Ce métier

1997 "Plus bleu"

De galères en galas

A Paris, en province

De scènes d'Opéra

En spectacles de rue

De fabuleux contrats

En cachets plus que minces

Pour nous, quoi qu'il en soit,

Le rêve continue

Ce métier, c'est le pire et c'est le meilleur

On a beau s'en défendre, il nous tient et nous hante

Que l'on soit comédien, danseur ou que l'on chante

Ce métier, il fait mal comme il fait rêver

Et du "Temps des cerises" à "Etre ou ne pas être"

Que l'on soit débutant ou déjà passé maître

Au plus haut de l'affiche ou à peine cité

Il est notre patrie et notre champ d'honneur

Du vieux conservatoire ou enfant de la balle

Notre seul horizon est au fond d'une salle

Notre soleil jamais qu'un coup de projecteur

Ce métier qui tient tous nos sens en éveil

D'échecs retentissants en triomphales routes

Qui nous gonfle d'orgueil ou nous détruit de doutes

Ce métier est le seul jardin de nos merveilles

De nuits de dépression

Après que la critique

A tort ou à raison

Nous traîne dans la boue

De moments d'émotion

En instants de panique

On entre en religion

A l'heure où tout se joue

Ce métier de crève-faim, de va-nu-pieds

Que ce soit à l'écran, sur scène ou bien en piste

Il faut, pour le tenter, être un rien utopiste

Car il fait peu d'élus pour beaucoup d'appelés

Ce métier qui peut nous abolir parfois

Commandeur de Paris ou Sir en Angleterre

Les Sept d'or, les César, les triomphes ou Molière

C'est toujours le public, au fond, qui les octroie

Fiers sous les quolibets, humbles sous les bravos

Faussement protégés par le mot de Cambronne

Émouvants, hilarants, en forme ou bien aphones

Mais déchirés de trac au lever de rideau

Ce métier n'est pas facile à assumer

Bâti sur le succès, il rend tout vulnérable

Mais bien que sans mémoire et bien qu'impitoyable

Il reste le plus beau car c'est notre métier

Il reste le plus beau, car c'est notre métier

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