XII

Richard Valence souriait encore en regagnant son hôtel. Depuis qu’il était arrivé à Rome ce matin, il n’avait pas eu le temps de s’installer. De sa chambre, il appela son collègue à la chancellerie. Allongé sur son lit, il attendait avec lassitude d’entendre la voix mesurée de Paul, qui devait être sacrément soulagé d’avoir évité l’épreuve avec Édouard Valhubert.

— Ici Valence. Est-ce que le ministre est calmé ?

— Ça marche, dit Paul. Et là-bas ?

— Interrogez pour moi le ministre sur son emploi du temps d’hier soir.

— Vous êtes fou, Valence ? C’est comme ça que vous écrasez l’affaire ?

— C’est le frère de l’assassiné, non ? Et si j’ai bien compris, Henri laisse à son frère un legs plutôt substantiel. Édouard Valhubert n’aurait-il pas joué ces derniers temps avec l’argent de l’État ? Besoin pressant d’argent ? Fausses factures ? Où était-il hier soir ?

— Valence, cria Paul, vous êtes là-bas pour écraser !

— Je sais, je sais. Pourtant, je ferai exactement ce que je veux.

— Assez, Valence ! Quelqu’un pourrait surprendre cette conversation grotesque !

Richard Valence rit.

— Vous vous amusez à vous foutre de moi, c’est ça, Valence ?

— C’est ça, Paul.

— Et sa foutue femme éternelle ? Elle est arrivée ? Vous l’avez vue ? Ça lui a fait quoi d’être débarrassée de son mari ? Savez-vous au moins qu’elle allait se promener en Italie presque tous les mois ?

— Laissez tomber cette femme, Paul, dit Valence. Et interrogez tout de même le ministre, dit-il avant de raccrocher.

Il s’allongea et ferma les yeux. Il avait le temps d’aller rendre visite à cet éditeur, Pietro Baldi. Il avait l’impression que la piste était mauvaise. Il fallait qu’il y aille. Tout cela commençait déjà à le contrarier, par touches insensibles. Il s’accorda une demi-heure de repos.

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