8.

Le secouriste s’assura que la civière était bien en place et referma la ceinture de sûreté. Il cogna à la vitre qui le séparait du conducteur, l’ambulance se mit en route. Penchée au balcon de l’appartement d’Arthur, Miss Morrison regarda le véhicule de secours tourner au carrefour avant de disparaître toutes sirènes hurlantes. Elle referma la fenêtre, éteignit les lumières et rentra chez elle. Paul avait promis de l’appeler dès qu’il en saurait un peu plus. Elle s’assit dans son fauteuil, attendant dans le silence que le téléphone sonne.

Paul avait pris place au côté du secouriste qui surveillait la tension d’Arthur. Son ami lui fit signe de s’approcher.

— Il ne faut pas qu’ils nous emmènent au Memorial, murmura-t-il à son oreille. J’y étais tout à l’heure.

— Raison de plus pour y retourner et leur faire un scandale. T’avoir laissé sortir dans cet état-là relève de la faute professionnelle.

Paul s’interrompit, le temps de regarder Arthur d’un air circonspect.

— Tu l’as vue ?

— C’est elle qui m’a examiné.

— Je ne te crois pas !

Arthur tourna la tête, sans répondre.

— C’est pour ça que tu as fait ce malaise, mon vieux ; tu as le syndrome du cœur brisé, tu souffres depuis trop longtemps.

Paul ouvrit la petite lucarne de séparation et demanda au chauffeur vers quel hôpital ils se dirigeaient.

— Mission San Pedro, répondit le conducteur.

— Parfait, maugréa Paul en refermant la vitre.

— Tu sais, j’ai croisé Carol-Ann cette après-midi, murmura Arthur.

Paul le regarda, cette fois l’air compatissant.

— Ce n’est pas grave, détends-toi, tu délires un petit peu et tu crois revoir toutes tes ex-petites amies, mais ça va passer.

L’ambulance arriva à destination dix minutes plus tard. Dès que les brancardiers entrèrent dans le hall désert du Mission San Pedro Hospital, Paul réalisa l’idiotie qu’il avait commise en les laissant venir ici. L’infirmière Cybile abandonna son livre et sa guérite pour conduire les ambulanciers vers une salle d’examens. Ils installèrent Arthur sur le lit et prirent congé.

Pendant ce temps, Paul complétait le rapport d’accident au comptoir de l’accueil. Il était plus de minuit quand Cybile revint vers lui ; elle avait déjà bipé l’interne de service et jura qu’il ne tarderait pas à venir. Le docteur Brisson achevait sa visite d’étage. Dans la salle d’examens, Arthur ne souffrait plus, il plongeait doucement dans les limbes d’un sommeil abyssal. La migraine avait enfin cessé, comme par enchantement. Et depuis que la douleur s’était envolée, Arthur, heureux, voyait à nouveau…


La roseraie était splendide, éclatante de roses de mille couleurs. Une Cardinale blanche, d’une taille comme il n’en avait encore jamais vu, s’ouvrait devant lui. Miss Morrison arriva en fredonnant. Elle prit soin de couper la fleur bien au-dessus du nœud formé sur la tige et l’emporta sous la véranda. Elle s’installa confortablement sur la balancelle, Pablo dormait à ses pieds. Elle préleva les pétales un à un et se mit à les coudre sur la veste en tweed avec une infinie délicatesse. C’était une belle idée de les utiliser ainsi pour remplacer la poche manquante. La porte de la maison s’ouvrit, sa mère descendit les marches du perron. Elle portait, sur un plateau en osier, une tasse de café et quelques biscuits pour le chien. Elle se pencha vers l’animal pour les lui donner.

— C’est pour toi, Kali, dit-elle.

Pourquoi Miss Morrison ne disait-elle pas la vérité à Lili ? Ce petit chien répondait au nom de Pablo, quelle idée étrange de l’appeler Kali.

Mais Lili ne cessait de répéter de plus en fort « Kali, Kali, Kali », et Miss Morrison qui se balançait de plus en plus haut répétait à son tour en riant : « Kali, Kali, Kali. » Les deux femmes se retournèrent vers Arthur et signifièrent d’un doigt autoritaire posé sur leurs lèvres qu’il fallait qu’il se taise. Arthur était furieux. Cette complicité soudaine l’agaçait au plus haut point. Il se leva et le vent fit de même.

L’orage arrivait de l’océan, à grande vitesse. De lourdes gouttes ricochèrent sur la toiture. Les nuages gorgés d’eau qui s’étalaient dans le ciel de Carmel éclataient sans manière au-dessus de la roseraie. Sous les impacts de la pluie, des dizaines de petits cratères se formaient dans la terre, tout autour de lui. Miss Morrison abandonna la veste sur la balancelle et rentra pour se protéger à l’intérieur de la maison. Pablo la suivit aussitôt, la queue entre les jambes, mais sur le pas de la porte, l’animal fit volte-face, aboyant comme pour prévenir d’un danger. Arthur appela sa mère, il cria de toutes ses forces pour lutter contre le vent qui repoussait les mots dans sa gorge. Lili se retourna, elle regarda son fils, son visage semblait si désolé, et puis elle disparut, avalée par l’ombre du couloir. Grinçant de tous ses gonds, le volet accroché à la fenêtre du bureau giflait la façade. Pablo avança jusqu’à la première marche du perron, il hurlait à la mort.

En contrebas de la demeure, l’océan se déchaînait. Arthur pensa qu’il serait impossible d’atteindre la grotte au pied de la falaise. C’était pourtant l’endroit idéal pour se cacher. Il regarda au loin, vers la baie, la houle voluptueuse lui communiqua une violente nausée.


Il eut un haut-le-cœur et se pencha en avant.

— Je ne suis pas sûr que je vais supporter ça longtemps, dit Paul, le bassinet à la main.

L’infirmière Cybile retenait Arthur par les épaules pour qu’il ne tombe pas de la table d’examen à chacun des spasmes qui le secouaient.

— Il va bientôt venir ce connard de médecin ou il faut que j’aille le chercher avec une batte de base-ball ? tempêta Paul.


*


Au dernier étage du Mission San Pedro Hospital, assis sur une chaise dans l’obscurité de la chambre d’un malade, l’interne Brisson était en conversation téléphonique avec sa petite amie. Elle avait décidé de le quitter et l’appelait de chez lui, détaillant la liste des incompatibilités qui ne leur laissaient d’autre issue que de se séparer. Le jeune docteur Brisson refusait d’entendre qu’il était égoïste et arriviste et Véra Zlicker refusait, elle, de lui avouer que son ex-petit ami l’attendait en bas dans une voiture pendant qu’elle était en train de faire sa valise. Et puis cette conversation ne pouvait se poursuivre depuis une chambre d’hôpital, même leur rupture aurait manqué d’intimité, conclut-elle. Brisson approcha son portable du moniteur cardiaque pour faire entendre à Véra les bips faibles et réguliers du cœur de son patient. Il précisa d’une voix pincée que, dans son état, celui-ci ne risquait pas de les déranger.

Se demandant si le tee-shirt qu’elle était en train de plier était bien à elle, Véra marqua une courte pause. Il lui était très difficile de se concentrer sur deux sujets en même temps. Brisson crut qu’elle hésitait enfin, mais Véra demanda alors s’il n’était pas imprudent de continuer cette conversation, on lui avait toujours dit que les téléphones portables perturbaient les appareils médicaux. L’interne vociféra qu’à cette minute précise il s’en fichait pas mal et ordonna à sa déjà ex-petite amie d’avoir au moins la courtoisie d’attendre son retour de garde, au matin. Exaspéré, Brisson coupa le biper qui retentissait pour la troisième fois dans sa poche ; à l’autre bout de la ligne téléphonique, Véra venait de raccrocher.


*


La veinule située à l’arrière du cerveau avait souffert au moment du choc dans la vitrine. Au cours des trois premières heures qui suivirent l’accident, une quantité minime de sang filait du vaisseau endommagé, mais en début de soirée l’hémorragie était suffisante pour provoquer les premiers troubles de l’équilibre et de la vision. Mille milligrammes d’aspirine ingérés par voie sublinguale avaient modifié la donne de façon significative. Dix minutes suffirent aux molécules d’acide acétylsalicylique pour fluidifier le sang auquel elles se mélangeaient. Au travers de la blessure, le liquide s’épancha tout autour du cerveau comme un fleuve déborde de son lit Alors qu’Arthur était en route vers l’hôpital, l’hémorragie ne trouva plus de territoire pour accueillir sa progression sous la voûte du crâne, elle se mit alors à comprimer les méninges.

La première des trois membranes qui recouvrent l’encéphale réagit aussitôt. Croyant à une forme d’infection, elle joua le rôle qui lui était attribué. À vingt-deux heures dix, elle s’enflammait pour tenter de contenir l’agresseur. Dans quelques heures, l’hématome qui se formait aurait suffisamment comprimé le cerveau pour entraîner l’arrêt des fonctions vitales. Arthur sombrait dans l’inconscience. Paul retourna chercher l’infirmière ; elle le pria de bien vouloir attendre sur un fauteuil, l’interne de garde était très à cheval sur le respect du règlement. Paul n’avait pas le droit de se trouver de ce côté de la vitre.

Brisson appuya, rageur, sur le bouton du rez-de-chaussée.


*


Non loin de là, les portes de l’ascenseur s’ouvraient sur le hall des Urgences d’un autre hôpital. Lauren avança jusqu’à la guérite de l’accueil et prit un nouveau dossier des mains de Betty.

L’homme âgé de quarante-cinq ans était arrivé avec une plaie profonde à l’abdomen, suite à un fâcheux coup de couteau. Juste après son admission, la saturation avait chuté en deçà du seuil critique, signe d’une importante hémorragie. Son cœur montrait les signes d’une fibrillation imminente et Lauren s’était décidée à intervenir chirurgicalement avant qu’il ne soit trop tard. Elle avait pratiqué une franche incision pour aller clamper la veine qui saignait abondamment ; mais en se retirant, l’arme blanche avait commis d’autres dégâts. Dès que la pression sanguine du blessé remonta, plusieurs autres dissections se développèrent en aval de la première blessure.

Lauren avait dû plonger sa main dans le ventre de l’homme ; du pouce et de l’index, elle avait pincé toute une partie de l’intestin grêle pour stopper les principaux saignements. La prise avait été habile et déjà la tension remontait. Betty avait pu reposer les poignées du défibrillateur qu’elle tenait à bout de bras et augmenter le débit de la perfusion de molécules. Lauren se trouvait dans une posture peu confortable, il lui était désormais impossible de se libérer, la pression qu’elle maintenait était vitale.

Quand l’équipe de chirurgie arriva, cinq minutes plus tard, Lauren dut les accompagner jusqu’au bloc, la main toujours dans l’abdomen de son patient.

Vingt minutes après, le chirurgien en charge lui signifia qu’elle pouvait retirer sa main et les laisser finir, l’hémorragie était contenue. Le poignet engourdi, Lauren était redescendue vers le hall des Urgences où l’encombrement de blessés était, lui, loin de se résorber.


*


Brisson entra dans le box. Il prit connaissance du dossier et releva les constantes vitales d’Arthur, elles étaient stables. Dès lors, seul l’état de somnolence pouvait être inquiétant. N’obéissant pas aux consignes de l’infirmière, Paul interpella l’interne dès qu’il sortit de la salle d’examens.

Le médecin de garde le pria aussitôt d’aller attendre dans la zone réservée au public. Paul rétorqua que dans cet hôpital désert, les murs ne s’offusqueraient pas qu’il franchisse de quelques mètres une ligne jaune tracée sur un sol assez défraîchi d’ailleurs. Brisson gonfla le torse et lui montra d’un doigt autoritaire que si conversation il devait y avoir, elle se tiendrait de l’autre côté de la ligne en question. Hésitant entre étrangler l’interne tout de suite ou attendre d’avoir pris connaissance de son diagnostic, Paul obtempéra. Satisfait, le jeune médecin indiqua qu’il ne pouvait rien prédire pour l’instant. Il enverrait Arthur à la radiographie dès que possible, Paul parla de scanner, mais l’hôpital n’en disposait pas. Brisson le rassura du mieux qu’il le pouvait, si les clichés radiographiques laissaient apparaître le moindre problème, il ferait transférer Arthur dès le lendemain vers un centre d’imagerie médicale.

Paul demanda pourquoi on ne pouvait pas le transférer maintenant, mais le jeune médecin opposa son veto. Depuis son admission au Mission San Pedro Hospital, Arthur était sous sa seule responsabilité. Cette fois Paul réfléchit à l’endroit où il pourrait bien cacher le corps de l’interne après la strangulation.

Brisson fit demi-tour et remonta vers les étages. Il allait chercher un appareil de radiographie mobile. Dès qu’il eut disparu, Paul entra dans le box et secoua Arthur.

— Ne t’endors pas, tu ne dois pas te laisser aller, tu m’entends ?

Arthur ouvrit les paupières, il avait le regard vitreux et chercha à tâtons la main de son ami.

— Paul, tu te souviens du jour précis de la fin de notre adolescence ?

— Ce n’est pas très difficile, c’était tout à l’heure !… Tu as l’air d’aller mieux, tu devrais te reposer maintenant.

— Quand nous sommes revenus de la pension, les choses n’étaient plus à leur place ; tu as dit « un jour on n’est plus chez soi là où on a grandi ». Moi, je voulais revenir en arrière mais pas toi.

— Garde tes forces, nous aurons le temps de parler de tout cela plus tard.

Paul regarda Arthur, il prit une serviette et fit couler l’eau au robinet de la vasque. Il serra le linge et le posa sur le front de son ami. Arthur semblait soulagé.

— Je lui ai parlé aujourd’hui. Pendant tout ce temps, quelque chose au fond de moi me disait que j’entretenais peut-être une illusion. Qu’elle était un refuge, une façon de se rassurer, parce qu’à vouloir atteindre l’inaccessible on ne court pas de risque.

— C’est moi qui t’ai dit ça ce week-end, crétin, maintenant oublie mes âneries philosophiques, j’étais juste en colère.

— Qu’est-ce qui te mettait en colère ?

— Que nous n’arrivions plus à être heureux au même moment. Pour moi, c’est ça vieillir.

— C’est bien de vieillir, tu sais, c’est une drôle de chance. Il faut que je te confie un secret. Quand je regarde des personnes âgées, souvent je les envie.

— De leur vieillesse ?

— D’y être arrivé, d’avoir vécu jusque-là !

Paul regarda le tensiomètre. La pression sanguine avait encore baissé, il serra les poings, convaincu qu’il fallait agir. Ce toubib allait tuer ce qu’il avait de plus précieux au monde, l’ami qui valait pour lui toute une famille.

— Même si je ne m’en sors pas, ne dis rien à Lauren.

— Si c’est pour raconter des trucs aussi idiots, économise tes mots.

Et Arthur sombra à nouveau, sa tête roula sur le côté de la civière. Il était une heure cinquante-deux et, à la pendule de la salle d’examens, la trotteuse continuait son tic-tac sournois. Paul se leva et força Arthur à rouvrir les yeux.

— Tu vas vieillir encore longtemps, mon crétin, je vais m’en occuper et quand tu seras pétri de rhumatismes, quand tu ne pourras même plus soulever ta canne pour me taper dessus, je te dirai que c’est à cause de moi que tu souffres, qu’un des pires soirs de ma vie j’aurais pu t’éviter tout ça. Mais tu n’avais qu’à pas commencer.

— J’ai commencé quoi ? murmura Arthur.

— À ne plus t’amuser des mêmes choses que moi, à être heureux d’une façon que je ne comprenais pas, à m’obliger à vieillir aussi.

Brisson entra dans la salle d’examens accompagné de l’infirmière qui poussait le chariot de radiographie.

— Vous, sortez tout de suite ! cria-t-il à Paul d’un ton courroucé.

Paul le regarda de pied en cap, jeta un œil à la machine que l’infirmière Cybile mettait en place à la tête du lit et s’adressa à elle d’une voix posée.

— Ça pèse dans les combiens ce truc-là ?

— Bien trop lourd pour mes reins quand je dois pousser ce satané appareil.

Paul se retourna brusquement et saisit Brisson par le col de sa blouse. Il lui détailla d’une façon un peu ferme les amendements au règlement du Mission San Pedro Hospital qui entreraient en vigueur à la minute où il relâcherait son emprise.

— Et là, vous avez bien compris ce que j’ai dit ? ajouta-t-il, sous le regard amusé de l’infirmière Cybile.

Libéré, Brisson exagéra une quinte de toux qui cessa au premier mouvement de sourcil de Paul.

— Rien qui m’inquiète, dit l’interne, dix minutes plus tard, en consultant les clichés accrochés au panneau lumineux.

— Mais est-ce que cela inquiéterait un médecin ? demanda Paul.

— Tout cela peut attendre demain matin, répondit Brisson d’un ton pincé. Votre ami est juste sonné.

Brisson ordonna à l’infirmière de ramener l’appareil en salle de radiologie, mais Paul s’interposa.

— L’hôpital n’est peut-être pas le dernier refuge de la galanterie, mais on va faire un essai quand même ! dit-il.

Dissimulant mal sa rage, Brisson s’exécuta et reprit le chariot des mains de Cybile. Dès qu’il eut disparu dans l’ascenseur, l’infirmière tapota à la vitre de sa guérite et fit signe à Paul de venir la voir.

— Il est en danger, n’est-ce pas ? demanda Paul de plus en plus anxieux.

— Je ne suis qu’infirmière, mon avis compte vraiment ?

— Plus que celui de certains toubibs, l’assura Paul.

— Alors écoutez-moi bien, murmura Cybile. J’ai besoin de ce job, si un jour vous faites un procès à cet abruti, je ne pourrai pas témoigner. Ils sont aussi corporatistes que les flics ; ceux qui parlent en cas de bavure peuvent ensuite chercher du boulot à vie. Plus aucun hôpital ne les engage. Il n’y a de place que pour ceux qui se serrent les coudes quand il y a un pépin. Les cols blancs oublient que chez nous les pépins sont des êtres humains. Cela dit, tirez-vous d’ici tous les deux avant que Brisson ne le tue.

— Je ne vois pas comment, et où voulez-vous qu’on aille ?

— Je serais tentée de vous dire que seul le résultat compte, mais fiez-vous à mon instinct, dans son cas le temps compte aussi.

Paul faisait les cent pas, furieux contre lui-même. Dès qu’ils étaient entrés dans cet hôpital, il avait su que c’était une erreur. Il essaya de retrouver son calme, la peur l’empêchait de trouver une solution.

— Lauren ?

Paul se précipita au chevet d’Arthur qui gémissait. Il avait les yeux grands ouverts et son regard semblait se fixer sur un autre monde.

— Désolé, ce n’est que moi, dit Paul en lui prenant la main.

La voix d’Arthur était saccadée.

— Jure-moi… sur ma tête… que tu ne lui diras jamais la vérité.

— En ce moment je préfère jurer plutôt sur la mienne, dit Paul.

— Du moment que tu tiens ta promesse !

Ce furent là les dernières paroles d’Arthur. L’hémorragie noyait maintenant toute la partie arrière de son cerveau. Pour protéger les centres vitaux encore intacts, la formidable machine décida de mettre hors service tous ses terminaux périphériques. Les centres de la vue, de la parole, de l’ouïe et de la motricité avaient cessé d’être opérationnels. Il était deux heures vingt à la pendule de la salle d’examens. Arthur était désormais dans le coma.


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