnèrent aucun signe de regret : ce n’était pas pour eux une cérémonie funèbre.
J’y repensai longuement pendant la nuit qui suivit. J’étais couché sur un tapis de laine précieuse, sous une tente drapée d’étoffes chatoyantes et lourdes. Un page me massait les pieds. Du dehors, m’arrivaient les rares bruits de cette nuit d’Asie : une conversation d’esclaves chuchotant à ma porte ; le froissement léger d’une palme ; Opramoas ronflant derrière une tenture ; le frappement de sabot d’un cheval à l’entrave ; plus loin, venant du quartier des femmes, le roucoulement mélancolique d’un chant. Le Brahmane avait dédaigné tout cela. Cet homme ivre de refus s’était livré aux flammes comme un amant roule au creux d’un lit. Il avait écarté les choses, les êtres, puis soi-même, comme autant de vêtements qui lui cachaient cette présence unique, ce centre invisible et vide qu’il préférait à tout.
Je me sentais différent, prêt à d’autres choix. L’austérité, le renoncement, la négation ne m’étaient pas complètement étrangers : j’y avais mordu, comme on le fait presque toujours, à vingt ans. J’avais moins de cet âge lorsqu’à Rome, conduit par un ami, j’étais allé voir le vieil Épictète dans son taudis de Suburre, peu de jours avant que Domitien l’exilât. L’ancien esclave auquel un maître brutal avait jadis brisé la jambe sans parvenir à lui arracher une plainte, le vieillard chétif supportant avec patience les longs tourments de la gravelle, m’avait semblé en possession d’une liberté quasi divine. J’avais contemplé avec admiration ces béquilles, cette paillasse, cette lampe de terre cuite, cette cuillère de bois dans un vase d’argile, simples outils d’une vie pure. Mais Épictète renonçait à trop de choses, et je m’étais vite rendu compte que rien, pour moi, n’était plus dangereusement facile que de renoncer. L’Indien, plus logique, rejetait la vie elle-même. J’avais beaucoup à apprendre de ces purs fanatiques, mais à condition de détourner de son sens la leçon qu’ils m’offraient. Ces sages s’efforçaient de retrouver leur dieu par-delà l’océan des formes, de le réduire à cette qualité d’unique, d’intangible, d’incorporel, à laquelle il a renoncé le jour où il s’est voulu univers. J’entrevoyais autrement mes rapports avec le divin. Je m’imaginais secondant celui-ci dans son effort d’informer et d’ordonner un monde, d’en développer et d’en multiplier les circonvolutions, les ramifications, les détours. J’étais l’un des segments de la roue, l’un des aspects de cette force unique engagée dans la multiplicité des choses, aigle et taureau, homme et cygne, phallus et cerveau tout ensemble, Protée qui est en même temps Jupiter.
Et c’est vers cette époque que je commençai à me sentir dieu. Ne te méprends pas : j’étais toujours, j’étais plus que jamais ce même homme nourri des fruits et des bêtes de la terre, rendant au sol les résidus de ses aliments, sacrifiant au sommeil à chaque révolution des astres, inquiet jusqu’à la folie quand lui manquait trop longtemps la chaude présence de l’amour. Ma force, mon agilité physique ou mentale étaient maintenues soigneusement par une gymnastique tout humaine. Mais que dire, sinon que tout cela était divinement vécu ? Les expérimentations hasardeuses de la jeunesse avaient pris fin, et sa hâte de jouir du temps qui passe. À quarante-quatre ans, je me sentais sans impatience, sûr de moi, aussi parfait que me le permettait ma nature, éternel. Et comprends bien qu’il s’agit là d’une conception de l’intellect : les délires, s’il faut leur donner ce nom, vinrent plus tard. J’étais dieu, tout simplement, parce que j’étais homme. Les titres divins que la Grèce m’octroya par la suite ne firent que proclamer ce que j’avais de longue date constaté par moi-même. Je crois qu’il m’eût été possible de me sentir dieu dans les prisons de Domitien ou à l’intérieur d’un puits de mine. Si j’ai l’audace de le prétendre, c’est que ce sentiment me paraît à peine extraordinaire et nullement unique. D’autres que moi l’ont eu, ou l’auront dans l’avenir.
J’ai dit que mes titres ajoutaient peu de chose à cette étonnante certitude : par contre, celle-ci se trouvait confirmée par les plus simples routines de mon métier d’empereur. Si Jupiter est le cerveau du monde, l’homme chargé d’organiser et de modérer les affaires humaines peut raisonnablement se considérer comme une part de ce cerveau qui préside à tout. L’humanité, à tort ou à raison, a presque toujours conçu son dieu en termes de Providence ; mes fonctions m’obligeaient à être pour une partie du genre humain cette providence incarnée. Plus l’État se développe, enserrant les hommes de ses mailles exactes et glacées, plus la confiance humaine aspire à placer à l’autre bout de cette chaîne immense l’image adorée d’un homme protecteur. Que je le voulusse ou non, les populations orientales de l’empire me traitaient en dieu. Même en Occident, même à Rome, où nous ne sommes officiellement déclarés divins qu’après la mort, l’obscure piété populaire se plaît de plus en plus à nous déifier vivants. Bientôt, la reconnaissance parthe éleva des temples à l’empereur romain qui avait instauré et maintenu la paix ; j’eus mon sanctuaire à Vologésie, au sein de ce vaste monde étranger. Loin de voir dans ces marques d’adoration un danger de folie ou de prépotence pour l’homme qui les accepte, j’y découvrais un frein, l’obligation de se dessiner d’après quelque modèle éternel, d’associer la puissance humaine une part de suprême sapience. Être dieu oblige en somme à plus de vertus qu’être empereur.
Je me fis initier à Éleusis dix-huit mois plus tard. En un sens, cette visite à Osroès avait marqué un tournant de ma vie. Au lieu de rentrer à Rome, j’avais décidé de consacrer quelques années aux provinces grecques et orientales de l’empire : Athènes devenait de plus en plus ma patrie, mon centre. Je tenais à plaire aux Grecs, et aussi à m’helléniser le plus possible, mais cette initiation, motivée en partie par des considérations politiques, fut pourtant une expérience religieuse sans égale. Ces grands rites ne font que symboliser les événements de la vie humaine, mais le symbole va plus loin que l’acte, explique chacun de nos gestes en termes de mécanique éternelle. L’enseignement reçu à Éleusis doit rester secret : il a d’ailleurs d’autant moins de chances d’être divulgué qu’il est par nature ineffable. Formulé, il n’aboutirait qu’aux évidences les plus banales ; là justement est sa profondeur. Les degrés plus élevés qui me furent ensuite conférés au cours de conversations privées avec l’hiérophante n’ajoutèrent presque rien au choc initial ressenti tout aussi bien par le plus ignorant des pèlerins qui participe aux ablutions rituelles et boit à la source. J’avais entendu les dissonances se résoudre en accord ; j’avais pour un instant pris appui sur une autre sphère, contemplé de loin, mais aussi de tout près, cette procession humaine et divine où j’avais ma place, ce monde où la douleur existe encore, mais non plus l’erreur. Le sort humain, ce vague tracé dans lequel l’œil le moins exercé reconnaît tant de fautes, scintillait comme les dessins du ciel.
Et c’est ici qu’il convient de mentionner une habitude qui m’entraîna toute ma vie sur des chemins moins secrets que ceux d’Éleusis, mais qui en somme leur sont parallèles : je veux parler de l’étude des astres. J’ai toujours été l’ami des astronomes et le client des astrologues. La science de ces derniers est incertaine, fausse dans le détail, peut-être vraie dans l’ensemble : puisque l’homme, parcelle de l’univers, est régi par les mêmes lois qui président au ciel, il n’est pas absurde de chercher là-haut les thèmes de nos vies, les froides sympathies qui participent à nos succès et à nos erreurs. Je ne manquais pas, chaque soir d’automne, de saluer au sud le Verseau, l’Échanson céleste, le Dispensateur sous lequel je suis né. Je n’oubliais pas de repérer à chacun de leurs passages Jupiter et Vénus, qui règlent ma vie, ni de mesurer l’influence du dangereux Saturne. Mais si cette étrange réfraction de l’humain sur la voûte stellaire préoccupait souvent mes heures de veille, je m’intéressais plus fortement encore aux mathématiques célestes, aux spéculations abstraites auxquelles donnent lieu ces grands corps enflammés. J’inclinais à croire, comme certains des plus hardis d’entre nos sages, que la terre participait elle aussi à cette marche nocturne et diurne dont les saintes processions d’Éleusis sont tout au plus l’humain simulacre. Dans un monde où tout n’est que tourbillon de forces, danse d’atomes, où tout est à la fois en haut et en bas, à la périphérie et au centre, je concevais mal l’existence d’un globe immobile, d’un point fixe qui ne serait pas en même temps mouvant. D’autres fois, les calculs de la précession des équinoxes, établis jadis par Hipparque d’Alexandrie, hantaient mes veillées nocturnes : j’y retrouvais, sous forme de démonstrations et non plus de fables ou de symboles, ce même mystère éleusiaque du passage et du retour. L’Épi de la Vierge n’est plus de nos jours au point de la carte où Hipparque l’a marqué, mais cette variation est l’accomplissement d’un cycle, et ce changement même confirme les hypothèses de l’astronome. Lentement, inéluctablement, ce firmament redeviendra ce qu’il était au temps d’Hipparque : il sera de nouveau ce qu’il est au temps d’Hadrien. Le désordre s’intégrait à l’ordre ; le changement faisait partie d’un plan que l’astronome était capable d’appréhender d’avance ; l’esprit humain révélait ici sa participation à l’univers par l’établissement d’exacts théorèmes comme à Éleusis par des cris rituels et des danses. L’homme qui contemple et les astres contemplés roulaient inévitablement vers leur fin, marquée quelque part au ciel. Mais chaque moment de cette chute était un temps d’arrêt, un repère, un segment d’une courbe aussi solide qu’une chaîne d’or. Chaque glissement nous ramenait à ce point qui, parce que par hasard nous nous y sommes trouvés, nous paraît un centre.
Depuis les nuits de mon enfance, où le bras levé de Marullinus m’indiquait les constellations, la curiosité des choses du ciel ne m’a pas quitté. Durant les veilles forcées des camps, j’ai contemplé la lune courant à travers les nuages des cieux barbares ; plus tard, par de claires nuits attiques, j’ai écouté l’astronome Théron de Rhodes m’expliquer son système du monde ; étendu sur le pont d’un navire, en pleine mer Égée, j’ai regardé la lente oscillation du mât se déplacer parmi les étoiles, aller de l’œil rouge du Taureau au pleur des Pléiades, de Pégase au Cygne : j’ai répondu de mon mieux aux questions naïves et graves du jeune homme qui contemplait avec moi ce même ciel. Ici, à la Villa, j’ai fait construire un observatoire, dont la maladie m’empêche aujourd’hui de gravir les marches. Une fois dans ma vie, j’ai fait plus : j’ai offert aux constellations le sacrifice d’une nuit tout entière. Ce fut après ma visite à Osroès, durant la traversée du désert syrien. Couché sur le dos, les yeux bien ouverts, abandonnant pour quelques heures tout souci humain, je me suis livré du soir à l’aube à ce monde de flamme et de cristal. Ce fut le plus beau de mes voyages. Le grand astre de la constellation de la Lyre, étoile polaire des hommes qui vivront quand depuis quelques dizaines de milliers d’années nous ne serons plus, resplendissait sur ma tête. Les Gémeaux luisaient faiblement dans les dernières lueurs du couchant ; le Serpent précédait le Sagittaire ; l’Aigle montait vers le zénith, toutes ailes ouvertes, et à ses pieds cette constellation non désignée encore par les astronomes, et à laquelle j’ai donné depuis le plus cher des noms. La nuit, jamais tout à fait aussi complète que le croient ceux qui vivent et qui dorment dans les chambres, se fit plus obscure, puis plus claire. Les feux, qu’on avait laissé brûler pour effrayer les chacals, s’éteignirent ; ce tas de charbons ardents me rappela mon grand-père debout dans sa vigne, et ses prophéties devenues désormais présent, et bientôt passé. J’ai essayé de m’unir au divin sous bien des formes ; j’ai connu plus d’une extase ; il en est d’atroces ; et d’autres d’une bouleversante douceur. Celle de la nuit syrienne fut étrangement lucide. Elle inscrivit en moi les mouvements célestes avec une précision à laquelle aucune observation partielle ne m’aurait jamais permis d’atteindre. Je sais exactement, à l’heure où je t’écris, quelles étoiles passent ici, à Tibur, au-dessus de ce plafond orné de stucs et de peintures précieuses, et ailleurs, là-bas, sur une tombe. Quelques années plus tard, la mort allait devenir l’objet de ma contemplation constante, la pensée à laquelle je donnais toutes celles des forces de mon esprit que n’absorbait pas l’État. Et qui dit mort dit aussi le monde mystérieux auquel il se peut qu’on accède par elle. Après tant de réflexions et d’expériences parfois condamnables, j’ignore encore ce qui se passe derrière cette tenture noire. Mais la nuit syrienne représente ma part consciente d’immortalité.